Leshoraires de priĂšre en France ainsi quâĂ toutes les villes de France sur Tunisie NumĂ©rique.
See other formats Google This is a digital copy of a book thaĂŻ was prcscrvod for gĂ©nĂ©rations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project to make the world's bocks discoverablc online. It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject to copyright or whose lĂ©gal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover. Marks, notations and other maiginalia prĂ©sent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the publisher to a library and finally to you. Usage guidelines Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hĂąve taken steps to prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying. We also ask that you + Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thĂšse files for Personal, non-commercial purposes. + Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System If you are conducting research on machine translation, optical character rĂ©cognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the use of public domain materials for thĂšse purposes and may be able to help. + Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find additional materials through Google Book Search. Please do not remove it. + Keep it lĂ©gal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is lĂ©gal. Do not assume that just because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spĂ©cifie use of any spĂ©cifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe. About Google Book Search Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web at http //books. google .com/l Google A propos de ce livre Ceci est une copie numĂ©rique d'un ouvrage conservĂ© depuis des gĂ©nĂ©rations dans les rayonnages d'une bibliothĂšque avant d'ĂȘtre numĂ©risĂ© avec prĂ©caution par Google dans le cadre d'un projet visant Ă permettre aux internautes de dĂ©couvrir l'ensemble du patrimoine littĂ©raire mondial en ligne. Ce livre Ă©tant relativement ancien, il n'est plus protĂ©gĂ© par la loi sur les droits d'auteur et appartient Ă prĂ©sent au domaine public. L'expression "appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais Ă©tĂ© soumis aux droits d'auteur ou que ses droits lĂ©gaux sont arrivĂ©s Ă expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays Ă l'autre. Les livres libres de droit sont autant de liens avec le passĂ©. Ils sont les tĂ©moins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont trop souvent difficilement accessibles au public. Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte prĂ©sentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'Ă©dition en passant par la bibliothĂšque pour finalement se retrouver entre vos mains. Consignes d'utilisation Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothĂšques Ă la numĂ©risation des ouvrages apparienani au domaine public et de les rendre ainsi accessibles Ă tous. Ces livres sont en effet la propriĂ©tĂ© de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine. Il s'agit toutefois d'un projet coĂ»teux. Par consĂ©quent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inĂ©puisables, nous avons pris les dispositions nĂ©cessaires afin de prĂ©venir les Ă©ventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des contraintes techniques relatives aux requĂȘtes automatisĂ©es. Nous vous demandons Ă©galement de + Ne pas utiliser les fichiers Ă des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres Ă l'usage des particuliers. Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers Ă des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet ĂȘtre employĂ©s dans un quelconque but commercial. + Ne pas procĂ©der Ă des requĂȘtes automatisĂ©es N'envoyez aucune requĂȘte automatisĂ©e quelle qu'elle soit au systĂšme Google. Si vous effectuez des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractĂšres ou tout autre domaine nĂ©cessitant de disposer d'importantes quantitĂ©s de texte, n'hĂ©sitez pas Ă nous contacter Nous encourageons pour la rĂ©alisation de ce type de travaux l'utilisation des ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous ĂȘtre utile. + Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet et leur permettre d'accĂ©der Ă davantage de documents par l'intermĂ©diaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en aucun cas. + Rester dans la lĂ©galitĂ© Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilitĂ© de veiller Ă respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public amĂ©ricain, n'en dĂ©duisez pas pour autant qu'il en va de mĂȘme dans les autres pays. La durĂ©e lĂ©gale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays Ă l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de rĂ©pertorier les ouvrages dont l'utilisation est autorisĂ©e et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google Recherche de Livres signifie que celui-ci peut ĂȘtre utilisĂ© de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation Ă laquelle vous vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut ĂȘtre sĂ©vĂšre. A propos du service Google Recherche de Livres En favorisant la recherche et l'accĂšs Ă un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite contribuer Ă promouvoir la diversitĂ© culturelle grĂące Ă Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet aux internautes de dĂ©couvrir le patrimoine littĂ©raire mondial, tout en aidant les auteurs et les Ă©diteurs Ă Ă©largir leur public. Vous pouvez effectuer des recherches en ligne dans le texte intĂ©gral de cet ouvrage Ă l'adresse fhttp //book s .google . coĂŻrĂŻl PROCĂS-VERBAUX. TOME VI. CHAHTUBS. â IMPHIllBRIB Ă©nOUARD OAttMBH. PROCĂS-VERBAUX DE LA SOCIĂTĂ ARCHĂOLOGIQUE D'EURE-ET-LOIR. CHARTRES PETROT-aAHNIKR, LIBRAIRE l'iace des Halleg, 16 et 17. 1880 rr r 3 / 0-S- Harvard CollĂšge Library JAI^ 4 1912 fWof ... Prof. A. C. Coolidge SOCIĂTĂ ARCHĂOLOGIQUE D'EURE-ET-LOIR. LISTE DES MEMBRES. MEMBRES HONORAIRES. MM. DE ChĂąrnailles le comte, ancien PrĂ©fet d'Eure-et-Loir, Ă Paris. GhĂąsles Michel, membre de T AcadĂ©mie des sciences, Ă Paris. GLĂBfENT Ernest, sous-lieutenant d'artillerie. . Desnoters , menĂ»re de l'AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles- Lettres , Ă Paris. Dumas, membre de l'AcadĂ©mie des sciences, Ă Paris. Lescarbault, docteur-mĂ©decin, Ă OrgĂšres. GrĂ©ard, vice-recteur de l'AcadĂ©mie de Paris. Desprez, inspecteur d'AcadĂ©mie, Ă Chartres. Mf Pie , Ă©voque de Poitiers. M*»" Regnault , Ă©vĂȘque de Chartres. MM. Delacroix, maire de Chartres. Baron, prĂ©fet d'Eure-et-Loir. VI MEMBRES TITULAIRES, Les noms prĂ©cĂ©dĂ©s d'un astĂ©risque sont ceux des membres fondateurs de la SociĂ©tĂ©. MM. D'Aligre le marquis, Ă Paris. * D'Alvimarb de FeuquiĂšres le marquis, Ă Dreux. Amblard, papetier, Ă Chartres. D*Anthenaise le vicomte, Ă Montireau. * Appay , avocat , Ă LĂšves. AuBouiN l'abbĂ©, curĂ© de Saint- Ange et Torçay. AuGER l'abbĂ©, vicaire de la cathĂ©drale, Ă Chartres. Balandra, professeur au collĂšge de Chartres. Barbot, ancien instituteur, Ă Dreux. Barland, ancien professeur au collĂšge de Chartres. * Barois , ancien professeur, Ă Chartres. Baron, ancien employĂ© de la PrĂ©fecture, Ă Chartres. Barrier l'abbĂ©, vicaire-gĂ©nĂ©ral, Ă Chartres. Barrois, docteur-mĂ©decin, Ă lUiers. De BarthĂ©lĂ©my Anatole, membre des ComitĂ©s historiques, Ă Paris. Batardon, ancien notaire, Ă Dreux. * Baudouin, avocat, Ă Chinon Indre-et-Loire. De Baulny, au chĂąteau de la ForĂȘt, prĂšs Arrou. BĂGUĂ, entrepreneur, Ă Chartres. Bellier de la Chavignerie EugĂšne, Ă Evreux Eure. Bellier de la Chavignerie Philippe, ancien magistrat, Ă Chartres. Benoist , instituteur, Ă Aimeau. BenoĂźt, conseiller Ă la Cour d'appel de Paris. De Bernage , ancien notaire , Ă Chartres. Bernier, notaire, Ă ChĂ teauneuf. De Bertheville, prĂ©sident honoraire du tribunal civil, Ă Chartres. Besnard Alfred, notaire, Ă Saint-Denis Seine. Besnard, notaire, Ă Chartres. Besselle, Ă Chartres. BĂ©thouart, ingĂ©nieur-mĂ©canicien, Ă Chartres. Bigarne l'abbĂ©, curĂ© de Senonches. Billard, notaire, Ă Illiers. Binet l'abbĂ©, directeur de la Providence, Ă Chartres. Blay, instituteur, Ă Nogent-le-Rotrou. VII MM. BoGHER, Ă La FertĂ©-Vidame. BoiLEAU, instituteur, Ă Chassant. Boisseau Alfred, Ă Chartres. De Boissibu, Ă Chartres. De Boisvillettb, Ă Chartres. * Bonnard , notaire honoraire , Ă Chartres. Bonnet Victor, secrĂ©taire de la Commission des chemins de fer, Ă Paris. BoBDiER rabbĂ©, chapelain de Saint-Brice, Ă Chartres. BoRDiER, instituteur, Ă Maisons. BoRNET, Ă Maintenon. BouLBfBRT l'abbĂ©, curĂ© de Rouvray-Saint-Florentin. * BouRDEL , ancieninspecteur des Domaines , Ă Chartres. BouRDois, maĂźtre d'hĂŽtel , Ă Chartres. BouREZ , directeur de la Sucrerie , Ă BĂ©ville-le-Comte. BouRLiER l'abbĂ© , supĂ©rieur du grand-sĂ©minaire , Ă ]ihartres. BouTHEMARD, entrepreneur, Ă C^lhartres. BoY, ancien notaire , Ă Chartres. Brault , ingĂ©nieur-mĂ©canicien , Ă Chartres. Bretillard, Ă Nogent-le-Roi. Breville, receveur municipal, Ă Dreux. BriĂ©re, conducteur des ponts et chaussĂ©es, Ă Dreux. Brochet, Ă EpĂŽne Seine-etrOise. Brosseron, libraire, Ă Chartres. Brosseron ValĂ©ry, instituteur, Ă Santeuil. Brossier-Gbray, Ă Saint-Denis-les-Ponts. BucQUET Paul, inspecteur gĂ©nĂ©ral des Ă©tabUssements de bienfaisance , Ă Paris. Buisson , ancien conducteur des ponts et chaussĂ©es, Ă Chartres. BuLTEAU l'abbĂ©, curĂ© de Wambaix Nord. Cachin, instituteur adjoint, Ă Courville. CaĂŻt, directeur de la SociĂ©tĂ© gĂ©nĂ©rale, Ă Chartres. Cantenot l'abbĂ© , curĂ© de Santeuil. Castel , ancien notaire , Ă Dreux. Chantegrain, instituteur, Ă Unverre. Chapelain Ernest, architecte, Ă Paris. Charles l'abbĂ© , Ă La FertĂ©-Bemard. * Chasles Michel ^membre de l'Institut, Ă Paris. * Chasles Henri , Ă Paris. Chavaudret, ancien lieutenant- colonel d'artillerie, Ă Char- tres. Chedieu, avocat Ă la Cour d'appel de Paris. Chbllet de KerdrĂ©an , Ă La Croix-du-Perche. Chbvallier-Letartre , directeur d'Assurances, Ă Chartres. vm MM. Chevallier-Ruffignt, directeur des Contributions directes , Ă Chartres. Ghevaughb, notaire, Ă Gallardon. Chevrier, nĂ©gociant, Ă Chartres. Choppard, Ă Chartres. Choppard, avocat Ă la Cour d'appel de Paris. * Choppin , vice-prĂ©sident du Tribunal de la Seine , Ă Paris. Chouet Henri , instituteur, Ă Saint-Prest. CiBOis TabbĂ©, curĂ© d'Authon. CintrĂąt l'abbĂ© , curĂ© de MigniĂšres. CdĂŻtrat Charles, instituteur, Ă Ermenonville-la-Grande. Collet l'abbĂ©, curĂ© de Charonville. * CoLLiER-BoRDiER, Conseiller gĂ©nĂ©ral, Ă Chartres. CoRNiLLON l'abbĂ© , curĂ© de Montainvllle. CoRNiLLON Jules, lustltuteuT, Ă Mainvilliers. De CossĂ©-Brissag le marquis, Ă Saint-Luperce. CoTTERBAu l'abbĂ©, curĂ© de Magny. CouDRAY, avouĂ© , Ă ChĂąteaudun. * Coudray-Maunier, employĂ©, Ă Chartres. * Courtois Jules, juge au tribunal civil de Chartres. De Coynart, ancien chef-d'escadron d'Ă©tat-major, Ă Dreux. Dagron-Rousseau , Ă Dreux. Damiot Georges] , marchand de bois, Ă Chartres. Dauviluer , maire de Chuisnes. Dehors , percepteur, Ă Courville. Delacroix Jules, sĂ©nateur, Ă Chartres. De Mbly Femand, avocat, Ă Chartres. Desbans, pharmacien, Ă ChĂąteaudun. DESGHABfPS , entrepreneur, Ă Chartres. Deshayes , maire d'AUonnes. Desvaux , ancien avouĂ© , Ă Dreux. Desviones l'abbĂ©, professeur au collĂšge de Saint- Calais Sarthe. DiDOT, libraire, Ă Paris. De Dion, Ă Montfort-l'Amaury Seine-et-Oise. DorĂ©-Delente, entrepreneur, Ă Dreux. Doullay, avouĂ© , Ă Chartres. Dubois, nĂ©gociant , juge au Tribunal de commerce, Ă Dreux. DuBREUiL Henri, gĂ©rant du Courrier TEure-et-Loir, Ă Chartres. DucHANOY, Ă ChĂąteaudun. Duchon, libraire, Ă Chartres. Duchon, ancien commissaire-priseur, Ă Chartres. Dupont, notaire, Ă Dreux. IX ancien bibliothĂ©caire, Ă Blois. * Durand Paul, archĂ©ologue, Ă Chartres. Durand l'abbĂ©, vicaire de la cathĂ©drale de Chartres. DuRAND-PiB, libraire, Ă Chartres. DussART , professeur au collĂšge de Chartres. DuTEYEUL l'abbĂ©, prĂ©cepteur du prince Henri d'OrlĂ©ans, Ă Rouen. EscoppiBR, aacien receveur de rentes, Ă Chartres. EscuDiĂ, professeur de musique, Ă Chartres. * FabrĂšgue Adrien, ancien notaire, Ă Chartres. Famin, Ă Chartres. Fauchbreau TabbĂ©, vicaire-gĂ©nĂ©ral, Ă Chartres. Faucon, marchand de meubles, Ă Paris. Fauvbau, bijoutier, Ă Chartres. * FoiRET Gustave, Ă Chartres. FoiRET Edmond, Ă Chartres. Fortin , conseiller municipal, Ă Dreux. Foucault TabbĂ©, professeur Ă l'institution Notre-Dame, Ă Chartres. FouRNiER, notaire, Ă Chartres. De Franqueville, Ă Paris. Gabriel, commissaire des chemins de fer de l'Ătat, Ă Chartres. Gallas DĂ©sirĂ©, ancien photographe, Ă Chartres. Gallas aĂźnĂ©, vice-prĂ©sident du Comice agricole de Dreux. Galopin, docteur-mĂ©decin, Ă llliers. Ganot, notaire, Ă Voves. * Garnibr pĂšre , directeur du Journal de Chartres. Garnier Edouard , imprimeur, Ă Chartres. M"»* Garnier-Courtois , Ă Chartres. MM. Gatineau, ancien libraire, Ă La Loupe. Gaullier, notaire, Ă Chartres. Gaullier, notaire, Ă Ănet. GenĂȘt l'abbĂ©, vicaire de Saint-Pierre, Ă Chartres. Georget, notaire, Ă Courville. * Gbrmond l'abbĂ©, secrĂ©taire de l'ĂvĂŽchĂ©, Ă Chartres. Germond, professeur au collĂšge de Chartres. Gerondeau , Ă Chartres. Gilbert , artiste peintre , Ă Chartres. * GiLLARD, Ă Nogent-le-Roi. Gillard Gabriel, Ă©tudiant, Ă Paris. GuN, commissaire-priseur, Ă Chartres. De Gontaut Armand, au chĂąteau de Courtalain. GoRON l'abbĂ©, curĂ© de Saint-Loup. MM. Gouache l'abbĂ©, curĂ© de Neuvy-en-Dunois. Goupil Sainte-Marie, Ă Paris. GouPY, receveur d'enregistrement, Ă Ă»liers. Db Goussencourt le baron, Ă Saint-Eman. * GoussARD, ancien notaire, Ă Meslay-le-Vidame. Goussu TabbĂ©j , curĂ© de Fains-la-Folie. De Gouvion Saint-Gyr le marquis, Ă Rouvray-Saint-Flo- rentin. Granoer, ancien maire d'Auneau. Granger Georges, avouĂ©, Ă Chartres. Granson , Ă Nogent-le-Roi. * Gromard, prĂ©sident du tribunal de commerce, Ă Dreux. Grosbuller, Ă rAbbaye-de-l'Eau. GuenĂȘe Achille, Ă GhĂąteaudun. GuĂRiN Emile; , Ă Chartres. GuĂRiN TabbĂ©, vicaire de la cathĂ©drale, Ă Chartres. GuĂȘrineau , instituteur, Ă Roinville. GuiGNARD, Ă La Vicomte , prĂšs Blois. GuiLLON, instituteur-adjoint, Ă Maintenon. GuiLLON , instituteur, Ă SouancĂ©. Halle , notaire , Ă BĂ». Haret l'abbĂ©, curĂ© de CrĂ©cy-CouvĂ©. * Harreaux, docteiff-mĂ©decin, Ă Saint-LĂ©ger-des-AubĂ©es. HaudiĂ© , instituteur, Ă Maintenon. Haye LĂ©on, agent d'affaires, Ă Chartres. Haye l'abbĂ©, curĂ© de Saint- Avit. Hays, instituteur, Ă Soulaires. Hazon l'abbĂ© , curĂ© d'Anet. * HĂNAULT l'abbĂ©, chapelain de la Providence, Ă Chartres. HĂQUET, ancien nĂ©gociant, Ă Chartres. Hermant , au Nuisement. HettĂ© aĂźnĂ©, instituteur, Ă Voves. HettĂ© Jules, instituteur, Ă Amilly. Hetzel , libraire , Ă Paris. * Hexjrtault, chef d'institution, Ă Chartres. Houlle l'abbĂ©, curĂ© de Saint-Aignan , Ă Chartres. Hue Charles, avocat, Ă Chartres. Hue rabbĂ©, curĂ© de MarchĂ©ville. IsAMBERT Michel, ancien notaire, Ă Chartres. IsAMBERT Stanislas, ancien nĂ©gociant, Ă Chartres. IsAMBERT Gustave, homme de lettres, Ă Paris. Jarry Louis, Ă OrlĂ©ans. Jatteau , docteur-mĂ©decin , Ă Chartres. Job, juge au tribunal de commerce, Ă Dreux. XI MM. JoLiET , ancien magistrat , Ă Paris. JoLiET Lucien, docteur-Ă©s-sciences , Ă Paris. JoLLY l'abbĂ©, curĂ© de Montireau. JuMBĂU, cultivateur, Ă La Motte. * JuTBAU, docteur-mĂ©decin, Ă Chartres. Labiche Emile, sĂ©nateur, Ă BĂ©ville-le-Gomte. Labiche, notaire, Ă Chartres. Lacroix, libraire, Ă Dreux. Lagrue, instituteur, Ă Ymonville. Lahats, instituteur, Ă Laons. Laigneau Joseph, Ă Paris. Laignbau, inspecteur des Ă©coles, Ă PloĂ«rmel Morbihan. Laigneau TabbĂ©, curĂ© de Saint-Hilaire-sur-Yerre. LaisnĂȘ TabbĂ©, curĂ© de Sours. Lallebcand du Marais le baron de , au PrieurĂ© , prĂšs Douy. Lamy, docteur-mĂ©decin , Ă Maintenon. Lanctin, instituteur, Ă Landelles. Largher, notaire, Ă lUiers. Laroche, instituteur, Ă Nogent-le-Roi. De Layre le baron, maire de Beaumont-les-Autels. ' Lecocq Adolphe, Ă Chartres. LECOBiTE TabbĂ©, curĂ© d'Aunay-sous-Auneau. LefĂ©bure Constant, au Gland. Lefebvre Auguste, vice -prĂ©sident du tribunal civil, Ă Chartres. LefĂšvrb-Pontalis AmĂ©dĂ©e, ancien dĂ©putĂ© , Ă La Fontaine. Lefbvre Auguste, peintre, Ă Dreux. Legendre , docteur-mĂ©decin , Ă Chartres. Le Goux , Ă Coulombs. Legrand , ^professeur au lycĂ©e de Bayonne. Leloup, architecte-vĂ©rificateur, Ă Chartres. Lepargneux, Ă Bigeonnette. Leroux , avouĂ© , Ă Dreux. Leroy, Ă©tudiant , Ă Paris. Lbroy-Meignan , ancien nĂ©gociant , Ă Chartres. Lesimple l'abbĂ©, chanoine honoraire, Ă Chartres. Letartre Alphonse, Ă Chartres. Letellier, ancien magistrat, maire de LĂšves. Letourneur , instituteur, Ă Ouarville. Levassort l'abbĂ©, aumĂŽnier des SĆurs Sainte -Marie, Ă Vitry-sur-Seine. De LĂ©vis-Mirepodc le comte, Ă Montigny-le-Gannelon. Lhbmery, instituteur, Ă YĂšvrĂ©s. LhĂ©rondeau , ancien instituteur, Ă Pont. XXI MM. LhĂȘrondeau , instituteur, Ă Bleury. LĆw, professeur au collĂšge de Chartres. LoRiN , peintre-verrier, Ă Chartres. LoRPm TahbĂ©, curĂ© de Gohory. LouRY, instituteur, Ă Saussay. Lucas Edgard , notaire , Ă ChĂąteaudun. Machelard, directeur des domaines, Ă Chartres. Maillet, notaire, Ă Epemon. Malbnfant , sculpteur sur bois , Ă Charonville. Db Maletssie le marquis, Ă Maillebois. De Maletssie le comte, Ă Houville. * Marchand Albert , Ă Chartres. Marchand, employĂ© de la banque, Ă Neuilly. De MarchĂ©ville , Ă Paris. Marneur, receveur d'enregistrement, Ă Ăuthon. Marquis TabbĂ©, curĂ© d'Illiers. Martin Charles , Ă Chartres. De la Martrate Georges, Ă Chartres. MassĂ©, ingĂ©nieur des ponts et chaussĂ©es, Ă Chartres. Mauger, inspecteur des Ă©coles, Ă Dreux. Maunoury, docteur-mĂ©decin , Ă Chartres. Maunoury Pol, dĂ©putĂ©, Ă Luisant. Maunoury, Ă Saint-Cermain-la-GĂątine. Maury l'abbĂ©, vicaire, Ă Dreux. Maury Firmin, rĂ©gisseur au chĂąteau d'Ăclimont. Mauzaizb Michel, Ă Chartres. MĂUN Georges, Ă Chartres. MĂ©nager, inspecteur des domaines, Ă Chartres. Mercier, au chĂąteau de Beaurouvre. * Merlet, archiviste du dĂ©partement, Ă Chartres. Mesquitte, conseiller gĂ©nĂ©ral, Ă Nogent-le-Roi. * Met-Gaubert, professeur au collĂšge de Chartres. * De Mianville, prĂ©sident de la Commission de la Biblio- thĂšque de Chartres. De Mlinville Edmond, ancien magistrat, Ă Chartres. MicHAUD , professeur de dessin , Ă Chartres. MiCHAUT, gĂ©omĂštre, Ă Voves. Michel Victor, professeur de français au collĂšge de Ilhartres. MUiLON, nĂ©gociant, Ă Chartres. Milochau Emile, secrĂ©taire du Comice agricole, Ă BĂ© ville- le-Comte. De Mmspoix-LĂvis le duc, Ă LĂ©ran AriĂšge. MoNTĂAGE Jules, avocat,Ă Chartres. MoNTioN , maire de MĂ©ziĂšres-en-Drouais. ZIIl MM. De Montluisant, gĂ©nĂ©ral d'artillerie, h Nimea. De MoaAmviLLE, Ă Morainville. MoBBAi] Ferdinand, syndic des agents de change, Ă Paria. Morillon , Ă Paris. MoRiN Saturnin, conseiller municipal de la Seine, Ă Paris. MoRiN, receveur de rentes, Ă Paris. MoRiN Florentin, instituteur, Ă Vitray-en-Beauce. Mouton, conducteur des ponts-etChaussĂ©es , Ă Dreux. MoDTON Nicaise, arcMtecte, Ă Chartres. ' Mouton^, architecte, Ă Chartres. Nancy, higĂ©nleur civil, Ă Chartres. MicoLLs, nĂ©godant , Ă Chartres. Db Noailles le duc], membre de l'AcadĂ©mie ^nçaise, k MaintenoD. NoDRY ThĂ©odore , percepteur, Ă TrĂ©on. ' Oliyikr l'ahbĂ©, ancien secrĂ©taire de l'EvĂ«chĂ©, Ă Chartres. D'OrlĂ©ans Henri , duc d'Aumale , membre de l'AcadĂ©mie française , Ă Chantilly. D'Oblbans Robert, duc de Chartres, Ă Rouen. CtesuDB Paul, avocat, Ă Chartres. Pasdob l'^l'^ > vicaire de Saint-Ăignan , Ă Chartres. Passard , architecte , Ă Chartres. Patt l'abbĂ©, Ă©conome du grand sĂ©minaire, Ă Chartres. PsiaNB Remy , ancien Ă©lĂšve de l'Ă©cole de Grignon , Ă Dreux. PblĂ©, membre du ConseU gĂ©nĂ©ral, Ă Courville. Penbl, instituteur, Ă Saint-Symphorien. Pbrcbbois , ancien instituteur, Ă Janville. PsRRiKR, ancien instituteur, Ă Rueil-la-GadeliĂ«re. Pbrrodd, ancien notaire, Ă Paris. Peschasd, insUtuteur-adjoint , Ă la Bazoche-GoueU Pbtbt de la Chabhois, Ă Cb&tiUon-sur-Selne CĂŽte-d'Or. Petit-Manoin , avocat, Ă Chartres. Potrot-Oariobr , libraire , Ă Chartres. Petsot-LbhariĂ© , ancien commissaire-priseur, Ă Chartres. Pbdlvby ĂnĂ»le, entrepreneur, Ă Chartres. ' PiĂBotJRa pĂšre, architecte, Ă Chartres. PiĂBOURo Paul , capitaine d'artillerie, Ă Chartres. PiĂBocBO Alfred, architecte de la ville de Chartres. PiĂBOURa l'abbĂ©, curĂ© de Nogent-le-Roi. PivARD, instituteur, Ă BĂ». ' Poisson l'abbĂ©, Ă Paris. Db PoNToi - PontcarrĂȘ le marquis, ancien dĂ©putĂ©, Ă VĂUebon. Db Ponton d'AmĂ©court RenĂ©^ Ă Safnt-Cal^a Sarthe. XIV nĂ©gociant, Ă Chartres. De Possesse le comte, propriĂ©taire, Ă Dangeau. PouGLĂB TabbĂ©, chanoine, Ă Chartres. Poucm, ancien notaire, Ă Dliers. Poulain, instituteur, Ă Dliers. Poulain d*Arsigny le comte, Ă Glatigny Loir-et-Cher. PouLLARD, instituteur-adjoint, Ă Pontgouin. PoYER , tapissier, Ă Chartres. Pron le baron, conseiller gĂ©nĂ©ral, Ă Senonches. De PrunelĂ© le comte, au chĂąteau de MolĂ©ans. Quuoux , instituteur, Ă La Loupe. * Ravault, ancien magistrat, Ă Chartres. Raveneau, reprĂ©sentant de commerce, Ă Paris. Reqnier, juge de paix, Ă Chartres. Reille le vicomte Gustave , Ă Paris. De Reiset le comte, au Breuil-Marcilly Eure. Renault, instituteur, Ă Baijouville. Renault, instituteur, Ă Morancez. Reverdy, ancien notaire, Ă Nogent-le-Roi. De Reviers de Mauny le comte , Ă Douy. M"* RiBOT, Ă Luisant. MM. RiGOUR, agent d'affaires, Ă Chartres. De RnxY le comte, Ă Paris. RrvriĂšRE l'abbĂ©, curĂ© de Prunay-le-Gillon. RiviĂšre, instituteur, Ă Saint-LĂ©ger-des-AubĂ©es. Robe l'abbĂ©, aumĂŽnier de l'Ecole normale, Ă Chartres. Robin, docteur-mĂ©decin, Ă BĂ©ville-le-Comte. Robinet l'abbĂ©, curĂ© de MainviUiers. RocQUE , docteur-mĂ©decin , Ă Chartres. Rousseau, vĂ©rificateur des poids et mesures, Ă Chartres. M"» Roux, Ă Chartres. MM. RoYNEAU , maire de LuplantĂ©. Sadorge, gĂ©omĂštre et expert, Ă Chartres. Sainsot l'abbĂ©, curĂ© de Blandainville. * De Sainte-Beuve, secrĂ©taire des hospices, Ă Chartres. De Saint-Blanquat le baron, Ă Dreux. * De Saint-Laumer Alexandre, Ă Chartres. De Saint-Laumer LĂ©on, Ă OrlĂ©ans. Sautton, Ă Paris. Sautton , Ă Voves. Sauvageot , artiste graveur, Ă Paris. Sbdillot, instituteur, Ă Theuvy-AchĂšres. Servant, Ă Chartres. Sevestre Victor, ancien notaire, Ă Lormaye. j MM. Sbvin, instituteur, Ă La FertĂ©-Vidame. De la SicotiĂšrb le marquis, sĂ©nateur, Ă Alençou. Tassbt, Ă Chartres. Tbllot Henri , Ă Dreux. ' Du Temple de Rougbuomt le comte, Ă Chartres. Tevbrt, nĂ©gociant, Ă Chartres. ThĂ«vert l'abbĂ©, curĂ© de Soulaires. Thibault {l'ahbĂ©j, curĂ© de Meslay-le-Vidame. Thibault , instituteur, Ă la Bazoche-Gouct. Treille Jules, architecte, Ă Chartres. De TrĂ©mault, Ă Sours. Vallbt de Lubriat Stanislas, Ă Chartres. De Valloubrosa le duc, au ch&teau d'Abondant. VassaItMauricb, Ă Chartres. * Vajssasd l'abbĂ©, curĂ© de Saint-Pierre, Ă Chartres. Vabsort, instituteur, Ă Pierres. Vbdie, notaire, Ă Chartres. ' Vilbbrt l'abbĂ©, aumĂąnier de la chapelle Saint-Louis, Ă Dreuj. Vincent l'abbĂ©, curĂ© de Cloyes. Vincent, sculpteur, Ă Thiron. ViNST, maire de GaranciĂšres-en-Beauce. ViNsON , pharmacien , Ă Chartres. VmER l'abbĂ©, aumAnier de Satat-Ferdinand, h Paris. VoTET, docteur-mĂ©decin, Ă Chartres. Watrin , avouĂ© , Ă Chartres. YvoN, ancien notaire , Ă Chartres. SOCIETES CORRESPONDANTES. SociĂ©tĂ© archĂ©ologique de l'OrlĂ©anais, Ă OrlĂ©ans Loiret. SociĂ©tĂ© archĂ©ologique de Rambouillet Seine-et-Oise. SociĂ©tĂ© archĂ©ologique Lorrame, Ă Nancy Meurthe-et-Moselle. SociĂ©tĂ© archĂ©ologique et historique de la Charente, Ă AngoulĂšme Charente . SociĂ©tĂ© des sciences morales , des lettres et des arts de Seino-ot- Oise , Ă Versailles. SociĂ©tĂ© des Antiquaires de l'Ouest, Ă Poitiers Vienne. Commission iiistorique du Cher, Ă Bourges Cher. AcadĂ©mie de Stanislas, Ă Nancy Meurthe-et-Moselle. SociĂ©tĂ© acadĂ©mique du dĂ©partement de l'Oise, Ă Beauvais Oise. XVI SociĂ©tĂ© d'Ă©mulation de TAlUer, Ă Moulins Allier. SociĂ©tĂ© Ăduenne, Ă Autun SaĂŽne-et-Loire. SociĂ©tĂ© archĂ©ologique de Sens Yonne. Commission archĂ©ologique de Maine-et-Loire. SociĂ©tĂ© nationale des Antiquaires de Paris. SociĂ©tĂ© d'histoire et d'archĂ©ologie de Ghftlon-sur-SaĂŽne SaĂŽne- et-Loire. SociĂ©tĂ© d'Ă©mulation de la VendĂ©e, Ă La Roche-sur- Yon. SociĂ©tĂ© archĂ©ologique du VendĂŽmois , Ă VendĂŽme. SociĂ©tĂ© Dunoise , Ă GhĂąteaudun. SociĂ©tĂ© libre des lettres, sciences et arts de l'Eure, Ă Evreux. SociĂ©tĂ© Dunkerquoise, Ă Dunkerque Nord. SociĂ©tĂ© des sciences et arts de Vitry-le-François Marne. SociĂ©tĂ© littĂ©raire historique et archĂ©ologique de Lyon. SociĂ©tĂ© historique et archĂ©ologique de la CorrĂšze, Ă Brive. SociĂ©tĂ© historique et archĂ©ologique du Maine, au Mans Sarthe. BUREAU DE LA SOCIĂTĂ. Pi'Ă©sident d'honneur. . M. Ăaron, prĂ©fet d'Eure-et-Loir. ĂŻd M»»* Regnault , Ă©voque de Chartres. ' Id M. Delacroix , sĂ©nateur, maire de Char- tres. Id M. Dumas , membre de l'Listitut. Id M. Chaslbs Michel. PrĂ©sident M. De Saint-Laumer Alexandre. Vice-PrĂ©sident .... M. Mbrlet. ' Id M. Olivier l'abbĂ©. Id M. Durand Paul. Archiviste N. SecrĂ©taire M. Met-Gaubert. Vice-SecrĂ©taire .... M. De Boisvillette Ludovic. Id N. Conservateur du MusĂ©e. M. Bellier de la Chavignerie Philippe. TrĂ©sorier M. Heurtault. TrĂ©sorier^adjomt . M, Hue Charles. SOCIĂTĂ ARCHĂOLOGIQUE DEURE-ET-LOIR. PROCĂS-VERBAUX. SĂANCE DU 6 JANVIER 1876. l>rĂ©snJence de M. Herlbt. â H. Het-Gaubert , secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quai-t par la lecture et l'adoption du procĂ«s-verbal de la prĂ©cĂ©dente rĂ©union. Etaient prĂ©sents MM. Merlet, Chavaudret, Met-Gaubert, l'abbĂ© Auboin, Barois, Balandra, Bost, Buisson, DubreuilH., Girouard Em. , Goupil Sain te- Marie , Heurtault, Hue, Lecocq, Legrand, RavaĂ»lt, RĂ«mond AndrĂ©, Sautton E., Touche. Communication de M. Legrand sur la rĂ©organisation de L" bibliothĂšque de la SociĂ©tĂ©. â Remerciements de la part de M. 1' PrĂ©sident. L'ordre du jour appelle ensuite l'attention sur les dĂ©couverte archĂ©ologiques rĂ©cemment opĂ©rĂ©es Ă SaulniĂ«res. D'aprĂšs tout ToMB VI. I â 2 â probabilitĂ© il y aurait eu lĂ un cimetiĂšre mĂ©rovingien. On y a trouvĂ© plusieurs cercueils, des lames de sabres, des morceaux de fer, quelques poteries, des boucles de ceinturon, des chaĂźne» en cuivre dorĂ© , un petit javdol, etc. Aux renseignements que transmet M. l'abbĂ© Auboin, Ă ce sujet, viennent se joindre les communications complĂ©mentaires de M. Heurlault. Les fouilles se continuent; il est temps d'avi- ser, pour ne pas laisser disparaĂźtre plusieurs objets curieux. L'assemblĂ©e, consultĂ©e, dĂ©cide que quelques-uns de nos con- frĂšres voudront bien se charger d'opĂ©rer ime exploration. M. l'abbĂ© Haret, voisin du lieu des fouilles, le demande avec instances. Il est arrĂȘtĂ© que MM. Lecocq et Goupil Sainte-Marie se chargeront de cette mission, de concert avec MM. les abbĂ©s Haret et Auboin. De leur cĂŽtĂ©, M. le PrĂ©sident et M. Buisson en rĂ©fĂ©reront Ă notre collĂšgue, M. BrĂ©ville de Di*eux, et Ă M. Simare, conduc- teur des ponts et chaussĂ©es. Il sera fait, plus tard, un rapport dĂ©taillĂ© sur les dĂ©cou- vertes en question. Lecture est ensuite donnĂ©e par le SecrĂ©taire d'un travail de M. Dagron-Rousseau sur l'instruction primaire Ă BrouĂ©, avant 1789. â Renvoi Ă la Commission de publication. M. le PrĂ©sident adresse des remerciements particuliers Ă notre confrĂšre prĂ©sent, M. Touche, instituteur, Ă Viabon, lequel a offert Ă la SociĂ©tĂ© un exemplaire des Adolescentes, poĂ©sies Ă©ditĂ©es par M. Brosseron. Communication sur l'excursion archĂ©ologique qui doit avoir lieu , conformĂ©ment aux prescriptions du rĂšglement. L'assemblĂ©e, consultĂ©e, dĂ©cide que cette sĂ©ance publique se tiendra, cette annĂ©e, Ă Anet, Ă l'Ă©poque des beaux jours. On fera en sorte, s'il est possible, de la rendre littĂ©raire et scienti- fique Ă la fois. Invitation pressante est adressĂ©e Ă tous les membres de vou- loir bien prĂ©parer quelques travaux. La sĂ©ance se termine par une communication scientifique d'un de nos jeunes confrĂšres, M. E. Girouard, aujourd'hui rĂ©- - 3 - dacleur au journal scientifique Les Mondes, qui profite d'un de ses voyages pour entretenir la SociĂ©tĂ© de ses principales inven- tions et dĂ©couvertes. Burette-Lampk. â Burette destinĂ©e au graissage des ma- chines ; elle diffĂšre dos autres en ce qu'elle est Ă deux compar- timents , dont l'un rempli d'une Ă©ponge imbibĂ©e d'essence mi- nĂ©rale est surmontĂ© d'un bec de lampe. GrĂące Ă cet ustensile , on peut graisser dans les endroits obscurs, sans lanterne, tout en conservant la libertĂ© de son autre main. Fabrication instantanĂ©e du savon. â Dans une prochaine rĂ©union , notre confrĂšre fera devant nous un bloc de savon par la mĂ©thode qu'il nous a dĂ©crite , et qui consiste Ă accĂ©lĂ©rer les combinaisons chimiques par un courant Ă©lectrique. Eclairage des trains a grande vitesse. â Une glace de verre lĂ©gĂšrement platinĂ© est inclinĂ©e de 45 degrĂ©s en avant d'une lanterne renfermant une lampe Ă©lectrique. La glace peut s'incliner de droite Ă gauche de façon Ă renverser obliquement le faisceau lumineux. Deux verres, un rouge et un vert, peu- vent Ă volontĂ© ĂȘtre placĂ©s devant le faisceau et le colorer par le mouvement que leur imprime le mĂ©canicien Ă l'aide d'un levier. Par ce moyen, deux locomotives munies de ce systĂšme optique, pourront se voir de trĂšs- loin malgrĂ© les tranchĂ©es et les courbes, puisque le faisceau colorĂ©, lancĂ© verticalement, sera visible dans l'espace au-dessus du train; la coloration et l'obhquitĂ© des rayons permettront de juger du sens de la marche du train. Yu la faible Ă©paisseur de la couche de platine dĂ©posĂ©e sur le miroir, la lanterne Ă©claire en mĂȘme temps la voie en avant comme avec un fanal ordinaire. La lumiĂšre est produite par l'Ă©lectricitĂ© dĂ©gagĂ©e d'une petite machine Gramme ou Lontin mise en mouvement par un piston animĂ© par la vapeur mĂȘme de la locomotive. Papier galvanique. â Le papier distribuĂ© par notre confrĂšre aux membres prĂ©sents Ă la sĂ©ance, est prĂ©parĂ© avec l'oxyde de zinc. La nouveautĂ© du procĂ©dĂ© consiste dans l'idĂ©e d'avoir fait dissoudre cette substance dans l'ammoniaque ou Furijie putrĂ©- fiĂ©e. On Ă©crit sur ce papier sans plume ni encre, ni crayon, Ă Taide de tout corps mĂ©tallique, le fer exceptĂ©. 4 Blanchiment des textiles vĂ©gĂ©taux. â Le procĂ©dĂ© consiste dans l'addition da la glycĂ©rine et de ses congĂ©nĂšres aux hypo- chlorites de soude , ce qui empĂȘche de brĂ»ler la fibre et permet de rouir directement les plantes dans un excĂšs de potasse. La bagasse canne Ă sucre, prĂ©parĂ©e pour la pĂąte Ă papier, que chacun a vue, Ă©tait blanchie de cette façon. Immobilisateur pour traire les vaches vicieuses. â Ins- trument destinĂ© Ă empĂȘcher les vaches de ruer, de s'Ă©moucher et de rĂ©pandre des excrĂ©ments dans les seaux pendant la traite. Cet instrument consiste en deux pinces jumelles Ă ressort et adossĂ©es, dont l'une saisit le muscle du jarret et l'autre la queue. Ce moyen, mis en usage dans certaines fermes, a fourni de trĂšs-bons rĂ©sultats. Soie artificielle. â Notre confrĂšre en est encore Ă ses pre- miers essais qui lui ont donnĂ© des fils de m. 20 de longueur et de diffĂ©rentes couleurs; mais il espĂšre pouvoir nous montrer prochainement des Ă©cheveaux d'une seule longueur, lorsqu'il sera en possession des appareils qu'il fait construire en ce mo- ment. La base de ce procĂ©dĂ© consiste dans un moyen de disso- lution de certains corps albuminoĂŻdes et fibrineux qui sont coagulĂ©s et solidifiĂ©s au moment de l'Ă©tirage. La coloration est donnĂ©e pendant que la substance est encore liquide. La SociĂ©tĂ© remercie notre jeune confrĂšre de ses intĂ©ressantes* conumunications et l'engage Ă continuer ses recherches. L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ©, la sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures trois quarts. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. Allain EugĂšne, chirurgien -dentiste, Ă Chartres; prĂ©- sentĂ© par MM. RĂ©mond AndrĂ© et Met-Gaubert. L'abbĂ© Auboin, curĂ© de Saint- Ange-et-Torçay; prĂ©sentĂ© par MM. l'abbĂ© Haret et Goupil Sainte-Marie. Fortin Pierre-François, conseiller municipal, Ă Dreux; prĂ©sentĂ© par MM. Tellot et Job. .1 â OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ. Les Adolescentes y poĂ©sies par M. Touche, instituteur, Ă Yiabon. Don de M. Brosseron. Bulletin de la SociĂ©tĂ© d'Histoire naturelle de Toulouse 1874- 1875, S*' fascicule. Envoi de la SociĂ©tĂ©. MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© d'Agriculture, de Sciences et dArts de Douai j t. XII 1872-1874. Douai, imprim. de Lucien GrĂ©pin, 1875. Envoi de la SociĂ©tĂ©. SĂANCE DU 3 FĂVRIER 1876, PrĂ©sidence de M. P. Durand. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lectuie et l'adoption du procĂšs-verbal de la derniĂšre rĂ©union. Etaient prĂ©sents MM. P. Durand, l'abbĂ© Olivier, Chavaudret, Met-Gaubert, Barois, de Bertheville, Besselle, Boisseau, Boy, Ihevrier, Dubreuil, Famin, Gabriel, Gilbert P., TabbĂ© HĂ©nault, Hue, Isambert Michel, Isambert Stanislas, de Saint -Laumer pĂšre, Lecocq, Legrand, de MĂ©ly Fernand, Nancy A., Person, Ravault et Sautton E.. M. le PrĂ©sident donne communication d'une note archĂ©olo- gique de M. Lecocq, intitulĂ©e Une excursion au cimetiĂšre mĂ©rovingien de SaulniĂšres {Eure-et-Loir. a Pour nous conformer au dĂ©sir exprimĂ© par nos collĂšgues, dans la sĂ©ance du 7 janvier dernier, et vu l'urgence, nous n'avons pas, en dĂ©pit de la rigueur de la tempĂ©rature, hĂ©sitĂ© Ă nous transporter, le lundi 10 janvier suivant, Ă CrĂ©cy-CouvĂ©, chez notre collĂšgue M. l'abbĂ© Haret, curĂ© de cette paroisse ; nous y fĂ»mes bientĂŽt rejoint par deux autres collĂšgues qui, eux-mĂȘmes , avaient pris part Ă la sĂ©ance archĂ©ologique du 7 janvier c'Ă©taient MM. Goupil Sainle-Marie , et l'abbĂ© Auboin , i â 6 - curĂ© de Saiiit-Ange-et-Torçay. A la suite d'un dĂ©jeuner pris en commun, nous nous transportĂąmes Ă SaulniĂšres, commune limitrophe, pour visiter et explorer les terrassements d'un ancien chemin, dont on modifie la pente ; il est situĂ© au milieu de ce village, dans la partie comprise entre la maison d'Ă©cole, le jardin du presbytĂšre et l'Ă©glise. » Le dĂ©blai y qui fut opĂ©rĂ© en cet endroit, atteiut une profon- deur d'environ 1 m. 70. Le travail entrepris , depuis quelques mois, sur ce chemin vicinal, a mis Ă dĂ©couvert une trentaine de tombeaux et sĂ©pultures diverses , le tout semblant appartenir aux premiers Ăąges de notre monarchie. A l'Ă©poque de notre visite , la neige couvrait le sol et la terre Ă©tait durcie par la gelĂ©e. Aussi, Ă notre arrivĂ©e, nous trouvĂąmes le travail suspendu et absence complĂšte de travailleur. Ayant rencontrĂ© un ouvrier, nous le priĂąmes de bien vouloir pratiquer une tranchĂ©e, dans un endroit oĂč nous Ă©tait signalĂ©e l'existence de trois tombeaux demeurĂ©s inexplorĂ©s , attendu qu'ils se trouvaient en dehors du pĂ©rimĂštre tracĂ© pour le terrassement. Mais , malgrĂ© la bonne volontĂ© et les efforts de l'ouvrier , il lui fut impossible d'ouvrir le sol durci par la gelĂ©e. La plupart des tombes mises Ă jour sont en plĂątre gĂąchĂ©, et offrent une Ă©paisseur d'environ huit centimĂštres. Ce plĂątre, aprĂšs avoir Ă©tĂ©, d'abord, coulĂ© par panneaux carrĂ©s, qui furent, ensuite, extĂ©rieurement rĂ©unis par une couche de plĂątre liquide, formait dans son ensemble Un sarcophage complet. Le cadavre se trouvait isolĂ© du sol par cinq des cĂŽtĂ©s du tombeau; le sixiĂšme cĂŽtĂ©, qui devait former le dessus de ce sarcophage, Ă©tait absent, au point qu'on n'en signalait pas le moindre dĂ©bris aux environs. Devrait-on sup- poser que ces sortes de cercueils en plĂątre , dĂ©pourvus de dessus, auraient Ă©tĂ© enfouis de la sorte, ou bien doit- on croire qu'ils auraient Ă©tĂ© violĂ©s, Ă une Ă©poque antĂ©rieure ? C'est ce qu'il nous est impossible de dĂ©cider , attendu que nous avons Ă©tĂ© privĂ©s d'assister Ă l'ouverture d'une de ces Ă©tranges sĂ©pultures; il nous fut seulement permis d'examiner une portion intĂ©rieure de l'une d'elles, renfermant encore quelques fragments d'un crĂąne et les grands ossements des jambes et des bras. » Tous ces tombeaux se rencontrent, gĂ©nĂ©ralement, Ă une profondeur de 60 Ă 80 centimĂštres , et reposent sur un sol pri- mitif, composĂ© d'Ă©normes silex. D'aprĂšs une inspection attentive des lieux environnants, nous serions portĂ©s Ă croire qu'une cer- J â 7 â ' laine Ă©paisseur de terre arable a pu ĂȘtre enlevĂ©e, eu cel eudioil, Ă une Ă©poque antĂ©rieure, dans le but de diminuer un peu la ra- piditĂ© de la pente de ce chemin placĂ© dans la partie abrupte du coteau. Quelques sĂ©pultures se trouvaient, assure-t-on, super- posĂ©es. Cet emplacement Ă©tait dĂ©signĂ© sous le nom de Vieux- CimetiĂšre. » Nous avons pu acquĂ©rir de la main d'un ouvrier, en faveur du MusĂ©e de notre SociĂ©tĂ©, deux beaux fragments d'Ă©pĂ©es, pro- venant de ces antiques tombeaux; elles portent chacune soixante centimĂštres de longueur, mais le fer, par suite de Toxydalion, rĂ©duit en lamelles, est, Ă l'extĂ©rieur, entiĂšrement recouvert de terre , de graviers et de parcelles d'ossements agrĂ©- gĂ©s ensemble. Nous sonunes encore possesseur d'une large plaque de fer, qui, Ă travers la couche terreuse qui la re- couvre, laisse entrevoir la forme d'une grande boucle, ayant pu servir Ă maintenir la selle d'un cavaher. » Depuis le commencement des travaux, MM. les abbĂ©s Haret et Auboin sont devenus les heureux possesseurs de plusieurs objets pleins d'intĂ©rĂȘt, provenant de ces fouilles funĂ©raires. Ce sont d'abord un vase en terre noire et ornĂ© de stries sur la panse, rappelant l'Ă©poque franque; une portion de fibule double en bronze, module moyen, dĂ©corĂ©e de gravures d'annelets, sur toute la surface; en dessous, se remarquent les deux tenons et ia goupille en fer, formant l'articulation; un petit anneau en or, uni, mais excessivement mince, et brisĂ©; une boucle de ceinturon, ornĂ©e d'enlacements mĂ©rovingiens, gravĂ©e et argen- tĂ©e ; une piĂšce de monnaie trĂšs-mince et assez fruste remontant, peut-ĂȘtre, Ă l'Ă©poque Carlo vingienne; trois espĂšces de chaĂźnettes en bronze, dont une de forme quadrangulaire et une autre triangulaire , nous en avons apportĂ© des spĂ©cimens. M. Haret possĂšde un bel ornement en bronze dĂ©coupĂ©, d'un caractĂšre particulier, et garni de chaĂźnettes, lequel semblerait avoir appartenu Ă un cavalier. âą GrĂące Ă l'obligeance de M. Buisson, l'un de nos collĂšgues, M. Simare, agent des Ponts-et-ChaussĂ©es , avait envoyĂ©, sur les lieux du terrassement, un cantonnier-chef, qui a reçu Tordre de ne rien laisser distraire, Ă l'avenir, des objets qui pourraient se rencontrer de nouveau dans les fouilles opĂ©rĂ©es en cet endroit, oĂč il reste encore Ă pratiquer des talus qui por- teront deux mĂštres de large; lĂ se rencontreront, sans doute â 8 â de nouvelles sĂ©pultures. Ordre est Ă©galement prescrit, de re- mettre, Ă la Mairie, les objets nouvellement dĂ©couverts, les- quels, ensuite, seront vendus au profit de qui de droit. M. Tlns- tituteur Ă relevĂ©, sur le plan cadastral, la situation des endroits fouillĂ©s, ainsi que le parcellaire de Tensemble. 3» Il nous fut impossible, Ă notre grand regret, et cela en raison de la saison rigoureuse, d'obtenir de notre mission un rĂ©sultat plus satisfaisant. M. le CurĂ© de CrĂ©cy , en vĂ©ritable apĂŽ- tre de l'archĂ©ologie, a bien voulu se charger de reprĂ©senter, Ă SaulniĂšres, notre SociĂ©tĂ©, et de prendre, lorsque ces fouilles auront dit leur dernier mot, le soin de dĂ©crire minutieusement, Ă Taide de la plume et du dessin , tous les objets recueillis dans le Vieux- Cim^tiĂši'e de SaulniĂšres. Quelques portions de terrain du voisinage des fouilles actuelles auront, peut-ĂȘtre , aussi besom d'ĂȘtre explorĂ©es, afin que Ton puisse obtenir, s'il est possible, toutes les richesses ou curiositĂ©s archĂ©ologiques que peut contenir ce Ueu d^inhumation , qui nous semblerait apparUmir Ă la derniĂšre pĂ©riode MĂ©rovingienne. » Cette suite de tombeaux en plĂątre, pour la plupart garnis Ă l'intĂ©rieur des armes de chacun des guerriers dĂ©funts, nous paraĂźtrait rĂ©vĂ©ler la suite d'uu combat qui se serait livrĂ©, Ă cette Ă©poque reculĂ©e, sur les coteaux qui environnent la Biaise, lieu qui a dĂ©jĂ fourni au frĂšre Indes dans ses deux lettres inti- tulĂ©es Des Monuments prĂ©historiques dans les environs de Dreux *, Toccasion de dĂ©crire, au grĂ© d'une heureuse imagina- tion, mais trop minutieusement peut-ĂȘtre, Texistence, le long de cette mĂȘme vallĂ©e, de traces d'animaux disparus de notre contrĂ©e, en mĂŽme temps que, trop affirmativement, le foyer domestique, au mĂȘme lieu, d'hommes vivant Ă une Ă©poque trĂšs-reculĂ©e , et que l'on dĂ©signe sous le titre pompeux et un peu Ă©lastique de pt^Ă©lmtonque. » Quelques observations contradictoires sont prĂ©sentĂ©es, Ă ce sujet, par MM. Fernand de MĂ©ly et Dubreuil. Du reste, on attendra, pour s'Ă©clairer complĂštement lĂ -des- sus le rapport dĂ©taillĂ© que M. l'abbĂ© Haret, curĂ© de CrĂ©cy, pro- met pour la prochaine sĂ©ance. âą Ces deux lettres furent , d'abord , insĂ©rĂ©es dans le Courrier d'Eure-et- Ijoir et, ensuite, tirĂ©es Ă part, en deux fascicules formant ensemble 46 pages in-i2, 1873-1874. â 9 â M. TabbĂ© HĂ©mnik fĂ»t hommage Ă la SociĂ©tĂ© dune hache en pierre polie trouvĂ©e prĂšs de Saumeray, au mouhn du Crouzet. Notre confrĂšre, M. E. Sautton, communique au nom de M. Touche, instituteur Ă Viabon, plusieurs piĂšces de monnaies quou a rencontrĂ©es Ă Baigneaux, canton d'OrgĂšres '. Le mĂȘme membre laisse espĂ©rer que d'autres monnaies, Ă©galement cu- rieuses, seront encore fournies Ă l'avenir. Enfin le SecrĂ©taire donne lecture d'une Ă©tude biographique qu'il a composĂ©e sur le poĂšte satirique du Lorens, de ChĂąteau- neuf-en-Thimerais, avec citations dĂ©tachĂ©es de l'ouvrage. â Renvoi Ă la ConunissioĂ» de publication. Messieurs, » Notre cher pays de la Beauce et du Perche est riche en illustrations de tous genres. Les Lettres, les Sciences, les Beaux- Arts, l'Administration, l'Etat militaire nous fournissent un glorieux contingent d'hommes remarquables , trop connus pour qu'il soit nĂ©cessaire d'en faire ici TĂ©numĂ©ration. » Dans ces divers genres de cĂ©lĂ©britĂ©, il en est un qu'on pourrait affirmer ĂȘtre vraiment le trait saillant de notre con- trĂ©e. Je veux parler du genre satirique si dĂ©Ucat, si difficile Ă mettre en Ă©vidence quand on songe qu'il peut frapper les vices du caractĂšre, l'hypocrisie des uns, l'avarice des autres, Vor- * Voici la description de ces monnaies que nous devons Ă Fobligeance de notre confrĂšre , M. Chevrier Quatre piĂšces de monnaies Gauloises du pays des Camutes , dont un revers Aigle Ă©ployĂ© de face regardant Ă droite , et une R. Cheval courant Ă gauche ; deux frustes. Auguste. R. Autel de Lyon. TibĂšre deux piĂšces, moyen et petit module. R. Autel de Lyon. Claude 1. R. Pallus lançant un javelot. Trajan. R. La Victoire volant Ă gauche. Adrien. R. DĂ©esse debout, tenant une patĂšre et une haste. â Autre. R. La FĂ©licitĂ©. â Autre. R. Neptune, debout Ă droite , le pied sur une proue de navire. Marc-AurĂšle r. La dĂ©esse Hygie , debout Ă gauche , donnant Ă manger Ă un serpent. Caracalla billon, grand module. R Le Soleil, debout. Gordien III billon. R. La FĂ©licitĂ©. JULIA MAMMiEA, mĂšre d'Alexandre SĂ©vĂšre. R. Vesta, debout. VoLUSiEN billon. R. La Concorde, assise. Claude il, dit le Gothique. R. Marin. Posthume. R. La Victoire , debout; Ă gauche, un Aigle Ă ses pieds. â 10 â gueil insolent, la bassesse servile, liguorance superbe, la jalousie sotte et cruelle, TintolĂ©rance aveugle et farouche, Tim- piĂ©tĂ© tĂ©mĂ©raii-e et cette audace de Tesprit qui, Ă certaines Ă©poques de corruption, arrive Ă un tel degrĂ© de cynisme, que le reproche mĂȘme lui devient un litre de gloire; quand on pense, enfin, que ce genre pĂ©rilleux de la satire a la prĂ©tention de main- tenir les hommes dans les bornes de la raison et de la morale. » C'est, nĂ©anmoins, ce qu'a essayĂ© de faire un poĂšte sati- rique percheron peu connu, et dont je vais avoir l'honneur de vous entretenir pendant quelques instants. » Dans l'espace de quelques lieues qui s'Ă©tend de Dreux Ă Chartres ont brillĂ©, au commencement du XVIP siĂšcle, trois poĂštes vraiment dignes de ce nom. Deux d'entre eux sont arrivĂ©s jusqu'Ă nous avec les homieurs dus Ă leur gĂ©nie; ce sont RĂ©gnier, le premier de nos satiriques, nĂ© Ă Chartres, et celui que Corneille ne dĂ©daignait pas d'appeler son pĂšre, Rotrou, natif de Dreux. » Entre ces deuc villes, Ă moitiĂ© chemin de l'une et de l'autre, naquit le troisiĂšme, Jacques Du Lorens, le poĂšte sati- rique de ChĂąteauneuf-en-^Thimerais. Ami de RĂ©gnier et de Rotrou, il ne les a pas suivis sur le chemin de la postĂ©ritĂ©. Il Ă©tait dangereux d'Ă©crire des satires en mĂȘme temps que RĂ©gnier, et la rĂ©putation de Du Lorens s'est Ă©clipsĂ©e devant la gloire de son illustre contemporain. Plus tard, Boileau qui s'Ă©tait fait le grand justicier de la littĂ©rature du passĂ©, mais qui n'a pas toujours mis dans ses arrĂȘts l'impartialitĂ© que conunan- dait le droit qu'il s'Ă©tait arrogĂ©, Boileau n'a pas jugĂ© Ă propos de donner Ă Du Lorens la place qu'il lui devait dans le PanthĂ©on littĂ©raire de son art poĂ©tique. Il serait possible que le nouveau satirique eĂ»t un peu redoutĂ© la comparaison avec son devan- cier, qu'il avait encore une autre raison de passer sous silence, n'ayant pas dĂ©daignĂ© de lui faire de sĂ©rieux emprunts. » Ce qui a manquĂ© Ă Du Lorens, pour arriver jusqu'Ă nous dans le rang qu'il mĂ©rite d'occuper, ce n'est pourtant ni le talent poĂ©tique, ni surtout la verve satirique qu'il possĂšde au plus haut degrĂ©. » Ce n'est pas, non plus, la fĂ©conditĂ©, car Ă trois reprises diffĂ©rentes, il s'est armĂ© du fouet de la satire pour fustiger ses contemporains. Difficile est mlijram non scribei^e, disait-il avec RĂ©gnier. - n â âą Etant jeune avocat , aprĂšs ĂȘtre docteur, Et voyant qu'au barreau je n'Ă©tais qu'auditeur, Que d'autres moins savants plaidaient pour les parties , Moi de jeter le froc, par dĂ©pit, aux orties. DĂ©tester le bonnet, n'aller plus au palais , OĂč l'on m'eĂ»t souvent pris sans cause et de relais. » » C'est ainsi que Du Lorens raconte lui-mĂȘme qu'il aban- donoa le droit pour la poĂ©sie satirique. Mais il n*est pas vrai que de dĂ©pit il ait jetĂ© le froc aux ot^ties, puisque, quittant Paris , il vint Ă Chartres et exerça la profession d'avocat au prĂ©- sidial de cette ville. » Jacques Du Lorens, sieur d'OirĂ©, Ă©tait nĂ© en 1580 Ă ChĂą- teauneuf-en-Tbimerais. La terre d'OirĂ© lui fut apportĂ©e en dot par sa femme GeneviĂšve Langlois, avec des biens considĂ©rables. Du Lorens ne s'en plaignit pas » J'ai du bien, grĂące Ă Dieu, ce qu'il m'en faut pour vivre. > » En 1613, Du Lorens quitta Chartres avec sa famille et fut revĂȘtu de la charge de bailli, vicomte de ChĂ teauneuf , et devint plus tard lieutenant- gĂ©nĂ©ral du bailliage, avec la charge de prĂ©sident de nouvelle Ă©rection. » C'est moins dans un ouvrage assez estimĂ© Sur les Anno- tations des Coutumes de ChĂ teauneuf^ Chartres et Dreux, que dans son goĂ»t pour la poĂ©sie satirique, quil faut prendre les traits qui conviennent le mieux Ă la physionomie de M. le grand-bailli de ChĂ teauneuf. » Boileau, qui dĂ©jĂ , selon l'expression d'un poĂ«te contempo- rain , aux vers de RĂ©gnier, avait mĂȘlĂ© sa tisane a la glace, > Boileau s'empara avec talent de presque tous les sujets Ă©bau- chĂ©s avec verve par Du Lorens dans ses vingt-six satires , le Mariage y la Noblesse, les Embarras de Paris, les Dangers de la vie satirique, » Il faut lire avec soin notre poĂ«te pour voir s'Ă©panouir dans son Ćuvre sa curieuse et bizarre figure ; en suivant le galop parfois un peu lourd de ses vers , on croirait sentir l'aiguillon du grand satirique romain JuvĂ©nal. Il nous rappelle la verve caustique et railleuse de Sanlecque, de Panard et de RĂ©gnier dont le pays chartrain est fier Ă juste litre. â 12 â » G*est surtout pour Du Lorens qu*est vraie cette parole de Buffon le style est rhomme mĂȘme », car il ne cesse de parler de lui; il aimait le vin et la querelle, Ă©tait sujet au gros rire, aux coups de boutoir; grivois sans trop de vergogne, toujours prĂȘt Ă injurier ses voisins, ses confrĂšres, et Ă battre sa femme; il est vrai que ce dernier droit Ă©tait acquis en ce temps-lĂ Ă la bonne bourgeoisie, mais ce droit entraĂźnait des devoirs. Du Lorens a l'indiscrĂ©tion de s'en plaindre au public et de conter Ă tout le monde que sa femme provoquait des tra- casseries peu sĂ©antes. » Mm Du Lorens avait enrichi notre avocat, de lĂ un peu d'aigreur, et d'exigence peut-ĂȘtre. Ecoutez ce que dit d'elle le malicieux auteur u Au lieu de me jeter un jour par la fenĂȘtre , Je souffris que Ton m!t Ă mon col ce chevestre ; C'est oĂč je tiens encor; d'oĂč je puis de mon mal En qualitĂ© d'expert dresser procĂšs-verbal La femme que j'ai prise est une des meilleures , Mais toutefois elle a de si mauvaises heures ! Elle est mĂ©lancolique et hait tout piisse-temps ; Si parfois elle rit, c'est signe de beau temps; Son humeur est fĂącheuse et contraire Ă la mienne Mais nĂ©anmoins le mal que je lui veux m'advienne ! » » On n'est pas plus chrĂ©tien. Voyons jusqu'au bout ce qu'est M"'* Du Lorens » Et pas toujours encore; mais ce n'Ă©tait pas une raison pour se consoler de la bonne dame par une Ă©pitaphe qu'on lui prĂȘte et qu'il a dĂ» faire, l'ingrat ! c Ci-gĂźt ma femme , ah ! qu'elle est bien 1 Pour son repos et pour le mien ! » » Du Lorens avait la rage d'Ă©crire des vers , c'est ce qu'il appelle le jyial du bout des doigts; il s'adressait de prĂ©fĂ©rence â 13 â aux faux dĂ©vots; le portrait de son Tartufe est un vrai chef- d'Ćuvre qui devait bientĂŽt en enfanter un autre plus connu ⏠Le franc bigot fait tout pour gagner la faveur, C'est oĂč son zĂšle tend , oĂč vise sa ferveur ; PrĂšs de la ligne droite on connaĂźt moins la courbe Qu'au prix d'un vray dĂ©vot il ne paraĂźt qu'un fourbe ; Qui ne le counoistroit sitost qu'il l'auroit veu Serait de jugement tout Ă fait dĂ©pourveu Afin de m'expliquer, il aurait la berlue. Sans clignoter des yeux jamais ne vous salue , Et croit que pour se mettre au rang des vrais dĂ©vos , II ne faut que parler contre les huguenos; Pnurveu qu'en apparence on soit bon cathoUque , Qu'aux bonnes actions on peut faire la nique. » » La comĂ©die de MoliĂšre est lĂ , toute, avec ses maĂźtresses lignes et ses plus fins dĂ©tails. » Du Lorens s'adressait encore aux marmiteux, aux pĂ©dants dont il dĂ©crit ainsi la tournure On voit Ă leur marcher quatre choses ensemble , Le trot et l'entrepas et le galop et l'amble. > âą Aimant le clairet et le blanc, c'Ă©tait de son siĂšcle, il se gardait de faire i Comme fait aujourd'hui ce gentilhomme Ă liĂšvre Qui croit en avalant son cidre que ce soit De ce que GanymĂšde Ă son maĂźtre versoit. > j> Quoi qu'il en dise sur les prĂ©jugĂ©s de la naissance, Du Lorens paraĂźt peu content de la sienne , et sa muse qui prĂȘche l'Ă©galitĂ© des hommes , se contenterait fort bien de quelque titre nobiliaire c Si le bon pĂšre Adam n'eĂ»t pas mordu la pomme , Tout le monde aussi bien eĂ»t Ă©tĂ© gentilhomme. n II avait peu de goĂ»t pour la noblesse de cour, car il dit quelque part Moi , que j'aille Ă la cour? â et que je n'irai pas ! â Vendre ma libertĂ© pour un mĂ©chant dĂźner, Et de plus n'oser fuir, me voulĂ»t-on berner ; Cela n'est bon qu'Ă ceux qui font plus pour leur panse Qu'un chien de bateleur quand son maĂźtre le tance. » â 14 - » NĂ©anmoins c'est au Roi qu'il adresse quelques vers cĂąlins, humble flatterie dictĂ©e par la peur Dessous le rĂšgne heureux de Votre MajestĂ© Nous faisons imprimer en toute libertĂ©. » Il ajoute plus loin c Que c'est bien fait Ă vous d'aimer le Cardinal Qu'on peut de la vertu nommer l'original ! » » Quand le trait piquant faisait dĂ©faut, Du Lorens ramassait quelque grosse bouffonnerie; il brave, mĂȘme en rimant, Thon- nĂȘtetĂ©, Ă ce point que de nos jours on pourrait croire en cer- tains vers qu il parle latin. » Ce poĂšte avocat, aimait, comme tous les critiques, les livres rares, les tapisseries et les meubles de prix. Son cabinet de peinture fut seul Ă©valuĂ© Ă dix mille Ă©cus. u Mon petit cabinet des beautĂ©s me dĂ©couvre Que je ne verrais 'pas dans les chambres du Louvre. > » C'est ce que M" Du Lorens ne voulut jamais comprendre; elle trouvait, la digne fenmie, que l'art coĂ»tait gros, et voilĂ pourquoi chez M. l'avocat de Chartres, il y eut des que- relles de mĂ©nage. » Le satirique percheron mourut en 1655. » RĂ©sumons-nous. On n'a point mis Du Lorens oĂč il mĂ©rite d'ĂȘtre. Il ne lui manque que d'avoir demeurĂ© dans la Capitale. C'est lĂ qu'il eĂ»t trouvĂ© quelques sujets plus intĂ©ressants peut- ĂȘtre, des idĂ©es plus variĂ©es, et sans doute une maniĂšre de peindre plus grande et plus noble. HaberU sua faXa Libelli ! ' » Du Lorens a eu le malheur de vivre dans une trop petite province. Cependant il existe de lui deux satires trĂšs-belles que RĂ©gnier lui-mĂȘme n'aurait pas dĂ©savouĂ©es. S'il est moins cor- rect que Boileau, on ne voit pas ses vers se traĂźner pĂ©nible- ment. u pas Ă pas, deux Ă deux Comme s'en vont les vers classiques et les bĆufis. » â 15 â » Du Lorens joue de l'instrument qui est bien la langue du vrai poĂšte, cette mĂ©lopĂ©e instinctive, oĂč le tic- tac du balancier de rhĂ©mistiche ne se fait aucunement sentir. » Beaucoup d'Ă©crivains du XVIP siĂšcle furent latins ou grecs, Du Lorens a Ă©tĂ© français, a Ă©tĂ© gaulois, a Ă©tĂ© lui. Son livre, en somme, a des longueurs, des incohĂ©rences; mais nos vieilles mĆui*s naĂŻvement peintes, y racontent leur histoire de jeux, de costumes et de soupers anacrĂ©ontiques , oĂč nos pĂšres, joyeux banqueteui's, se dĂ©sopilaient. » Pour connaĂźtre le vrai Du Lorens, il faut regarder attenti- vement son portrait dont nous devons la conservation Ă un collectionneur chartrain M. Louvancour. La figure expressive du satirique nous donne une idĂ©e exacte de son caractĂšre et de ses Ćuvres. La malice, TĂąpretĂ© dont ses traits sont empreints, se trouvent tempĂ©rĂ©es par une fiertĂ© et une noblesse de physio- nomie qui montrent que chez lui, comme chez plusieurs de ses contemporains, la grossiĂšretĂ© du langage ne procĂšde pas d'une vulgaritĂ© de sentiments, et doit ĂȘtre imputĂ©e bien moins Ă Tindividu qu Ă TĂ©poque oĂč il vivait. âą Pour apprĂ©cier le vrai Du Lorens, il faut lire et relire les deux premiĂšres satires ; elles ont, aux yeux des Ă©rudits, une valeur rĂ©elle et sĂ©rieuse. En parcourant le reste du volume, malheureusement trop peu connu, on est charmĂ© de cette ver- deur toute gauloise, et on est tentĂ© d'appUquer Ă notre sati- rique ces vers d'un poĂšte contemporain qui semblent Ă©crits pour lui Quel plaisir de voir, sans masque , ni lisiĂšres , A travers le chaos de nos folles misĂšres Courir, en souriant, ses beaux vers ingĂ©nus TantĂŽt lĂ©gers, tantĂŽt boiteux, toujours pieds-nus! » » Maintenant Tombre de lu Lorens peut dormir tranquille au fond de son cercueil. Satisfaction lui est donnĂ©e. A nous de la saluer respectueusement en la voyant passer Ă cĂŽtĂ© de celles des RĂ©gnier, des Nicole, des Ghauveau-Lagarde et des Marceau, Ă cĂŽtĂ© de celles des Florent d'IUiers, des Rotrou, des Senarmont et des RĂ©mi Belleau, noms illustres pour notre bien-aimĂ© pays, noms vĂ©nĂ©rĂ©s Ă jamais, parce qu'ils nous rappellent et nous rappelleront toujours l'assiduitĂ© au travail, Tamourde la gloire, la vie de sacrifices et le dĂ©vouement Ă la Patrie ! » â 16 â L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ© , la sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heu l'es et demie. OBJETS OFFERTS A LA SOGIĂTĂ. Notice biographique sur Louis-Nicolas Robert, inventeur de fa machi/ne Ă papier continu, Dreux, impiimerie de Ch. Leme- nestrel, 1873. Don de Fauteur, M. BrĂ©ville. Gravure reprĂ©sentant un sculpteur hollandais. Don de l'au- teur, M. Yves. SĂANCE DU 2 MARS 1876. PrĂ©sidence de M. Merlet. â M. Met-Gaubert, secrĂ©l^re. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart. Le procĂšs- verbal de la derniĂšre rĂ©union est lu et adoptĂ©. Etaient prĂ©sents MM. Merlet, P. Durand, Chavaudret, Met- Gaubert, Balandra, Barois, de Bertheville, de Boisvillette , Bost, Besselle, Brosseron Justin, Chevrier, Dubreuil, Famin, abbĂ© Foucault, Gilbert P., abbĂ© Haret, Hue, Heurtault, Legrand, Lecocq, de Lubriat, Nancy Alf. , abbĂ© PouclĂ©e, Ravault, Sautton E.. M. le PrĂ©sident donne communication d'une circulaire minis- tĂ©rielle Ă propos de la rĂ©union des SociĂ©tĂ©s savantes Ă la Sor- bonne. Par un arrĂȘtĂ© en date du 20 janvier dernier, M. le Ministre de l'Instruction publique a dĂ©cidĂ© que la 14* rĂ©union des dĂ©lĂ©guĂ©s des SociĂ©tĂ©s savantes des dĂ©partements aurait lieu Ă la Sorbonne au mois d'avril 1876, et que des sĂ©ances de lectures et de con- fĂ©rences publiques seraient faites pendant les journĂ©es des mer- credi 19, jeudi 20 et vendredi 21 avril. Le samedi 22 avril, le Ministre prĂ©sidera la sĂ©ance gĂ©nĂ©rale dans laquelle seront distribuĂ©s les rĂ©compenses et encourage- ments accordĂ©s aux SociĂ©tĂ©s et aux savants. - 17 â Une somme de 3,000 fiancs est mise Ă la disposilion du ComitĂ© des travaux historiques pour ĂȘtre distribuĂ©e par les sections d'Histoire, d'ArchĂ©ologie et des Sciences aux SociĂ©tĂ©s et aux savants dont les travaux auront contribuĂ© le plus eflBca- cement aux progrĂšs de ces diffĂ©rentes branches. M. le PrĂ©sident s'empresse de faire connaĂźtre cette dĂ©cision aux membres de la SociĂ©tĂ© , en leur indiquant les jours des rĂ©unions , pour qu'ils aient le temps de prĂ©parer les communi- cations qu'ils se proposent de faire. Ceux de nos confrĂšres qui auraient l'intention de se rendre Ă ces rĂ©unions sont instamment priĂ©s d'en donner avis, soit au PrĂ©sident, soit au SecrĂ©taire, avant le 25 mars. A l'occasion de ces rĂ©unions, les compagnies des chemins de fer accordent une rĂ©duction de 50 % sur le prix des places, Ă la condition de se conformer aux dĂ©cisions du syndicat et aux prescriptions ministĂ©rielles dont la connaissance sera commu- niquĂ©e immĂ©diatement aux intĂ©ressĂ©s. Sont dĂ©lĂ©guĂ©s, MM. Merlet, le docteur Lescarbault, Joliet, Chevrier, Girouard Emile et Met-Gaubert. kmmunication d'une seconde lettre ministĂ©rielle qui a pour but la publication des documents inĂ©dits relatifs aux Etats- GĂ©nĂ©raux du XIV au XVII* siĂšcle. M. le Ministre invite les membres des SociĂ©tĂ©s savantes Ă vouloir bien entreprendre des recherches immĂ©diates, en rĂ©- ponse aux six indications mentionnĂ©es, et Ă lui en faire parve- nir les rĂ©sultats dans le plus bref dĂ©lai possible. Sur la priĂšre de M. le PrĂ©sident, M. Lecocq promet de rĂ©di- ger, Ă ce sujet, une note qu'il enverra au MinistĂšre. Communication d'une autre circulaire ministĂ©rielle qui a pour objet le projet de publication des MĂ©moires des Intendants en 1697. M. le Ministre fait appel au zĂšle de tous les amis de Vhistoire, afin d'obtenir des notes qui permettent d'Ă©tudier en toute con- fiance le tableau de l'ancienne France. Il prie instamment les savants de rĂ©pondre Ă un questionnaire composĂ© de huit para- graphes et d'adresser les renseignements, sous son couvert, au Bureau des travaux historiques et des SociĂ©tĂ©s savantes. f Division des Sciences et Lettres. ToMB VI. F. 2 - 18 - A ce propos , quelques rĂ©flexions sont fournies par M. Lecocq qui possĂšde un manuscrit sur Tlntendance d'OrlĂ©ans. M. VabbĂ© Haret , curĂ© de CrĂ©cy, donne ensuite lecture de son rapport sur les dĂ©couvertes archĂ©ologiques opĂ©rĂ©es Ă Saul- niĂšres. Messieurs, » Nous relevons en ce moment Ă SaulniĂšres et Ă GrĂ©cy, dans un ancien cimetiĂšre, des morts portant de lourdes et tran- chantes Ă©pĂ©es attachĂ©es Ă de larges ceinturons, tels que les dĂ©crit saint Sidoine Apollinaire. Ces morts sont des Francs, des MĂ©rovingiens, comme on dit; tout Tatteste. Les ornements qui dĂ©corent les agrafes de leurs ceinturons, la garniture des harnais de leurs chevaux, les petites poteries dĂ©posĂ©es auprĂšs d'eux dans leurs cercueils et quelques autres objets encore. De plus, la beautĂ© des squelettes, la grandeur des corps, la belle rĂ©gularitĂ© des tĂȘtes , les mĂąchoires ornĂ©es toutes de toutes leurs dents, tout prouve que nous sommes ici en prĂ©sence de la race Franque MĂ©rovingienne, couchĂ©e dans un de ces notalles et importants cimetiĂšres. » Ce cimetiĂšre a une Ă©tendue trĂšs-grande , il s*Ă©tend sur toute la cĂŽte mĂ©ridionale qui va de GrĂ©cy Ă Fontaine, en passant par SaulniĂšres son centre, et ne mesure pas moins de mille mĂštres. Je vais vous le dĂ©crire , c'est-Ă -dire que je vais vous faire la description de la petite partie du cimetiĂšre qui se trouve dans la parcelle de terrain que Ton creuse maintenant pour Ă©tablir un chemin vicinal allant de Saint-RĂ©my Ă Marville-les-Bois. » Ce que vous dĂ©sirez le plus de moi. Messieurs au moins je le pense, c est un journal, ce sont des notes prises au jour le jour et Ă©crites dans SaulniĂšres, Ă chaque place du chantier montrant des tombes. C'est aussi ce que j'aime mieux faire et ce qui est plus utile pour une rĂ©union privĂ©e. Permettez-moi de vous lire mes notes telles que je les ai prises, ayant sous les yeux les piĂšces, je ne dirai pas Ă dĂ©crire , mais Ă Ă©numĂ©rer. » Au mois d'octobre de l'annĂ©e derniĂšre , ont commencĂ© des travaux de terrassement dans l'intĂ©rieur du pays, sur la place publique elle-jnĂȘme que Ton voulait aplanir pour adoucir le chemin. » Tout ce qui a Ă©tĂ© trouvĂ© Ă©tait gisant dans de la terre qui â 19 â est mainteuaiil enlevĂ©e et qui forme un remblai dans la vallĂ©e^ des deux cĂŽtĂ©s de la riviĂšre. Par consĂ©quent la place des trou- vailles n* existe plus, on ne peut plus la voir ni l'Ă©tudier; seu- lement la route, dans cette place, ayant dix mĂštres de largeui^ et deux mĂštres de profondeur, laisse voir sur ses cĂŽtĂ©s, dans la hauteur du terrain , diffĂ©rentes places marquĂ©es par diffĂ©rentes nuances, attestant la prĂ©sence de cercueils et montrant soit des fragments de poteries, soit des fragments d'os humains, soit du plĂątre, soit du charbon, soit des cendres noirĂątres. » Le premier cercueil de plĂątre fut trouvĂ© sans que je l'aie vu, et je ne sais quel jour du mois d'octobre. Les dĂ©bris res- tĂšrent longtemps mĂȘlĂ©s Ă la terre fouillĂ©e, » Le deuxiĂšme cercueil en plĂątre fut trouvĂ© le 26 octobre. Il y avait dans ce cercueil, un squelette et une bague en bronze. Je dois vous dire, dĂšs le commencement, que tous les corps que nous avons trouvĂ©s, Ă Texception de deux ou trois, sont orien- tĂ©s Ă la maniĂšre des corps inhumĂ©s dans les cimetiĂšres chrĂ©- tiens. Je dois vous faire remarquer aussi, auprĂšs du premier cercueil en plĂątre, que les corps sont aussi bien conservĂ©s dans ce plĂątre, que dans la terre ou sur les pierres. Enfin, quant Ă la façon de ces cercueils , j'ai vu qu'ils Ă©taient formĂ©s de plaques de plĂątre, qu'ils n'avaient pas de couvercle et qu'ils Ă©taient i^emplis d'une terre trĂšs-fine et choisie, versĂ©e sur les squelettes et les objets funĂ©raires. » 27 octobre. â On trouva deux lames en fer, l'une ayant 50 centimĂštres de longueur, l'autre 45. » 28 octobre. â Dans un cercueil en plĂątre uti petit vase en terre cuite brisĂ©; une lame de 47 centimĂštres placĂ©e oblique- ment sur le squelette ; une plaque de ceinturon eti fer avec sa boucle en fer. » 5 novembre. â Petit vjase en terre cuite , trouvĂ© en pleine terre; dĂ©bris de verre et de charbon. Le petit vase que j'ai des- sinĂ© ressemble entiĂšrement Ă ceux que l'abbĂ© Cochet a trouvĂ©s dans les sĂ©pultures Flanques. » 12 novembre. â Dans un cercueil en plĂątre, dĂ©bris de plaques de fer d'assez grande dimension, pour que j'aie pu croire un instant qu'elles avaient formĂ© une cuirasse; mais je pense maintenant que ces dĂ©bris Ă©taient tous des plaques de ceinturon. Ces plaques portaient des clous de bronze en forme de rosette. â 20 â » 13 novembre. â Cercueil en plĂątre, c'est le huitiĂšme; plaque de ceinturon, de forme carrĂ©e, en fer, portant des clous en cuivre ou en bronze, façonnĂ©s en rosette. » 15 novembre. â NeuviĂšme cercueil en plĂątre. » 16 novembre. â DixiĂšme cercueil en plĂątre. Longue chaĂźne de bronze, de forme carrĂ©e, portant de place en place des orne- ments. Ces diffĂ©rents ornements ont pour piĂšce principale une çlĂ©coration centrale qui pouvait fetre destinĂ©e au poitrail d'un cheval ; je Toffre au musĂ©e de la SociĂ©tĂ© , aprĂšs en avoir pris dessin , que je garde. » 1 7 novembre. â OnziĂšme cercueil en plĂątre , renfermant un corps avec une large Ă©pĂ©e ayant la plaque de son ceinturon plus forte que les autres. » 22 novembre. â Un cercueil et une Ă©pĂ©e. » 23-24 novembre. â Des corps et deux Ă©pĂ©es. » 25 novembre. â Sous un corps, une chaĂźne en bronze plus grosse et plus plate que la premiĂšre, les mailles forment une chaĂźne triangulaire dont les tronçons sont reliĂ©s par une trĂšs- belle attache en forme d'anse , type assez commun Ă TĂ©poque Franque. » 26 novembre. â Cercueils en plĂątre, dĂ©bris de vases en terre, dĂ©bris d'armes et d'armures en fer. > DĂ©cembre. â A deux mĂštres de profondeur auprĂšs d'un corps une mĂ©daille chrĂ©tienne , la face, une croix, le revers, un temple, soit la Sainte-Chapelle, soit la marque des monnaies de Tours. PremiĂšre trouvaille Ă l'entrĂ©e du jardin du pres- bytĂšre, Ă 50 centimĂštres du pied d'un vieux mur. La mĂ©daille a pu glisser entre les terres, tomber Ă cette profondeur; mais aussi elle a pu avoir Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e lĂ auprĂšs d'une sĂ©pulture datant de l'Ă©poque de la mĂ©daille, d'une sĂ©pulture carlovingienne ou capĂ©tienne faite dans une fosse mĂ©rovingienne. Je pense mĂȘme que beaucoup de sĂ©pultures de ce cimetiĂšre ont Ă©tĂ© violĂ©es et volĂ©es, car nous n'avons jamais trouvĂ© que du fer et du bronze, jamais de mĂ©taux prĂ©cieux, jamais rien de bien parfait, Ă l'ex- ception d'un seul ornement du harnais d'un cheval. Nous n'avons trouvĂ© qu'un seul petit vase intact; et Ă chaque place, nous avons rencontrĂ© des dĂ©bris de ces vases en terre. Dans le cimetiĂšre de Brou, on avait recueilli auprĂšs de quatre corp^ seulement beaucoup plus de choses prĂ©cieuses. 20 dĂ©cembre. â Qi^iiwziĂ©me cercueil en plĂątre ; une Ă©pĂ©e > - ^ I ^^^ la septiĂšme ou la huitiĂšme, exactement de la mĂȘme forme que les prĂ©cĂ©dentes, mais plus longue; elle mesure en longueur 60 centimĂštres. » FĂ©vrier. â Pendant ce mois, les quatre ouvriers, qui seuls ont fait tous les travaux de terrassement depuis six mois, n'ont eu qu'Ă niveler la terre et faire les talus des deux cĂŽtĂ©s de la roule. » On a encore trouvĂ© des squelettes en grand nombre, des dĂ©bris d*Ă©pĂ©e, des dĂ©bris d'autres objets en pierre, et une boucle trĂšs-forte en bronze; mais ce que j'ai l'intention de vous montrer, et ce que je vous prie de bien examiner, c'est une tĂȘte que j'ai dĂ©terrĂ©e le 16 fĂ©vrier, quand il faisait dĂ©jĂ un peu nuit. Cette tĂȘte est d'un type qui me semble extraordinaire et qui diJBfĂšre de tous ceux que nous avons trouvĂ©s dans le vieux cimetiĂšre de SaulniĂšres. 9 19 fĂ©vrier. â Je trouve un corps Ă une profondeur de 60 centimĂštres, la face contre terre, la tĂȘte au midi, les pieds au nord; sur le corps, des pierres paraissent avoir Ă©tĂ© placĂ©es avec intention. J'ai conservĂ© la tĂȘte qui me paraĂźt d'un type ordinaire. » Le crĂąne, que j'ai gardĂ©, semble avoir reçu un coup d'Ă©pĂ©e, et porte une large fente faite avec une arme tranchante. » Le 22 fĂ©vrier, assistant encore aux travaux des ouvriers qui trouvaient Ă chaque instant des corps, mais des corps qui n'avaient plus de cercueils, ni de places bien marquĂ©es et qui Ă©taient posĂ©s un peu dans tous les sens, bien que tous fussent entiers; la fantaisie m'a pris de regarder les pierres mĂȘlĂ©es aux os, aux cendres de ces morts. TouteĂą les pierres que j'ai regardĂ©es, m'ont semblĂ© bonnes Ă ramasser. Heureuse- ment que je n'ai eu qu'un instant cette fantaisie, car j'aurĂźiis formĂ© un vĂ©ritable tas de ces dĂ©bris de silex. J'apporte ici' quelques Ă©chantillons, et si l'on me dit qu'ils mĂ©ritent atten- tion, je n'aurai pas de peine Ă en collectionner une grande quantitĂ© de semblables. » 23 fĂ©vrier. â Les quatre ouvriei*s du chantier, aprĂšs avoir travaillĂ© le matin un peu avant le jour, Ă la place de la veille, sont allĂ©s, pendant le milieu de la journĂ©e, confectionner au bas de la cĂŽte ce qu'ils appellent des cuvettes pour la route, et sont revenus le soir encore travailler Ă la place de la veille. Ils ont mis en tas toutes les terres qu'ils retiraient des talus. â 22 â » Le 24. â Je trouve dans la terre amoncelĂ©e des talus, an superbe Ă©peron de cavalier. En ce moment, on travaillait Ă faire ce qu'on appelle un racollement entre le chemin et une maison qui se trouvait isolĂ©e par suite des nouveaux travaux. âą Je pris, ce jour-lĂ > une pioche, et chaque coup de mon instrument m'apportait des os humains; j'ai trouvĂ© quatre corps Ă quatre places; j'ai bien examinĂ© le terrain et j'ai vu que chaque corps avait son loculus, sa place marquĂ©e. Des pierres de silex, tournĂ©es du cĂŽtĂ© de leurs faces polies et parĂ©es, for- maient un lit de repos, et, Ă la tĂȘte, se trouvaient des pierres rangĂ©es qui formaient un oreiller, pulvinar, et faisaient Caire au corps mort une inflexion forcĂ©e; j'ai Ă©tudiĂ© cette situation pour quatre individus que j'ai dĂ©terrĂ©s moi-mĂȘme. Une minute aprĂšs ce rĂ©sultat, M. Tlustituteur, qui Ă©tait avec moi, ce jour-lĂ , m'a montrĂ© dans les terres noires des talus, tout Ă cĂŽtĂ© de nous, une mĂąchoire de cheval. La veille , nous avions eu un Ă©peron de cavalier. » 28 fĂ©vrier. â Fragment d'une petite Ă©pĂ©e, gardant encore un peu du bois qui lui servait de manche. â Morceau de fer informe, ayant Ă©tĂ© soit un tronçon d'Ă©pĂ©e, soit une poignĂ©e d'Ă©pĂ©e. â DĂ©bris de vase. â TĂȘtes de fenunes et d'enfants. âą En rĂ©sumĂ©, nous avons trouvĂ© trente cercueils en plĂątre, quatorze Ă©pĂ©es entiĂšres, beaucoup de dĂ©bris, quelques objets en bronze et en fer avec une centaine de squelettes, dans un espace trĂšs-restreint, dans une longueur de chemin de 40 mĂštres au plus. Ce chemin formant une tranchĂ©e, une route creuse, laisse voir, sur ses bords Ă©levĂ©s , des marques trĂšs-Ă©videntes de la prĂ©sence de nouveaux cercueils, de nouveaux objets, de nouveaux sujets mĂ©rovingiens* Ceux-lĂ pourraient ĂȘtre Ă©tudiĂ©s autrement que je ne l'ai fait et que je n'ai pu le faire avec des ouvriers qui n'entreprenaient pas des fouilles archĂ©ologiques^ içais qui faisaient des terrassements pour un entrepreneur de chemins vicinaux, et qui taillaient progressivement avec leurs pioches un cercueil ou un squelette depuis son commencement jusqu'Ă sa fin , sans jamais en dĂ©couvrir un seul entier. » Toutes les trouvailles que nous vous signalons ici, Mes- sieurs, ont donc toujours Ă©tĂ© faites au hasard, Ă l'aventure, par des ouvriers qui n'ont jamais pris une minute l'attention de conserver quelque chose de prĂ©cieux , qui ne se sont jamais dopnĂ© la peine de mettre Ă nu en entier un sarcophage depuis â 23 â lejĂź pieds jusqu'Ă la tĂȘte. II n'a pas Ă©tĂ© donnĂ© un seul coup de pioche, il n'a pas Ă©tĂ© remuĂ© une seule pelletĂ©e de terre pour chercher quelque chose. Nos fouilles n'ont pas eu tout l'intĂ©rĂȘt qu'elles auraient pu avoir si des archĂ©ologues les eussent entre- prises. On aurait eu Ă Ă©tudier lĂ les positions prĂ©cises du corps dans le cercueil, les marques des blessures que pouvaient por- ter les squelettes, on aurait su si ces hommes avaient Ă©tĂ© tuĂ©s Ă la guerre, on aurait examinĂ© leur taille, leur beautĂ©, leur grandeur, les caractĂšres analytiques des tĂȘtes; on aurait pu faire des remarques qui n'ont pas Ă©tĂ© faites. C'est bien Ă re- gretter. Mais il existe encore des tombes en grand nombre sur toute cette place; il y en a dont nous voyons les pieds, il y en a dont nous voyons la tĂȘte, il y en a dont nous voyons le des- sus, il y en a dont nous voyons le dessous. Elles sont Ă notre portĂ©e, et, avec des permissions qu'on obtiendrait facilement et quelques heures de travail, nous reverrions des MĂ©rovingiens ensevelis et trĂšs-bien conservĂ©s. Le pays depuis CrĂ©cy jusqu'Ă Fontaine en passant par SaulniĂšres, qui est le centre et le point le plus favorisĂ©, est riche en ces sortes de souvenirs. » En finissant, je vous avouerai. Messieurs, que ce n'est pas sans Ă©motion que j'assiste Ă la dĂ©couverte des cadavres de ces anciens Francs qui sont les prĂ©mices de notre nation française et le commencement de notre belle et glorieuse histoire. De. plus, pour leur honneur immortel, ne peut-on pas dire que c'est avec eux que Dieu a fait son Ćuvre? N'existe-t-il pas un livre intitulĂ© Gesta Dei per Francos ? N'est-ce pas avec ceux-lĂ aussi que Clovis aurait si bien voulu se trouver Ă la Passion de Notre -Seigneur, et n'est-ce pas ceux-lĂ qu'il nous faudrait peut-ĂȘtre encore dans les temps malheureux oĂč nous sommes ? La vue de leurs froides dĂ©pouilles, de leurs restes inanimĂ©s, semble en quelque sorte donner de l'Ă©nergie Ă l'Ăąme, et produit certainement sur moi une vive et salutaire Ă©motion. Ce travail, accueilli avec un trĂšs- vif intĂ©rĂȘt, est renvoyĂ© Ă la CoHMnission de publication . Sont laissĂ©s en dĂ©pĂŽt pour la SociĂ©tĂ© tous les objets trouvĂ©s Ă CrĂ©cy par M. l'abbĂ© Haret.' L'assemblĂ©e vote une somme de cent francs pour la conti- nuation des fouilles Ă opĂ©rer Ă SaulniĂšres. L - 24 - A propos de ces dĂ©couvertes rĂ©centes et d'une conti*adiclion apportĂ©e, en sĂ©ance, Ă une de nos derniĂšres rĂ©unions, M. Fer- nand de MĂ©ly a composĂ© un MĂ©moire dont il est donnĂ© lecture. âą J'ai fini , Messieurs ; je ne puis encore vous demander de vous prononcer ; mon savant contradicteur nous a promis une rĂ©fu- tation Ă©crite , alors seulement vous pourrez dĂ©cider, aprĂšs l'avoir entendu , si la dĂ©couverte de CrĂ©cy doit ĂȘtre regardĂ©e comme un efiet du hasard ou si elle est vraiment digne d'appeler sur elle votre bienveillante attention. » M. Lecocq prĂ©sente diverses observations en rĂ©ponse Ă ce MĂ©moire qu'il croit reposer sur une donnĂ©e inexacte sur sa demande , M. l'abbĂ© Haret dĂ©clare qu'il n'a Ă©tĂ© trouvĂ© aucune hache celtique dans les tombeaux de plĂątre. M. E. Sautton donne Ă la SociĂ©tĂ© un objet archĂ©ologique rĂ©putĂ© pour ĂȘtre un instrument de bĂ»cheron trouvĂ© aux envi- rons de Genonville, non loin de Voves, et deux petits moules Ă balles trouvĂ©s Ă Yerville, â 30 â M. P. Durand demande que M. Merlet veuille bien faire un rapport sur un objet d'une forme singuliĂšre, qui pourrait bien ĂȘtre un sceau, fourni par M. TabbĂ© Haret. M. le PrĂ©sident en dira quelques mots Ă la prochaine sĂ©ance. M. Emile Girouard communique Ă la SociĂ©tĂ© une chronique scientifique sur les dĂ©couvertes et les progrĂšs accomplis rĂ©cem- ment en France et Ă l'Ătranger. TraversĂ©e de la Manche par des voies souterraines. â Qui donc aurait cru, il y a quarante ans, alors qu'on hĂ©sitait Ă percer des tunnels de quelques cents mĂštres , qu'un jour vien- drait oĂč les montagnes ne seraient plus un obstacle Ă l'exĂ©cu- tion des voies ferrĂ©es? A cette Ă©poque, on traitait de chimĂ©riques les projets gran- dioses rĂ©alisĂ©s dans ces derniĂšres annĂ©es. Que d'objections ont Ă©tĂ© soulevĂ©es relativement au percement du canal de Suez , du tunnel du Mont-Cenis ! et cependant le succĂšs a couronnĂ© ces entreprises, si bien qu'Ă peine terminĂ©es on se mettait Ă l'Ćuvre pour ouvrir Ă©galement un passage Ă travers le Saint- Gothard. Ces succĂšs ont Ă©tĂ© pour beaucoup dans la reprise du projet de tunnel sous-marin destinĂ© Ă reher la France et l'An- gleterre. Cette idĂ©e, qui date de fort loin, n'Ă©tait approuvĂ©e que par un petit nombre de personnes, les autres traitaient d'insensĂ©s ceux qui, Ă leurs yeux, concevaient des projets aussi extravagants. Aujourd'hui , il n'en est plus ainsi depuis que nous voyons l'homme Ă©tendre son empire sur l'univers entier, nous n'osons plus douter de rien ; en efiTet, nous le voyons traverser les mers Ă la nage, revĂȘtu d'un costiune insubmersible, sĂ©journer au miUeu des flammes pour y arracher des victimes vouĂ©es Ă d'horribles tortures, s'Ă©lever dans les airs et conquĂ©rir dans des rĂ©gions jadis inexplorĂ©es, des connaissances utiles sur la forma- tion des phĂ©nomĂšnes mĂ©tĂ©orologiques. La routine, la plus grande ennemie du progrĂšs, est enfin forcĂ©e de lui cĂ©der la place, mais aprĂšs des luttes qui souvent sont funestes pour celui qui a le courage de les soutenir. GrĂące au zĂšle de M. ThomĂ© de Gamond, mort le mois dernier au moment oĂč on adoptait dĂ©finitivement son idĂ©e, l'Angleterre va prochainenuit ĂȘtre reliĂ©e Ă la France par un gigantesque tunnel qui n'aura pas moins de 32 kilomĂštres sous la mer. â 31 â Ce que Ton craignait surtout Ă Vorigine , c'Ă©tait la rencontre de quelque faille ou rupture de la couche de craie au sein de laquelle on doit conduire les travaux , mais les sondages les plus minutieux , joints Ă l'examen attentif des falaises, ont dĂ©montrĂ© qu'il n*y avait rien Ă redouter. Quant Ă la pression que devra supporter la voĂ»te, elle n'est pas si considĂ©rable qu'on le croit gĂ©nĂ©ralement; en effet, le tunnel se trouve Ă 125 mĂštres au-des- sous du niveau de la mer, mais il reste entre le fond de celle-ci et la clef de voĂ»te une couche de craie dure et compacte de 60 Ă 80 mĂštres d'Ă©paissem*. Dans un terrain de cette nature, les infil- trations inquiĂ©tantes sont peu Ă redouter, et en admettant qu'elles se produisent, on s'en rendra maĂźtre bien plus facile- ment encore que loi*s de l'accident arrivĂ© Ă Brmmel pendant le forage du tunnel sous la Tamise. Nous voyons d'ailleurs des naines s'avancer sous la mer Ă des distances de plusieurs kilo- mĂštres, et cependant la couche de terrain qui les sĂ©pare du fond de l'eau est parfois si mince que les ouvriers entendent distinctement le bruit causĂ© par les galets agitĂ©s par les vagues; il parait mĂȘme que plusieurs fois on creva cette mince pellicule, mais les ouvriĂšre y Sont tellement habituĂ©s qu'en un instant ils arrĂȘtent l'envahissement des eaux. Il faut Ă©galement tenir compte de la soliditĂ© qu'acquerra le tunnel au fur et Ă mesm'C de son avancement, par suite des revĂȘtements soit en pierres de taille, soit en briques ou en bĂ©ton comprimĂ©. Relativement aux matĂ©riaux qui doivent ĂȘtre employĂ©s pour cet usage, rien n'est encore dĂ©finitivement arrĂȘtĂ© ; mais il est probable qu'on en essayera de diffĂ©rentes natures sur une longueur aussi con- sidĂ©rable. On a mĂȘme parlĂ© autrefois de le revĂȘtir d'une sorte de tube en fer, mais ce projet a Ă©tĂ© abandonnĂ©. Signalons Ă ce sujet un projet qui consistait Ă descendre au fond de la mer d'Ă©normes anneaux de fonte qui, boulonnĂ©s en- semble par des plongeurs revĂȘtus de scaphandres , formeraient un tube gigantesque Ă Tin tĂ©rieur duquel circuleraient les trains. Un autre inventeur voulait Ă©tablir, au fond mĂȘme de l'OcĂ©an, une voie ferrĂ©e analogue Ă celle de nos Ugnes terrestres, sur laquelle circuleraient des vagons en tĂŽle hermĂ©tiquement fer- mĂ©s et que l'air comprimĂ© mettrait en mouvement tout en servant Ă procurer Tair frais nĂ©cessaire aux voyageurs. Par une disposition ingĂ©nieuse on pouvait, Ă un moment donnĂ©, con- vertir cette sorte de convoi en un navire qui s'Ă©levait du fond de l'eau pour venir naviguer Ă sa surface. â âą{*> â Je ne citerai pas tous les projets, ilssont trop nombreux^ car Ăą chaque instant il en surgit de nouveaux; seulement on peut affirmer qu'aussitĂŽt le tunnel exĂ©cutĂ© on Ă©tudiera ces diffĂ©- rentes questions, et dans un avenir peut-ĂȘtre peu Ă©loignĂ©, nous verrons les voyageurs, partis le matin de la gare du Nord Ă Paris, arriver l'aprĂšs-midi Ă Londres, aprĂšs avoir voyagĂ© le» uns au-dessus, les autres au-dessous et mĂȘme au sein des flols. Force motrice produite par la lumiĂšre. â 11 y a huit mois environ , tous les journaux scientifiques ont parlĂ© du gĂ©nĂ©ra- teur solaire Ă vapeur de M. Mouchot, consistant en un rĂ©flec- teur d'une forme spĂ©ciale, au foyer duquel se trouvait une chau- diĂšre mise en pression par suite de rĂ©chauffement produit par les rayons du soleil. Nous avons eu occasion de voir un de ces appareils faisant fonctionner un piston et communiquant le mouvement Ă de petits instruments de dĂ©monstration; mais alors, c'Ă©tait la chaleur solaire qu*on utilisait, tandis qu'au- jourd'hui voilĂ un savant anglais Ă©minent, M. William Crookes, membre de la SociĂ©tĂ© royale de Londres et directeur du Che- mical News, qui a dĂ©couvert, dans la lumiĂšre mĂȘme, un prin- cipe de force motrice. La lumiĂšre remplaçant l'Ă©lectricitĂ©, la vapeur, le vent et les cours d'eau, voilĂ ce qui paraĂźtra Ă©trange Ă un mĂ©canicien ! Cet appareil que l'on nomme radiomĂštre, se compose de quatre bras lĂ©gers, fixĂ©s sur un pivot d'agate et portant Ă leurs extrĂ©mitĂ©s un disque de moelle de sureau, blanc sur une face et noir sur l'autre ; le tout est renfermĂ© dans une cloche de verre mince, dans laquelle le vide est ensuite fait avec soin. ExposĂ©s Ă la lumiĂšre du soleil ou du magnĂ©sium, les bras de cet instru- ment tournent avec une rapiditĂ© excessive. La flamme d'une bougie placĂ©e Ă une distance de 20 pouces fait exĂ©cuter un t^ur au moulinet en 182 secondes; la mĂȘme bougie, placĂ©e Ă 10 pouces, la rĂ©volution se fait en 45 secondes, et Ă 5 pouces en 11 secondes. On voit donc que l'action mĂ©canique de la radiation est inversement . proportionnelle au carrĂ© de la dis- tance. De mĂȘme, deux bougies donnent une vitesse double. La coloration des rayons lumineux a une grande influence sur la rapiditĂ© de rotation; ainsi, avec une bougie placĂ©e Ă 5 pouces, il faut 40 secondes pour faire exĂ©cuter un tour Ă l'instrument derriĂšre un verre vert, 38 derriĂšre un bleu, 28 derriĂšre un pourpre, 26 derriĂšre un orangĂ©, 21 derriĂšre un jaune et / - 33 - 20 derriĂšre un rouge clair. Ces renseignements seront trĂšs- utiles aux photographes, car ils pourront, Ă l'aide de cet ins- trument, apprĂ©cier exactement le temps d'exposition nĂ©ces- saire, et cela pendant la pose mĂȘme du modĂšle. VoilĂ des faits qui dĂ©rangent singuliĂšrement la thĂ©orie et qui cependant viennent expliquer des phĂ©nomĂšnes jusque-lĂ incom- prĂ©hensibles. Que diront les partisans de cette ancienne dĂ©fini- tion la lumiĂšre est un fluide impondĂ©rable ? Voyez-vous d'ici des moulins solaires et des rayons lumineux expĂ©diĂ©s en bar- riques des plaines transparentes de l'AlgĂ©rie dans les rĂ©gions crĂ©pusculaires de la Laponie I Enfin M. Chevrier transmet quelques explications sur plu- sieurs monnaies prĂ©sentĂ©es par M. E, Sautton Ă la SociĂ©tĂ© ar- chĂ©ologique. Il dĂ©nomme ces monnaies en assignant leur valeur respective. L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ©, la sĂ©ance est levĂ©e Ă cinq heures. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ Bulletin de la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique, Scientifique et lAttĂ©rai/re du VendĂ©moiSy t. XIV, 1875. Typ. Lemercier. Don de la So- ciĂ©tĂ©. Pierre Daniel, avocat au Parlement de Paris ^ par L. Jarry. OrlĂ©ans, librairie Herluison, 1876. Don de l'auteur. SĂANCE DU 6 AVRIL 1376. PrĂ©sidence de M. Merlet. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procĂšs-verbal de la derniĂšre rĂ©union. Etaient prĂ©sents MM. Merlet, P. Durand, TabbĂ© Olivier, Met-Gaubert, Barois, Balandra, de Bertheville, de Boisvillette ToMB VI. P,'V. 3 ~ 34 - L. , Besselle, Bost, Buisson, Heurtault, Laigneau Emma- nuel, Lecocq, Nancy A. , Ravault, D' Robin, Sautton. M. Lecocq dĂ©pose sur le bureau, en communication, un MĂ©moire sur la gĂ©nĂ©ralitĂ© d'OrlĂ©ans par M. de Bon ville, en 1698, manuscrit in-f, 85 feuillets, et un autre document Extrait des MĂ©moires de M. Desessarts , conseiller Ă Chartres , intitulĂ© Recueil journalier de ce qui s'est nĂ©gociĂ© et arrĂȘtĂ© en la Chambre et Compagnie du Tiers-Etat de France, en ras- semblĂ©e gĂ©nĂ©rale clĂ©s trois Etats en la ville de Sens y au P Sep- tembre 1614, du depuis transfĂ©rĂ©e par Sa MajestĂ© au X" d'Oc- tobre ensuivant en la ville de Paris Le tout comprenant les sĂ©ances du 13 au 23 octobre 1614. Ces renseignements seront envoyĂ©s au MinistĂšre pour rĂ©- pondre aux questionnaires adressĂ©s rĂ©cenunent Ă propos des gĂ©nĂ©ralitĂ©s et intendances en province et des Etats-GĂ©nĂ©raux. Suit le compte-rendu de M. le TrĂ©sorier pour TannĂ©e 1875. RECETTES. En caisse reliquat du compte 1874 . . . . 5,158fr. 89 c. Subvention du MinistĂšre de l'Instruction publique 300 » Cotisations 3,360 75 IntĂ©rĂȘts des fonds placĂ©s 117 25 Vente de bulletins 174 » Total des recettes 9,110 89 DĂPENSES. 1° DĂ©penses ordinaires ProcĂšs-verbaux et MĂ©moires 1,748 fr. 30 c. Gravures 455 60 Frais de i*ecouvrement des cotisations extĂ©- rieures 162 95 Appariteur 250 » SĂ©ance gĂ©nĂ©rale 35 20 A reporter 2,652 05 - 35 - Report 2,652 fr. 05 c. DĂ©penses imprĂ©vues 75 25 Abonnements divers 85 » Prix aux instituteurs 75 » Reliures 347 55 3,234 85 2° DĂ©penses extraordinaires Impression du Souchet 217 50 Total des dĂ©penses 3,452 35 BALANCE. Recettes 9, DĂ©penses 3,452 35 Reliquat actif. . . 5,658 54 Approbation est donnĂ©e par l'assemblĂ©e Ă cet Ă©tat financier; les piĂšces justificatives seront dĂ©posĂ©es aux Archives. â Il est arrĂȘtĂ© qu'on s'en tiendra au systĂšme actuel de recouvrement pour ce qui concerne le dĂ©partement, et qu'on emploiera le concours de M. d'Escrivan, banquier Ă Paris, pour tout ce qui est en dehors du dĂ©partement. Suit le rapport de M. Laigneau Emmanuel sur le concours d'histoire entre les instituteurs. Messieurs, » L'appel que la SociĂ©tĂ© d'ArchĂ©ologie adressait, le 5 mars 1874, aux instituteurs d'Eure-et-Loir, en Ă©tablissant en leur faveur un concours d'histoire et de gĂ©ographie, a Ă©tĂ© de nou- veau entendu en 1875; et, au U^ novembre dernier, trois mĂ©- moires avaient Ă©tĂ© adressĂ©s Ă M. le PrĂ©sident de notre SociĂ©tĂ© » Le premier, de M. Guillon , Renseignements divers sur la commune des Autels -Villevillon Statistique, gĂ©ographie, his- toire. â Le second, de M. Chantegrain, instituteur-adjoint Ă l'Ă©cole communale de Brou, Notes sur les Institutions scolas- â 36 â tiques en France et sur quelques professeurs cĂ©lĂšbres, depuis les temps les plus anciens jusqu'Ă la mort de Louis XIV y accompa- gnĂ©es d'une Note biographique sur quelques professeurs char- trains. â Et le troisiĂšme, de M. Truberl, Documents histo- riques et statistiques sur la commune d'Epeautrolles. » La Commission instituĂ©e par vous, Ă l'effet de procĂ©der Ă l'examen des travaux produits, s'est rĂ©unie les jeudis 13 janvier et 9 mars, et elle me charge de vous adresser, dans les termes suivants, ses observations sur la valeur de chacun des docu- ments qui ont Ă©tĂ© soumis Ă son apprĂ©ciation. » Le travail de M. Guillon est le plus remarquable des trois MĂ©moires qui ont Ă©tĂ© adressĂ©s par les instituteurs. Ainsi que l'indique son titre, ce sont des renseignements divers de statis- tique, de gĂ©ographie et d'histoire, sur la commune des Autels- Villevillon ces renseignements, classĂ©s avec ordre et mĂ©thode, constituent un ensemble de faits intĂ©ressants, et fort utiles Ă consulter pour l'histoire de notre pays. » M. Guillon fait d'abord la topographie de son village; il le dĂ©crit sous ses diffĂ©rents aspects physiques et agricoles, il in- dique comment la population est distribuĂ©e Ă la surface du sol , et il accompagne son tableau de notes statistiques qui ont nĂ©- cessairement leur importance au point de vue local. » Mais, voulant conserver, comme il le dit lui-mĂȘme, aux deux petites communes dont celle des Autels-Villevillon est la rĂ©union, leur physionomie particuliĂšre, l'auteur consacre un article sĂ©parĂ© aux Autels-Saint-Eloi et Ă Ville villon. » Il fait donc l'histoire particuliĂšre de chaque village, depuis le Moyen-Age XP et XII» siĂšcles jusqu'Ă nos jours, en indi- quant les phases diverses par lesquelles il a passĂ©. » Les notions historiques sur les deux bourgs, leurs Ă©glises, leurs cimetiĂšres, sur les usages locaux, les auberges ostelz que l'on rencontrait autrefois en plus grand nombre sur ce point que de coutume, les renseignements sur les notaires, les huissiers, les sergents et les archers, les curĂ©s des deux pa- roisses et les maĂźtres d'Ă©cole du temps, sur tout ce qui, enfin, peut avoir eu, aux diffĂ©rentes Ă©poques de notre histoire, le caractĂšre d'une institution mĂȘme locale, ont Ă©tĂ© de la part de l'auteur, l'objet de recherches longues et difficiles, mais pres- que toujours couronnĂ©es d'un plein succĂšs. »> M. Guillon fait aussi l'histoire particuliĂšre des nombreux - 37 - hameaux des Autels et de Villevillon, ainsi que des petits terri- toires qui en dĂ©pendent. Il a poussĂ© plus loin ses investigations; rencontrant sur les registres des paroisses, sur d'anciennes mi- nutes ou de vieux papiers de famille, la mention de quelques habitations aujourd'hui disparues, il a pu retrouver exactement remplacement qu'elles occupaient, et il aurait pu, ainsi qu'il le dit lui-mĂȘme, si le temps le lui avait permis, donner sur cha- cune d'elles des notions plus prĂ©cises et plus complĂštes. » Les grandes familles des Autels-Saint-Eloi et de Villevillon ont Ă©tĂ© encore l'objet d'une Ă©tude particuliĂšre et attentive, l'au- teur a pu en faire le relevĂ©; peut-ĂȘtre faut-il regretter que le texte ne soit pas accompagnĂ© de tableaux gĂ©nĂ©alogiques. âą Enfin M. Guilloh termine son historique des deux com- munes, en signalant les faits curieux ou particuliers dont elles ont pu ĂȘtre le théùtre ; ces annales, empruntĂ©es pour la plupart aux registres des paroisses, remontent Ă 1648, elles ont Ă©tĂ© continuĂ©es jusqu'Ă la derniĂšre invasion allemande. » Dans tout ce travail , l'auteur n'a rien avancĂ© dont il n'ait eu la preuve Ă©crite. C'est en effet aux sources les plus certaines qu'il a puisĂ© ses documents Archives communales Etat-Civil, Matrice cadastrale. Tableaux de recensement, etc.. Diction- naire topographique et Dictionnaire des conununes d'Eure-et- Loir, Annuaire du dĂ©partement, Histoire du pays chartrain ; il a consultĂ© aussi les vieillards du village, les vieux titres de fa- mille, et surtout les minutes des anciens tabellions des Autels, minutes actuellement dĂ©posĂ©es en l'Ă©tude de La Bazoche-Gouet. » Votre Commission juge donc , Messieurs, que le MĂ©moire de M. Guillon est de beaucoup le meilleur qui ait Ă©tĂ© produit jusqu'ici, par les instituteurs, Ă la SociĂ©tĂ© d'archĂ©ologie. Elle pense qu'il y aurait lieu, peut-ĂȘtre, en y faisant les retranche- ments convenables, de renvoyer ledit MĂ©moire Ă la Commission de publication. » Dans une Ă©tude fort curieuse, presque savante, M. Chan- t^rain trace l'histoire de nos diverses institutions scholastiques pendant la longue pĂ©riode qui s'Ă©tend depuis l'Ă©poque de la Gaule indĂ©pendante jusqu'Ă celle de Louis XIV. » Il parle des institutions druidiques, des grandes Ă©coles des Gaules pendant la domination romaine , des Ă©coles Ă©tablies, aprĂšs l'invasion des Barbares, par les Ă©vĂȘques et par les abbĂ©s des monastĂšres, puis par Charlemagne lui-mĂȘme. Il donne sur â 38 ~ ces derniĂšres d'intĂ©ressantes notes qnant Ă leur oi'ganisation , leur discipline, leurs bibliothĂšques. BientĂŽt il aborde la grande question de T UniversitĂ© de Paris, de ses collĂšges, de ses enseignements, de ses rĂ©gents, de ses Ă©colĂątres et des diffĂ©rents grades quelle confĂ©rait. Puis, paraissent la Sorbonne avec ses docteurs, l'Ecole des Quatre- Nations, les FacultĂ©s de mĂ©decine et de droit du XV" siĂšcle, le CollĂšge royal de François P', les collĂšges congrĂ©ganisles et pri- vĂ©s, et la longue liste des savants qui enseignĂšrent dans chacun de ces importants Ă©tablissements savants dont le pays char- train a fourni aussi son contingent; enfin, l'auteur parle de l'institution de l'AcadĂ©mie française, et des plus cĂ©lĂšbres illus- trations qui ont honorĂ© ce corps, depuis sa fondation jusqu'Ă la mort du grand roi. Tf> C'est lĂ un travail plein d'Ă©rudition certainement, et qui ferait le plus grand honneur Ă son auteur, si M. Chantegrain ne nous avait avouĂ© lui-mĂȘme, qu'il n'avait fait que mettre en pages des documents empruntĂ©s Ă un vieux dictionnaire in- quarto, publiĂ© au commencement du XVIII siĂšcle, ouvrage spĂ©cialement consacrĂ© au sujet dont il vient d'ĂȘtre donnĂ© une courte analyse. » La Commission vous fera remarquer, Messieurs, que M. Chantegrain s'est tenu, par le sujet qu'il a choisi, tout Ă fait en dehors du programme tracĂ© par la SociĂ©tĂ© lorsqu'elle s'est adressĂ©e aux instituteurs. Et cette condition n'a pas Ă©tĂ© sans influence sur la proposition de rĂ©compense qui va vous ĂȘtre prĂ©sentĂ©e. » Le travail de M. Trubert est trĂšs-court , trop court peut- ĂȘtre. La description gĂ©nĂ©rale de la conmiune, puis du village en particulier et de l'Ă©glise, constitue la premiĂšre partie. â Quelques donnĂ©es Ă©conomiques sur les cultures agricoles et sur les animiaux domestiques du pays, puis sur les voies de com- munication, voilĂ pour la seconde partie. â Enfin, un dernier chapitre a Ă©tĂ© consacrĂ© Ă l'histoire d'Epeautrolles et des quatre hameaux qui en dĂ©pendent. » On pourrait reprocher Ă l'auteur, dont la mĂ©thode d'expo- sition laisse souvent Ă dĂ©sirer, de n'avoir pas toujours indiquĂ© la source oĂč il a puisĂ© les matiĂšres de son sujet. » La Commission pense qu'il y aurait lieu de complĂ©ter ce court exposĂ© par des recherches plus activement faiteç dans les â 39 â archives communales, dans les registres de l'Ă©tat-civil, lesquels remontent encore en 1657, ainsi que dans les minutes des an- ciens notaires dĂ©posĂ©es probablement Ă lUiers. Le MĂ©moire sur EpeautroUes se complĂ©terait alors heureusement, et offrirait ainsi, au lieu d'une simple copie, le caractĂšre d'une Ćuvre vrai- ment originale. » En tenant compte. Messieurs, des observations qui vien- nent de vous ĂȘtre adressĂ©es sur la valeur des trois MĂ©moires faisant l'objet du concours ouvert en 1875, la Commission a l'honneur de vous proposer d'accorder » 1** A M. Guillon, instituteur aux Autels - Villevillon , un prix d'une valeur de 75 francs environ, pour son estimable tra- vail d'histoire, de gĂ©ographie et de statistique ; » 2" A M. Chantegrain , instituteur-adjoint Ă l'Ă©cole commu- nale de Brou, un encouragement seiĂ»ement d'une valeur de 20 francs, en raison de ce que son mĂ©moire, rĂ©sultat d'une compilation facile, est, corome il est dit plus haut, tout Ă fait en dehors du programme exigĂ© ; Et 3** Enfin, Ă M. Trubert, instituteur, Ă EpeautroUes, Ă©gale- ment wn encowra^ewen^ d'une valeur de 20 francs, pour ses essais et sa bonne volontĂ©. » AprĂšs difTĂ©rentes observations prĂ©sentĂ©es sur le mĂ©rite res- pectif de chacun de ces travaux, la SociĂ©tĂ© dĂ©cide, par votes particuliers, qu'wn prix unique Ă e 100 francs, en ouvrages, serait accordĂ© Ă M. Guillon, instituteur aux Autels-Villevillon , lequel s'est conformĂ© aux prescriptions du programme en livrant un travail mĂ©thodique, rempli d'ordre, sur la statis- tique, l'histoire et la gĂ©ographie archĂ©ologie locale; l'assem- blĂ©e arrĂȘte, en outre, qu'une menlmi trĂšs-honorable est don- nĂ©e Ă M. Chantegrain , maĂźtre-adjoint Ă l'Ă©cole de Brou, dont le mĂ©moire est bon, Ă©ruditmĂȘme, mais a le tort de se trouver en dehors des conditions fixĂ©es par la SociĂ©tĂ©; enfin celle-ci accorde une mention honorable Ă M. Trubert, instituteur Ă EpeautroUes ; ti'avail incomplet et trop court. M. le Rapporteur termine par ces mots qui sont pour nous de bon augure VoilĂ donc les instituteurs d'Eure-et-Loir entrĂ©s dans la voie des Ă©ludes et des recherches que vous leur avez demau- - 40 - dĂ©es ; et comme nous eu avions formulĂ© l'espoir l'annĂ©e der- niĂšre, l'exemple donnĂ© a trouvĂ© des imitateurs. » Un membre cherche Ă s'Ă©clairer sur la situation de la porte Guillaume , en demandant oĂč en est Taffaire. M. le PrĂ©sident rĂ©pond qu'il y a eu une proposition faite par M. le Maire au locataire actuel d'une des tourelles de la porte Guillaume si cette proposition est acceptĂ©e et que la ville rentre en possession complĂšte du monument, la SociĂ©tĂ© s'en- tendra avec l'administration pour passer le bail qui lui a Ă©tĂ© consenti. Il n'y a pas d'autre communication pour le moment. Arrive ensuite l'annonce de la sĂ©ance gĂ©nĂ©rale publique et annuelle du mois de mai. Diverses propositions sont mises en avant afin d'obtenir un confĂ©rencier qui donne du reUef et de l'Ă©clat Ă cette solennitĂ©. L'assemblĂ©e s'arrĂȘte dĂ©finitivement au nom de M. Gaston Tissandier, si populaire, et comme explorateur de l'atmosphĂšre, et comme martyr de la science avec MM. Sivel et CrocĂ©-Spinelli. Un membre veut bien se charger de nĂ©gocier l'affaire en promettant de transmettre les renseignements nĂ©cessaires aussi promptement que possible. L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ© , la sĂ©ance est levĂ©e Ă prĂšs de cinq heures. NOUVEAU MEMBRE ADMIS. Membre titulaire. M. Barbot, ancien instituteur, Ă Dreux; prĂ©sentĂ© par MM. Corne et BrĂ©ville. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ. Documents et informations diverses. â Institut des pro- vinces de France, Bordeaux , V^ Cadoret. Eighth annual Report of the TrustĂ©es of the American Ar- cheology and Ethnology. Cambridge, Salem fress, 1875. En- voi de la SociĂ©tĂ©. â 41 â Bulletin de la SociĂ©tĂ© des Antiquaires de l'Ouest, 4* trimestre de 1875. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© industrielle et agncole d'Angers^ 2, 3 et 4* trimestres. Angers, BarassĂ©, 1875. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© Dunoise y 7V>»26, 27, 28. ChĂąteaudun, Pouillier-Vaudecraine , 1875-76. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique du VendĂŽmois, 1' tri- mestre 1876. Lemercier et fils. Envoi de la SociĂ©tĂ©. BĂ©vue des SociĂ©tĂ©s savantes des dĂ©partements. Imprimerie nationale, juillet 1875. RĂ©pertoire archĂ©ologique du dĂ©partement de la NiĂšvre, par M. le comte de Soultrait. Paris, Imprimerie nationale, 1875. Envoi du MinistĂšre. SĂANCE DU 4 MAI 1876. PrĂ©sidence de M. Merlet. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procĂšs- verbal de la derniĂšre rĂ©union. Etaient prĂ©sents MM. Merlet, Chavaudret, Met-Gaubert, de Bertheville, Bosselle, de Boissieu, Brosseron, Chevrier, Du- breuil H., l'abbĂ© HĂ©nault, Hue, Isambert Stanislas , Legrand, Lecocq, Nancy A., Person pĂšre, Sautton. L'assemblĂ©e dĂ©cide que la confĂ©rence de M. Tissandier se tiendra le jeudi 1" juin, dans la salle Sainte -Foi. M. Emile Girouard promet son concours comme opĂ©rateur. Communication sur Texcursion archĂ©ologique projetĂ©e Ă Anet. M. Moreau nous offre sa bienveillante hospitalitĂ©. Il est arrĂȘtĂ© que cette excursion aura lieu le dimanche 25 juin. La sĂ©ance publique sera donnĂ©e dans une des grandes salles du chĂąteau. M. le PrĂ©sident invite tous nos confrĂšres Ă prĂ©parer quelques travaux pour l'Ă©poque ci-dessus indiquĂ©e. - 42 â Suit une autre communication sur un projet d'exposition archĂ©ologique, industrielle et commerciale qui se ferait, au nom de la SociĂ©tĂ©, Ă Chartres, lors de la tenue du Concours rĂ©gional de 1877. L'assemblĂ©e laisse au Bureau le soin de nommer une com- mission de six membres qui serait chargĂ©e de prĂ©parer les voies et moyens propres Ă la rĂ©ussite de ce projet. Sont nommĂ©s membres de cette commission, MM. Chavau- dret, Met-Gaubert, de Boissieu, Dubreuil, Hue et Legrand. Les pouvoirs du PrĂ©sident ictuel expirent Ă la fin de juin. D'aprĂšs les Statuts, un nouveau PrĂ©sident doit ĂȘtre choisi. L'assemblĂ©e consultĂ©e dĂ©cide que cette Ă©lection aura lieu le premier jeudi de juillet. Lecture d*un travail de M. E. Girouard, sur la prĂ©paration et l'emploi des pĂątes alimentaires au fucus dans le traitement de la phthisie pulmonaire et comme succĂ© lanĂ© de l'huile de foie de morue. a Me livrant dans mon laboratoire Ă la prĂ©paration de cer- tains produits nouveaux extraits de diffĂ©rentes substances con- tenues dans les fucus , je fus frappĂ© de l'analogie qui existait entre les produits de cette plante marine et ceux extraits de quelques matiĂšres animales et vĂ©gĂ©tales. » La prĂ©sence des corps gras et mucilagineux, ainsi que celle des phosphates, chlorures, etc., mais surtout de l'iode, me fit songer Ă le recommander pour le traitement des phthisiques , des rachitiques et des scrofuleux, comme succĂ©danĂ© de l'huile de foie de morue. » En effet , l'huile extraite des foies de morues et de raies doit ses propriĂ©tĂ©s d'abord au corps gras qui agit conune aliment respiratoire , et ensuite Ă l'iode qu'elle renferme en si petite quantitĂ© que beaucoup de mĂ©decins ont niĂ© son action. Le fucus, au contraire, contient de l'iode en quantitĂ© relativement consi- dĂ©rable, et chacun sait que c'est de c^tte plante que nous ex- trayons ce corps simple dont l'usage est si rĂ©pandu aujourd'hui, tant pour les besoins de la thĂ©rapeutique que pour ceux de- Tindustrie. Nous y trouvons mĂȘme, en plus de l'iode et des phosphates, plusieurs autres substances renfermĂ©es dans les graines des cĂ©rĂ©ales et des lĂ©gumineuses, graines aujourdhui â 43 â en usage dans ralimentalion des poitrinaires sous les noms pompeux les plus divers. » Les fucus peuvent se dissoudre presque complĂštement par suite de la macĂ©ration et de l'Ă©buUition dans Teau ; mais toutes les plantes de cette famille n'ont pas les mĂȘmes vertus en effet, il en est dans la composition desquelles l'iode entre en plus grande quantitĂ© que dans d'autres. Certaines variĂ©tĂ©s sont vermifuges, d'autres purgatives et amĂšres, d'oĂč il rĂ©sulte qu'on doit de prĂ©fĂ©rence rechercher ceiiaines espĂšces, aussi je re- grette de ne pas en avoir eu un assez grand nombre sous la main afin de pouvoir les comparer et indiquer les meilleures. Je puis cependant affirmer que ces propriĂ©tĂ©s purgatives et ver- mifuges, qui rĂ©sident surtout Ă la surface des feuilles et des tiges, sont facilement dĂ©truites par un premier bouillon que Ton jette, tandis que les autres principes qui forment des com- binaisons beaucoup plus stables ne se dissolvent qu'Ă la longue; voici d'ailleurs la maniĂšre d'opĂ©rer pour dissoudre les fucus et les transformer en pĂątes alimentaires » Ces plantes, aprĂšs avoir Ă©tĂ© soigneusement lavĂ©es Ă Teau chaude, sont introduites avec ime certaine quantitĂ© d'eau de pluie dans une chaudiĂšre en fonte ou mieux encore en porce- laine, et soumises Ă ime Ă©buUition prolongĂ©e, jusqu'Ă dissolu- tion presque complĂšte ; on filtre dans un feutre ou une toile serrĂ©e, en pressant fortement, et on Ă©vapore le liquide Ă con- sistance lĂ©gĂšrement pĂąteuse en prenant des prĂ©cautions pour qu'il ne brĂ»le pas; Ă ce moment on peut y mĂ©langer, si on le dĂ©sire, une petite quantitĂ© de gluten et mĂȘme de substances mĂ©dicamenteuses. Il ne reste plus alors qu'Ă soumettre cette prĂ©paration aux opĂ©rations habituellement en usage pour la fabrication des pĂątes alimentaires, telles que macaroni, vermi- celle, pĂąle d'Italie, semoule, tapioca, etc. Ainsi prĂ©parĂ©, le fucus offre un aliment nouveau qui, dans un endroit sec, peut se conserver indĂ©finiment; il se prĂ©pare soit au lait, soit mieux encore au gras, et, sous forme de potage, il constitue pour les phthisiques, les rachitiques et les scrofuleux, un mets nutritif, d'un goĂ»t agrĂ©able, ayant les propriĂ©tĂ©s de l'huile de foie de morue sans en avoir les inconvĂ©nients * . » * L'huile de foie de morue occasionne souvent chez les malades des diarrhĂ©es, des maux d'estomac , des vomissements , et on sait la difficullĂ© que Ton Ă©prouve - 44 - Un membre demande pourquoi il n'est pas fait de rapports par les ComitĂ©s historiques sur les publications de la SociĂ©tĂ©. M. le PrĂ©sident rĂ©pond qu'il a dĂ©jĂ demandĂ© des explications Ă ce sujet, et que le retard est du fait d'un des membres du ComitĂ© chargĂ© de faire ces rapports. M. le PrĂ©sident est invitĂ© Ă opĂ©rer de nouvelles dĂ©marches. La sĂ©ance se termine par la lecture que fait le secrĂ©taire de deux piĂšces de vers de M. Touche, intitulĂ©es Saint Vincent de Paul; fa SĆur de CharitĂ©, SAINT VINCENT DE PAUL. I. Paris, comme aujourd'hui, regorgeait de misĂšre. â Un enfant nouveau-nĂ© vagissait sur la pierre OĂŻl sa mĂšre sans lait, dans Tombre d'un mur noir, Glissant furtivement , l'avait posĂ© le soir. Il faisait froid Avant qu'on vĂźt le jour paraĂźtre, FĂ»t retournĂ© vers Dieu le pauvre petit ĂȘtre De la grande citĂ© du plaisir et du bruit. Il se fiit envolĂ© sur l'aile de la nuit â Courant vers les attraits d'une chaude soirĂ©e , Bien des riches joyeux , en voiture dorĂ©e , Avaient passĂ© sans voir l'enfant aux cris plaintifs; Plus d'un rĂŽdeur de nuit, marchant, Ă pas furtifs , Dans le crime et le vol, la dĂ©bauche et la lie. N'avait point jugĂ© bon de lui sauver la vie ; Bien des honnĂȘtes gens , sur rue ayant pignon , Trouvaient tout naturel qu'un ĂȘtre si mignon RestĂąt en proie aux crocs de quelque chien voracc , Puisque sa mĂšre Ă©tait gueuse et de basse race; De sorte qu'il n'avait dans la ville de fer. Pour caresser son front que les flocons d'hiver ! II. PĂ©ris donc sous la neige, innocente victime ! Non ! le soulier ferrĂ© de ce prĂȘtre sublune Ă vaincre la rĂ©pugnance des enfants et raĂŽrac des grandes personnes ; le fucus , au contraire, n'ayant pas de saveur di^sagrĂ©able , peut se transformer en plats sucrĂ©s et ĂŽtre ainsi consommĂ© sans qu'ils se doutent qu'ils absorbent un mĂ©di- rament. - 45 - NommĂ© Vincent de Paul, a rĂ©sonnĂ© lĂ -bas. Le flair du bien vers toi sollicite ses pas; Comme l'aimant le fer, la misĂšre l'attire. Prodigue de bienfaits , qui pourra jamais dire L'ardente charitĂ© du foyer de son cĆur? L'Ă©goĂŻsme hideux en lui vit son vainqueur ! â Le pauvre abandonnĂ© n'avait phis, sur sa couche, Qu'un lĂ©ger cri sortant Ă peine de sa bouche N'importe ! le grand Saint dans la nuit l'entendra ! A son cĆur gĂ©nĂ©reux la charitĂ© dira Que dans ce corps chĂ©tif rayonne une Ăąme humaine Pour qui mourut JĂ©sus, ainsi que pour la sienne; Que cet enfant vaut bien qu'on le dispute au froid , Dans la crĂ©ation l'homme Ă©tant noble et Roi Et dĂ©licatement, comme une tendre mĂšre, Dans son manteau tramĂ© d'une laine grossiĂšre , 11 rĂ©chauffe l'enfant, le ravit Ă la mort. Et l'emporte chez lui comme un rare trĂ©sor. m. Et l'Ăąme du grand Saint se dilata de joie Sa charitĂ© trouvait une nouvelle voie ! â Quand Newton voit enfin la grande attraction , Quand Guttemberg pĂąli crĂ©e une invention Qui doit mouvementer la surface du monde , En s'essuyant du front une sueur fĂ©conde Ils disent J'ai trouvĂ© ! » mais ils ne sont qu'humains. Ce que Vincent de Paul a créé de ses mains Cest une Ćuvre divine ! et JĂ©sus sur la terre , Seul a pu surpasser le saint humanitaire. Les fils de la misĂšre et de la pauvretĂ© Grandiront, souriants, grĂące Ă sa charitĂ©. Pour les anges qu'il a rĂ©chauffĂ©s p'ar centaines. Il demande et le soir, il revient les mains pleines; Les dames, Ă sa voix, donnent leurs colliers d'or. Et les enfants trouvĂ©s ont un large trĂ©sor. Puis leur pĂšre commun trouve de nobles filles Qui, dans leur cĆur aimant, les prennent pour familles.. â Retirez les projets dont vous ĂȘtes auteurs, Devant ce simple prĂȘtre, ĂŽ vous, rĂ©formateurs ! IV. Sa charitĂ© toujours veille, Ă©tant infinie. Et sans cesse agissante , elle fait son gĂ©nie ; â 46 - Ah ! sans doute il eĂ»t pu , d^une Ă©loquente voix , La mitre d*or au front, tonner devant les rois Mais nous avons plusieurs gĂ©ants de TĂ©loquencc ; Saint Vincent aima mieux ĂȘtre la Providence IncarnĂ©e ici-bas pour les pauvres souffrants Quant Ă lui, coudoyer les plus infimes rangs. Malades et vieillards , et prisonniers , en proie Au dĂ©sespoir rongeur, c^Ă©tait sa sainte joie. Il refaisait une Ăąme Ă tous ces malheureux. Et leur montrait du doigt la porte d^or des cieux. En secourant toujours la pauvretĂ© quUl aime , Il se souvient qu'enfant il fut pauvre lui-mĂȘme. Simple jusqu'Ă la mort, cet intendant de Dieu Prodigua Tor Ă flots et vĂ©cut de fort peu. Les voix des malheureux , dans un concert immense , Le bĂ©nissent -. voilĂ sa chĂšre rĂ©compense; ÂŁt lĂ -haut, en faveur du Lazare Ă©temel , Il intercĂšde encor dans la gloire du Ciel LA SCEUR DE CHARITE. Elle aurait pu rester sous Taile de sa mĂšre Au foyer paternel oĂč Ton est si joyeux; â Non le vaste hĂŽpital regorge de misĂšre Et de souflrants qu'attend la mort, jeunes et vieux ! Et, belle comme elle est, la chevelure ornĂ©e De fleurs , elle aurait pu briller dans les salons , â Non car sa charitĂ© s'est vue environnĂ©e De femmes sans asile et d'enfants en haillons Comme un sylphe lĂ©ger, la flUe Ă souple taille EĂ»t pu tourbillonner dans l'ivresse du bal; â Non sous le ciel en feu de Pafhreuse bataille Trop d'hommes sont broyĂ©s par le canon brutal ! Dans la ville dorĂ©e, elle eĂ»t pu, mĂšre heureuse. Montrer ses beaux enfants de soie et d'or vĂŽtus; â Non dans ce siĂšcle impur, une misĂšre affreuse Laisse trop d'orphelins sans cĆur et sans vertus. Elle eĂ»t pu , tant sa voix est sonore et cĂ©leste , Faire trĂ©pigner d'aise un flot d'admirateurs; â Non la mer en courroux aux esquifs est funeste , Il faut prier le ciel pour les navigateurs. âąâą - i7 - Blonde comme les blĂ©s , elle eĂ»t pu , dans la plaine , De sa ferme rĂ©gner sur les sillons poudreux; â Non de pauvres vieillards ont vu leur coupe pleine DĂ©border d'amertume, il faut quĂȘter pour eux. Cest la fille du ciel; â sous sa robe de bure L^ardente charitĂ© consume un vaillant cĆur ; â Comme Marie, elle a pris la part la plus pure; A tous elle sourit; tous lui disent *. Ma sĆur! » L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ© , la sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures et demie. NOUVEAU MEMBRE ADMIS. Membre honoraire. M. DE Nervo le baron Femand, prĂ©fet d'Eure-et-Loir. OBJETS OFFERTS A LA SOGIĂTĂ Annules de la SociĂ©tĂ© des Lettres, Sciences et Arts des Alpes- i/aW^!7ne5, t. IIL Nice, imprimerie Caisson et Mignon, 1875. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Recueil des MĂ©moires et Documents de V AcadĂ©mie de la Val- d'IsĂšre y 3 vol., 2* livr. Moutiers, 1876. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© AcadĂ©mique de Brest, t. IL Imprimerie Roger pĂšre, 1875. Envoi de la SociĂ©tĂ©. SĂANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU 1" JUIN 1876. PrĂ©sidence de M. le baron De Nervo, PrĂ©fet d'Eure-et-Loir. M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance publique annuelle s'est tenue, le jeudi 1" juin, dans la salle Sainte-Foi, sous la prĂ©sidence de M. le baron de Nervo, prĂ©fet d'Eure-et-Loir. â 48 â A ses cĂŽtĂ©s avaient pris place, M. Merlet, PrĂ©sident; MM. de Saint-Laumer, maire de Chartres; Patry, inspecteur d'AcadĂ©mie; Chavaudret, vice-prĂ©sident; Gaston Tissandieret Met-Gaubert, secrĂ©taire de la SociĂ©tĂ©. L'auditoire est trĂšs - nombreux ; la salle est entiĂšrement garnie. La sĂ©ance est ouverte Ă deux heures un quart. M. le PrĂ©sident donne lecture du discours suivant Mesdames et Messieurs, » Nous nous sommes quittĂ©s l'annĂ©e derniĂšre avec la perspec- tive d'un grand projet que notre SociĂ©tĂ© espĂ©rait mettre Ă exĂ©- cution, la rĂ©paration de la porte Guillaume de Chartres, et peut-ĂȘtre son appropriation pour un but utile, encore peu dĂ©- fini. Nous nous retrouvons aujourd'hui dans la mĂȘme situation, bien que douze mois entiers se soient Ă©coulĂ©s depuis lors. Plu- sieurs tentatives ont Ă©tĂ© faites pour arriver Ă un rĂ©sultat satis- faisant, mais malgrĂ© nos efforts, malgrĂ© ceux si dĂ©vouĂ©s de l'administration municipale, cette affaire n'est pas encore ter- minĂ©e, et nous ne pouvons, pour le moment du moins, vous inviter Ă venir avec nous visiter notre nouveau domaine. » C'est notre 20» anniversaire que nous cĂ©lĂ©brons avec vous en ce jour on ne nous avait pas, Ă notre naissance, prĂ©dit d'aussi longues annĂ©es, et plus d'un assurĂ©ment pensait que nous ne durerions pas si longtemps. Les annĂ©es ont succĂ©dĂ© aux annĂ©es , et malgrĂ© bien des pertes privĂ©es et des plus dou- loureuses , malgrĂ© de terribles Ă©preuves publiques , nous vivons encore, et nous vivons plus forts et plus nombreux que jamais. Un heureux symptĂŽme se manifeste mĂȘme en ce moment, qui semble promettre Ă la SociĂ©tĂ© un plus large accroissement en- core. Nos membres, autrefois localisĂ©s presque exclusivement au chef-lieu du dĂ©partement, tendent Ă devenir chaque jour plus nombreux dans les autres cantons et les autres arrondis- sements. Tandis qu'Ă Chartres, faut-il l'avouer, nous rencon- trons parfois des marques d'ingratitude, nous ne recueillons partout ailleurs que des preuves de bienveillance et de sym- pathie. » Tous ceux d'entre nous qui ont assistĂ©, il y a deux ans, â 49 â Ă la sĂ©ance tenue par nous Ă Nogent-le-Roi, tous ceux qui, l'an- nĂ©e derniĂšre, sont allĂ©s Ă Dreux, se rappellent avec reconnais- sance Taccueil empressĂ© que nous avons reçu, je ne dirai pas seulement de nos confrĂšres, mais de la population tout entiĂšre c'Ă©tait jour de fĂȘte pour la ville que nous visitions, et depuis les orgues et les chants des Ă©glises jusqu'aux fanfares des SociĂ©tĂ©s musicales, rien ne manquait pour nous souhaiter la bienvenue. Et ce n'Ă©tait pas lĂ seulement l'enthousiasme d'un moment le souvenir de notre passage est restĂ© vivant chez ceux qui avaient bien voulu si cordialement nous accueillir, et ils nous l'ont prouvĂ© en venant Ă nous Ă leur tour, afin de continuer ces liens de confraternitĂ© que nous avions nouĂ©s avec eux. Aujourd'hui ces membres nouveaux sont dĂ©jĂ assez nombreux pour con- stituer de vĂ©ritables comitĂ©s correspondants une heureuse initiative a Ă©tĂ© prise dans la ville de Dreux oĂč nous comptons jusqu'Ă vingt-neuf membres titulaires un comitĂ© s'est formĂ© pour correspondre plus activement avec la SociĂ©tĂ© mĂšre, et notre lĂ©gitime ambition serait de voir d'autres villes, Nogent- le-Roi, Illiers, par exemple, suivre l'exemple que vient de leur donner la ville do Dreux. » Ce serait pour tous un grand avantage on travaille mieux quand on travaille en commun, et rien n'est plus vrai que cette devise d'un royaume voisin L'Union fait la force. C'est Ă cela que notre SociĂ©tĂ© doit sa puissance et sa vitalitĂ©; il en est peu oĂč les membres soient plus Ă©troitement unis, et au moment de quitter la charge delĂ prĂ©sidence, permettez-moi, mes chers confrĂšres, devons remercier publiquement, au nom du Bureau et au mien, du concours cordial que vous n'avez jamais cessĂ© de nous accorder en toutes circonstances. » Ceux qui nous quittent, Ă part de bien rares exceptions, ne nous abandonnent jamais que rappelĂ©s par Celui qui tient en main nos destinĂ©es je vous en citerai beaucoup qui, forcĂ©s par les Ă©vĂ©nements d'aller au loin poursuivre leur carriĂšre, n'ont pas voulu pour cela se sĂ©parer de nous et sont restĂ©s nos trĂšs -fidĂšles correspondants. Mais, hĂ©las I il en est d'autres qu'une nĂ©cessitĂ© plus cruelle, la mort, nous a ravis, et cette annĂ©e notamment nous avons eu Ă dĂ©plorer, avec la ville de Chartres tout entiĂšre , deux pertes bien sensibles qui ont laissĂ© parmi nous un vide difBcile Ă combler. Vous nommer MM. Le Blanc et Marcille, c'est vous dire assez ce que nous avons Ă Tome VI. V. 4 - 50 - regretter. DĂ©vouĂ©s tous deux profondĂ©ment Ă notre SociĂ©tĂ©, ils avaient puissamment contribuĂ© au succĂšs merveilleux de notre Exposition de 1869 nous sentons plus vivement encore leur absence aujourd'hui oĂč, Ă la veille d*im nouveau Concoui-s rĂ©gional, nous voudrions pouvoir renouveler, pour la ville de Chartres, les solennitĂ©s de 1869. » Y parviendrons-nous? Mon successeur vous le dira l'annĂ©e prochaine pour moi, j*ai hĂąte de terminer et de vous laisser Ă©couter le savant aĂ©ronaute qui a bien voulu, en ce jour, nous prĂȘter le concours de sa science si autorisĂ©e au prix de dangers que vous connaissez tous. ĂŻ> Il y a environ un an, un des instituteurs de notre dĂ©par- tement nous adressait une piĂšce de vers intitulĂ©e le ZĂ©nith y et qui conunençait ainsi Montant, montant toujours, ils franchissent les nues; Les monts et les citĂ©s et les forĂȘts chenues Sur un mĂŽme niveau s'effacent Ă leurs yeux. De Pempire de Faigle ils passent les limites Et s'Ă©lancent saas peur dans d'Ă©normes orbites OĂč vont-ils, ces audacieux? » Nous ne pensions pas alors qu'un jour nous aurions l'hon- neur de recevoir parmi nous un de ces hardis navigateurs de Tair, le seul des survivants de cette terrible catastrophe ; mais nous applaudissions Ă la poĂ©sie do notre confrĂšre, M. Touche, de Guillonville , et nous encouragions de tous nos vĆux la pu- bUcation de ses vers. » Tout Ă l'heure vous allez applaudir Ă votre tour les col- lĂšgues de M. Touche que la SociĂ©tĂ© a jugĂ©s dignes d'ĂȘtre rĂ©com- pensĂ©s pour leurs travaux sur l'histoire de leur commune. Un prix spĂ©cial va ĂȘtre dĂ©cernĂ© Ă M. Guillon, instituteur aux Autels- Villevillon, qui nous a envoyĂ© un mĂ©moire sur les annales de la modeste commune oĂč il exerce ses fonctions. M. Guillon n'avait assurĂ©ment pas Ă sa disposition les ressources d'une grande ville les richesses de nos bibliothĂšques publiques lui faisaient dĂ©faut; mais Ă force de patientes recherches, je dirais presque, Ă force d'amour, il est parvenu Ă reconstituer le passĂ© de la paroisse, Ă retrouver l'histoire de ses seigneurs, Ă repro- duire la physionomie de la classe laborieuse. Et demandez Ă M. Guillon si dan^ le courant de son travail souvent* ardu et fatigant, il n'a pas Ă©prouvĂ© les plus douces jouissances. â 51 â âą Mesdames^et Messieui*s, un de nos plus grands magistrats, le chancelier d'Aguesseau, a composĂ© un livre intitulĂ© Le bon- heur que procure VĂ©tude, Il avait grandement raison , le chan- celier d'Aguesseau, et volontiers, en terminant, je dirais avec lui âą Bien fous ceux qui nĂ©gligent une pareille source de bon- heur ! Bien fous ceux qui vont au loin et Ă grands frais cher* » cher des plaisirs stĂ©riles quand ils ont en leur main le seul » moyen d*Ă©tre heureux ! » M. le SecrĂ©taire proclame les rĂ©compenses suivantes dĂ©cer- nĂ©es par la SociĂ©tĂ© aux instituteurs qui ont envoyĂ© les meilleurs travaux sur l'histoire du dĂ©partement Prix unique de 100 francs accordĂ© Ă M. Guilloiiy instituteur aux Autels -Villevillon, pour une notice historique, statistique, gĂ©ographique et archĂ©ologique sur sa commime, suivie d'un Glossaire des mots patois les plus usitĂ©s dans le Perche et la Beauce; Mention trĂšs-honorable Ă M. Chantegrain, maĂźtre-adjoint Ă TĂ©cole conununale de Brou, pour un travail sur les anciens professeurs et les anciennes UniversitĂ©s de France; Mention honorable Ă M. Trubert, instituteur Ă Epeauti'oUeSj pour une notice sur sa commune. M. Gaston Tissandier, dans un entretien qui s*est prolongĂ© pendant plus d'une heure , a exposĂ© les ressources nombreuses que la science pouvait trouver dans l'emploi judicieux des aĂ©- rostats. Il a parlĂ© des ascensions scientifiques les plus impor- tantes, des rĂ©sultats qu'elles avaient apportĂ©s Ă la mĂ©tĂ©oro- logie, en insistant spĂ©cialement sur les ascensions Ă grande hauteur. Les rĂ©cits des voyages du ZĂ©nith , et de la catastrophe ter- rible qui a fait de CrocĂ©-Spirielli et de Sivel de glorieux mar- tyrs de la science, ont vivement Ă©mu l'auditoire. M. Gaston Tissandier a fait passer sous les yeux des specta- teurs un grand nombre de tableaux aĂ©rostatiques projetĂ©s sur un Ă©cran Ă l'aide de la lumiĂšre oxhydrique ; les grands spec- tacles aĂ©riens, mirage, halos, ombres et aurĂ©oles lumineuses y reproduit? par la photographie d'aprĂšs les dessins de M. Albert Tissandier, ont prĂ©sentĂ© avec exactitude une intĂ©ressante sĂ©rief de scĂšnes atmosphĂ©riques. - 52 â Une des plus Ă©mouvantes est celle qui , rappelant le siĂšge de Paris, a mis sous les yeux des spectateurs la cabane dans la- quelle se sont rĂ©fugiĂ©s les aĂ©ronautes français, aprĂšs leur des- cente en NorwĂ©ge. Les habitants de ce pays ont eu pour nos compatriotes, pour notre belle France, un enthousiasme extraordinaire qui s'est traduit par une manifestation publique et par des procĂ©dĂ©s d'une noble et gĂ©nĂ©reuse dĂ©licatesse. M. Tissandier, Ă©mu lui-mĂȘme, eu racontant ce trait, a senti qu'il rencontrait dans tous les cĆurs un Ă©cho bien sympathique, et d'unanimes, de chaleureux applaudissements sont venus le lui prouver. Il a terminĂ© son entretien en prĂ©sentant l'Ă©tat de la science, en ce qui concerne la direction des ballons. Il a rĂ©sumĂ© les grands travaux de M. Henri Giffard, et a dĂ©montrĂ© que l'avenir y puiserait les Ă©lĂ©ments de la solution du problĂšme de la navi- gation aĂ©rienne. n a fait voir, enfin, que les aĂ©rostats s'appliquent aux besoins de l'art militaire, et que l'impĂ©rissable dĂ©couverte des frĂšres Montgolfler fournit de puissantes ressources non-seulement Ă la science, mais encore Ă la Patrie. Chartres , a-t-il dit , sera un de ses plus chei's souvenirs , et , avant de nous quitter, il adresse des paroles de la plus gra- cieuse affabilitĂ© Ă toute l'assemblĂ©e. Celle-ci, tout entiĂšre, enchantĂ©e d'une confĂ©rence aussi brillamment conduite, se confond en applaudissements rĂ©itĂ©rĂ©s en faveur du cĂ©lĂšbre aĂ©ronaute. M. le PrĂ©fet remercie M. Tissandier de la vive satisfaction qu'il a procurĂ©e Ă tout l'auditoire. La sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heuj^es. â 53 -^ SĂANCE DU 8 JUIN 1876. PrĂ©sidence de M. Merlet. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture et l'adoption des deux procĂšs-verbaux des deux derniĂšres rĂ©u- nions. Ătaient prĂ©sents MM. Merlet, Met-Gaubert, Besselle, de Bertheville, BeUier de la Chavignerie, Bonnard, Dubreuil, Famin, Gilbert P.» VabbĂ© HĂ©nault, Heurtault, Isambert Stanislas, Joliet, de Saint-Laumer pĂšre, Laigneau Emma- uuel, Legrand, Lecocq, Nancy Alf., Ravault et VĂ©die. Des regrets sont exprimĂ©s Ă l'Ă©gard de deux membres fonda- teurs dĂ©cĂ©dĂ©s, MM. Roussille, ancien cultivateur, et RĂ©mond, ancien maire de Chartres. Conmaunication sur la sĂ©ance publique qui doit se tenir Ă Anet, le dimanche 25 juin. Invitation est adressĂ©e Ă tous les membres pour prĂ©parer quelques travaux, prose et vers, Ă l'occasion de cette solennitĂ©. La SociĂ©tĂ© dĂ©cide, ensuite, l'abonnement d'un an, moyennant 30 francs, Ă la Gazette archĂ©ologique ^ dont l'Ă©diteur, Ă Paris, est M. LĂ©vy. Proposition de constituer des comitĂ©s cantonaux Ă Dreux, Ă Nogent-le-Roi , Ă llliers, oĂč il sera besoin, en donnant Ă ces comitĂ©s une constitution uniforme. L'assemblĂ©e consultĂ©e arrĂȘte, par un vote, qu'une Commis- sion de cinq membres sera nommĂ©e par le Bureau avec mission d'Ă©tablir mi rĂšglement fixe Ă ce sujet. Rapport de M. Dubreuil sur le projet d'Exposition. a Messieurs, T» A notre derniĂšre rĂ©union , vous vous en souvenez, M. Merlet, notre prĂ©sident, avait Ă©mis une idĂ©e qui consistait Ă provoquer l'an prochain , Ă Chartres , Ă l'occasion des fĂȘtes du Concours rĂ©gional , une exposition d'archĂ©ologie. - 54 - > Sans vous prononcer en aucune maniĂšre sur cette ques- tion, vous avez dĂ©cidĂ©, Messieurs, qu'une Commission serait chargĂ©e de TĂ©tudier. C'est le rapport de cette Commission que je suis chargĂ© de vous prĂ©senter aujourd'hui. » Nos opĂ©rations ont Ă©tĂ© des plus simples. » D'abord et quant Ă la question d'opportunitĂ©, votre Com- mission a Ă©tĂ© tout entiĂšre d'accord. A coup sĂ»r, une Exposition d'archĂ©ologie ne pourrait qu'augmenter l'attrait des fĂȘtes de Tan prochain, et, au point de vue archĂ©ologique mĂȘme , prĂ©- senterait un intĂ©rĂȘt certain , puisque dĂ©jĂ nous avons l'assu- rance, en ce cas, de voir des collections fort remarquables et trĂšs-peu connues, mises Ă la disposition de la SociĂ©tĂ©. » En thĂ©orie donc, accord parfait et conclusion aflirmative. Mais , dans la pratique?. .. Quant Ă l'accord , Messieurs , pas une dissonance, mais cela ne suffit plus, et, je dois l'avouer, aprĂšs avoir longuement discutĂ©, votre Conunission n'a pu prendre encore de sĂ©rieuses rĂ©solutions. » Deux modes de procĂ©der se prĂ©sentent en effet, offrant tous deux des difficultĂ©s, non pas insurmontables, mais trĂšs-sĂ©- rieuses. » Ou faire une exposition d'archĂ©ologie pure et de beaux-arts, ou renouveler l'heureuse expĂ©rience de 1869 et unir l'industrie aux curiositĂ©s artistiques. » Dans le premier cas, il faudrait disposer d'un local introuvĂ© jusqu'ici et peut-ĂȘtre introuvable. L'ancienne Biblio- thĂšque, dont il avait Ă©tĂ© parlĂ©, serait mise Ă notre disposition avec une gracieusetĂ© dont nous ne saurions ĂȘtre assez recon- naissant; mais elle est insuffisante, et TĂ©cole Saint-Ferdinand oĂč vous fĂźtes, civec tant de gloire vos premiĂšres armes en pa- reille matiĂšre, n'est plus, comme elle l'Ă©tait alors, libre et Ă votre disposition. » En iSeO", cette question du local avait Ă©tĂ© dĂ©jĂ l'Ă©cueil de vos projets. Cet Ă©cueil vous l'avez heureusement franchi, ou plutĂŽt. Messieurs, vous en avez fait votre piĂ©destal. » En joignant l'industrie aux beaux-arts, vous avez pu bĂątir un palais et faire une exposition justement remarquĂ©e. Utile dulciy c'Ă©tait votre devise, et vous avez remportĂ© le lĂ©gitime succĂšs que le poĂšte latin vous avait promis ; mais serez-vous aujourd'hui aussi heureux ? Des efforts dans le mĂȘme sens ob- tiendraient-ils un aussi beau rĂ©sultat? . . . - 55 w » C'est lĂ le mystĂ©rieux inconnu qu'il s*agit de dĂ©gager, PX terrible sur lequel il vous faut raisonner, et les donnĂ©es du pro- blĂšme sont encore incomplĂštes. » Votre Conunission ne vous veut donc demander qu'une chose, Messieurs, non pas ime solution encore impossible, mais la simple autorisation de poser l'Ă©quation. En d'autres termes, voici ce qu'elle demande Q\ie vous l'autorisiez, sans engager en rien, quant Ă la responsabilitĂ© morale ou financiĂšre, la So- ciĂ©tĂ© d'archĂ©ologie, Ă rechercher, Ă provoquer au nom de cette SociĂ©tĂ© des adhĂ©sions Ă un projet d'expositipn industrielle et archĂ©ologique qui se tiendra Ă Chartres, au printemps 1877, pendant le Concours rĂ©gional. » Ces adhĂ©sions, une fois recueillies, vous seriez juges de ce qu'il y aurait Ă faire. Si le succĂšs est probable, vous agirez en consĂ©quence; si tout est impossible, nous rentrerons tous dans notre silence et notre rĂ©serve. Nous aurons au moins conscience d'avoir fait tout ce qui nous Ă©tait possible pour contribuer Ă l'honneur de notre ville, pour soutenir dignement son nom. » Plusieurs membres prĂ©sentent diverses observations. AprĂšs dĂ©libĂ©ration , la SociĂ©tĂ© dĂ©cide de s'en tenir aux conclusions du rapporteur en laissant au Bureau le soin de nommer, au plus tĂŽt, une Conmiission d'initiative. M. le PrĂ©sident donne communication d'une plaquette fort rare, appartenant Ă M. de Possesse. Cette plaquette, imprimĂ©e de 1600 Ă 1615, concerne les origines d'Oisonville. Sur la proposition d'un membre, la SociĂ©tĂ© dĂ©cide, aprĂšs dĂ©- libĂ©ration et discussion , la prorogation des pouvoirs du PrĂ©si- dent actuel jusqu'en 1877, Ă©poque Ă laquelle aura lieu le renou- vellement de tout le Bureau. La sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures et demie. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires M. Besnard, notaire Ă Chartres; prĂ©sentĂ© par MM. Dubreuil et Merlet. MM. BoiLE^vu , maĂźtre adjo! prĂ©sentĂ© par MM. Ui BounDois Alphonse, grand et Met-Gaultej Breton EugĂšne, m MM. Brosseron et M De FLF-ns, sous-prĂ©fet, de Foucault et Guigi L^nCHEn, notaire, Ă Joron et Goupy. Leroy Abel, clerc MM. Galopin et Met^ MotiiLLON PhilĂ©as, h par MM. Met-Gaubei E. PiVARD , inslitnteur son pĂšre et Brosserc Watrâą, avocat, docl par MM. MĂ©nager-Gi VĂ«diEj notaire, Ă Ch. Merlet. OBJETS OFF Pre^niĂšrc expĂ©dition de j landon. Lib. Herluison, 1ÂŁ SociĂ©tĂ© acadĂ©mique des t. XIII, 3e sĂ©rie. Typ. Poel Conseil gĂ©nĂ©ral d'Eure Durand frĂšres, 1876. Don Notices nĂ©crologiques s M. P. Bellier de la Chavign [ENUE AU CHATEAU D'ANET. Iet-Gaubert, secrĂ©taire. el-Gaubert, comte de Fou lavignerie, Boiinartl, BroS' pĂšre, Gamier Edouard, ges, Guignard Ludovic, Garnier, Petfot-LeraariĂ© Ăąuttoii Eug., de FeuquiĂ«res, baron de DorĂ©-Delente , Fortin, Gro- X, Lefebvre-Gautbier, Le- lol Henri. IX, Reverdy, SĂ©vestre. m -Rousseau, DauviUiers, lation que lui avait cordia- derniĂšre , Ă Dreux , la So- nle membres de Chartres , nvirons, se rendait Ă Anet, lĂ©brĂ©e dans la chapelle du sse; pendant l'office se fait us la direction de son chef lant laquelle on s'arrĂȘte Ă deurs des bahuls finement 'S tableaux ravissants, au ĂUS. ans la magaifique salle des ; quelques dames sont prĂ©- e au bureau, ayant Ă sa e la SociĂ©tĂ© , Ă sa gauche is-prĂ©fet de Dreux. â 58 â M. Merlet ouvre la sĂ©ance par la lecture d'un MĂ©moire dans lequel il retrace l'histoire du chĂąteau d'Anet , depuis son origine la plus reculĂ©e jusqu'Ă l'Ă©poque oĂč il fut habitĂ© par Diane de Poitiers. Mesdames, Messieurs, mes ghers ConfrĂšres, âą Jamais si brillante rĂ©union ne s'est pressĂ©e autour de nous Ă ces sĂ©ances publiques que la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique d'Eure-et- Loir s'est imposĂ© la loi de tenir chaque annĂ©e dans une des villes du dĂ©partement; jamais vous ne vous ĂȘtes rendus si nombreux Ă l'appel que votre Bureau vous avait adressĂ© per- mettez-moi d'abord de vous en remercier, c'est une preuve nouvelle de la vitalitĂ© de notre SociĂ©tĂ© et de l'union qui existe entre tous ses membres. L'honneur, il est vrai, n'en revient pas Ă nous, et nous devons surtout le rapporter Ă notre Ă©mi- nent confrĂšre qui , non content de restaurer, pour sa satisfac- tion d'artiste, le chĂąteau princier qui lui appartenait, a voulu, par cette restauration, contribuer Ă la gloire du dĂ©partement et vous a conviĂ©s aussi, vous les reprĂ©sentants de l'art et de la science dans Eure-et-Loir, Ă jouir des trĂ©sors historiques et archĂ©ologiques qu'il a rassemblĂ©s de toutes parts. Tous vous avez compris la reconnaissance que nous devons avoir Ă M. Moreau, et sans perdre un plus long temps Ă lui adresser en votre nom des remercĂźments qui sont dans tous nos cĆurs , nous croyons que le meilleur moyen de lui prouver notre gra- titude est de lui apporter quelques matĂ©riaux peut-ĂȘtre encore inconnus pour l'histoire de son chĂąteau , histoire qu'il veut re- construire vraie et complĂšte comme il a reconstruit la demeure de Diane de Poitiers. » AnetI c'est un nom si sympathique; il rappelle tant de gracieux et de nobles souvenirs qu'il en est peu qui ait aussi souvent excitĂ© la curiositĂ© et la verve de nos Ă©crivains I Que dire de nouveau aprĂšs tant d'autres qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©? Nous avons essayĂ© pourtant , et Ă Taide des piĂšces que nous avons entre les mains, Ă l'aide de notes qu'a bien voulu nous com- muniquer notre aimable confrĂšre M. l'abbĂ© Vilbert, le digne petit-fils de M. Lemarquant, nous avons voulu reconstituer devant vous, le plus rapidement possible, et hĂ©las! que c'est çncore long ! l'histoire de l'ancienne seigneurie d'Anet. â 59 â » Et d'abord, quelques mots sur l'Ă©tymologie mĂȘme du nom. Rien, il faut Tavouer, ne prĂȘte plus Ă la fantaisie que les Ă©ty- mologies, mais, tout en donnant carriĂšre Ă son imagination, il faut encore tĂącher de s'Ă©loigner le moins possible d un fait qui seul est certain, Torthographe mĂȘme du mot. Tous les au- teurs, depuis Dreux du Radier, que je vous signale en passant comme le plus fantaisiste de tous les historiens, tous les au- teurs, dis-je, ont fait dĂ©river Anet ab Alneto, un lieu couvert d*aunes. Je ne nie pas qu'il existe beaucoup d'aunes Ă Anet coinme dans tous les lieux humides, arrosĂ©s par des cours d'eau; mais l'orthographe? Alnetum produit Auneau, Aunay, cela est certain; mais Anet, jamais. Or des botanistes distin- guĂ©s, dont le nom n'est pas oubliĂ© parmi vous, M. TabbĂ© DaĂȘnen, aumĂŽnier de la chapelle de Dreux, et M. l'abbĂ© Brou, curĂ© d'Oulins, ont signalĂ©, comme une singularitĂ© , la prĂ©sence dans la vallĂ©e et sur les coteaux d'Anet , d'une plante commune dans le Midi, mais rare dans nos climats, l'aneth, anethum, espĂšce de fenouil odorant de la famille des ombellifĂšres. Cette plante Ă©tait fort recherchĂ©e des Anciens on en tirait une huile essentielle employĂ©e par les gladiateurs , Ă cause de la propriĂ©tĂ© qu'on lui attribuait d'augmenter les forces ; on la considĂ©rait comme le symbole de la joie, et on se couronnait d'aneth dans les festins. Pourquoi ne serait-ce pas lĂ l'origine du nom de votre ville ? celle-lĂ du moins aurait le mĂ©rite de pouvoir ĂȘtre acceptĂ©e par l'orthographe. » Mais c'est lĂ de la supposition; j'arrive aux faits authen- tiques. » Anet parait avoir Ă©tĂ©, sous les MĂ©rovingiens, une des pre- miĂšres dĂ©pendances de l'abbaye de Saint -Denis fondĂ©e par Dagobert en 630 ou 632. On conserve aux Archives nationales K 2, n** 12 un acte par lequel Thierry III, roi de Neustrie, donne le bourg d'Anet, Ă Canon, abbĂ© de Saint-Denis, au mois de septembre 678. Nous n'avons pas vu l'original de cette piĂšce , qui nous a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e par M. Louis Paris, dans son Cabinet historique nous ne l'indiquons qu'en tremblant , car, malgrĂ© l'affirmation de M. Louis Paris, nous avons quelque doute sur son attribu- tion. C'est un point d'ailleurs facile Ă vĂ©rifier. » Comment les possessions de l'abbaye de Saint -Denis Ă Anet passĂšrent-elles entre les mains des moines de l'abbaye de ~ 60 - Saint-PĂšre de Chartres ? Nous Tigiioroiis, et cela se conçoit si l'on songe Ă la pĂ©nurie des documents sur ces siĂšcles presque an tĂ©-historiques. Ce fut peut-ĂȘtre Ă la suite d'un Ă©change; ce qu'il y a de certain c'est que, vers le milieu du X siĂšcle, Tab- baye de Saiul^PĂšre avait des possessions Ă Anet, possessions qui furent encore augmentĂ©es par les seigneurs laĂŻcs du lieu. En effet, nous connaissons une charte antĂ©rieure Ă TannĂ©e 1034, dans laquelle un chevalier Urson, fils de Germond d'Ezy, aban- donne dĂ©finitivement aux moines de Saint-PĂšre la moitiĂ© du droit d'Ă©cluse que son grand-pĂšre ce qui nous fait bien re- monter vers le milieu du X siĂšcle leur avait donnĂ© sur leurs moulins d'Anet, droit que ledit Urson leur avait jusqu'alors injustement contestĂ©. » DĂšs le Xe siĂšcle , si nous trouvons trop ambitieux de re- monter au Vile ^ il existait donc Ă Anet deux seigneuries dis- tinctes l'une appartenant aux moines de Saint-PĂšre, l'autre qui paraĂźt avoir Ă©tĂ© entre les mains des seigneurs d'Ezy. » Urson d'Ezy eut probablement pour successeur Robert, qui vivait en 1063 et qui avait Ă©pousĂ© Adeline, fille d'Ingenulphe, seigneur de Fontaine-les-Ribouts. Vers 1080, ce Robert se retira Ă l'abbaye de Sain^PĂšre , connue le faisaient alors beaucoup de seigneurs qui, pour expier les fautes de leur vie un peu vaga- bonde, allaient passer dans les monastĂšres les derniĂšres annĂ©es de leur existence Charles-Quint, dans le monastĂšre de Saint- Just, ne faisait, vous le voyez, que renouer une tradition quelque temps interrompue. Les seigneurs du Moyen-Age ne se contentaient pas d'ailleurs de l'expiation de la priĂšre ils avaient la coutume de faire de riches prĂ©sents Ă l'abbaye qu'ils choisissaient pour retraite. Robert n'eut garde de manquer Ă cet usage, et, Ă sa priĂšre, sa femme AdeUne, pour le salut de son Ăąme, de celle de son pĂšre Ingenulphe, de son premier mari Jean, cĂ©da Ă l'abbaye de Saint-PĂšre tous les droits et bĂ©nĂ©fices qu'elle tenait de ses ancĂȘtres, tant sur l'Ă©glise que sur les mou- lins et terres dont les moines jouissaient Ă Anet. » La prĂ©sence dans une mĂȘme localitĂ© de ces deux sei- gneuries, l'une ecclĂ©siastique, l'autre laĂŻque, entraĂźnait souvent, on le conçoit, de dangereux conflits, et la force brutale du chevalier devait toujours primer le droit moral du religieux. Aussi, Ă Anet, comme partout ailleurs, voyons-nous sans cesse les seigneurs laĂŻcs empiĂ©ter sur les possessions du monastĂšre. â 61 â Mais la foi religieuse alors Ă©tait si grande que, toujours il se prĂ©sentait telle occasion, la croisade, la maladie, la mort, qui amenait Ă rĂ©sipiscence le chevalier usurpateur et qui lui faisait rendre avec usure ce qu'il avait dĂ©robĂ© Ă l'Ăglise. A Robert avait succĂ©dĂ© un certain Simon d'Anet. Celui-ci, en 1106, se croisa avec Robert de Maule, Hugues de Sans- Avoir, Raoul de Pont-Erchamfroi et autres chevaliers du Drouais et du Mantois, entraĂźnĂ©s Ă la suite de BoĂ©mond, prince d'Antioche, qui, aux fĂȘtes de PĂąques 1105, avait Ă©tĂ© mariĂ© Ă Chartres, en prĂ©sence du Roi, par notre illustre Ă©vĂ©que Yves, avec Constance, fille du roi Philippe P'. AprĂšs avoir guerroyĂ© chemin faisant et Ă©chouĂ© au siĂšge de Damas, ces croisĂ©s, hono- rablement reçus Ă leur passage Ă Constantinople par Tempereur Alexis, arivĂšrent Ă JĂ©rusalem, oVi la femme de Raoul de Pont- Erchamfroi, fille de 6 osselin de LĂšves, prĂšs Chartres, termina sa carriĂšre et fut inhumĂ©e. AprĂšs avoir visitĂ© les saints lieux , ces seigneurs revinrent en France. » Mais, et c'est lĂ surtout ce qui nous intĂ©resse, avant de partir pour la Palestine , Simon d'Anet avait voulu se mettre en rĂšgle avec sa conscience, et par une charte que nous possĂ©dons encore, il avait donnĂ© Ă l'abbaye de Saint-PĂšre, en compensa- tion des dommages qu'il lui avait causĂ©s, un mouUn rĂ©cemment construit par lui devant son chĂąteau d'Anet, avec tout droit de justice attachĂ© audit moulin. » Nous ne savons rien sur Simon d'Anet depuis son retour de la Croisade. Je ne veux pas ici faire la critique de livres qui ont la prĂ©tention de passer pour sĂ©rieux , tandis qu'ils ne sont que la reproduction et la copie des erreurs conune des vĂ©ritĂ©s qui ont Ă©tĂ© dites avant eux je veux seulement, sans vous les indiquer, ce qui nous mĂšnerait trop loin, vous prĂ©munir contre les erreurs matĂ©rielles sans nombre qui existent dans l'histoire des premiers seigneurs d'Anet. » A Simon d'Anet succĂ©da son fils nommĂ© comme lui Simon. Simon II ne se montra pas plus respectueux que son pĂšre pour les biens des abbayes, et, en 1162, le roi Louis le Jeune lui- mĂȘme fut obligĂ© d'intervenir. Il rendit Ă Paris im jugement souverain qui condamnait Simon d'Anet Ă restituer Ă Tabbaye de Saint-Germain-des-PrĂ©s tous les droits qu'il prĂ©tendait sur les terres de ladite abbaye. Mais, comme son pĂšre, Simon II, pris parfois d'un beau repentir, rendait largement ce qu'il avait â 62 â usurpĂ© ainsi, en 1169, il donna toute la paroisse de Rouvres Ă l'abbaye du Bec-Hellouin. » Nous voyons que les relations de Simon d'Anet s'Ă©taient Ă©tendues. C'est qu'en effet la seigneurie primitive d'Urson, de Robert et de Simon Ir avait singuliĂšrement grandi. Simon II d'Anet se qualifiait, dĂšs 1157, de seigneur d'IlUers-rEvĂȘque, et nous voyons, qu'en 1188, il possĂ©dait Ă©galement le chĂąteau et la seigneurie de Damville. » Cette derniĂšre seigneurie , fort importante , appartenait Ă l'illustre famille des TilliĂšres , et c'est sans doute pour se pro- curer de l'argent, au moment de partir pour la Terre-Sainte oĂč il mourut en 1190, que Gilbert de TilliĂšres avait vendu son chĂąteau de Damville au seigneur d'Anet. Quoi qu'il en soit, les chroniques contemporaines rapportent que, le !âą' septembre 1188, Henri II, roi d'Angleterre, Ă©tant Ă Anet, ses troupes firent irruption sur les terres du roi de France , prirent d'assaut le chĂąteau de Damville, appartenant Ă Simon d/Anet^ et le brĂ»- lĂšrent ainsi que beaucoup d'autres villages environnants. A l'incendie se joignit le pillage, et les soldats gallois du roi an- glais massacrĂšrent tous ceux qu'ils purent atteindre. » Simon d'Anet, dĂ©jĂ chassĂ© de sa ville et de son chĂąteau , puisque nous voyons que Henri d'Angleterre y Ă©tait installĂ© le 1^' septembre 1188, dĂ©pouillĂ© de son autre chĂąteau de Dam- ville oĂč il s'Ă©tait rĂ©fugiĂ© aprĂšs avoir quittĂ© Anet, sentait bien qu'il lui Ă©tait impossible de lutter avec le monarque anglais. Il eut recours Ă son suzerain le roi de France, et appela Ă son aide Philippe- Auguste, Ă qui il dut, pour prix de son secours , abandonner la propriĂ©tĂ© de son domaine d'Anet. » Philippe- Auguste accepta avec empressement les offres de son vassal Anet Ă©tait admirablement situĂ© pour surveiller les vallĂ©es de l'Eure et de l'Avre, si souvent rançonnĂ©es par les archers anglais, et , Ă dĂ©faut du chĂąteau de Dreux qui apparte- nait alors Ă Robert II, son cousin, le roi de France trouvait dans le donjon d'Anet une place forte le mettant Ă l'abri de tout coup de main. Aussi depuis 1191 jusqu'au mois de novembre 1222, nous voyons que Philippe- Auguste fit d'Anet un de ses sĂ©jours habituels. Si la ville de Nogent-le-Roi a reçu de lĂ rĂ©si- dence passagĂšre de saint Louis le surnom qu'elle porte encore aujourd'hui, Anet, Ă meilleur droit, ne pourrait-il pas rĂ©cla- mer ce surnom ? -^ 63 - 1» Et non-seulement Philippe- Auguste faisait d*Anet son sĂ©- jour habituel, mais il considĂ©rait bien les habitants comme ses tenanciers, et il avait Ă©tabli Ă Anet un receveur royal chargĂ© de percevoir les revenus en son nom. C'est ce qui rĂ©sulte ample- ment d'un acte de 1192 par lequel le roi exempte les habitants d'Anet, conune relevant directement de sa couronne, de toute charge de pĂ©age et d'impĂŽt; d'une autre charte de TannĂ©e 1200, par laquelle PhiUppe-Auguste, pour remplacer les revenus que Simon avait donnĂ©s Ă la chapelle d'Anet, assigne Ă Sauger, chapelain de ladite chapelle , une rente de 6 livres sur la prĂ©- vĂŽtĂ© d'Anet, et aussi d'un compte des revenus de Philippe- Auguste en 1202, dans lequel on lit, sous la rubrique d'Anet, Ă l'article des dĂ©penses, cette singuliĂšre mention Pro navibus ducendis apud Damvillam et reducendĂ Sy Ćxocv l, \\ s, pour conduire des vaisseaux Ă Damville et pour les ramener, xxxv livres 1 1 s. » Damville sur l'Iton n'a aujourd'hui aucune com- munication fluviatile avec Anet. Il est vrai que, dans la tradi- tion des habitants de Verneuil, on trouve ce souvenir que Tlton autrefois venait jusqu'Ă Verneuil et servait Ă l'entretien des fossĂ©s du chĂąteau les barques remontaient donc l'Eure d'Anet jusqu'Ă Saint-Georges, puis l'Avre de Saint-Georges Ă Verneuil, d'oĂč l'Iton les transportait Ă Damville. C'est lĂ assurĂ©ment une question locale fort intĂ©ressante Ă Ă©tudier. » Toujours est-il que Philippe -Auguste jouissait de tous les droits attachĂ©s Ă la seigneurie d'Anet, et lui-mĂȘme, dans une piĂšce de 1202, reconnaĂźt les tenir de la libĂ©ralitĂ© de Simon, quicquid possidebamus de possessions Simonis de Aneto, » Cependant la famille de Simon d'Anet n'avait pas entiĂšre- ment disparu Simon avait laissĂ© un fils Philippe, et, en 1205, nous voyons celui-ci se reconnaĂźtre vassal du roi et avouer devoir, pour sa teneure d'Anet, l'host et la chevauchĂ©e tenet Anetum , unde dĂ©bet domino rĂ©gi eĆeixitum et equitatum. Ce sont bien lĂ les conditions que Simon d'Anet avait dĂ» accepter du roi quand il Ă©tait allĂ© solliciter son secours contre Henri d'Angleterre; il conserverait un domaine utile Ă Anet, mais il en abandonnerait la seigneurie fĂ©odale, et il servirait le roi Ă la guerre contre les ennemis du dedans comme contre ceux du dehors. » Philippe, Ă son tour, eut un fils nommĂ© Simon qui, en 1213, confirme, comme seigneur suzerain, une donation â 64 â faite Ă l'abbaye du Breuil-BenoĂźt par Foulques de Marcilly Hxc omnia Simon de AnetOy ad cujus feodum pertinent, con- cĂšssit. Par un autre acte datĂ© d'Anet, 1229, le mĂȘme Simon abandonne Ă Simon de Montfort , comte de Leicester, la forte- resse qu'il possĂ©dait dans ladite ville de Leicester, Wardum quam habebat in villa Leycestrie, Enfin, en 1230, comme la paroisse de Saint-Illiers-le-Bois n'ayait point de cimetiĂšre et qu'il Ă©tait question d'en former un autour de l'Ă©glise, Simon d'Anet, coUateur de ladite Ă©glise, Simone de Aneto, collatoi'e ecclesiĆ Sancti-Hilarii , approuve la transaction passĂ©e Ă ce sujet. » C'est lĂ le dernier acte authentique oĂč nous voyions figu- rer un descendant de Simon d'Anet. Suivant Lemarquant , qui a Ă©tĂ© successivement copiĂ© par tous les historiens d'Anet, la seigneurie d'Anet appartint, au XIIP siĂšcle, Ă Louis et Ă Antoine de Trenite. Dans un factum prĂ©sentĂ© en 1553 par les ducs de Bouillon et d'Aumale, gendres de Diane de Poitiers, contre le procureur-gĂ©nĂ©ral qui demandait la rĂ©union du domaine d'Anet Ă la Couronne, ces deux seigneurs appuient leurs prĂ©tentions sur la jouissance de la seigneurie d*Anet par Louis et Antoine de Trenite c'est lĂ la seule mention que nous ayons rencontrĂ©e de ces seigneurs, dont l'existence nous paraĂźt un peu problĂ©ma- tique , mais dont assurĂ©ment les droits Ă la seigneurie d'Anet Ă©taient plus qu'incertains. » Car, nous l'avons dit, et nous le soutiendrions, en dĂ©pit de MM. de Bouillon et d'Aumale, les vĂ©ritables seigneurs d'Anet, Ă partir de la fin du Xlle siĂšcle, furent Philippe-Auguste et ses successeurs. Les moines de Saint-PĂšre eux-mĂȘmes le recon- nurent, et la puissance fĂ©odale qu'ils n avaient pas voulu abdi- quer devant les usurpations des premiers seigneurs d'Anet, ils n'hĂ©sitĂšrent pas Ă la remettre entre les mains des rois de France. En 1195, ils abandonnĂšrent Ă Philippe- Auguste leurs moulins d'Anet, appelĂ©s les moulins de Saint-PĂšre, m;olendina sua de Aneto, que vocaniur molendina Sancti-PeWi, moyen- nant une redevance de six livres parisis. y» Nous ne voulons que restituer des faits mal interprĂ©tĂ©s ou mentionner ceux qui n'ont pas encore Ă©tĂ© relevĂ©s par les histo- riens d'Anet nous passerons donc rapidement sur les annĂ©es qui suivent le rĂšgne de Philippe-Auguste. A peine vous parle- rons-nous d'un arrĂȘt important de 1260 que nous ont conservĂ© 65 - les Olim. Les moines de Coulombs avaient arrĂȘtĂ© un voleur sur la terre de MaroUes et prĂ©tendaient le juger comme propriĂ©- taires de la haute-justice du lieu le bailli de Mantes rĂ©clamait au contraire le coupable, disant que la justice de MaroUes ap- partenait au roi comme faAscmt partie de la chĂątellenie d'Anet le Parlement donna gain de cause Ă Tabbaye de Coulombs. Nous trouvons lĂ une nouvelle preuve de la possession de la seigneurie d'Anet par les rois de France Ă TĂ©poque oĂč on la suppose tenue par Louis et Antoine de Trenite. » Louis VIII, comme son pĂšre, rĂ©sida souvent Ă Anet; plu- sieurs actes en font foi. Louis IX, Philippe le Hardi conser- vĂšrent cette seigneurie. Au mois de septembre 1280, ce dernier roi assigna pour douaire Ă Marie de Brabant, sa seconde femme, les terres d'Anet, Breval, Montchauvet et Nogent-le- Roi; puis, au mois de dĂ©cembre 1317, ces quatre seigneuries furent, par le mĂȘme roi-, donnĂ©es comme supplĂ©ment d'apa- nage Ă son fils Louis de France, comte d'Evreux. » De Louis la terre d'Anet passa en 1319 Ă Philippe, son fils aĂźnĂ©, qui fut depuis roi de Navarre sous le nom de Philippe III. » Le successeur de Philippe fut son fils aĂźnĂ© Charles le Mau- vais, comte d'Evreux. Charles fit fortifier de tours le vieux ma- noir fĂ©odal d'Anet et construire la porte ouvrant sur la route d'Oulins, qui a retenu son nom, mais qui fut grandement modi- fiĂ©e par Mâą la princesse de CondĂ© , qui substitua Ă l'ancien pont-levis un pont en bois, comme l'avait fait le duc de Ven- dĂŽme au pont de l'entrĂ©e principale du chĂąteau. On conserve aux Archives nationales une lettre curieuse de Charles le Mau- vais, scellĂ©e et datĂ©e d'Anet, mars 1358 , par laquelle il promet âą ne faire baiUer ne dĂ©livrer Ă son frĂšre, PhiUppe de Navarre, » le comtĂ© de Longueville , les chĂąteaux de Nogent-le-Roi et » d'Anet, jusqu'Ă ce que ledit Phihppe soit bienveillant du » royaume de France. » » Philippe de Navarre ne possĂ©da jamais en efiet la seigneurie d'Anet; ce fut le frĂšre puĂźnĂ© de Charles le Mauvais, Louis, qui la reçut en apanage avec le comtĂ© de Beaiunont-le-Roger en 1365. Mais elle ne resta pas longtemps entre ses mains; Ă©tant sur le point de se marier, il emprunta du roi Charles V 50,000 florins d'or, et, en nantissement de ladite somme, il engagea la chĂątellenie d'Anet, le 4 avril 1366. » A peine devenu engagiste d'Anet, Charles V s'empressa, Tome VI. 5 - 66 - comme ses prĂ©dĂ©cesseurs les rois de France, de tĂ©moigner sa bienveillance particuliĂšre pour les habitants d*Anet. Par deux chartes du mois d*avril 1366, il renouvela tous les privilĂšge» prĂ©cĂ©demment accordĂ©s par Philippe- Auguste, et en particulier l'exemption de tous droits de pĂ©age et impĂŽt. » Le roi de France continua Ă jouir, comme engagiste, de la seigneurie d*Anet jusqu'en 1404, oĂč un traitĂ© conclu avec Charles III, roi de Navarre, abandonna dĂ©flinitivement Ă Charles VI la propriĂ©tĂ© des quatre chĂątellenies. » Ce fut en 1444, au mois de dĂ©cembre, que Charles VII, en reconnaissance des services que lui avait rendus Pierre de BrĂ©zĂ© , seigneur de la Varenne , son chambellan , en l'aidant Ă chasser les Anglais de Normandie et en particulier de la citĂ© d'Evreux, lui infĂ©oda les seigneuries de Nogent4e-Roi , Anet, Breval et Montchauvet. » A Pierre de BrĂ©zĂ© succĂ©dĂšrent Jacques, son fils, et Louis, son petit-fils, ce dernier, mari de la cĂ©lĂšbre Diane de Poitiers. » Que de choses il me resterait encore Ă vous dire sur cette femme illustre, dont le rĂŽle a Ă©tĂ© si singuliĂšrement travesti par les pamphlĂ©taires du XVIc siĂšcle I C'est un devoir pour Thisto- rien convaincu de protester de toute son Ă©nergie contre les calomnies qu'il rencontre sur sa route dĂ©jĂ j'ai eJffleurĂ© ce sujet , mais ce que j'avançais timidement il y a quelques an- nĂ©es, je l'afiirme hardiment aujourd'hui; non, Diane de Poitiers n'a jamais Ă©tĂ© la concubine de Henri II , et j'ai la satis- faction de voir que les esprits les plus sĂ©rieux se rallient Ă cette opinion qui parut d'abord fort hasardĂ©e. M. Firmin-Didot a fait amende honorable Ă la mĂ©moire de celle que, sur de faux rap- ports, il avait injustement flĂ©trie; MM. Louis Paris, Chabouillet et bien d'autres se posent en gĂ©nĂ©reux champions de la bonne renommĂ©e de notre duchesse. Dans quelques instants vous allez entendre la lecture d'un article d'un de nos confrĂšres, qui donne de prĂ©cieux renseignements sur la jeunesse de Diane et de Henri II. Nous ne reviendrons pas sur les nombreuses rai- sons qui militent en faveur de la duchesse de Valentinois ; mais nous voulons, une fois pour toutes, faire justice d'une des plus graves calomnies qui aient Ă©tĂ© mises en avant contre la mĂ©- moire de Diane de Poitiers. âąÂ» Lorsqu'on ouvrĂźt le tombeau de Diane, le 18 juin 1795, on trouva auprĂšs de la grande-duchesse deux corps d'enfants. â 67 â VoilĂ la vĂ©ritĂ© dans toute sa simplicitĂ© voyons maintenant comme on Ta dĂ©figurĂ©e Des vieillards d'Anet, tĂ©moins de » Texhumation , racontent, dit-on, qu auprĂšs de Diane Ă©taient » couchĂ©es deux petites filles, habillĂ©es comme leur mĂšre, âą Tune de 5 Ă 6 ans, Tautre de 7 Ă 8 environ ces enfants sont » ceux qu'elle avait eus de son commerce avec Heuri IL » Deux petites filles habillĂ©es comme leur mĂšre Ăź ces seuls mots tĂ©moignent assez de la foi qu'on doit accorder Ă ce rĂ©cit. On trouva deux squelettes d'enfant, qui n'avaient conservĂ© aucune trace de vĂȘtement, et dont on s'occupa fort peu de dĂ©terminer l'Ăąge et le sexe. Ils Ă©taient dans le mĂȘme tombeau que Diane, cela suffisait amplement pour prouver qu'ils lui appartenaient ! » Mais la vĂ©ritĂ©, quoi qu'on fasse pour la dĂ©figurer, finit tou- jours par triompher tĂŽt ou tard. Nous connaissons d'une ma- niĂšre irrĂ©futable , par un tĂ©moignage contemporain , le nom de l'uu de ces enfants, et celui de l'autre ne saurait ĂȘtre douteux. Un manuscrit de la maison de Guise , conservĂ© Ă la BibliothĂšque nationale , n° 5467 du fonds français , nous apprend que la du- chesse d'Aumale, fille de Diane de Poitiers et de Louis de BrĂ©zĂ©, eut trois enfants nĂ©s et baptisĂ©s Ă Anet » 1** Catherhie-Marie-Romula, nĂ©e le 7 octobre 1549, et de- puis mariĂ©e au duc de MercĆur; » 2** Antoine, comte de Saint- Vallier, nĂ© le dimanche 1" no- vembre 1562; âą 3*» Charles, nĂ© le 23 dĂ©cembre 1566 et mort le 7 mai 1568, » Puis, dans le mĂȘme manuscrit, on trouve la notice sui- vante Charles, Monsieur de Lorraine, cinquiĂšme fils de Us^ le » duc d'Aumale, pair de France, et de Madame Loyse de BrĂ©zĂ©, sa fenmie, fut nĂ© au chĂąteau d'Annet le 23^ jour de dĂ©cembre » l'an 1566, sur le minuict, et fut son compĂšre le roy Charles » IX* du nom et la Roy ne sa mĂšre, dont M. le comte deCharny, » de la part du seigneur Roy, et M"" la duchesse douairiĂšre de » Bourbon, pour laditte dame Royne, et fut baptisĂ© en la cha- » pelle dudict Annet par M' l'Ă©vĂȘque de Meaux. » Ledict Charles, Monsieur, mourut Ă Paris le T jour de mai 1568, entre cinq et six heures du matin, et fut son corps » rapportĂ© et enterrĂ© Ă Annet et mis en sĂ©pulture avec feue B M"e Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, sa grand'- » mĂšre, dĂ©cĂ©dĂ©e au chĂąteau d'Annet, le 25 avril 1566 » â 68 â » Voici donc un des deux enfants parfaitement connus ; un heureux hasard donnera sans doute un jour une preuve matĂ©- rielle que le second Ă©tait im autre des petits-fils de la duchesse de Valentinois. » Il est Ă©tonnant combien de calomnies, et de calomnies des plus invraisemblables ont Ă©tĂ© accumulĂ©es contre Diane de Poitiers, et avec quelle facilitĂ© on a acceptĂ© des tĂ©moignages aussi intĂ©ressĂ©s que ceux des Huguenots du XVI» siĂšcle. En 1547, quelques jours avant la mort de François 1% ifarino Cavalli, ambassadeur de Venise en France , Ă©crivait Ă sa RĂ©publique Henri n'est guĂšre adonnĂ© aux femmes , la sienne lui suffit ; » pour la conversation il s'en tient Ă celle de M"** la SĂ©nĂ©chale » de Normandie, ĂągĂ©e de 48 ans. Il a pour elle une tendresse » vĂ©ritable, mais on pense qu'il n'y a rien de lascif, et que i> dans cette affection c'est comme entre mĂšre et fils on afflr- » me que cette dame a entrepris d'endoctriner, de corriger, » de conseiller M' le Dauphin et le pousser Ă toutes les actions » dignes de lui*. » » VoilĂ un tĂ©moignage qui ne peut rien avoir de suspect; on s'est bien gardĂ© de jamais le citer, et cependant il est assez aflftr- matif ; mais les moindres apparences fĂącheuses on s'empresse de les saisir et on les transforme en affirmations. » 11 y a quelques mois paraissait un article intitulĂ© Jeton de Afagdelame de Poitiers^ fille de Diane de Poitiers et de Henri IL L'auteur disait gravement que tout portait Ă croire que Diane n'avait jamais eu d'enfant de Henri II; que cependant Duchesne lui donnait une fille nommĂ©e M"** de la Montagne , qui Ă©tait ĂągĂ©e de 76 ans en 1630, que le P. Anselme adoptait l'opinion de Duchesne, et qu'une dĂ©couverte toute rĂ©cente venait rĂ©soudre dĂ©finitivement cette question historique. 9 Un jeton, portant Ă l'avers le nom et les armes de Made- leine de Poitiers, et au revers le nom et les armes de Nicolas ^ Puisque nous cilons un document extrait des correspondances des ambas- sadeurs, qu'il nous soit permis de rapporter queloues lignes d'une lettre de sir William Bekering, ambassadeur d'Angleterre en France, adressĂ©e de Poissy, le 22 mars 1553^ au Conseil du Royaume d'Angleterre Je partis pour la Cour, alors Ă Anct, admirable, belle et somptueuse maison, appartenant Ă M*"" de Valentinois, Ă 13 lieues de Poissy. AprĂšs mon audience du Roi, ]^me }q Valentinois ordonna ju'une collation fĂ»t prĂ©parĂ©e pour moi dans unw galerie , cl qu'ensuite je verrais toutes les curiositĂ©s de la maison , qui ĂȘloient si somptueuses et si princiĂšres que je n'en ai jamais vu de semblables, i â 69 - de la Montagne , venait affirmer l'existence de cette demoiselle de la Montagne dont parlent Duchesne et le P. Anselme. » En vĂ©ritĂ©, il faut ĂȘtre bien aveugle ou bien passionnĂ© pour, sur la vague indication d'un nom , bĂątir une accusation que les faits matĂ©riels et le bon sens viennent Ă©galement rĂ©prouver. » Suivant Duchesne, suivant M. J. Roman , Tauteur de l'ar- ticle sur le jeton de Madeleine de Poitiers ' , cette dame serait nĂ©e en 1555; Diane alors aurait eu plus de 56 ans, c'est peut- ĂȘtre un peu ĂągĂ© pour redevenir mĂšre. Mais ce n'en est que plus intĂ©ressant ce sera un cas singulier Ă enregistrer dans les annales de la mĂ©decine. Diane, qui n'oublie personne dans son testament, passe complĂštement sous silence sa fille natu- relle; mais, s'empresse de dire M. Roman, elle l'avait proba- blement recommandĂ©e Ă TafTection de ses deux gendres; c'est trĂšs - probable ! MĂ©zeray, de Thou , si peu bienveillants pour Diane, tous les contemporains, les protestants eux-mĂȘmes ont gardĂ© le silence sur cette fille naturelle de la duchesse de Va- lentinois; on ne sait trop comment expUquer ce silence; il y a un moyen bien simple, c'est de ne pas en parler. » Ne connait-on pas d'ailleurs d^autres Madeleine de Poitiers qui ont pu Ă©pouser ce Nicolas de la Montagne ? Si assurĂ©ment , mais qu'importe ? Ne faut-il pas du scandale pour donner du piquant Ă l'histoire? » D'abord le propre frĂšre de la duchesse de Valentinois, GuiUaume de Poitiers, eut de sa femme Claude de Miolans, qu'il avait Ă©pousĂ©e en 1526, une fille nommĂ©e Madeleine de Poitiers. Les dĂ©tails de la vie de cette Madeleine sont assez ignorĂ©s, il est vrai; cependant on sait qu'elle eut plusieurs maris, et que, lors de son premier mariage, Diane lui fit don d'une terre en DauphinĂ©. » Les dates ne concorderaient pas tout Ă fait, ce qui, pour nos adversaires, serait d'un bien lĂ©ger poids; mais nous ne voulons leur donner prise en rien. S'ils ne veulent pas attri- buer le jeton de M" de la Montagne Ă la fille de Guillaume , je leur citerai dans une autre branche de la famille de Poitiers une Diane de Poitiers, dame de Mailly en Champagne, qui, en 1608, Ă©tait veuve d'Edme de PontVille, marĂ©chal de camp. * BtUletin de la SociĂ©tĂ© dĂ©partementale d'ArchĂ©ologie et de Statistique de la Drame, 22 livr., p. 264 et sqq. ~ 70 â gouverneur de Rocroy, et une Madeleine de Poitiers , sĆur de cette Diane, que Ton trouve citĂ©e en 1617 et 1618 et qui fut TaĂŻeule de Jean de la Beaume , sieur d'Etain. » Ces deux dames appartenaient incontestablement Ă la Champagne or Nicolas de la Montagne Ă©tait seigneur de Champgerbault, prĂšs de Vassy ; son pĂšre avait Ă©tĂ© un des ven- geurs du duc de Guise au massacre de Vassy 1562 et, en rĂ©- compense, Nicolas avait reçu un prieurĂ© de 1,200 Ă 1,500 livres de revenu aux environs de cette ville. » Je suis honteux, Messieurs, d'avoir tant insistĂ© aprĂšs vous avoir dit que je garderais le silence ; mais je ne puis contenir mon indignation quand je vois le roman , et le roman scanda- leux, prendre la place de Vhistoire. Les faits qui se passent devant nous, presque sous nos yeux, sont dĂ©jĂ souvent si obscurs comment dire la vĂ©ritĂ© sur ceux qui se sont passĂ©s il y a quelques siĂšcles si Ton n'apporte dans son rĂ©cit la plus en- tiĂšre bonne foi et si Ton ne s'appuie sur des actes authentiques et non sur des cancans plus ou moins passionnĂ©s ? » Je m'arrĂȘte ; je n'aurais rien de nouveau Ă vous dire sur rhistoire' moderne du chĂąteau d'Anet, et d'ailleui^s je suis confus de vous avoir ennuyĂ©s si longtemps. » Le SecrĂ©taire lit ensuite une piĂšce de vers de M. Bourdel inti- tulĂ©e la MĂ©moire du CĆur, dans laquelle le poĂšte rappelle le souvenir de MM. de LĂ©pinois et Marcille, deux membres dont la SociĂ©tĂ© a si vivement regrettĂ© la perte rĂ©cente. LK MĂMOIRE DU COEUR. Parmi les dons heureux qu'Ă notre Ăąme immortelle Dieu voulut conserver en souvenir des Cieux , La mĂ©moire , oĂč le cĆur puise et se renouvelle , Est le plus prĂ©cieux. Soit qu^aux jours printaniers oĂč rit notre jeunesse, Redonnant tout-Ă -coup la sĂšve et la fraĂźcheur, Elle Ă©veille en nos sens un trouble plein d'ivresse , Un chant dans notre cĆur Soit que de nos malheurs rouvrant la sombre page , Elle arrache des pleurs Ă nos yeux attendris , Ou rende Ă nos baisers , dans un cruel mirage , Nos morts les plus chĂ©ris â 71 â Doux et fatal prĂ©sent, invisible puissance, Par qui l'homme » ici-bas , s'afflrmant libre et fort , Voit grandir son esprit, doubler son existence En dĂ©pit de la mort. C'est en vain qu'il vieillit la mĂ©moire fidĂšle Refait avec amour ses rĂȘves de quinze ans ; Comme on aime Ă cueillir, chaque saison nouvelle , Les roses du printemps.... Il revoit les buissons fleuris de son enfance , Il entend gazouiller son cĆur comme un oiseau *. Rien n'Ă©gale Ă ses yeux la grĂące et l'innocence D'un enfant au berceau; Son rĂ©veil souriant, sa naĂŻve priĂšre; Sa bouche, frais bouton prĂȘt Ă s'Ă©panouir; Et le soir, au coucher, le baiser d'une mĂšre Qui fait si bien dormir Age heureux oĂč la vie est si pure et si belle ! OĂč notre Ăąmff s'Ă©veille et s'entr'ouvre Ă demi ; Premiers tressaillements d'un cĆur qui se rĂ©vĂšle Dans le choix d'un ami. ... Amour, ambition, sĂ©duisantes dĂ©esses. Vous rĂ©gnerez plus tard sur ce cĆur affolĂ© ; Un jour vous poserez vos perfides caresses Sur ce front dĂ©solĂ© ! Mais l'ami de collĂšge Ă©chappe Ă ces orages ; Dans le sentier du cĆur engagĂ© le premier. En dĂ©pit de l'absence, au milieu des naufrages, On l'y voit le dernier Compagnon de plaisir dans la folle jeunesse , Il est pour ses Ă©carts un frondeur sans pitiĂ©; Mais vienne le malheur, comme un poids qui l'oppresse , Il en prend la moitiĂ©. Et si l'un disparait quand la mort le rĂ©clame. Que de regrets pour l'autre en silence amassĂ©s ! Marcille , LĂ©pinois , chers absents , dans notre Ăąme Qui vous a remplacĂ©s ? MĂ©moire , Ă©cho du cĆur, ineffable magie , FĂ©e Ă baguette d'or, muse du souvenir; Doux fantĂŽmes aimĂ©s qui charmez notre vie , Aidez-nous Ă mourir ! â 72 - Voltigez sur ma couche, ĂŽ mes anges fidĂšles, Quand l'heure aura sonnĂ© de TĂ©ternel adieu; Et puisse, en souriant, mon Ăąme sur vos ailes S'Ă©lever jusqu'Ă Dieu I M. Job donne, Ă son tour, lecture d*une notice sur les Cinq Croix de France Ă©levĂ©es Ă Saint-Ouen-Marchefroy, par la piĂ©tĂ© maternelle, Ă cinq fils tombĂ©s au champ d'honneur pour la dĂ©- fense de la patrie, dĂ©truites par la RĂ©volution et qui ont Ă©tĂ© relevĂ©es depuis. Lecture d'un travail de M. Dubreuil sur Diane de Poitiers. Notre confrĂšre reprend la thĂšse de M. Merlet sur la nature des relations de la Grande-SĂ©nĂ©chale avec Henri IL II tente de prouver que rien n'Ă©tablit d'une façon nette, prĂ©cise, positive, la criminalitĂ© de ces relations. Messieurs, » Une hospitalitĂ©, d'autant plus gĂ©nĂ©reuse, qu'une douleur amĂšre et vivement partagĂ©e, la rend plus pĂ©nible, nous a con- voquĂ©s aujourd'hui, dans ces murs d'Anet, si poĂ©tiques par eux-mĂȘmes, si intĂ©ressants par les souvenirs qu'ils Ă©voquent. » C'est de ces souvenirs que je voudrais vous entretenir un instant. » Anet I Comment sĂ©parer en effet , de ce poĂšme Ă©crit dans la pierre, l'idĂ©e de l'Enchanteresse auquel il est dĂ©diĂ© ? Comment sĂ©parer ces deux noms que l'ingĂ©nieuse galanterie de nos pĂšres avait si heureusement fondus en quelque sorte dans cette gra- cieuse fonnule Le Diane t ? » Le sujet semble donc s'imposer Ă vos esprits, et vous vous Ă©tonneriez, Ă bon droit, si nous ne vous parlions pas de cette femme cĂ©lĂšbre, trĂšs -diversement apprĂ©ciĂ©e mais fort peu connue, en sonume, que l'on appelle Diane de Poitiers. » Quelle elle a Ă©tĂ©? Quel a Ă©tĂ© son rĂŽle? VoilĂ ce qu'il serait intĂ©ressant de rechercher ensemble. Le temps et l'autoritĂ© me manquent malheureusement Ă la fois pour traiter un sujet aussi vaste. Je l'efEleurerai Ă peine et ne vous prĂ©senterai que quel- ques aperçus, une bien modeste et trĂšs -imparfaite Ă©bauche. Heureux si un peintre plus habile veut bien se charger du portrait. - 73 - » Tout ce que Ton sait d'absolument certain sur Diane de Poitiers peut se rĂ©sumer en quelques lignes. » Fille de Jean de Poitiers , seigneur de Saint- Vallier, et de Jeanne de Basternay, Diane naquit le 3 septembre 1499. » Quatorze ans plus tard, le 29 mars 1514, on la mariait Ă Louis de BrĂ©zĂ©, comte de MaulĂ©vrier, grand-sĂ©nĂ©chal de Nor- mandie, qui avait quelque quarante ans de plus qu elle. » De cette imion, que la mort du comte rompit en 1531, na- quirent deux filles, qui furent mariĂ©es plus tard, Tune au comte de Bouillon, prince de Sedan, en 1538, l'autre Ă Claude de Lorraine, duc d'AĂŻunale, en 1546. » Diane, restĂ©e veuve Ă trente-deux ans, ne perdit jamais le souvenir de son dĂ©funt mari. Au comble mĂȘme de la faveur Ă laquelle elle parvint plus tard , la mĂ©moire du Grand-SĂ©nĂ©chal resta toujours trĂšs-ostensiblement l'objet de son culte et des plus grands honneurs. » Au printemps 1535, dit-on, remontent les premiĂšres rela- tions d'amitiĂ© qu'elle eut avec le prince d'OrlĂ©ans, qui devint le Dauphin et plus tard le roi Henri IL Henri avait alors seize ans et Diane trente-six. Cette amitiĂ©, que la mort seule du roi vint faire cesser en 1559, dura donc vingt-quatre annĂ©es. » Pendant tout ce temps , Diane de Poitiers , créée duchesse de Yalentinois par le roi Henri, comblĂ©e de faveurs, eut dans les conseils de France une influence considĂ©rable. T» Elle avait soixante ans quand Henri II mourut, et elle lui survĂ©cut prĂšs de sept annĂ©es. En butte, Ă la mort du roi, Ă la haine de Catherine de MĂ©dicis, elle avait tout Ă craindre. Rien de fĂącheux ne lui advint pourtant, et elle dĂ©cĂ©dait Ă Chaumont, le 22 avril 1566, en pleine possession de son immense fortune, ayant passĂ© dans la retraite , la priĂšre et les bonnes Ćuvres , les derniĂšres annĂ©es de sa vie. Suivant ses dĂ©sirs, son cĆur fut rĂ©uni Ă celui de M. le Grand-SĂ©nĂ©chal , son dĂ©funt mari. Son corps, dĂ©posĂ© d'abord dans l'Ă©glise d'Anet, fut inhumĂ©, une dizaine d'annĂ©es plus tard, dans la chapelle mortuaire qu'elle avait fait construire Ă cet effet. » VoilĂ , dans sa sĂ©cheresse et sa simplicitĂ©, le thĂšme que nous fournit l'histoire, thĂšme que les variations brillantes, mais fort peu justifiĂ©es, de l'esprit de parti, ont singuUĂšrement enrichi au grand dĂ©triment de la mĂ©moire de Diane. » Je ne veux point me constituer le champion de sa vertu. TOMB VI. 6 1 -74- Oes travaux postĂ©rieurs vengeront-ils complĂštement la duchesse de Valentinois de toutes les accusations portĂ©es contre eDe? C'est lĂ le secret de Tavenir. Ce qui semble rĂ©sulter toutefois d'un examen calme et impartial des piĂšces de ce procĂšs , c'est que, si l'innocence de Diane n'en ressort pas Ă©videntes priori, sa culpabilitĂ©, en maints cas, est impossible, en certains autres, au moins difficile Ă prouver. » Il n'est sorte d'horreurs que Ton n'ait accumulĂ©es sur sa tĂȘte. Si l'on en veut connaĂźtre la raison vraie et sĂ©rieuse, il suf- fit de jeter un coup d'oeil sur la situation morale et religieuse de la France Ă cette Ă©poque. » Envahie par la rĂ©forme, qui trouvait dans la tendance mĂȘme des esprits une voie relativement facile ^ la Cour se par- tageait en deux partis hostiles et profondĂ©ment divisĂ©s. » Le vent de la rĂ©volte politique et civile, autant au moins que religieuse, soufflait sur cette sociĂ©tĂ©galante, et devait ame- ner bientĂŽt ces horreurs dont on a bien pu dissimuler la vraie cause et fausser l'histoire ^ mais qui n'ont Ă©tĂ© que la rĂ©sultante naturelle des prĂ©misses posĂ©es. » Diane de Poitiers avait-elle compris ce qui se cachait sous ce mot de RĂ©forme? je l'ignore, mais en tous cas^ je le dois constater et Ă son Ă©ternel honneur, elle a tout fait pour arrĂȘ- ter l'essor en notre beau pays de France de ces terribles et dĂ©- solantes idĂ©es. » Influence , fortune , tout lui servit Ă combattre l'ennemi , et si, sur le trĂŽne de France, l'hĂ©rĂ©sie victorieuse n'a jamais ceint la Couronne, c'est Ă cette femme, peut-ĂȘtre, que nous le devons. » Comprenez -vous maintenant ces haines farouches, ces intenses colĂšres Ăź Mensonge et calomnies ! du rĂ©formĂ© du X\T siĂšcle aux rĂ©voltĂ©s du XVIIP et du XIX , aux tenants de la rĂ©- volution jusqu'Ă son expression suprĂȘme et derniĂšre, c'a Ă©tĂ©, c'est et ce sera l'arme favorite et toujours puissante. Hier Ă peine elle dressait dans la boue et le sang l'Ă©chafaud de nos reines, qui pourrait dire ce qu'elle sera demain? Le passĂ© et ses ombres ne s'Ă©clairent-ils pas Ă ces lueurs sinistres ? Diane de Poitiers est l'ennemie , Diane de Poitiers deviendra le bouc Ă©missaire. âą DĂ©vergondage des mĆurs , accusations les plus horribles j assassinat mĂȘme, tout lui sera reprochĂ©. Aucuns de ces faits - 75 - ne seront prouvĂ©s; bien peu, pris Ă part, pourront rĂ©sister Ă la plus simple critique, on ne s'entendra mĂȘme pas sur les dates les plus indiscutables Qu'importe, l'insinuation pro- duira son effet, et le lecteur, abasourdi par tant de tĂ©moignages, quelque discordants qu'ils puissent ĂȘtre, en retiendra toujoui-s, et c'est ce qu'il fallait obtenir, la plus fĂącheuse impression. » Que si ce procĂ©dĂ©, dont chaque jour nous constatons l'em- ploi, semblait invraisemblable, il me serait facile de donner immĂ©diatement la preuve de cette partialitĂ© voulue. âą Diane de Poitiers n'a point Ă©tĂ© la femme la plus... cĂ©lĂšbre ou tout au moins la seule femme... cĂ©lĂšbre du XVP siĂšcle. François V favorisait une certaine Anne de Pisseleu, de- moiselle d'Heilly, bien connue dans Thistoire sous le nom de duchesse d'Etampes. La plus savante des belles, la plus belle des savantes, comme on l'appelait alors, Ă©tait loin d'avoir pour son pays lamour qui lui est dĂ». De mĆurs indiscutablement mauvaises, la duchesse d'Etampes a trahi la France qu'elle a vendue Ă Charles-Quint. Le dĂ©sastreux traitĂ© de CrĂ©py-en-Valois a Ă©tĂ© le produit de sa trahison. Cherchez ce que Ton dit sur elle. LuthĂ©rienne de cĆur et donnant chaque annĂ©e, conune l'on disait alors, une partie de son i-evenu dans la boĂźte Ă Perretie, ces deux qualitĂ©s lui ont valu, sinon une complĂšte immunitĂ© vis-Ă -vis de l'histoire, Ă tout le moins de nombreux Ă©gards et le plus conunode silence. » Faveurs Ă l'une, Ă l'autre tant de calomnies, que Dreux du Radier lui-mĂŽme, peu suspect pourtant de sympathie Ă l'Ă©gard de Diane , est obligĂ© de s'exprimer ainsi sur son compte Nous » tĂącherons de dĂ©gager ce que les auteurs, qui ont Ă©crit sur âą Diane, disent de vrai des erreurs qu'ils ont adoptĂ©es ou ma- » lignement ou faute d'exactitude. » Et encore La plus » grande partie de nos auteurs a suivi Ă l'aveugle ce que la haine ou la flatterie ont fait dire de son temps. » » Abordons maintenant et de la façon la plus impartiale qu'il nous sera possible, la vie dĂ©crite de Diane. âą L'on comprendra sans peine combien , arrivĂ© Ă ce point de mon sujet, ma tĂąche rĂ©clame de dĂ©licatesse et de demi-teinte. Il faut pourtant que j'effleure au moins si scabreux que puisse ĂȘtre un pareil travail ces calomnies dont on a fait l'histoire de la duchesse; que je fasse entrevoir, Ă tout le moins, les impos- sibilitĂ©s ou les invraisemblances ; qu'Ă de simples impressions , - 76 - donnĂ©es pour la vĂ©ritĂ© et dĂ©duites d'une façon parfois forcĂ©e, d'un fait par lui-mĂȘme insignifiant, j'indique ce que Ton peut rĂ©pondre. » Quelle a Ă©tĂ© Diane de Poitiers? ! avant son veuvage; 2** de- puis lors jusqu'Ă la mort de Henri II; 3** dans les derniĂšres an- nĂ©es de sa vie? quel rĂŽle enfin a- 1- elle jouĂ© Ă ces derniĂšres Ă©poques ? c'est ce que nous allons voir rapidement. » De Diane, grande-sĂ©nĂ©chale, il n'y a rien de bien terrible Ă dire, de bien sĂ©rieux au moins. Ses qualitĂ©s d'Ă©pouse fidĂšle, de bonne mĂšre de famille semblent indiscutables. » Louis de BrĂ©zĂ©, du reste, Ă©tait d'une race qui ne badinait pas avec son honneur, et le chĂąteau de Rouvres, voisin de celui d'Anet, en pouvait encore offrir la preuve sanglante et Ă peine sĂ©chĂ©e. L'union de Diane a donc dĂ» ĂȘtre tranquille et toute aux intimitĂ©s de la famille; et pourtant, lĂ encore, la lĂ©gĂšretĂ© et l'esprit dĂ© parti ont dĂ» trouver Ă mordre. » MĂ©zeray et Varillas, et aprĂšs eux nombre de plagiaires ont prĂ©tendu que Diane dut payer de sa personne au roi François I" la rançon de Jean de Poitiers, son pĂšre, convaincu de haute trahison. » DĂ©shonorer Ă la fois un roi et une grande dame, prendre sur l'autoritĂ© suprĂȘme une terrible et honteuse reprĂ©saille, c'Ă©tait besogne trop tentante sans doute pour la laisser Ă©chapper. Heureusement les pamphlĂ©taires et leurs Ă©chos n'ont pu s'en- tendre. DivisĂ©s profondĂ©ment entre eux sur la question de date, MĂ©zeray et Varillas sont respectivement en dĂ©saccord complet avec les faits authentiques. » La grĂące de Jean de Poitiers est de l'annĂ©e 1523. MĂ©zeray fixe Ă 1514 l'infamie dont nous avons parlĂ©, et Varillas la recule Ă 1540. Cette grĂące, du reste, fut moins une conunutation qu'une aggravation de peine, et les lettres de rĂ©mission sont formelles. Elles ont Ă©tĂ©, disent-elles, formellement concĂ©dĂ©es aux priĂšres du comte de Maulevrier, grand-sĂ©nĂ©chal de Nor- mandie, et des autres parents et amis de Saint- Vallier. » Changer les dates, changer les personnages, jeter Ă pleines mains le mensonge et l'outrage, cela s'appelle peut-ĂȘtre Ă©crire l'histoire. Nous n'aurons garde d'oublier plus loin cette fable ridicule et, Ă moins de preuves Ă©videntes et certaines, il nous sera toujours au moins permis de douter. Quoi qu'il en soit, cette premiĂšre partie de l'histoire de Diane de Poitiers, abso- â 77 â lament nulle quant Ă Tinfluence, semble devoir ĂȘtre Ă l'abri de tout soupçon. f » Nous en dirons autant dĂšs Ă prĂ©sent de celle qui suivra la i mort du Roi, oĂč, seule et livrĂ©e aux sages pensera de la vieillesse, Diane put rĂ©flĂ©chir au rĂŽle absorbant qu'elle avait jouĂ© Ă la Cour, et aux effacements auxquels son omnipotence avait rĂ©duit la vĂ©ritable et lĂ©gitime Reine. » Nous aborderons maintenant la partie brillante de la vie de Diane, celle oĂč toute la Cour recevra d'elle le ton, oĂč le Roi viendra chercher Ă Anet les inspirations et les conseils. » Ici, je dois renouveler mes dĂ©clarations prĂ©cĂ©dentes. » Quel que puisse ĂȘtre mon sentiment sur Diane de Poitiers, ce n*est point Ă moi de conclure et je me garderai bien de le faire. Je ne veux Ă©tablir qu'une seule chose, c'est qu'Ă cette Ă©poque mĂȘme rien de net, de prĂ©cis, de positif ne vient prou- ver sa culpabilitĂ©. » En pareil cas, le doute, ce me semble, doit profiter Ă l'ac- cusĂ©e, alors surtout et la haine de parti nous en est un sĂ»r gage, alors, dis-je, que dans ces preuves que l'on trouvera, je l'espĂšre, insuffisantes, rien n'a Ă©tĂ© omis de ce qui pouvait noircir l'honneur et la mĂ©moire de Diane âą Louis de BrĂ©zĂ© est donc mort ! Sa veuve lui a Ă©levĂ© un tom- beau digne de lui. Son deuil sera perpĂ©tuel, et sa devise, au faite mĂȘme des grandeurs, jettera au monde entier, conmie le cri de son cĆur ou bien alors comme un impudent dĂ©fi que jamais pourtant personne n'a relevĂ©, la mĂ©moire de TĂ©poux qu'elle a perdu. » Quatre ans ont passĂ© sur sa douleur sans en diminuer les nombreux tĂ©moignages. Un jour, un jeune homme de seize ans s'arrĂȘte chez cette femme qui pourrait ĂȘtre sa mĂšre. » Loyal et franc chevaUer, il en porte les couleurs. Son pĂšre lui-mĂȘme a obtenu de Diane l'octroi de cette faveur. Les lois de la chevalerie, plus encore, la froideur de son tempĂ©rament lui rendent respectable la dame qu'il a choisie. » Il s'arrĂȘte dans ce mĂȘme Anet dont rien ne prĂ©sage encore les futures splendeurs. » Cet adolescent de seize ans est l'Ă©poux aimant et aimĂ© d'une fenune de son Ăąge. C'est le fils de nos rois. Dauphin quelques mois aprĂšs par la mort de son frĂšre, il monte bientĂŽt sur le trĂŽne de France. â 78 â » Ses visites Ă Anet se succĂšdent et se multiplient; le chĂą- teau est restaurĂ© ou plutĂŽt bientĂŽt Anet est bĂąti. » Diane, l'heureuse comtesse, obtient, comme don de joyeux avĂšnement d'Henri au trĂŽne , la terre de Chenonceaux et son chĂąteau, disons mieux, elle achĂšte 190,000 livres aux hĂ©ritiers de Thomas Bohier ce domaine confisquĂ© par la couronne. Puis elle est créée duchesse de Valentinois, comblĂ©e chacjuejour de dons, de faveurs nouvelles. » AppelĂ©e aux conseils du Roi; elle est en mĂȘme jtemps dans l'intimitĂ© de la reine Catherine de MĂ©dicis , Ă laquelle elle rend en dĂ©fĂ©rence plus encore qu'elle ne reçoit en amitiĂ©. » Loin de s'Ă©tonner des visites Ă Anet de sou royal Ă©poux , la reine semble y pousser Henri II. ⹠» Cette faveur s'accroĂźt d'annĂ©e en annĂ©e. Les mois s'entas- sent sur les mois, et la mort du roi, en 1559, trouve Diane, ĂągĂ©e de 60 ans, au comble des honneurs et de la puissance. » VoilĂ l'histoire, et qu'y a-t-il lĂ , je ne voudrais pas dire qui suppose, mais qui prouve une culpabiUtĂ© quelconque? » Ah I je sais bien que l'on objectera ces faveurs inouĂŻes d'un roi Ă sa sujette I Ces visites continuelles I ces chiffres entre- lacĂ©s! ces allusions transparentes Ă la Diane chasseresse, des Ă©maux plus ou moins authentiques, et d'autres faits encore que je citerai en leur Ueu I » Mais franchement sont- ce lĂ des preuves? Nous verrons tout Ă l'heure ce qu'elles peuvent valoir. » En ce moment, examinons d'abord si les contemporains ne vont pas jeter quelque lumiĂšre sur la nature de ces relations. » Un livre m'a Ă©tĂ© conununiquĂ© , fort important et assez peu rĂ©pandu encore. Il a pour titre La Diplomatie vĂ©nitienne Pion, 1862. Venise, au XVI siĂšcle notanunent, entretenait Ă la cour de France des ambassadeurs qui, leur mission finie , devaient, dans des relazione spĂ©ciales, rendre compte aux seigneurs assemblĂ©s de ce qu'ils avaient pu constater dans les cours de l'Europe. » Ces relazione, secrĂštes de leur nature, Ă©taient par suite l'Ă©cho gĂ©nĂ©ralement fidĂšle de la vĂ©ritĂ©, â tant que le narra- teur, pour donner plus de sel Ă des faits dĂ©jĂ connus, n'ajou- tait pas des cancans de cour Ă ce qu'il savait lui-mĂȘme. â Or, que nous disent ces relazione au point de vue spĂ©cial qui nous occupe ? ~ 79 - » La premiĂšre est datĂ©e de 1542, postĂ©rieure de sept anĂ par consĂ©quent aux relations incriminĂ©es; elle a pour auteur Matteo Dandolo. Il parle du Roi et du Dauphin. Des relations de celui-ci avec M° la SĂ©nĂ©chale, pas un mot. » Harino Cavalli lui succĂšde. La conduite d*Henri est ap- prĂ©ciĂ©e avec le plus grand soin par cet ambassadeur , Fun des plus grands hommes qui aient illustrĂ© Venise. » AprĂšs des dĂ©tails tout confidentiels sur les mĆurs du Dau- phin et tout Ă son honneur, Marine Cavalli ajoute Pour » la conversation, il s'en tient Ă celle de madame la SĂ©nĂ©chale de Normandie, ĂągĂ©e de quarante-huit ans. Il a pour elle une tendresse vĂ©ritable; mais on pense qu il n'y a rien de lascif, et que dans cette affection c'est comme entre mĂšre et fils. On affirme que celte dame a entrepris d'endoctriner, de corri- ger, DE CONSEILLER M. lo Dauphin ET DE LE POUSSER A TOUTES LES ACTIONS DIGNES DE LUI. » » Rappelons -nous, je vous en prie, toutes ces expressions qui auront leur importance tout Ă l'heure. » Je ne voudrais rien dissimuler, pourtant, et je suis bien forcĂ© de le reconnaĂźtre , la rctoione suivante de Lorenzo Con- tarini est autrement Ă©nergique. Les rapports de Diane et d'Henri II sont considĂ©rĂ©s par lui comme beaucoup moins pla- toniques, les termes qu'il emploie ne laissent aucun doute sur ce qu'il a voulu dire. Mais Contarini ne cĂ©dait-il pas au besoin de donner de l'importance Ă une relation dĂ©jĂ faite? Quelques lignes plus bas il raconte avec une conviction plus Ă©nergique encore, s'il est possible, la fable de Diane et de François P'. » De 1551 Ă 1555, Giovanni Capello dĂ©clare que le roi se donne tout aux affaires, que ses amusements sont honnĂȘtes. » En 1555, Giacomo Soranzo constate l'affection trĂšs-appa- rente d'Henri pour Catherine de MĂ©dicis, son Ă©pouse. » Sauf un ambassadeur dont la relazione est, sur un point au moins, entachĂ©e de lĂ©gĂšretĂ©, et sur un point fort important dans notre thĂšse, de tous ces diplomates placĂ©s pour bien voir, sĂ»rs du secret, n'ayant d'autre intĂ©rĂȘt que la vĂ©ritĂ©, aucun n'attache aux relations de Diane et d'Henri II la note que l'his- toire, â ou ce qui en tient la place, â leur a infligĂ©e. Tous, je le reconnais , constatent l'influence Ă©norme de la duchesse sur les affaires de l'Etat. Nier cette influence ce serait puĂ©riUtĂ© et faussetĂ© Ă la fois. Oui , Diane Ă©tait maĂźtresse Ă la cour de France âą^ - 80 â et maĂźtresse au dĂ©triment de la reine, mais Ă quel titre? voyons si nous ne le pourrons pas indiquer. » Henri II n'Ă©tait point par sa naissance destinĂ© Ă monter sur le trĂŽne de France. Peu aimĂ© de François !âą, il avait tou- }o\lts Ă©tĂ© tenu en dehors des affaires. La connaissance qu'il fit de Diane avant d'ĂȘtre Dauphin ne fut point propre Ă disposer en sa faveur la jalouse duchesse d'Ătampes, toute -puissante Ă la cour du roi François et irritĂ©e de constater que celui-lĂ ne sacrifiait pas Ă Tidole du jour. » Diane, et des auteurs trĂšs -sĂ©rieux l'af&rment, a maintes fois aidĂ© le Dauphin de ses conseils et de sa hourse. Fenune d'une intelligence rare, elle avait compris ce que l'enfance du futur roi avait souffert de tant de nĂ©gligence. Rappelons-nous ce mot de Marine Gavalli... Elle a entrepris d'endoctriner, » DE corriger, de CONSEILLER U^^ le DauphiU ET DE LE POUSSER » A TOUTES LES ACTIONS DIGNES DE LUI. » » Et parce que ce roi , qu'eUe a formĂ© , lui tĂ©moigne sa re- connaissance d'une façon royale, on crierait au scandale? » Mais, objectera-t-on, cette devise du roi si significative. Ce croissant et ces mots Donec totum impleat orbem ! » Ah ! prenons garde de ne point trop cĂ©der ici aux raisons d'impressionnabilitĂ©. Etes-vous si sĂ»r, dites-moi, que ce crois- sant â que Ton eĂ»t mieux fait peut-ĂȘtre de laisser au Grand- Turc, mais qui en fait n'est point particulier Ă Henri II â ait Ă©tĂ© choisi par lui seulement aprĂšs qu'il eut connu Diane? » CroĂźtre jusqu'Ă emplir le monde, mais c'est le rĂȘve de toutes les ambitions juvĂ©niles; mais Louis XIII, mais Monsieur, frĂšre de Louis XIV, ont eu le croissant dans leurs armes, mais Cathe> rine de MĂ©dicis elle-mĂȘme en ornait ses ouvrages. » Ah ! certes, j'en suis sĂ»r, Henri II a Ă©tĂ© ravi de la coĂŻnci- dence, son choix a dĂ» lui sembler meilleur et plus heureux ; mais si la grande-sĂ©nĂ©chale se fĂ»t appelĂ©e Jeanne ou Mathurine, je vous dĂ©fie d'afiirmer sans tĂ©mĂ©ritĂ© que le croissant eĂ»t dĂ©- sertĂ© le blason d'Henri II. » Mais, dira-t-on encore, ces rĂ©pĂ©titions frĂ©quentes? mais ces chifires entrelacĂ©s ? Autres temps , autres usages I En tous cas, amour ou reconnaissance expliqueraient Ă©galement et ces chifires et ces rĂ©pĂ©titions; mais, en somme, pourquoi donc irions-nous jusqu'Ă dĂ©fendixĂź Diane, de ce chef? A ses dĂ©trac- teurs Ă prouver ce qu'ils avancent. - 81 - » A quels signes certains reconnaissez-vous dans ces demi- cercles venant toucher les jambages de TH ou les dĂ©passant quelque peu, le D de Diane ou le G de Catherine ou le Croissant du roi? Il vous plaĂźt, pour votre thĂšse, de retrouver partout le chiffre de Diane. C'est parfait; peut-ĂȘtre avez- vous raison, mais prouvez-le. » Et, dira-t-on, ces Dianes chasseresses qui remplissaient Ănet, ces dĂ©itĂ©s fort peu voilĂ©es qui, sous leur transparente allĂ©gorie, cachaient la Diane aimĂ©e et chĂ©rie ? > Je ne saurais trop le rĂ©pĂ©ter, autres temps autres usages, et telles sculptures, par exemple, qui dĂ©corent nos cathĂ©drales, seraient aujourd'hui justement Ă©cartĂ©es. Ne jugeons donc pas par notre Ă©poque plus positive et plus pudibonde, sinon plus pudique, le XVP siĂšcle, le siĂšcle de la Renaissance. Oui, par- tout vous trouverez Diane chasseresse et ses attributs. Que vou- lez-vous? madame la SĂ©nĂ©chale pour qui ĂnĂšt a Ă©tĂ© bĂąti por- tait ce nom. âą On en a usĂ© et abusĂ©, je le veux bien, comme on TeĂ»t tait pour tout autre nom qui se fĂ»t le moins du monde prĂȘtĂ© aux rĂ©miniscences paĂŻennes qui caractĂ©risent le style de la Re- naissance. > Est-ce lĂ encore une preuve sĂ©rieuse? Mais un siĂšcle plus tĂŽt elle vous eĂ»t manquĂ©. Plus tard vous ne l'eussiez plus trouvĂ©e. » A ces prĂ©tendues preuves, preuves sur lesquelles pourtant on a bĂąti l'histoire, opposons maintenant, je ne dirai pas les preuves, je serai plus modeste, mais les prĂ©somptions con- traires. » Je ne parlerai pas de cette diffĂ©rence d'Ăąge 20 annĂ©es qui pourtant dans cette pĂ©riode intime d'une durĂ©e de vingt-quatre ans, aurait bien son importance. Je signalerai seulement Tab- sence et l'absence complĂšte d'une preuve matĂ©rielle. » On a cherchĂ© beaucoup, on a cherchĂ© longtemps, on a donnĂ© des noms mĂȘme. Rien n'a tenu devant la lumiĂšre. Diane n*a jamais eu que deux filles, la duchesse de Bouillon et la du- chesse d'Aumale. L'histoire, du reste, si peu favorable Ă M"* de Valentinois, eĂ»t soigneusement enregistrĂ© ces preuves-lĂ . A cette Ă©poque, oĂč Tonne mĂ©nageait rien, oĂč la honte, quand elle venait de haut, Ă©tait un titre de gloire, rien n'eĂ»t passĂ© in- ai>erçu. On n'a rien dit, parce qu'il n'y avait rien Ă dire. » Nous avons mieux que cette preuve nĂ©gative C'est le dĂ©- â 82 â sintĂ©ressement de Diane qui Ă©lĂšve chez elle, sous le prĂ©ceptorat de Me Claude Sublet, chanoine de Chartres, Diane, lĂ©gitimĂ©e de France, trĂšs-authentique fille de Henri II et de Philippe Duc. » 1539, voilĂ la datĂ© de cette naissance, alors que l'intimitĂ© de Diane et d*Henri Ă©tait dans toute sa fraĂźcheur. Nous laisse- rons sur notre route et Nicolle de Flavigny et la demoiselle Flamen de Lewiston dont les relations avec Henri II ne sont un mystĂšre pour personne, et nous aborderons une preuve plus concluante. » Diane de Poitiers , et les tĂ©moignages les plus sĂ©rieux rĂ©ta- blissent, a plus d une fois rĂ©tabli l'harmonie dans le mĂ©nage royal. Catherine Taimait autant qu'elle le savait faire. A la mort du roi, je le sais et lai dit, elle Ă©loigna Diane de la cour. Mais cette disgrĂące mĂȘme, cette vengeance incomplĂšte qui laisse Ă sa victime sa fortune tout entiĂšre et se contente de l'exiler, n'est-elle pas encore jusqu'Ă un certain point une prĂ©somption favorable Ă Diane ? Une Italienne ne se venge jamais Ă demi en pareille matiĂšre , et la disgrĂące partielle de Diane semble avoir Ă©tĂ© la satisfaction d'un dĂ©pit ambitieux dĂ©jĂ assouvi par sa victoire mĂȘme, plutĂŽt que l'Ă©clat de la haine d'une fenune longtemps mĂ©prisĂ©e et trahie et qui devient enfin , aprĂšs vingt- quatre annĂ©es, maĂźtresse d'une rivale justement abhorrĂ©e? » Il n'est pas jusqu'Ă cette accusation lancĂ©e contre Diane, d'avoir dilapidĂ© les trĂ©sors de l'Etat, qui ne semble se retourner contre ses accusateurs. Quelles restitutions a-t-on exigĂ©es d'elle, alors que, faible et presque impuissante, elle Ă©tait Ă la merci de ses ennemis? Catherine, il est vrai, lui enlĂšve Chenonceaux; mais, par acte en bonne et due forme, elle dĂ©clare elle-mĂȘme qu'il n'y a lĂ qu'un Ă©change avec le chĂąteau de Chaumont. Echange lĂ©onin peut-ĂȘtre, mais enfin qui, jusqu'Ă un certain point, venge la mĂ©moire de Diane d'une nouvelle souillure. » Pourtant, je l'avoue, Anet a Ă©tĂ© bĂąti pour Diane et payĂ© par l'argent de la France. Le lui reprocherons-nous. Messieurs? Ah I devant ces splendeurs, pĂąles ombres pourtant dans leur magnificence de tant de chefs-d'Ćuvre anĂ©antis en des jours de barbarie, de honte et de malheur, je me tais, et j'ad- mire ou plutĂŽt je m'Ă©crie PlĂ»t Ă Dieu que nos milliards, au lieu d'enrichir l'Etranger, aient ainsi pu toujours orner, em- bellir notre France 1 » VoilĂ , Messieurs, l'exposĂ© aussi frauc que possible, je le â 83 â crois du moins, de la vĂ©ritable histoire. J'ai Ă©tĂ©, je l'avouerai, plutĂŽt favorable qu'hostile Ă Diane, parce que, sans oser me prononcer sur elle, je suis intimement persuadĂ© que Ton a noirci Ă plaisir cette intĂ©ressante figure. t Je terminerai comme j'ai commencĂ©, en souhaitant qu'un autre plus habile et plus autorisĂ© que moi fasse la lumiĂšre sur cette question importante, et je n'ai plus, Messieurs, qu'Ă vous remercier de votre attention si bienveillante, Ă m'excuser d'en avoir si longtemps abusĂ©. » M. Met-Gaubert lit un travail de M. l'abbĂ© Vilbert sur le mĂȘme sujet. Prenant Diane Ă sa naissance, M. l'abbĂ© Vilbert montre quelle Ă©ducation forte et sĂ©vĂšre elle a reçue; il la dĂ©- clare innocente des infamies dont on a souillĂ© sa mĂ©moire ; il s'appuie sur une lettre rimĂ©e, piĂšce inĂ©dite de MĂ©lin de Saint- Gelais, qu'Henri II Ă©crivait d'Anet Ă Catherine de MĂ©dicis en couches Ă Saint-Germain. Il conclut en affirmant que les relations de Diane avec Henri II n'Ă©taient que des relations de reconnaissance et d'amitiĂ©. M. Fortin pĂšre, de Dreux, Ut ensuite une description des Ă©lĂ©gantes sculptures que prĂ©sentent encore les ruines du chĂą- teau de Sorel. Le voyageur qui prend Ă Dreux la ligne de Louviers pour venir Ă Anet, par exemple voit sur sa droite, aprĂšs avoir fran- chi la station de Marcilly-sur-Eure, se dresser, sur un mamelon dominant la vallĂ©e, une haute maison isolĂ©e dont l'aspect in- dique un manoir en ruine. » Pour l'homme affairĂ© ou seulement indiffĂ©rent qui passe outre, c'est une insignifiante masure; pour l'artiste, dont la curiositĂ© investigatrice est toujours en Ă©veil, c'est peut-ĂȘtre ime mine de souvenirs architectoniques ou de dĂ©tails pittoresques Ă exploiter; pour moi, il suffisait que ce fĂ»t le vieux chĂąteau de Sorel pour que j'en fisse le but d'une excursion je l'ai rĂ©aUsĂ©e, j'en ai gardĂ© bon souvenir; permettez-moi, je vous prie, de vous en entretenir un instant. » L'escarpement sur lequel les ruines de ce vieux chĂąteau sont assises, s'avance conune un promontoire au-d^sus du vil- lage de Sorel dont les maisons s'Ă©tagent sur la dĂ©clivitĂ© de la - 84 - colline, et baignent, pour ainsi dire, leurs jardins dans les eaux de la riviĂšre d'Eure, qui coule au pied mĂȘme de la pente. J'avais hĂąte de gagner la plate-forme du chĂąteau pour y par- venir la montĂ©e est rude, mais aussi le coup d'Ćil dont on jouit Ă cette hauteur est splendide , et Ton s'y arrĂȘte irrĂ©sistiblement. Le vieux manoir est lĂ Ă nos pieds , et dĂ©jĂ nous pouvons en scruter les dĂ©tails comme autant de points de repĂšre que nous retrouverons tout Ă l'heure. DerriĂšre nous la forĂȘt de Dreux Ă©tend au loin ses ombrages sĂ©culaires; en bas, de l'ouest au nord et formant presque un demi-cercle, de Saint-Georges jusque dans les profondeurs de l'horizon du cĂŽtĂ© de Bueil, la vallĂ©e de l'Eure Ă©tale le vert tapis de ses prairies, coupĂ©es çà et lĂ de rideaux de peupliers sous lesquels se rĂ©vĂšlent les murs blanchis et les rouges toitures d'habitations isolĂ©es ou compactes, se- mĂ©es comme Ă plaisir pour couper la monotonie de la teinte. A gauche, voici Marcilly; plus prĂšs, le domaine de Brazais, puis le Buisson, Saint- Liphard, Moussel, Croth, et d'autres encore dont les dĂ©tails se perdent dans le vague des lointains. En face, sur les pentes qui limitent la vallĂ©e et forment la rive gauche de l'Eure, se dessinent les bois de Saint-Laurent et la forĂȘt de Roseux ; leurs masses sombres descendent , en mame- lons arrondis et successifs , sur les terrains infĂ©rieurs chargĂ©s de cultures variĂ©es aux couleurs chatoyantes ; l'Ćil se plait Ă suivre ces ondulations au bas desquelles la riviĂšre promĂšne ses eaux qui brillent comme un ruban d'argent sur l'Ă©meraude de la vĂ©gĂ©tation. A certain moment une colonne de fumĂ©e blan- chĂątre se dĂ©tache au-dessus de ces massifs de verdure, conune im panache immense qui grossit en approchant c'est un train qui passe et rompt quelque peu, par son bruissement prolongĂ©, le calme des hauts lieux oĂč nous sommes; mais bientĂŽt le silence se rĂ©tablit et nous reprenons instinctivement la contem- plation de l'intĂ©ressant panorama qui se dĂ©roule sous nos yeux charmĂ©s. » Il est temps nĂ©anmoins de porter nos investigations sur la Masure, sur le ChĂąteau de Sorel, veux-je dire. Loin de moi toutefois l'idĂ©e d'aborder la recherche de ses origines cette tĂąche est au-dessus de mes forces et de mon modeste savoir. Qu'il ait Ă©tĂ© construit sur les ruines d'une ancienne forteresse possĂ©dĂ©e au*XJP siĂšcle par Gervaisde ChĂ teauneuf, et conquise par Henri I" d'Angleterre; et M"'' Philippe Lemaitre, dans sou - 85 - Histoire de la ville et du chĂąteau de th^eux, ne nous a-t-elle pas Ă©difiĂ©s Ă ce sujet, en nous dĂ©taillant les vicissitudes qui ont accompagnĂ© la possession de cette seigneurie jusqu au jour oĂč Pierre SĂ©guier^ prĂ©sident Ă mortier du Parlement de Paris, en fit acquisition, en 1549, de Marie d'Albret, comtesse de Dreux et duchesse de Nevers. Ce que j*ai eu dĂ©sir de voir, c est le chĂą- teau de Sorel , tel quil est aujourd'hui, ruinĂ©, abandonnĂ©, s' effondrant peu Ă peu dans le dĂ©laissement le plus complet, mais cachant sous ses ruines des dĂ©tails pittoresques et char- mants, trop nĂ©gligĂ©s, oubliĂ©s peut-ĂȘtre; et pourtant il y a lĂ , disons-le, pour quiconque oserait l'entreprendre, une rĂ©colte Ă faire de bons*et nombreux croquis. » La partie la plus attrayante du chĂąteau, celle qui frappe d*abord le regard , est le joU portail Ă fronton circulaire et Ă double face qui donnait entrĂ©e dans la cour ^ BĂąti par Marguerite de la Guesle, veuve de Pierre SĂ©guier, 3 du nom, il est encore dans un parfait Ă©tat de conservation ; isolĂ© sur le bord de Tes- carpe de l'enceinte qu'il domine de toute sa hauteur, il Ă©tait joint Ă la rive opposĂ©e par un pont jetĂ© sur trois piles en ma- çonnerie. Ces piles surgissent encore du fond du fossĂ© , mais elles sont veuves des poutres qu'elles supportaient naguĂšres le pont n'existe plus , et pour pĂ©nĂ©trer dans la cour, il faut, en suivant le fossĂ© , chercher Ă l'orient de la motte du chĂąteau , mie porte d'un difficile accĂšs percĂ©e dans un mur de clĂŽture que couronnent des crĂ©neaux en briques. » Le portail dont il s'agit est surtout remarquable par les sculptures qui ornent, sur chaque face, les tympans du fron- ton. Ce sont des gĂ©nies ailĂ©s servant de supports Ă un Ă©cusson composĂ© de huit blasons reprĂ©sentant les armoiries des SĂ©guier et des familles qui leur Ă©taient alliĂ©es. La face extĂ©rieure est ornĂ©e d'une frise sur laquelle courent des vĂ©gĂ©tations en arabesques avec im mascaron central, et, faisant suite Ă cette frise, Ă la partie supĂ©rieure des pilastres , est un chiffre enlacĂ© dans une couronne de laurier; ce chiffre est, dit-on, formĂ© par les ini- tiales de Louise-Marie SĂ©guier , fille de Pierre et de Marguerite de la Guesle. Du cĂŽtĂ© de l'intĂ©rieur, la frise est dĂ©pourvue d'or- nements, mais les pilastres portent des corbeilles pleines de * Nous avons reproduit une lithographie de ce portail de Sorel , avec une notice due Ă M. Ăd. LefĂšvrc, t. I, p. 18. -86^ fruits , et sur le sommet du fronton , dans l'espace , un vase ornĂ© de fleurs et deux statues assises, regardant dehors et ap- puyĂ©es sur des corbeilles Ă©galement pleines de fruits et de fleurs, complĂštent la dĂ©coration. Ce portail est trĂšs -Ă©lĂ©gant et Taspect en est trĂšs - agrĂ©able les gĂ©nies surtout, dans la variĂ©tĂ© de leurs attitudes et le modelĂ© de leurs formes, rĂ©vĂšlent VhabiletĂ© de la main qui les a fait sortir de la pierre. » Quelle qu'en ait Ă©tĂ© la cause, le corps principal du logis a disparu sous la pioche des dĂ©molisseurs ; il n'en reste plus que l'angle oriental composĂ© d'un pavillon bĂąti en pierres et briques entremĂȘlĂ©es; deux Ă©normes cheminĂ©es en briques, Ă moulures, surmontent sa toiture pyramidale, qui est efTondrĂ©e en, plusieurs endroits et montre ses chevrons Ă nu. L'abandon venu, les plantes parasites ont pris possession des parois effri- tĂ©es par le temps, et achĂšvent lentement mais sĂ»rement la ruine de ce manoir dont les propriĂ©taires, semble-t-il, n*ont plus au- cun souci. » Une porte Ă fronton surmontĂ© d'un Ćil de bĆuf, sise prĂšs de l'angle qui raccordait la façade intĂ©rieure du grand bĂątiment avec le pavillon, donne entrĂ©e dans ce pavillon et voici l'escalier. AmĂšre dĂ©ception I la partie supĂ©rieure de l'es- calier est absente , de sorte qu'il nous est impossible d'atteindre le premier Ă©tage. Dans la piĂšce du rez-de-chaussĂ©e oĂč nous en- trons, est ime cheminĂ©e en pierre, dont le manteau est sculptĂ© dans le style de la Renaissance heureuse trouvaille qui mĂ©rite certainement d'ĂȘtre Ă©tudiĂ©e, disons mieux, qui mĂ©riterait d'ĂȘtre prĂ©cieusement conservĂ©e. Un mĂ©daillon carrĂ©, Ă moulures, encadrait sans doute un tableau; le tableau a Ă©tĂ© enlevĂ©, le cadre est vide. Les quatre angles sont ornĂ©s d'arabesques en enroulements, d'un fort relief, et d'oĂč s'Ă©chappent des vĂ©gĂ©ta- tions et des fleurs ; de petits panneaux rectangulaires et des consoles accompagnent cette dĂ©coration qui est couronnĂ©e par une corniche Ă doucine. On dit qu'une cheminĂ©e du mĂȘme style existe au premier Ă©tage il est regrettable de ne pouvoir en acquĂ©rir la certitude, l'escalier dĂ©moli n'en permet pas l'accĂšs. » Sous la grande chambre du rez-de-chaussĂ©e est ime piĂšce souterraine, la cuisine, je crois, elle n'offre rien de remar- quable. r> Ne voulant point mettre plus longtemps votre patience Ă - 87- rĂ©preuve, je m'arrĂȘte; mais, eu terminant cette causerie dĂ©jĂ longue, je rĂ©pĂšte Ă dessein que le chĂąteau de Sorel, dans son Ă©tat actuel , m'a semblĂ© trĂšs-intĂ©ressant Ă visiter pour ceux qui aiment Ă rencontrer, avec l'imprĂ©vu , le pittoresque et TagrĂ©able, et j'ajoute volontiers que j'ai la conviction qu'on y peut trouver sans peine des motifs suf&sants d'ime ample rĂ©colte de croquis et d une aimable distraction. » La sĂ©ance est terminĂ©e par la lecture d'un petit poĂšme de M. Le Goux, de Coulombs, et intitulĂ© le Coin du Feu, rLE COIN DU FEU. A mon ami DROUET. C'Ă©tait par un jour triste et brumeux de dĂ©cembre ; Un froid gris, pĂ©nĂ©trant, me clouait dans la chambre Enfoui mollement dans les coussins soyeux D'un grand fauteuil sculptĂ© pour de nobles aĂŻeux , Je suivais du regard , dans le foyer de marbre , Les elForts de la flamme Ă©treignant un tronc d'arbre ; Je voyais la Bacchante, enlacĂ©e au gĂ©ant, Sous ses baisers de feu , le rĂ©duire Ă nĂ©ant , Et je pensais alors que la vie , en ce monde , Est le but incessant d'une haine profonde, Que , dĂšs les premiers jours de la crĂ©ation , La Souffrance , la Mort et la Destruction Ont, en se partageant leur vaste et triste empire. JurĂ© guerre implacable Ă tout ce qui respire. Que, pour l'homme lui-mĂȘme, il vient, hĂ©las ! un jour OĂč sonne le dĂ©part, le dĂ©part sans retour Et qu'il ne reste enfin , d'une existence entiĂšre , Qu'un tertre qui s'affaisse au fond d'un cimetiĂšre !... Celui-lĂ , cependant, dont le front a pĂąli Sous l'Ă©clair du gĂ©nie , est sauvĂ© de l'oubli -. Il saura s'affranchir de la dure tutelle; ^ Le Temps consacrera sa pensĂ©e immortelle ; Qu'elle ait, pour s'affirmer Ă l'esprit des humains* PUs la plume en ses doigts ou l'Ă©pĂ©e en ses mains , Qu'elle ait su reculer les bornes du possible , Animer une toUe ou le marbre Insensible , Elle est impĂ©rissable !... et l'assaut de la Mort Se brisera contre elle en impuissant effort ! â 88 â CoĂčime un rayon vainqueur qui dissipe la nue, La consolante idĂ©e Ă©tait soudain venue Ăclairer l'horizon , alors que mon regard Initiait mon Ăąme aux mystĂšres de Part. J'Ă©tais enseveli sous la magniflcence Du lieu que j'habitais , fleur de la Renaissance Dont les siĂšcles avaient transformĂ© la beautĂ© En noblesse , et la grĂące en fiĂšre majestĂ© ; Il semblait que l'artiste eĂ»t ordonnĂ© la salle Pour des hommes de race Ă©teinte et colossale Dans un large foyer brĂ»lait un feu d'enfer De troncs d'arbres entiers, sur les chenets de fer; Deux faunes soutenaient la vaste cheminĂ©e , Ćuvre de Jean Goujon , fouillĂ©e et blasonnĂ©e , Et , dans un mĂ©daillon de marbre pur de fil , Ătait sculptĂ© d'un preux l'Ă©nergique profil ; Sur de puissants corbeaux, les poutres accoudĂ©es Supportaient un plafond haut de quinze coudĂ©es, OĂč les fonds azurĂ©s de splendides caissons S'Ă©toilaient de lys d'or et de fiers Ă©cussons ; Les hauts lambris Ă©taient en chĂȘne de Hollande ; L'attribut symbolique et la fraĂźche guirlande Formaient une bordure aux poĂšmes d'amour , Aux assauts furieux escaladant les tours , Aux chasses dans les bois , aux tournois dans la lice Que mainte chĂątelaine avait, sur haute lisse, TissĂ©s de sa main blanche , alors que son Seigneur Combattait aux saints lieux pour le Christ et l'honneur ! Un discret demi-jour Ă©clairait ces tentures ; Des vitraux, enchĂąssĂ©s dans leurs frĂŽles ner\'ures, Comme les fins bijoux des anciens ciseleurs. Tamisaient la lumiĂšre Ă travers leurs couleurs , Et , reflĂ©tant parfois leurs fleurs , leurs armoiries , Les dalles s'Ă©maillaient d'or pur, de pierreries Qu'un rayon de soleil parsemait en ce lieu. SĂ©jour mystĂ©rieux de quelque demi-Dieu ! Aussi, lorsqu'Ă©tranger , d'un pas distrait encore. Pour la premiĂšre fois, de la voĂ»te sonore. On rĂ©veillait l'Ă©cho, les pieds, au marbre froid, Se fixaient de respect j'adlais dire d'effroi 11 semblait qu'on troublĂąt la paix d'un sanctuaire Ou que Ton profanĂąt un sacrĂ© reliquaire ! Quatre Ă©normes griffons, en plein chĂȘne taillĂ©s. Par un vaillant ciseau largement travaillĂ©s , Supportaient, menaçants dans leur pose agressive. - 89 â Au milieu de la salle, une table massive; Sur son tapis Ă jours de guipure en fin lin , De rares manuscrits conservaient, sur vĂ©lin, Les types , les secrets d'Ă©tranges Ă©critures EncadrĂ©s dans les fleurs de leurs miniatures. Pour consulter ces sphynx , des trĂŽnes naufragĂ©s Tendaient aux visiteurs leurs larges flancs frangĂ©s De clous d'or, revĂȘtus de cuirs dont l'arabesque Attestait l'origine espagnole-mauresque. Et, jaloux de la palme, en ce noble concours, Les buffets oĂč les fleurs enlaçaient les Amours, Les cabinets, rivaux des chefs-d'Ćuvres antiques, Epaves surnageant des siĂšcles artistiques, Mariaient, confondaient, dans un goĂ»t achevĂ©, L'Ă©bĂšne somptueuse et l'ivoire gravĂ© , L'Ă©caillĂ© avec le bronze et le rustique chĂȘne Avec le fer forgĂ© !... Libres, sans loi ni chaĂźne. Leurs puissants bas-reliefs retraçaient tour-Ă -tour Le Christ et les faux Dieux, la Mort prĂšs de l'Amour. Le corps roide , anguleux , dans un cadre sĂ©vĂšre , JĂ©sus agonisait au sommet du Calvaire, Ou , purs comme un camĂ©e et rayonnants encor Du feu qui les conçut , dans un charmant dĂ©cor, ActĂ©on surprenait au baui la Chasseresse La mer berçait VĂ©nus, la blonde enchanteresse. Et, sur tous ces trĂ©sors, le Temps aux pieds d'airain Imprimait, en fuyant, son cachet souverain ! Les robustes bahuts et les sveltes crĂ©dences Phaient sous leurs fardeaux de royales faĂŻences ; Sur un meuble incrustĂ© de marbres et d'Ă©maux , Une horloge comptait le temps Ă pas Ă©gaux; Son timbre musical avait sonnĂ© les heures De trois siĂšcles passĂ©s en de nobles demeures Elle avait vu tomber les gĂ©nĂ©rations , Poindre, briller, pĂąlir bien des ambitions Et, sur le cadran d'or, son aiguille insensible Poursuivait lentement sa carriĂšre inflexible !... Inflexibles aussi , sur leur fier piĂ©destal , Dans l'immobilitĂ© rigide du mĂ©tal , Deux armures veillaient, aprĂšs la triple Ă©preuve Du baptĂȘme de sang , de flamme et d'eau de fleuve ; L'artiste avait couvert les fĂ©odaux engins , Avec un goĂ»t exquis , de dĂ©licats dessins ; Mais, les jours de combat, parmi les ciselures. Tome VI. Y. â 90 â L'Ă©pĂ©e avait tracĂ© de larges Ă©raflures. Sur leurs fronts menaçants, on voyait flamboyer. PrĂȘtes , pour la bataille , Ă quitter mon foyer, Les armes d'Orient, de France et d'Italie, Brillant faisceau d'Ă©clairs rangĂ©s en panoplie , Et pour couronnement, quelques rares tableaux. Dans leurs bi^rdures d'or, encadraient leurs panneaux Un ProphĂšte, Ă grands traits, brossĂ© par Michel-Ange; Un RaphaĂ«l la Vierge , avec JĂ©sus et l'Ange ; Une Grande-Duchesse , Ćuvre du Titien , Splendide comme un soir d'Ă©tĂ© vĂ©nitien ; Une page imposante , Ă©trange , fantastique Qu'avait pu seul rĂȘver un pinceau germanique ; Un rabbin de Rembrandt oĂč, d'un sublime trait, Le maĂźtre avait clouĂ© l'Ăąme sur le portrait ; Un Van-Eyck , un Holbein que l'art pur divinise Opposaient aux tons froids des miroirs de Venise La magie Ă©clatante et le feu des couleurs ! Enfin , dans l'angle ombreux , dĂ©robant leurs douleunf , Les GrĂąces, l'Apollon et la VĂ©nus antiques Semblaient, de mon foyer, les lares domestiques; DĂ©pouillĂ©s des grandeurs et de leur vanitĂ©. Ils gardaient le reflet de l'immortalitĂ©; Le prestige de l'art, du culte et des annĂ©es PoĂ©tisait encor leurs tristes destinĂ©es ; Gomme des rois dĂ©chus et par le monde errants. Mais qui, mĂȘme en exil, savent demeurer grands, Ces marbres surhumains, pour l'Ćil qui les contemple. Ătaient toujours des Dieux adorĂ©s dans leur temple !.., Or, par ce jour d'hiver, par ce ciel sombre et gris, Mon foyer reflĂ©tait, sur ces nobles dĂ©bris. Ses clartĂ©s, sa chaleur, sa vie et sa puissance; Ils semblaient revĂȘtus d'une nouvelle essence. AnimĂ©s par l'esprit invisible du lieu. Semblables au limon sous le souffle de Dieu ! Et j'admirais comment l'intelligence humaine, A force de labeur, Ă©largit son domaine , Comment, avec l'esprit, divin fĂ©condateur, L'homme peut, Ă son tour, devenir crĂ©ateur ! Car, avant d'obĂ©ir Ă sa pensĂ©e altiĂšre , Qu'Ă©taient ces trĂ©sors d'art, sinon vile matiĂšre ? Avant de fasciner nos regards Ă©blouis. Qu'Ă©taient ces blocs grossiers sous la terre enfoui». Ces arbres qu'ont pĂ©tris la lumiĂšre et les ombres. Cet or que le sol cache en ses entrailles sombres. â 91 â Ces diamants , Ă©clairs figĂ©s dans le rocher Et ces perles qu^au gouffre il fallut arracher ? Qu'Ă©taient-ils donc de plus que cette fange vile Qu'AdonaĂŻ trouva complaisante et servile?... Rien de plus, rien de moins *. fĂ©conds germes perdus. Gisements ignorĂ©s , atomes confondus ÂŁt que, de siĂšcle en siĂšcle, un travail sans relĂąche , Un labeur sans repos, une incessante tĂąche Ont tirĂ©s de la nuit et du nĂ©ant obscur. Pour leur donner de TArt le cachet le plus pur ! Mais au pouvoir de l'homme il est une limite Qu'il ne peut dĂ©passer Dans la sphĂšre interdite Est scellĂ© le secret que Dieu s'est rĂ©servĂ© Et qu'il a, pour lui seul, Ă jamais conservĂ©. De semer, s'il lui plait, de moissonner les Ăąmes Qui seules, de la vie, alimentent les flammes. Nous pourrons arracher leurs trĂ©sors aux bas-fonds , DĂ©couvrir des secrets terribles ou profonds , Ă l'air, Ă la lumiĂšre emprunter leurs mirages, Egarer notre esprit en de trompeurs parages Et , brisant les liens mis Ă notre pouvoir. RĂȘver ce que nos sens ne peuvent concevoir, Nous ne ferons jamais que notre Ćuvre incomplĂšte Formule une pensĂ©e oĂč l'Ăąme se reflĂšte Sous la couleur, la toile a l'uniformitĂ©. Le marbre, sous la forme, a la rigiditĂ©; Ils font battre le cĆur et tressaillir la fibre. Mais ils n'ont rien en eux qui rĂ©sonne et qui vibre !... N'importe ! Cest assez pour te rendre immortel , Homme , c'est lĂ le prix du terrestre cartel ! Tu portes dans ton ĂȘtre, au pli le plus intime. De tes destins futurs , le cachet lĂ©gitime GĂ©nie aux ailes d'or qui monte Ă FOrient , Ton Ăąme, par degrĂ©s, s'Ă©lĂšve en souriant. Et lorsque, dans ton Ćuvre, elle apparaĂźt entiĂšre. Gomme une vision au sein de la lumiĂšre, Elle nous fait planer en des champs radieux Qui n'ont rien de la terre et sont voisins des cieux !,., Cet Ă©trange pouvoir t'a fait, dans la nature, Le souverain seigneur de toute crĂ©ature ! Sois-en fier, car Thonneur que rien ne peut ternir, La gloire , ce flambeau qu'allume l'avenir. Feront une aurĂ©ole Ă ton nom , et l'Histoire , Sur son livre immuable , inscrira ta victoire l - 92 - Adieu, temple imposant, oĂč, des siĂšcles passĂ©s, Reposent les dĂ©bris , naguĂšre dispersĂ©s ! Adieu , divins trĂ©sors dont l'Ă©loquent silence Est un hymne Ă©ternel qui, du passĂ©, s'Ă©lance Pour cĂ©lĂ©brer des jours oĂč le gĂ©nie humain , D'un monde inexplorĂ© , sut trouver le chemin ! Comme vos crĂ©ateurs, choisis par Dieu lui-mĂŽme, Qui puisaient sans relĂąche Ă la source suprĂȘme Et qui veillent sur nous du fond de leurs tombeaux , Vous attendez des Arts les apĂŽtres nouveaux ; Mais l'Ćil, interrogeant un ciel morne, incolore. Ne voit Ă l'horizon nul astre prĂšs d'Ă©clore. Depuis son imposante et GĂšre Ă©ruption, Le volcan refroidi dort dans l'inaction Kt , de nos pĂąles jours , dĂ©sespĂ©rant l'envie , Vous faites leur tourment... et vous charmez ma vie !... Adieu I je reviendrai , tant que battra mon cĆur. Rendre un constant hommage Ă votre attrait vainqueur, Pendant que, de la nuit, perçant le sombre voile. Les hommes chercheront la lumineuse Ă©toile !... M. de Fiers prend enfin la parole pour remercier au nom de tous le chĂątelain d*Anet. Messieurs, dit-il, certain d'ĂȘtre l'in- terprĂšte fidĂšle de vos sentiments, je m'empresse de remercier M. Moreau de l'hospitalitĂ© splendide, laissez -moi ajouter de l'hospitalitĂ© cordiale, qu'il a bien voulu offrir Ă la SociĂ©tĂ© Ar- chĂ©ologique d'Eure-et-Loir. » Nous en emporterons un souvenir profondĂ©ment reconnais- sant; qu'il nous soit permis de le lui dire, Ă nous qui rencon- trons Ă chaque pas, qu'il s'agisse de munificence, de science ou d'administration , la trace de ses bienfaits. » Des applaudissements soulignent ces paroles; ils redoublent encore quand, avec une amabilitĂ© exquise, M. Moreau dĂ©clare que la meilleure façon de le remercier de l'hospitalitĂ© qu'il est heureux d'offrir Ă Anet, c'est d'y revenir souvent. La sĂ©ance est levĂ©e Ă trois heures et demie. AussitĂŽt aprĂšs, sous l'obligeante conduite de M. Moreau et de son frĂšre, com- mence la visite du chĂąteau en tous ses dĂ©tails. Appartements privĂ©s, souvenirs de tout genre, richesses archĂ©ologiques de toute espĂšce, rien n'Ă©chappe Ă l'Ćil curieux des visiteurs. â 93 â M. Moreau nous reconstitue Thistorique de tous ses trĂ©sors, et nous admirons ce qu'il a fallu de temps, de persĂ©vĂ©rance pour refaire de ce domaine quont laissĂ© les rĂ©volutions, TAnet si heureusement restaurĂ© que nous avons sous les yeux. Appartements particuliers de Diane, tout, jusqu Ă l'ancienne chapelle mortuaire, tout est visitĂ©; et puis enfin, toujours sous la conduite de nos guides , nous nous rĂ©pandons dans le parc sĂ©culaire d'Anet, oĂč nous nous promenons jusqu'Ă six heures, moment fixĂ© pour le dĂ©part. SĂANCE DU 6 JUILLET 1876. PrĂ©sidence de M. P. Durand. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture et l'adoption des deux procĂšs-verbaux des derniĂšres rĂ©unions tenues Ă Chartres et Ă Anet. Etaient prĂ©sents MM. P. Durand, Met-Gaubert, Chavaudret, de Bertheville, Famin, l'abbĂ© Foucault, Girouard E., Gil- bert P.> Hue, Legrand, Lecocq, Le Goux, Ravault et SauttonE.. Des regrets sont exprimĂ©s Ă l'Ă©gard d'un de nos confrĂšres dĂ©cĂ©dĂ©, M. Jarry pĂšre, d'OrlĂ©ans. DĂ©pĂŽt du travail de M. Dagron-Rousseau , Ătude sur les ori- gines de BrouĂ©. â Renvoi Ă l'examen de la Conmiission de pu- blication. Lecture, par le SecrĂ©taire, d'un MĂ©moire de M. BrĂ©ville, de Dreux, et intitulĂ© Causerie sur la Recherche des vieux Livres. â Renvoi Ă la Commission de pubUcation. Mesdahes et Messieurs, Ce n'est pas sans Ă©motion que je prends la parole Ă Toccasion de cette solennitĂ© scientifique et littĂ©raire , dans ce lieu magnifique si heurcuse- I - 94 ment rendu Ă sa splendeur primitive, et oĂč le souvenir des grandeurs du passĂ© s*imposo avec une irrĂ©sistible puissance \ Je laisse Ă mes Ă©rudits confrĂšres le soin de parler savamment et Ă©lo- quemment do la Ville d'Ănet et de ce chĂąteau royal oĂč se passĂšrent jadis tant de brillantes fĂȘtes, et peut-ĂȘtre aussi de sombres drames, dont Pambition et surtout Tamcor fuoent les pmssasitB BsdHles. Mon but, beaucoup plus facile, se borne Ă unesimde cameiie sur les vieux livres. Tout d^abord, Mesdames et Messieurs, il faut yous faire un aveu qui ne vous Ă©tonnera pas, c'est que, gĂ©nĂ©ralement, tous les membres de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique ont une prĂ©dilection particuliĂšre pour tout ce qui touche au passĂ©. Parmi nous , les uns s^adonnent avec passion Ă la recherche des vieux meubles, des Ă©maux, des vieilles faĂŻences; les autres recherchent les mĂ©dailles et les monnaies anciennes , les tableaux, les bijoux, les livres, les armes, etc., en un mot, tout tĂ©moin des temps passĂ©s, objet d'art ou fruste informe, excite notre curiositĂ© et, pourquoi le nier, trĂšs- souvent notre convoitise. G*est ainsi que, dans certains cabinets d'amateurs que nous pourrions citer, le passĂ© ressuscitĂ© se montre glorieusement aux regards Ă©mer- veillĂ©s du visiteur, qui ne s'arrache qu'avec peine Ă la contemplation des Ćuvres d'art sans nombre rĂ©unies grĂące aux patientes et infatigables recherches de leurs intelligents et heureux propriĂ©taires. Mais il n'est pas donnĂ© Ă tous de possĂ©der ces richesses archĂ©olo- giques et artistiques, Ă la recherche desquelles souvent des existences entiĂšres se sont consacrĂ©es et qui reprĂ©sentent un capital considĂ©rable. Cependant, pour tout homme de bonne volontĂ©, accessible aux plaisirs de l'intelligence, qu'il soit riche ou pauvre, il est un genre de recherches encore aujourd'hui bien nĂ©gligĂ© et dan^ lequel , nĂ©anmoins , on peut fabe, Ă trĂšs-bon marchĂ©, de fort belles trouvailles. Je veux parler de la recherche des vieux livres, et, Ă ce propos, per- mettez-moi. Mesdames et Messieurs, d'essayer de vous dĂ©peindre le sort, souvent fort triste, de ce produit de la pensĂ©e et de l'industrie humaines. En vous parlant ainsi, je ne sais si j'obĂ©is aussi Ă une prĂ©dilection particuliĂšre, mais je vous avoue, en toute franchise, que je me sens rempli de respect pour les livres sur lesquels deux ou trois siĂšcles ont passĂ©. Ces nionuments muets et cependant parlants de la pensĂ©e humaine, m'inspirent une vĂ©nĂ©ration spĂ©ciale en mĂȘme temps qu'une profonde pitiĂ© pour leur triste destinĂ©e. Le plus souvent on les trouve dans quelques meubles , voire mĂȘme dans les greniers , gisant honteusement sous une Ă©paisse couche de * Ce mĂ©moire avait Ă©tĂ© prĂ©parĂ© pour la sĂ©ance publique tenue Ă Ănet. L'abondance des matĂ©riaux eu avait fait diffĂ©rer la lecture. -95- poussiĂšre, mĂ©prises, avilis, jusqu'au jour oĂč leur misĂ©rable destinĂ©e les amĂšnera sur quelque place publique pour les livrer Ă do nouveaux liasards qui les feront disparaĂźtre sans retour. AssurĂ©ment leur valeur est alors prisĂ©e beaucoup au-dessous de celle du papier blanc. MalgrĂ© mon respect pour les vieux livres, je conviens sincĂšrement que cette estimation est le plus souvent mĂ©ritĂ©e et, quoiqu'on puisse dire qu'il n'y a pas de livre oĂč l'on ne trouve quelque chose Ă ap- prendre, franchement il faut reconnaĂźtre que leur valeur intrinsĂšque et surtout morale est parfois bien lĂ©gĂšre et qu'il y a un choix judicieux Ă faire dans le stock immense et toujours croissant des productions de l'esprit humain. Gomme en toutes choses, il faut apporter une certaine rĂ©serve dans cette recherche, car, autrement, l'amour du livre conduirait bien vite Ă la bibliomanie et on courrait le risque de voir sa demeure s'emplir, du rez-de-chaussĂ©e jusqu'aux combles, d'une foule immense de bouquins sans valeur, dont la lecture fastidieuse Ă laquelle d'ailleurs on ne se livrerait pas exigerait et au-delĂ tous les instants de la vie humaine. Aussi si je recommande la recherche des vieux livres comme pouvant procurer des plaisirs agrĂ©ables, il est bien entendu qu'il ne s'agit que des livres qui ont valu Ă leurs auteurs une juste renommĂ©e , et qui peuvent, Ă bon droit, orner toute bibliothĂšque si modeste qu'elle soit. Cette condition restreint singuliĂšrement la recherche Ă laquelle chacun peut se livrer, car si le nombre des livres est prodigieux , la qualitĂ© en est beaucoup plus rare , et un bon livre peut ĂȘtre comparĂ© au diamant. Malheureusement trop souvent les livres anciens nous parviennent dans un Ă©tat matĂ©riel dĂ©plorable, dĂ» Ă leurs pĂ©rĂ©grinations sans nombre. Il faut alors recourir Ă Tart du relieur pour en assurer la conservation. Heureux, trois fois heureux s'il vous est permis de faire appel au talent des Cape, des Chambolle, des DĂ©rĂŽme et de leurs Ă©mules pour redonner Ă vos livres un lustre qu'ils ont perdu ou qu'ils n'ont peut-ĂȘtre jamais connu. rai rintention, dans cette simple causerie, de ne m'occuper des livres qu'au point de vue des sensations intellectuelles qu'ils procurent et je laisserai de cĂŽtĂ© la question artistique qu'il ne m'appartient point d*aborder et pour laquelle il faudrait le talent et les hautes connais- sances de bibliophiles aussi distinguĂ©s que TĂ©taient M. Jacques-Charles Brunet, M. Jules Renouvier et M. Ambroise Firmin Didot, dont le sou- venir est dĂ©sormais impĂ©rissable. Pour un amateur passionnĂ© cette question a une haute importance parfaitement justifiĂ©e, du reste, par le mĂ©rite artistique des admirables livres ornĂ©s de gravures, publiĂ©s du XV* au XVI* siĂšcle par Simon Vostre, Antoine VĂ©rard, Geofroy Tory, les Estienne, etc; puis, il faut bien le dure , tel livre ancien , dont la lecture sera peu intĂ©ressante , acquerra une grande valeur s'il est ornĂ© d'une riche reliure aux armes , par exemple, de Henri II et au chiffre de Diane de Poitiers. â 96 â Je suis trop ami du livre et de tout oe qui s'y rapporte pour ne pas comprendre et partager cet engouement. Il y a lĂ une question d'art qui s'impose Ă ceux qui ont pu voir et admirer certains livres d'Heures ornĂ©s et dĂ©corĂ©s avec un luxe et un goĂ»t exquis, mais il faut ĂȘtre privilĂ©giĂ© pour possĂ©der quelques-unes de ces richesses artistiques qui sont introuvables aujourd'hui. Je dĂ©sirerais , Mesdames et Messieurs , faire partager Ă tout le monde ce goĂ»t du vieux et de l'antique dont les membres de la SociĂ©tĂ© archĂ©o- logique sont presque tous possĂ©dĂ©s. En ce qui concerne plus particuliĂšrement les livres , je voudrais pou- voir vous exprimer la saveur et le plaisir qu'un vĂ©ritable amateur res- sent Ă lire les chefs-d'Ćuvre de notre littĂ©rature dans leur Ă©dition origi- nale. Par un singulier phĂ©nomĂšne psychologique, les annĂ©es disparaissent de la mĂ©moire du lecteur, qui se fait illusion au point de se croire con- temporain de Tauteur dont il possĂšde entre les mains une preuve 4rrĂ©- cusable d'existence. On aime alors Ă juger l'Ćuvre cĂ©lĂšbre comme si elle venait d'ĂȘtre donnĂ©e au public pour la premiĂšre fois le passĂ© redevient un instant le prĂ©sent, et cette illusion, pleine de charmes, ne cesse que lorsqu'on quitte le livre pour rentrer dans la rĂ©alitĂ©. Attachons -nous donc Ă nous procurer, si faire se peut, les plus an- ciennes Ă©ditions des chefs-d'Ćuvre de nos maĂźtres en littĂ©rature , science et poĂ©sie, chacun selon nos goĂ»ts et nos prĂ©fĂ©rences particuliĂšres, et nous serons amplement rĂ©compensĂ©s de nos peines et de nos recherches si nous parvenons Ă lire et Ă admirer , dans leur forme originale , les Ćuvres des Bossuet, des FĂ©nelon, des Pascal, des Boileau, des Cor- neille , des Racine , etc. Cependant il ne faut pas que notre penchant pour les anciens nous fasse nĂ©gliger les modernes , dont les Ćuvres ont bien quelques droits aussi Ă figurer aux places d'honneur de nos bibliothĂšques, et il serait souverainement regrettable qu'un amour exclusif des anciens nous fĂźt dĂ©laisser les trĂ©sors inestimables que les lettres et les sciences doivent aux travaux des savants modernes. Il est si facile aujourd'hui de se procurer de beaux et bons livres, que tout homme intelUgent serait inexcusable s'il nĂ©gUgeait de profiter de cette prĂ©cieuse prĂ©rogative. GrĂące aux progrĂšs des sciences et de l'industrie, les livres sont main- tenant Ă la portĂ©e de tous. Autrefois c'Ă©tait chose rare et prĂ©cieuse qu'un beau livre, ornĂ© de dessins et de gravures; aujourd'hui c'est chose presque commune. On est parvenu Ă donner, Ă des prix in- croyables par leur modicitĂ© , des livres qui , dans les temps anciens , se fussent vendus au poids de l'or. Cependant il convient de faire une exception en faveur des livres d'art qui auront toujours leur prix et seront constamment recherchĂ©s. Revenons aux anciens et rendons -leur la justice qui leur est due. N'oublions jamais que c'est Ă leurs travaux que nous devons la perfec- tion de notre IxĂźUe langue nationale , ot si parfois nous rencontrons dans - 97 - leurs Ćuvres des inĂ©galitĂ©s et des incorrections de style, soyons res- pectueusement indulgents , car ils rachĂštent toujours ces imperfections inĂ©vitables par une grande qualitĂ© , rare de nos jours , celle de la fran- chise, de la naĂŻvetĂ© et de la bonne foi. Ils Ă©crivaient comme ils pen- saient ; leur foi Ă©tait vive et sincĂšre , et c^est toujours profondĂ©ment attachant de sentir battre vĂ©ritablement le cĆur d'un Ă©crivain en lisant ses Ćuvres. Aussi , sans se borner exclusivement Ă collectionner les chefs-d'Ćuvre des grands Ă©crivains, il est bon aussi de ne pas mĂ©priser les Ćuvres de piĂ©tĂ© dans lesquelles de pieux croyants ont dĂ©posĂ© l'expression suprĂȘme de leur foi , de leurs aspirations et de leurs espĂ©rances. Quelquefois dans ces vieux livres, trop souvent mĂ©prisĂ©s, il se trouve de vrais trĂ©sors de vĂ©ritĂ© et de naĂŻvetĂ© ainsi que des tableaux d'une fraĂźcheur et d'un coloris charmants. Et Ă ce propos , permettez-moi , Mesdames et Messieurs , pour termi- ner cette petite causerie-, de vous citer un exemple des trouvailles que Ton peut fab^ en ce genre. L'an dernier, le hasard me mit en possession d'un volume, vieux de plus de deux siĂšcles, et dont la reliure usĂ©e, polie et douce au toucher, attestait un long service. C'Ă©tait un exemplaire de l'Ă©dition publiĂ©e en 1663, chez SĂ©bastien HurĂ©, d'un Manuel de MĂ©ditations dĂ©votes sur Unu les Evangiles des Dimanches et FĂȘtes de VannĂ©e, par le R. P. BusĂ©e, de la Compagnie de JĂ©sus. Eh bien ! dans ce livre , dont le titre seul aurait peut-ĂȘtre efĂźVayĂ© , fort Ă tort, certains esprits, on trouve des tableaux charmants unis Ă un fonds de vĂ©ritable et solide piĂ©tĂ©. C'est ainsi que , parlant du retour en JudĂ©e de la Sainte Famille, aprĂšs la fuite en Egypte, l'auteur s'exprime ainsi ReprĂ©sentez-vous Venfant Iesvs qui marche comme un petit pĂšle- » rin, non pourtant sans se lasser, encore qu*il se soulage d'un baston. » Voyez ces trois saintes personnes gui se reposent, au chaud du jour, dans des dĂ©serts, sans aucun ombrage, manquant aucunes fois des choses » nĂ©cessaires Ă la vie. Regardez-les, la nuit, retirez en quelque grotte et » couchez sur la terre, » Je ne sais si je juge bien, mais j'avoue que la naĂŻve et pĂ©nĂ©trante simplicitĂ© de ce petit tableau me plaĂźt. Le surtout est d'une ingĂ©nuitĂ© adorable. Sans recherche , sans effort , l'auteur exprime franchement sa pensĂ©e , telle qu'elle se prĂ©sente Ă son esprit, et c'est lĂ prĂ©cisĂ©ment ce qui donne Ă son Ćuvre ce tour simple et naĂŻf qui nous charme encore au- jourd'hui. Ne dĂ©daignons donc pas, dans nos recherches bibliographiques, les vieux livres de piĂ©tĂ© , car ils portent avec eux un caractĂšre tout parti- culier de respect et de vĂ©nĂ©ration. Souvenirs naĂŻfs et Ă©loquents de la foi de nos pĂšres, combien devez -vous ĂȘtre chers, en ces temps de scepti- cisme et de doute , aux Ăąmes sincĂšres , avides de paix et de vĂ©ritĂ© , qui , au milieu des orages, des luttes et des douleurs de la vie prĂ©sente. - 98 - recherchent avec ardeur le phare qui leur permettra de se diriger sĂ»re- ment vers le port ! Tous les hommes sont natureUement curieux, tous apportent, en naissant , une passion invincible d^apprendre et de savoir. JetĂ©s pour un temps trĂšs-court sur le rocher terrestre , pleins d^admiration pour les merveilles prodiguĂ©es en nous et autour de nous, nous nous inquiĂ©tons, Ă bon droit, du mystĂ©rieux voyage que nous accomplissons, et nous cherchons Ă jalonner le chemin au moyen des souvenirs que nous ont laissĂ©s nos devanciers. GTest sans doute lĂ le mobile secret qui nous pousse Ă recueillir toutes les Ă©paves du passĂ© , depuis l'amphore primitive et la hache de pierre , patiemment polie par Thomme celtique, jusqu'aux armes finement cise- lĂ©es par les artistes du XVI* siĂšcle et aux Ă©maux de Bernard de PaUssy. Heureux si nous savons profiter de la haute leçon qui se dĂ©gage de cet amoncellement de richesses , de souvenirs et de ruines , tĂ©moignages saisissants de la fragilitĂ© des choses humaines et qui rappellent si Ă©lo- quemment Ă l'homme que sa vĂ©ritable patrie n'est pas de ce monde. DĂ©pĂŽt par M. Sauttori d'une piĂšce de monnaie d'or trouvĂ©e Ă Nottonville, et de trois autres piĂšces de monnaie roniaine, Tune en argent, les deux autres en bronze. Ces piĂšces seront soumises Ă Texamen et au rapport de M. Bellier de la Chavignerie. Plusieurs membres demandent que tous les objets dĂ©posĂ©s sur le bureau de la SociĂ©tĂ© , Ă titre de don ou de renseigne- ments, soient toujours confiĂ©s Ă un des membres compĂ©tents pour faire un rapport sur ces dits objets. M. Lecocq remet Ă la SociĂ©tĂ© un denier paiisis innonunĂ© 1226-1314, provenant des fouilles de SaulniĂšres. DonnĂ© par M. l'abbĂ© Haret. La sĂ©ance se termine par la lecture que fait le SecrĂ©taire d'une piĂšce de vers de M. Touche , intitulĂ©e VEnfcmt qui prie, â Renvoi Ă la Conunission de publication. L'ENFANT QUI PRIE. Est-il rien d'aussi beau qu'un doux enfant qui prie ? Je ne m'Ă©tonne pas que sa mĂšre sourie Quand ce trĂ©sor de puretĂ©, Vers le Dieu des enfants , comme une onde s'Ă©panche , Semblable au chĂ©rubin versant son Ăąme blanche Au sein de l'immense BontĂ©. â 99 â Opulents, Ă quoi bon ces spl^idides tentures. Ces lustres de cristal rehaussĂ©s de dorures Et ce luxe dans vos salons ? Ces ess^ms d* Amours peints, aux figures fanĂ©es, MĂšres ! ne sauraient rĂ©jouir vos journĂ©es Autant que vos frais enfants blonds. Kt fĂ»t-on Tun des chefs de l'illustre phalange Qui compta dans ses rangs Phidias , Michel- Ange , Ces fiers dompteurs du Paros blanc , Du marbre on ne pourrait, malgrĂ© tant de gĂ©nie. Faire surgir Tenfant et sa grĂące infinie Et son grand Ćil Ă©tincelant. Quand Tenfant joint les mains , et qu'il fait sa priĂšre A genoux, qu'un rayon inonde sa paupiĂšre, Ah ! son frais sourire est divin ! â Viens prier Dieu pour nous, Ange Ă la voix si pure Nous , hommes dont le mal a faussĂ© la nature Nous craignons de prier en vain. Quand elle monte au PĂšre, au CĂ©leste Royaume , La priĂšre enfantine est pur encens et baume EmanĂ©s d'un encensoir d'or ; Et de lĂ -haut, le Fils assis prĂšs de son PĂšre , Comme il fit autrefois en passant sur la terre , Aux doux enfants sourit encor Priez ! priez, enfants ! et vers les cieux splendides, Simples et confiants , levez ces fronts candides ReflĂ©tant votre sentiment ; Avec foi, demandez au bon Dieu qu'il vous donne Le pain quotidien ; -^ que sa BontĂ© pardonne Au pauvre Ă©garĂ© d'un moment. Pour tous, grands et petits, demandez la sagesse Priez que l'opulent dispense avec largesse Au pauvre, gĂźte, pain et feu; â Priez pour vos amis, vos pĂšres et vos mĂšres , Demandez la concorde entre les hommes frĂšres Et tous enfants du mĂŽme Dieu. La sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures et demie. I HODVEinX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. Gallas atnĂ©, de Dreux , vice-prĂ©sideut du Comice agricole; prĂ©sentĂ© par MM. PeignĂ© et Lacroix. Ganot, notaire, Ă Voves; prĂ©sentĂ© par MM. Yvon et Sautton. Gaullier, notaire, Ă Anet; prĂ©sentĂ© par MM. F. Horeauet Gamler pĂšre. L'abbĂ© Goussu, curĂ© de Fains- la -Folie; prĂ©sentĂ© par MM. l'abbĂ© PouclĂ©e et Sautton E.. LouRY, institateur, Ă Saussay; prĂ©sentĂ© par MM. Sautton E.etMet-Gaubert. . PopoT- Le MOULT, marchand de nouveautĂ©s Ă Chartres; prĂ©- sentĂ© par MM, Garnier pĂšre et Merlet. Sadohge , gĂ©omĂštre - expert , Ă Chartres ; prĂ©sentĂ© par MM, Brosseron et Met-Gaubert. Tevert Louis, marchand plomhier, Ă Chartres; prĂ©- sentĂ© par MM. Watrin et Met-Qaubert. L'abbĂ© Thibault, -vicaire d' Anet; prĂ©sentĂ© par MM, Tellot et Merlet. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ. CongrĂšs archĂ©ologique de France, 41" session, sĂ©ances Ă Agen et Ă Toulouse, 1874. Bulletin des Antiqtiaires de l'Ouest, 1" semestre de 1876. Don de la SociĂ©tĂ©. Histoire abrĂ©gĂ©e de l'Abbaye de Saint-Florentin de Bormeval, par le docteur Bigot. Introduction. ChĂąteaudun, impr. Lecesnc, 1875. {Don de l'auteur. â 101 â SĂANCE DU 10 AOUT 1876. PrĂ©sidence de M. Hbrlet. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture du procĂšs-verbal de la derniĂšre rĂ©union. 11 est adoptĂ© aprĂšs quelques observations. Etaient prĂ©sents MM. Merlet, Met-Gaubert, Appay, Brosse- ron, Ph. BeUier de la Chavignerie, de Bertheville, Famin, Joliet, Gabriel, Lecocq, LefĂšvre-Pontalis, Meslin, de MĂ©ly, Sautlon. Sur la proposition de M. le PrĂ©sident, un vote unanime de remercĂźments est adressĂ© Ă M. Ferdinand Moreau, pour la gracieuse hospitalitĂ© qu'il a offerte Ă Anet aux membres reprĂ©- sentants de la SociĂ©tĂ©. Des regrets sont exprimĂ©s relativement au dĂ©cĂšs de notre confrĂšre, M. Pillet, directeur de TEcole normale primaire d'OrlĂ©ans. M. le PrĂ©sident annonce Ă l'assemblĂ©e que, pour faire droit aux observations prĂ©sentĂ©es par un membre Ă la derniĂšre sĂ©ance, il a Ă©crit au MinistĂšre pour demander des explications au sujet du silence gardĂ© sur les publications de la SociĂ©tĂ©. Il n'a pas encore reçu de rĂ©ponse, mais M. le Ministre a bien voulu accorder une subvention de 400 francs Ă la SociĂ©tĂ©. Pour se conformer aux traditions antĂ©rieures et ne pas ou- blier les liens d'intimitĂ© qui existent entre notre SociĂ©tĂ© et le CollĂšge, M. le PrĂ©sident mentionne les succĂšs qui viennent d'ĂȘtre remportĂ©s en histoire et en gĂ©ographie, Ă savoir dix nominations, dont un prix enseignement classique, spĂ©cial et mathĂ©matiques Ă©lĂ©mentaires, sur quinze obtenues par l'Ă©ta- blissement imiversitaire. Il ajoute que, de 1864 Ă 1876, le professeur a la bonne fortune de pouvoir compter, dans le mĂȘme enseignement, â 102 â comme prix et accessits, quarante nominations, au Concours gĂ©nĂ©ral et au Concours acadĂ©mique, et de 1850 Ă 1876, vingt- six annĂ©es consĂ©cutives de laborieux services en faveur du CollĂšge de Chartres. Enfin, il demande Ă rassemblĂ©e l'autorisation de faire con- stater au procĂšs -verbal ces succĂšs exceptionnels dus Ă Tintelli- gence des Ă©lĂšves et aux persĂ©vĂ©rants efforts du professeur. Cette proposition est accueillie et votĂ©e inmiĂ©diatement Ă TunanimitĂ©. M. Met-Gaubert, vivement touchĂ© de ce tĂ©moignage de sym- pathique encouragement et d'estime publique, adresse ses re- merciements les plus sincĂšres Ă la SociĂ©tĂ©, en l'assurant de la continuation de tout son zĂšle, de tout son dĂ©vouement pour le prĂ©sent et pour l'avenir. Il s'estime trĂšs-heureux de voir la SociĂ©tĂ© resserrer davan- tage, s'il est possible, les liens qui l'unissent au collĂšge, depuis qu'elle a fondĂ© une rĂ©compense particuliĂšre pour le premier prix d'histoire et de gĂ©ographie, en rhĂ©torique, et il lui en tĂ©moigne, de nouveau, sa profonde et respectueuse gratitude. M. le PrĂ©sident annonce qu'au mois de novembre il deman- dera la fondation d'une deuxiĂšme mĂ©daille d'argent destinĂ©e Ă rĂ©compenser les succĂšs marquants que remporterait le Col- lĂšge ou tout autre Ă©tablissement de la ville. Lecture d'une lettre de M. le curĂ© de MigniĂšres qui demande le concours de la SociĂ©tĂ© pour la rĂ©paration de la chapelle des Trois-Maries, classĂ©e au nombre des monuments historiques. Il sollicite une excursion Ă MigniĂšres. M. le PrĂ©sident donne communication d'un fragment d'un rapport de M. Paul Durand sur cette chapelle. M. le CurĂ© dĂ©sire avoir, Ă ce sujet, l'avis de la SociĂ©tĂ©. M. de MĂ©ly adresse, Ă son tour, une requĂȘte en faveur de l'Ă©glise de S^dnt-Georges-sur-Eure. La SociĂ©tĂ© dĂ©cide qu'une conunission sera nommĂ©e pour une double visite Ă ces deux paroisses. Elle sera composĂ©e de MM. Ph. Bellier de la Chavignerie, P. Durand, Famin, Lecocq et de MĂ©ly. On prĂ©viendra MM. les curĂ©s de MigniĂšres et de Saint- Georges. Il est arrĂȘtĂ© que la Commission s'y rendra le 24 aoĂ»t. . > ii â 103 - DĂ©pĂŽt d'im travail de M. Lagrue, instituteur Ă Ymonville. â Renvoi Ă la Commission de concours entre les instituteurs. Lecture d'une piĂšce de vers de M. Touche, intitulĂ©e Le CurĂ©. LE CURĂ. Pour tous , petits et grands , son accueil est affable ; Il a pour les enfants un sourire ineffable ; Innocent et pĂ©cheur connaissent sa bontĂ© , Et des trĂ©sors divins le saint dĂ©positaire Est pauvre des trĂ©sors et des biens de la terre ; Sa premiĂšre vertu , c'est son austĂ©ritĂ©. Dieu seul est son espoir ; son code est TEvangile ; Test lui qui nous apprend que notre chair d'argile, DestinĂ©e Ă pĂ©rir n'est rien devant l'esprit, Qu'il vaudrait mieux livrer notre corps Ă la flamme Que de laisser noircir par le pĂ©chĂ© notre Ăąme RĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e au sang du Sauveur JĂ©sus-Christ. n nous dit Aimez-vous , car tous vous ĂȘtes frĂšres , » Que le mieux partagĂ© pose sur les misĂšres » De son frĂšre qui souffre un baume bienfaisant , » FĂ»t-il son ennemi; que le mieux vĂȘtu donne M Ă Lazare un manteau sous l'ouragan qui tonne ; » Secourez tout blessĂ© qu'il soit pauvre ou puissant. » Le prĂȘtre» le premier, pratique le saint Livre; Le soleil et la pluie et la neige et le givre Ne TarrĂŽtent jamais s'il s'agit d'un bienfait;' Il va montrer le ciel Ă l'Ăąme qui s'envole , Il porte aux malheureux une douce parole , Et n'inscrit point son nom sur les dons qu'il nous fait. Gomment s'appelle-t-il ? â Mon Dieu , chrĂ©tiens , qu'importe ? Quand l'Ange aux ailes d'or par un beau soir l'emporte , Dieu qui sait tout, enfants, Dieu le reconnaĂźt bien; Aux pieds du trĂŽne il pose un cĆur vierge de haines , D'odorantes vertus ses saintes mains sont pleines , Car il passa sur terre en pratiquant le bien. L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ©, la sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures et demie. L - 104 - NOUVEAUX HEHSBBS ADMIS. Membre honoraire. M. De Riencoubt de LongfrĂ©, prĂ©fet d'Eiire-ot-Loir. Membres titulaires MM, Bigot, notaire, Ă Voves; prĂ©sentĂ© par MM. E. Sauttoii el Merlet. DuMOULiĂ, maĂźtre -adjoint Ă l'Ecole normale de Chartres; prĂ©sentĂ© par MM. Laigneau Emmanuel et Gabriel. Lege»dre, maĂźtre -adjoint Ă l'Ecole normale de Chartres ; prĂ©sentĂ© par les mĂȘmes. PouiAmĂąls, instituteur, Ă Illiers; prĂ©sentĂ© par MM. Lai- gneau Emmanuel et Met-Gauhert. > Vassor, instituteur, Ă Pierres; prĂ©sentĂ© par MM. Brosseron et Merlet. OBIBTS OFFERTS A LA SOGIĂTĂ MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© des Antiquaires de France^ 4' sĂ©rie, t. VI. Paris, Dumoulin, 1875. {Envoi delĂ SociĂ©tĂ©. Hecueil des travaux de la SociĂ©tĂ© lii>re de l'Eure, 4e sĂ©rie, t. II. Evreux, IlĂ©rissey, 1876. Envçi de la SociĂ©tĂ©. Institut des provinces de France, trimestriel, n" 3. Envoi de l'Institut. Ninth annual report of Ihe TrustĂ©es of the Pcabody musĂ©um Cambi-idge, 1876, Envoi du CollĂšge Harvard. Annuaire du dĂ©partement d'Eure-et-Loir pour 1876. Chartres, Petrot-Gamier, 1876. Don de M. Ed. LefĂšvre. â 105 â SĂANCE DU 9 NOVEMBRE 1876. PrĂ©sidence de M. Merlbt. ~ H. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture et Tadoption du procĂšs- verbal de la derniĂšre rĂ©union. Ătaient prĂ©sents MM. Merlet, Chavaudret, Met-Gaubert, Appay, Barois, Ph. Bellierde la Chaviguerie, de Bertheville, Dubreuil, Escoffier, Famin, TabbĂ© Foucault, Gilbert P., Girouard Em., GuĂ©rineau, TabbĂ© Haret, Heurtault, Hue, Joliet pĂšre, Lecocq, Legrand, TabbĂ© Lecomte, Nancy A., TabbĂ© PouclĂ©e, Ravault, RĂ©mond AndrĂ©, Sevestre, WehrlĂ©. M. le PrĂ©sident paie un juste tribut de regrets Ă la mĂ©moire de M. Poulain de Bossay, notre confrĂšre rĂ©cemment dĂ©cĂ©dĂ©, et lequel, dans le cours de sa carriĂšre universitaire, comme au sein de la retraite, a laissĂ© le souvenir de travaux historiques de la plus grande valeur et d'une vie des plus honorablement remplie. Il donne ensuite connaissance de l'intitulĂ© des quatre MĂ©moires envoyĂ©s Ă la SociĂ©tĂ© par les instituteurs dont voici les noms 1. M. Chantegrain, instituteur adjoint, Ă Brou; Notice histo- rique et gĂ©ographique sur la commune de Nottonville, 2. M. Lagrue, instituteur, Ă Ymonville- la -Grande; Etude sur les AntiquitĂ©s de cette commune, 3. M. Ledoux , instituteur, Ă Prasville ; Etude sur cette com^ mune. 4. M. Thibault, instituteur, Ă La Bazoche-Gouet, ancien ins* tituteur Ă Beaumont-les-Autels ; Etude sur cette derniĂšre com- mune, â Renvoi Ă une Commission de cinq membres * chargĂ©e d'examiner ces mĂ©moires. Un des membres en rendra compte ultĂ©rieurement dans un rapport spĂ©cial. M. le curĂ© du Puiset adresse une demande Ă la SociĂ©tĂ© dans Tintenlion de restaurer son Ă©glise qu il dĂ©sirerait voir classer * MM. Lecocq, Met-Gaubert, TabbĂ© PouclĂ©e, Person, Legrand. ToMR VL 8 L â 106 â au nombre des monuments historiques. Il aurait recours Ă une loterie pour Taccomplissement de la premiĂšre partie de son projet. Cette question est ajournĂ©e au printemps prochain. Lecture dune lettre de M. TabbĂ© Lecomte, curĂ© d'Aunay- sous-Auneau, qui demande aussi le classement de son Ă©glise au nombre des monuments historiques ; il propose de nommer une commission de plusieurs membres qui se transporteraient dans sa commune. Cette visite serait suivie d'un rapport spĂ©cial. M. Famin fait observer qu indĂ©pendanunent des monuments historiques , il existe dans le dĂ©partement un certain nombre d'Ă©diĂ»ces publics qui, s'ils n'ont pas un intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, n'ont pas moins une valeur artistique qui mĂ©rite d'assurer leur con- servation. Il pense donc qu'il serait opportun de demander au Conseil gĂ©nĂ©ral de vouloir bien, par des encouragements, con- tribuer Ă la conservation et Ă la restauration de ces monuments de second ordre, comme le Gouvernement contribue Ă l'entre- tien des monuments vĂ©ritablement historiques. Il propose donc qu'Ă l'Ă©poque de la plus prochaine session du Conseil gĂ©nĂ©ral la SociĂ©tĂ© prĂ©sente une liste dressĂ©e par eUe des monuments qui lui paraissent dignes des encouragements de ce mĂȘme Conseil. On prierait M. le PrĂ©fet de solliciter l'allocation d'une somme qui servirait spĂ©cialement Ă l'entretien de ces monuments qu'on pourrait appeler les monuments historiques du dĂ©partement. Cette proposition est admise Ă l'unanimitĂ©. L'AssemblĂ©e dĂ©- cide qu'on s'adressera Ă la PrĂ©fecture, en temps opportun. Une Commission est nommĂ©e. Le Bureau choisit pour en faire partie MM. Paul Durand, Famin, Granger, Harreaux et Lecocq. Rapport de M. l'abbĂ© Haret, curĂ© de CrĂ©cy, sur de nouvelles dĂ©couvertes archĂ©ologiques opĂ©rĂ©es Ă SaulniĂšres. Avant de commencer devant vous. Messieurs, un nouveau rapport sur les fouilles de SaulniĂšres, je crois bon de vous dire que si je me suis occupĂ© de ces choses, c'est que j'ai prĂ©vu qu'elles pouvaient avoir un rĂ©sultat utile, et que je n'ai vu personne de la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique aussi prĂšs que moi de SaulniĂšres pour s'en occuper. â 107 â » Un rĂ©sultat que j'entrevois, c'est le rĂ©tablissement sur la carte d'Eure-et-Loir d'une voie romaine interrompue entre ' Saint-Jean-de-RĂ©bervilliers et Dreux. 11 y a Ă Saint-Jean mie route qui s'appelle le chemin PerrĂ© et qui est une voie romaine, n y a auprĂšs de Dreux un pays qui se nomme L'EstrĂ©e et qui indique Ă©galement une voie, un chemin des Romains. Par oĂč passait ce chemin , entre ChĂąteauneuf et Dreux ? â par Saul* niĂšres, selon moi. » On trouve des sĂ©pultures romain^p, gallo-romaines, mĂ©ro- vingiennes, franco-romaines, Ă peu prĂšs partout dans notre dĂ©partement; sur les bords de la Biaise on en rencontre Ă toutes les places M. de Riancey en a dĂ©couvert de trĂšs-impor- tantes Ă TrĂ©ou; M. Tellot montre Ă Dreux plusieurs vases ramassĂ©s par les ouvriers de la balastiĂšre de Moronval ; M. Job garde prĂ©cieusement une francisque en bronze relevĂ©e par le soc de la charrue dans les terres de la ferme de Lachet, com- mune de SaulniĂšres; M. DorĂ© possĂšde un beau tombeau en pierre et des francisques en fer provenant d'une propriĂ©tĂ© de M. Batardon Ă Dreux; au Bois -des -Aises, prĂšs de CrĂ©cy, la charrue ramĂšne souvent Ă la surface du sol , tantĂŽt des briques romaines, tantĂŽt des monnaies, tantĂŽt des haches celtiques, et bien d'autres personnes de ma connaissance ont encore des monuments de cette Ă©poque romaine , gauloise, mĂ©rovingienne , provenant de la contrĂ©e. » Pourtant, Messieurs, notre dĂ©partement, sous ce rapport, n'est pas plus favorisĂ© que ceux qui l'entourent. M. Raimond Bordeaux, d'Ăvreux, qui connaĂźt si bien son dĂ©partement, puis- qu'il l'a parcouru dans tous les sens, aJBirme qu'il n'est peut- ĂȘtre pas une place dans l'Eure, oĂč la pioche de l'explorateur pourrait s'abattre sans profit. Il n'est pas dans tout le Beau- âą vaisis, dit M. l'abbĂ© Barraud, une commune de quelque im- âą portance, oĂč il n'existe un cimetiĂšre ou du moins quelques âą sĂ©pultures de l'Ă©poque mĂ©rovingienne. » Les nĂ©cropoles des Francs, disait M. le duc de Luynes, en » 1854, apparaissent par toute la France septentrionale. » â Les derniers travaux du gĂ©nie civil ont remuĂ© et rencontrĂ© » tant de restes humains, lĂ oĂč la trace de l'homme n'Ă©tait âą mĂȘme pas soupçonnĂ©e, que l'on pourrait mettre en doute, » s'il existe la plus petite agglomĂ©ration de maisons, oĂč l'on ne âą puisse rencontrer un groupe de sĂ©pulcres, ou si l'on veut le â 108 â » dortoir des familles qui ont autrefois occupĂ© cette terre. » Aussi, je ne balance pas d*affirmer qu il n*est peut-ĂȘtre point » dans toute la Seine-InfĂ©rieure un petit hameau qui ne possĂšde » un cimetiĂšre, remontant Ă une de ces deux Ă©poques reculĂ©es, » connues sous le nom de franque ou de romaine. » » Ces paroles, Messieurs, sont de M. TabbĂ© Cochet, et c'est dans ses livres que j'ai lu ce que je viens de vous dire pour les autres dĂ©partements que le sien et le nĂŽtre. D Mais, quoi qu'il en soit de la grande quantitĂ© de sĂ©pultures gauloises, romaines, franques et normandes, que Ton trouve partout, il n en est pas moins vrai que toutes les fois que je rencontre une tombe antique dans la paroisse, oĂč je suis curĂ©, je l'examine avec attention ; et si TannĂ©e derniĂšre je n'avais pas Ă©tĂ© si ignorant ou si peu expĂ©rimentĂ©, je vous aurais apportĂ© ici des choses du plus haut intĂ©rĂȘt. » Maintenant, Messieurs, avant de vous dire des choses nou- velles sur SaulniĂšres, permettez-moi de vous parler encore un peu des anciennes , de vous montrer ce qui a Ă©tĂ© trouvĂ© depuis le mois de mars dernier dans l'ancien cimetiĂšre. » L'ancien cimetiĂšre unit Ă la naissance de la rue de Saul- niĂšres, et dans cette rue, et plus haut, on trouve autre chose qu'un cimetiĂšre franc et mĂ©rovingien. » Nos Longobardi scilicety SaĆoneSy Franci, Lotharingif Burgondiones j ianiĂ Romanos dedignamury ut inimicos nos- troscommoti, nihil aliud injuiHarum , nisi Romane dĂźca7nus ; hoc solo Romanorum nomine, quidquid ignobilitatĂč , quidquid avariiiĆy quidquid luxuriĆ, quidquid mendadif imĂŽ quidquid vitiorum est comprehendentes , r> disait Luitprand. » Une nĂ©cropole de Francs me semble plus intĂ©ressante Ă par- courir que des Ustrinum Romains. Je reviens aux Francs, aux MĂ©rovingiens, avant de vous montrer des Romains pulvĂ©risĂ©s. » Mon rapport, aujourd'hui, fait suite Ă celui du mois de mars dernier. Je continuerai Ă vous lire une sorte de journal que j'ai fait des fouilles opĂ©rĂ©es Ă SaulniĂšres. » Le 5 mars , dans des terres que l'on enlĂšve devant la porte de M. Motheau, pour relier la maison au chemin, nous trou- vons, Ă une profondeur de deux mĂštres, un objet gros conune un Ćuf, d'une matiĂšre qui m'est inconnue, mais qui me parait ĂȘtre une pĂąte de verre en dĂ©composition. La forme en est Ă moitiĂ© sphĂ©rique. Je ne vois pas Ă quel usage pouvait servir cet â 109 â objet. Peut-ĂȘtre Ă©tait-il un ornement ; peut-ĂȘtre une espĂšce de coussinet sur lequel portait une agrafe , car on voit au milieu une entaille pour recevoir un crochet. » Le 11 , Ă l'angle du chemin qui remonte Ă CrĂ©cy, en face de la maison du menuisier une lame de poignard ou de cou- teau, ayant dix-huit centimĂštres de longueur; â Ă cĂŽtĂ©, une autre lame, moins longue, mais plus large , garnie d*une virole d'or ; â un dĂ©bris de vase ayant un rebord profondĂ©ment moulĂ© ; â un morceau de verre; des tissus, de la toile bleue; des grains de plomb. » Le 15, dans des terres remuĂ©es et mises en tas une rosace en fer, une molette d'Ă©peron. âą Le 8 avril, dans le petit chemin qui va Ă la maison de Gallais tĂȘtes d'hommes et mĂąchoires d'animaux , des chevaux, des vaches et plusieurs ossements inconnus pour moi. » Les 10, 11 et 12, Ă la mĂȘme place des dĂ©bris de poteries, des plaques de fer en grand nombre; plusieurs sont revĂȘtues de filets d'argent ou d'Ă©tain; une boucle de fer. » Le 22 , Ă la mĂȘme place Ă peu prĂšs une clĂ© enterrĂ©e Ă 50 centimĂštres de profondeur, au-dessous tĂȘtes d'hommes, mĂąchoires de cheval. » Le 23, dĂ©bris humains et dĂ©bris de vases en terre noire. >âą Septembre. Une tĂȘte d'homme d'un type Ă©trange. Une pro- fonde blessure faite par un sabre ou une francisque qui entame largement le pariĂ©tal de gauche; la tĂȘte est dolicocĂ©phale, l'angle facial a excessivement peu d'ouverture. L'ensemble, au- tant que je puis me le rappeler, ressemble exactement au sujet que j'ai dĂ©posĂ©, il y a dix mois, au musĂ©e de la SociĂ©tĂ© archĂ©o- logique. » Ce n'est pas tout ce qui a Ă©tĂ© trouvĂ© qui est dĂ©crit ici. La commune de SaulniĂšres a alijourd'hui la prĂ©tention de garder tout ce que Ton dĂ©couvrira. Elle possĂšde dans les vitrines de sa BibliothĂšque quelques objets que je voudrais bien avoir pour vous les donner un beau poignard entre autres, d'un acier dur et acĂ©rĂ©, trĂšs-peu oxydĂ©, une lame prĂ©cieuse par sa trempe, garnie d'un manche de mĂ©tal moins prĂ©cieux que le tranchant si fin, si dangereux, plus abĂźmĂ© par la rouille. » Maintenant, Messieurs, Ă quelques pas plus loin que ces fouilles mĂ©rovingiennes , si vous voulez me suivre , nous entre- rons Ă SaulniĂšres, chez des Romains. â 110 â » Ce qui me porte Ă croire que ces sĂ©pultures que nous ren- controns, en remontant la rue de SaulniĂšres, vers le nord, sont gallo-romaines et non pas franques , c'est d abord Tabsence de corps, de squelettes entiers; c'est ensuite l'absence complĂšte d'armes et d'armures qui se fait remarquer dans toutes les fosses que nous trouvons. A la date de notre cimetiĂšre de Saul- niĂšres, les Francs Ă©taient encore uniquement des guerriers et des conquĂ©rants , et ils vivaient armĂ©s jusqu'au sein de leurs moindres stations et descendaient tout Ă©quipĂ©s dans leurs tombes, tandis que les Romains, accoutumĂ©s depuis longtemps Ă jouir paisiblement du sol gaulois, conquis et civilisĂ© depuis des siĂšcles, vivaient sans armes ou du moins se faisaient en- terrer sans elles, puisque, d'ailleurs, ils se faisaient brĂ»ler et renfermer dans des urnes et des vases funĂ©raires, ou dans des sarcophages qui ne contenaient que leurs cendres. » Ce qui me fait penser encore que nous sommes ici chez des Romains, c'est la quantitĂ©, la variĂ©tĂ© des vases trouvĂ©s Ă ces places nouvelles. » J'ai rencontrĂ© vingt-huit morceaux de poterie , vingt-huit dĂ©bris de vases diffĂ©rents de forme, de matiĂšre, de couleur. Ces dĂ©bris reprĂ©sentent vingt-huit diffĂ©rents vases il y en a en terre rouge, il y en a en terre noire, il y en a en terre gris-bleu, pas un tesson trouvĂ© dans le cimetiĂšre mĂ©rovingien n'Ă©tait autrement que noir de couleur. »» Enfin la destination prĂ©sumĂ©e de ces vases fait prĂ©juger aussi que nous sommes ici avec les Romains paĂŻens ce sont des dĂ©bris de fioles en verre ; ce sont des dĂ©bris de trĂ©pieds en terre, tous objets destinĂ©s aux offrandes et aux libations. » Dans le premier cimetiĂšre donc, tout est sĂ©vĂšre, tout est du fer, du bronze, des armes, tous les vases sont en terre noire, sans vernis, sans poli, sans moulures. Dans l'autre, c'est du verre, c'est de la terre cuite de toutes les couleurs, c'est du vernis sur les vases , c'est du marbre en petits mor- ceaux, c'est de l'ardoise. » Les 10 et 12 mai, dans des terrassements faits pour Ă©tablir les fondements d'un mur du jardin du presbytĂšre, Ă une pro- fondeur de deux mĂštres, nous trouvons un trou rempli avec des pierres; dans les pierres, sont des dĂ©bris de poteries, des dĂ©bris de verre, de fer travaillĂ© , de fer en fusion , puis une pierre dite hache celtique; cette pierre est noire et de taille moyenne.' â m â » 26, 27 et 28. Pendant ces trois jours, nous trouvons encore du fer, du verre, des dĂ©bris de poteries, mais de plus, des petits morceaux de marbre et des pierres qui me paraissent bien des pierres taillĂ©es par Thomme, pour servir d'outils ou d'armes. » Je vous les apporte pour que vous en jugiez. Plus loin que ce trou rempli de tant de dĂ©bris, on dĂ©couvre des constructions souterraines qui font, aux ouvriers maçons employĂ©s au travail du mur, TefTet d*une maison dĂ©truite par un incendie. » Je vais vous dĂ©crire ce que j'ai vu. Sur la terre solide et non remuĂ©e, sur le sol primitif, on rencontre d abord du char-' bon en grande quantitĂ©, mais non pas formĂ© en morceaux re- connaissables; ensuite un lit de terre glaise Ă moitiĂ© cuite et s'enlevant par grandes plaques; sur cette terre glaise rouge, du plĂątre trĂšs-blanc, souvent au-dessus du gravier; sur le gravier, des cercueils en plĂątre pleins de charbon ou de choses carbo- nisĂ©es; au-dessus de tout, et quelquefois au milieu de ces cou- ches, des poutres entiĂšres de charbon. » J'ai des Ă©chantillons de tout ce que je vous annonce ici; j'ai des morceaux de charbon de bois de chĂątaigner, en bois non rond, mais Ă©quarri, mesurant 16 centimĂštres de longueur sur 8 d'Ă©paisseur. » Il y a aussi quelquefois, au miUeu de ces cercueils en plĂątre, des cercueils faits de pierre de moellon trĂšs-dure j'en garde des dĂ©bris. J'ai marquĂ© toutes les places oĂč l'on peut, avec la certitude de dĂ©couvrir quelque chose, faire des recherches. Tout ce qui a Ă©tĂ© trouvĂ© jusqu'ici n'est qu'Ă©chantillon , tout ce qui a Ă©tĂ© fait n'est qu'Ă©bauchĂ©. B Les anciens habitants du pays me disent qu'ils ont toujours vu en remuant la terre, soit dans les rues, soit sous leurs granges, soit dans leurs caves, des tĂȘtes cassĂ©es, des bras , des jambes, du fer rouillĂ© et des morceaux de plats. » Parce qu'on ne s'est pas occupĂ© de ces trouvailles jusqu'ici, des choses prĂ©cieuses ont Ă©tĂ© perdues. Jamais les gens de la campagne ne croiront qu'im petit pot ou qu'une bouteille en terre grise ou noire soit quelque chose Ă conserver. Quand on a construit l'Ă©cole conununale, il y a 15 ans, beaucoup de petits vases de diffĂ©rentes formes ont Ă©tĂ© brisĂ©s xarce qu'il n'y avait pas lĂ un connaisseur pour les recueillir. » Je dĂ©sire vivement que l'on envoie quelqu'un de la SociĂ©tĂ© pour faire faire une fouille pendant quelques heures; mais je â 112 â dois vous dire que cet hiver, on enlĂšvera sur la place, et Ă Ten- droit mĂȘme des sĂ©pultures antiques, environ mille mĂštres cubes de terre pour Ă©galiser tout ce terrain. » Alors je veillerai, comme je Tai fait jusqu'ici, pour re- cueillir le plus d'objets possible et le plus d'enseignements, sur cette place du dĂ©partement jadis habitĂ©e par des hommes, nos ancĂȘtres, si forts, si beaux, si puissants, si bien armĂ©s, desti- nĂ©s par Dieu, avec son aide et sa grĂące , Ă faire la France. âą Des remerciements sont adressĂ©s par M. le PrĂ©sident Ă M. le curĂ© de CrĂ©cy. L'ordre du jour appelle ensuite la discussion d'une proposi- tion annoncĂ©e dans la sĂ©ance prĂ©cĂ©dente et concernant la fon- dation d'une deuxiĂšme mĂ©daille d'argent pour rĂ©compenser les travaux des Ă©lĂšves de nos divers Ă©tablissements d'instruction secondaire. M. le PrĂ©sident expose la question, estimant qu'une fondation de cette nature serait un stimulant rĂ©el pour les Ă©tablissements d'instruction publique, non-seulement de Chartres, mais encore de tout le dĂ©partement. Cette mĂ©daille ne serait accordĂ©e par la SociĂ©tĂ© que pour des succĂšs hors Ugne. AprĂšs discussion et dĂ©libĂ©ration, l'assemblĂ©e va aux voix; elle dĂ©cide que la proposition n'est pas acceptĂ©e. Sur la demande particuUĂšre d'un membre, il est bien entendu, cependant, que la SociĂ©tĂ© se rĂ©serve la facultĂ© de formuler une proposition , dans le sens ci-dessus Ă©noncĂ©, si des succĂšs Ă©minents, hors ligne, viennent Ă se produire tĂŽt ou tard. La sĂ©ance est levĂ©e Ă cinq heures. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. ' Membres titulaires MM. Dupont, notaire, Ă Dreux; prĂ©sentĂ© par MM. BĂątardon et BrĂ©ville. JoLiET Lucien, prĂ©parateur de zoologie Ă laSorbonne; prĂ©sentĂ© par MM. A. Lefebvre et Merlet. - 113 - MM. LahĂąye, ancien instituteur, Ă Laons; prĂ©sentĂ© par MM GuĂ©- rineau et Merlet. Thibault, instituteur, Ă La Bazoche-Gouet; prĂ©sentĂ© par MM. Laigneau Emmanuel et Met-Gaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ. BulleUn de la SociĂ©tĂ© d'Ă©mulation du dĂ©partement de V Allier, t. Xlir, 3 et 4e livraisons. Moulins, impr. Desrosiers, 1875. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Lettres inĂ©dites de Marie- Antoinette et de Marie-Clotilde de France sĆur de Louis XVI , reine de Sardaigne , publiĂ©es et annotĂ©es par le comte de Reiset. Paris, Firmin-Didot , 1876. Don de M. Heurtault. Institut des provinces de France , Bulletin trimestriel, n" 4 , octobre, 1876. Bordeaux, imprimerie V Cadoret. Envoi de rinstitut. Bulletins de la SociĂ©tĂ© des Antiquaires de l* Ouest, 2 tri- mestre de 1876. Poitiers, typogr. d'A. DuprĂ©. Documents inĂ©dits pour servir Ă V histoire du Poitou. 1876. Poitiers, typogr. d'A. DuprĂ©. Envoi de la Soc. des Antiquaires de rOuest. MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© d'Histoire et d'ArchĂ©ologie de ChĂąlons- sur-SaĂŽne, t. VI, 2© partie. Imp. Dejussieu, 1876. MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© acadĂ©mique d'ArchĂ©ologie, Sciences et Arts du dĂ©partement de l'Oise, t. IX, 2* partie. Beauvais, impr. PĂšre, 1875. SĂANCE DU 7 DĂCEMBRE 1876. PrĂ©sidence de M. Merlet. â M. Met-Gaubeut» secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture du procĂšs-verbal de la derniĂšre rĂ©union. L'adoption est pro- noncĂ©e aprĂšs quelques observations. I -116 â Un autre membre propose l'achat de cet aqueduc moyennant 300 francs. L'AssemblĂ©e consultĂ©e est d'avis de laisser les choses dans la situation oĂč elles se trouvent. Elle dĂ©cide la suppression de l'abonnement Ă la Gazette ar- chĂ©ologique. AprĂšs Ă©change de diverses observations au sujet du concours entre les instituteurs, la SociĂ©tĂ© s'arrĂȘte Ă la dĂ©cision suivante Les manuscrits envoyĂ©s Ă la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique pour le concours des instituteurs ne seront pas rendus. Ils seront con- servĂ©s aux archives de la SociĂ©tĂ©. » La SociĂ©tĂ© se rĂ©serve la facultĂ© de rĂ©compenser les MĂ©- moires qui, sans mĂ©riter le prix, lui paraĂźtront dignes d'une rĂ©compense spĂ©ciale. » Le projet de budget pour TannĂ©e 1877 est adoptĂ© dans son ensemble. Note de M. Lecocq sur deux nouveaux Zodiaques dĂ©couverts Ă l'extĂ©rieur de la CathĂ©drale de Chartres. Girouard Em., TabbĂ© HĂ©nault, Isambert Stanislas, Le- grand, Lecocq, de Lubriat, Ravault, Sautlon Eug. â 133 â De lĂ©gitimes i-egreis sont exprimĂ©s Ă l'occasion du dĂ©cĂšs de M. Etienne Pichon, ancien sous-prĂ©fet de Dreux, enlevĂ©, bien jeune encore, Ă Taffection des siens, Ă celle de ses nombreux amis, et Ă propos de la mort de M"* Alexandre Texier, dont la charitĂ© Ă©tait si connue au sein de notre citĂ© chartraine. Lecture d'une Ă©tude de M. l'abbĂ© Bulteau sur les Zodiaques. â Renvoi Ă la Commission de publication. Lecture de la l' partie d'un travail de M. de TrĂ©mault, sur la terre et les seigneurs de Sours. La sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures et demie. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. EscuDiĂ Emmanuel, professeur de musique au collĂšge, directeur de la SociĂ©tĂ© chorale et fanfare de Chartres ; prĂ©sentĂ© par MM. Michaut et Met-Gaubert. GĂ©rondeau Armand, employĂ© chez M. Glin; prĂ©sentĂ© par MM. Garnier et Merlet. Legendre, docteur en mĂ©decine, Ă Chartres; prĂ©sentĂ© par MM. Sautton et Voyet pĂšre. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ Conseil gĂ©nĂ©ral d'Eure-et-Loir, session de 1877. Chartres, Durand frĂšres , 1 877, in-8°. Don de M. le PrĂ©fet. Archivos do Museu National de RiO'de-Janiero , in-4**. Envoi du MusĂ©e. SociĂ©tĂ© des Sciences et Arts de Vitry- le -François. Pessez, 1876, in-8^ Envoi de la SociĂ©tĂ©. - 134 â SĂANCE DO 8 FĂVRIER 1877. PrĂ©sidence de M. Merlet. â M. Met-Gaubert , secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture et Tadoption du procĂšs- verbal de la derniĂšre rĂ©union. Etaient prĂ©sents MM. Merlet, Chavaudret, Met-Gaubert, l'abbĂ© Gennond, Barois, Balandra, de Bertheville, Besselle, Bellier de la Chavignerie, Buisson, Dubreuil, Dussart, Escof- fier, Famin, TabbĂ© Foucault, Gilbert-Barrier, Heurtault, Hue, Isambert Stanislas, Legrand, Lecocq, Nancy A., l'abbĂ© Rivierre, E. Sautton. Communication de M. le PrĂ©sident Ă propos de la rĂ©union des SociĂ©tĂ©s savantes, dans les premiers jours d'avril, Ă Paris, Ă la Sorbonne. Des sĂ©ances de lectures et des confĂ©rences publiques seront faites pendant les journĂ©es du mercredi 4, jeudi 5 et vendredi 6 avril. Le samedi 7 avril, M. le Ministre prĂ©sidera la sĂ©ance gĂ©nĂ©rale dans laquelle seront distribuĂ©s les rĂ©compenses et les encouragements accordĂ©s aux SociĂ©tĂ©s et aux savants. Une somme de 3,000 francs est mise Ă la disposition de cha- cune des sections du ComitĂ© pour ĂȘtre distribuĂ©e 1° Par les sections d'histoire et d'archĂ©ologie aux SociĂ©tĂ©s savantes des dĂ©partements dont les travaux auront contribuĂ© le plus efficacement aux progrĂšs de l'histoire et de l'archĂ©o- logie. 2 Par la section des sciences, soit aux SociĂ©tĂ©s savantes, soit aux savants des dĂ©partements, dont les travaux auront contribuĂ© aux progrĂšs des sciences. A l'occasion de ces rĂ©unions , les compagnies de chemins de fer veulent bien accorder une rĂ©duction de 50 p. % sur le prix des places en faveur des sociĂ©taires qui auront satisfait aux con- ditions qu'exigeront d'eux le syndicat et l'arrĂȘtĂ© ministĂ©riel. A cet Ă©gard, des renseignements prĂ©cis seront fournis parle PrĂ©sident ou par le SecrĂ©taire auxquels sont priĂ©s de s'adresser, jusqu'au 5 mars, les membres qui auraient l'intention de se rendre Ă Paris Ă l'Ă©poque ci-dessus fixĂ©e. â 135 â liCs bulletins de circulation destinĂ©s aux reprĂ©sentants des SociĂ©tĂ©s seront valables du lundi 2 au mercredi 1 1 avril. ConformĂ©ment aux prescriptions du rĂšglement, il est ensuite dĂ©cidĂ© qu une excursion archĂ©ologique aura lieu Ă Illiers au mois de juin ou de juillet. Un pressant appel est adressĂ© aux SociĂ©taires, afin quils aient l'obligeance de prĂ©parer quelques travaux particuliers pour cette sĂ©ance publique, dont la date exacte sera ultĂ©rieurement fixĂ©e. Conununication sur le confĂ©rencier du mois de mai. â DiffĂ©- rents noms sont mis en avant; l'assemblĂ©e s'arrĂȘte Ă celui de M. LĂ©on Gauthier, professeur Ă l'Ecole des Chartes. M. le PrĂ©- sident voudra bien lui Ă©crire. Il est arrĂȘtĂ© que la sĂ©ance publique annuelle est reportĂ©e de mai aux premiers jours de juin, Ă©poque du Concours rĂ©gional. Communication de M. Lecocq sur l'aqueduc ou chĂąteau d'eau du faubourg La Grappe. Une somme de 1,000 francs serait nĂ©cessaire pour en opĂ©rer l'acquisition. L'assemblĂ©e dĂ©cide la nomination d'une Commission spĂ©ciale de trois membres MM. Buisson , Famin et PiĂ©bourg pĂšre. La Commission antĂ©rieurement constituĂ©e pour l'excursion projetĂ©e Ă Saint-Georges-sur-Eure et Ă MigniĂšres se rĂ©unira, dans une des salles de la mairie , le jeudi 22 fĂ©vrier. M. le PrĂ©sident donne la suite de la lectm^e du travail de M. de TrĂ©mault sur la terre et les Seigneurs de Sours. â Ren- voi Ă la Conunission de pubUcation. M. Lecocq, ayant intention de faire publier dans les MĂ©moires delĂ SociĂ©tĂ©, une Noixce sur les quatre Seigneuries et justices qui rĂ©gissaient ta/ncienne paroisse de Sours, demande que le Utre de ce MĂ©moire soit ainsi modifiĂ© Notice sur le ChĂąteau de to Val y Ă Sours y et sur ses Seigneurs y dont la liste doit se ter- miner Ă M. le marquis de Montigny, dĂ©cĂ©dĂ© en 1813, et que l'auteur soit invitĂ© Ă publier, Ă la suite , une Notice biographi- 9^ sur M, le vicomte de Cambis. AprĂšs Ă©change de quelques communications, le titre adoptĂ© par l'auteur est conservĂ© Notice sur les anciens Seigneurs et ^r la terre de Sours. â 136 - M. le PrĂ©sident donne lecture de quelques pages d*un impiimĂ© traitant de la peinture sur verre. La sĂ©ance est levĂ©e Ă cinq heures. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires. MM. L'abbĂ© CintrĂąt, curĂ© de MigniĂšres; prĂ©sentĂ© par MM. Du- breuil et Merlet. L'abbĂ© LaisnĂ©, curĂ© de Sours; prĂ©sentĂ© par MM. Met-Gau- bert et Merlet. MicHAUT, gĂ©omĂštre Ă Voves; prĂ©sentĂ© par MM. E. Sautton et Merlet. MoNTioN, maire de MĂ©ziĂšres-en-Drouais ; prĂ©sentĂ© par MM. labbĂ© Germond et Lacroix. L'abbĂ© SiNGLAs, vicaire de Saint-Pierre, Ă Chartres; prĂ©- sentĂ© par MM. TabbĂ© GenĂȘt et Met-Gaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOGIĂTĂ MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© littĂ©raire, historique et archĂ©ologique de Lyon, annĂ©es 1874-75. Lyon, Aug. Brun, libraire, 1876, Don delĂ SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© des Antiquaires de VOuest, 3 tri- mestre de 1876. Poitiers, typogr. de A. DuprĂ©. Envoi delĂ SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© Dunoise. ArchĂ©ologie, Histoire, Sciences et Arts, ChĂąteaudun, impr. Henri Lecesne, janvier 1877. Envoi de la SociĂ©tĂ©. CongrĂšs archĂ©ologique de France , 52 session. SĂ©ances gĂ©- nĂ©rales tenues Ă ChĂąlons-sur-Mame, en 1875, par la SociĂ©tĂ© Française d'archĂ©ologie , pour la conservation et la description des monuments. Paris, Derache, DumouUn, libraires. Tours, impr. Paul Bouserez, 1876. â 137 -> SĂANCE DU 1^- MARS 1877. PrĂ©sidence do M. Chavaudret, vice -prĂ©sident. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart; le procĂšs- verbal de la derniĂšre rĂ©union est lu et adoptĂ©. Ătaient prĂ©sents MM. Chavaudret, Met-Gaubert, de Berthe- ville, de Boisvillette, Besselle, Barois, Boisseau, VabbĂ© Cottereau, Dubreuil, Dussard, EscofRer, Gilbert P., Gilbert -Barrier, Girouard E., TabbĂ© Foucault, TabbĂ© Haye, Heurtault, Hue, Isambert Michel, Legrand, Lecoq, de MĂ©ly F., Nancy A., PĂ©trot-LemariĂ©, Ravault, docteur Robin, Sautton E , Sevestre. En raison de la rĂ©union des sociĂ©tĂ©s savantes, Ă Paris, la sĂ©ance du mois prochain qui aurait dĂ» se tenir le jeudi 5 avril est reportĂ©e au jeudi 12 du mĂȘme mois. Sont dĂ©signĂ©s pour reprĂ©senter la SociĂ©tĂ©, rĂ la Sorbonne, MM. Chevrier, Girouard E., Heurtault, Joliet, de MĂ©ly Fer- nand et Met-Gaubert. L'Ă©tat de santĂ© de M. Person ne lui permettant pas de donner connaissance du rapport sur les travaux des instituteurs, cette lecture est reportĂ©e Ă la sĂ©ance du 12 avril. Le secrĂ©taire adresse Ă l'assemblĂ©e communication d'une lettre de notre confrĂšre M. Billaitl , d'Illiers, Ă propos de l'ex- cursion archĂ©ologique qui doit avoir lien , premiers jours de juillet, dans cette localitĂ©. L'autoritĂ© et nos confrĂšres du pays se montrent, Ă ce sujet, remplis des meilleures dispositions. M. le PrĂ©sident fait appel au zĂšle des sociĂ©taires en les exhor- tant Ă prĂ©parer quelques travaux, au sujet de cette solennitĂ©. Sur la demande de M. Lecocq, il est donnĂ© lecture d'un passage de la Revue des SociĂ©tĂ©s savantes des dĂ©partements, 6 sĂ©rie, t. III, p. 314, traitant de la discussion qui eut lieu Ă la rĂ©union des SociĂ©tĂ©s savantes, Ă Paris, le 19 avril 1876 Section d'Ar- chĂ©ologie, au sujet des Instrum&nts en silex, mĂ©langĂ©s aux Tome VI. 10 â 138 â produits de rindustrie franque, dont la preuve est controver- sĂ©e. Voyez, sur cette mĂȘnie question, le t. VI, p. 5, 24 et 29, des ProcĂšs - verbaux de notre sociĂ©tĂ©, pour les dĂ©couvertes faites dans le cimetiĂšre mĂ©rovingien de SaulniĂšres, en 1876. Lecture d'un travail de M. de Possesse sur la seigneurie de Dangeau, premiĂšre partie. â Renvoi Ă la Conunission de publication. Comnmnication scientifique de M. Girouard sur un baromĂštre amplificateur Ă correction de tempĂ©rature instantanĂ©e. â Des remerciements sont adressĂ©s Ă M. Girouard qui prend bonne note des observations judicieuses soumises par notre confrĂšre, M. Barois. MM. de Boisvillette et TabbĂ© Haret laissent en dĂ©pĂŽt plusieurs objets archĂ©ologiques, entre autres des haches mĂ©rovingiennes. Lectm»e d'une piĂšce de vers de M. Touche intitulĂ©e Fend- Vair, â Renvoi Ă la Commission de publication. L'ordre du jour est Ă©puisĂ©; la sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures et demie. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. TabbĂ© Collet, curĂ© de Charonville; prĂ©sentĂ© par MM. Ma- lenfant et Heurtault. Labiche Emile , notaire Ă Chartres ; prĂ©sentĂ© par MM. Isam- bert Michel et Met-Gaubert. Neveu , propriĂ©taire Ă Chartres ; prĂ©sentĂ© par MM. Maunoury et Met-Gaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ Annuaire d'Eure-et-Loir, 1877. Don de M. E. LefĂšvre. Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique et historique de la Cha- rente, 4* sĂ©rie, t. X, 1875. AngoulĂ©me, imp. Goumard, 1876. â 139 â SEANCE DU 12 AVRIL 1877. PrĂ©sidence de M. Merlet. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procĂšs-verbal de la derniĂšre rĂ©union. Etaient prĂ©sents MM. Merlet, TabbĂ© Olivier, Chavaudret, Met-Gaubert, Balandra, Barois, Ph. Bellier de la Chavignerie, Dubreuil, Famin, FabbĂ© Foucault, Gilbert P., Heurtault, Hue, TabbĂ© LaisnĂ©, de Saint-Laumer pĂšre, Lecocq, Legrand, Lorin, Nancy A., Ravault, Sautton E., Thibault. Lettre de M. LĂ©on Gautier qui exprime ses i^grets de ne pouvoir rĂ©pondre Ă Finvitation qui lui avait Ă©tĂ© adressĂ©e de venir faire une confĂ©rence Ă FĂ©poque de la sĂ©ance publique annuelle. Divers noms d'hommes distinguĂ©s sont de nouveau mis eu avant; FassemblĂ©e s arrĂȘte Ă celui de M. Ernest Chesneau, homme de lettres Ă Paris, auquel M. le PrĂ©sident aura Fobli- geance d* Ă©crire, afin d'obtenir son assentiment. L'excureion archĂ©ologique rĂ©glementaire, projetĂ©e pour Illiers, est fixĂ©e au dimanche 1**' juillet. Les heures de dĂ©part, aller et i*etour, seront exactement indiquĂ©es en temps opportun. Un pressant appel est adressĂ© aux sociĂ©taires pour apporter un contingent de travaux Ă cette sĂ©ance qui sera littĂ©raire et scientifique tout Ă la fois. M. le PrĂ©sident se propose de deman- der le concours de notre collĂšgue, M. Barois, dont l'expĂ©rience est si compĂ©tente, en pareille occurrence Lecture d'un fragment du rapport que M. Pereon devait donner sur les travaux des instituteurs. L'Ă©tat de santĂ© de notre honorable confrĂšre ne lui a pas permis de l'achever, M. Legrand veut bien se charger de le complĂ©ter pour la pro- chaine sĂ©ance. M. le PrĂ©sident fait connaĂźtre Ă FassemblĂ©e les propositions de la Commission. - 140 â 1*» MĂ©moire sur Nottonville, par M. Chantegrain, maĂźtre adjoint Ă Brou. Premier prix avec 60 fr. en livres. 2" Renseignements sur la commune de Beaumont-les- Autels ^ par M. Thibault, instituteur Ă La Bazoche-Gouet. DeuxiĂšme prix, avec 50 fr. en livres. 3o Renseignements sur la commune d'Ymonville, par M. La- grue, instituteur. Mention trĂšs-honorable, avec deux volumes de TAbĂ©cĂ©daire de M. de Gaumont. 4o MĂ©moire sur la commune de Prasville, par M. Ledoux, instituteur. Mention honorable, avec un volume de l'AbĂ©cĂ©daire de M. de Gaumont. Les propositions de la Gommission sont adoptĂ©es. Lettre de M. Bos, Inspecteur d'AcadĂ©mie, qui transmet l'auto- risation nĂ©cessaire pour octroyer ces rĂ©compenses, et remercie la SociĂ©tĂ© de la sollicitude qu'elle manifeste Ă TĂ©gai^d de l'ins- truction primaire. Lettre de M. Albert Marchand , qui communique une collec- tion de piĂšces de monnaies trouvĂ©es Ă BerchĂšres. Le Metz, 8 avril i877. Monsieur le PrĂ©sideni, Je viens vous prier de donner connaissance Ă la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique de la dĂ©couverte d'un dĂ©pĂŽt de piĂšces de monnaie du rĂšgne de Charles VI, trouvĂ© Ă BerchĂšres-rEvĂšque le 7 fĂ©vrier 1877. Un ouvrier, nommĂ© kimĂ© Tricheux, que j'employais Ă dĂ©molir les bĂątiments d'une ancienne ferme , dĂ©couvrit , sous une pierre informe de la fondation d'un mur de clĂŽture, un petit vase de terre contenant 36 piĂšces d'or et environ 200 piĂšces d'argent. Nous n'avons pu constater la forme de ce pot trĂšs- mince, qui tomba aussitĂŽt en morceaux, mais nous avons entre les mains ce petit trĂ©sor que l'homme honnĂȘte qui le dĂ©couvrit nous remit avec loyautĂ©. D'aprĂšs l'avis des personnes Ă l'examen desquelles nous avons soumis ces piĂšces , nous pouvons les dĂ©nombrer ici suivant les figures de Le Blanc. Elles appartiennent toutes au rĂšgne de Charles VI , et prĂ©sentent deux types en or et trois types en argent. OR. 29 Ă©cus Ă la Couronne; â 8 Ă©cus au Mouton. ARGENT. 142 gros tournois; â 52 Blancs billon; â 2 deniers tournois. â 141 â Les monnaies d'or sont en parfait Ă©tat de conservation , celles d'argent font couvertes de vert de gris. Il est difficile de prĂ©ciser TĂ©poque Ă la- quelle elles ont Ă©tĂ© enfouies sous ce mur, qui sĂ©parait une cour des terres en culture ; il est trĂšs-probable qu'elles y furent dĂ©posĂ©es pendant les rĂšgnes de Charles VI ou de Charles VII , sous lesquels les inquiĂ©- tudes de la gueiTO troublĂšrent presque constamment la Beauce. Une fenĂȘtre encore conservĂ©e et un grand nombre de pierres taillĂ©es , trou- vĂ©es dans les constructions postĂ©rieures de la ferme qui vient d'ĂȘtre dĂ©molie , prouvent qu'il a existĂ© sur son emplacement une habitation d'une certaine importance datant des XIII" ou XIV* siĂšcles. Cette ferme qui a longtemps appartenu Ă la famille SĂ©dillot , Ă©tait, croyons-nous , pos- sĂ©dĂ©e Ă la fin du XVII* siĂšcle par Gilles Cassegrain , bourgeois de Paris , et dĂ©pendait probablement, dans la premiĂšre moitiĂ© du mĂȘme siĂšcle, de la propriĂ©tĂ© contiguĂ« d'Elie Fougeu, Ă©cuyer, sieur des Cures, doyen de l'Ă©glise Notre-Dame de Chartres. Les anciens actes que nous avons entre les mains ne nous ont pas fourni de renseignements antĂ©rieurs sur ces lieux, trĂšs -voisins de l'habitation que les EvĂȘques de Chartres affectionnaient au XIII* siĂšcle. Vous voudrez bien, Monsieur le PrĂ©sident, donner connaissance de cette note Ă la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique, si vous la jugez digne de l'occuper quelques instants pendant sa prochaine sĂ©ance , et je vous prie d'agrĂ©er l'expression de mes sentiments distinguĂ©s. Communication Ă©crite de M. Lecocq, sur les fondations de la CathĂ©drale. Dans les premiers jours du mois de mars dernier, des travaux de perforation du sol furent entrepris dans la cour de la sacristie de rĂšglise CathĂ©drate de Chartres , pour faire Ă©couler et absorber les eaux pluviales; l'orifice de cette perforation a Ă©tĂ© Ă©tablie Ă 2 m. 20 de la base des chapelles absidales du cĂŽtĂ© nord ; ce travail nous semblait intĂ©res- sant Ă suivre, afin de connaĂźtre la nature du sol qui allait apparaĂźtre, et aussi, afin de savoir si les fondations de notre Basilique chartraine se poursuivaient Ă une grande distance du pĂ©rimĂštre de l'Ă©difice. En creu- sant cette espĂšce de puits , jusqu'Ă 4 m. , on ne rencontra que de la terre vĂ©gĂ©tale, mĂ©langĂ©e de quelques plĂątras; ensuite, jusqu'Ă la profondeur totale de 7 m. 30 , on ne trouva que des fragments de maçonneries mĂ©- langĂ©s de silex et de moellons de calcaire, plus des dĂ©bris de tuiles Ă rebord , puis des briques entiĂšres portant 40 c. de hauteur , 27 c. de largeur sur 4 c. d'Ă©paisseur; lĂ Ă©galement furent rencontrĂ©s Ă des hau- teurs diverses , cinq fragments de marbre, dont trois numĂ©ros, 1 , 2 et 3, sont ornĂ©s de moulures d'un bon style et sembleraient provenir de di- verses corniches, tous sont des marbres blancs, sauf le n* 3 qui est blanc-rosĂ©; le n** 4 est d'une Ă©paisseur de 2 c. et demi, formant angle droit; il a Ă©tĂ© dĂ©bitĂ© Ă la scie ; le n" 5 est un fragment de 2 c. d'Ă©pais- seur, en marbre blanc, veinĂ© vert, imitant le vert-campan. A 7 m. 30c., â 142 â profondeur Ă laquelle se sont arrĂŽlĂ©es les fouilles , il fut rencontrĂ© un fort fragment de pierre blanche tendre, et portant plus de 50 c. de cĂŽtĂ© sans aucun travail apparent; vu la difficultĂ© d'extraction, cette pierre fut laissĂ©e au fond. H eĂ»t Ă©tĂ© utile, il nous semble, dans TintĂ©rĂȘt de rhisloire monumentale et locale, en profitant de cette fouille, que la SociĂ©tĂ© "archĂ©ologique eĂ»t fait entreprendre , Ă ses frais une exploration plus complĂšte de ce sol factice , qui semblerait receler des fragments in- tĂ©ressants d'antiques constructions dĂ©truites , et aussi qu'on eĂ»t fait un sondage latĂ©ral Ă cet endroit si rapprochĂ© , vers les fondations de notre CathĂ©drale, afin d'en connaĂźtre le systĂšme, la profondeur, ainsi que la nature des matĂ©riaux employĂ©s ; mystĂšres archĂ©ologiques qui nous sont totalement inconnus. L'intĂ©rĂȘt en est d'autant plus puissant, que cette fouille se trouve situĂ©e entre les fragments de maçonneries et aqueducs enfouis sous le tapis vert de la cour de l'ĂvĂȘchĂ© et les murailles gallo- romaines de la Chapelle de Saint-Lubin de notre CathĂ©drale, qu^ nous avons signalĂ©es et dĂ©crites , dans notre article intitulĂ© La CathĂ©drale de Chartres et ses MaĂźtres de VOEuvre MĂ©moires de la SociĂ©tĂ©, t. VI, p. 396, 410 et 412. Les divers fragments de marbres ci-dessus signalĂ©s sont restĂ©s entre les mains de notre collĂšgue , M. Bouthemard , entrepreneur des travaux de restauration de notre CathĂ©drale. M. E. Sautton, annonce la dĂ©couverte d'un souterrain sous l'Ă©glise de Fontenay-sur-Conie. Notre confrĂšre fera une visite spĂ©ciale Ă ce sujet pour obtenir tous les renseignements nĂ©ces- saires dont il rendra compte Ă la prochaine rĂ©union Il est arrĂȘtĂ© que la Conunission dĂ©signĂ©e pour se rendre Ă MigniĂšres et Ă Saint-Georges-sur-Eure sera convoquĂ©e pour le premier mercredi de mai. La Commission nommĂ©e pour la visite au chĂąteau d'eau du faubourg La Grappe, s'est transportĂ©e sur les lieux; M. Buisson, rapporteur, Ă©tant absent, le compte-rendu est ajournĂ©. Lecture par M. Lorin, de la suite de sou travail, la Peinture sur venx en gĂ©nĂ©ral. il La peinture sur verre, comme nous l'avons dit, est un art essentiellement historique; elle ne date pas d'hier, elle a des traditions avec lesquelles il faut toujours compter, et de mĂȘme que dans la pratique, c'est dans les siĂšcles passĂ©s que nous allons chercher nos inspirations et nos modĂšles, de mĂȘme dans le domaine des thĂ©ories il nous est impossible d'exposer et de dĂ©fendre nos convictions personnelles sans aller sans cesse pui- - 143 - ser dans Thistoire la lumiĂšre qui les Ă©claire et les faits qui leur servent de preuves. » C'est donc uue nĂ©cessitĂ© pour moi de commencer par expo- ser devant vous quelques vues sur l'histoire delĂ peinture sur verre. Quant aux lacunes inĂ©vitables dans un examen aussi mpide, vous les excuserez, j'en suis sĂ»r, en vous souvenant que le rapporteur vient ici faire preuve surtout de bonne volontĂ©. » Nous allons donner pour point de dĂ©part Ă notre Ă©tude le premier grand siĂšcle de la peinture sur verre, je veux dire le XII, et une de ses productions les plus admirĂ©es et les mieux conservĂ©es, les vitraux de Chartres. » Vous savez. Messieurs, les raisons toutes personnelles que j'ai de prendre pour base de ce travail ces magnifiques verriĂšres qui m'ont attirĂ© prĂšs d'elles par un attrait irrĂ©sistible, et que j'ai voulu avoir constamment sous les yeux comme des modĂšles aussi sĂ»rs que fĂ©conds. » Il nous sourit de nous reporter au temps oĂč Notre-Dame de Chartres, en partie construite, rĂ©clamait pour ses fenĂȘtres Ă jour de brillantes courtines. » C'est par le portail Saint-Louis que le maĂźtre-verrier va conunencer sa dĂ©coration. » Sans doute, le verrier a dĂ», pour un grand nombre d'Ă©gUses d'un ordre infĂ©rieur, exĂ©cuter des vitraux dans le style prĂ©conisĂ© par lui, mais trĂšs-peu de vestiges de ses pages sont parvenus jusqu'Ă nous. » Dans le silence de l'atelier, entre la priĂšre et la mĂ©ditation , et tout en nourrissant son imagination par la lecture des livres saints, il rĂȘvait pour la cathĂ©drale des verriĂšres qui, d'un seul jet, devaient atteindre l'idĂ©al le plus absolu pour la dĂ©coration du style architectural roman. » Comme aucune note, aucun document sur le travail de cet artiste ne nous est parvenu, nous nous figurons, par la pensĂ©e, combien ses Ă©tudes de l'agencement des lignes, de l'harmonie des couleurs ont dĂ» ĂȘtre fortes et soutenues. » Il Ă©tait le fidĂšle reprĂ©sentant de l'art de son Ă©poque. » Quel beau jour ce dut ĂȘtre pour lui que celui oĂč ses Ă©cla- tantes pages, toutes resplendissantes des couleurs les plus riches, les plus Ă©tincelantes, furent mises dans les baies prĂ©pa- rĂ©es pour les recevoir ! » Obtenir la tenture la plus incomparable au double point de â 144 â vue scientifique et artistique, tels Ă©taient son objectif et son idĂ©al qui ont Ă©tĂ© atteints d'une façon si merveilleuse. » Nous Tavoos dĂ©jĂ dit c'est Timage d*un peuple, dont la foi fĂ©conde produisait des Ćuvres extraordinaires agencement de lignes gĂ©omĂ©triques pour la composition des mĂ©daillons, arabesques feuillagĂ©es , bordures aux mille dĂ©tails habilement ciselĂ©s, groupement de personnages oĂč la naĂŻvetĂ© n'exclut pas Tart et disposĂ©s de maniĂšre Ă prĂ©senter des fonds capricieuse- ment dĂ©coupĂ©s, le tout s*Ă©quilibrant Ă souhait, comme propor- tions, au profit de l'unitĂ©. Cet amĂ©nagement splendide vivifiĂ© par les couleurs de Tarc-en-ciel prĂ©sente aux regards fascinĂ©s un spectacle qu'il savoure avec une voluptĂ© tranquille, et rem- plit l'Ăąme d'une admiration que la plume est impuissante Ă traduire. Il y a dans tout cela un art dĂ©coratif poussĂ© Ă sa derniĂšre puissance. » Tout ce que la coloration peut fournir est Ă©puisĂ©. » Cette lumiĂšre qui descend d'en haut , non plus confuse et uniforme, mais transfigurĂ©e et variĂ©e Ă l'infini, moins sem- blable Ă la clartĂ© de la terre qu'Ă la clartĂ© cĂ©leste dont parle l'Ăcriture, domine et remplit l'Ăąme sans la troubler. » L'impression gĂ©nĂ©rale n'est pas violente; elle tient moins du saisissement que de l'extase ; c'est Ă la fois un ravissement et un recueillement de l'ĂȘtre tout entier. » Quels Ă©taient Ă cette premiĂšre Ă©poque les procĂ©dĂ©s de des- sin, de coloration, de pratique qui arrivaient Ă ces splendides rĂ©sultats ? » Ici, Messieurs, j'ai Ă vous prĂ©senter des observations pui- sĂ©es dans une longue Ă©tude des Ćuvres de l'Ă©poque elle-mĂȘme, qui est considĂ©rĂ©e comme la plus belle en peinture sur verre. » C'est une erreur de croire que la MosaĂŻque du XIl* siĂšcle ne se compose que de lames de verre non peintes, comme on le dit quelquefois tous les verres sont peints au contraire, il est facile de le constater Ă Chartres; la Monographie publiĂ©e sous les auspices du ministĂšre le reconnaĂźt, et j'en ai trouvĂ© une autre preuve dans les magnifiques collections de l'abbaye Heli- gaen-Kreustz, en Autriche. » Ce n'est qu'au XIII siĂšcle que l'on voit apparaĂźtre quelques verres non peints ; et encore, chose remarquable, ils s'accotent toujours Ă des ornements trĂšs-nourris de teinte, mais ces der- niei-s entrent dans le vitrail toujours pour une part considĂ©rable. â 145 â Quant au dessin du XII* siĂšcle, on y reconnaĂźt la ligne naĂŻve du dessin des catacombes; il ne rĂ©vĂšle ni observation ni Ă©tude; ce qui en fait, selon nous, la beautĂ©, c'est que, malgrĂ© sa sim- plicitĂ© et ses lacunes, il arrive Ă l'expression religieuse. » Nous ne sommes pas de ceux dont le poĂšte ancien se rail- lait agrĂ©ablement et qui jugent de la valeur de toutes choses par le nombre des annĂ©es. » Nous dĂ©clarons donc librement que le dessin de ces pre- miers Ăąges nous paraĂźt dĂ©fectueux cette imperfection ne dimi- nue en rien notre enthousiasme, et nous n admirons que plus volontiers des maĂźtres qui sont arrivĂ©s Ă de tels rĂ©sultats avec des moyens si imparfaits. I Nous croyons d'ailleurs que l'artiste mĂȘme du XII siĂšcle a dĂ» avoir conscience de ces lacunes. S'il avait su tracer un puis- sant sillon , devait-il le considĂ©rer comme le seul dĂ©sormais Ă suivre? Supposait-ii qu'il n'y aurait plus de voies nouvelles Ă ouvrir dans les siĂšcles futurs? plus de maniĂšres diffĂ©rentes d'ex- ploiter le fond qu'il avait fĂ©condĂ© lui-mĂȘme, mais qu'il n'avait certes pas Ă©puisĂ©? » Loin de lĂ , l'imagination de l'artiste est sans limite. » Il avait pu saisir du soleil , son collaborateur, les perles , les pierreries les plus riches , mais il avait laissĂ© Ă ses spĂ©cula- tions rĂȘveuses im libre cours. » Il a dĂ» deviner combien son art allait, dans la suite des Ăąges, se transformer, suivant le tempĂ©rament des artistes futurs, et les mĆurs des peuples qui devaient le cultiver aprĂšs lui sous des formes multipliĂ©es ayant chacune leur genre de beautĂ©. » La prodigieuse variĂ©tĂ© des contours gĂ©omĂ©triques, que les mĂ©daillons, un siĂšcle f>lus tard, devaient s'approprier, les per- sonnages Ă tournure solennelle de cette Ă©poque, les person- nages Ă grands caractĂšres du XV* siĂšcle qui , semblables Ă l'archi- tecture du jour, devaient Ă©pouser un genre maniĂ©rĂ©, et enfin au XVI siĂšcle l'effervescence des qualitĂ©s artistiques se manifestant par des scĂšnes Ă grand orchestre, devaient chez l'artiste verrier du Xlle siĂšcle, tour Ă tour, passer et repasser, dans son imagi- nation Ă©blouie. » Quoi qu'il en soit de ses rĂȘves d'avenir, le verrier du XII* siĂšcle avait ouvert la voie Ă ses hĂ©ritiers du XIll*. » Ceux-ci la suivirent sans s'interdire toutefois les innova- tions. â 146 â » De mĂȘme que l'architecture se transformait peu Ă peu et passait du plein cintre Ă Togive, la peinture ajoutait Ă la mosaĂŻque et aux mĂ©daillons les personnages en pied, tels que nous les admirons dans les collatĂ©raux de Chartres. » Nous reconnaĂźtrons, avec un Ă©minent archĂ©ologue, que toutes ces pages ne sont pas d'un Ă©gal mĂ©rite , qu'elles prĂ©- sentent dans leur exĂ©cution un faire, pourquoi ne pas le dire, parfois entachĂ© de quelques nĂ©gligences ; nĂ©anmoins le calcul de Teffet est juste toujours. » Si la coloration partout n'est pas d'une Ă©gale richesse, Pharmonie gĂ©nĂ©rale voile pour ainsi dire les faiblesses de dĂ©tails c'est un concert, c'est un chant splendide, dont cer- taines parties prises Ă part sont infĂ©rieures; mais toutes se fondent admirablement dans l'orchestration gĂ©nĂ©rale, et ces lacunes elles-mĂȘmes concourent peut-ĂȘtre Ă PefFet total. » Au transept, nous voyons des figures Ă la taille colossale, au caractĂšre puissamment dĂ©coratif. Ces figures sont pourvues de draperies savamment jetĂ©es. » Plusieurs verriĂšres de la galerie supĂ©rieure du chĆur ont Ă©tĂ© donnĂ©es par des princes, des tĂȘtes couronnĂ©es; elles font pressentir la tendance de l'artiste Ă abandonner son but primi- tif celui de travailler exclusivement sous l'inspiration de sa foi native. Il En effet, dans certaines pages, les donateurs jouent un rĂŽle capital par la place qu'ils tiennent dans le vitrail. » Si le verrier d'alors s'Ă©clipse et nous cache sou nom par une modestie regrettable au point de vue de l'histoire et de l'archĂ©ologie, les donateurs n'ont pas eu les mĂȘmes scrupules; ils ont signĂ© leur donation, soit pour immortaliser leur nom en l'unissant Ă une Ćuvre impĂ©rissable, soit peut-ĂȘtre pour lĂ©guer aux siĂšcles futius des exemples de gĂ©nĂ©rositĂ© qu'ils ont supposĂ© devoir ĂȘtre nĂ©cessaires un jour. » C'est assurĂ©ment pour ce dernier motif que l'on a placĂ© au bas des verriĂšres donnĂ©es par des corporations diverses un groupe de personnages en action symboUsant la corporation donatrice. » Durant les XII et XIIP siĂšcles, l'exĂ©cution sur verre se faisait Ă l'aide de traits rapprochĂ©s , presque Ă la façon d'une gravure largement faite ; chacun de ces traits, solide dans les â 147 â ombres, arrive Ă s'Ă©panouir en s amincissant vers les parties lumineuses. » Ce travail avait Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ© au prĂ©alable d'une application de teinte Ă laquelle il est venu donner une force et une vigueur soutenues. » Au XIV* siĂšcle, grĂące toujours Ă la tendance naturelle de l'artiste, Ă l'influence du milieu de progrĂšs, il essaie de trouver sa note d'originalitĂ©; il substitue Ă ce simple rapprochement de personnages que nous avons remarquĂ© aux Ă©poques antĂ©- rieures un groupement plus mouvementĂ©, plus vivant, plus artistique c'est la scĂšne. » Ces scĂšnes sont placĂ©es encore sur un fond mosaĂŻque, Ă la façon du XIII siĂšcle. » Quant Ă l'architecture, au lieu de faire tapis concurrem- ment avec les mĂ©daillons, conune au siĂšcle prĂ©cĂ©dent, elle remplit le rĂŽle d'un cadre et se dĂ©tache sensiblement de la scĂšne. » Ce qui commençait Ă se faire jour prĂ©cĂ©demment se carac- tĂ©rise surtout au XIV siĂšcle au sujet de l'accoutrement des personnages qui presque tous sont revĂȘtus des costumes de l'Ă©poque. » L'artiste ne fait d'exception que pour le Christ, la Vierge et les ApĂŽtres. Ici, la majestĂ© des personnages lui inspire le res- pect des costumes traditionnels. » Il serait intĂ©ressant, si l'on en avait la latitude, d'examiner avec quelle habiletĂ© le verrier mettait Ă contribution ces vĂȘte- ments divers pour en revĂȘtir ses personnages. » Nous le voyons au XIIP siĂšcle se servir de la cape , de la cote, de l'esclavon, du pourpoint, du hocqueton et de la cami- sĂźa ou chemise qui, pour la premiĂšre fois, faisait partie du costume civil. y> Au XV siĂšcle, la marche progressive vers le naturalisme s'accentue davantage, et nous avons Ă constater dans les vitraux des transfonnations Ă©tonnantes. L'architecte multiplie et Ă©largit les baies de sa cathĂ©drale, il en historiĂ© les parties ogivales, il fait de l'Ă©difice entier une dentelle dĂ©coupĂ©e Ă jour. Le verrier doit le suivre dans cette voie il donne Ă son art une Ă©lasticitĂ© nouvelle et se plie Ă toutes les fantaisies du style flamboyant. Analysons les Ă©lĂ©ments divers qui font leur apparition Ă cette phase nouvelle de l'histoire; nous y trouverons, comme - 148 - dans toute Ćuvre humaine, quelques ombres Ă cĂŽtĂ© de la lumiĂšre, et des signes de dĂ©cadence Ă peine visibles, il est vrai, Ă cĂŽtĂ© de progrĂšs nombreux et incontestables. » Ce qui sent la dĂ©cadence, c'est TafTaissement du sentiment religieux il existe encore, mais il perd de sa force et de sa sĂ©vĂ©ritĂ© ; il s altĂšre par le mĂ©lange d'un sentiment mondain qui vise surtout Ă la richesse et Ă TĂ©clat des dĂ©tails, aux dĂ©pens du caractĂšre austĂšre et grandiose de Tensemble. Ce qui marque de nouveau un pas en avant, c'est T Ă©tude de plus en plus sĂ©rieuse et approfondie de la nature ; elle se montre dans la physionomie et les vĂȘtements des personnages en pied et dans la disposition des scĂšnes ce n'est plus la raideur des Ă©poques antĂ©rieures. Le dessin, bien que naĂŻf encore, s'affermit dĂ©jĂ , les formes s'accentuent, la vie apparaĂźt et fait pressentir de loin la Re- naissance. » Les lois de la perspective cependant ne sont encore ni bien observĂ©es ni mĂȘme parfaitement connues. Sur ce point paii-icu- lier, l'art n'est pas sorti de l'enfance et ne fait, pour ainsi dire, que bĂ©gayer ses premiĂšres lettres. » En mĂȘme temps qu'il se pĂ©nĂštre ainsi de la nature, le maĂźtre-verrier Ă©lĂšve son imagination au niveau de celle de Tarchitecte, car il doit toujours marcher Ă ses cĂŽtĂ©s ou Ă sa suite. » Dans les encadrements, blanc et or, de ses vitraux , il riva- lise avec lui de variĂ©tĂ© et de richesse et jette Ă profusion les pinacles ajourĂ©s, les clochetons aux milliers de crochets et les tympans historiĂ©s de dĂ©tails. » Dans la pratique de l'art , nous avons Ă signaler aussi des progrĂšs. On sait que le verre happe difficilement l'Ă©mail dont on se seii, pour peindre. Il faut , au prĂ©alable , le revĂȘtir d'une lĂ©gĂšre tehite Ă la gomme, au sucre ou au vinaigre ; et quand la fixitĂ© est ainsi obtenue, des enlevĂ©s habiles Ă la brosse et Ă l'aiguille produisent des effets de lumiĂšre vraiment remar- quables. C'est lĂ un procĂ©dĂ© qui date du XV siĂšcle et qui doit atteindre son dĂ©veloppement complet au siĂšcle suivant. » Un autre progrĂšs encore s'est fait jour l'invention et l'in- troduction des verres doublĂ©s, qui permettent des enlevĂ©s Ă l'Ă©meri et l'emploi des applications de jaune d'argent pour pro- duire les sĂ©duisantes teintes d'or. !> Les verriers exploitent largement ces procĂ©dĂ©s nouveaux. â 149 â Ils ne rĂ©sistent pas au plaisir d'Ă©blouir les yeux par la richesse de dĂ©tails, au risque de sacrifier peut-ĂȘtre l'unitĂ© et la mesure. Sous sa facture, les velours, les soies, les pierreries se produisent d'une façon Ă©tincelante et merveilleuse. » La perfection y serait atteinte, si Ton y trouvait ce juste tempĂ©rament que Tacite voulait qu on gardĂąt dans la sagesse elle-mĂȘme In sapientia modum. âą En entrant dans le XVI siĂšcle , nous assistons Ă une trans- formation de plus en plus sensible. âą La foi vierge, qui avait Ă©tĂ© au XIP et au XIII siĂšcles Tunique et vigoureuse inspiratrice de Tart et qui avait dĂ©jĂ subi des influences Ă©trangĂšres aux Ăąges suivants, se rencontre alors avec un gĂ©nie nouveau le gĂ©nie grec ressuscitĂ© par l'Italie. » La lutte n'est pas terminĂ©e complĂštement sur le terrain de l'architecture ; le Moyen- Age a encore ses tenants. L'art grec n'a pas rĂ©ussi Ă dĂ©trĂŽner dĂ©finitivement l'art ogival, et cepen- dant le verrier, devançant cette fois l'architecte, rompt en visiĂšre avec le passĂ© et s'Ă©lance rĂ©solument en avant. Un art nouveau s'est rĂ©vĂ©lĂ© Ă ses yeux Fart des Michel-Ange, des RaphaĂ«l et des Titien; les lauriers de ces grands hommes le font rĂȘver. C'est coBMne une apparition qui le subjugue et le trans- porte. » Il abandonne le surcot, il transige avec ses traditions et entre Ă pleines voiles dans le courant de la Renaissance c'est de l'art nouveau, de l'art vivant qu'il veut pĂ©trir Ă sa façon. C'en est fait la peinture sur verre est entraĂźnĂ©e par un souffle puissant, et sa transformation, qui s'annonçait un siĂšcle plus tĂŽt, est enfin consommĂ©e. » Est-ce une dĂ©cadence regrettable de sa part ou un renou- vellement plein de fĂ©conditĂ© ? » Avec une logique inexorable, l'auteur du Dictionnaire de rarchitecture du XIX» siĂšcle tranche la question d'une seule phrase il juge, condamne et exĂ©cute du mĂȘme coup cette forme nouvelle de l'art et les Ćuvres qu'elle fit Ă©clore. Voici ses paroles âą Nous prĂ©fĂ©rons encore les dĂ©fauts et les faiblesses du » XV' siĂšcle Ă la pĂ©danterie des artistes du XVP siĂšcle qui prĂ©- » tendaient transporter sur le verre des compositions plus ou » moins inspirĂ©es des Ă©coles italiennes. » » C'est lĂ , nous osons le dire, une rigueur qui nous paraĂźt L â 150 â excessive et qui dĂ©note, ce nous semble, une tendance un peu exclusive. » L'auteur Ă©videmment se prĂ©occupait surtout du grand caractĂšre architectural de nos Ă©difices religieux, et comme il constate que ce caractĂšre s'en va et disparaĂźt au XVP siĂšcle, il en conclut, un peu vite, croyons-nous, Ă une dĂ©cadence dans toutes les branches de Yart chrĂ©tien. » Sans doute, c'est une perte regrettable pour l'art que le dĂ©pĂ©rissement de l'inspiration religieuse. Les plus belles pages de la peinture sur verre sont destinĂ©es Ă nos Ă©glises, elles en sont une partie intĂ©grante, elles donnent Ă l'Ă©difice sacrĂ© de la chaleur et de la vie. C'est dans les verriĂšres que le peuple chrĂ©- tien lit sa foi, ses consolations, ses espĂ©rances. L'artiste, en com- posant pour lui , prĂȘche Ă sa maniĂšre les grandes vĂ©ritĂ©s de la foi sublime et populaire. Et l'on conçoit que dans un tel travail il se sente brĂ»lant d'une flamme presque cĂ©leste il n'est pas âąseulement artiste; il est apĂŽtre. » A ce point de vue, nous le reconnaĂźtrons il y eut quelque chose Ă regretter dans le mouvement artistique du XVI siĂšcle. Pour atteindre l'idĂ©al , il aurait fallu conserver le souffle chrĂ©- tien des Ăąges antĂ©rieurs et l'unir Ă ce culte de la forme qui devint le cachet distinctif de cette Ă©poque. Aussi bien ce ne sont pas lĂ deux choses incompatibles RaphaĂ«l les a admirable- ment rĂ©unies; rien n'est plus pur de lignes et de orme et plus religieux de sentiments que ses madones. Son art a tout le fini du gĂ©nie grec et toute l'Ă©lĂ©vation du gĂ©nie chrĂ©tien. » Ceci dit, nous pouvons i^endre pleine justice aux beaux cĂŽtĂ©s, aux brillantes facettes artistiques du XVP siĂšcle. » Un simple mot d'abord au sujet des amĂ©liorations appor- tĂ©es dans la pratique de l'exĂ©cution sur verre. n Les plus importantes sont invention du diamant pour couper le verre, et du tire-plomb. Jusque-lĂ on coupait le verre Ă l'aide d'un fer rougi, et le plomb s'Ă©tirait au rabot. Signalons aussi l'emploi du verre verdĂątre dans une grande proportion pour les architectures, les ornements les plus divers , les teintes de chair et quelquefois pour les draperies. » La propriĂ©tĂ© de ce verre, de recevoir la nuance du jaune au chlorate d'argent, Ă©tait pour le verrier un Ă©lĂ©ment sĂ©rieux de richesse ; mais comme ce verre, pour recevoir cette teinte d'or, demandait une cuisson relativement faible, si les autres piĂšces â 151 â du vitrail peintes et Ă©maillĂ©es devaient recevoir la mĂȘme dose de cuisson, il devait en rĂ©sulter fatalement peu de fixitĂ© dans les Ă©maux aprĂšs cette cuisson. C'est ce qui explique pourquoi ils se dĂ©litent, souvent, au simple frottement quand on restaure des panneaux de cette Ă©poque. » Mais laissons ces dĂ©tails pour arriver Ă Tart lui-mĂȘme; aussi bien il offre Ă notre Ă©tude un champ aussi vaste qu'intĂ©- ressant. » Nous Tavons dit, le verrier du XVI siĂšcle s'Ă©tait jetĂ© avec ses contemporains dans les voies rĂ©cemment ouvertes par l'Italie. Il avait sacrifiĂ© au goĂ»t nouveau avec la plĂ©iade d'hommes cĂ©lĂšbres qui surgirent alors sur le sol de France. » Pour la premiĂšre fois le verrier prend rĂ©solmnent sa place au milieu des peintres. B La fenĂȘtre n'est que le cadre oĂč il placera son objectif prin- cipal, une scĂšne unique ou des scĂšnes superposĂ©es. Il fait abstraction des meneaux derriĂšre lesquels ses personnages se meuvent. » Les ferrements et les plombs bien ordonnĂ©s arrivent Ă for- mer l'ostĂ©ologie du vitrail. âąÂ» Aux Ăąges prĂ©cĂ©dents , il traitait ses verriĂšres comme des tapisseries; Ă l'Ă©poque dont je parle il est obsĂ©dĂ© par un autre idĂ©al, et sans abandonner cette tapisserie, qui est bien de son domaine, il fait de la peinture, avec tout l'avantage que donne Ă son pinceau la transparence du fond sur lequel il travaille. » TantĂŽt il dispose avec ampleur l'ensemble de sa scĂšne, tan- tĂŽt il traite chaque dĂ©tail avec un fini incomparable; mais tou- jours il donne un large dĂ©veloppement Ă sa pensĂ©e et un carac- tĂšre magistral Ă sa composition. » Une sorte de fiĂšvre s'est emparĂ©e de lui , la fiĂšvre de ce siĂšcle, qui entreprenait, dans un Ă©lan d'enthousiasme junĂ©vile, de tout renouveler, dans les lettres avec Ronsard, et dans les arts avec RaphaĂ«l et ses disciples français. » Cette fiĂšvre, que j'oserai appeler la fiĂšvre du grand carac- tĂšre, se rĂ©vĂšle dans tous les maĂźtres et dans leur grande com- position. » Parmi ces maĂźtres illustres, je suis heureux de pouvoir saluer au premier rang nos verriers français, les Engrand- Leprince, les Pinaigriers, les Lepot et tant d'autres. » Et pour ne pas m'enfermer dans un patriotisme exclusif - 152 -^ qui n'a plus de raison d'ĂȘtre quand il est question d'Ćuvre d'art , j'ajouterai Ă ces grands noms celui du belge Bernard Van Orley. » Faisons ensemble une rapide excursion au-delĂ de nos frontiĂšres, et transportons-nous jusqu'Ă la magnifique Ă©glise de Sainte-Gudule , Ă Bruxelles. C'est dans sa nef majestueuse que rayonnent les Ćuvres du maĂźtre. ArrĂȘtons-nous devant une de ses plus belles pages, les portraits de Charles-Quint et d'Isabelle, son Ă©pouse. » Les deux personnages sont reprĂ©sentĂ©s plus grands que nature et agenouillĂ©s dans l'adoration devant le PĂšre Ăternel. » Les baies qu'ils remplissent sont immenses le cadre archi- tectural est grandiose, mais la scĂšne elle-mĂȘme est au-dessus de toute description. » Ces deux personnages historiques qui ont commandĂ© Ă TEurope et fait trembler le monde, que l'artiste a grandis par un trait de gĂ©nie, pour mieux exprimer la puissance humaine, et qu'il a jetĂ©s ensuite Ă genoux aux pieds de Dieu , comme pour abaisser toutes les grandeurs de la terre devant la grandeur et la majestĂ© de Celui qui est le roi immortel des siĂšcles tout cela vous subjugue et vous jette dans l'Ăąme l'une de ces impres- sions ineffaçables que le sublime seul sait produire. » Nous pourrions citer de nos ouvriers français nombre de liages aussi belles; ce serait peut-ĂȘtre oublier votre amour pour ces grandes productions. Vous les avez sans doute contemplĂ©es mille fois; il n'est personne ici qui ne puisse redire l'admira- tion qu'il a emportĂ©e de ce spectacle. » Malheureusement l'inspiration ne s'est pas soutenue; elle a fait parfois dĂ©faut aux artistes de talent. » Des mĂ©diocritĂ©s pĂąles et froides se mĂȘlĂšrent aux belles pages im esprit de rĂ©action violente vint remplacer, au dĂ©clin de cet Ăąge, l'enthousiasme qui en avait marquĂ© les dĂ©buts. Je ne donnerai de cet abandon que le seul tĂ©moignage, dĂ©cisif d'ailleurs, de Bernard PaUssy. Voici ce qu'Ă©crivait l'illustre inventeur des Ă©maux. N'est-ce pas un malheur aux verriers du PĂ©rigord-Limou- » sin auxquels pays les verres sont mĂ©canisĂ©s en telle sorte » qu'ils sont vendus et criĂ©s par les villages et par ceux mĂȘmes » qui crient les vieux drapeaux et la vieille ferraille. âą Il ajoute , en parlant des artistes eux-mĂȘmes Leur art est devenu si - 153 â » vil qu'il leur est difficile de gagner leur vie aux prix qu'ils » donuent leurs Ćuvres. » V La chute certes Ă©tait profonde autant que subite, et c'est le cas de rĂ©pĂ©ter ici le mot des soldats romains qui suivaient le triomphateur la roche tarpĂ©ienne n'est pas loin du Capitole. » Cette dĂ©cadence si complĂšte et si imprĂ©vue de la peinture sur verre est, sinon Tunique cause, au moins Tune des causes principales de sa pauvretĂ© dans les deux siĂšcles qui suivirent. » Chose Ă©trange, le XVIP et le XVIIP siĂšcle qui furent les deux grands siĂšcles français et qui virent fleurir sur notre terre gĂ©nĂ©reuse toutes les grandeurs et toutes les gloires Ă la fois; ces deux siĂšcles qui virent le gĂ©nie français s'emparer de la suprĂ©- matie dans le monde intellectuel, qui comptent en si grand nombre les hommes illustres dans la poĂ©sie, la littĂ©rature, la sculpture, la peinture mĂȘme; ces deux siĂšcles sont les plus pau- vres de notre histoire au point de vue de la peinture sur verre. » Au XV1I siĂšcle , les progrĂšs inespĂ©rĂ©s de la chimie n'ont pas rĂ©veillĂ© le zĂšle. » Le XVIII* siĂšcle n*a pas fait davantage ; il s'est servi des Ă©maux d'applications pour produire de dĂ©licieux carreaux du genre suisse, que Ton admire aujourd'hui dans les cabinets des amateurs et des antiquaires. » Sur la fin de ce siĂšcle, un verrier Ă©rudit, Pierre Leviel, essayait dans un important traitĂ© de ranimer l'ardeur Ă©teinte. Ses efforts Ă©taient vains et sa voix se perdait dans le dĂ©sert. D'ailleurs , de graves prĂ©occupations qui absorbaient alors tous les esprits ne permettaient plus de l'entendre. » Quelles peuvent ĂȘtre les causes de cette Ă©trange stagnation oĂč languit si longtemps un art qui Ă©tait restĂ© jeune pendant des siĂšcles? Nous en entrevoyons plusieurs qui ont dĂ» contribuer Ă ce triste rĂ©sultat dans une mesure inĂ©gale. C'est d'abord la faveur que prirent tout-Ă -coup les autres arts longtemps nĂ©gli- gĂ©s et qui absorbĂšrent toutes les forces vives du gĂ©nie national. Les verriers devaient rester au second plan dans un temps oĂč la sculpture avait pour reprĂ©sentants les Jean Goujon, les Pierre Puget, et la peinture les Poussin, les Lesueur, les Lebrun. C'est peut-ĂȘtre aussi l'inexplicable discrĂ©dit dans lequel Ă©tait subite- ment tombĂ© l'art du Moyen-Age. Ses destinĂ©es avaient Ă©tĂ© unies jusque-lĂ Ă celles delĂ peinture sur verre; il devait l'entraĂźner avec lui dans sa ruine. TombVL/>.-F. Il - 154 - V Mais Ă quoi bon nous attarder dans l'Ă©tude de ces causes diverses ? Le fait subsiste et Ă©clate aux yeux c est Vinjuste abandon d'un art cher Ă nos pĂšres, et, disons-le, digne de leur prĂ©fĂ©rence. » Le jour de rĂ©paration se leva enfin, et les vitraux furent remis en honneur, avec l'art du Moyen-Age, Ă Taurore de notre XIX siĂšclef » Ici finit notre rĂŽle d'historien. Nous n'avons pas Ă raconter et Ă apprĂ©cier les essais et les travaux du temps oĂč nous vivons. L'histoire a besoin de voir les choses Ă distance pour ĂȘtre im- partiale. Quant Ă nous, il ne nous siĂ©rait pas de nous attribuer les fonctions de juge aprĂšs avoir rempli nous-mĂȘme le rĂŽle d'acteur. » La seule attitude qui nous convienne ici est celle de l'avocat qui dĂ©fend des opinions qui lui sont chĂšres avec une chaleur Ă©gale Ă la force de ses convictions et qui ne sollicite de ses audi- teurs qu'une seule chose leur assentiment Ă des opinions qui leur paraĂźtront raisonnables. âą Un rapide aperçu historique nous a conduits. Messieurs, jusqu'au seuil du XIX» siĂšcle. Nous nous sommes arrĂȘtĂ©s Ă cette date parce qu'elle marque une Ăšre nouvelle et conmie une seconde renaissance de l'art du verrier, et aussi parce que, arri- vĂ©es lĂ , nos apprĂ©ciations prenaient nĂ©cessairement un carac- tĂšre nouveau. En parlant de l'art contemporain, la discussion se mĂȘlait d'elle-mĂȘme Ă 'l'histoire, et la question historyjue se transformait en une discussion d'esthĂ©tique. II devenait de traiter suffisamment de la pein- ture sur verre au XIX" siĂšcle, sans examiner tout Ă la fois ce qu'elle est et ce qu'elle doit ĂȘtre. Je me serais reprochĂ© de tou- cher Ă une telle question par son petit cĂŽtĂ©, je l'aborderai donc de front et avec la libertĂ© qui est de droit devant une question de ce genre. D ÂŁt d'abord, Messieurs, il y a un point Ă Ă©lucider avant tout et dont l'examen s'impose au dĂ©but de cette Ă©tude. » La peinture sur verre au XIX siĂšcle se rattache-t-elle aux siĂšcles antĂ©rieurs, au double point de vue de l'art et de la pra- tique? Nos verriers contemporains luttent-ils Ă armes Ă©gales avec leurs devanciers, ou bien, comme on le rĂ©pĂšte et conune on l'imprime si souvent, y a-t-il des procĂ©dĂ©s, des traditions perdues et que l'on recherche vainement, et est-ce un art qui a - 155 - perdu sa voie et qui tĂątonnera encore longtemps avant de la retrouver? » Messieurs, je n'hĂ©site pas Ă le dire au risque d'Ă©tonner cer- tains esprits, cette opinion si rĂ©pandue que nous avons perdu les anciennes traditions de Tart de peindre sur verre , cette opi- nion n'est qu'un prĂ©jugĂ© qui ne repose sur rien et que pour ma part je n'ai jamais pu m' expliquer. Aucun peintre verrier n'a jamais dit ni Ă©crit rien de semblable. L'erreur s'est installĂ©e et propagĂ©e dans les Revues et dans l'opinion, sous la plume de cer* tains Ă©crivains dont j'honore le talent, mais qui ont le tort d'ou- blier que, dans des matiĂšres aussi spĂ©ciales , ni l'esprit, ni la science thĂ©orique ne peuvent supplĂ©er complĂštement Ă l'obser- vation et Ă l'expĂ©rience. » J'ose mĂȘme dire qu'Ă voir la facilitĂ© avec laquelle certains critiques hasardent les affirmations les moins fondĂ©es, on peut se demander si leur science elle-mĂȘme est bien approfondie il est permis d'Ă©mettre ce soupçon sans froisser personne d'autant plus que s'il y a ici un coupable c'est uniquement le public. Notre siĂšcle demande Ă ses publicistes de lui parler de tout et les oblige ainsi Ă parler de tout im peu superficiellement. » Quoi qu'il en soit, Messieurs, Ă en croire certaines opinions reçues, nous ne connaĂźtrions plus l'ancienne peinture sur verre, et cette prĂ©tendue ignorance porterait principalement sur certains procĂ©dĂ©s techniques que nous ne pourrions retrouver et sur certains effets de coloration que nous serions impuissants Ă reproduire. Or, Messieurs, en ce qui concerne les procĂ©dĂ©s techniques, vous avez pu juger dĂ©jĂ par ce que nous avons dit des verres doubles, de r application des Ă©maux et des jaunes d'argent, des enlevĂ©s Ă la brosse, Ă VĂ©meri, Ă V acide, vous avez pu juger, dis-je, si vĂ©ritablement tous ces procĂ©dĂ©s sont pour nous des Ă©nigmes. > Mais j'ose aller plus loin, et ime Ă©tude approfondie et dĂ©jĂ longue des verriĂšres de Chartres m'autorise Ă l'affirmer sans hĂ©- sitation , non-seulement l'ensemble des procĂ©dĂ©s de nos devan- ciers nous est connu, mais encore il n'est aucun des rĂ©sultats obtenus par eux que nous ne puissions expliquer et obtenir nous-mĂȘmes, quelquefois mĂȘme plus facilement, grĂące aux progrĂšs de la chimie et des sciences. » Mais, dira-t-on, s'il en est ainsi, si l'artiste contemporain a entre les mains des moyens Ă©quivalents, supĂ©rieurs mĂȘme Ă â 156 â ceux des anciens, comment se fait-il qu il soit impuissant Ă rendre certaines teintes , certain fondu qu'on admire tant dans leurs Ćuvres ? » C'est lĂ l'objection habituelle, et, il faut le dire, son point de dĂ©part est juste. Il est trĂšs-vrai que pour certains effets de coloris tous les efforts ont Ă©tĂ© infructueux, et j ajoute mĂȘme qu'ils le seront toujours. » n y a dans les vitraux anciens un certain cachet indĂ©finis- sable que le verrier contemporain ne peut obtenir. » C'est vrai, mais cela ne vient nullement, comme on se rimagine, de ce qu'il y a des teintes perdues et dont on ne peut plus retrouver le secret. Non , notre gamme est aussi riche et aussi variĂ©e de tons et de nuances que la gamme des anciens. J'ai essayĂ©, pour ma part, de retrouver toutes les notes des verriĂšres de Chartres, et j'afBrme les avoir toutes reproduites identiquement, Ă la condition de prĂ©parer moi-mĂȘme les ma- tiĂšres dont je devais me servir. » D'oĂč vient donc notre infĂ©rioritĂ©? D'une seule cause, qu'il n'est au pouvoir de personne de supprimer ni d'attĂ©nuer, c'est que nos pĂšres ont avec eux un collaborateur qui manquera tou- jours aux artistes vivants et qui ne* leur sera donnĂ© que plu- sieurs siĂšcles aprĂšs leur mort je veux dire le Temps , avec son action lente et sĂ»re. » Je m'explique. Messieurs, en vous prĂ©sentant encore ici le rĂ©sultat d'observations personnelles qui me paraissent con- cluantes et qu'il serait facile Ă chacun de contrĂŽler. » Quand on examine de prĂšs une fenĂȘtre de nos vieilles cathĂ©- drales, on s'aperçoit que, sous l'action de l'atmosphĂšre et du temps, la surface extĂ©rieure du verre s'est dĂ©tĂ©riorĂ©e et comme dĂ©polie; des stries nombreuses et parfois profondes Ă 'y sont formĂ©es ; chacune des cavitĂ©s ou alvĂ©oles dĂ© cette paroi rugueuse a recueilli son contingent de poussiĂšre; cette sahssure bienfai- sante s'est incrustĂ©e Ă la longue dans les porositĂ©s du verre, et jointe Ă l'action de la lumiĂšre solaire elle a produit l'effet d'un glacis gĂ©nĂ©ral qui estompe les teintes et donne Ă la facture ce cachet mystĂ©rieux que toute l'habiletĂ© contemporaine ne peut reproduire. » Chose Remarquable, qui vient bien Ă l'appui de notre thĂšse, ce cachet est d'autant plus accentuĂ© que la verriĂšre est plus ancienne. â 157 â j> Mais, Messieurs, il y a une preuve tout-Ă -fait dĂ©cisive que c'est bien lĂ , dans cette dĂ©tĂ©rioration qui est l'Ćuvre du temps, qu il faut chercher le secret unique de cette harmonie merveil- leuse, de ce veloutĂ© inestimable des anciennes verriĂšres. » On a essayĂ© d'obtenir par des moyens artificiels , par des procĂ©dĂ©s chimiques, un dĂ©poli analogue; on a, pour me servir du mot consacrĂ©, patinĂ© le verrCy et les rĂ©sultats obtenus sont eztraordinairement remarquables on est arrivĂ© ainsi Ă une imitation de Tantique aussi exacte et aussi parfaite que possible» Je pourrais citer des exemples de restauration de verriĂšres an- ciennes oĂč ces procĂ©dĂ©s ont Ă©tĂ© employĂ©s avec tant de bonheur que non-seulement le public, mais les connaisseurs eux-mĂȘmes s'avouaient incapables de discerner les piĂšces rapportĂ©es de l'ensemble du vitrail l'action instantanĂ©e et artificielle de la science Ă©tait arrivĂ©e au mĂȘme rĂ©sultat que la lente influence des siĂšcles. » VoilĂ , Messieurs, des faits parfaitement certains et qui rĂ©duisent Ă ses vĂ©ritables proportions un prĂ©jugĂ© aussi rĂ©pandu que peu fondĂ©. » Pour terminer cette rapide comparaison de l'art moderne avec l'art ancien, il resterait encore un mot Ă dire. » Si les procĂ©dĂ©s et le coloris n'ont rien Ă envier au passĂ©, en est-il de mĂȘme des artistes? Leurs Ćuvres valent-elles celles de leurs devanciers? C'est l'Ă©temelle querelle des anciens et des modernes transportĂ©e de la littĂ©rature dans le domaine artis- tique. Je me garderais, Messieurs, de me donner le ridicule de cet Ă©crivain dont parle spirituellement la BruyĂšre, et qui prou- vait que les anciens Ă©taient infĂ©rieurs aux modernes, par des raisons tirĂ©es de son propre jugement et des exemples puisĂ©s dans ses ouvrages. » Ce serait tĂ©mĂ©ritĂ© et mauvais goĂ»t de nous comparer Ă ces honunes qui sont nos maĂźtres et nos modĂšles. Nous prĂ©tendons seulement ĂȘtre leurs disciples. » Vous jugerez, Messieurs, si les verriers de notre temps mĂ©ritent ce nom quand je vous aurai fait connaĂźtre leur mĂ©- * thode et leur maniĂšre en vous disant ce que doit ĂȘtre et ce qu'est en effet la peinture sur verre , telle qu'ils la pratiquent. C'est cette question qu'il s'agit maintenant d'examiner et de rĂ©soudre. » Notre siĂšcle n'a pas innovĂ© en architecture , il n'a pas créé - 158 â un style original , mais il accepte en hĂŽte gĂ©nĂ©reux tons les styles antĂ©rieurs, et cela n*a rien que de lĂ©gitime, Ă la condi- tion qu'il les respecte tous et garde Ă chacun d'eux sa puretĂ© et sa physionomie propre. ]> Ce devoir qui s'impose Ă l'architecte s'impose Ă©galement au verrier, car, nous l'avons dit, notre art est insĂ©parable de l'ar- chitecture; les verriĂšres font partie intĂ©grante de l'Ă©difice qu'elles Ă©clairent, et bien qu'il y ait des exemples du contraire, elles doivent, en bonne rĂšgle, rentrer dans le mĂȘme style que lui. 3 II y a un principe qui domine tout dans l'art, c'est le prin- cipe de l'unitĂ©. » Lors donc qu'il s agit de restaurer des vitraux anciens ou de complĂ©ter la dĂ©coration d'un monument dĂ©jĂ Ă©clairĂ© par des verriĂšres d'une Ă©poque dĂ©terminĂ©e , le verrier a ime voie toute tracĂ©e; il doit, d'une façon absolue, assimiler son travail Ă l'ancien. » Mais quand il faut remplir les baies d'une Ă©glise nouvelle dont la dĂ©coration tout entiĂšre lui est confiĂ©e, jusqu'oĂč va son indĂ©pendance? Il va sans dire, Messieurs, que, lĂ encore, sa premiĂšre prĂ©occupation doit ĂȘtre le style de l'Ă©difice ce serait une faute grossiĂšre de placer des vitraux du style du XIIP siĂšcle dans une Ă©glise romane, ou de transporter des imitations de la Renaissance dans un monument du Moyen-Age c'est de la der- niĂšre Ă©vidence. Donc tous les ornements architecturaux qui forment le cadre de la verriĂšre suivront toujours le style gĂ©nĂ©- ral du monument, et rien ne serait plus choquant que de voir des ogives et des clochetons Ă©garĂ©s dans des baies plein-cintre, ou des frontons grecs jurer dans les baies Ă©lancĂ©es d'une fenĂȘtre ogivale. » Ici tout le monde est d'accord et les divergences d'opinion ne se concevraient d'ailleurs guĂšre on est sur le terrain du bon sens et du bon goĂ»t le plus Ă©lĂ©mentaire. » Mais outre les dĂ©tails et les ornements accessoires, il y a le vitrail mĂȘme, les personnages, comment doivent -ils ĂȘtre traitĂ©s? » C'est ici, Messieurs, que nous entrons dans le vif du dĂ©bat et que nous touchons Ă la difficultĂ© prĂ©cise sur laquelle on a tant parlĂ© et tant Ă©crit, peut-ĂȘtre sans bien s'entendre, toujours certainement sans faire avancer d'un pas la question. 9 LĂ mĂȘme cependant tout n'est pas en litige il y a un point â 159 â ou plutĂŽt un mot sur lequel tout le monde est d'accord c est que les sujets quels qu'ils soient doivent rentrer dans le genre dĂ©coratif. > Mais ce mot, comment les critiques Tentendent-ils? » Pour les uns, le genre dĂ©coratif c'est exclusivement la mosaĂŻque du XII» siĂšcle ou les mĂ©daillons et les personnages en pied du XI1I, Ă l'exclusion des scĂšnes du XIV* et du XV* siĂšcle. Pour les autres y c'est le bannissement absolu an modelĂ© dans la facture et de ces grandes compositions dont les dimensions rap- pellent la grande peinture d'histoire. » Vous me permettrez, Messieurs, de discuter toutes ces opi- nions librement et sans passion et d'en appeler de certaines phrases stĂ©rĂ©otypĂ©es, de certains aphorismes qu'on rencontre partout aux principes Ă©ternels de la raison et du goĂ»t. » L'admiration des anciens est certainement un des principes conservateurs et rĂ©gĂ©nĂ©rateurs des arts comme des littĂ©ratures , mais encore faut-il que ce ne soit pas ime admiration aveugle, qui s'attache Ă ce qu'il y a de dĂ©fectueux dans ces chefs- d'Ćuvre, au Ueu de se concentrer sur ce qu'il y a en eux de vraiment admirable. On rirait, et Ă bon droit, d'un homme de lettres qui admirerait et imiterait exclusivement dans Corneille l'emphase exagĂ©rĂ©e de ses derniĂšres tragĂ©dies , et dans Pascal l'incorrection des phrases qu'il a laissĂ©es inachevĂ©es. » N'est-ce pas tomber dans le mĂȘme travers que d'admirer dans les verriĂšres du XII* et du XIII* siĂšcle les dĂ©fauts de dessin, le manque de perspective et de proportion. Ces Ćuvres sont belles sans doute , mais ce n'est pas lĂ qu'elles le sont. Imitez le sentiment , le coloris , l'harmonie gĂ©nĂ©rale, la richesse, voilĂ ce qui est beau et imitable. 9 Si vous ĂȘtes capables de faire un dessin plus naturel, plus juste de proportion, plus Ă©tudiĂ©, plus vivant, allez- vous de propos dĂ©libĂ©rĂ© faire abstraction de vous-mĂȘme et conunettre des fautes par ambur de l'antiquitĂ©? » Dans une restauration, ce sera pour vous un devoir rigou- reux. Dans une Ă©glise neuve, en style de l'Ă©poque, ce sera une permission dont vous pourrez user. C'est le passĂ© que vous res- suscitez, tel qu'il Ă©tait avec ses qualitĂ©s et ses lacunes. Pour l'amateur^ il y a dans cette reproduction exacte de l'antique un charme comparable Ă celui d'une citation en vieux français qui plaĂźt par sa naĂŻvetĂ© et son incorrection mĂȘme. â 160 â Mais faire de cette imitation stricte, une obligation gĂ©nĂ©rale, c'est impossible. Si j'Ă©vite des dĂ©fauts que personne ne conteste, si, tout en gardant ce qu'il y a de bon, je corrige les dĂ©fauts et perfectionne les qualitĂ©s, si mon Ćuvre est moins raide, mieux proportionnĂ©e, plus vivante, plus artistique; si mes figures sont moins dĂ©charnĂ©es, plus fines, plus modelĂ©es, aurai-je manquĂ© aux rĂšgles de l'art ? r> Ăvidemment ce n'est pas admisssible. » Oui , que notre art soit dĂ©coratif, mais il peut l'ĂȘtre en res- tant de Tart au premier chef. » Faisons de la mosaĂŻque, mais qu'elle soit bien Ă©tudiĂ©e, bien correcte; faisons des mĂ©daillons, mais rien ne nous inter- dit de donner Ă nos petites scĂšnes un modelĂ© lĂ©ger , transpa- rent, argentin dans les chairs, en blaireautant ou en putoisant les teintes. » Imitons les grands personnages en pied du XIII siĂšcle, mais si nous pouvons leur donner plus de vie et d'expression sans leur rien ĂŽter de leur majestĂ©, nous aurons bien mĂ©ritĂ© de l'art. » VoilĂ , ce me semble, ce que diront tous les hommes de bon goĂ»t et de science vĂ©ritable; je me hĂąte de l'ajouter. Messieurs, c'est ce que disent et essaient de pratiquer en effet tous les ar- tistes contemporains qui ont quelque valeur. » Leur est-il permis de franchir ces limites et d'Ă©largir leur horizon en essayant, Ă la suite des vemers du XV et du XVI* siĂšcle, d'agrandir leur cadre et de reprĂ©senter de grandes scĂšnes? * » Ici encore, Messieurs, nous trouvons devant nous, conune une barriĂšre infranchissable , une de ces grosses phrases qui semblent indiscutables et que l'on est habituĂ© Ă considĂ©rer conune de vrais axiomes. » Point de grandes scĂšnes, point de grandes compositions, nous crie- t-on, c'est un genre interdit aux verriers. Et pour- quoi? Parce qu'alors il ferait de la peintu/rSy il ferait du tableau ! Le peintre verrier ne doit pas faire du tableau , de la peinture. VoilĂ , Messieurs, le gros mot de la question; c'est ici le point central et comme le pivot. » Je vous demande encore la permission d'ĂȘtre en ce moment aussi franc que possible, en vous promettant toute la prĂ©cision dont je suis capable. â 161 â B Ăvidemment , les critiques qui ont poussĂ© les premiers ce cri d'alarme ont Ă©tĂ© Ă©mus surtout de la crainte de voir le ver- rier empiĂ©ter sur le domaine du peintre , et il ont redoutĂ© la confusion de la peinture sur verre avec la peinture sur toile; mais qu'ils se rassurent, cette confusion n'est nullement Ă craindre. La peinture sur verre n'est pas la peinture sur toile , ce sont deux arts diffĂ©rents qui ont leurs procĂ©dĂ©s , leurs rĂ©sul-^ tats, leurs caractĂšres essentiellement distincts. » Le peintre sur toile travaille sur un fond opaque; dans la disposition des teintes et des ombres, il calcule exclusivement avec la rĂ©fraction de la lumiĂšre; car le rayon lumineux ne traverse pas sa peinture, il s'y brise et revient de lĂ Ă l'Ćil du spectateur. Le verrier au contraire peint sur un fond transpa- rent, destinĂ© non pas Ă rĂ©flĂ©chir, mais Ă tamiser la lumiĂšre ; son Ćuvre sera plus facilement brillante, il obtient des effets plus splendides de diamant et de pierrerie, mais il doit appliquer pour les ombres et les chairs des thĂ©ories toutes diffĂ©rentes. n Le peintre est plus libre dans le choix , la disposition , le style de ses sujets sa toile gĂ©nĂ©ralement, si Ton me permet l'expression , sera un meuble et ne s'incorporera Ă aucun en- semble architectural. La verriĂšre fait toujours , comme la pein- ture Ă fresque, partie intĂ©grante d'un Ă©difice, et comme telle est assujettie Ă un style dĂ©terminĂ©. » VoilĂ des diffĂ©rences assez sensibles pour qu'il n'y ait au- cune identification possible. » Les deux arts sont distincts, et, j'ose le dire, ce ne sont certes pas les verriers qui rĂ©clament contre cette distinction ; c est rhonneur de leur art d'ĂȘtre un art Ă part , qui a sa vie et son caractĂšre Ă lui. » Mais, Messieurs, cette distinction si rĂ©elle n'empĂȘche pas des analogies nombreuses et incontestables. Le verrier est vĂ©ritable- ment peintre, ses Ćuvres sont vraiment des peintures, quoique d'un genre particulier, son art enfin est vĂ©ritablement un art. » Lors donc qu'on lui interdit la peinture , si on veut seu- lement lui rappeler que sa peinture Ă lui n'est pas la peinture ordinaire, on fait une chose inutile peut-ĂȘtre, mais enfin trĂš- raisonnable; si au contraire on veut lui faire admettre qu'il n'est aucunement peintre, que peindre sur verre ce n'est pas peindre , que sa peinture n'est pas de la peinture, on va mani- festement contre le bon sens. â 162 â » Mais soit, dit-on, qu'il peigne, le mot n'y fait rien, ce n'est pas de la peinture que nous voulons qu'il se dĂ©fende, c'est du tableau y et on se retranche derriĂšre ce mot comme derriĂšre un boulevai*d inattaquable. » Voyons , Messieurs, s'il l'est autant qu'on le pense. t D'abord, que veut-on dire par tableau? Le tableau, ce me semble, comporte une multitude de genres, et des dimensions de toute nature il y a les tableaux de chevalet, les paysages, la peinture d'histoire, et dans chaque tableau il y a le dessin, le coloris , le fai/re en un mot. Quelle est de toutes ces choses celle qui est interdite au verrier? En lisant les nombreux ar- ticles de nos critiques , et en essayant de me rendre compte sans prĂ©tention de ce qu'il pouvait y avoir sous ce mot assez vague de tableau y je suis arrivĂ© Ă cette persuasion qu'il couvre dans leur pensĂ©e une triple objection. » Ne faites pas de tableau, c'est-Ă -dire, pour quelques-uns, n'essayez pas de rivaliser avec ces qualitĂ©s brillantes de des- sin, de proportion, de fini qui fait la beautĂ© des peintures sur toile ce n'est pas votre genre , votre genre Ă vous c'est la tapisserie et non la peintm*e. » Que notre art se rapproche par quelques cĂŽtĂ©s de la tapis- serie, nous l'admettons parfaitement; mais n'est-il pas Ă©vident qu'il en est au moins aussi distinct que de la peinture sur toile. La composition lente et patiente de la tapisserie s'Ă©loigne au moins autant de notre maniĂšre que celle-ci s'Ă©loigne de la maniĂšre des peintres sur toile. 3> Mais d'ailleurs est-ce que la grande tapisserie ne fait pas du tableau ? Les paysages, les personnages en pied, les scĂšnes des Gobelins ne sont-ils pas de vrais tableaux, et cependant ne sont^ ils pas de belles Ćuvres ? 9 n y a plus. Messieurs, la tapisserie fait des tableaux et ne peint pas, mais le verrier tient le pinceau, il est peintre, c'est un titre que le langage , l'opinion et la raison lui accordent. » n est peintre â et il ne ferait pas de tableau ? Il lui serait dĂ©fendu de chercher des modĂšles dont la note serait Ă l'Ă©chelle comme proportions, il lui serait dĂ©fendu d'Ă©tudier la nature et de la reproduire vivante et animĂ©e I VoilĂ , Messieurs, des as- sertions qui me confondent, qui trahissent des prĂ©jugĂ©s bien peu fondĂ©s en raison, et, je l'ajoute, qui sont en coĂ»tradiction flagrante avec l'histoire artistique. - 163 - » Les verriers de la Renaissance ont Ă©tudiĂ© la nature y des- sinĂ© avec justesse, modelĂ© avec soin, ils ont fait ce que vous appelez un tableau , je n'en veux d'autre exemple que la belle page de Sainte-Gudule , dont j'ai eu l'honneur de vous parler. Allez contempler cette scĂšne, c'est une verriĂšre, c'est un tableau, et cependant, de l'aveu unanime, c'est un chef-d'Ćuvre I » Ne faites pas de tableau, selon d'autres critiques, cela veut dire gardez-vous des grandes scĂšnes; restez-en aux persoimages isolĂ©s, aux petites scĂšnes de mĂ©daillon, mais n'Ă©largissez pas votre cadre, cela n'est pas permis au verrier. Cette opinion est commime, et je vous avoue encore. Messieurs, qu'elle m'Ă©tonne Ă©trangement. » Quand nous avons Ă remplir des baies immenses comme celle de Sainte-Gudule, il faut nĂ©cessairement y superposer des sujets en pied placĂ©s sous des dais d'architecture, ou bien diviser ce cadre en un grand nombre de mĂ©daillons restreints. S'il me vient une grande pensĂ©e, que je veuille l'exprimer d'une façon magistrale et la dĂ©velopper dans ce vaste cadre, cela me sera dĂ©fendu parce que je suis verrier ? uniquement pour cela. » N'est-ce pas de la prĂ©vention ? » Si je passe outre, et que je fasse cette grande page, alors mĂȘme qu'elle serait bien traitĂ©e, qu'il y aurait de la vĂ©ritĂ©, de l'unitĂ© de dessin, elle sera mauvaise parce qu'elle est sur verre? » Encore une fois, Messieurs, que dire d'une critique sem- blable? 3 Et chose extrĂȘmement curieuse, en mĂȘme temps que l'on exĂ©cute aussi impitoyablement ce tableau qui parle trop claire- ment aux yeux, on Ă©crit des choses comme celles-ci Que les temps sont changĂ©s au moyen Ăąge, la peinPare sur verre Ă©tait le mode d'instruction le plus puissant qui existĂąt.,, elle prĂ©sen- tait au peuple chrĂ©tien l'enseignement du christianisme tantĂŽt sous la forme Ă©mouvante de la lĂ©gende, tantĂŽt sous le voile transparent du symbolisme. » Quoi donc, la peinture sur verre doit parler au peuple , elle doit lui enseigner les grands mys- tĂšres chrĂ©tiens; elle atteint ce but quand elle produit ces mĂ©- daillons placĂ©s Ă vingt mĂštres au-dessus du pavĂ© de nos cathĂ©- drales et oĂč l'Ćil distingue Ă peine les personnages; elle enseigne le peuple dans ces lĂ©gendes que la science des archĂ©o- logues a quelque peine Ă dĂ©chiffrer; mais elle ne dit rien, elle n atteint pas son but quand elle reprĂ©sente, dans ses grandes â 164 â compositions, les scĂšnes de la vie du Christ, de la Vierge et des Saints ! » Avouez, Messieurs, que le verrier est de bonne composition quand il discute Ă froid de semblables arguments ! Enfin, dit-on , ne faites pas de tableoAj,^ parce que vous enlĂšveriez la transpa- rence du verre. » Erreur profonde , mĂȘme pour les parties dont les teintes sont le plus accusĂ©es. Si en effet, le modelĂ© est fort et vigou- reux, c'est que le sujet est de dimension considĂ©rable, et s'il est de dimension considĂ©rable, il se trouve indubitablement placĂ© dans un Ă©difice spacieux et Ă une grande Ă©lĂ©vation. Or, plus un sujet est Ă©levĂ© par rapport Ă notre regard, et plus le soleil a de puissance d'action sur les ombres mĂȘme les plus soutenues, plus surtout il Ă©largit les parties lumineuses au profit de la transparence en frangeant les parties ombrĂ©es. » Si d'ailleurs il arrive quelquefois que les teintes soient trop foncĂ©es, l'Ćuvre est blĂąmable sans doute, mais la faute en est au verrier et nullement au genre. Tous les genres peuvent ĂȘtre traitĂ©s d'une façon transparente et lumineuse. Qu'importent les dimensions de la scĂšne? L'effet gĂ©nĂ©ral doit toujours ĂȘtre le mĂȘme, puique les proportions de la lumiĂšre et des ombres ne changent pas. » C'est au verrier Ă trouver cette juste proportion , Ă ne pas accuser outre mesure ses teintes et Ă se souvenir toujours que la verriĂšre doit Ă©clairer l'Ă©difice qu'elle dĂ©core. » Vous voyez, Messieurs, combien toutes ces critiques si vĂ©- hĂ©mentes et si affirmatives soutiennent peu Texamen. » Aussi bien , il me semble difficile de comprendre pourquoi on nous restreint ainsi notre horizon artistique , Ă une Ă©poque surtout oĂč l'on est disposĂ© Ă accorder dans tous les arts , Ă la libertĂ© d'allure d'ailleurs indispensable, une part si lĂ©gitime. » Ne serait-ce pas ĂȘtre trop ambitieux , que d'ajouter encore ceci? On dĂ©plore souvent le dĂ©pĂ©rissement de la grande peinture , du grand art, on se plaint avec trop de sĂ©vĂ©ritĂ© peut-ĂȘtre qu'il n'y ait plus assez de largeur ni dans les conceptions, ni dans les Ćuvres quel mal y aurait-il si les verriers essayaient, pour leur modeste part, de relever cet art qui s'en va, de lui ouvrir leurs ateliers? Us ne demandent qu'une chose bien simple , c'est qu'on veuille bien leur permettre Ă ! essayer et ne pas les condamner s'ils rĂ©ussissent. - 165 - » Tenez, Messieurs, puisque vous m'Ă©coutez avec tant de bienveillance, permettez-moi d'aller jusqu'au bout de ma pensĂ©e. » Toutes ces critiques sans hostilitĂ© et sans parti pris, je me plais Ă le reconnaĂźtre , mais aussi peut-ĂȘtre sans Ă©tudes pro- fondes et sans grande expĂ©rience, finissent par faire aux artistes verriers une situation vĂ©ritablement singuliĂšre. » D'ailleurs, Messieurs, il y a ici des principes supĂ©rieurs qui dominent et expliquent tout, et dont la vĂ©ritĂ© est inatta- quable. » Du moment oĂč Von veut bien nous accorder une place , si petite qu'elle soit, parmi les artistes, nous avons le droit de demander qu'on nous juge d'aprĂšs les principes Ă©temels de l'art. » Or, Tart a un but unique et absolu, â le Beau. Les moyens d'atteindre ce but sont relatifs et laissĂ©s Ă la libertĂ© de chacun mais dĂšs lors qu'une Ćuvre exprime le beau, de quelque ma- niĂšre qu'elle ait Ă©tĂ© conçue et faite, elle est une Ćuvre d'art. » Un Corot n'est pas un LĂ©opold Robert; l'un et l'autre ne sont ni des Rubens ni des RaphaĂ«l tous cependant sont des Ćuvres artistiques parce que tous expriment la beautĂ© sous une de ses faces. » Je dirai de mĂȘme qu'importe qu'une verriĂšre soit grande ou petite, qu'elle soit mosaĂŻque, en mĂ©daillon ou en scĂšne d'histoire, si elle est belle, admirez; discutez sans doute, mais comme vous discutez tous les arts, et sans vouloir arracher au verrier ime libertĂ© d'initiative et une indĂ©pendance d'action aux- quelles il a droit au mĂȘme titre que tous les sculpteurs et les peintres. » Quelques observations sont prĂ©sentĂ©es par MM. Lecocq et Famin. Conmiunication d'une note de M. Heurtault sur le verre incas- sable, traduction d'un passage de PĂ©trone. Ferunl sub Tiberio fabrum qaemdam vitrea vasa fecisse ejus tenacilatis , ut non nuigis quam awrea vel argeniea frangereniur. Cum ergo phialam ^jusmodi de purissimo vitro fabricassel, oblulU CĆsari, qui laudavit ar/t- ficis manum, Ille, quo sibi plenius admiralionem intueniium et gratiam imperatoris conciliaret , petitum a CĆsare vas prqjecit in pavitnentum tanto impetu, ut nec firmissimum Ćs mausisset iUĆsum, Inde, is phialam suslu^ â 166 â lit, quĆ tanlum collisa erat, tanguam vas Bneum, malleoloque de tinu pro- latOt vilrum correĆit aptissime, crebrisque ictibus reparavit, Qtio facto, putabat se solium Jovis tenere , eo quod CĆsaris familiaritatem omniumque admirationem prmneruissei , sed secus accidit, QuĆsivit enim CĆsar, num^ guid alius sciret hanc temperalionem vitrorum, Addunt, postquam negas- sei, illum ab imperatore jussum mori, guoniam sdlicety ut virum prudent iiorem Hmuisse et cavisse putant, si taie artificium propagatum esset, crgentum et aurum dehinc pro Uito habererUur, V. PĂTRONE. On rapporte que sous TibĂšre , un ouvrier fabriqua des vases de verre d^une telle consistance , qu'ils ne se brisaient pas plus que les vases d*or ou d'argent. Ayant donc façonnĂ© un vase de cette espĂšce , du verre le plus pur , il l'offrit Ă l'empereur qui loua PhabiletĂ© de Touvrier. Celui-ci , pour s'attirer plus complĂštement l'admiration des spectateurs et les bonnes grĂąces de CĂ©sar , redemanda le vase Ă TibĂšre , et le jeta avec tant de force sur le pavĂ© , que l'airain mĂȘme le plus solide aurait assurĂ©ment Ă©tĂ© endommagĂ©. Alors l'ouvrier ramassa le vase, qui Ă©tait seulement bossue, comme l'aurait Ă©tĂ© un vase d'airain ; puis , tirant de sa ceinture un petit marteau, il redressa le verre trĂšs-adroitement, et le rĂ©para Ă petits coups redoublĂ©s. Cela fait , il croyait dĂ©jĂ voir l'Olympe s'ouvrir devant lui , d'autant plus qu'il se figurait avoir mĂ©ritĂ© l'amitiĂ© de CĂ©sar et l'admiration gĂ©nĂ©rale. Mais son attente fut trompĂ©e. En effet , l'empe- reur lui demanda si quelque autre que lui connaissait le secret de fabri- quer du verre semblable. On ajoute que l'artiste ayant rĂ©pondu nĂ©gati- vement, TibĂšre le fit mettre Ă mort, parce que comme le craignait sans doute , par un excĂšs de prĂ©caution., ce prince trop prudent , si un tel art Ă©tsdt venu Ă se rĂ©pandre , For et l'argent auraient perdu toute leur valeur. M. Lecocq demande qu'il soit donnĂ© lecture de la notice sur Port-Royal, dont Timpression est projetĂ©e par la SociĂ©tĂ©. â Avant d'en dĂ©cider Timpression il en sera fait lecture Ă FAssemblĂ©e. L'ordre du jour est Ă©puisĂ© ; la sĂ©ance est levĂ©e Ă cinq heures. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. Barland François y professeur de quatriĂšme au collĂšge; prĂ©sentĂ© par MM. Met-Gaubert et Merlet. Barrois, docteur-mĂ©decin Ă lUiers; prĂ©sentĂ© par MM. Met- Gaubert et Merlet. â 167 - MM. BouTHEMARD, entrepreneur Ă Chartres; prĂ©sentĂ© par MM. Lecocq et P. Durand. DouLLAY Georges, avouĂ© Ă Chartres; prĂ©sentĂ© par MM. Met-Gaubert et Merlet. IsAMBERT Gustave, homme de lettres Ă Paris; prĂ©sentĂ© par MM. les docteurs Robin et Harreaux. ViNET, cultivateur, maire de GaranciĂšres-en-Beauce; prĂ©- sentĂ© par MM. Treille et Met-Gaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ. Romania, recueil trimestriel consacrĂ© Ă l'Ă©tude des langues et des littĂ©ratures romanes, par MM. Meyer et Gaston. Paris, F. Vieweg, libraire Ă©diteur, 67, rue Richelieu. Envoi du MinistĂšre. Bulletin archĂ©ologique et historique y sociĂ©tĂ© de Tam-et-Ga- ronne, t. IV, 4* trimestre 1876. Montauban, Forestier neveu. Bulletin de la SociĂ©tĂ© des Antiquaires de VOuest, 4* trimestre de 1876. Poitiers, typographie DuprĂ©. SĂANCE DD 3 MAI 1877. PrĂ©sidence de M. Merlet. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procĂšs-verbal de la derniĂšre rĂ©union. Etaient prĂ©sents MM. Merlet, Chavaudret, Met-Gaubert^ Brosseron, de Bertheville, Besselle, Dussart, Famin, Gilbert P., Hue, TabbĂ© Foucault, Iiefebvre Aug., Legrand, Lecocq, doc- teur Legendre, Ossude fils, TabfcĂ© PouclĂ©e , Ravault, SĂ©vestre. Des regrets sont exprimĂ©s Ă propos du dĂ©cĂšs de notre confrĂšre M. BĂ©thanier. Il est ensuite arrĂȘtĂ© que la sĂ©ance publique annuelle aura â 168 - lieu le jeudi 14 juin, Ă deux heures, salle Sainte-Foi; M. E. Chesneau, critique d*art, Ă Paris, fera une confĂ©rence sur Y Art et l'Utile. Communication d*une lettre de M. Tlnspecleur d'AcadĂ©mie au sujet de l'Exposition scolaire. â L'assemblĂ©e dĂ©cide qu'elle mettra Ă la disposition de M. Bos , sollicitant des rĂ©compenses spĂ©ciales, un exemplaire de Souchet reliĂ© et une mĂ©daille d'ar- gent, grand module, d'une valeur de 25 francs environ. Rapport de la Commission sur le chĂąteau d'eau de l'aqueduc d'Houdouenne. Dans la sĂ©ance du 8 fĂ©vrier dernier, M. Lecocq a donnĂ© communication de la dĂ©marche par lui faite auprĂšs du propriĂ©- taire, au faubourg la Grappe, chez lequel a Ă©tĂ© trouvĂ© le bassin de distribution des eaux de la fontaine d'Houdouenne , dĂ©marche ayant pour but l'acquisition du terrain occupĂ© par ledit bassin , et de laquelle il ressort que le propriĂ©taire cĂ©derait ledit terrain moyennant une somme de mille francs. M. Lecocq demande, si ce prix Ă©tait consenti par la SociĂ©tĂ©, quels seraient les moyens de conservation Ă employer, et propose qu'une commission de trois membres soit dĂ©signĂ©e pour Ă©tudier le tra- vail et donner le chiffre approximatif de la dĂ©pense. 9 La commission constituĂ©e dans la mĂȘme sĂ©ance a Ă©tĂ© con- voquĂ©e pour le 15 mars, Ă l'effet de remplir la mission qui lui Ă©tait confiĂ©e. » Elle s'est, en consĂ©quence, rendue sur les lieux, oĂč, aprĂšs un sĂ©rieux examen et diverses propositions sur les moyens de consolidation Ă employer pour arriver Ă la conservation de l'Ă©difice, elle s'est arrĂȘtĂ©e Ă la construction d'une voĂ»te en moellon couvrant toute la superficie du bassin avec escalier d'accĂšs couvert et fermĂ©. » Le dĂ©tail estimatif de la dĂ©pense, y compris l'enlĂšvement des terres de l'intĂ©rieur du bassin ainsi que les travaux de con- solidation des murs actuels, s'Ă©lĂšve Ă la somme de 2,000 francs. » Cette somme, ajoutĂ©e au prix demandĂ© par le propriĂ©taire du terrain, constituerait une dĂ©pense de 3,000 francs pour la SociĂ©tĂ© , et votre commission s'est demandĂ© si le chĂąteau d'eau , dans son Ă©tat actuel de dĂ©labrement et de dĂ©tĂ©rioration, offre un intĂ©rĂȘt assez grand de conservation pour motiver une dĂ©- pense aussi considĂ©rable elle ne le pense pas. â 169 â » La SociĂ©tĂ© possĂšde une notice et des plans exacts et cotĂ©s du bassin, ces Ă©lĂ©ments sont bien suffisants pour satisfaire Ă tous renseignements et indications utiles sur sa forme et la na- ture de sa construction. » AprĂšs dĂ©libĂ©ration, les conclusions de la Commission sont adoptĂ©es. Il est accordĂ© une mĂ©daille d'argent de 1 5 francs en faveui* du concours des SociĂ©tĂ©s musicales qui se tiendra Ă Chartres, le dimanche 17 juin. Communication sur la sĂ©ance du jeudi 5 juillet. Ce jour, et conformĂ©ment Ă nos statuts, la SociĂ©tĂ© se rĂ©unira en assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale pour le renouvellement du Bureau. Tous les membres actuels sont rééligibles, Ă Vexception du PrĂ©sident. Il y aura, ce mĂȘme jour, renouvellement de la Commission de publica- tion. Des lettres spĂ©ciales de convocation seront, Ă ce sujet, envoyĂ©es Ă tous les sociĂ©taires. M. le PrĂ©sident propose Ă rassemblĂ©e la publication d'un ou- vrage manuscrit de M. E. Bellier de la Chavignerie sur le cou- vent de la Visitation ; cet ouvrage serait soumis Ă l'apprĂ©ciation de la Commission de publication avant la sĂ©ance de juillet. Diverses observations sont prĂ©sentĂ©es au sujet des travaux antĂ©rieurement acceptĂ©s comme future publication w La dĂ©cision de la SociĂ©tĂ© avait dĂ©signĂ© comme devant ĂȘtre imprimĂ©s 1 L'Histoire des chanoines de la cathĂ©drale de Chartres; 2 Le Cartulaire de l'Abbaye de Thiron; 3* Le Journal d'un Bourgeois de Chartres^ ligueur 1579- 1592. M. Merlet dĂ©clare que, pour cette annĂ©e et TaĂ»nĂȘe prochaine^ il ne peut s'occuper de la publication de V Histoire des Cha- noines. Quant au Ca/rtulaire de l'Abbaye de Thiron y il n'est pas non plus prĂ©parĂ©. M. Lecocq annonce que, Ă©tant soumis Ă la clause Ă©ventuelle portĂ©e au procĂšs-verbal, il n'a pas cru, jusqu'Ă ce jour, devoir s'occuper sĂ©rieusement du Journal d'un Bourgeois de Chartres; mais en prĂ©sence de la dĂ©claration faite prĂ©sentement par M. le PrĂ©sident, il maintient son droit de publication Ă propos duquel il demandie un dĂ©lai suffisant et un correcteur. Tome YL V, ' 12 â 170 â Rapport supplĂ©mentaire de M. Legrand sur les travaux des instituteurs; ce rapport complĂšte celui de M. Person. I L'utilitĂ© et l'opportunitĂ© du concours historique et gĂ©ogra- phique ouvert entre les instituteurs du dĂ©partement , s'est fait apprĂ©cier tout d* abord par le mĂ©rite des travaux auxquels la SociĂ©tĂ© d'archĂ©ologie d'Eure-et-Loir a accordĂ© ses premiĂšres * rĂ©compenses. » Aussi, pendant que la notice sur les Autels-VilleviUon vient d'ĂȘtre jugĂ©e digne d'ĂȘtre insĂ©rĂ©e textuellement dans les MĂ©- moires publiĂ©s par la SociĂ©tĂ©, voici que d'autres travailleurs, rĂ©pondant Ă l'appel adressĂ© et Ă l'exemple dĂ©jĂ donnĂ©, viennent solliciter, Ă leur tour, pour leurs Ă©tudes, la bienveillante atten- tion qui peut leur ĂȘtre accordĂ©e. » Mais si la SociĂ©tĂ©, au point de vue archĂ©ologique seule- ment, peut se fĂ©liciter dĂšs Ă prĂ©sent des rĂ©sultats obtenus, elle n'est pas non plus indiffĂ©rente Ă un autre but qu'atteindront certainement les concours annuels qu'elle a fondĂ©s. » En effet, quand le goĂ»t sera venu aux instituteurs de cette intĂ©ressante exploration , de ce qui s'est passĂ© dans le lieu oĂč les attachent les devoirs professionnels qu'ils ont Ă y remplir; â quand d'un cĂŽtĂ© ils se seront appliquĂ©s Ă se rendre un compte exact de la constitution gĂ©ologique du sol , de son reUef , du rĂ©gime de ses eaux, de son climat, de sa viabilitĂ©, etc. ; â quand de lautre cĂŽtĂ© ils seront devenus les dĂ©positaires de tous les documents du passĂ©, â de quelle utilitĂ© ne seront-ils pas Ă la mairie, comme greffiers , archivistes, conservateurs de tous les plans et de tous les titres? » Et ce ne sera pas tout encore. L'enseignement de l'Ă©cole profitera des connaissances de l'instituteur. Les Ă©lĂ©ments de l'histoire locale se placeront Ă leur date parmi ceux qui se rap- portent Ă l'histoire gĂ©nĂ©rale et Ă ceux de la contrĂ©e , pendant que les enfants prĂ©luderont Ă l'Ă©tude de la gĂ©ographie des grandes divisions par l'Ă©tude faite sur place des accidents topo- graphiques donnant son aspect physique au territoire envi- ronnant. Et , c'est parce que j'ai Ă faire valoir ces avantages du con- i ^ 171 - cours auquel quatre instituteurs viennent prendre part cette annĂ©e, que je me fĂ©licite, Messieurs , d'ĂȘtre auprĂšs de vous le rapporteur de la Commission chargĂ©e d'apprĂ©cier les travaux prĂ©sentĂ©s et de solliciter les rĂ©compenses qui peuvent avoir Ă©tĂ© niĂ©ritĂ©es par chacun d'eux. II Notice historiĂ©e et gĂ©ograpMgue sur la commime de Nottonvllle. Par H. Chanteorain , institutewr adjoint , Ă Brou. » C'est Ă ce MĂ©moire que la Commission d'examen a donnĂ© le n 1*' en raison des faits aussi nombreux qu'importants qu'il renferme dans l'une et l'autre de ses deux grandes divisions Histoire et ArchĂ©ologie; Topographie et GĂ©ographie physique du pays '. âą Dans la premiĂšre partie , l'auteur de la notice relĂšve plu- sieurs monuments de l'Ă©poque celtique » Trois pierres druidiques. âą D'autres pierres avec rainures ayant eu certainement pour usage le polissage des armes; comme auprĂšs de la GrenouilliĂšre se trouve une agglomĂ©ration de grĂšs erratiques dĂ©jĂ indiquĂ©s et dessinĂ©s iar M. Lecocq, et ayant servi de polissoir. âą Recherches infructueuses pour trouver aux environs des haches ou seulement des silex ayant reçu un commencement dĂ©taille. Une voie romaine est ensuite caractĂ©risĂ©e par son appareil de construction ; et il semblerait aussi Ă quelques mouvements de terrain encore visibles, qu'il y eĂ»t lĂ des retranchements, des camps Ă reporter Ă l'Ă©poque gallo-romaine. » Aucun vestige, aucune chronique ne donnent ouverture pour Nottonville et lieux environnants sur des faits qui se se- raient placĂ©s dans cette longue Ă©poque de transition luttes des Francs en Neustrie, Austrasie, Bourgogne, expĂ©ditions en âą La premiĂšre partie du travail aurait toutefois reçu par Tinstituteur la dĂ©- nomination erronĂ©e de commune d'autrefois, puisque la commune d'autrefois n'existait pas. - 172 â Aquitaine et mouvements militaires occasionnĂ©s par l'invasion des Sarrasins et des Normands. » Rien que des restes de constructions dĂ©truites par la guerre ou par Tincendie, substructions souterraines dont l'existence ne remonterait pas aux Gaulois ou aux Romains , mais qui sem- bleraient bien plutĂŽt appartenir Ă la premiĂšre pĂ©riode de l'his- toire monacale y alors que les moines fixaient les populations sur le sol par les travaux de Tagriculture, priaient, travaillaient des mains et ouvraient leurs cloĂźtres aux grandes infortunes dont elles Ă©taient la pieuse retraite. » Nous voici arrivĂ©s au Moyen- Age , avec des chroniques , des constructions, dont diverses parties sont encore existantes, qui permettent de donner des renseinements certains sur l'or- ganisation seigneuriale, sur l'abbaye ou prieurĂ© ressortissant de Marmoutier, sur les juridictions civiles et monastiques et sur l'histoire et le caractĂšre archĂ©ologique de ITlglise. » Les recherches sur cette partie de l'histoire de No tton ville ont reçu de l'auteur de la notice un trĂšs-grand dĂ©veloppement; c'est la partie principale de son travail. V Les comtes du Puiset et de Chartres ont leurs chĂąteaux- forts dans la contrĂ©e oĂč, dĂšs le XI siĂšcle, des demeures sei- gneuriales s'Ă©tablissent partout. » Au Bois qui devient bientĂŽt l'Abbaye-au-Bois. 9 Au chĂąteau de la Brosse , d'abord au seigneur du Puiset , puis Ă la maison de Goian , puis Ă la famille d'Aligre, puis enfin Ă la famille de Riantz. » A la GhenaudiĂšre. » A Pontault, avec la famille Groslot. » A Secouray, avec la famille du BreuiL » AValliĂšres. >» Le jeune investigateur suit ces familles dans leurs filiations et alliances et dresse mĂȘme le tableau gĂ©nĂ©alogique de chacune d'elles, espĂšce de nobiliaire de la contrĂ©e. n Nous mentionnons seulement le travail prĂ©citĂ©, attendu surtout que les personnages indiquĂ©s vont remplir souvent ail- leurs de hautes charges royales , et cessent dĂšs lors d'appartenir Ă la contrĂ©e. »» L'historien de Nottonville place ensuite au XI siĂšcle la fondation de l'Abbaye ou mieux PrieurĂ© du Bois. » Ebrard I" ou Thibaut IV, avant le dĂ©part pour la croisade , I â 173 â fait don da domaine oĂč doit s'Ă©tablir l'abbaye aux moines de Mannoutier, et il augmente au retour de la Terre -Sainte les libĂ©ralitĂ©s seigneuriales. 1 M. Chantegrain ajoute Ă son MĂ©moire des renseignements fort intĂ©ressants sur la faune et la flore de la commune de Not- tonville ; mais ces renseignements n Ă©tant pas dans les limites du programme, la Conmiission a*a pas cru devoir en tenir compte , non plus que du recueil de mots usuels employĂ©s dans la conmiune et les environs. Ces mots, 'dits usuels, ne sont en effet que des emprunts faits au vieux français littĂ©raire , et sont loin de constituer un patois. > La Commission estime que la partie historique du travail de M. Chantegrain, bien que l'exposition en soit un peu con- fuse, mĂ©rite certainement le n^ 1 dans le classement des quatre mĂ©moires qui lui ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s. III Ătudes sur la commune de Beaumont-les- Autels. Par M. Thibault, instituteur ^ Ă La Bazoche - GouĂ«t. » Nous sommes ici en prĂ©sence d'un recueil considĂ©rable de notes intĂ©ressantes Ă consulter, mais le travail d'ensemble n'a pas reçu la derniĂšre main. » L'auteur nous prĂ©sente d'abord l'historique gĂ©nĂ©ral des an- ciennes paroisses de Beaumont-le-Chartif et des Autels-TubĆuf avec les Cailleaux , et nous fait assister aux diffĂ©rents Ă©vĂ©ne- ments dont le territoire de ces paroisses a Ă©tĂ© le théùtre ; puis, aprĂšs avoir donnĂ© quelques extraits des registres de l'Ă©tat-civil deBeaumontet des Autels, il passe Ă la description topogra- phique du bourg de Beaumont, de l'Ă©glise, du chĂąteau, et cite les diffĂ©rents hameaux ou maisons isolĂ©es, au nombre de qua- rante-neuf. » M. Thibault fait ensuite l'historique de l'invasion allemande sur le territoire de la commune de Beaumont-les-Autels, et termine par une note sur un parent du gĂ©nĂ©ral Marceau, qui aurait habitĂ© cette conunune. » Il est Ă regretter que M. Thibault n'ait pas consultĂ© les - 174 - archives des anciens tabellions et notaires de Tendroit; il y aurait puisĂ© certainement les moyens de coordonner et relier les diverses parties de son travail, qui, basĂ© seulement sur les Registres de TĂ©tat-civil, renferme nĂ©cessairement des lacunes. IV Ătude sur la communt d'Tmonvllle. Par M. Lagrde, msHtuteur, Ă Ymonville. » L'auteur de ce travail a le tort de ne s'appuyer que sur des hypothĂšses et d'essayer de prouver ce qui est un fait acquis. Il est en effet certain que les Gaulois ont habitĂ© notre pays, que les Romains Tout parcouru, que la fĂ©odalitĂ© y a rĂ©gnĂ©. Nous trouvons des dĂ©tails trĂšs-exacts et trĂšs-minutieux dans la des- cription du souterrain de Rosay, Ă cĂŽtĂ© des lĂ©gendes de Saint- Martin de Viabon et des comptes du curĂ© Duvoy. » Bref, Ă cĂŽtĂ© d'allĂ©gations purement fantaisistes, ce travail, qui est le rĂ©sultat d'une certaine observation, renferme des renseignements qui ne sont pas sans intĂ©rĂȘt ni sans utilitĂ©. Ătude sur la commune de PrasvUle. Par M. Ledoux, instituteur, Ă Prasville. » Ce dernier travail a le tort de n'ĂȘtre qu'une compilation dont les Ă©lĂ©ments sont fournis en grande partie par Y Annuaire d'Eure-et-Loir et le travail de M. Merlet sur les registres de l'Ă©tat-civil. La commune de Prasville doit cependant offrir des moyens de travail assez considĂ©rables. Ni les minutes des an- ciens notaires, ni les vieux titres des familles, assez nom- breuses, qui habitent la conunune et jouissent d'une certaine notoriĂ©tĂ© dans le pays, n'ont Ă©tĂ© consultĂ©s. Du reste, un tel travail exige du temps et des recherches, et M. Ledoux, qui n'est Ă Prasville que depuis fort peu de temps, a fait preuve de bonne volontĂ© , sans avoir les moyens de bien faire. â 175 â VI ConclnsiGn. » En rĂ©sumĂ©, Messieurs, la Commission, aprĂšs vous avoir exposĂ© le rĂ©sultat de son examen, vous propose de dĂ©cerner » lo A M. Chantegrain, instituteur adjoint Ă Brou, pour son Ă©tude sur la conunune de Nottonville, un prix d'une valeur de soixante francs; » 2o A M. Thibault, instituteur, Ă la Bazoche-GouĂ«t, pour son travail sur la commune de Beaumont-les- Autels, un prix d'une valeur de cinquante francs; » 3* A M. Lagrue, instituteur, Ă Ymonville, une mention honorable avec V AbĂ©cĂ©daire archĂ©ologique de M. de Caumont , pour son travail sur cette commune; » 4* A M. Ledoux, instituteur, Ă Prasville, pour son travail sur cette commune , ime mention honorable , avec l'abĂ©cĂ©daire archĂ©ologique de M. de Caumont. » AprĂšs quelques mots du PrĂ©sident, rassemblĂ©e adopte sans discussion les conclusions de ce rapport. La sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures et demie. OBJETS OFFERTS A LA SOGlÂŁTĂ La PoĂ©sie des BĂȘtes, par M. Touche. Chartres, Brosseron, 1877. Don de l'auteur. Etude clinique sur la fiĂšvre primitive des blessĂ©s, par le doc- teur Gabriel Maunoury. Paris, BailliĂšre 1877. Don de M. le docteur Maunoury pĂšre. Inventaire sommaire des archives dĂ©partementales d'Eure-et- Loir, t. m. Chartres, Ganiier, 1871. Recueil et publications de la SociĂ©tĂ© HĂą^^raise {ISli-lSlb. Le Havre, Lepelletier, 1876. - 176 - SĂANCE PDBLIQDE ANNUELLE DD 14 JUIN 1877. PrĂ©sidence de M. Merlet. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă deux heures dans la salle Sainte-Foy, devant un nombreux public de Dames et de Messieurs. Au bureau siĂ©geaient MM. Merlet, prĂ©sident; Delacroix, maire de Chartres, prĂ©sident d'honneur; E. Chesneau, et Met- Gaubert, secrĂ©taire. M. le PrĂ©sident annonce que M. le PrĂ©fet, Ă©tant retenu impĂ©- rieusement par ses occupations, s'excuse de n'avoir pu se rendre Ă la rĂ©union. Puis il donne lecture du discours suivant de Vendosme , est passĂ© Ă Illiers en parfaicte santĂ© , et aprĂšs âą avoir disnĂ© en l'hostel presbytĂ©ral dudit lieu et avoir eu » agrĂ©ables les gages et tĂ©moignages de nos affections et recon- 1» noissances envers lui , et nous avoir aussi tĂ©moignĂ© des senti- » ments extraordinaires de son affection et bonne volontĂ©, il 1» est allĂ© heureusement soupper et coucher Ă Chasteauneuf , et » le lendemain en son chasteau d'Anet , oĂč il estoit attendu par âą M" la duchesse de Vendosme. » â 180 â Le vendredy 15^ jour de septembre 1651 , CĂ©sar de Bour- D bon , duc de Vendosme , grand-amiral de France , est arrivĂ© » et a couchĂ© dans Thostel presbytĂ©ral d'Illiers , et le jour sui- I» vaut, j'ai accompagnĂ© S. A. jusques Ă Chastillon, d'oĂč il est i> heureusement allĂ© coucher en ses ville et chasteau de Veu- n dosme. » Le lundy 16 jour de juillet 1657, U^ le duc de Vendosme » a couchĂ© chez moy Ă Illiers , revenant de son chasteau d' An- âą net, oĂč il s'estoit rendu avec tous les siens dans la rĂ©solution » d'y passer quinze jours dans les plaisirs et divertissements de » la chasse ; mais ayant sceu et recognu que les bledz et autres âą> fruiclz de la terre estoient encore pendants par leurs pieds et » racines , et que , mesme sans avoir Ă©gard aux trop violentes » et insupportables chaleurs, il en eust sans doute perdu et » gastĂ© la plus grande partie , il a pris rĂ©solution de diffĂ©rer sa » chasse jusqu'Ă l'automne et d'aller le lendemain coucher au » chasteau de Chantemerle, oĂč, par ses ordres, j'ai eu le » bonheur de l'accompagner. » Le mercredy 7* jour de novembre 1657, M^ le duc de Beaufort, ayant couchĂ© chez moy le 31 octobre pour aller M se rendre Ă Aniiet pour aller et y faire la saint Hubert avec » M le duc de Vendosme, son pĂšre et seigneur, est repassĂ© en » grande diligence, et a seullement, avec M. le marquis de » CoignĂ© , sĂ©journĂ© deux heures chez moy Ă Illiers. » Le lundy 30* dĂ©cembre 1658, U^ le duc de Beaufort, estant » miraculeusement guĂ©ri d'une violente et longue maladie, » dans la premiĂšre sortie et voyage qu'il a fait de la ville » et chasteau de Vendosme, est venu coucher chez moy, et en » est parti le mĂȘme jour aprĂšs dĂźner pour aller Ă gĂźte au chas- » teau d'Auneau. » Qu'est devenu l'hĂŽtel presbytĂ©ral de Saint-Jacques d'IUiers? Que reste-t-il de la chambre des ducs de VendĂŽme et de Beau- fort? » Beaucoup mieux que moi , Messieurs , vous pourriez nous renseigner Ă cet Ă©gard ; mais je crains bien que de nos deux Altesses il ne reste pas mĂȘme un souvenir dans l'esprit des ha- bitants d'IUiers. Le presbytĂšre est encore, si je ne me trompe, le mĂȘme qu'avant 1789. Il ne fut pas vendu, en effet, lors de l'adjudication des biens nationaux, et Ă la rĂ©ouverture des - 181 - Ă©glises, il redevint la propriĂ©tĂ© de la commune. Il se composait alors je parle de l'an VII de trois cabinets par bas , autant au premier Ă©tage, grenier sur le tout, cave, jardin de 12 ares 38 centiares et cour devant. Il Ă©tait occupĂ© en ce moment par rinslituteur, le ministre desservant, la justice de paix et le con- cierge de la maison de sĂ»retĂ©. Peu Ă peu , les divers services se rĂ©gularisĂšrent. En Tan XI, on restaura le logement de Tinstitu- teur qui se composait d'une portion de grange et du bĂ»cher du presbytĂšre. Vous voyez quels progrĂšs nous avons fait depuis ! On y construisit une cheminĂ©e qui n*existait pas encore, on fit paver la classe, et on y installa un frĂšre des Ăcoles ChrĂ©tiennes, auquel, pour tout salaire, on donnait le logement et on rem- boursait les frais de son voyage de Rouen Ă lUiers. C'est lĂ le commencement des Ă©coles publiques Ă lUiers depuis la RĂ©volu- tion que de chemin parcouru depuis cette Ă©poque , mais que de ruines aussi il y avait Ă rĂ©parer ! » Pardonnez-moi cette digression que m'a inspirĂ©e le local oĂč nous sommes rĂ©unis en ce moment ; je reviens Ă notre presby- tĂšre de Saint-Jacques d'IUiers. » Les ducs de VendĂŽme et de Beaufort ne sont pas les seules illustrations qu'il rappelle. » Le dix-septiĂšme siĂšcle, vous le savez tous, fut pour l'Angle- terre une Ăšre de rĂ©volutions protestants et ^catholiques se fai- saient une guerre acharnĂ©e; le protestantisme finit par triom- pher, et en 1688, le protestant Guillaume d'Orange, stathouder de Hollande, mit un terme Ă cette pĂ©riode de sinistres commo- tions en chassant du trĂŽne le dernier roi de la dynastie des Stuarts, le catholique Jacques II. Le monarque vaincu se rĂ©fu- gia en France, l'asile ordinaire des rois dĂ©trĂŽnĂ©s. Il ne rentre certes pas dans mon plan de vous faire l'histoire des vaines ten- tatives opĂ©rĂ©es pour remettre Jacques II sur le trĂŽne ; mais ce que je veux constater , c'est la venue dans notre pays de Beauce d'une foule d'ecclĂ©siastiques des plus nobles familles d'Irlande qui avaient suivi le roi dans son exil. Nos paroisses se peuplĂš- rent de prĂȘtres irlandais le voisinage de Saint-Germain-en-Laye et de Versailles en fut sans doute la cause. B C'est lĂ im fait historique qui a passĂ© jusqu'ici inaperçu et qu'il est pourtant curieux de signaler. Les O'Mahony, les Mac'Carthy, les O'Connor, etc., eurent pendant plusieurs annĂ©es leurs reprĂ©sentants parmi nous. Pour citer quelques exemples, ^ 182 â' en 1705, Richard Pierse, docteur de Sorbonne, Ă©vcque de Walerford , venait donner la confirmation Ă Gallardon ; â en 1724, mourait Ă Billancelles, ThadĂ©e O'Cruoly, curĂ© de la pa- roisse, docteur en thĂ©ologie, comte palatin, protonotaire du Saint-SiĂšge apostolique, aumĂŽnier honoraire de Jacques II, ancien doyen de l'Ă©glise cathĂ©drale de Limore, et abbĂ© comman- dataire de Tabbaye royale d'Uony; â le cousin de celui-ci, Corneille O'Cruoly, aussi docteur en thĂ©ologie, d'abord curĂ© de Gommerville, passait en 1720 Ă la cure de Fonlaine-la-Guyon ; â Patrice O'Connor mourait vicaire du Favril en 1738; â eu 1718, mourait Ă Gallardon J. B. O'Ruork, religieux augustiu du couvent de Cork, vicaire de la paroisse de Gallardon. » Je pourrais multiplier les citations ; mais j'ai hĂąte d'arriver Ă ce qui vous intĂ©resse plus particuliĂšrement. Or, voici ce qu'on Ut dans les registres de l'Ă©tat civil de la paroisse Saint-Jacques d'Illiers L'an 1704, le 4 fĂ©vrier, a estĂ© inhumĂ© en l'Ă©glise de » Saint-Jacques d'Illiers, le corps de feu vĂ©nĂ©rable et discrette » personne messire Constantin -Roger MacrMahon, prestre, V vicaire de cette paroisse, ĂągĂ© de 40 ans ou environ. » Et en effet, pendant trois ou quatre ans, de 1700 Ă 1704, on peut lire la signature de Mac-Mahon au bas des actes de baptĂȘmes, de mariages et de sĂ©pultures. j Vous connaissez tous les origines de la famille de l'illustre marĂ©chal qui gouverne la France aujourd'hui. ĂŻ Descendant en ligne directe du monarque irlandais Brian le Grand qui rĂ©gnait au XI siĂšcle, les Mac-Mahon quittĂšrent leur pays natal Ă la suite de leur souverain lĂ©gitime. Le chef de la famille, Moriart Mac-Mahon , restait, il est vrai, en Irlande, pour y soutenir les droits du monarque lĂ©gitime, mais un des frĂšres, engagĂ© dans les ordres, devenait vicaire de Saint- Jacques d'Illiers dĂšs la fin du XVII* siĂšcle, et les deux fils de Moriart Mac-Mahon, longtemps errants, abandonnaient dĂ©fini- tivement l'Irlande Ă la suite du prince » De ces deux fils l'un vint en Portugal, oĂč il reçut immĂ©dia- tement Tordre du Christ, et oĂč il fut nommĂ© major du rĂ©giment d'Alcantara. L'autre fils, Patrice, resta Ă la cour des Stuarts et Ă©pousa une fille de la noble famille de 0' SuUivan-Beara. » Le fils de Patrice Mac-Mahon, Maurice, Ă©tait, en 1746, capitaine du prĂ©tendant Edouard d'Ecosse ; il servit ensuite en la mĂȘme qualitĂ©, en Espagne, dans le rĂ©giment d'Ultonia. â 183 â Nalui'alisĂ© Français en 1750, il devint seigneur de Magnien, en Bourgogne, et fut nommĂ© capitaine dans le rĂ©giment de Fitz- James. La mĂȘme annĂ©e, il reçut le titre de chevalier de justice de Tordre de Malte. » Jean-Baptisie Mac-Mahon, le neveu de notre vicaire, ne en 1715 Ă Limerick, se fit recevoir, le 4 aoĂ»t 1739, docteur en mĂ©decine en l'UniversitĂ© de Reims ; il vint s'Ă©tablir Ă Autun , et sa noble origine, son talent mĂ©dical lui procurĂšrent une alliance qui permit Ă la famille de recouvrer presque inmiĂ©diatement son antique splendeur, Jean-Baptiste Mac-Mahon Ă©pousa M"* le Belin, marquise d'Eguilly, et Ă la suite de ce mariage, sa no- blesse fut reconnue par un arrĂȘt du Conseil d'Etat sous le titre du marquisat d'Eguilly, ce qui lui donnait le droit de monter dans les carrosses du Roi. » Le marquis d'Eguilly eut deux fils l'aĂźnĂ©, Charles-Laure Mac-Mahon , marquis de Viange , capitaine au Royal-Cavalerie de Lorraine, devint lieutenant-gĂ©nĂ©ral et pair de France sous Charles X; le second, Maurice-François, comte de Charnay, Ă©tait marĂ©chal de camp. Il Ă©pousa, en 1792, Ă Bruxelles, M"* PĂ©lagie-Edme-Marie Riquet de Caraman, dont il eut neuf enfants. Le troisiĂšme de ces enfants, Maurice de Mac-Mahon, nĂ© le 13 juin 1808, mit le sceau Ă la grandeur de la famille, n devint marĂ©chal de France, duc de Magenta, et est aujour- d'hui le glorieux PrĂ©sident de la RĂ©publique française. » Certes, l'humble vicaire d'Illiers n'avait jamais dĂ» rĂȘver si grande fortune pour son arriĂšre-petit-neveu. Et vous-mĂȘmes, Messieurs, peut-ĂȘtre ne soupçonniez- vous pas que vous pouviez presque revendiquer comme compatriote celui qui a l'honneur de gouverner la France. Car remarquez que ce n'est pas seule- ment notre vicaire qui relie au dĂ©partement d'Eure-et-Loir le marĂ©chal PrĂ©sident de la RĂ©publique. La mĂšre du marĂ©chal, M"* de Caraman, est de cette noble famille de Caraman dont le nom est encore cher aux habitants d'Anet. » Pardonnez-moi, Messieurs; je ne me suis pas circonscrit dans le cercle de la pure palĂ©ographie il m'aurait Ă©tĂ© facile do remonter bien loin, sinon dans la nuit, au moins dans l'obscu- ritĂ© des premiers siĂšcles de notre histoire j'y aurais trouvĂ© le nom d'Illiers inscrit, dĂšs le XI siĂšcle, panni les villes les plus fortes de notre contrĂ©e ; j'aurais pu dĂ©rouler devant vos yeux les faits et gestes de quelques-uns des anciens propriĂ©taires do â 184 â votre chĂąteau passant du grave au doux, j'aurais Ă©voquĂ© le sou- venir de la puissante Catherine d711iei*s, la trop illustre abbesse de Saint-Avit, ou celui de la belle duchesse de Venieuil, Hen- riette de Balzac d'Entragues , qui toutes deux appartiennent Ă votre ville. J'ai prĂ©fĂ©rĂ© vous parler de faits que vous ignoriez peut-ĂȘtre davantage, mais qui, en tout cas, touchent plus par- ticuUĂšrement Ă Fhistoire intime de votre citĂ©. » J'ai essayĂ© d'ĂȘtre court et j'ai peut-ĂȘtre encore abusĂ© de votre indulgence. Ce qui me servira d'excuse, c'est que j'ai voulu vous montrer, par des exemples personnels, combien l'archĂ©ologie peut intĂ©resser chacun de nous ; combien l'Ă©tude des anciens monuments , la lecture des vieux grimoires peuvent donner de renseignements inattendus, rattacher au pays les per- sonnes qui y semblent complĂštement Ă©trangĂšres, jeter un jour nouveau sur les Ă©vĂ©nements de la localitĂ©. Ce que veut la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique d'Eure-et-Loir, c'est inspirer autour d'elle l'amour du pays natal, l'amour du foyer et de tout ce qui s'y rattache, en apprenant Ă chacun les traditions de son hameau , de son village , de sa citĂ©. Malheureux les hommes qui ne connaissent pas leurs aĂŻeux ! en Ă©tudiant le passĂ© , on se prend malgrĂ© soi Ă aimer mieux le prĂ©sent; on s'attache plus sĂ»rement Ă ce que Ton possĂšde quand on sait comment on l'a acquis. Aussi, nous estimerions-nous heureux si nous pouvions, par le peu que nous vous avons racontĂ© , vous inspirer le dĂ©sir d'en savoir da- vantage notre journĂ©e ne sera pas perdue si , chez quelques- uns d'entre vous , nous faisons naĂźtre la lĂ©gitime curiositĂ© de connaĂźtre l'histoire du temps pass^. Nos ancĂȘtres ont travaillĂ©, pendant de longs siĂšcles , pour nous faire ce que nous sommes aujourd'hui ; c'est Ă nous Ă ne pas dĂ©mĂ©riter de leurs efforts et Ă prouver , en marchant sur leurs traces , que nous ne sommes pas indignes de l'hĂ©ritage qu'ils nous ont laissĂ©. » Ce discours est Ă plusieurs reprises vivement applaudi. Lecture d'une piĂšce de vers intitulĂ©e Les Moissons ^ de M. I^ Goux, Ă laquelle on fait l'accueil le plus sympathique. LES MOISSONS. Le ciel de Messidor, ardent comme un foyer, Sous son rayonnement, semble faire ondoyer - 185 â La terre qui se fend et soupire aprĂšs Tonde ; Cest la saison bĂ©nie oĂč la nourrice blonde Livre ses grains mĂ»ris aux rudes moissonneurs Et garde , du festin , les miettes aux glaneurs ; Test la fĂȘte des blĂ©s , fĂȘte saine , opulente Chaque sentier qui mĂšne Ă la plaine brĂ»lante Est , dĂšs Taube , animĂ© pai* des refrains joyeux ; Jusqu'aux bleus horizons quUnterrogent les yeux , Les vagues d'or bruni des moissons onduleuses S'agitent sous le vent , comme des mers houleuses ; Elles jonchent le sol de leurs dĂ©bris Ă©pars ; Sous leur poids Ă©crasant plient les rustiques chars , Et les gerbes laissant flotter leurs riches franges , Vont lourdement remplir les larges flancs des granges. L'abondance et la joie , en reines des moissons , PrĂ©sident aux travaux ; les rougissants buissons Abritent , des oiseaux la troupe effarouchĂ©e , Quand la faulx met Ă nu la craintive nichĂ©e. Les petits cris d'effroi des pauvres oisillons , La note monotone et sourde des grillons , Les fiers hennissements des puissants attelages , L'heure qui fait tinter les cloches des villages. Les chants des moissonneurs , les francs rires d'enfants Se mĂȘlent, dans la plaine, aux hymnes triomphants De la libre alouette t Artiste intarissable , Elle n'est, dans les airs, qu'un point, un grain de sable, Mais Dieu sut lui donner, pour chanter au soleil , Le saint enthousiasme , un cĆur ardent pareil A celui du poĂ«te , et , pour franchir l'espace , Une aile qu'en vigueur nulle autre ne surpasse ! VAngelw de midi qui susi^nd les travaux Bondit , clair et lĂ©ger , par les monts et les vaux ; L'homme quitte la faulx , la femme la faucille , Les enfants le rĂąteau ; le chef de la famille Conduit au rendez-vous fixĂ© pour le repas Ses petits qu'une fleur arrĂȘte Ă chaque pas. Au milieu du dĂ©sert fertile , un massif d'ormes Gigantesques , touffus , avec des troncs Ă©normes , Ătend , sur les champs nus , son vaste parasol Qui , d'ombre et de fraĂźcheur , couvre un arpent du sol ; Parmi ces vieux gĂ©ants , une source hmpide S'Ă©chappe d'un rocher et s'Ă©coule rapide , Sur un lit de cailloux , vers l'attirant vallon ; C'est lĂ que le fermier , vĂ©nĂ©rable colon , â 186 â Patriarche adorĂ© , de mĆurs vraiment antiques , A fait, sur le gazon servir les mets rustiques. Lorsque ses serviteurs , Ă©grenĂ©s dans les blĂ©s , Sous ses yeux paternels se trouvent rassemblĂ©s , Il dĂ©couvre son ffont blanchi par les annĂ©es Et, debout au milieu des tĂštes inclinĂ©es, Gomme un chĂȘne entourĂ© de jeune frondaison , Il dit , au nom de tous , cette simple oraison âą Seigneur , de tes enfants bĂ©nis la nourriture , » Car rude est le sentier qu'il nous faut tous gravir M Pour atteindre la vie Ă©ternelle et future ; » Afin d'y parvenir, donne Ă ta crĂ©ature » La grĂące qui te fait aimer et mieux servir ! » AprĂšs s'ĂȘtre signĂ© , chacun se fait , sur l'herbe , A la place choisie , un siĂšge d'une gerbe , Et le repas commence ; une saine gaĂźtĂ© Y mĂȘle sa saveur Ă la frugalitĂ© -. La joie honnĂȘte et franche avec le vin circule , Le repos , dans le sang , lentement s'inocule ; Le muscle se dĂ©tend ; le corps s'Ă©panouit ; Gomme un feu qui s'Ă©teint, l'esprit s'Ă©vanouit, Et bientĂŽt , emportĂ©s vers l'espace oĂč les songes Bercent notre pensĂ©e avec leurs doux mensonges , PĂšre et mĂšre bronzĂ©s , enfant pur et vermeil , L'un sur l'autre appuyĂ©s , oublient dans le sommeil L'implacable labeur qui les courbe et les lasse. Les groupes sont charmants d'abandon et de grĂące , Car la nature seule est maĂźtresse dans l'art De faire , Ă ses tableaux , concourir le hasard ; Les rĂȘves suspendus sur les paupiĂšres closes , Consolants ou trompeurs , sont tous couleur de roses ; Aussi , les fronts sereins sont-ils sans un seul pli Trahissant la douleur ; le devoir accompli Semble faire planer sur la troupe endormie , AprĂšs l'ardent combat , la tranquille accalmie. Dormez, dormez sans trouble, hommes simples des champs La paix ne hante point le chevet des mĂ©chants ; Ils n'ont pas comme vous , avec la patience , Le culte du travail pour unique science , Pour leur parler de Dieu , des cieux tout constellĂ©s De soleils plus nombreux que les grains de vos blĂ©s ; Ils n'ont pas vos enfants pour Ă©gayer leurs veilles , - 187 â Vos antiques forĂȘts pour chanter les merveilles Et pour bĂ©nir l'Auteur de la crĂ©ation ! Non ! . . . Mais ils ont la soif de Tor , Tambition Qui leur allume au cĆur , avec la convoitise , Le feu des passions que la dĂ©bauche attise ; Ils traĂźnent dans la rue , ainsi qu'un vieux manteau , Leur jeunesse fanĂ©e ; ils portent FĂ©criteau Du long dĂ©sĆuvrement , de Timpuissante envie Et de Tennui profond qui gangrĂšnent leur vie ! Cependant le soleil , penchĂ© vers Thorizon , Allonge par degrĂ©s Fombre sur le gazon Dans la fraĂźche oasis oĂč murmure la source , Folle qui croit trouver le bonheur dans sa course , Les moineaux francs parleurs commencent Ă jaser , Le merle siffle un air qu'il vient d'improviser Et bientĂŽt les concerts roulent en avalanches De tous les nids soyeux abritĂ©s dans les branches. Gomme un pĂątre entourĂ© de paisibles troupeaux , Le maĂźtre qui seul veille , afĂźn que le repos Soit doux aux serviteurs , les nomme , les appelle , Et , leur montrant la plaine oĂč la chaleur ruisselle , OĂč les Ă©pis , courbĂ©s sous le poids du bon grain , Ont Ă©puisĂ© de sĂšve un gĂ©nĂ©reux terrain , Il dit " Allons , enfants , il est Fheure ; Ă Fouvrage ; » Et chantez ! CĆur qui chante est armĂ© de courage ! » Le signal est donnĂ© ; la troupe , Ă Funisson , Attaque avec vigueur Fhymne de la moisson GHGBUR DEa MOISSONNEURS. Amis , Ă Forient , Faube annonce Faurore ; » Ecoutez I... Falouette a commencĂ© ses chants ; » L'Ă©toile disparaĂźt du ciel qui se colore ; » Moissonneurs , hĂ tons-nous ! FĂ©pi mĂ»ri se dore ; » C'est le pain; c'est la vie! Amis, courons aux champs! UNE JEUNE FILLE. âą La marguerite aux prĂ©s , les bleuets aux campagnes X Et mĂȘler des Ă©pis Ă leurs fraĂźches couleurs ! â 188 â UN JEUNE HOMME. n Que de sang tiĂšde encor sous la fleur parfumĂ©e ! . . . » Les noirs Teutxns ont fui vers leurs brumeux climats . . » Patrie , ils ont cru ta mort bien consommĂ©e ; » Mais , dans ton sein fĂ©cond , germe une jeune armĂ©e y> Qui se forme sans bruit pour les futurs combats ! » UNE MĂRE. c Nous dont les mains , 6 France , ont pansĂ© ta blessure , » Nous en gardons encor la rage dans le cĆur ! u Non , jamais nos enfants n^oublieront ton injure ! » Notre lait et ton pain qui sont leur nourriture » Allument dans leur sang la haine du vainqueur ! . . . » UN PĂRE. » Je sens mon triste cĆur renaĂźtre Ă TespĂ©rance ; » Dieu ne Va. pas tari la source du bonheur ! » UN VIEILLARD. ' Peuple , Ă genoux ! ton Dieu fait les plaines superbes ; u G*est pour jaunir tes blĂ©s que son soleil a lui ; » Cest pour nourrir ton corps qu'il fait pousser ces herbes ; » Quand tu les couperas et les lieras en gerbes , » Ah I que ton Ăąme , au moins , s'Ă©lĂšve jusqu'Ă lui I CHOEUR DES MOISSONNEURS. Amis , Ă l'orient , l'aube annonce Taurore ; » Ăcoutez ! . . . l'alouette a commencĂ© ses chants ; » L'Ă©toile disparaĂźt du ciel qui se colore ; M Moissonneurs , hĂątons-nous ! l'Ă©pi mĂ»ri se dore ; » C'est le pain, c'est la vie ! Amis, courons aux champs !... > Et l'hymne , en s'Ă©loignant avec la lourde marche , S'affaiblit et s'Ă©teint ... et le vieux patriarche Qui voit avec orgueil son vigoureux essaim Reprendre sous ses yeux le labeur rude et sain , Murmure alors ces mots , oĂč sa noble pensĂ©e , De rhythme et d'harmonie est encor rehaussĂ©e â 189 â n Ti'avail , loi sacrĂ©e Ă qui rHumanitĂ© » Fut soumise, au berceau» par la DivinitĂ©, » Avec tout ce qui vit dans l'espace et les ondes ; » Attraction qui met en mouvement les mondes , » Sel qui conserve pur de putrĂ©faction M Le chef-d'Ćuvre Ă©ternel de la crĂ©ation , » Principe fĂ©condant, souffle qui vivifie » Le corps avec l'esprit, feu qui les purifie, » Force qui se divise et touche Ă l'infini , » Levier de T univers, 6 Travail, sois bĂ©ni !... » Nul, s'il ne veut pĂ©rir, Ă ton joug salutaire, >âą Ne peut se dĂ©rober. La source solitaire, » La sonore forĂȘt, les monts silencieux, » L'infime ver qui rampe et l'aigle audacieux, » L'ouragan qui rugit, la brise qui soupire, » Le flot mĂ©lodieux qui sur la grĂšve expire , » La fleur qui livre au vent ses parfums enivrants , » Le soleil immobile et les astres errants , » Tout fĂ©conde, Ă©difie, obĂ©it, te salue » Et se plie avec joie Ă ta rĂšgle absolue !... » Seul , l'homme créé libre , attirĂ© vers le mal » Par tous les appĂ©tits charnels de l'animal , » N'ayant que sa raison trop faible ou trop novice » Pour suivre la vertu sans tomber dans le vice , » Seul , l'homme se rĂ©volte et cherche Ă s'affranchir D'un arrĂȘt qu'il voudrait en vain faire flĂ©chir, » D'un pouvoir qui le courbe et souvent le torture , » Mais qui guide si bien son Ă©trange nature , » Que, dans sa seule voie, il rencontre l'honneur » Et, dans son seul amour, la paix et le bonheur !... » Et la faulx, sur le chaume, aligne la javelle Ainsi le temps qui fuit moissonne et renouvelle Les gĂ©nĂ©rations!,.. Les grands troupeaux humains Tombent Ă tous les veĂ»ts et sur tous les chemins -. Leurs corps , ensevelis dans le champ solitaire , Font germer le froment que la charrue enterre Et, des brises d^Ă©tĂ©, les pĂ©nĂ©trants frissons Font tressaillir les morts couchĂ©s sous les moissons !., Coulombs , septembre 187i. Notice biographique par M. Met-Gaubert, sur Florent d'Illiers^ ce vaillant compagnon d'armes de Jeanne Darc et de la Hire. - 190 â L'auteur sollicite, eu terminant, la permanence du souvenir de Tillustre capitaine, au sein des murs de la ville, Ă cause du nom glorieux qu'il porte et qui se rattache si dignement, on le sait, au siĂšge Ă©piscopal de Chartres. Le vĆu du SecrĂ©taire a Ă©tĂ© exaucĂ© Ă la suite d'une pĂ©tition adressĂ©e par les habitants au Conseil municipal. Celui-ci, Ă V unanimitĂ© y a pris la dĂ©termination d'appeler rue Florent- d'IllierSy ime des principales voies de la citĂ© ^ MĂ©moire archĂ©ologique de M. l'abbĂ© Marquis, curĂ© dllliers, sur les monuments celtiques du dĂ©partement. a L'occupation romaine a laissĂ© peu d'empreintes dans la rĂ©- gion d'IUiers. Un tronçon de voie publique venant se perdre Ă Magny, une ligne de retranchement sur la colline qui domine l'Ă©tang de Nonvilliers, le podium d'un temple, qui, avec autant de probabilitĂ©, pourrait ĂȘtre un tumulus, Ă Montjouvin c'est Ă quoi se rĂ©sument chez nous les souvenirs apparents de l'Ăšre de la conquĂȘte. » La forĂȘt du Perche ceignait, Ă celte Ă©poque, Y oppidum d'IUiers de lĂ le silence et l'ombre dans lesquels le monde romain le laissa. On dit Heureux les peuples qui n'ont pas d'histoire ! â Et moi j'ajoute Heureuses les localitĂ©s qui , dans le dĂ©sert de leurs annales, peuvent rencontrer des historiens tels que vous, Messieurs , pour recueillir et mettre en lumiĂšre des pages d'au- tant plus prĂ©cieuses qu'elles sont plus rares I... Dans ce jour oĂč notre ville vous voit pour la premiĂšre fois, je me constitue son interprĂšte et vous remercie de l'honneur que la science nous fait en vos personnes. Et comme un bonheur ne vient jamais seul , il nous arrive cette bonne fortune que le reprĂ©sentant du chef de l'Etat daigne rehausser par sa prĂ©sence la modeste solennitĂ© de notre rĂ©union. N'est-ce pas nous dire Ă©loquemment quel protecteur dĂ©vouĂ© la science et les arts de la paix trouve- ront toujours en lui ! Nous apprĂ©cions, comme nous le devons, le tĂ©moignage flatteur que M. le PrĂ©fet donne Ă notre ville. ' Cette notice eĂ»t Ă©tĂ© reproduite , en entier , si elle n'avait pas Ă©tĂ© dĂ©jĂ imprimĂ©e , aprĂšs la sĂ©ance publique qui a eu Heu Ă CbĂ teaudun , le 26 juin 1864. Se reporter au tome III , page 69, des procĂšs-verbaux pour Ty retrou- ver. Quelques modifications ont eu lieu pour la sĂ©ance publique, tenue Ă llliers, le lo' juillet 1877. - 191 â » Messieurs , la SociĂ©tĂ© d'archĂ©ologie a rĂ©veillĂ© chez nous le goĂ»t des recherches et encouragĂ© l'Ă©rudition en l'Ă©clairant. Par elle, les vieux monuments de Tart et du savoir sont plus res- pectĂ©s, et environnĂ©s d'un culte intelligent les Ă©difices antiques se restaurent avec plus d'entente du style architectural, et des esprits distinguĂ©s, Ă©pris d'une louable Ă©mulation, s'Ă©lancent dans cette voie lumineuse oĂč vous les avez devancĂ©s. L'histoire locale vous est redevable de sĂ©rieuses recherches. La nĂŽtre, en particulier, a Ă©tĂ© presque Ă©puisĂ©e par vos travaux. AprĂšs les savants documents mis au jour par notre honorĂ© PrĂ©sident, aprĂšs la notice presque complĂšte publiĂ©e par M. LefĂšvre, aprĂšs un rĂ©sumĂ© de la vie de Florent dlUiers , dĂ» Ă la plume autorisĂ©e et sympathique de M. Met-Gaubert, oĂč le hĂ©ros qui combattit avec Jeanne d'Arc et dĂ©livra son pays, revit tout entier â il ne me reste plus rien Ă glaner. Souffrez donc que j'aille demander Ă l'Ă©poque celtique une pierre de plus pour ce monument. » Parlons des Menhirs {MĂ©cm, men, pierre hir, longue, de ces pierres longues, de ces obĂ©lisques sans art qui se dressent encore ça et lĂ , de prĂ©fĂ©rence aux Ueux dĂ©serts, dans notre pays et ailleurs. » Au fond de la petite vallĂ©e de la Thironne , Ă deux kilomĂštres d'Illiers, en face de la cĂŽte de Montjouvin, s'Ă©lĂšve un Menhir de forme conique et d'assez grande dimension. Il mesure envi- ron 3 m. 30 de hauteur, et on estime qu'il pĂšse 18,000 kilogr. C'est un pouddingy ou bloc de silex agglomĂ©rĂ©s et fondus en- semble. Le choix du lieu fut intentionnel. Chez un peuple qui rĂ©vĂšre non-seulement les astres, mais encore les fleuves, les fontaines, les phĂ©nomĂšnes naturels, on remarquera qu'il est placĂ© dans le delta de deux riviĂšres et non loin de leur confluent, prĂšs d'un guĂ©, dangereux comme tous les guĂ©s d'oĂč la nĂ©ces- sitĂ© de recourir Ă la protection de la divinitĂ©. Enfin il est prĂšs de la voie publique, situation qu'affectent ces pierres. » Vers la limite du territoire d'IUiers, prĂšs de MĂ©rĂ©glise et au bord de la route, le voyageur rencontre un autre menhir. Moins Ă©levĂ© et moins volumineux, il a des proportions plus harmo- nieuses trĂšs -droit sur sa base, il semble avoir Ă©tĂ© dĂ©grossi pour recevoir une forme un peu pyramidale. Il est de 2 m. 60 sur un 1 m. 50. Comme le premier, il appartient aux cohĂ©sions de silex. » En prĂ©sence de ces monuments d'un culte disparu et fort - 192 - mystĂ©rieux , on se demande quelle fut leur vĂ©ritable destina- tion. » S'il m'est permis d'Ă©mettre une opinion, selon moi, le menhir est un simulacre, un objet vĂ©nĂ©rĂ© qui a prĂ©cĂ©dĂ© l'idole sculptĂ©e. C'est l'enfance de l'art religieux, le premier essai de TidolĂątrie. Ne pouvant s'Ă©lever jusqu'Ă la divinitĂ© dont elle avait perdu la vraie notion, l'humanitĂ© la rabaissait jusqu'Ă elle. Point de peuple qui n'ait eu ses idoles. Un seul connut le vrai Dieu, mais, par la contagion de l'exemple, il adopta souvent les dĂ©itĂ©s de ses voisins, brĂ»la de l'encens en l'honneur deBaal ou BĂ©lus, de Moloch, d'AstartĂ©, frĂ©quenta les Hauts-Lieux, les Bois- SacrĂ©s, et, Ă l'instar des Celtes, immola Ă l'ombre des grandes pierres Subter eminentes petras. » C'est ce besoin de se mettre en rapport sensible avec la divinitĂ©, Ă©prouvĂ© par les autres nations sans exception, qui me donne le droit de con- clure que les Celtes ont Ă©tĂ© idolĂątres eux aussi , mais peut-ĂȘtre ne sont pas tombĂ©s si bas que les autres. » Un chĂȘne sĂ©culaii'e, un pin majestueux , les deux grands astres qui mesurent Ă l'homme son existence et Ă la terre sa fĂ©conditĂ©, les sources et les ondes profondes, l'abĂźme bouillon- nant des mers , ont partagĂ© avec le menhir leurs adorations ou plutĂŽt le menhir a Ă©tĂ© la personnification de quelqu'une de ces divinitĂ©s. Chez eux, l'autel est une large table de pierre brute. LĂ oĂč l'on voit plusieurs de ces dalles supportĂ©es par d'autres, on est en face d'une allĂ©e crjuverie^ ou noyau de tu- mulus qui a Ă©tĂ© dĂ©pouillĂ© de l'amas extĂ©rieur qui le protĂ©geait. Sur la falaise de la mer, Ă Pornic, j'ai vu les ouvriers achever d'isoler de son enveloppe de terre et de gravois un beau monu- ment de ce genre, orientĂ© et s'ouvrant par un portique la- tĂ©ral. Dans notre rayon, Quincampoix garde une sĂ©pulture de ce genre. ââą Dans les rĂ©gions oĂč l'on n'avait pas de dalles, Ton a entassĂ© des pierres ordinaires sur les restes incinĂ©rĂ©s du dĂ©funt, et recouvert le tout de terre, prise aux alentours son enlĂšve- ment y a laissĂ© une dĂ©pression visible. Tel est le simulacre, l'au- tel, le tombeau le temple primitif, c'est le cercle de pierres ou Cromlek. L'idĂ©e de l'immensitĂ© de Dieu, l'observation du ciel et des augures qui constituait la principale partie de la re- ligion , faisaient une loi de le prĂ©fĂ©rer aux Ă©difices. Un Cromlek qui bordait la route de Saint-Avit Ă Saumeray a disparu depuis peu d'annĂ©es. â 193 â » Le signe religieux s'harmonisait donc avec Tautel et avec le temple. Dans ce cercle sacrĂ©, couronnĂ© de pierres debout, Tini- tiateur et l'initiĂ© pouvaient se tourner de prĂ©fĂ©rence vers quel- qu'une d'entre elles qui reprĂ©sentait pour eux la divinitĂ©. Et ceci est en faveur de notre thĂšse. Devant le musĂ©e prĂ©historique de Bordeaux, une administration intelligente a fait rapporter et mettre en place le Cromlek de Levraut. j» Ces pierres sont de petite dimension et ont Ă©tĂ© taillĂ©es. Or ce qui est remarquable c'est que deux ou trois, dans tout le cercle, montrent les premiers rudiments et comme les Ă©bauches con- fuses de tĂȘtes Ă moitiĂ© dĂ©grossies. Deux points indiquent les yeux, une ligne reprĂ©sente la bouche. Ces traits informes sont significatifs en pareil Heu. C'est la pierre jusque-lĂ brute, aus- tĂšre, qui se fait statue. Ce n'est plus le bloc sans signification , c'est l'idole. » La duretĂ© du grain, l'ignorance de l'art, la pĂ©nurie d'outils bien trempĂ©s, le respect plus grand des mystĂšres primitifs n'ont pas permis aux Gaulois du Centre et de l'Ouest de façonner leurs menhirs. L'eussent-ils fait car nous n'avons plus qu'un petit nombre d'Ă©chantillons, les prescriptions civiles et ecclĂ©sias- tiques auront fait disparaĂźtre de prĂ©fĂ©rence les monuments Ă figures d'idoles. Le menhir borde les routes de la Gaule, comme l'HermĂšs grec protĂšge les chemins et les carrefours. Il est chargĂ© de rĂ©sumer et de rappeler l'idĂ©e religieuse. Et afin de rĂ©pondre Ă l'objection qu'il aurait pu ĂȘtre affectĂ© Ă des usages civils, ĂȘtre un Terme sur des confins de territoire, un indicateur, etc., je vais prouver qu'il remonte aux premiĂšres origines de la race Celtique et qu'il a marquĂ© ses premiĂšres Ă©tapes dans son mou- vement de migration vei-s l'Europe. » Un fait acquis aujourd'hui Ă la science c'est que les Aryo- Celtes viennent des bords de l'Oxus. Non loin de ce point de dĂ©part, au tĂ©moignage d'un voyageur français, M. de Lannoye, dans le bassin de la Kara et sur lo revers opposĂ©, on peut voir encore de gigantesques tombeaux, en forme de tumulus, des autels faits d'une grande dalle arrondie, et surtout des menhirs d'une prodigieuse hauteur qui ont Ă©tĂ© manifestement plantĂ©s lĂ par la main des hommes. L'exode de ce peuple , d'oĂč sortirent les Celtes et les Cimbres, se poursuit par le Caucase, vers la CrimĂ©e, oĂč les tumulus abondent; puis par le Nord de l'Eu- rope, oĂč l'on retrouve les mĂȘmes blocs de pierre. C'est sans Tome VL i>.-K. 14 â 194 - cloute Ă leur arrivĂ©e et Ă leur premier sĂ©jour dans les iles bre- tonnes et sur le littoral de la mer que les Gaulois durent l'habi- tude d'envoyer leurs aruspices Ă©tudier les rites anciens , les mys- tĂšres liturgiques, dans l'ilede Sein pour les Druidesses, dans la Grande-Bretagne pour leurs prĂȘtres. » Il est invraisemblable que ces barbares, peu soucieux de la postĂ©ritĂ©, aient voulu Ă©lever un monument commĂ©moratif dans le creux d'un vallon ignorĂ©. Le respect et la crainte, au dĂ©but d'un si*pĂ©rilleux voyage , ont dĂ» plutĂŽt les porter Ă se proster- ner devant des images de convention. Le menhir fut donc insĂ©- parable du culte idolĂątrique des Gaulois. Joignons Ă ces preuves un tĂ©moignage qui a bien sa valeur, quoique ne s'appliquant pas Ă la pierre, mais Ă un autre objet consacrĂ©. Les Celtes, dit » Maxime de Tyr, adorent Jupiter, et leur Jupiter est un » grand chĂȘne. » On voit que cet auteur plus rapprochĂ© de nous que CĂ©sar, tout en se trompant sur le nom du Dieu, savait qu'ils avaient des idoles matĂ©rielles. » Un dernier argument, c'est la rĂ©sistance que le Druidisme opposa Ă la PrĂ©dication ĂvangĂ©lique , rĂ©sistance inexplicable si leur ThĂ©ogonie eĂ»t Ă©tĂ© spiritualiste. Ce qui achĂšve de nous con- vaincre, c'est la superstition Ă l'Ă©gard des pierres consacrĂ©es et des fontaines, si enracinĂ©e dans le peuple que l'autoritĂ© de l'Eglise fut longtemps impuissante Ă la faire disparaĂźtre complĂš- tement. On le sait, CĂ©sar est formel sur ce point; l'AssemblĂ©e religieuse de la Gaule, surtout de la Gaule Celtique, avait chaque annĂ©e pour théùtre le territoire des Carnutes. Et comme la plaine de Beauce , cultivĂ©e dĂšs la plus haute antiquitĂ©, se prĂȘtait mal aux cĂ©rĂ©monies d'un culte jaloux du mystĂšre, il est vraisemblable que la lisiĂšre des forĂȘts qui, de Blois, contournant GhĂąteaudun, descendaient Ă lUiers, pour couvrir de lĂ tout le Nogentais, fut la terre consacrĂ©e du culte des Gaulois. » Le plus grand nombre des monuments celtiques qui nous restent jalonnent encore le cours du Loir. Les historiens ecclĂ©sias tiques du Maine et M. de PĂ©tigny attestent queleBas-VendĂŽmois fut l'un des asiles les plus renommĂ©s, comme un des suprĂȘmes refuges du Druidi'sme. Les citĂ©s adoptaient les mĆurs et les habitudes des Romains ; mais , au milieu des bois et dans les landes solitaires qui s'Ă©tendent du pays Camute Ă la ville des CĂ©nomans, le Druide entretenait la haine du vainqueur et de ses dieux. L'apĂŽtre de ces contrĂ©es, saijnt Julien , soutint des luttes â 195 â sĂ©rieuses, dans le Val du Loir, contre la superstition populaire* Sur un autre point de notre territoire Ă©minemment druidique , nous voyons saint Lucain , en dehors de toute forme de persĂ©- cution lĂ©gale, teindre de son sang la plaine oĂč Loigny immor- talise son nom Lucaniacum. Or, lorsque prĂšs du théùtre de ce glorieux martyre, le voyageur aperçoit un menhir, debout aprĂšs tant de siĂšcles, il se dĂ©fend difficilement de la pensĂ©e que le prĂ©dicateur de TĂvangile a Ă©tĂ© immolĂ© aux dieux cruels des Celtes idolĂątres. » Faut-il attribuer Ă la survivance du paganisme dans cette contrĂ©e une expression retrouvĂ©e dans Tune des chartes de Saint-Aignan d'OrlĂ©ans Tigletus PaganĆ^um , Tillay des PaĂŻens. L'histoire de saint Martin et de saint Germain nous fournit des exemples de grands arbres consacrĂ©s aux dieux , dĂ©fendus au besoin par la vĂ©nĂ©ration populaire. » Le Christianisme avait dĂ©jĂ couvert la Gaule de ses basiliques que les populations, opiniĂątres dans leurs habitudes, jetaient encore de riches et nombreuses offrandes, en forme Ă ! ex-voto y dans un lac prĂšs de Javouls , dans la LozĂšre, et dans un gouffre rĂ©vĂ©rĂ© prĂšs de Vierzon. Aussi, en 452, le concile d'Arles fulmi- nait-il la censure suivante Si dans le territoire de quelque » Ă©vĂȘque, les infidĂšles allument des flambeaux ou rĂ©vĂšrent des » arbres, des fontaines ou des pierres, l'Ă©vĂȘque qui nĂ©glige » d'abolir ces abus commet un sacrilĂšge. âąÂ» La loi civile venait prĂȘter son appui aux prescriptions ecclĂ©siastiques. Au commen- cement du VI' siĂšcle, le roi Childebert portait un Ă©dit enjoi- gnant Ă tous ses sujets de dĂ©truire les simulacres ou les idoles» â De toutes parts, l'enseignement de l'Ăglise battait en brĂšche les derniers restes d'un culte odieux Mes frĂšres, disait saint » Ăloi au peuple de Noyon, faites disparaĂźtre les fontaines et » les arbres qu'on appelle sacrĂ©s. » Dans des temps plus rap- prochĂ©s, Thiei'S, curĂ© de Champrond, nous peint la superstition de quelques campagnards qui, lorsqu'ils avaient un cheval atteint de certaine maladie, le conduisaient dans un bois oĂč se dressait quelque pierre solitaire pour le faire tourner trois fois Ă l'entour. Restes probables de l'antique superstition. » La religion celtique parait avoir eu deux Ă©poques l'une primitive, oĂč les trois grands dieux Esus, Belus ou Belenus le Baal de TOrient , dont une montagne d'Auvergne portait le nom, et TeutatĂšs , reçurent les hommages populaires. C'est l'Ăąge oĂč les â 19G - Celtes rĂ©vĂšrent la puissance et Tintervention de ces dieux dans les phĂ©nomĂšnes de la nature, et n'ont que des simulacres bruts. » Une seconde Ă©poque est celle oĂč le culte austĂšre commence Ă se laisser altĂ©rer au contact des religions artistiques et sen- suelles, des PhĂ©niciens d'abord, puis des Grecs et des Romains. Alors s'Ă©lĂšvent les temples, les statues et les piles ou pyra- mides que l'apostolat de saint Martin a fait crouler en si grand nombre. » Tout le monde est d'accord que CĂ©sar et les auteurs grĂ©co- latins ont Ă©tĂ© imparfaitement renseignĂ©s ou se sont trompĂ©s au sujet des croyances religieuses des Gaulois. Les Druides ne leur ont jamais divulguĂ© leurs mystĂšres. CĂ©sar^ les Latins et les Grecs prĂȘtent leurs dieux aux habitants de la Gaule. C'est fort invrai- semblable pour ce qui regarde la Celtique. Si ses habitants eussent rĂ©vĂ©rĂ© Apollon et Mars, ils n'eussent pillĂ© ni le temple de Delphes ni ceux de Rome. D'une certaine analogie dans les attributs, on a conclu Ă l'identitĂ©. La vĂ©ritĂ© est qu'en dehors des grandes villes et du monde officiel, les Celtes, tout en faisant des emprunts aux arts cultivĂ©s dans l'Aquitaine et la Province romaine, sous des formes de convention et des noms latins, ont continuĂ© Ă adorer leurs divinitĂ©s nationales. La terre, dont on interroge les entrailles, fournit chaque jour de nouvelles preuves Ă Tappui de celte assertion. »⹠La dĂ©esse des Voconces a donnĂ© son nom Ă la ville de Die. Le temple d'Axo, le plus grand et le pliis solide de la Gaule, dĂ©crit exactement par GrĂ©goire de Tours, vient de rĂ©vĂ©ler ses substructions au sommet du Puy-de-DĂŽme. Autun avait sa dĂ©esse Bibracte, Rothomagus son idole topique. Bourbonne-les- Bains Ă©lait consacrĂ©e Ă la dĂ©esse Borbonia et au dieu protecteur du lieu. Fortunat parle des temples de Verncmctis et Ă ^Ysarno- dorum. Enfin, le musĂ©e de Saint-Germain fournit plus d'un type de dĂ©itĂ© exclusivement gauloise. La religion se modernisait tout en restant nationale. » Quant aux contrĂ©es boisĂ©es de l'Ouest, du Centre et de r Armorique , en raison de leur plus grande antipathie pour les vainqueurs, elles ont rĂ©pudiĂ© leur culte. Et quand la parole Ă©vangĂ©lique retentit Ăą l'oreille des Carnules, elle ne les trouva point agenouillĂ©s devant les idoles de Rome, mais, Ă part quel- ques rĂ©sistances, dĂ©jĂ prĂ©parĂ©s par des pensĂ©es d'immortalitĂ© Ă l'Ă©ternelle vĂ©ritĂ©. » â 197 - M. TabbĂ© Sainsol, curĂ© de Blaudaiiiville, donne ensuite con- naissance d'un travail sur les raretĂ©s archĂ©ologiques de l'Ă©glise d'EpeautroUes. En passant, un juste tribut d'Ă©loges est consacrĂ© au talent de notre confrĂšre, M. Malenfant, sculpteur sur bois , Ă Charonville. Les applaudissements rĂ©pĂ©tĂ©s en l'honneur de ces deux hono- rables ecclĂ©siastiques, prouvent combien ils ont vivement intĂ©- ressĂ© l'auditoire. La sĂ©ance se termine par une sĂ©rie d'expĂ©riences scientifiques diverses, Ă©tablissant la corrĂ©lation des phĂ©nomĂšnes qui se pro- duisent par la chaleur, l'Ă©lectricitĂ©, le magnĂ©tisme et la lumiĂšre, et auxquelles se livre notre confrĂšre, M. Barois, secondĂ©, il faut le dire, par deux intelligents prĂ©parateurs, MM. Gallas et {j. Delacroix. Avant de lever la sĂ©ance qui finit Ă quatre heures, M. le PrĂ©fet adresse quelques mots, sous forme de remerciements, Ă l'audi- toire, Ă M. le maire, Ă la ville d'Illiers qui ont fait Ă la SociĂ©tĂ© un si gracieux accueil. Il a aussi quelques paroles encourageantes pour les orateurs qu'il appelle obligeamment les vulgarisateurs de TarchĂ©ologie, de l'histoire et de la science, venus Ă Illiers uniquement pour porter Ă aimer les belles et bonnes choses, et, s'il se peut davantage, notre cher pays. SĂANCE GĂNĂRALE DU 5 JUILLET 1877. PrĂ©sidence de M. Merlet. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart. Ătaient prĂ©sents MM. Merlet, P. Durand, Chavaudret, Met- Gaubert, Appay, de Bertheville, Balandra, Barois, Bourdel, Buisson, Brosseron Justin, Brosseron ValĂ©ry, DumouliĂ©, Dussart, EscudiĂ©, Famin, Gallas, Galopin, GĂ©rondeau, Gui- gnard Ludovic, Guillen, GuĂ©rinot, Heurtault, abbĂ© Haye, â 198 â abbĂ© HĂ©nault, Hue, Isamberl Stanislas, Joliet , docleui-s Lamy et Legendre , Legrand, Lecocq, MontĂ©age. J., Neveu, Petrot-Garnier, PĂ©trot-LemariĂ©, Rivierre, Sadorge, Treille, WehrlĂ©. Les procĂšs-verbaux des sĂ©ances du 3 mai, du jeudi 14 juin, Ă la salle Saiute-Foy, du dimanche 1" juillet excursion archĂ©o- logique Ă lUiers sont adoptĂ©s. Un juste tribut de regrets est ensuite payĂ© Ă nos confrĂšres dĂ©cĂ©dĂ©s MM. Raymond Bordeaux, Ă Evreux; ChevauchĂ©, an- cien commissaire priseur, Ă Chartres; Lanctin, vĂ©tĂ©rinaire, Ă Courville; Person, ancien directeur de l'Ăcole normale pri- maire de Chartres. Kordre du jour appelle le renouvellement des membres du bureau pour une pĂ©riode triennale. Le nombre des membres prĂ©sents est de 40; 75 membres onl envoyĂ© leur vote par Ă©crit; le nombre total des votants est donc de 115. PrĂ©sident MM. Alexandre de Saint- Laumer, 89 voix. Paul Durand, 17 â M. de Saint-Laumer est proclamĂ© prĂ©sident de la SociĂ©tĂ©. Vice- PrĂ©sidents MM. Merlet, 100 voix. Paul Durand , 99 â L'abbĂ© Olivier, 81 â Chavaudret, 32 â Barois, 20 â MM. Merlet, Paul Durand et TabbĂ© Olivier ayant obtenu la majoritĂ© absolue des suffrages, sont proclamĂ©s vice-prĂ©sidents de la SociĂ©tĂ©. SecrĂ©taire M. Met-Gaubert, 106 voix. Vice-SecrĂ©taires MM. Ludovic de Boisvillette, 81 voix. LefĂšvre Edouard, 69 â Trente voix ont Ă©tĂ© atttribuĂ©es Ă M. TabbĂ© Foucault. Conservateur du MusĂ©e M. Ph. Bellier de la Chavignerie, 101 voix. â 199 ~ Archiviste M. Legrand, professeur au collĂšge, 65 voix; M. l'abbĂ© Germond, qui avait dĂ©clarĂ© donner sa dĂ©mission, a obtenu 36 voix , pour cette mĂȘme charge. Le vote pour le renouvellement des membres de la Commis- sion de Publication est ajournĂ© au mois de novembre. M. le trĂ©sorier donne ensuite connaissance de TĂ©tat des re- cettes et des dĂ©penses pour l'exercice 1876 RECETTES. Reliquat de l'exercice 1875 5,658 fr. 54 c. Subvention du MinistĂšre de l'Instruction publique 400 » Cotisations . 3,393 50 Vente de bulletins 122 50 IntĂ©rĂȘts des fonds placĂ©s 174 » Total des recettes 9,748 54 DĂPENSES. 1** DĂ©penses ordinaires m ProcĂšs-verbaux et MĂ©moires 1,341 fr. 85 c. Gravures MĂ©moire, Frais de recouvrement des cotisations extĂ©- rieures 81 20 Traitement de l'appariteur 250 » SĂ©ance gĂ©nĂ©rale 313 35 DĂ©penses imprĂ©vues 249 70 Abonnements et reliures 133 85 2,369 95 2*^ DĂ©penses extraordinaires Souchetfin 623 » Total des dĂ©penses 2,992 95 â 200 â BALANCE. Recettes 9,748 fr. 54 c. DĂ©penses 2,992 95 Reliquat actif. . . 6,755 59 L'assemblĂ©e approuve unanimement cet Ă©tat financier; les piĂšces justificatives des dĂ©penses seront dĂ©posĂ©es aux archives; un rĂ©cĂ©pissĂ© sera dĂ©livrĂ© Ăą M. le TrĂ©sorier. La sĂ©ance est levĂ©e Ă cinq heures. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires, MM. Amiot ThĂ©odore, propriĂ©taire, Ă lUiers; prĂ©sentĂ© par MM. Galopin et Goupy. Ghouet Henri, instituteur, Ă BerchĂšres-rEvĂȘque ; prĂ©- sentĂ© par MM. Renault et Met-Gaubert. DuMum , propriĂ©taire , maire d'IUiers ; prĂ©sentĂ© par MM. Met-Gaubert et Merlet. Le baron de GoussENCOURT Edgard, propriĂ©taire, maire de Saint-Eman; prĂ©sentĂ© par MM. 0. Hermand et de Pontoi-PontcarrĂ©. Jumeau, cultivateur, Ă la Motte, commune de Saint-Georges- sur-Eure ; prĂ©sentĂ© par MM. Sadorge et Met-Gaubert. Letourneur Alexandre, instituteur, Ă Ouarville; prĂ©- sentĂ© par MM. Met-Gaubert et Merlet. L'abbĂ© Pardos, professeur Ă la MaĂźtrise; prĂ©sentĂ© par MM. Met-Gaubert et Merlet. PouGiN Jules, notaire honoraire, Ă lUiers; prĂ©sentĂ© par MM. Gillard et Le Goux. RoYiNEAU, conseiller d'arrondissement, Ă Aufferville; prĂ©- sentĂ© par MM. Treille et Met-Gaubert. â 201 â M. Thireau Marcel, directeur de Tusine de fĂ©culerie, Ă lUiers ; prĂ©sentĂ© par MM. Barlaud et Met-Gaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ Les Monuments mĂ©galithiques de ThimĂ©court , prĂšs Luzarches Seine-et-Oise. Senlis, imprimerie E Payen, 1877. Bulletin de la SociĂ©tĂ© Dunoise f n' 32, avril 1877. ChĂąteau- dun, imp. Lecesne. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique et historique du Limou- sin , t. XXIV. Limoges, impr. Chapoulaud, 1876 Envoi de la SociĂ©tĂ©. SociĂ©tĂ© acadĂ©mique des Sciences et Arts de Saint-Quentin , 3* sĂ©rie, t. XIV. Typ. Ch. Poette, 1877. \Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© des Antiquaires de V Ouest, 2 trimestre de 1877, grand in-8o. Envoi de la SociĂ©tĂ©. SĂANCE DU 2 AOUT 1877. PrĂ©sidence de M. de Saint-Laumer. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par l'adoption du procĂšs- verbal de la derniĂšre rĂ©union. Ătaient prĂ©sents MM. de Saint-Laumer , P. Durand, Met- Gaubert, de Bertheville, Bourdel, Buisson, Brosseron Justin, Dussart, Dubreuil, Escoffier, Famin, TabbĂ© Germond, Hue, JolĂźet , docteur Juteau , Lecocq, docteur Legendre, de MĂ©ly, Ossude, P. Sautton. M. TabbĂ© Germond est nommĂ© par l'assemblĂ©e archiviste ho- noraire. L'ordre du jour appelle la lecture d'un manuscrit intitulĂ© Relation de ce qui s'est passĂ© lors de la dispersion des reli- gieuses de Pm't-Royal'dcS'Champs, - 202 â M. Lecocq croit que ce manuscrit ne contient aucun rensei- gnement nouveau ; il prĂ©sente un volume de piĂšces imprimĂ©es renfermant de nombreuses relations sur ce sujet. 11 est invitĂ© Ă donner, pour la prochaine sĂ©ance , un rapport sur le manuscrit dont la lecture est ajournĂ©e. M. Joliet lit une piĂšce de vers intitulĂ©e Statistique d'Eure- el - Loir. STATISTIQUE D'EURE-ET-LOIR. A LA MĂMOIRE DE M. DE BOISVILLETTB. Le triste pays que la Beauce ! » Jamais il ne baisse ou ne hausse , > Et de six choses d*un grand prix , » Dit uil impertinent proverbe, En Beauce il ne manque que six » Et pourtant la Beauce est superbe ; Je Taime , car je suis son fils. Nos plaines ont leur harmonie , Ainsi que la mer infinie. Plaines et mers ont leurs naufrages, Et les blĂ©s de nos laboureurs Tombent versĂ©s par les orages , Gomme les barques des pĂȘcheurs. Mais l'Ă©pi courbĂ© se relĂšve, L'esquif Ă©chouĂ© sur la grĂšve Se dresse portĂ© par le flot. Travail f courage et confiance ^ C'est la chanson du matelot Et la devise de la France. beau pays aimĂ© des cieux , Pour te donner en abondance Raisins et fruits dĂ©licieux , ^t mieux marquer sa prĂ©fĂ©rence , Entre deux mers Dieu t'enchĂąssa ; Dans les routes qu'il leur traça. Des Ardennes aux PyrĂ©nĂ©es , Les glaciers , les lacs , les torrents , En ouvriers intelligents , Ont travaillĂ©... combien d'annĂ©es ? Personne, je crois, n'en sait rien. Ce que Dieu fait , il le fait bien , Et si j'avais , par quelque grĂące , Les bras assez forts , assez prompts â 203 â Pour pouvoir transporter les monts, Je les laisserais Ă leur place Pourtant j'admire et j^applaudis Aux ingĂ©nieurs plus hardis Qui donnent, dans leur noble audace, Un coup de vrille au mont Cenis,.... Au travail obstinĂ© qui fouille La marne , le fer ou la houille , Dote nos champs et nos forĂȘts , D* un arbre , une plante , un engrais , SĂšme des Ćufs dans nos riviĂšres , Nos mares et nos huĂźtriĂšres. Cest encore un nom tout français Qui doit dĂ©corer la rigole , OĂč du haut de la NĂ©cropole , OĂč plane Tombre de RhamsĂšs , Les vieux sphinx voient couler les ondes Qui font , en mariant deux mers , Du Nil vaseux, des lacs Amers Le trait d'union de trois Mondes. Plus d'un navire passera, Cachant dans sa cale funeste Le typhus ou le cholĂ©ra. Le termite rongeur, la peste Et l'horrible phylloxĂ©ra Mais prĂšs du mal est le remĂšde ; La Providence veut qu'on s'aide Et non pas qu'on croise ses bras. Hercule veut qu'on se remue , Dit Jupin assis sur sa nue Au charretier dans l'embarras. Croit-on qu'on gagne la mĂ©daille , Sans risquer rien, Ă nos CongrĂšs ? Il se peut qu'on trouve une faille Sous le grand tunnel de Calais Dans le vaste champ du progrĂšs Qu'importe oĂč tombe la semence ? A l'heure que Dieu choisira Soyez sĂ»rs qu'elle germera. Greffez pourtant avec prudence Le fruit nouveau sur l'arbre vieux Qui fut plantĂ© par nos aĂŻeux. A la terre qui se confle , Sans connaĂźtre Ă fond son terrain , Perd son temps , sa peine et son grain , â 204 â Car bien souvent elle varie. Pour former le sol de la Brie, La Bresse, le Morvan, l'Artois Unis en faisceau par nos rois. L'Aunis, le Vexin, la Limagne , Pays de plaine ou de montagne. Le travail des feux souterrains Des vastes mers des premiers iges. Des ocĂ©ans contemporains A dĂ©mantelĂ© les Ă©tages, ie mille façons , la chaux et l'argile , un manteau dans nos vallons le riches limons, i nu le roc stĂ©rile. ;e des Beaucerons le profil honnĂȘte ; s les convulsions evĂšrcnt son arĂȘte, rĂ©volutions le la dĂ©chirure; I mĂšre la Nature percent pas la peau. e mince Ă©gratignure ;inent sur le plateau lers dont la silhouette se sur la Drouette les sables d'Epernon. tre terrain calcaire i^e partout mĂȘme nom, ipecl , mĂȘme caractĂšre , le et plat horizon -, urs d'eau ne dĂ©saltĂšre m qui vit autrefois , le Sours au lac de Blois, r dans ses marĂ©cages ihants et les sauvages, lants chasseurs devant Dieu 3t, armĂ©s d'un Ă©pieu. lir les ours des cavernes, jnt creusĂ© des citernes guĂšre un savant discret rĂ©vĂ©lĂ© le secret, leur race forte et rude c plus gros du mĂ©tier. â 205 â Les chasseurs n'ont plus l'habitude D'ĂȘtre mangĂ©s par le gibier. Notre pacifique riviĂšre Eut aussi ses jours de colĂšre , Et noya les rhinocĂ©ros EngouffrĂ©s dans la sabliĂšre OĂč Saint-Prest conserve leurs os , Comme en un vaste cimetiĂšre , Au grand honneur de nos savants Qui , dans les Ă©clats d'une pierre, Les pieds, les crĂąnes et les dents r DĂ©battent encore le mystĂšre Des origines et des temps Chartres, avec son tour de ville, Ses clochers , sa plaine fertile , Aux doctes membres du CongrĂšs , Montra ses grands prĂ©s verts et frais , Longsaulx et ses riants ombrages , Fontaine-Bouillant fait exprĂšs Pour les peintres de paysages. Amant de son pays, SegĂ©, D'un injuste oubli , l'a vengĂ© MĂȘme Ă Prunay , Voise ou Janville , Quand on n'est pas trop difficile , Nos champs peuvent se voir en beau. Non loin de la Voise ou de l'Eure Quelquefois une source affleure Les versants boisĂ©s du plateau , Et meurt avant d'ĂȘtre ruisseau. Pourtant, au pied de la colline, Tandis que lentement chemine Cet humble et mince filet d'eau , Comme le RhĂŽne ou la Garonne , Il dessine dans des ravins Qui n'ont jamais noyĂ© personne Le relief de nos bassins. J'aime Nogent et sa vallĂ©e Dont je connais tous les sentiers , FraĂźche , obscure , Ă demi-voilĂ©e Par un rideau de peupliers. J'aime le ruisseau qui serpente Au pied de modestes coteaux , OmbragĂ©s sur leur double pente Par les frĂȘnes et les ormeaux , â 206 â Sur le laillis le bouleau penclie Sa coloiitietl^ frĂȘle et blanche PrĂšs Ă»ee sombres genĂ©vriers. LĂ tous nos arbres indigĂ«nes , Les trembles, les pins, les grands chĂŽnes, Les Ă©rables, les meriElers, saule au vert pĂąle , les aulnes Et les marsaults aux chatons jaunes, Les premiĂšres fleurs du printemps, Quand le bols un beau soir d'automne D'or et de pourpre se couronne. Confondent leurs tons ĂȘclaUnts. A Chartres , llliers et Courvillc , Rude au labour, le sol d'argile S'Ă©lĂšve et, vers le Thimerais, UĂ©jĂ se couvre de forĂȘts. Tai toujours douce souvenance Des lieux de ma premiĂšre enfance. De Courville je suis natif. Homme d'esprit et de science. Au franc parler, au regard vif. Mon pĂšre au temps de ma naissance Fut l'Esculape du canton ; l'aimais, se dressant sur ta plaine, Les grosses tours de Villebon, L'aimable et noble chĂątelaine, Au sourire indulgent et bon. Les poudinguĂ©s d'Happonvilliers M'ont appris qu'un propriĂ©taire Est le plus mauvais des fermiers -, Inutile pourtant sur terre. Je n'aurai point passĂ©, je crois ; J'ai plantĂ© trente arpents de bois, ^ Et lĂ , je n'en fais point mystĂšre-. J'eus un moment de vanitĂ© De voir mon biĂš si bien plantĂ©. De Ghdleaudun Ă BonnĂ©labic. Authon, Ormoy, les GhĂąleliers, Combien de toils hospitaliers Oii l'on savait causer Ă table ! Encore un plaisir qui se perd Encore enfant, Ă Belhomert, J'allais chassant, sous les futaies. Les papillons mais Saint-Bomert , Ses chemins creux, ses grandes haies. "Ăąr '4aĂą â 207 â Tous ces vallons entrecroisĂ©s, Ces monticules qui surgissent , Et ces fontaines qui jaillissent Sur les flancs de coteaux boisĂ©s C'est lĂ le coin de notre Perche Que des yeux et du cĆur je cherche. Nogent voit de son vieux donjon Qui sort enfin de sa ruine , Les gras pĂąturages de THuisne ; EchelonnĂ©s Ă Thorizon , De Bretoncelle et Monlandon Les coteaux secs et nus, les noues. Tapis frais toujours arrosĂ©s Par trois moulins superposĂ©s Qui, versant le trop plein des roues, En cascades baignent les prĂ©s Et les jardins enchevĂȘtrĂ©s Si la Beauce a pour caractĂšre Un peu trop d'uniformitĂ© , Le Perche a la variĂ©tĂ© , Comme le sol l'aspect diffĂšre ; On voit des sables colorĂ©s Le long du chemin qui s'Ă©lĂšve Aux bois d'Authon et de la GrĂšve Thiron a ses grĂšs bigarrĂ©s. Quelques lambeaux de marne grise Plongent sous la profonde assise De la craie, aux champs mitoyens De la Normandie et du Maine *, Toujours la sonde la ramĂšne Du fond des puits artĂ©siens. Mais dans vos trous et vos carriĂšres On ne voit jamais que des pierres ; Dans sa tranquille majestĂ© , Sa parure ou sa nuditĂ© , La nature semble endormie i C'est un paysage sans eau , Une sĂšche photographie. Afin d'animer le tableau , Il faut le mouvement, la vie. Il faut l'insecte , il faut l'oiseau. Voyez posant sur chaque tige Le beau paon- de-jour, les argus De l'azur des cieux revĂȘtus, ^ â 208 â Cet essaim de fleurs qui voltige ; Les papillons, sans contredit. Comme les fourmis , les abeilles Dont on conte tant de merveilles, Ne sont point des bĂȘtes d*esprit ; Mais certes des amants fidĂšles Ils sont les plus parfaits modĂšles. BercĂ©s sur Faile du ZĂ©phir, Se parer pour des fiançailles Qui sont toujours des funĂ©railles , N'aimer qu'une fois et mourir, C'est leur destin la poĂ©sie De la tombe de RomĂ©o , Dans sa touchante fantaisie La chanson de Fortunio , Les Amadis , le beau Leandre Expirant sous les yeux d'HĂ©ro, MontrĂšrent-ils amour plus tendre Que les maris des vers luisants , Qui vont , parfois , Ă la chandelle , Phare trompeur, brĂ»ler leur aile , Quand , dans nos fĂȘtes du printemps , S'allument, dans les nuits sereines, Les lanternes vĂ©nitiennes , Illumination des champs ? Du taillis le pic-vert s'envole , Dans les airs il va dĂ©crivant Une Ă©lĂ©gante girandole Et pousse un cri rauque et strident. La huppe fringante et coquette Qui, dans la fange, naĂźt et vit. Est tapageuse en sa toilette ; Les mĆurs se jugent Ă l'habit. Le coucou, chantant Ă la lune Sa plainte toujours importune , Confiant des Ćufs non couvĂ©s Aux mĂ©nages irrĂ©prochables De linottes trop charitables , Semble par ces mĂ©faits prouvĂ©s , L'inventeur des enfants... trouvĂ©s. Dans la bataille pour la vie , De l'homme chacun se mĂ©fie... Quel instinct fait que le ramier. Que Paris voit si familier. ConnaĂźt Ă fond ce grand mystĂšre , â 209 â L'Ă©tat de paix , TĂ©lat de guen-e Dont ne peuvent se dĂ©brouiller Les plus fins de nos diplomates Que n'ont-ils appris leur mĂ©tier PrĂšs des animaux Ă deux pattes Ăź rVu sommet d'un grand peuplier. Quand il se pose ou bien s'Ă©lance , Plane immobile et se balance , Notre regard suit l'Ă©pervier ; Sur les flots il suit la mouette Et dans nos guĂ©rets l'alouette Qui chante en montant vers les cieux. Kst-ce l'instinct ambitieux Des fils de Japhet ou d'Icare , DĂ©sir impuissant qui s'Ă©gare Et va crever comme un ballon ? GrĂące Ă la gĂ©nĂ©reuse audace Des Montgolfier et des Colomb, La science Ă©largit l'espace ; Tendre plus loin, viser plus haut, De tous c'est le devoir... s'il faut Dans des luttes* encor sans gloire. Que les savants , les voyageurs , Les soldats et les inventeurs Succombent ; gardons leur mĂ©moire ; Ils ont eu foi dans la victou^ Nos fils , peut-ĂȘtre , en leur honneur, Diront , assis dans leur nacelle *. Gloire au hardi navigateur Qui , le premier, ouvrit ses ailes ; Voler comme les hirondelles , C'est bien un rĂȘve de bonheur Ăź Noie de M Saiitton sur les actes de TĂ©tat-civil de la commune de Fontenay-sur-Conie. Rapport verbal de M. Famin sur les localitĂ©s de Saint-Georges* sur-Euie et de MigniĂšres. Un membre fait observer la tendance qu'ont MM. les curĂ©s Ă dĂ©truire les lambris en bardeaux des voĂ»tes des Ă©glises pour les remplacer par des voĂ»tes en plĂątre et briquettes, sans avoir Ă©gard Ă la poussĂ©e de ce mode de voussure. Tome VL 15 â 210 â e deux piĂšces de monnaie envoyĂ©es par M. l'abbĂ© i demande avis Ă la SociĂ©tĂ© Ă cet Ă©gard. ^tĂ© entre en vacances pour trois mois. L'assemblĂ©e t la reprise de ses travaux aura lieu le jeudi 8 no- ;e est levĂ©e Ă quatre heures et demie. HODTEADZ MEMBBES ADMIS. Membres titulaires m HonorĂ©, instituteur, Ă Maisons; prĂ©sentĂ© par . Met-Ganbert et Merlet. EAO Ernest, bomme de lettres, critique d'art, Ă s; prĂ©sentĂ© par MM. Lorin et Merlet. E Didier, instituteur, Ă Ymonville; prĂ©sentĂ© par Met-Gaiibert et Merlet. ' -Maurice, propriĂ©taire, Ă Chartres; prĂ©sentĂ© par Appay et Heurtault. OBJETS OFFEBTS A LA SOCIĂTĂ S de l'AcadĂ©mie du Gard, annĂ©e 1875. NĂźmes, impri- el-Ballivet, 1876. Envoi de l'AcadĂ©mie. a SociĂ©tĂ©s savantes des dĂ©partements , 6' sĂ©rie, t. IV, It, septembre 1876. Paris, impr. Nationale, 1877, MinistĂšre. de la SfjciĂ©tĂ© des Antiquaires de l'Ouest, 2" trimestre ĂŻnvoi de la SociĂ©tĂ©. les MĂ©moires et documents de l'AcadĂ©mie de la Val- volume, 4' livraison. Envoi de l'AcadĂ©mie. 211 SĂANCE DU 8 NOVEMBRE 1877. PrĂ©sidence de M. de Saint-Launer. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures et quart. Etaient prĂ©sents MM. de Saint-Laumer, Merlet, Olivier, Met-Gaubert, Barois, Ph. Bellierde la Chavignerie, Besselle, Bonnard, Buisson, Cornillon, Cottereau, Dussart, Escoffier, l'abbĂ© Foucault, Gabriel, Germond, TabbĂ© Germond, GĂ©ron- deau, Gilbert, TabbĂ© Hayes, Heurtault, Hue, Laigneau, Le- coeq, Legendre, Maury, de Mianville, Nancy, Ossude, Penel, TabbĂ© PouclĂ©e, Ravault, TabbĂ© Sainsot, Sautton. Le procĂšs-verbal de la derniĂšre rĂ©union est lu et adoptĂ©. Annonce de la mort de M. Juteau, notre confrĂšre, dĂ©cĂ©dĂ© ingĂ©nieur de la compagnie des chemins de fer d'OrlĂ©ans Ă Rouen. Admission de quinze membres titulaires nouveaux dont les noms figurent au prĂ©sent procĂšs- verbal. A ce sujet, quelques paroles bienveillantes sont adressĂ©es au secrĂ©taire pour le zĂšle qu il apporte Ă recruter de nouveaux confrĂšres. 11 tĂ©moigne toute sa gratitude Ă propos de cet encouragement. Sont dĂ©posĂ©s sur le bureau quatre MĂ©moires d'instituteurs, envoyĂ©s pour le concours d'archĂ©ologie locale et d'histoire insti- tuĂ© par la SociĂ©tĂ© 1** Historique des Ăcoles de Coulombs ^ par M. Boucher; 2** Un Coin du Perclie-Gouet ; notice historique sur la ville et baronnie de Brou, par M. Chantegrain, instituteur, Ă Bois- gasson; 3° RĂ©sumĂ© historique et description gĂ©ographique et adminis- trative de la commune de Boisfille-la-Saint-PĂšre, par M. Le- prince ; 4 MĂ©moire sur V Histoire^ la GĂ©ographie et la Statistique de la commune de Friaize^ canton de La Loupe Eure-et-Loir, par M. Julien PouUard, ancien Ă©lĂšve de l'Ecole normale de Chartres, en rĂ©sidence Ă Friaize. â Renvoi Ă une commission composĂ©e de sept membres MM. Famin, Laigneau Emma- nuel, Legrand, Lecocq, Merlet, Met-Gaubert, abbĂ© PouclĂ©e. - 212 - Scrutin pour la nomination des membres de la Commissioii le publication. PrĂ©sents et de l'extĂ©rienr, 74 votants. MM. Paul Durand 74 voix. BaroĂźs 73 â Merlel 73 â AbbĂ©PouclĂ©e 73 â AbbĂ© Olivier 72 â Famin 69 â Docteur Maunoury .... 48 â I,efĂšvreE. 38 â LefĂšvre ayant dĂ©clarĂ© donner sa dĂ©mission, M. AVehrlĂ©, obtenu le plus de voix aprĂšs lui, est nommĂ© membre de imission. c le PrĂ©sident, l'Inspecteur d'AcadĂ©mie et le SecrĂ©taire, nembres indiquĂ©s par le rĂšglement. ture d'une piĂšce de vers de M. Bourdel La Belraile au de vue philosophique. â Cette piĂšce est accueillie par les idissements de l'assemblĂ©e et renvoyĂ©e Ă la Commission blication. LA RETBAITE. Le monde est une fourmiliĂšre OĂč chaque homme, utile instrument, Est tenu d'apporter sa pierre Au gigantesque monument. Le travail est indispensable ; Car sans lui pas de leudemain Tout ĂȘtre qui mange est coupable, S'il n'a dĂ©jĂ gagnĂ© son pain. Pourtant vient un Ă»ge oĂč la gl3c Engourdit la tĂšte et le bras . . . Un plus jeune alors nous remplace Gomme Ă l'aBsaut pour les soldats. Mais pourquoi voit-on la retraite, RĂ©compense du travailleur, Bien souvent, au lieu d'une fĂšlc. Ătre un prĂ©sage de malheur? -213- ITest que l'homme , d'humeur chagrine , Jamais n'est content de son sort . Et qu'enfermĂ© dans sa routine. Tout ce qui le dĂ©range a t^rt. Ne sait-il pas qu'un but utile Pent toujours charmer les loisirs. Et que le bonheur est facile A qui sait borner ses dĂ©sirs f Et vous, livres de la Jeunesse. Chajnpa fĂ©conds en riches moissons, Que d'Ă©pis dorĂ©s la vieillesse Trouve Ă glaner dans vos sillons! Le Dieu clĂ©ment qui nous protĂšge. Prenant pitiĂ© de nos douleurs , Donne Ă chaque Ăąge un privilĂšge , Comme Ă chaque saison des fleura. \ l'enfant joueur la souplesse ; A Tadolescent la beautĂ© ; Au front grisoilnant la sagesse , Au vieillard l'aimable galtĂ©. Autour de lui chacun s'empresse Oublieux du fardeau des ans, Il voit le ciel de sa jeunesse Aux yeux de ses petits enfants. Il rougit d'un passĂ© frivole Qui dĂ©vora plus d'un beau jour ; La douce amitiĂ© le console Des infortunes de l'amour. A quoi bon dĂ©guiser son Ăąge. Quand le Temps, grand inquisiteur, Chaque matin, sur le visage. Grave son chiffre accusateur ? Dans la lutte oCi l'homme succombe, S'il est beau d'avoir combattu. Il est bon, au bord d'une tombe , De dire Ă ta Mort oĂč vas-tu ? . . . PrĂšs d'affronter le grand mystĂšre Dont Dieu seul connaĂźt les secrets, Du livre oĂč notre foi s'Ă©claire Sachons mĂ©diter les feuillets. â 214 - l'our moi , quand viendra la retraite DĂ©finitive et sans retour, PuissĂ©-je, rame satisfaite, M'endormir au dernier sĂ©jour! sion sur le manuscrit intitulĂ© Relation de ce qui s'est rs de la dispersion des religieuses de Port-ltoyal. â i la DOuvelle CommissioE de publication poui- un nouvel du maDuscrit .unication de M. Merlet Les Maires du Palais âą , tra- parĂ© pour la rĂ©union des SociĂ©tĂ©s savantes Ă Paris. oi Ă la CommissioQ de publication. ince est levĂ©e Ă quatre heures trois-quarts. NODTEAUZ HEHBBES ADMIS. Membres titulaires. oĂT Amand, chaufournier, Ă llliers; prĂ©sentĂ© par M. Treille et Met-Gaubert. TRAT Charles, instituteur, Ă Ermenonville-la-Grande ; rĂ©sentĂ© par MM. E. et Met-Gaubert. NiLLON Jules, instituteur, Ă Mainvilliers ; prĂ©sentĂ© par M. Met-Gaubert et Merlet. lON l'abbĂ© Louis, curĂ© de Saint-Loup; prĂ©sentĂ© par M. Germond et Met-Gaubert. iMOHD Paul , professeur de 5° au collĂšge de Chartres; rĂ©sentĂ© par MM. Met-Gaubert et de Saint- Laumer. ;r]n l'abbĂ©, vicaire de Saint - Aignan ; prĂ©sentĂ© par M. rabbĂ© Houlle et Met-Gaubert. 'TĂ{Henri, instituteur, Ă Amilly; prĂ©sentĂ© par MM. Met- aube rt et Merlet. RONDEAU , instituteur, Ă Bleury ; prĂ©sentĂ© par MM. Penel '. Met-Gaubert. PIN, curĂ© deGohorj'; prĂ©sentĂ© par MM. l'abbĂ© Sainsot et ĂźbbĂ© Haye. - 215 - Firmin, rĂ©gisseur au chĂąteau d'Eclimont; prĂ©- sentĂ© par MM. de MĂ©ly F. et Met-Gaubert. Penel Aristide, instituteur, Ă Saint -Symphorien; prĂ©- sentĂ© par MM. Granger et Met-Gauberti Percebois, ancien instituteur, Ă Janville; prĂ©sentĂ© par MM. Sautton et Met-Gaubert. PouLLARD, ancien Ă©lĂšve de TEcole normale, Ă Friaize; prĂ©- sentĂ© par MM. Laigneau et Gabriel. Robinet FabbĂ© , curĂ© de Mainvilliers ; prĂ©sentĂ© par MM. OUivier et Met-Gaubert. SĂ©dillot, instituteur, Ă Theuvy-AchĂšres; prĂ©sentĂ© par MM. Met-Gaubert et Merlet. OBJBTS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ Actes et MĂ©moires de la Commission des Arts et Monuments historiques de la Charente-InfĂ©rieure et SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique de Saintes, t. II, n*» 6, 1876. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© Dunoise, n 33 et 34, juillet 1877. Envoi de la SociĂ©tĂ©. MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© Nationale des Antiquaires de France, t. XXXVII, 4 sĂ©rie, t. VII, et Bulletin de la mĂȘme SociĂ©tĂ©. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la Commission des AntiquitĂ©s de la Seine-InfĂ©- rieure. Envoi de la Commission. Bulletin de la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique historique de VOrlĂ©anais, t. VI, n 89, 90, 91 et 92. Envoi de la SociĂ©tĂ©. MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© Dunicerquoise, 1874-1875, 1 voliune, 1876. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Remparts d'Artou et de Tongres, par M. Schmermann, con- seiller Ă la cour d'appel de LiĂšge Belgique. Don de l'auteur. 216 â SĂANCE DU 6 DĂCEMBRE 1877. PrĂ©sidence de M. A. de Saint-Laumer. â M. Met-Gaubert, seorĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procĂšs-verbal de la derniĂšre rĂ©union. Ătaient prĂ©sents MM. de Saint-Laumer, Merlet, Met-Gaubert, Barois, Bellier delaChavignerie, Boisseau, Bonnard, Brosse- ron Justin, Dussart, Escoffler, Gabriel, GermondP., Gil- bert P., Heurtault, Hue, Laigneau Em., Legrand, Lecocq, Leroy-Meignan , Nancy A., Poullard. Lecture d'une lettre de M. Poteau, instituteur, Ă Senonches, qui envoie Ă la SociĂ©tĂ© un cahier programme des devoirs quo- tidiens d'une Ă©cole primaire. Remerciements adressĂ©s Ă M. Poteau, Ă ce sujet. Communication sur un projet de confĂ©rence devant avoir lieu, cet hiver; l'orateur serait un lettrĂ© chinois, M. Li-chao- pee, membre de l'association internationale des professeurs, commissaire pour la Chine de la SociĂ©tĂ© d'Ethnographie. AprĂšs diverses observations, l'assemblĂ©e dĂ©cide que cette confĂ©rence aura heu dans le courant de fĂ©vrier. Elle vote Ă cet effet une sonmie de 100 francs, avec les frais de salle en plus. M. le PrĂ©sident veut bien se charger d'Ă©crire Ă M. Li-chao- pee. Projet de budget pour 1878 RECETTES. lo Recettes ordinaires Reliquat de l'exercice prĂ©cĂ©dent 6,755 fr. » c. IntĂ©rĂȘts des fonds placĂ©s 220 » A reporter 6,975 n â 217 â Report. . . . 6,975 fr. » c. "totisations 320 Ă 10 fr. . . . 3,200 fr. . â .ââ 60Ă 5fr. . . . 300 »[ }^^^ " Vente de bulletins 200 » Vente de diplĂŽmes 20 » 10,695 » 2** Recettes extraordinaires Subvention du MinistĂšre de llnstruction pu- blique MĂ©moire. Subvention de la ville de Chartres MĂ©moire. Total des recettes 10,695 > DĂPENSES. 1° DĂ©penses ordinaires ProcĂšs- verbaux et MĂ©moires 1,900 fr. » c. Frais de recouvrement des cotisations extĂ©- rieures 200 » Traitement de lappariteui» 250 » Gravures et photographies 300 » Fouilles et dĂ©penses imprĂ©vues 200 » Concours entre les Instituteurs 100 SĂ©ances gĂ©nĂ©rales* 400 » Reliures 50 » Abonnements divers 130 » 3,530 2** DĂ©penses extraordinaires Publication d'un ouvrage spĂ©cial' 800 Total des dĂ©penses 4,330 » » ^ En prĂ©sence de TirrĂ©solution trop longtemps prolongĂ©e de la SociĂ©tĂ© , tou- chant la publication projetĂ©e d'un manuscrit du XV1 siĂšcle intitulĂ© Journal d'un Bourgeois de Chartres 1577-1592, M. Lecocq dĂ©clare retirer son offre, au sujet de cette publication. Recetles 10,695 f DĂ©penses 4,330 Reliquat actif. . . 6,365 jet de budget est adoptĂ© et votĂ© Ă runanimitĂ© par l'as- ualion de la lecture du travail de M. Merlet sur les u palais. â Renvoi Ă la Conmiissioii de publication. ^cliaine sĂ©ance qui aurait dĂ» se teuir le jeudi 3 janvier t reportĂ©e au jeudi 10 du mĂȘme mois. nce est levĂ©e Ă quatre heures un quart. OBJET OFFERT A LA SOCIĂTĂ. >iirs du CongrĂšs scientifique du Hdvrc, par Charles Havre, imprimerie Lepelletier, 1877. SĂANCE DU 10 JANVIER 1878. nce de H. de Saint-Laumeh. â H. Met-Gaubebt , secrĂ©laire. nce est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture -verbal de la derniĂšre rĂ©union. t prĂ©sents MM. de Saiut-Laumer, Met-Gaubert, Barois, leville, Buisson, Dussard, TabbĂ© Cotlereau, Dubreuil, -, Famin, l'abbĂ© Foucault, Germond P., GĂ©roudeau, les abbĂ©s Ilarct et Hayes, Hue, Laigneau Em., , Lecocq, docteur Legendre, Ossude P., l'abbĂ© Pou- jbĂ© Pardos, Poullard, l'abbĂ© Sainsot et Sautton. - 219 â Parmi les ouvrages offerts Ă la SociĂ©tĂ©, M. le PrĂ©sident signale particuliĂšrement ceux que nous envoie notre nouveau confrĂšre, M. l'abbĂ© Charles, de la FertĂ©-Bemard, vice -prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique du Maine. Rapport de M. labbĂ© Haret sur une dĂ©couverte opĂ©rĂ©e Ă SaulniĂšres. M. Lecocq demande qu'il soit levĂ© un plan , coupe et Ă©lĂ©vation du souterrain de SaulniĂšres LibertĂ© est laissĂ©e au bureau pour la Ă xalion de la somme que nĂ©cessiterait cette dĂ©pense. Communication et dĂ©libĂ©ration sur l'intention qu'a M. Li- chao-pee, lettrĂ© chinois, de venir faire, Ă Chartres, une confĂ©- rence ; 100 francs ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© votĂ©s Ă ce sujet, en cas de con- fĂ©rence, en fĂ©vrier. M. Li-chao-pee dĂ©sire, en outre, ĂȘtre indemnisĂ© des frais d'aller et de retour, estimĂ©s Ă 20 francs. Il sollicite l'obtention d'une mĂ©daille d'argent et d'un diplĂŽme sur parchemin. Pour que l'assemblĂ©e n'ait point double dĂ©pense Ă faire , un membre propose de laisser venir le lettrĂ© chinois , au mois de mai, lors de la tenue de notre sĂ©ance annuelle. La question est mise aux voix. L'assemblĂ©e dĂ©cide l'adoption du chiffre de 150 francs pour la venue au mois de mai. En cas de refus , il est arrĂȘtĂ© que la confĂ©rence n'aurait pas lieu. M. le PrĂ©sident veut bien se charger d'en rĂ©fĂ©rer, le plus tĂŽt possible, Ă M. Li-chao-pee. Le SecrĂ©taire donne lecture d'un travail de M. Lecocq , ayant pour objet la trouvaille d'un Squelette mystĂ©rieux. â Renvoi Ă la Commission de publication. Lecture d'une piĂšce de vers intitulĂ©e La Neige et l'Ange de V espĂ©rance y par M. Met-Gaubert. â Renvoi Ă la Commission de publication. LA NEIGE ET L'ANGE DE L'ESPĂRANCE. BALLADE. Sous la nuit froide et sans cortĂšge , Vers une tombe elle venait ; - 220 â J'ai pu la voir, car sur la ucigc Son voile noir se dessinait. ' - Lu Je sa mĂšre gtt ta cendre ; Sa douleur y priait tout bas Toi qui me l'as fait voir ei ttindrc , U neige, 6 neige ne fonds pas! Les pleurs tombant de sa paupiĂšre. Sur {%tte umc se sont glacĂ©s ; Et dans le givre, sur la pierre, Tous ses baisers resteot tracĂ©s ; De ses peines silencieuses Tout parle ici , jusqu'fL ses pas ; Garde ces traces prĂ©cieuses, neige, 6 neige ne fonds pas! Puis elle partit courageuse ; Mon Ćil au lointain la perdait ; SouB ses pas la plaine neigeuse Avec le ciel se confondait. J'ai cru la voir, destin Ă©trange ! .^u ciel s'Ă©vanouir lĂ -bas Toi qui mo l'as fait croire un ange , neige, Ăč neige ne fonds pas! On aurait dit une sylphide MessagĂšre venant des cieux , Traversant la plaine liquide Pour consoler les malheureux ! C'Ă©tait la divine EspĂ©rance, Gardant les tombes d'ici'bas....%; Elle adoucit toute soulTrance, l'our elle . C Ă»eigo ne fonds pasi i-dre du jour Ă©tant Ă©puisĂ©, la sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre et demie. NOUVEAUX MEMBRES iSHlS. Membres honwaires. . Fontaine , prĂ©fet d'Eiu-el-Loir. ESPREz, inspecteur d'AcadĂ©mie en rĂ©sidence Ă Chartres. - 221 - Membres titulaires MM. Cachin , instituteur, Ă Courville ; prĂ©sentĂ© par MM. Laigncau Emmanuel et PouUard. Charles l'abbĂ© , vice-prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique du Maine, Ă la FertĂ©-Bernard; prĂ©sentĂ© par MM. les abbĂ©s Hayes et Sainsot. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ Histoire de La FertĂ©-Bernard; â La Station celtique du Crochemelier Orne, 1875; â Ătude sur SouvignĂ©- sur -MĂȘme Sarthe, 1876; â Chroniques de Courdemanche au Maine, 1876; â Statues de SouvignĂ©, Ćuvres de Sainctot - Chemin , sculpteur fertois 1530-1535, 1876; â Excursion archĂ©olo- gique Ă Bernay Sarthe , 1876 ; â Théùtre antique d'AubignĂ©, et Villa de Roches Ă Sceaux Sarthe, 1877. Maraers, typog. Fleury. Don de M. TabbĂ© Charles. La Gaule SauvĂ©e, poĂšme couronnĂ© Ă Paris, par M. H. Du- breuil. Libraire de C. BlĂ©riot, Ă©diteur, Ă Paris, 1877. Don de l'auteur. SĂANCE DU 7 FĂVRIER 1878, PrĂ©sidence de iM. de Saint-Laumer. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procĂšs-verbal de la derniĂšre rĂ©union. Etaient prĂ©sents MM. de Saint-Laumer, Merlet, Met-Gau- bert; Barois, Balandra, Besselle, de Bertheville, Buisson, Ph. Bellier de la Chavignerie, les abbĂ©s Collet et Cottereau, Escoffier, labbĂ© Foucault, Germond P.» Gilbert P., GĂ©rondeau, Goupil, les abbĂ©s GuĂ©rin,Haret et Haye, Hue, Heurtault, Isambert Stanislas, Legrand, Lecocq, de MĂ©lyF. , Nancy A., Ossude P., Poyer, TabbĂ© Sainsot, Sautton. M. le PrĂ©sident exprime de lĂ©gitimes regrets au sujet du dĂ©cĂšs de notre confrĂšre M. Aubry, Ubraire, Ă Paris. â 292 â Quelques obsen'alions sont prĂ©sentĂčes par un membre ;i pm- pos du choix qu'a fait la SociĂ©lĂ© de M. le lettrĂ© chinois Li-chao- pec pour la conrĂ©rencc de la sĂ©ance publique annuelle. Le ite de ce savant n'est nnllement contestĂ©; le contradicteur emande pas Ă l'assemblĂ©e de se dĂ©juger, cependant il estime . serait opportun de revenir, au moins eu partie, sur la dĂ©- n prĂ©cĂ©demment prise. H admet qu'on doit laisser venir ri-chao-pee et tenir la promesse faite de la rĂ©munĂ©ration e ; mais il insiste pour qu'un confĂ©rencier franmis soit ap- Ă porter la parole dans la sĂ©ance publique annuelle du i de mai. AprĂšs diverses rĂ©pliques, l'assemblĂ©e dĂ©cide que renseignements, aussi prĂ©cis que possible, seront demandĂ©s .'intĂ©rĂȘt que pourrait prĂ©senter la confĂ©rence de M. Li-chao- au mois de mai, et qu'une dĂ©termination dĂ©finitive aura , lors de la sĂ©ance du mois de mars. impte-rendu sommaire de M. le PrĂ©sident sur la plupart uvrages offerts Ă la SociĂ©tĂ©; proposition de faire une ana- snccincle de quelques-uns d'entre eux. mmunication d'une lettre de M. le PrĂ©fet, qui annonce par une circulaire du 21 dĂ©cembre 1877, M. le Ministre [ntĂ©rieur a l'intention de faire figurer Ă l'Exposition univer- de 1878 la collection des inventaires sommaires des ar- >s, avec la reproduction , par l'hĂ©liogravure , de documents oulages de sceaux tirĂ©s des dĂ©pĂŽts des PrĂ©fectures, des- nunes et des liospices. Les documents ainsi reproduits se- it rĂ©unis dans lui album oĂč figurerait chaque dĂ©partement, 11 serait livrĂ© au prix d'environ 1 00 francs l'exemplaire, citation est faite Ă la SociĂ©tĂ© de souscrire pour un exem- e de ce recueil. raison de ce que ce travail sera mis Ă la disposition des bres de la SociĂ©tĂ©, Ă la BibliothĂšque de la ville, et par it de ressources, l'assemblĂ©e dĂ©cide qu'il n'y a pas lieu de idre Ă cette proposition. le PrĂ©sident annonce qu'aux termes d'un arrĂȘtĂ© miois- du 31 janvier dernier, la IG» rĂ©union des dĂ©lĂ©guĂ©s des tĂ©s savantes et des professeurs des dĂ©parlemeats aura lieu, Ăźorbonne, au inois d'avril 1878. s sĂ©ances de lectures et des confĂ©rences publiques seront 90Q faites pendant les journĂ©es du mercredi 24 , du jeudi 25 et du vendredi 26. Le samedi 27 avril, M. le Ministre prĂ©sidera la sĂ©ance gĂ©nĂ©- rale dans laquelle seront distribuĂ©s les rĂ©compenses et les en- couragements accordĂ©s aux SociĂ©tĂ©s et aux savants. Une somme de 3,000 francs est mise Ă la disposition de cha- cune des sections du ComitĂ© pour ĂȘtre distribuĂ©e t** Par les sections d'histoire et d'archĂ©ologie, aux SociĂ©tĂ©s savantes des dĂ©partements y dont les travaux auront contribuĂ© le plus efficacement aux progrĂšs de l'histoire et de TarchĂ©o- logie ; 2** Parla section des sciences, soit aux SociĂ©tĂ©s savantes y soit aux savants des dĂ©partements, dont les travaux auront contribuĂ© aux progrĂšs des sciences. A l'occasion de ces rĂ©unions, les Compagnies de chemins de fer veulent bien accorder une rĂ©duction de 50 /o sur le prix des places, en faveur des sociĂ©taires qui auront satisfait aux condi- tions qu'exigeront d'eux le syndicat et l'arrĂȘtĂ© ministĂ©riel. A cet Ă©gard, des renseignements prĂ©cis seront fournis par le PrĂ©sident ou par le SecrĂ©taire, auxquels sont priĂ©s de s'adres- ser, jusqu'au 8 avril, derniĂšre hmite, les membres qui au- raient l'intention de se rendre Ă Paris, Ă l'Ă©poque ci-dessus fixĂ©e. PriĂšre, en mĂȘme temps, Ă chacun de ces membres, de don- ner l'indication exacte de leur rĂ©sidence, dans la capitale, pen- dant la tenue des SociĂ©tĂ©s savantes. Les bulletins de circulation destinĂ©s aux reprĂ©sentants des SociĂ©tĂ©s seront valables du lundi 15 avril au mercredi !âą' mai. Sont dĂ©signĂ©s pour reprĂ©senter la SociĂ©tĂ©, Ă Paris, MM. A. de Saint -Laumer, Merlet, Met-Gaubert, Barland, Heurtault, Legrand et de MĂ©ly Femand. Conununication du ^linistĂšre de l'Instruction publique de- mandant la rĂ©ponse Ă un questionnaire sur la bibliothĂšque de la SociĂ©tĂ©. â La bibliothĂšque n'a pas encore assez d'impor- tance pour motiver la nĂ©cessitĂ© d'un catalogue. Projet d'excursion archĂ©ologique; â propositions diverses pour Auneau, Brou, CrĂ©cy- CouvĂ©, Ăpernon, La Loupe, Nogent-le-Rotrou, Voves. . Il est arrĂȘtĂ© qu'on statuera, aprĂšs renseignements exactement 9*74 pris, Ă tous Ă©gards, pour opĂ©rer une excursion dans une des localitĂ©s prĂ©citĂ©es. Rapport de M. l'abbĂ© Haret sur le souterrain de SaulniĂšres. M. TabbĂ© Haret dĂ©pose diffĂ©rents objets sur le bureau, et an- nonce qu'il continuera la lecture de son MĂ©moire Ă la prochaine sĂ©ance. Messieurs, » Nous venons de dĂ©couvrir Ă SaulniĂšres» un souterrain, dans l'antique cimetiĂšre mĂ©rovingien dont j'ai eu dĂ©jĂ plusieurs fois l'honneur de vous parler. » Ce souterrain est, selon moi, trĂšs-important par son Ă©ten- due, son antiquitĂ© et sa destination. C'est, un cimetiĂšre par in- cinĂ©ration. Il est le premier de plusieurs autres qui remontent la Biaise jusqu'Ă sa source, il est le dernier, si vous le voulez, de beau- coup d'autres, qui vont jusqu'Ă la Seine, jusqu'Ă la mer, en pas- sant par les bords de l'Eure oĂč se jette la Biaise. » Je les connais maintenant tous, grĂące aux livres des ar- chĂ©ologues qui en ont parlĂ©. Celui de SaulniĂšres est inconnu, inconnu du moins dans la partie, la section que je viens d'ex- plorer. La tradition locale qui quelquefois met l'historien sur le chemin de la vĂ©ritĂ©, et qui souvent aussi l'en dĂ©tourne considĂ©- rablement, ne dit rien du souterrain de SaulniĂšres; mais elle s'en dĂ©dommage en mal parlant du souterrain de Saint- Ange , son proche voisin ; elle nous dit que ce souterrain a Ă©tĂ© fait au Moyen-Age pour servir de communication la nuit entre un cou- vent de religieux et un monastĂšre de religieuses. » Je ne suis pas fĂąchĂ© de saisir une occasion qui se prĂ©sente pour faire savoir aux habitants de la contrĂ©e que ces souter- rains sont bien antĂ©rieurs au Moyen-Age ils datent de l'Ă©poque gauloise. Celui de SaulniĂšres, Ă partir du trou par oĂč nous sommes entrĂ©s, jusqu'Ă un autre trou qui communique Ă une autre galerie souterraine encore inexplorĂ©e, mesure tO mĂštres de longueur, 3 mĂštres de largeur, 4 mĂštres de hauteur; il est rempli d'un amas de dĂ©combres introduits dans cette crypte, je ne sais comment. ^ » La premiĂšre couche, remplissant tout l'espace, est formĂ©e de gravois. â 225 â » La seconde de terre argileuse, d'humus, de terreau. » La troisiĂšme de grosses pierres semblables Ă celles de la voĂ»te et des parois, dov pierres appartenant Ă ce terrain gĂ©olo- gique que Ton appelle molasse. » La quatriĂšme de pierres plus petites , de pierres plus sili* ceuses, de pierres en petits Ă©clats. » Au-dessous de ces quatre ou cinq couches, se trouve quelque chose comme un plancher, un pavage, une aire Ă battre le grain , ou quelque chose qui lui ressemble, qui est semblable au sol de nos granges. Ce fond est uni, glacĂ©, trĂšs- Ă©gal , et composĂ© d'une terre glaise blanche comme le blanc d'Espagne, molle et fraĂźche comme de la farine en pĂąte, ou comme du mastic de vitrier. » Sous cette couche se trouvent les cendres des morts, mĂȘ- lĂ©es Ă je ne sais quelle terre grasse formant une pĂąte noire, couleur d'ardoise, s' enlevant par grands quartiers, par Ă©paisses plaques, et se dĂ©doublant en feuilles, en lamelles permettez- moi mes expressions et mes comparaisons comme une galette Ă pĂąte brisĂ©e. Cependant une fois j'ai trouvĂ© une motte de cendre autrement pĂ©trie, autrement mĂȘlĂ©e, et ayant une autre couleur. Comme j'ai ti'ouvĂ© un Ă©chantillon de cette cendre for maut une pelote sĂ©parĂ©e, un bloc facile Ă transporter, je Tai ramassĂ© pour le dĂ©poser ici, et vous rendre juges et examina- teurs de la nature de sa substance. » Dans ces cendres, ou plutĂŽt un peu au-dessous, nous trou- vons non pas des os humains, jamais nous n'en dĂ©couvrons dans cette demeure souterraine , mais des os d'animaux , non pas non plus des os entiers comme dans le cimetiĂšre mĂ©rovin- gien de la place, mais des os Ă©clatĂ©s ou taillĂ©s et formant des pointes de flĂšches, et mĂȘme des lances. Les seuls os entiers que nous trouvons ici, sont des os de petits oiseaux en trĂšs- grande quantitĂ©; Ă cette mĂȘme place sont des dĂ©bris de vases de toutes les couleui's, des morceaux d'ardoises, des noyaux de prunes , des arĂȘtes de poisson , des briquets , des piro- maques, des coquilles de limaçon. » Ces cendres funĂ©raires, ce limon humain ne se rencontrent pas sans interruption sous tout le pavimentum , le stratum de cette antique et mystĂ©rieuse nĂ©cropole ; on y remarque quel- ques lacunes remplies de sable fin et choisi. La premiĂšre fois que je vis ce sable, je crus que nous Ă©tions sur une sablonniĂšre, Tome VI. 16 - 226 â mais je fus promptement dĂ©trompĂ©, car cette poudi^e de grĂšs Ă©tait circonscrite dans un espace formĂ© en carrĂ© assez restreint. C'est dans ce sable que l'on trouve souvent une grosse pierre plate en silex plus pur que celui de la carriĂšre oĂč Ton a creusĂ© le souterrain, recouvrant encore d'autres cendres mĂȘlĂ©es Ă de la maçonnerie usĂ©e. » Bien que toutes ces sĂ©pultures Ă premiĂšre vue semblent assez uniformes et Ă©gales par leur position, elles diffĂšrent cer- tainement en quelque maniĂšre et par quelque cĂŽtĂ©. Elles diffĂšrent , et elles devaient ĂȘtre reconnaissables pour les survi- vants de ces morts, d'abord par la couleur, et ensuite par la forme des petits dĂ©bris de vases dĂ©posĂ©s au-dessus et au-des- sous de l'incinĂ©ration, et aussi par je ne sais quelle espĂšce de numĂ©ro de leur façon , Ă©crit Ă leur maniĂšre sur cette grande dalle mortuaire presque entiĂšrement unie. » Aux yeux de ces familles en deuil et avec leur intention , il y a eu des morts respectueusement dĂ©posĂ©s sous le milieu mĂȘme de la voĂ»te de ce cimetiĂšre ; d'autres placĂ©s auprĂšs des parois de droite ou de gauche; d'autres portĂ©s Ă l'extrĂ©mitĂ© de lĂ chambre; d'autres laissĂ©s Ă l'entrĂ©e ; les uns faisant partie de la premiĂšre salle dans ce cimetiĂšre, les autres de la deuxiĂšme, car il existe une sĂ©paration dans cette Ă©tonnante demeure ; j'y vois une porte en maçonnerie ne montrant aucune trace de fermeture. » Nous sommes ici, Messieurs, dans un cimetiĂšre trĂšs- pauvre, nous n'y trouvons jamais une seule urne entiĂšre ren- fermant des cendres, faisant verser un torrent de larmes comme il est dit dans les livres anciens ; mais voici que je rencontre en dernier lieu, avant de finir mon travail, une petite place, un loculus fermĂ© par une grosse pierre plate en dessus , voĂ»tĂ©e en dessous, pavĂ© au fond, ouvert par un trou dans lequel j'intro- duis ma main, et d'oĂč je retire des cendres, des pierres, du verre, des os, des tuiles, du bois, des fragments de ĂĂ^ence bleue et verte. Je ne vous dĂ©cris pas cette sĂ©pulture, mais je vous apporte dans une boĂźte le petit Ă©difice entier. » Les pierres sont rubannĂ©es, le verre est en pointe, les tuiles affectent la forme d'une flĂšche, les os sont Ă©clatĂ©s, le bois n'est pas brĂ»lĂ©. Il doit y avoir beaucoup de ces petites cachettes que je trouverai quand j'aurai plus de temps Ă consacrer au souterrain, et que je pourrai y apporter plus d'attention. En - 227 - attendant, Messieurs, je vais remonter en les inventoriant une Ă une , les couches que nous venons de descendre ; mais avant de commencer, je vous ferai remarquer que dans ce souterrain plein de cendres, plein de suie, plein de matiĂšres brĂ»lĂ©es, plein de paille noircie et non consumĂ©e, on ne dĂ©couvre ni sur les voĂ»tes, ni sur les parois, ni Ă aucune autre place, la moindre trace d'un feu qui y aurait Ă©tĂ© allumĂ©. » Dans la premiĂšre couche , au-dessus des morts, je trouve quelquefois des boules de terre blanche, molle, plastique; ces boules blanches , ces mottes de terre grosses comme le poing ont touchĂ© par un cĂŽtĂ© Ă des cendres ou plutĂŽt Ă de la suie ou Ă du charbon pilĂ©. On ne trouve pas auprĂšs d'elles de feu Ă©teint qui ait pu les noircir; elles sont noires par un de leurs hĂ©mi- sphĂšres, noires d'un contact, empreintes et chargĂ©es de ce qu'elles ont touchĂ©. Quand on les ouvre en les pĂ©trissant on trouve toujours en elles de petites pieri-es taillĂ©es , ou de petits morceaux d'ardoises cassĂ©s en losanges. Ces pierres, je les ai peut-ĂȘtre assez vues maintenant pour les reconnaĂźtre et vous en parler. Ces pierres ont Ă©tĂ© empĂątĂ©es dans ces boules par la maiu de rhomme; l'homme a travaillĂ© ces pierres, ou bien il a trouvĂ© en cherchant pendant tout le cours de sa vie dans des pierres Ă©clatĂ©es, ou dans des pierres qu'il s'amusait Ă casser, des petits dĂ©bris ayant des formes qu'il affectionnait, et dont il faisait un fĂ©tiche, ou un instrument, ou une arme, ou une monnaie. A sa mort on dĂ©posait ce prĂ©cieux objet auprĂšs de ses cendres ; voilĂ ce que je pense maintenant des choses trouvĂ©es dans la premiĂšre couche. y» Dans la deuxiĂšme couche en remontant , qui est la troisiĂšme en descendant, nous rencontrons quelquefois , mais rarement, des os que j'ai pris pour des os humains. » Dans l'autre couche, au-dessus, nous trouvons une zone continue de paille brĂ»lĂ©e, de rares charbons entiers ou des braises im peu terreuses. C'est ici probablement qu'ont Ă©tĂ© transportĂ©s les restes des foyers Ă©teints, oĂč l'on avait bn\lĂ© les morts. Ces foyers Ă incinĂ©ration humaine, ces Ustrina devaient ĂȘtre installĂ©s Ă 100 mĂštres plus loin dans la direction du souter- rain, et Ă la place oĂč j'ai trouvĂ© l'annĂ©e derniĂšre, et dĂ©terrĂ© pour vous les montrer, des dĂ©combres dont je vous ai dĂ©jĂ parlĂ©, et qui m'ont produit dans le temps l'effet d'un ancien, incendie de maison. â 228 â » Dans la couche au-dessus, nous trouvons du fer travaillĂ© , de l'argent, du bois, une Ă©pĂ©e Franque ou Romaine avec son fourreau. » Au-dessus encoi*e, dans les terrains qui Ă©taient sous nos pieds, le jour oĂč nous sommes entrĂ© la premiĂšre fois sous terre, nous ramassons des dĂ©bris de tout, de verre, de bois, de cuir, de tuiles, de briques. » Ce n'est qu'Ă la faveur de plusieurs lampes allumĂ©es, que l'on peut voir clair dans cette sombre demeure, et ce n'est qu'en remontant Ă l'extĂ©rieur, et Ă la lumiĂšre du jour, que l'on peut bien examiner les objets que l'on y trouve. Les petits dĂ©bris de vases sont tous intĂ©ressants Ă regai-der, au- cun n'appartient Ă la cĂ©ramique commune et grossiĂšre. Tous ceux qui sont Ă©maillĂ©s ont une pĂąte fine et tendre, ou une pĂąte en gris cĂ©rame. L'Ă©mail est quelquefois intĂ©rieur, quel- quefois extĂ©rieur; quelquefois ces dĂ©bris sont charbonnĂ©s au dedans, je ne sais par quelle cause, et quelquefois aussi ce sont de simples tessons de vases neufs, brisĂ©s sans doute pour sym- boliser la fin d'une existence. » Cette cĂ©ramique, que je trouve eu petits morceaux, doit ĂȘtre gauloise, et est certainement trĂšs-ancienne; la place oĂč elle se rencontre dans le souterrain ne me laisse pas de doutes Ă cet Ă©gard. La premiĂšre fois que je vis des Ă©chantillons, je me crus mystifiĂ©, tant ils me semblĂšrent modernes; mais je les ai gardĂ©s cependant, et je me suis rappelĂ© avoir vu dans un musĂ©e qui fait loi en cette matiĂšre, l'hĂŽtel Carnavalet, bien prĂ©cieusement conservĂ©s sous verre, de petits morceaux de pots cassĂ©s tels que l'on en voit jetĂ©s dans la rue sous les pieds des passants. r> Cette cĂ©ramique est gauloise ; la beautĂ© de son Ă©mail n'a rien qui doive nous surprendre, et nous faire douter de sou origine gothique. Les Gaulois appliquaient l'Ă©mail exactement comme nous le faisons maintenant. Les Gaulois sont cĂ©lĂšbres depuis longtemps par leur talent d'Ă©mailleurs. Philistrale, dans un passage que tout le monde connaĂźt, a dit que l'Ă©maillerie Ă©tait un art indigĂšne dans les Gaules, et que les barbares voi- sins de l'OcĂ©an avaient trouvĂ© le moyen de fixer le verre sur le mĂ©tal, par consĂ©quent sur la terre cuite. y> M. le comte de Laborde, conservateur des collections dn Moyen -Age et de la Renaissance dans nos musĂ©es, a dit au chapitre des Emaux cloisonnĂ©s dans sa notice sur les Emaux â 229 - du Louvre En principe, j'Ă©tablis que les anciens ont poussĂ© l'art de la verrerie aussi loin peut-ĂȘtre qu'il est possible de le faire, et en tous cas dans des voies si ingĂ©nieuses que leurs productions ont Ă©tĂ© des modĂšles et pour les Bysantins, hĂ©ritiers de leurs traditions sinon de leur gĂ©nie , et pour les VĂ©nitiens qui hĂ©ritĂšrent des Bysantins, et pour les modernes enfin, si fiers des progrĂšs de la chimie. » » L'Ă©mail Ă©tait commun chez les anciens habitants de nos contrĂ©es, et M. de Laborde estime avec raison que la Gaule Belgique peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme sa mĂšre patrie. » A propos de l'Ă©maillerie, je vous dirai que j'ai vu dans votre MusĂ©e de la ville un objet en bronze Ă©maillĂ©, cloisonnĂ© d*or et d'argent que l'on a Ă©noncĂ© Bijou romain, trouvĂ© en 1851 au Boulevard de la Courtille. » Je viens de trouver le mĂȘme objet Ă SaulniĂšres Ă une place de l'ancien cimetiĂšre exclusivement mĂ©rovingienne; je pense que cet objet Ă©tait une agrafe de manteau, un fermail, et je crois qu'il est mĂ©rovingien et non pas romain; j'apporte ici, pour les laisser au musĂ©e de la SociĂ©tĂ©, l'objet en question et les deux petits pots de terre prĂšs desquels il a Ă©tĂ© recueilli. » Il en est certainement parmi vous, Messieure, qui auraient trouvĂ© dans les cimetiĂšres de SaulniĂšres plus que je n'y ai trouvĂ© moi-mĂŽme, et qui auraient surtout mieux profitĂ© des trouvailles faites, qui auraient demandĂ© aux difierents objets leur composition chimique, qui auraient voulu savoir si les squelettes humains de ce temps -lĂ contenaient rĂ©ellement, comme on le dit, plus de fluorure de calciiun, plus d'Ă©lĂ©ments de soliditĂ©. Pour moi , j'ai eu seulement la curiositĂ© ou le dĂ©sir bien lĂ©gitime, bien avouable de savoir conuneut, dans ma pa- roisse, d'anciens habitants qui Ă©taient lĂ deux mille ans avant moi, et peut-ĂȘtre plus, donnaient la sĂ©pulture Ă leurs morts; j'ai vu qu'ils le faisaient avec respect, j'ai saisi leur pensĂ©e, j'ai compris qu'ils croyaient Ă l'immortalitĂ© de l'Ăąme. » En apercevant auprĂšs de leurs restes mortels des oiseaux qui s'envoleut, deshmaçons qui sortent de leur coquille, toutes ces choses ne m'avaient rien dit au commencement, mais en voyant ensuite dans les illustrations des livres du Moyen- Age la rĂ©surrection symbolisĂ©e par un escargot renaissant aprĂšs l'hiver, sachant aussi que les paĂŻens faisaient naĂźtre et sortir leur VĂ©nus d'une conque marine , je me suis dit en ramassant â 230 â au fond de ces mystĂ©rieuses sĂ©pultures de SaulniĂšres, les lima- çons descendus bien au delĂ de leur puissance de perforation je me suis dit ces surprenantes hĂ©lices sont lĂ , placĂ©es par la main de Thomme ; Thomme a eu une intention en faisant ces choses. » Les Francs, sur la place de SaulniĂšres , Ă ciel ouvert, regar- dant le soleil levant quand ils ressusciteront de la terre , les Romains ou les Gaulois rĂ©duits en cendres dans cette crypte mortuaire, tĂ©moignent tous que Thomme n'est pas une brute, mais bien Timage de Dieu. D Au retour d'une excursion quasi - scientifique dans ces sombres dortoirs , on est heureux de rĂ©citer quelques-uns des immortels vers du Dante , qui nous font voir des anges radieux, des papillons cĂ©lestes sortant en foule de ces provisoires ca- chettes en dĂ©ployant leurs ailes brillantes vers la clartĂ© de la gloire et de la lumiĂšre incréée. . Vermi Naii a formar VangĂšlica farfalla Che vola alla Giustizia sema schermi. » » Mais ce qui est plus beau encore en sortant de terre, c'est de regarder l'Ă©glise qui domine ces deux cimetiĂšres, la belle Ă©glise de SaulniĂšres avec ses beaux, ses trĂšs-beaux vitraux du XV ou XVI siĂšcle , nous montrant dans des portraits la douce figure des seigneurs du Moyen -Age, TangĂ©lique visage des grandes dames de ces temps-lĂ , dans ce pays-lĂ . » AprĂšs diverses observations de plusieurs membres qui font leurs rĂ©serves au sujet de diffĂ©rentes assertions de M. l'abbĂ© Haret, l'assemblĂ©e vote des remercĂźments Ă notre zĂ©lĂ© confrĂšre. Note de M. BenoĂźt, conseiller Ă la Cour d'appel de Paris, sur le PrieurĂ© de Gassicourt, prĂšs Mantes ancien diocĂšse de Chartres. Quand, en 1874, nous avons entretenu la SociĂ©tĂ© archĂ©olo- gique d* Eure-et-Loir du PrieurĂ© BĂ©nĂ©dictin de Gassicourt prĂšs Mantes-sur-Seine que l'illustre Ă©vĂȘque de Meaux a rĂ©gi pendant plus de quarante ans, nous avons omis de rapporter une croyance populaire attribuant Ă saint Gaucher la fondation de cet Ă©tablissement religieux. Ce pieux cĂ©nobite, nĂ© Ă Meulan et Ă©levĂ© Ă Jusiers ancien diocĂšse de Chartres, oĂč il existe encore â 231 â une fontaine miraculeuse portant son nom, fonda Ă Saint- LĂ©onard, prĂšs Limoges, le prieurĂ© de Saint-Jean-d'Aurelle, et mourut en 1130, d'une chute de cheval, Ă TĂąge de quatre- vingts ans. Mais on ne voit, dans Thistoire ecclĂ©siastique, au- cun indice qu*il ait pu avoir la moindre part Ă la fondation du prieurĂ© de Gassicourt. Cette erreur n'a Ă©tĂ© inspirĂ©e et ne s'est maintenue, dans les environs de Mantes, que par le dĂ©sir d'honorer davantage la mĂ©moire de l'enfant de Meulan. En effet, dĂšs le XI siĂšcle, le prieurĂ© de Gassicourt relevait de l'abbaye de Cluny. C'est ce qu'atteste une charte, sans doute inĂ©dite, relevĂ©e rĂ©cemment sur le Cartulaire original de cette abbaye et remontant Ă Hugues, abbĂ© de 1049 Ă 1109. In nomine Domini. Notum sit omnibus hominibus praesen- âą tibus et futuris quod Radulphus , gratiĂą Dei compunctus , an- » nuente uxore suĂą EvĂą et fiUis suis Tetbaldo scilicet et Roberto, » RĂądulpho , Widone et Vidrico , pro animaĂź suae redemptione » et animarum illorum et antecessorum eorum , dĂ©dit Clunia- » censi ecclesiĆ y in honore heaii PĂ©tri apostoli consecratse, et » domno Hugoni abbati ac monachis Deo illic servientibus, » ecclesiam de Wascicoi^te et decimam annonse videUcet et vini , ceterarumque rerxmi illic pertinentium, et decimam telonii » quod tenebat in portu MeduntĆ, » Lecture par le SecrĂ©taire d'une piĂšce de vers qu'il a composĂ©e et intitulĂ©e La Douleur d*un jeune FiancĂ©. â Renvoi Ă la Commission de publication. LA DOULEUR D'UN JEUNE FIANCĂ. Sur la pierre voisine De tombeaux fastueux, Un jeune homme s'incline, Disant , les pleurs aux yeux Tu passas sans connaĂźtre L'amour ni le plaisir ; Un matin te vit naĂźtre, Le soir te vit mourir ! Ce monde qu'environne Un Ă©clat sĂ©ducteur, N'a pu de ta couronne AltĂ©rer la blancheur ; - 232 - Tu passas sans connailre L'amour ni le plaisir, Un matin te vit naĂźtre » Le soir te vit mourir ! Parmi des fleurs mi-closes, Alors sa main cueillant La plus fraĂźche des roses , Il redit relTeuillant Ton sort , rose nouvelle , Devait ĂȘtre plus beau , Mais on te vit, comme elle, Fleurir sur un tombeau .... Comme elle , sans connaĂźtre L'amour ni le plaisir , Un matin te vit naĂźtre , Le soir te vit mourir! Mon Dieu ! tu Tas ravie Bien jeune hĂ©las ! encor ; Pour la sainte Patrie Tu voulais un trĂ©sor! PrĂšs d'elle , ĂŽ divin MaĂźtre , BrisĂ© comme un martyr. Un jour fais-moi renaĂźtre Et je saurai mourir Ăź L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ© , la sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures et demie. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ. U ArchĂ©ologie devant V Ătal-Major et la Justice, Plaidoirie de M. Albert GrĂ©hen pour M. PeignĂ© - Delacourt contre M. le Ministre de la Guerre. Guise, imprimerie BarĂ©, 1877, in-8**. Don de M. PeignĂ©-Pelacour. Introduction Ă la Bibliographie de Belgique, publiĂ©e par les soins de la Section littĂ©raire de la Conmiission des Ă©changes internationaux. Bruxelles, H. Manceaux, 1877, in-8o. Envoi de la Commission. Du BĂ©gaiement et de son traitement physiologique, par le docteur Jules Godard. Paris, BailliĂšre, 1877, in-8^ Don de l'auteur. â 233 â Togographie archĂ©ologique des cantons de la France, par M. PeignĂ©-Delacourt. DĂ©partement de l'Oise , arrondissement de CompiĂšgne, canton de RibĂ©court. Noyon, Andrieux, 1874, in-8% avec une carte. Don de l'auteur. MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© QrlĂ©anaise, t. XV, avec atlas. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© Danoise. ChĂąteaudun, imprimerie Lecesne. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique de Sens, t. XI. Impri- merie Duchemin , 1 877. Envoi de la SociĂ©tĂ©. SĂANCE DU 7 MARS 1878. PrĂ©sidence de M. A. de Saint-Laumer. â M. Met-Gaubeut, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procĂšs- verbal de la derniĂšre rĂ©union. Etaient prĂ©sents MM. A. de Saint-Laumer, Merlet, Met- Gaubert, Appay, Buisson, Ph. Bellier de la Chavignerie, l'abbĂ© Collet, Dussart, Escoffler, EscudiĂ©, TabbĂ© GuĂ©rin, Gabriel, les abbĂ©s Haret et Haye, Heurtault, Hue, Legrand, Lecocq, Le Goux, D»"Legendre, Lorin, de MĂ©ly Fernand, Poyer, l'abbĂ© Bobinet. Communication de M. Heurtault sur le tĂ©lĂ©phone et les expĂ©- riences qu'il se propose de faire Ă l'appui de ses explications. M. le PrĂ©sident donne lecture d'une lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts, annon- çant que, sur la proposition de la section d'archĂ©ologie du ComitĂ© des travaux historiques , un prix de mille francs serait accordĂ© , lors de la distribution des rĂ©compenses aux SociĂ©tĂ©s savantes, Ă la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique d' Eure-et-Loir ^ pour les services qu'elle a rendus Ă l'histoire et Ă TarchĂ©ologie. Tome VI. 17 â 234 â Ces mille francs sont distraits d'une somme de trois mille francs, dĂ©cernĂ©e par le MinistĂšre aux SociĂ©tĂ©s savantes de France les plus mĂ©ritantes. En outre, est accordĂ©e une mĂ©daille commĂ©morative qui sera donnĂ©e au PrĂ©sident, pour la SociĂ©tĂ©, le jour de la sĂ©ance solennelle du 27 avril, aprĂšs un rapport spĂ©cial sur Tensemble de nos travaux. Communication de M. TabbĂ© Haret sur le souterrain de Saul- niĂšres et sur quelques dĂ©couvertes archĂ©ologiques opĂ©rĂ©es Ă CrĂ©cy-CouvĂ©. â La SociĂ©tĂ© dĂ©cide qu'il sera nommĂ© une Com- mission pour une excursion Ă opĂ©rer dans ces deux localitĂ©s. Sont nommĂ©s membres de cette Commission MM. de Saint- Laumer, P. Durand, Lecocq, Ph. Bellier de la Chavignerie, de MĂ©ly fils, auxquels s'adjoindront nos confrĂšres de Dreux, MM. Gromard, Tellot, d'Alvimare, de Saint-Blanquat et Job. Vient ensuite la question de la sĂ©ance publique annuelle du mois de mai. M. le PrĂ©sident transmet des renseignements prĂ©cis sur M. Ly-Chao-Pee, qu il a vu rĂ©cemment Ă Paris. â Un membre admet la venue du lettrĂ© chinois, en exprimant for- mellement le vĆu que cet honorable savant ne soit pas chargĂ© de' faire la confĂ©rence le jour de la sĂ©ance publique annuelle. M. de MĂ©ly Fernand dĂ©sire que, pour augmenter l'intĂ©rĂȘt de cette sĂ©ance , la SociĂ©tĂ© fasse venir un autre confĂ©rencier français, et propose d'avoir les deux orateurs rĂ©unis le mĂȘme jour. AprĂšs observations, l'assemblĂ©e accepte la derniĂšre proposi- tion ; il est arrĂȘtĂ© que le confĂ©rencier français sera M. de Mon- taiglon, professeur Ă l'Ecole des Chartes. M. Merlet voudra bien lui transmettre le vĆu de la SociĂ©tĂ©. Il est dĂ©cidĂ© que dans le cas oĂč M. de Montaiglon ne pourrait pas accueillir la demande de la SociĂ©tĂ©, le Bureau aurait la facultĂ© de choisir un autre confĂ©rencier. Communication de M. Ph. Bellier de la Chavignerie sur un article de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique de l'OrlĂ©anais MĂ©dailles de Priina-Vcra. Autre communication sur diffĂ©rents ouvrages offerts Ă la SociĂ©tĂ©. â Observation de M. Lecocq sur l'inconvĂ©nient de pu- - 235 â blier le comple-rendu de ces ouvrages et la crainte manifestĂ©e de voir s Ă©lever un conflit avec les ComitĂ©s des SociĂ©tĂ©s sa- vantes. Lecture d'une piĂšce de vers de M. Le Goux La Maison de Collin d'Harleville Ă MĂ©voisinSj dĂ©diĂ©e Ă Mâą LĂŽmoine, niĂšce de ce poĂšte. LA MAISON DE COLLIN D'HARLEVILLE A MKVOISINS. Non loin des bords de TEure, Ă©tage sur la pente D'un coteau qui mĂ»rit ses raisins au soleil, Le village est au bout d'un chemin qui serpente A travers les grands blĂ©s et le trĂšfle vermeil. Sur ses toits que le temps a rendus uniformes En les couvrant de mousse , une blanche maison , La croix du carrefour qu'ombragent de vieux ormes Et le clocher jauni tranchent Ă l'horizon. La maison est assise au centre des chaumiĂšres, Comme une souveraine au milieu de sa cour ; Elle vous fait rĂȘver Ă ces gentilhommiĂšres Qui mettaient les vassaux Ă Tahri de leur tour. Mais elle n'eut jamais ni pont-levis, ni herse ; Par les oiseaux de nuit son toit n'est pas hantĂ© ; Elle est simple , modeste , et cependant il perce Un reflet de grandeur dans sa simplicitĂ©. Elle est si souriante avec sa clĂ©matite , Ses grands pins qui , du nord , savent la protĂ©ger , Avec son vieux noyer, prĂšs du puits qu'il abrite , Ses roses du parterre et ses fruits du verger , Qu'il vous vient, en passant, l'irrĂ©sistible envie D'y respĂ»per un jour Ă l'ombre des lilas , D'y reposer son front des soucis de la vie , Quand le poids en est lourd et que le corps est las. Test dans cette retraite , oĂč les bruits de la ville Expirent sans jamais troubler l'Ă©cho moqueur, Cest lĂ qu'on dit encor, de Collin d'Harleville » 11 vĂ©cut sous ce toit ; c'Ă©tait un noble cĆur ! m â 236 â Quand , sur son clier pays , Ă»e. terribles orages l'assaient en foudroyant le trĂŽne et les autels , Il composait en paix , Ici , de nobles pages Qui devaient l'Ă©lever au rang des immortels. Lorsque nos fiers aĂŻeus, guidĂ©s par la victeirc, Sur le sol Ă©tranger, plantaient notre Ă©tendard. Le poĂ©to Ă©crivait, sans songer & la gloire, Ses vers toujours heureux sa Uuse Ă©tait sans Tard. Il adorait les champs ; Ă ses heures choisies , Il rĂȘvait dans les bois, dans tes prĂ©s, au jardin. Butinant au liasard de fines poĂ©sies. Comme, de fleur en fleur, l'abeille son butin. Il chantait la campagne et ses travaux pĂ©nibles Qu'il surveillait lui-mĂȘme au milieu des hivers; Il voilait sa bontĂ©, son cceur, ses mĆurs paisibles Kt ses douces leçons sous le charme des vers. Dans son domaine Ă©troit, clos pariine charmille, Se donnaient rendez-vous le Tranc rire et les chants Le solitaire avait augmentĂ© sa famille Des enfants du village et des oiseaux des champs. Il semblo encore ici qu'il sourit et respire ; Tout mortel, en ces lieux, Ă©prouve un saint respect. Tellement la vertu sur notre Ăąme a d'empire. Tant l'art Ă©lĂšve l'homme et grandit son aspect ! D'Harleville n'eut pas, do l'aigle les coups d'aile; Dans sa sphĂšre tranquille , il sut se taire aimer ; A sa Muse chĂ©rie, il est restĂ© fidĂšle, Et, pour mieux nous instruire, il a su nous charmer! Duhriage,Plainville, Eliante, d'Orlange, Vous teus qu'il a créés, n'est-ce pas qu'il est beau DĂ©chanter de tels maris? venez, noble phalange. DĂ©poser avec moi ces vers sur son tombeau ! . . . On dit que, bien souvent, au fond de la vallĂ©e. Dans la prairie oĂč coule un ruisseau murmurant. On voit oncor le soir sa Muse dĂ©solĂ©e S'asseoir sur le rivage et l'attendre en pleurant. Elle fut sa compagne et sa rĂ©vĂ©latrice , Car il Ă©tait poĂšte avant de le savoir. - 237 - Et, seule dĂ©sormais, la douc6 inspiratrice. S'a pas UDCor perdu l'espoir de le revoir ! . . . Ils s'Ă©taient tant aimĂ©s! La vie Ă©tait si douce, Lorsqu'easemble ils erraient dans les sentiers fleuris. Ou qu'ils disaient, assis dans les bois, sur la mousse. De beaux vers aux Ă©chos qui seuls les ont appris ! . . , funeste destin d'une nature Ă©trange ! Elle a bu le poison le plus dĂ©licieux Dont s'enivre la terre ; elle est sĆur d'un archange ; Uais il lui faut soulTrir pour remonter aux deux ! Et vous, chĂšre Jenny, de l'aimable poĂšt, Vous qui saviez, enfant, apaiser ses douleurs, FidĂšle Ă sa mĂ©moire, Ăąme de sa retraite. Vous lui gardez aussi votre culte et vos pleurs. Vous consacrez vos jours Ă relire ces pages Qui sont, pour son pays, un Ă©temel honneur; Sa pensĂ©e , empruntant leurs prismes aux images , Eclaire votre ciel d'un rayon de bonheur! Il vous semble encor voir sa figure expressive S'animer en disant ses vers harmonieux Cest bien luil... vous prĂȘtez une oreille attentive HĂ©las ! la tombe rend les morts silencieux ! Kon, plus d'illusion, plus de vaine chimĂšre. Car si le rĂȘve est doux, le rĂ©veil fait soullHr; D'Harievilie a quittĂ© cette vie Ă©phĂ©mĂšre. Mais son Ćuvre est debout et ne doit pas mourir '. Le poĂšt vivra dans la pure lumiĂšre Dont l'Ăštemel Ă©clat succĂšde aux jours de deuil , MĂȘme aprĂšs que le temps aura rongĂ© son seuil OĂč ce pieux hommage est gravĂ© dans la pierre Un Dieu semble liabiter oĂč vivait un grand homme Renault, â 238 - Communication de M. Buisson sur plusieurs dĂ©couvertes ar- chĂ©ologiques opĂ©rĂ©es Ă MarbouĂ©. â PriĂšre Ă M. Lecocq de se transporter dans cette localitĂ© et de faire un rapport. M. Buisson voudra bien Ă©crire, Ă ce sujet, Ă M. TabbĂ© Hautin, curĂ© de MarbouĂ©, afin d'obtenir des renseignements. L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ©, la sĂ©ance est levĂ©e Ă cinq heures. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. Renault François, instituteur, Ă Morancez; prĂ©sentĂ© par MM. Met-Gaubert et de Saint-Laumer. RicouR Joseph^ instituteur, Ă Gasville; prĂ©sentĂ© par les mĂȘmes. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ Bulletin des Antiquaires de l* Ouest y 4* trimestre de 1877. Envoi de la SociĂ©tĂ©. MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© Eduenne, t. VI. Autun, imp. Dejus- sieu, 1877. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Revue des SociĂ©tĂ©s savantes des dĂ©partements, 6' sĂ©rie, t. V, avril 1877. Impr. Nationale. Bulletin de la SociĂ©tĂ© industrielle d'Angers, 2" semestre 1876. Angers, LachĂšse, 1876. SĂANCE DU 4 AVRIL 1878. PrĂ©sidence de M. de Saint-Laumer. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart ; le procĂšs- verbal de la derniĂšre sĂ©ance est lu et adoptĂ©. â 239 â f Etaient prĂ©sents MM. de Saint-Laumer, P. Durand, Met- Gaiibert, l'abbĂ© Agoutin, Appay, Bavois, Ph. Bellier de la Chavignerie, de Bertheville, Buisson, Cornillon, Dubreuil, Dussart, Escoffier, Famin, Foucault, Germond P.> Gilbert P., abbĂ© GuĂ©rin, Haye, Heurtault, Hue, Legrand, Lecocq, doct. Maunoury, Nancy A., abbĂ© Pardos, Poyer, Ravault, Ricour, abbĂ© Robinet, Sautton. Suivent les communications 1 De M. Lecocq sur les mĂącles de Bretagne ; 2* De M. l'abbĂ© Foucault, sur Tlntroduction Ă la Bibliographie de la Belgique ; 3* De M. le PrĂ©sident, sur un volume qui a pour titre AntiquitĂ©s et Monuments du dĂ©partement de V Aisne, par M. Edouard Fleury, 2 partie. Paris, imprimerie Jules Claye; 4** De M. P. Durand, sur Une visite au cimetiĂšre mĂ©rovingien de CrĂ©cy et sur le souterrain de SaulniĂšres. Est mise aux voix la proposition d'une somme destinĂ©e Ă complĂ©ter les travaux ou les fouilles dont s'occupe M. l'abbĂ© Haret. â Les conclusions de la Commission sont adoptĂ©es, et un honrnfiage bien mĂ©ritĂ© est rendu Ă M. le curĂ© de CrĂ©cy pour le zĂšle qu'il apporte dans ses trouvailles archĂ©ologiques. La parole est ensuite donnĂ©e Ă M. le TrĂ©sorier pour le compte- rendu de la situation financiĂšre de la SociĂ©tĂ© , exercice 1877. RECETTES. lo Recettes ordinaires. Reliquat de l'exercice 1876 6,755 fr. 49 c. Subvention du MinistĂšre de l'Instruction pu- blique 400 » Cotisations. â Total des recettes 3,559 80 Vente de bulletins 1 32 25 IntĂ©rĂȘts des fonds placĂ©s 221 » A reporter 11,068 54 - 240 - ReporL . . . 11,068 fr. 54 c. 2" Recettes extraordinaires RĂ©compense du MinistĂšre 1 ,000 âą Total des receltes !2,068 54 DĂPENSES. DĂ©penses ordinaires ProcĂšs- verbaux et MĂ©moires 942 fr. 85 c. Gravures 367 20 Frais de recouvrement des cotisations extĂ©- rieures 125 50 Traitement de Tappariteur 250 10 Fouilles, achats pour le musĂ©e 106 75 SĂ©ance gĂ©nĂ©rale 170 » Excursion ai'chĂ©ologique 91 75 DĂ©penses imprĂ©vues 174 35 Abonnements et reliures 420 35 Total des dĂ©penses 2,658 85 BALANCE. Recettes 1 2,068 fr. 54 c. DĂ©penses 2,658 85 Reliquat actif. . . 9,409 69 Quelques observations sont prĂ©sentĂ©es afin que, dĂ©sormais, les comptes soient rĂ©glĂ©s du 31 dĂ©cembre d'une annĂ©e au 31 dĂ©cembre de Tautre annĂ©e. M. le TrĂ©sorier aurait la bontĂ© de s'arranger en consĂ©quence, pour Ă©tablir la situation financiĂšre sur des feuilles spĂ©ciales. Des remerciements unanimes lui sont adressĂ©s pour les soins qu'il apporte Ă tenir sa comptabilitĂ©. Suit la communication de M. le PrĂ©sident sur les travaux des instituteurs; M. Laigneau Em. n'ayant pu prĂ©senter son rap- â 241 â port officiel, pour des causes indĂ©pendantes de sa volontĂ©, rassemblĂ©e dĂ©cide qu'elle entendra, le jeudi 2 mai, ce rapport et statuera sur les conclusions qull comporte. En raison de ce retard , il est arrĂȘtĂ© que la sĂ©ance publique annuelle, qui a lieu rĂ©glementairement en mai, se tiendrait le jeudi 6 juin. Le local, l'heure prĂ©cise, les noms des orateurs appelĂ©s Ă prendre la parole pour cette solennitĂ© seront ultĂ©rieurement indiquĂ©s. En ce jour se fera la proclamation des prix accordĂ©s aux instituteurs; Ă ce sujet, un membre exprime le dĂ©sir que M. le Directeur de TĂcole normale primaire veuille bien ne pas manquer d'envoyer une dĂ©putation d'Ă©lĂšves de son Ă©ta- blissement. Le projet d'excursion archĂ©ologique est renvoyĂ© Ă la sĂ©ance du 2 mai. Une proposition sera faite de l'accompHr dans le canton de La Loupe, avec des vĆux motivĂ©s. Communication de M. Lecocq sur les dĂ©couvertes archĂ©olo- giques opĂ©rĂ©es Ă MarbouĂ©. GrĂące Ă l'obligeance de notre collĂšgue M. Buisson, et par son entremise, nous avons reçu de la part de M. l'abbĂ© Hautin, curĂ© de MarbouĂ©, prĂšs GhĂąteaudun, des dĂ©tails au sujet de dĂ©couvertes rĂ©cenmieut opĂ©rĂ©es. âą 1 En enlevant des terres de l'ancien cimetiĂšre de cette paroisse, on dĂ©couvrit quelques dĂ©bris lapidaires pouvant intĂ©- resser l'ArchĂ©ologie locale. PrĂšs du chevet de l'Ă©glise, Ă une pro- fondeur d'environ deux mĂštres, fut mis au jour un sarcophage en pierre lequel renfermait deux squelettes juxtaposĂ©s et n'of- frant aux regards qu'un seul crĂąne; la position de ces corps semblerait indiquer qu'une recherche antĂ©rieure, ou violation, aurait eu lieu en cet endroit*. Ce sarcophage ne prĂ©sentait ni * M. de Caumont, dans son AbĂ©cĂ©daire d'ArchĂ©ologie religieuse, parlant des inhumations au moyen de sarcophages de pierre Ă TĂ©poque du Moyen-Age , s'Ă©nonce de la sorte Dans quelques cercueils , on avait inhumĂ© plusieurs membres de la mĂȘme famille, ce que j'ai conclu de la prĂ©sence de deux et quel- aues fois trois tĂȘtes rĂ©unies. Dans plusieurs sĂ©pultures, la tĂȘte de celui qui avait Pic inhumĂ© le premier , avait Ă©tĂ© ramenĂ©e vers les pieds pour faire place au second. » â 242 - couvercle, ni signe ou monogramme quelconque rĂ©vĂ©lant TĂ©lat social des personnages inhumĂ©s en ce lieu , qui est voisin du territoire appelĂ© par les habitants le Champ des Cercueils \ Cette dĂ©nomination nous remet en mĂ©moire certain passage du Joui'nal manuscrit et inĂ©dit de Messiro Jehan Parrault, curĂ© de Vitray-en-Beauce 1 574- 1 622 , concernant ce lieu anciennement consacrĂ© aux inhumations AnnĂ©e i6i i ; En ce mĂȘme temps se descouvrit plusieurs tom- > beaux de pierre, par un certain laboureur de la paroisse de » MarbouĂ©, prĂšs Chasteaudun, ausquelz tombeaux se trouvent des » corps ou bien des ossementz de certains hommes qui y auroient > estez mis et posez. Et ce fut trouvĂ© en plain champs , en labourant » la terre; Ton n'avait jamais ouy parler qu'il y eust eu cimetiĂšre, » ny bataille. Enfin, il s'en est trouvĂ©, je ne Tay veu, mais bien » ouy dire par plusieurs, et, entre autres, par Guillaume Le Sire qui » m'a asseurĂ©, sur safoy, les avoir veuz; ce que, depuis le ven- » dredy huitiesme jour d'avril i6i i , estant allĂ© Ă Chasteaudun, et » revenant, je passy par ledit lyeu, oĂč estoient lesditz tombeaux, » donc j'en compty la quantitĂ© de seize, sans les autres qui estoient » encore Ă descouvrir le lyeu oĂč sont lesditz tombeaux se consiste » bien en la valleur et grandeur de deux arpentz de terre, ou en- » vyron , qui est de peu de valleur ; qui est esloignĂ© d'une Chapelle * » qui a estĂ© et est encore, Ă prĂ©sent, ruinĂ©e. Ceulx du pays disent, » qu'anciennement, il y avoit une ville qui s'appeloit La Magnane^. » J'ai veu esditz tombeaux les ossements desditz deffunctz qui y » avoient estez mis et enterrez; desditz tombeaux j'en ai veu quatre 3» qui estoient juxtes les uns des autres, et n'en vey guierre qu'un » ou deux qui feussent soubz les autres , deux et deux , troys et troys » et autre nombre. Pour moy, je crois qu'anciennement lĂ estoit » l'Ă©glise et le cimetiĂšre de la paroisse de MarbouĂ©; car l'on m'a * M. de Cauinont ut supra , p. 261 , 4 Ă©dit. , dit Quatre MĂ©moires vous ont Ă©tĂ© adressĂ©s, cette annĂ©e, par les instituteurs du dĂ©partement. » \^ RĂ©sumĂ© histonque et description gĂ©ographique et admi- nistrative de la commune de Doisville' la- Saint- PĂšre, par M. Leprince » 2** Un coin du Perche-Gouilt Notice histfjrique sur la Ville et la Baronnie de Brou, par M. Ghantegrain; » 3 Histoire des Ă©coles de Coulombs y par M. Boucher; » A^ MĂ©moire gĂ©ographique y historique et statistique sur la commune de Friaize, par M. Poullard. * La Conunission instituĂ©e en vue dĂ©juger la valeur desdits travaux s'est rĂ©unie le 28 mars et le 1 5 avril ; voici les obser- vations qu'elle a cru devoir vous prĂ©senter avant de soumettre ses conclusicttis Ă votre apprĂ©ciation dĂ©finitive. I. » Dans sa notice historique sur la Ville et la Baronnie de Brou, M. Ghantegrain s'est appliquĂ© Ă coordonner les nom- â 247 â breux documents que l'on rencontre sur la matiĂšre, dans les ouvrages de Doyen et des abbĂ©s Souchet, Fret et Bordas. '> Ce travail, qui ne compte pas moins de 327 pages, est divisĂ© en 3 parties. La premiĂšre est consacrĂ©e Ă une notice gĂ©nĂ©rale sur le Perche-GouĂȘt, Ă sa coutume et Ă ses seigneurs; â la deuxiĂšme partie, qui constitue la portion la plus volumineuse du manuscrit, est relative Ă la ville de Brou , Ă ses Ă©tablisse- ments religieux et hospitaliers, Ă son commerce et Ă ses in- dustries ; elle renferme aussi une Ă©tude sur les hameaux, les lieux historiques et les personnages cĂ©lĂšbres de Brou, ainsi qu'une statistique de TĂ©tat de Tinstruction primaire dans la conmiune avant 1789; des annales historiques, qui n'avaient pas trouvĂ© place ailleurs, forment le dernier chapitre ; â enfin, la troisiĂšme partie traite exclusivement de la baronnie de Brou , de ses origines, des droits du bai*on, des fiefs et des mouvances de la baronnie , de son organisation administrative, ainsi que des faits et gestes de ceux qui l'ont possĂ©dĂ©e. » Comme on peut en juger par l'aperçu gĂ©nĂ©ral qui vient d'en ĂȘtre tracĂ©, M. Chantegrain avait entrepris une bien grosse tĂąche. Il a conduit son Ćuvre trĂšs-rapidement, trop rapide- ment quelquefois , car la Commission a dĂ» y relever nombre d'imperfections et d'inexactitudes de dĂ©tail dues Ă l'inexpĂ©rience du jeune auteur , et dont notre compte- rendu ne peut donner rĂ©numĂ©ration. T> Sans tenir compte des emprunts trop frĂ©quemment faits au Dictionnaire des origines de ChĂ©ruel, disons encore que beau- coup de notes donnĂ©es Ă titre de jnĂšces curieuses et inĂ©dites se rencontrent cependant dans des ouvrages imprimĂ©s â comme la Vie d'Adrien Bourdoise de la p. 121 Ă la p. 136, extraite d'une biographie sur ledit Bourdoise, par M. de Courtenvaux, et dont il existe plusieurs Ă©ditions ; comme aussi les Arrest et V Homologation des statuts et rĂšglements pour les manufactures de serges et Ă©tamines de la Ville et Bailliage de Brou au Perche » p. 137 Ă 163, piĂšce moderne, datant seulement de 1667, Ă©poque Ă laquelle Colbert, voulant raviver le commerce des laines dans notre contrĂ©e, y introduisit l'industrie du filage et celle du tricot, et fit rĂ©diger, Ă cet effet, les arrĂȘts et statuts susdits, qui furent communs Ă Brou, Ă Chartres et Ă toute la rĂ©gion. > Les dĂ©tails sur les 39 hameaux de la conwnune de Brou et sur quelques seigneurs qui les ont possĂ©dĂ©s, sont assez com- - 248 - plets. Il est Ă regretter toutefois que Fauteur n'ait pas accom- pagnĂ© son texte d'un plan de la ville et de la commune dont il faisait l'histoire. Il n'est nullement question aussi des mĆurs, des usages, des lĂ©gendes, ou des traditions qui doivent exister Ă Brou comme ailleurs; et la Commission a pu regretter le silence de l'auteur sur ce point. » Enfin, quant Ă la baronnie de Brou elle-mĂȘme, si la liste des gĂ©rants et employĂ©s de ladite baronnie est assez com- plĂšte, l'histoire des seigneurs de Brou et de leurs faits et gestes a Ă©tĂ© assez maigrement traitĂ©e. Les seigneurs de Brou n'Ă©taient pas les premiers venus ; le chapitre qui les concerne est insuffi- sant ; la Commission l'a considĂ©rĂ© comme une des parties qui laissent le plus Ă dĂ©sirer dans le travail de M. Chantegrain. II. » M. Leprince a divisĂ© son mĂ©moire sur Boisville-la-Saint-PĂšre en deux grandes sections. » Dans la premiĂšre, qu'il intitule Partie historique et des- criptive, » il traite d'abord de Boisville et de ses hameaux; puis il donne les faits historiques qui se rapportent Ă la commune, pour terminer par une description gĂ©nĂ©rale et topographique du territoire. » La deuxiĂšme section , Partie administrative, productions, statistique, langage, » a trait Ă l'admistration civile, rehgieuse, judiciaire, financiĂšre, militaire et de l'instruction primaire ; â des notes sur Tagriculture, le commerce, l'industrie, l'assis- tance publique; les voies de communication, les Ă©vĂ©nements historiques, y trouvent aussi leur place; enfin, le travail se complĂšte par le glossaire particuUer au village. » A la lecture de cette analyse trĂšs-succincte, on s'aperçoit im- mĂ©diatement qu'il manque Ă cet ensemble de faits un plan et im programme bien dĂ©terminĂ©s. » La Commission a remarquĂ© ensuite que l'introduction, qui n'a rien de particulier Ă Boisville, pourrait s'appUquer Ă la plu- part de nos villages de la Beauce. â Puis , M. Leprince a copiĂ© en latin , en en donnant toutefois la traduction , tous les textes des cartulaires de Saint-PĂšre et de Notre-Dame qui pouvaient se rapporter Ă Boisville. La Commission aurait prĂ©fĂ©rĂ© que â 249 â Faulenr se fĂ»t contentĂ© de faire du tout un rĂ©sumĂ© succinct pouvant servir de thĂšme Ă la rĂ©daction de la partie historique de son travail. â De mĂȘme, les trois documents qui suivent tiennent une trop large part dans le MĂ©moire ; ils auraient dĂ» ĂȘtre seulement analysĂ©s. » La description gĂ©nĂ©rale de la commune est bonne , elle est accompagnĂ©e d'un bon plan; mais pourqnoi le MĂ©moire ne fait-il quĂ©numĂ©rer les noms des champtiers, alors quil im- porte si utilement quelquefois de rechercher les origines de leur appellation ? » Les chapitres 1 Ă 8 de la deuxiĂšme partie du travail ren- ferment de bons dĂ©tails, mais ils sont presque tous modernes. Le chapitre 9 , Patois du pays , » est trop incomplet et peu local, c'est une partie fort dĂ©fectueuse du travail sur Boisville. âą Enfin, la Commission a regrettĂ© que les minutes des notaires n aient pas Ă©tĂ© visitĂ©es, et que l'auteur n'ait rien donnĂ© sur les usages propres Ă la localitĂ©, ainsi que sur les lĂ©gendes et les chroniques qui s'y rapportent. III. » Dans son Histoire des Ecoles de Coulombs, depuis le com- mencement du XVIII siĂšcle jusqu'Ă ce jour, M. Boucher a fait preuve de bonne volontĂ©; mais la majeure partie des documents que ce petit mĂ©moire renferme sont modernes; ils n'ont dĂšs lors qu'une trĂšs-faible valeur historique. IV. » Le travail relatif Ă la commune de Friaize, comprend d'abord une Ă©tude gĂ©ographique se rapportant au sol , au climat et aux productions naturelles du pays, elle est accompagnĂ©e d'un plan. â Il comprend en second lieu l'histoire de Friaize , depuis le XI siĂšcle jusqu'Ă nos jours. â L'auteur dĂ©crit ensuite le bourg avec des dĂ©tails particuliers sur l'Ă©glise et ses curĂ©s, sur l'Ă©tat civil et sur le chĂąteau ; il donne sur les hameaux et les seigneurs qui ont possĂ©dĂ© celui de la Porte, sur les champtiers, sur les usages locaux, les renseignements historiques ou autres qu'il a cru devoir relever. Des notes statistiques sur la population. Tome VI. P. V. 18 I - 250 - sur l'agriculture , sur l'instruction primaire , terminent le travail qui se complĂšte par un appendice. » L'ensemble du mĂ©moire de M. Poullard est bien conduit. Mais les donnĂ©es historiques sur Friaize sont rares ; elles n'ont qu'une valeur de second ordre pour l'histoire gĂ©nĂ©rale de notre pays ; aussi Fauteur , malgrĂ© ses efforts, n'a-t-il pu donner que des renseignements empruntĂ©s Ă Souchet et Ă M. de LĂ©pinois pour la maison de Friaize, et aux registres de l'Ă©tat civil de Friaize et du Thieulin, pour les familles de Beaulieu et de Pron- sac. La Conurnssion a pensĂ© que les trois actes de l'appendice et la copie des usages locaux ayant force de loi dans le canton de la Loupe, n'offraient pas de particularitĂ©s bien curieuses, sans- cependant leur refuser d'avoir pour le village susdit un vĂ©ritable intĂ©rĂȘt local. » De l'ensemble des observations particuliĂšres qui prĂ©cĂšdent, il rĂ©sulte que le concours de 1877 est infĂ©rieur Ă ceux des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Aucun des quatre manuscrits prĂ©sentĂ©s Ă la SociĂ©tĂ© ne prĂ©sente l'ensemble des qualitĂ©s que la Commission s'Ă©tait plu Ă constater dans quelques-uns des mĂ©moires que vous avez couronnĂ©s jadis. â Trois sur quatre manquent gĂ©nĂ©ralement d'ordre et de mĂ©thode dans l'exposition; leurs auteurs les ont parsemĂ©s de trop faciles emprunts faits souvent Ă des ouvrages de bibliothĂšque. Le quatriĂšme mĂ©moire, qui a plus d'unitĂ©, n'offre pas rme valeur scientifique assez marquĂ©e pour qu'il prime les trois autres. âąI Voici, dĂšs lors, les rĂ©compenses que votre Conunission a cru devoir vous proposer d'accorder pour le concours de 1878. » On ne donnerait pas de 1" prix. » Il serait dĂ©cernĂ© » 1» A M. Chantegrain, instituteur Ă Boisgasson, prĂ©cĂ©dem- ment instituteur-adjoint Ă Brou, un second prix , avec un ou- vrage d'une valeur de 40 fr. ; » 2 A M. Poullard, instituteur-adjoint Ă Pontgouin, une mention trĂšs-honorable et un ouvrage d'une valeur de 30 fr. ; » 3° A M. Leprince, instituteur Ă Boisville-la-Saint-PĂšre, une mention trĂšs-honorable et deux ouvrages de M. de Cau- mouD, d'une valeur de 25 fr. ; » 4° A M, Boucher, instituteur Ă Coulombs, une mention honorable. » â 251 - AprĂšs quelques observations fournies sur l'ensemble du con- cours, les conclusions de la Commission sont mises aux voix et adoptĂ©es. Suit la proposition du projet d'excursion archĂ©ologique Ă La Loupe et de visite au chĂąteau des Vaux, pour l'Ă©poque qui paraĂźtra la plus favorable. â DĂ©cision est laissĂ©e au Bureau Ă ce sujet. DĂ©pĂŽt du plan du souterrain de SaulniĂšres dressĂ© par M. Passard. M. Lecocq signale l'omission faite au procĂšs-verbal du 16 jan- vier 1878, de l'article intitulĂ© ; Un Squelette mystĂ©rieux \ âą Le 26 dĂ©cembre 1877, le sieur ThĂ©ophile Liard, ouvrier tuilier, demeurant Ă Chartres, faubourg Saint-Brice, Ă©tait oc- cupĂ©, au compte de M. Mouton, chaufournier dans cette ville, Ă fouiller de la terre cĂ brique, sur le territoire de la conunune du Coudray, section A, champtier des Bardeaux, n** 312 du cadastre. 9 Cet emplacement se trouve en face, et de Tautre cĂŽtĂ© de la route, oĂč nous avons dĂ©jĂ signalĂ© Un four Ă Pouzzolane factice, que Ton voit dĂ©crit dans le tome IV, page 477, des ProcĂšs- verbaux de notre SociĂ©tĂ© archĂ©ologique. » Le champ, d'oĂč cette terre est extraite, joint, d'un cĂŽtĂ©, l'an- cienne route allant de Chartres Ă OrlĂ©ans, et, de Tautre, aboutit sur la vallĂ©e des Bardeaux. La majeure partie du sol de ce val se compose d'une couche de terre alumino-siUceuse, provenant d'un diluvium, dont l'Ă©paisseur est de deux Ă quatre mĂštres, et connu sous le nom de terre franche, ou de terre Ă brique. Il ne contient aucune pierre calcaire, ou de silex. t C'est Ă neuf mĂštres de la route conduisant du Gord au Cou- dray, Ă gauche, que le sieur Liard, occupĂ©, comme nous venons de le dire, Ă fouiller la terre, mit Ă dĂ©couvert un Squelette humain , enfoui Ă une profondeur de 80 centimĂštres. Cet ĂȘtre inhumĂ© de la sorte , prĂ©sentait les conditions suivantes la tĂšte Ă©tait orientĂ©e vers l'Est, le corps, reposant sur le dos, laissait apercevoir, rangĂ©s Ă leur place naturelle, tous les grands osse- ' Voyez ProcĂšS'Verhaiix y t. VI, p. 219. 9K0 _ nienls des membres; les cĂŽtes Ă©taient alfaissĂ©es et les vertĂšbres, en paitie dĂ©truites; de la tĂȘte, il ne restait que la partie supĂ©- rieure du crĂąne et la mĂąchoire encore garnie de dents, les- quelles avaient conservĂ© leur Ă©mail; toute la partie faciale Ă©tait remplie de terre; auprĂšs de la tĂȘte se trouvait un gros ladĂšre, et, le long des cĂŽtĂ©s du squelette, des silex for- mant un ensemble total de quinze. Aux deux extrĂ©mitĂ©s de rindividu, ainsi gisant, furent recueillis des fragments d'en- viron huit clous en fer, entiĂšrement oxydĂ©s et paraissant avoir une longueur de huit centimĂštres. » Avis de cette Ă©trange dĂ©couvette ayant Ă©tĂ© donnĂ© Ă M. le NJaire du Coudray, ce dernier s'empressa d'adresser un rap- port au Parquet du Tribunal, lequel commit M. le Commis- missaire de Police de Chartres , pour faire une enquĂȘte, dans le but de dĂ©couvrir si les ossements humains trouvĂ©s dans un tel endroit et dans une pareille disposition , pourraient fournir la preuve, ou , tout au moins, la prĂ©somption d'un crime. » BientĂŽt la rumeur publique s'empara de cette histoire mystĂ©- rieuse, et, l'imagination de quelques cerveaux lomanesques aidant, furent produites des lĂ©gendes qui circulĂšrent Ă ce sujet. L'un parlait delĂ disparition, dĂ©jĂ bien Ă©loignĂ©e, d'un habitant du Coudray, d'autres croyaient voir les restes d'un Martyr chrĂ©tien , qui aurait Ă©tĂ© lapidĂ©, ou mĂȘme crucifiĂ© , puis, ensuite, inhumĂ© en cet endroit; la preuve de ce dernier sup- plice aurait Ă©iĂ© fournie par les clous dĂ©couverts Ă la tĂȘte et aux pieds du squelette. D'autres disaient avoir reconnu, dans le sujet, un homme antĂ©diluvien , ou tout au moins prĂ©historique, par la raison que le cadavre avait Ă©tĂ© entourĂ© de silex qui, di- sait-on, Ă©taient taillĂ©s; mais silex taillĂ©s par supposition et clous rĂ©unis dans une mĂȘme sĂ©pulture, cela nous semble pro- duire un singulier mĂ©lange, qui, Ă notre avis, constituerait un anachi-onisme archĂ©ologique. VoilĂ de singuliĂšres hypothĂšses , ne pouvant, selon nous, provenir que de cerveaux amis du pro- digieux I » M. le Commissaire de Police nous ayant priĂ© de vouloir bien lui donner, Ă ce sujet, notre avis, afin de l'aider Ă Ă©tablir son Rapport officiel , nous nous rendĂźmes , le vendredi 4 janvier 1878, sur le lieu mĂȘme oĂč fut trouvĂ© le Squelette mystĂ©rieux. LĂ > nous interrogeĂąmes le terrassier Liard, puis, aprĂšs un examen attentif de la nature du sol, nous avons remarquĂ© le grĂšs- ladĂšre; quanl aux silex qui Ă©taient rĂ©putĂ©s taillĂ©s, ils avaieut dĂ©jĂ servi Ă combler une orniĂšre au mĂȘme endroit, se voyaient encore quelques ossements des membres, quelques cĂŽtes, etc*, uniques dĂ©bris des cent quatre-vingt-dix-huit os dont se com- pose un squelette humain. » Le crĂąne et la mĂąchoire avaient Ă©tĂ© enlevĂ©s contre la volontĂ© du propriĂ©taire du champ, dans le but, peut-ĂȘtre, d'aider Ă crĂ©er un personnage antĂ©diluvien , ou nĂ©o-prĂ©historique. 9 Mais ce qui nous a semblĂ© le plus intĂ©ressant Ă constater dans notre excursion archĂ©ologique, c'est que nous pĂ»mes signaler ,^ dans la coupe du terrain fouillĂ© et partant du sol supĂ©rieur, une terre noire vĂ©gĂ©tale d'une Ă©paisseur de quinze centimĂštres, puis, au-dessous, une couche de terre alumineuse mĂ©langĂ©e de terre noire et ne contenant pas de pierres, dans une Ă©paisseur de soixante-cinq centimĂštres. C'est au miheu de cette couche que furent rencontrĂ©s le Squelette, ainsi que de nombreux dĂ©bris, ou tessons de vases gallo-romains, provenant de jarres, amphores et urnes de formes diverses et de terres en couleurs variĂ©es, dont nous dĂ©posons aujourd'hui, sur le bureau de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique, les quelques spĂ©cimens qui furent, sous nos yeux, extraits de cette teiTe plastique. Au-dessous de cette seconde couche, on voit se continuer jusqu'Ă la marne, la terre alumino-siliceuse pure. » Pour nous rĂ©simaer, nous dirons qu'Ă une Ă©poque trĂšs- Ă©loignĂ©e , que nous estimons devoir ĂȘtre d'environ trois siĂšcles, vu l'Ă©tat compacte du sol oĂč fut trouvĂ© le Squelette, un apport de terre alumineuse dut avoir eu lieu en cet endroit de la vallĂ©e. Cette terre contenait de nombreux dĂ©bris de cĂ©ramique, l'apport en question formait environ soixante-dix centimĂštres d'Ă©paisseur, avait, peut-ĂȘtre, pour but, de rĂ©trĂ©cir le lit des divers affluents d'eau des vallĂ©es qui, en cet endroit, venaient submerger, en amont, les abords de l'Arche des Bardeaux, ainsi que la vieille route d'OrlĂ©ans Ă Chartres, et, pour motif encore, de rendre Ă la culture les prairies trop souvent inon- dĂ©es alors par la VallĂ©e des Bardeaux, vallĂ©e qui, Ă une Ă©poque reculĂ©e, recevait, au moment des orages et des fontes dĂ©neige, de grandes quantitĂ©s d'eau. » Le Squelette, dont il s'agit, n'a pu ĂȘtre enfoui que postĂ©- rieurement au dĂ©pĂŽt de ce remblai ; cette prĂ©somption nous serait confirmĂ©e par les nombreux tessons de vases antiques â 254 â qu'on y remarque. L*Ă©tat du tissu osseux, appelĂ© ostĂ©oplate, le degrĂ© de rĂ©sistance des sels calcaires phosphate et carbonate de chaux des grands ossements, ainsi que Taspect du tissu Ă©burnĂ©, nous engage Ă dire, qu'il est assez vraisemblable que ce squelette, ainsi qu'une trentaine d'autres que nous avons prĂ©- cĂ©demment rencontrĂ©s Ă©pars , autour de notre citĂ© Chartraine , doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s, comme provenant d'individus isolĂ©- ment inhumĂ©s, lors des guerres du XVI* siĂšcle, ou peut-ĂȘtre de sujets pestifĂ©rĂ©s qui, vers la mĂȘme Ă©poque, Ă©taient individuc lement relĂ©guĂ©s hors des faubourgs , tels que ceux dĂ©jĂ signalĂ© par nous, aux ProcĂšs-verbaux de la SociĂ©tĂ©, tome V, page 148, dans un article intitulĂ© Une excursion archĂ©ologique Ă Chartres y Ă travers les tranchĂ©es ^ puis encore dans notre brochure inti- tulĂ©e La Colonne Saint-CĂŽme, Ă ChartreSy page 8. » M. Bourdel lit une piĂšce de vers intitulĂ©e Pour un album de jeune fille. Applaudissements. POUR UN ALBUM DE JEUNE FILLE. Vous voulez que sur ceUe page , D^une Ă©blouissante blancheur, Je trace un afiVeux griffonnage Sans effaroucher le lecteur. L'Ă©preuve est vraiment redoutable On y trouve un charme secret ; Mais si le cĆur dit Sois aimable Le bon goĂ»t rĂ©pond * Vous le voulez ? . . . quelle imprudence! Ouvrir sa porte Ă tous venants , N'est-ce pas se livrer d'avance Aux propos jaloux et mĂ©chants ? En donnant ainsi carte blanche , Craignez qu'un malin Ă©colier En fades compliments n'Ă©panche Tous les flots de son encrier. Qui sait tout ce qu'on peut Ă©crire Par un invisible moyen , Et tous les secrets qu'on peut lire Sur un papier qui ne dit rien. â 255 â Que feriez-vous , Beniille dame. Si quelque rinteureftroDtĂ©, ' ' A vos pieds, dĂ©posant sa tlammB , Oubliait de la remporter?.... Mais loin de moi pareille audace ! Ua plume, igooraut ces Ă©carts. Rougirait de ternir la glace OĂč se reflĂštent vos regards. J'y veis la grĂące, l'innocence D'un jeune ange, Ăąme du foyer. Et la naĂŻve confiance D'un cĆur qui ne saurait tromper. Heureux qui , loin des bruits du monde , Sait trouver la modeste fleur Dont l'aimable parfum l'inonde Et d'espĂ©rance et de bonheur ! La sĂ©ance est levĂ©e A cinq heures. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTfi Journal des Savcmts , yanvier , fĂ©vrier et mars, iii-4'', 3 fesci- cules. DoQ du MinistĂšre. SociĂ©tĂ© archĂ©ologique et historique de la Charente. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© d'Ă©mulation du dĂ©parlement de l'Allier, tome XrV, 1", 2* et 3* livraisons, 3, fascicules grand in-S*. Envoi de la SociĂ©tĂ©. SĂANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU 6 JUIN 1873. PrĂ©sidence de H. de Saint-Lauher. â M. Met-Gaubert , secrĂ©taire. A deuK heures un quavl, la sĂ©ance est ouverte dans la ^alle Sainte-Foi , devant un public nombreux. On y remarque beau- coup de dames. - 256 â Pi'ennent place au bureau M. de Saint-Laurner, prĂ©sident, M. Merlet, vice-prĂ©sident, M. Ly-Chao-Pee, lettrĂ© chinois, invitĂ© Ă prendre la parole comme confĂ©rencier, et M. Met- Gaubert, secrĂ©taire de la SociĂ©tĂ©. La sĂ©ance est ouverte par M. de Saint-Laumer, qui a fait une revue gĂ©nĂ©rale des travaux de la SociĂ©tĂ©. Mesdames, Messieurs, » M. Ly-Chao-Pee a bien voulu rĂ©pondre Ă notre invitation, et se rendre Ă Chartres pour se faire entendre dans luie confĂ©- rence sur La condition de la Femme en Chine, comme fille, Ă©pouse et mĂšre, » Si le sujet n'est pas prĂ©cisĂ©ment d'histoire locale , rien du moins n'est plus archĂ©ologique que TexposĂš d'une civilisation dont les traditions religieusement maintenues, voient leurs ori- gines se perdre dans la nuit des temps. » M. Ly-Chao-Pee est venu prĂȘter son concoui*s Ă nos Ă©coles orientales de Paris, et les aider Ă connaĂźtre une langue que la diffĂ©rence des Ă©critures et des usages, nous rendait difficilement abordable. Nous devons lui ĂȘtre reconnaissants du zĂšle avec lequel il cherche Ă nous faii*e mieux apprĂ©cier un pays qui nous Ă©tait restĂ© trop longtemps presque inconnu. » Permettez-moi de garder la parole encore quelques ins- tants, pour vous entretenir des travaux faits par notre SociĂ©tĂ© depuis notre derniĂšre rĂ©union gĂ©nĂ©rale, de remplir ainsi une tĂąche qui m'est imposĂ©e par les rĂšglements , afin de n'avoir plus ensuite Ă distraire votre attention. Je m'efforcerai, du reste, d'abuser le moins possible de vos instants. » Il est dit Ă l'article 13 des statuts de notre SociĂ©tĂ©, que son PrĂ©sident est nommĂ© pour trois ans, et qu'il n'est pas immĂ©- diatement rééligible. Vous regretterez avec moi cette disposition rigoureuse, qui nous prive d'entendre aujourd'hui la parole savante, sympathique, de M. Lucien Merlet et vient m'imposer une lourde responsabilitĂ©. En effet, la SociĂ©tĂ© m'est remise dans un Ă©tat de prospĂ©ritĂ© exceptionnel, dĂ» Ă la fois Ă la bonne direction que M. Merlet savait hii imprimer, et aux nombreux travaux dont U pouvait enrichir ses publications. Le nombre de nos adhĂ©rents trĂšs -augmentĂ©, une rĂ©serve financiĂšre dĂ©jĂźi â 257 â importante constituĂ©e, sont l'Ćuvre de mon prĂ©dĂ©cesseur, et pour ce qui est des travaux , il suffira de vous dire que la notice que nous Ă©tions appelĂ©s Ă prĂ©senter pour la rĂ©union des SociĂ©tĂ©s savantes, qui vient d'avoir lieu Ă la Sorbonne, comptait six volumes terminĂ©s de mĂ©moires , cinq de procĂšs-verbaux pour nos sĂ©ances, le Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, de MM. Merlet et de LĂ©pinois la Statistique archĂ©ologique du dĂ©parlement, par M. de Boisvilletle la Statistique scientifique , dont les diverses parties ont Ă©tĂ© traitĂ©es par MM. Edouaixi LefĂšvre, Marchand, GuĂ©nĂ©e, Lamy, etc., l'impression du ma- nuscrit de Souchet sur l'histoire de Chartres; les plans de Chartres en 1750, de Dreux en 1725. » Ces publications, dont nous pourrions encore augmenter la liste, tĂ©moignaient de votre activitĂ©; aussi, aux rĂ©compenses que vous aviez prĂ©cĂ©demment obtenues, est venu s'ajouter un des trois prix de mille francs dĂ©cernĂ©s cette annĂ©e aux sociĂ©tĂ©s qui ont le plus contribuĂ© aux progrĂšs des sciences archĂ©ologiques dans les dĂ©partements. Vous le voyez, la responsabilitĂ© du nouveau PrĂ©sident s'augn^ente en raison mĂȘme de vos succĂšs, aussi ai-je besoin de faire appel Ă l'activitĂ© de chacun de nos collĂšgues, pour maintenir une aussi brillante situation. » Mais aujourd'hui, je dois surtout vous entretenir des tra- vaux de la SociĂ©tĂ© pour TannĂ©e qui s'est Ă©coulĂ©e depuis la der- niĂšre sĂ©ance gĂ©nĂ©rale. Vous vous rappelez les remarquables articles sur Dangeau et ses seigneurs, que nous a donnĂ©s M. Maurice de Possesse. Ces articles rĂ©unis forment maintenant un charmant volume, rĂ©sultat de persĂ©vĂ©rantes et sĂ©rieuses recherches, et dont l'Ă©dition, nous pouvons l'ajouter, fait hon- neur aux presses de M. Edouard Garnier, qui tient Ă maintenir les bonnes traditions de sa famille. » Les prochains bulletins- nous donneront une histoire de Sours et de ses seigneurs, par M. de TrĂ©mault; puis les Zodia- ques de M. l'abbĂ© Bulteau. Bien que n'habitant plus notre ville, M. l'abbĂ© Bulteau continue Ă nous faire suivre page par page ce livre toujours ouvert et toujours nouveau de la cathĂ©drale de Chartres, qui aprĂšs six siĂšcles d'Ă©tudes n'est pas encore entiĂšre- ment expliquĂ©. » Ceux d'entre vous qui ont pu prendre part Ă notre excur- sion annuelle , se souviennent encore du sympathique accueil qui leur a Ă©tĂ© fait par la ville d'Illiei-s Ă laquelle vous avez pu - 258 â faire entendre, en Ă©change, le discoai's plein d'Ă -propos, dans lequel notre PrĂ©sident d'alors rappelait le souvenir du vicaire de l'Ă©glise de Saint-Jacques d'Illiers , Messire Constantin Roger Mac-Mahon; un mĂ©moire de M. l'abbĂ© Marquis, sur les monu- ments celtiques; la description, par M. TabbĂ© Sainsot, de rĂ©glised'ĂpeautroUes; des vers de M. Le Goux; puis de M. Met- Gaubert; une notice sur Florent d'Illiers, qui ne pouvait rester oubliĂ© dans sa propre ville, et pour terminer la sĂ©ance, des expĂ©riences scientifiques, toujours si apprĂ©ciĂ©es, surtout lors- qu'elles sont accompagnĂ©es des dĂ©monstrations de notre col- lĂšgue M. Barois. » Nous avons dĂ» Ă M. Lorin, le maĂźtre- verrier de Chartres, un vĂ©ritable traitĂ© de la peinture sur verre. Nul n'Ă©tait plus Ă portĂ©e que l'auteur des grandes et belles verriĂšres destinĂ©es Ă la cathĂ©drale de New- York, de traiter cette intĂ©ressante question, de nous rĂ©vĂ©ler les secrets de son art dans le passĂ© , et aussi dans son avenir. La lecture du travail de M. Lorin a plusieurs fois provoquĂ© vos applaudissements au cours de sĂ©ances men- suelles. Si beaucoup d'entre nous ont pu visiter les belles pages dont M. Lorin doit orner cette cathĂ©drale de New-York, il y en a bien peu qui puissent espĂ©rer les revoir dans leur emplacement dĂ©finitif; les dessins qui ont servi Ă en Ă©tablir les cartons reste- ront probablement en France; si le vĆu n'en est pas indiscret, je solliciterai de M. Lorin la reproduction par la gravure de ces compositions remarquables. » C'est au cours de vos sĂ©ances Ă©galement que vous avez eu communication de fragments , extraits d'une Ă©tude sur les Maires du Palais Ă laquelle travaille M. Merlet ; la nouveautĂ© des aper- ^çus qu'elle contient viendra jeter une lumiĂšre inatttendue sur une Ă©poque de notre histoire nationale, restĂ©e encore obscure pour les plus habiles. » C'est auĂ si Ă notre ancien PrĂ©sident que nous devrons le Cartulaire de la cĂ©lĂšbre abbaye de Thiron, dont la publication a Ă©tĂ© votĂ©e dans Tune de vos derniĂšres rĂ©unions. » On a prĂ©tendu que notre Ă©poque positive avait abandonnĂ© la poĂ©sie, c'est une erreur que la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique d'Eure- et- Loir ne saurait partager et contre laquelle elle proteste en produisant les Ćuvres de ses poĂštes, MM. Le Goux, Bourdel, Joliet, puis les vers de notre zĂ©lĂ© et dĂ©vouĂ© secrĂ©taire, M. Met- Gaubert, qui, malgrĂ© la lourde tĂąche que nous lui avons impo- â 259 â sĂ©e, trouve encore le moyen de venir vous charmer par ses poĂ©tiques inspirations. » Cette annĂ©e, ainsi que vous Taviez fait les annĂ©es prĂ©cĂ©- dentes , un concours a Ă©tĂ© ouvert pom* les instituteurs auxquels vous avez demandĂ© des mĂ©moires sur l'historique de leurs com- munes. Quatre concurrents ont rĂ©pondu Ă cet appel ; si la com- mission chargĂ©e d* examiner les travaux a pu signaler quelques lacunes et chercher Ă provoquer des efforts encore plus grands en ne proposant pas de premier prix , elle a cependant trouvĂ© de justes motifs pour encourager les auteurs dont les noms vont ĂȘtre proclamĂ©s et auxquels vous ĂȘtes invitĂ©s Ă remettre leurs rĂ©compenses. âą Messieurs, une Ă©numĂ©ration dĂ©taillĂ©e et complĂšte des tra- vaux de la SociĂ©tĂ© serait bien longue et d'ailleurs nos pubh- cations les livrent Ă votre apprĂ©ciation. Permettez -moi en terminant d'appeler encore un instant votre attention sur un nom qui semble devenir plus rare dans les bulletins. Ce nom est celui d'un des fondateurs de la SociĂ©tĂ©, que le rapporteur, lors de la solennitĂ© de la Sorbonne, M. ChabouiUet, citait comme Tune des colonnes de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique d'Eure-et- Loir je viens vous demander de joindre vos instances aux miennes pour obtenir de M. Lecocq qu'il consente Ă dĂ©lier, Ă votre profit, quelques-unes de ses liasses pleines d'Ă©tudes qui, comme celles qu'il nous a donnĂ©es, sont, vous pouvez en ĂȘtre certains, du plus haut intĂ©rĂȘt pour notre histoire locale. Ainsi que j'ai eu l'honneur de vous le dire, le nombre de nos collĂšgues augmente d'une maniĂšre constante , et nous comp- tons aujourd'hui 421 membres titulaires. Malheureusement, avec notre nombre s'accroissent aussi les douloureuses chances de deuil ; c'est ainsi que nous avons successivement perdu MM. Lanctin, de Courville; ChevauchĂ©, de Chartres; Juteau, Emile, enlevĂ© encore jeune Ă ses travaux de nos chemins de fer dĂ©partementaux, qu'il dirigeait comme ingĂ©nieur; l'abbĂ© Singlas , vicaire de Saint-Pierre de Chartres , victime d'un acci- dent terrible ; Edouard Goupil, ancien conseiller d'Ătat, restĂ© bien longtemps et jusqu'au moment oĂč ses forces vinrent Ă le le trahir, le reprĂ©sentant au Conseil gĂ©nĂ©ral du canton de Senonches. » Puis, MM. Raymond Bordeaux, dont vous avez pu ap- plaudir plusieurs fois, l'Ă©loquence sĂ©duisante; â 2G0 â » Aubry , Ă©diteur parisien bien connu. » Firmin Didot, dont il suffit de citer le nom pour rappeler en mĂȘme temps Timportance de la perte que nous avons faite. 10 Le baron Guilhermy, Tun des archĂ©ologues de France le plus profondĂ©ment Ă©rudit. » A cette liste dĂ©jĂ trop longue , il faut encore ajouter celui de M. Ozeray, le fils de Thistorien du pays chartrain, qui se sentait reliĂ© Ă la ville de Chartres, par les souvenirs de famille et, malgrĂ© son Ă©loignement, avait voulu devenir votre collĂšgue. » Ces derniers noms viennent prouver combien notre antique ville de Chartres sait rester gravĂ©e dans la mĂ©moire , mĂȘme de ceux qui Tout quittĂ©e, ou n'ont fait que la visiter. Vous trouve- rez Texplication de cette influence en reportant votre pensĂ©e sur notre cathĂ©drale. Certes, Paris possĂšde et continue Ă cons- truire de splendides monuments ; en ce moment encore , il rĂ©u- nit les lichesses du monde entier dans un immense palais que vous voudrez visiter, et cependant vous en reviendrez pour ad- mirer de plus en plus, et au dessus de toute autre, cette Ćuvre de nos pĂšres, notre merveilleuse cathĂ©drale de Chartres. âą Le SecrĂ©taire lit ensuite, au nom de M. Bourdel empĂȘchĂ©, une piĂšce de vei's intitulĂ©e A une jeune MariĂ©e quittant sa famille, A UNE JEUNE MARIĂE QUITTANT SA FAMILLE. Lorsqu'une rose printaniĂšre, Aimable enfant de nos vallons , Porte sur la rive Ă©trangĂšre Le frĂȘle espoir de ses boutons , On craint que la jeune exilĂ©e Ne vive pĂąle , Ă©tiolĂ©e , Loin des feux du soleil natal, Et qu'une main indiffĂ©rente Ne verse une eau moins abondante A son calice virginal. Ainsi, quand la vierge timide Qu'enchaĂźne un serment solennel» Pour l'exil oĂč Thymen la guide S'arrache au doux nid materneU On craint pour son Ăąme ingĂ©nue â 2ii D'un regret la peine ir EL les plciini pour ses yeux si doux -. Un que son cĆur, pat;G incomprise , faute il'un regard qui la lise, , Ne se ferme A jamais pour tous. lin soupir plein d'inquiĂ©tude \ trahi l'instant des adieux ; l!t l'effroi de la solitude A trouble l'Ă©clat de ses yeux, c^ trĂ©sor, unique pensĂ©e. Par vingt ans d'amour caressĂ©e, Enrichit l'heureux ravisseur ; Une niĂ©re en vain le rĂ©clame Comme la moitiĂ© de son dme. L'ingrat se rit de sa douleur. Pourtant, cher ange, Ă ta naissance Qui le recueillit dans ses bras. Qui soigna ta dĂ©bile enfance Et dirigea tes premiers pas? Dans tes yeux qui mieux a su lire. Qui surprit ton premier sourire, De ton Ăąme divin reflet? Kuit et jour aimante, attenllve. Qui calma ta bouche plaintive PrĂšs de son sein gonflĂ© de. lait ? Fatal destin pensĂ©e amĂ©re ; Tout s'oublie nu martel sĂ©jour. Ta mĂšre un jour quitta ta mĂšre Tu dois la quitter Ăč ton tour. Il faut de nouvelles caresses En retour des chastes ivresses Dont l'bymen l'offre le tableau ; âą Adieu candeur, fleur enfautine ; . . . Voici l'amour, flamme divine. Qui s'allume auprĂšs d'un berceau. Cen est fait , plus d'insouciance , De fous ris , de folĂątres jeux . . . BientĂŽt la triste eipĂ©rience Plissera ton front soucieui. Un nouvel horizon se lĂšve Qui va dissiper le doux rĂȘve OĂč se mirait ton beau printemps ; L'hymen est fertile en naufrages; Mais, loii des vents et des orages , Il cache aussi des nids charmanis. Adieu donc, belle enchanlereBse , Accomplis on noble destin, DĂ«pands les trĂ©sors de tendresse Que le ciel a mis dans ton sein. Sois bonne Ă©pouse, heureuse mĂšre. Que ton passage sur la terre Soil conome ud doux rayon des deux, Rt quand viendra l'heure suprĂȘme OĂč tout nous fuit. . . l'amitic mĂ»me, Qu'un bon lils te ferme les yeux. AprĂšs cette lecture , le SecrĂ©taire proclame les noms des iosti- uteurs qui ont obtenu les pris du concours d'archĂ©ologie ocale, d'histoire et de gĂ©ographie Ă©tablis ett leur faveur pour 'annĂ©e 1877. M. Le Goux donne ensuite lecture d'une remarquable piĂšce le vers intitulĂ©e Us ItiĂąnes de l'Abbaije de Coulombs. LiiS RUINES DF, I.'ABBAYK DE COULOMBS. I. Au fond de la vallĂ©e oĂč l'Eure nonchalante Dort sous les peupliers, dans un lit de roseaux. Il est une oasis dont la l>elle indolente RĂ©nĂ©chil les massifs opulents dans ses eaux. On se sent attirĂ© vers ce charmant rivafcc; La nature s'y taille, en toute libertĂ©. Le nouveau vĂȘtement de sa virginitĂ© Dans la sombre futaie et la flore sauvage. En sondant du regard ces ombrages obscurs. On entrevoit, parmi les arbres gigantesques, Des vestiges d'Ă©glise et de grands pans de murs Que le lierre a couverts de fĂ»lles arabesques. Sous la mousse el les Qeurs du voile somptueux Dont le Temps a parĂ© la ruine envahie. Gisent les ossements d'une antique abbaye , Comme un mort sous les plis d'un linceul fastueux ; - 263 - II. Ecoutez le rĂ©cit gravĂ© dans ma mĂ©moire Du lent abaissement de ce royal sĂ©jour Mon pĂšre en fut tĂ©moin , et la lugubre histoire Il me l'a racontĂ©e en ces termes un jour En Tan quatre-vingt-treize, enfant, le monastĂšre » Portait si fiĂšrement le poids de sa splendeur, » Qu'aprĂšs le premier coup de hache, la Terreur, » N'osant pats l'achever, le laissa solitaire ! . . . . » Mais, plus cruelle, h^las! la SpĂ©culation, » Accourue Ă l'appel de l'Encan, son complice, » Livra l'auguste asile aux tourments du supplice » Et prononça TarrĂȘt de sa destruction ! . . . . » Je la vis assouvir ses appĂ©tits rapaces » En scrutant la valeur de l'immense trĂ©sor , » Mettre le temple nu , s'armer de lourdes masses » Et frapper le rocher pour faire jaillir l'or ; » Je la vis fauve , en proie Ă la rage stupide , » Broyer sous le pilon les antiques vitraux » Et pĂ©trir en lingots, sous sa griffe cupide, » Les nervures de plomb des splendides tableaux Ăź . . . » Elle prĂ©fĂ©rait l'or Ă la perle enchĂąssĂ©e ; » L'art gisait, Ă ses yeux, dans le prix du mĂ©tal; » De mĂȘme elle eĂ»t brisĂ©, sans regrets, l'insensĂ©e, » Un Dieu de Phidias pour vendre un piĂ©destal ! » Ce n'Ă©tait rien encorĂź .... Devant la multitude » Haletante et le cĆur serrĂ© dans un Ă©tau. » Le colosse croula ! La triste solitude , » Sur le corps en dĂ©bris , Ă©tendit son manteau ! » Je regardai mon pĂšre. A ce sombre passage, Je vis , de pleurs amers , ses yeux bleus se ternir ; Puis, l'indignation lui cinglant le visage, Pour flĂ©trir le fatal et poignant souvenir. Il dit Depuis ce jour, la ruine inhumĂ©e, » Ainsi qu'une martyre , en hĂąte et sans cercueil , » DisparaĂźt sous l'ortie Et, de sa renommĂ©e, » Notre pays porte le deuil ! . . . . » Depuis ce triste jour, ceux dont le privilĂšge » Fut d'ĂȘtre les bourreaux du sacrĂ© monument, » De porter sur l'autel une main sacrilĂšge, » Sont tous morts misĂ©rablement ! » Depuis ce jour maudit, la malheureuse France, » Gomme un homme frappĂ© soudain de cĂ©citĂ© , » TrĂ©buche dans la nuit , erre sans espĂ©rance , » Prend Terreur pour la vĂ©ritĂ© Ăź » Car toute nation meurt quand elle dĂ©pose » Le flambeau de la Foi qui brillait dans sa main ; » L'esprit s'est envolĂ© ; le corps se dĂ©compose ; » Ce n'est plus tju'un cadavre humain Ăź . . . . » IIL 11 m'en souvient encor; dĂšs ma plus tendre enfance. Je suis venu troubler les paisibles Ă©chos De ce dĂ©sert sauvage , et l'Ă©temel repos Du gĂ©ant Ă©tendu sans force et sans dĂ©fense ; Insouciant alors je foulais ces dĂ©bris ; Mon pas distrait faisait rouler dans la poussiĂšre , Parmi les Ă©glantiers et les lilas fleuris , Ces fragments dĂ©licats , ciselĂ©s dans la pierre , Qui furent le triomphe et l'orgueil du passĂ© Ăź Ah ! si mon pAle verbe avait le don de vie Et qu'il pĂ»t arracher la mort inassouvie Du squelette blanchi qu'elle tient enlacĂ© ! Si je sentais en moi s'opĂ©rer le mj'stĂšre Du pouvoir surhumain qu'inocule la Foi ; Si , dominant la fosse oĂč gĂźt le monastĂšre , Je criais Ă mon tour Lazare , lĂšve-loi ! . . . . » Et que cette ruine informe , Rassemblant, Ă ma voix, ses dĂ©bris dispersĂ©s, DressĂąt sa silhouette Ă©norme. Gomme, Ă l'appel du Christ, firent les trĂ©passĂ©s, Alors ! . . . . Non, c'est fini I Sur ces arcs sĂ©culaires A passĂ© le niveau des rĂ©volutions ; Ce qui devait survivre aux gĂ©nĂ©rations A croulĂ© sous l'assaut des vagues populaires ! . . . . De l'antique chef-d'Ćuvre, il ne reste en ces lieux Que de pĂąles tĂ©moins ; la beautĂ© primitive Du temple magnifique oĂč priaient les aĂŻeux N'est plus, semblable aux morts, qu'une ombre fugitive. Dans un vaste rayon, les restes profanĂ©s Sont dispersĂ©s ainsi que des cendres impures Et, sur tous les chemins, pauvres abandonnĂ©s. Ils montrent aux passants leurs profondes blessures ! 265 - IV. Ils sont donc Ă©coulĂ©s ces jours oĂč, dans les cieux, Les clochers, confiants en leurs larges assises, A de telles hauteurs montaient audacieux, Qu'ils noyaient dans Tazur leurs formes indĂ©cises ; OĂč, tout ensoleillĂ©s, les vitraux merveilleux Ckuvraient d'or, de rubis, les marbres, les porphyres; OĂč les chĂąsses des saints et des vierges martyres Gardaient aux affligĂ©s leurs dons miraculeux ; OĂč brillait aux flambeaux la superbe opulence Des chasubles, des croix, du massif ostensoir, Quand, sous la voĂ»te obscure, avançait en silence Le cortĂšge imposant des offices du soir I . . . . Pourtant, il Ă©tait beau de voir, dans la vallĂ©e. Les fidĂšles descendre Ă travers les sillons , Quand les cloches d'airain de la tour Ă©branlĂ©e Saluaient une fĂȘte avec leurs carillons ; n Ă©tait beau de voir, dans cette auguste enceinte , Du peuple prosternĂ© se recueillir les flots , D'entendre l'orgue Ă©mu pousser vers Dieu sa plainte , Se faire voix humaine et pleurer Ă sanglots ! . . . La lumiĂšre, l'encens , les fleurs , les harmonies. Les psaumes de David remplissaient le saint lieu. Et la foule, accourue Ă ces cĂ©rĂ©monies , S'en retournait meilleure elle avait priĂ© Dieu ! Mais il Ă©tait Ă©crit qu'il sonnerait une heure OĂč se consommerait la profanation , OĂč l'on verrait s'asseoir dans la sainte demeure , Gomme un hĂŽte inconnu , la DĂ©solation ! . . . V. LĂ , s'Ă©taient retirĂ©s , fuyant les bruits du monde Et les luttes sans trĂȘve oĂč s'usent les mortels , Des hommes animĂ©s par cette foi profonde Qui fait vivre et mourir Ă l'ombre des autels. Tome VL A-F. 19 â 266 - Lorsque la Mort venait les loucher de son aile . Que , sur eux , le suaire avait roulĂ© ses plis , Leurs restes , inhiunĂ©s en pompe solennelle , Sous les dalles du temple , Ă©taient ensevelis. CloĂźtres dĂ©mantelĂ©s , piliers , arceaux de pierres Qui couvrez de dĂ©bris leurs funĂšbres caveaux , Dites-nous leurs combats intimes , leurs priĂšres , Leur gĂ©nie enfantant les plus nobles travaux ; Dites , avec quel art et quelle patience , Ces servants du Seigneur, ces savants ignorĂ©s Labouraient sans repos le sol de la science, Fertilisaient des champs encore inexplorĂ©s ; Mais dites-nous surtout quelles divines flammes , Quelle aspiration vers le CrucifiĂ© Purifiaient leurs corps, transfiguraient leurs Ăąmes. Dans ce lieu que le culte avait sanctifiĂ© Ăź Sans doute, ils y trouvaient le silence et le calme; Mais qui donc a sondĂ© le fond du cĆur humain ? Qui donc ignore encor que la sanglante palme Peut se cueillir au bord du plus riant chemin? Ah ! que mon vers vengeur leur rende au moins justice Ils ont posĂ© leur pierre Ă ces fondations Qui supportent la France ainsi qu'un Ă©difice Conçu pour abriter cent gĂ©nĂ©rations ! Et quEind ces ouvriers , chassĂ©s par la colĂšre , Sont tombĂ©s, dispersĂ©s aux quatre vents du ciel. Nous leur versons encor Topprobre pour salaire. . . Comme si leur calice avait manciuĂ© de fiel !.. . VL peuple , tes flatteurs , en des strophes sublimes , T'ont sacrĂ© le plus noble et le plus gĂ©nĂ©reux Respecte alors la tombe oĂč dorment les victimes Et viens , viens mĂ©diter sur ces dĂ©bris poudreux ! Regarde Ăź tout est mort , tout s'elTondre et s'Ă©croule ; Le rĂąle s'est Ă©teint ; le meurtre est consommĂ© ! . . . Un bloc qui se dĂ©tache , ime pierre qui roule Troublent seuls , dans la nuit , le calme accoutumĂ©. Le sol bouleversĂ© semble un champ de bataille OĂč gisent , confondus , colonnes , chapiteaux , Rois et saints mutilĂ©s dont la pierre de taiUe Fait de rigides morls roulĂ©s dans leurs manteaux ! â 267 â Sous un reste d'ogive , une Vierge ignorĂ©e S'enveloppe de deuil , de silence et d'oubli ; âą Elle fut Notre-Dame , alors tant implorĂ©e ; Mais son culte, avec elle, est bien enseveli! A ses pieds, des tombeaux mĂȘlent, dans la poussiĂšre, Leurs fragments disloquĂ©s aux contre-forts dĂ©truits Ei Ton peut lire encor, sous les feuilles du lierre , Des titres , de grands noms, mot Ă mot reconstruits. Us ont tous conservĂ© leurs lignes symĂ©triques Aux abbĂ©s, figurĂ©s les mains jointes, priant. Et foulant sous leurs pieds des monstres symboliques , Gomme fait, du dĂ©mon, T Archange souriant. Ils devaient nous garder les pieuses mĂ©moires De ces champions du bien, morts dans TobscuritĂ© ; Ils Ă©taient les tĂ©moins de nos plus pures gloires Et devaient dormir lĂ durant l'Ă©ternitĂ©. Mais, conmie l'OcĂ©an dont la masse flottante Engloutit ce qu'hier elle avait caressĂ© , La pauvre humanitĂ© , dans sa marche inconstante , Brise, sur son chemin, les Ćuvres du passĂ©!... Cest tout ! ... Et nul ne sait si ce pĂąle vestige Ne disparaĂźtra pas sous quelque triste arrĂȘt, Gonmie le bĂ»cheron rase , jusqu'Ă la tige. Le chĂȘne foudroyĂ© dans la sombre forĂȘt!... En attendant, blotti sous le feuillage austĂšre Des gigantesques pins qui couvrent les tombeaux , Le rossignol prĂ©lude. . . et la nuit solitaire Pour inspirer ses chants, allume ses flambeaux. Des oi^es qui charmaient la vieille basilique , On croit entendre encor l'harmonieux soupir Qui s'Ă©lĂšve vers Dieu, pur et mĂ©lancolique , Et, dans les profondeurs, va s'Ă©teindre et mourir ! . . . Juin 1852. A plusieurs reprises, il est interrompu par de vifs applaudis- sements. Enfin M. le PrĂ©sident accorde la parole Ă M. Ly-Chao-Pee, lettrĂ© chinois, chargĂ© d'un cours de chinois au collĂšge de France- - 268 - Le confĂ©rencier se prĂ©sente en costume national. 11 prend pour Rujet De la condition delĂ femme en Chine, comme fille , comme Ă©pouse et comme mĂšre. Dans un court et spirituel exorde, il explique quil garde son chapeau sur sa tĂȘte en tĂ©moignage de dĂ©fĂ©rence pour ses auditeurs, suivant Tusage de son pays. Il rĂ©clame Tindulgence pour les fautes de français qu'il pour- rait commettre, en dĂ©clarant qu'il est prĂȘt, pour contenter les lettrĂ©s, Ă parler en chinois. Il fait remarquer que les coutumes qu'il va dĂ©crire ne s'appli- quent qu'Ă la Chine proprement dite , comprenant dix-huit pro- vinces , celles des autres provinces de l'Empire , comme la Mon- golie , la Tartarie , prĂ©sentant de notables diffĂ©rences. DĂšs rage de sept ans , les jeunes filles sont sĂ©parĂ©es des gar- çons et sĂ©questrĂ©es jusqu'Ă l'Ă©poque de leur mariage , sous la surveillance de leurs mĂšres , quileur apprennentĂ lire, Ă Ă©crire, Ă broder sur la soie, Ă jouer de la guitare. Elles ne jouent pas » encore du piano, ajoute-t-il , mais elles l'apprendront bientĂŽt. Il n'y a pas en Chine de pensions comme en France. Personne n'ignore que l'on dĂ©forme le pied des jeunes chi- noises vers l'Ăąge de quatre ou cinq ans. Cette dĂ©formation s'opĂšre, non pas de la maniĂšre dĂ©crite par certains Ă©crivains, ou plutĂŽt Ă©crivassiers expression du confĂ©rencier, mais Ă l'aide de bandelettes. L'orteil est relevĂ© presque perpendicu- lairement, le talon ramenĂ© complĂštement par dessous. Le pied devient trĂšs-Ă©troit et trĂšs-court; les petites filles marchent assez facilement, mais les femmes de vingt ans qui ont le poids du corps beaucoup plus grand , ne peuvent pas courir du tout , aussi, en Chine, ajoute finement le confĂ©rencier, rencontre-t-on peu de coureuses. M. Ly-Chao-Pee dĂ©crit ensuite les cĂ©rĂ©monies du mariage, passe en revue l'institution du grand deuil de trois annĂ©es, rĂ©glĂ© par Coufuciusen l'honneur des parents et en reconnaissance des soins qu'ils ont donnĂ©s aux enfants pendant les trois premiĂšres annĂ©es de la vie , les occupations de la femme rĂ©lĂ©guĂ©e dans un appartement Ă part, et se plaisant dans cet isolement Ă cause des cadeaux que lui fait son mari^ le respect dont les veuves sont entourĂ©es, les rĂšgles de la polygamie prescrites par Confu- cius, le grand lĂ©gislateur des Chinois, la vĂ©nĂ©ration dont la mĂ©- moire des ancĂȘtres est universellement l'objet, etc., etc. j - 269 - M. Ly-Chao-Pee proteste contre ce qui a Ă©tĂ© dit de la frĂ©- quence du meurtre des enfants par leurs pai'ents. C'est une calomnie qu'il lient, lui chinois pur sang, Ă relever pour l'hon- neur de son pays. D'ailleurs, la population de la Chine proprement dite, qui s'Ă©lĂšve Ă 404 millions d'habitants , est la meilleure rĂ©ponse Ă cette erreur propagĂ©e par des auteurs qui n'ont jamais visitĂ© la Chine. L'orateur termine avec la persuasion que la Chine, grĂące Ă ses relations de plus en plus nombreuses avec l'Europe, grĂące aux missions qui viennent Ă©tudier les mĆurs et les institutions de notre patrie , marchera Ă grands pas dans la voie de la civili- sation. C'est par ce dĂ©sir qu'il clĂŽt sa confĂ©rence, en remerciant l'au- ditoire de sa bienveillante attention , et en disant Vive la » France, vive le dĂ©partement d'Eure-et-Loir si sympathique, » Vive la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique d'Eure-et-Loir. » Cette pĂ©roraison est accueillie par des applaudissements rĂ©pĂ©- tĂ©s, qui attestent Ă M. Ly-Chao-Pee que sa confĂ©rence spiri- tuellement conduite d'un bout Ă l'autre a causĂ© la plus vive satisfaction. M. de Saint-Laumer adresse des remerciements Ă l'honorable confĂ©rencier pour le plaisir qu'il a su procurer Ă tous. La sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures et demie. SĂANCE DU 4 JUILLET 1878. PrĂ©sidence de M. A. de Saint-Laumer. â M. Met-Gaubert , secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart ; le procĂšs- verbal du 2 mai est adoptĂ©, aprĂšs l'observation d'un membre qui manifeste le dĂ©sir que, dĂ©sormais, le SecrĂ©taire ait seul la responsabilitĂ© de la rĂ©daction des procĂšs- verbaux. - 270 - Ătaient prĂ©sents MM. de Saint - Laumer , Met - Gaubert , Barois, Bellier de la Chavignerie, de Bertheville, labbĂ© Collet, Dubreuil, Germond P., les abbĂ©s GuĂ©rin, Haret, Haye et HĂ©nault, Hue, Joliet, Lecocq, Legi*and, abbĂ© Pardos, Ravault, Ricour, abbĂ© Sainsot, SĂ©dillot. Suit la lecture du procĂšs-verbal de la sĂ©ance publique an- nuelle tenue Ă SaĂźnte-Foy le jeudi 6 juin dernier. Quelques rĂ©flexions sont prĂ©sentĂ©es Ă propos de la question de l'infanticide en Chine, traitĂ©e par M. Ly-Chao-Pee. Une rectification sera opĂ©rĂ©e. Le procĂšs-verbal est adoptĂ©. A ce sujet survient Tobservation suivante Un jeune Ă©lĂšve du collĂšge , M. Emile Pichon , a stĂ©nographiĂ© entiĂšrement la confĂ©- rence du lettrĂ© Chinois ; rimprimera-t-on in extenso y on bien se contentera-t-on du rĂ©sumĂ© succinct donnĂ© par le secrĂ©taire? â Une premiĂšre proposition est faite du renvoi Ă la Commis- sion de publication ; elle n'est pas adoptĂ©e. Suit Tavis d'un membre qui estime que nous ne devons pas dĂ©roger aux habitudes d'autrefois concernant les prĂ©cĂ©dents confĂ©renciers et demande Timpression seulement du compte- rendu fourni par le SecrĂ©taire. L'assemblĂ©e accueille cette der- niĂšre proposition, tout en votant, Ă lunanimitĂ©, des remercie- ments en faveur du jeune stĂ©nographe Pichon auquel sera donnĂ© un exemplaire du prĂ©sent procĂšs-verbal, conune marque d'estime particuliĂšre. M. le PrĂ©sident annonce qu'il a remis Ă M. Ly-Chao-Pee le diplĂŽme d'honneur et la mĂ©daille d argent votĂ©s par la SociĂ©tĂ©; il est chargĂ© de transmettre Ă tous ses confrĂšres les remercie- ments empressĂ©s du savant Chinois. Lecture par M. l'abbĂ© Haret d'un travail sur SaulniĂšres, roulant presque entiĂšrement sur la lĂ©gende de saint MamĂšs et sur le culte rendu Ă sainte RadĂ©gonde. â Renvoi Ă la Conunission de publication. M. JoUet ht une piĂšce de vers qu'il a composĂ©e Sur la Chasse » , et qui Ă©tait destinĂ©e Ă ĂȘtre lue au banquet des anciens Ă©lĂšves du collĂšge de Chartres. MA CINQUANTAINE. Je cĂ©lĂšbre la cinquantaine D'un mariage de raison. Avec l'IIniveraitĂ© Ăź Non La date hĂ©las ! est plus loinUine , Oii chez Maupoint nous Ă©tions six Forts Ă la balle . en vers , en thĂšme , A la barbe de la cinquiĂšme Raflant tout accessit et prix. A l'heure oĂč moussa le Champagne Kntr'amla je bois au dessert A ma cinquantiĂšme campagne Au rĂ©giment de e^nt Hubert. Oui , voilĂ le dixiĂšme lustre Qu'en cette compagnie illustre J'appartiens aux corps rĂ©guliĂšre. En ce temps-lĂ , c'Ă©tait l'usage, Nous Ă©tions un peu braconniers. Le siĂšcle est vieux partant plus sage. En vaut-il mieux? Les grands parents Par systĂšme Ă©taient indulgents. Cest dans l'ĂšCit pathologique Qu'est le point phyĂčolt^ique. L'anĂ©mie et les maux de nerfs Begardent le monde en travers Et prĂȘchent l'horreur du scandale. Mal bleu portĂ© , mal de bon ton , La goutte lĂąchait un Juron , Les Ă©pices d'une morale Intermitlenle en ses accĂšs. Nos pĂšres Ăšt^ent bien Français. Un peu lĂ©gĂšre en toul» choses , Souvent railleurs, jamais pĂ©dants. N'avwent-ila pas eu leur vingt ans. Et cueilli les premiĂšres roses Dans l'Ile de CythĂšre Ă©closes , Ce joli mois de florĂ©al? Le poĂšte aimable et facile Qui chanta notre Tour-de- Ville , Notre honorable principal. â 272 â N'allait pas , pour une misĂšre , Faire un rapport au MinistĂšre , Ou nous rabĂącher en sermon L'^ mores de feu CicĂ©ron. S'il advenait sur la riviĂšre Qu'on s'oubliĂąt pour un goujon. Avec un pistolet Ă pierre On tirĂ»Uait dans un buisson ; A l'exemple des fils Aymon , N'ayant qu'un cheval pour combattre , Nous avions un fusil pour quatre. Quand on est jeune tout est bon ; MĂȘme Ă Fontenay de la glace Quand si mince Ă©tdt la surface , Ou dans l'Ă©tang de Villebon Un bain pour une bĂ©cassine , Quand la cloche, Ă coup redoublĂ©, Nous rappelait, Ă la cuisine, Les pĂ©rils d'un rĂŽti brĂ»lĂ©. Salut, forĂȘt de la GĂątine, OĂč nous avons tuĂ© six loups. Taime dans les chasses d'automne L'hospitalitĂ© percheronne , Le fin pichet de cidre doux , Le pommier complaisant qui penche Pour tout venant sa lourde branche. D'Authon j'admire les coteaux Aux horixons toujours nouveaux. TĂ©tait le rendez-vous des liĂšvres. Que j'aimais, le cigare aux lĂšvres. Causant au revers d'un fossĂ©, Attendre les chiens au lancĂ© ! Paime le Perche mais peut-ĂȘtre Ainsi que les heureux amants Que nous voyons , dans les romans , Toujours pendus Ă la fenĂȘtre , Les chasseurs trouvent dans les champs. Des plaisu*s trop mĂȘlĂ©s d'Ă©pines , Le long des haies , dans les sentiers , Que de ronces et d'Ă©glantiers Allongent leurs griffes taquines , Et qu'il faut gravir d'Ă©chaliers I IC^ous sommes enfants de la plaine» - 273 - Bit un poĂšte Beauceron ' Bien ne borne notre horizon , Bien ne s'oppose Ă notre haleine. L'espace c'est notre domaine. A nous l'espoir illimitĂ©. Le bonheur c'est la libertĂ©. A Saint-LĂ©ger, Nogent-le-Phaye, Viabon, Tachainville, Umpeau, BerchĂšres, Crache, la Saussaye, Ou de la ferme ou du chĂąteau , Nous partions dĂ©ployant la ligne, En chemin souvent rencontrĂ©s Par d'autres bataillons serrĂ©s Et bientĂŽt forçant la consigne , Gourant, tirailleurs Ă©garĂ©s, AprĂšs des perdreaux effarĂ©s, On arrivait tous, pĂȘle-mĂȘle, A certain bois, oĂč, comme grĂŽle , Le plomb tombait sur les perdreaux , Et parfois cinglait nos chapeaux. Au dĂ©jeuner assis sur l'herbe Chacun exhibait ses exploits. ElzĂ©ar-Blaze Ă©tait superbe Contant ce qu'il fut autrefois. Il saupoudrait de sel gaulois Ces leçons d'art cynĂ©gĂ©tique Qu'avec tant de verve comique Conte un de nos concitoyens Qui donne son esprit aux chiens V Un dĂ©putĂ©, rentrant bredouille, Dans un papier, comme un trĂ©sor, Montrait trois brins de poil , dĂ©pouille D'un animal qui court encor. Avec Trilby, Nida , Diane Jadis je moissonnais. Je glane , Heureux encore, quand je vieillis, De ramasser quelques Ă©pis. Cest dans le drame de la chasse Le moment plein d'Ă©motion , Le nĆud vital de l'action , * Charles Caillaux. La Plaine et la Mer, » M. de Cherville. - 274 - Quand le chien , aspirant la trace , Ferme et souple sur ses jarrets, Va multipliant les arrĂȘts. Des animaux de noble race , Ainsi les peintres de portrait Snyders, Oudry, Jadin, Desporte, Du chien qui quĂȘte ou qui rapporte Ont fait le hĂ©ros du tableau. GrĂące au coup de fusil qui porte Par malheur parfois Ă cĂŽtĂ© , Si le dĂ©nouement est ratĂ© , MĂ©dor revient de la bataille L'air penaud et dĂ©sappointĂ©, Et va mĂ©diter sur la paille Les travers de l'humanitĂ© ; Dans la lutte pour l'existence Le salut c'est la mĂ©fiance Aussi voit-on que la perdriy , FormĂ©e Ă l'Ă©preuve crueUe Du plomb qui dĂ©chira son aile Et qui dĂ©cima ses petits , En vigilante sentineUe Guette attentive au moindre bruit , Elle part , sa famille suit. Pour le salmis ou pour la broche , Toujours de bonne volontĂ©. La caille , en sa simplicitĂ© , Sous le nez du chien qui s'approche Part ou va donner dans la poche Du braconnier, fĂącheux rival Des porteurs d'un fusil lĂ©gal. Ainsi l'ignorance s'accroche Aux piĂšges d'un amour banal. A sa facile complaisance J'ai dĂ» parfois la royautĂ©. L'honneur sauf... toujours l'espĂ©rance Bonheur des jours d'adversitĂ© ; Mais ces prudentes voyageuses Quand nous grelottons en Ă©tĂ© S'en vont douillettes et frileuses Vers des rĂ©gions plus heureuses. Le liĂšvre se perd , j'en conviens , Dans les temps antĂ©diluviens. â 275 â Cependant un plaisir nous reste , Celui de dire Ă nos enfants Allez, prenez la clef des champs. Vous avez rĆil bon, le pied leĂte; Comme vous fĂȘtais Ă vingt ans. Vos pas ont devancĂ© raurc»^ Et je l'attends. Nos bois sont beaux ; Dans la brume qui s'Ă©vapore Le soleil perce , un rayon dore Le cimier tremblant des bouleaux. Joyeusement chantent les merles , Et Ton voit de colliers de perles Se couronner les baliveaux ; La lumiĂšre joue et se brise Et de reflet d'opale irise Les diamants et les rubis. Mais gardez-vous bien des taillis. Cest entrer dans une baignoire OĂč Ton attrape, et j'y fus pris, Des rhumatismes et la gloire. RĂ©servons-nous , tant bien que mal , Pour le dĂ©filĂ© gĂ©nĂ©ral. Au jour de la grande revue J'attends mon Ă»ls pour la battue. Vous trouverez dans le fossĂ© , Peut-ĂȘtre des cartouches vides , Des heures de plaisirs rapides , Seul tĂ©moin par le temps laissĂ©. Fune Ă©tape , quand , chaque annĂ©e , Il faut abrĂ©ger ma journĂ©e, Au bois que vais-je faire? Rien. C'est pour la santĂ© de ma chienne Dont les doux yeux parlent si bien Son plaisir plus que pour le mien , Que tous les jours je me promĂšne *. C'est perdre mon temps et ma peine , Me dh-iez-vous... Si la façon Et rĂ©tofife ne sont pas chĂšres , Qu'importe ? on sait qu'entre confrĂšres En saint Hubert, en Apollon Le temps perdu ne compte guĂšres. - 276 â Test quand les chiens sont en dĂ©faut Que la bĂȘte Ă demi-forcĂ©e Devant la meute fait un saut, Cest quand on s^Ă©veille en sursaut , Que soudain jaillit la pensĂ©e Et plus \ive et mieux condensĂ©e ; Qu*un bouquin part au dĂ©boulĂ© Proh pudort et n*est pas roulĂ©. Perdreau manquĂ© n'est pas un crime. Chacun s'en prend , en cas pareil , Au vent, Ă la pluie, au soleil *. On peut bien accuser la rime. De battre les champs , de rimer , PlaisĂ»*s innocents qu'on se donne , Pourquoi se dĂ©saccoutumer ? Gela ne fait tort Ă personne. GrĂące Ă saint Hubert, Dieu pardonne Aux chasseurs de menus mĂ©faits. Casser la tĂšte Ă nos carottes Est-ce un pĂ©chĂ© ! Non les navets S'il s'en rencontre sous nos bottes Pour se plaindre sont trop discrets. S'il en est d'autres que les haies , L'abri complaisant des futaies Tenait cachĂ©s , qu'en se vantant Raconte un chasseur qui s'oublie , Quand avec le moka fumant , D'un bon dtner, gai complĂ©ment , La langue aisĂ©ment se dĂ©lie, Chacun regrette , en l'Ă©coutant , De n'en avoir pas fait autant. S'il est de gentilles bergĂšres, C'est peut-ĂȘtre aux bords du Lignon , Sur l'Eure ou la Voise on n'est guĂšre Sujet Ă la tentation. Je sais, pourtant, oĂč l'herbe est douce Les pommiers largement ouverts , Les saules creux , les chĂȘnes verts , OĂč l'on peut sur un lit de mousse GoĂ»ter, allongĂ© sur le dos , La rĂȘverie et le repos. Sous le frĂȘle abri qui vous gare A l'aise allumer un cigare. Le bien , dit-on , vient en dormant , â 277 â Le vers se fabrique en fumant. A rheure oĂč je l'attends sous l'orme Parfois la fortune, au pas lent, Se montre. Un lapin est en forme Sur la fosse oĂč git un uhlan. Dans mes bois , une ou deux fois l'an , Un chevreuil que l'amour Ă©carte Loin de ses prudents compagnons Poliment me laisse pour carte L'empreinte de ses pieds mignons. Pour une plus noble conquĂȘte , Notre honorable prĂ©sident Nous convoque J'Ă©tais prĂ©sent Quand La Loupe nous vit en fĂȘte Au bruit retentissant des cors Rentrer avec un cerf dix cors. J'aime le gibier d'aventure Dans nos champs de grande culture ; Bien rares sont les Ă©trangers De l'hiver hĂŽtes passagers. Le musĂ©um , dans une armoire , Garde , si j'ai bonne mĂ©moire , Une outarde de ma façon , Et sa sĆur, la canepetiĂšre , Va bientĂŽt obtenir, j'espĂšre , Du digne hĂ©ritier d'un grand nom , Monsieur Geoffroy de Saint-Hilaire , Le prix d'acclimatation ! Les canards , comme la riviĂšre , Sont en congĂ© dĂ©finitif. Et c'est encore un fugitif, A ses amours un infidĂšle , Ce beau guignard tant regrettĂ© Qu'au devoir en vain on rappelle Pour l'honneur de notre pĂątĂ©. Je guette en vain Ă cette place OĂč tous les soirs au mĂŽme bois Je tirais la mĂȘme bĂ©casse. Rien ne va plus comme autrefois. VoilĂ qu'un visiteur Ă©trange, Un sanglier, de la vendange Avant que les bans soient ouverts , Ne trouve pas nos ceps trop verts. â 278 â Je Tai suivi, tout hors d*haleine. RĂ©veil, brave petite chienne , Tenait ferme dans un fourrĂ© D'Ă©pines trop bien rembourrĂ© ; En vain j'attendis au passage De nos forĂȘts ThĂŽte sauvage. Prodigue de pluie ou de vent Bien que le ciel assez souvent Verse sur nous la grande douche. Je l'aurai , j'en fais le serment. Serment de chasseur ou d'amant Sont cotĂ©s Ă la mĂȘme souche Au bureau d'enregistrement. C'en est donc fait du solitaire. Cest sans moi qu'on l'a mis par terre , Adieu musique de nos bois, Les chiens donnant Ă pleine voix I Suivant une trace efl^wßée Par quel chemin va la pensĂ©e ! Au carrefour d'AgnĂ©s-Sorel Des fanfares j'entends l'appel. Avec quelle joyeuse ivresse , Belles dames et cavaliers , Nous courions cerfs ou sangliers , Et quelquefois, je le confesse, On s'Ă©garait sous les halliers. J'Ă©tais heureux... d'ĂȘtre trop sage... Pavais vingt ans et le regret Faute d'argent dans mon gousset. J'avais un modeste hĂ©ritage, Quinze cents francs au nom du roi. Un cheval et deux chiens Ă moi , Et je tombai , par bonne chance , Dans cette ville oĂč prit naissance Le joyeux curĂ© de Meudon , Ville de plaisirs , de bombance, Bons vins , truffes et venaison. On dĂźnait chez Monsieur le Maire , On dansait chez le Sous-PrĂ©fet. Quelles pĂȘches dans la riviĂšre ! Quelles chasses dans les forĂȘts ! Les louvetiers, suivant l'usage, Pour les loups Ă©taient pleins d'Ă©gards, Tuer des enfants en sevrage â 279 â Fi ! mais rude guerre aux Louvards. Qu'il filait bien notre Ă©quipage Au grand dĂ©bouchĂ© du Ruchard , Vaste dĂ©sert ! lĂ , point d'obstacle Pour le galop , pour le regard. Oui , c'est un Ă©mouvant spectacle Quand le cerf est sur ses abois, Hommes , chevaux , chiens , sous le bois Semblent voler, de la curĂ©e Quand le cor donnant le signal Jette Ă l'Ă©cho de la contrĂ©e L'hallali , ce chant triomphal ! Est , ensuite , dĂ©posĂ© sur le bureau un mĂ©moire de M. Job , de Dreux, intitulĂ© Compte-rendu de l'AssemblĂ©e de la Noblesse tenue Ă Ih^eux par les DĂ©putĂ©s des Bailliages unis, le dimanche 21 juillet 1652. â Renvoi Ă la Commission de publication. Messieurs , Nous avons trouvĂ© derniĂšrement des renseignements prĂ©- sentant un certain intĂ©rĂȘt pour notre histoire locale; c'est le compte rendu d'une assemblĂ©e tenue Ă Dreux , le dimanche 21 juillet 1652, par les dĂ©putĂ©s des bailliages unis ; nous pensons que ce document peut trouver place dans les archives de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique d'Eure-et-Loir. » A cette Ă©poque de notre histoire, la France Ă©tait encore fortement terrifiĂ©e par les guerres de la Fronde; chacun en haut Heu, nĂ©gligeant les affaires principales du royaume, la marine, le commerce, l'industrie et l'agriculture, semblait n'agir que pour son intĂ©rĂȘt personnel , celui de sa famille ou bien aussi plutĂŽt pour satisfaire son amour propre ou son ambition. » Les plus grands hommes de guerre de France et d'Europe en venaient aux mains sans trop savoir pourquoi ; le trĂ©sor public Ă©tait au pillage par suite du dĂ©sordre apportĂ© dans les finances ; les provinces Ă©taient ruinĂ©es par les exactions , l'avi- ditĂ© des traitants et les fournitures des armĂ©es. » Nous n'avons pas l'intention de refaire l'histoire de ces temps malheureux, mais pour ne citer qu'un fait, nous voyons qu'en 1652, pendant le long sĂ©jour des troupes du prince de CondĂ©, tant Ă Villejuif qu'Ă Saint-Gloud, non-seulement les â 280 â moissons furent perdues , mais presque toutes les maisons de la campagne fm*ent dĂ©truites par l'incendie. » On criait bien Vive celui-ci, vive celui-lĂ , mais nous dou- tons qu'on ait parfois, pendant cette trop funeste pĂ©riode, pro- fĂ©rĂ© le cri de vive la France. » La Cour, souvent irrĂ©solue pendant la minoritĂ© de Louis XTV, flottait d'un parti Ă Tautre, et aprĂšs le combat du faubourg Saint- Antoine, le 2 juillet 1652, elle errait d'une rĂ©sidence Ă une autre, Ă Saint-Germain-en-Laye, Ă Saint-Denis, Ă Com- piĂšgne, Ă Meulan ; c'est dans cette derniĂšre ville que la rencon- tra la DĂ©putation de la mission de laquelle nous allons retra- cer le compte rendu textuel avec son orthographe et tel que le rapporte la chronique du temps. J. Job. Dreux, 29 juin 1878. RĂ©sultat de rassemblĂ©e de la Noblesse tenue Ă Dreux, par les DĂ©putez des Baillages vuis , le Dimanebe vingt-vniesme Juillet mil six cens cinquante-deux. Ensemble le RĂ©cit par le menu de ce que leurs DĂ©putez en cour y ont nĂ©gociĂ© , et de tout leur conduite. » AprĂšs que Monsieur d'Annery a estĂ© confirmĂ© pour SecrĂ©taire, et Monsieur Danjou nommĂ© pour PrĂ©sident, a estĂ© entendu de nos DĂ©putez vers le Roy, le rapport de tout ce qu'ils ont fait Ă la Cour en la maniĂšre qui ensuit. u Qv*avssi tost aprĂšs estre arriuĂ© Ă Melun Ă la pluralitĂ© des voix ils nommĂšrent Monsieur de Nossey pour PrĂ©sident de la DĂ©putation , tant pour porter la parole au Roy, que pour conduire tout le reste de la nĂ©go- ciation Ă ce necesaire ; ensuite de quoy il nomma les sieurs dis Bonneval et de S. lus, pour aller trouver Monsieur du Piessis Guenegault et luy dire comme les DĂ©putez du corps de la Noblesse assemblĂ©e Ă la Rocbe- guion estoient arriuez, et demandoient Ă parler au Roy suiuant la com- mission qu'ils en auoient, et qu'ils s'adressoient Ă luy pour cet effect. » Le dit sieur du Piessis Guenegault tesmoigna comme Monsieur de Liancourt aiu'oit rĂ©crit amplement et fauorablement pour ladite assem- blĂ©e au Roy, qui ensuite auroit tesmoignĂ© estre trĂšs-satisfait de leur conduite , qu'il parleroit au Roy de Tarrinéé des DĂ©putez , et sçauroit quand il plairoit Ă Sa MajestĂ© les Ă©couter et qu'il leur sçauroit ce dire, et Ă cet effect qu'ils prissent la peine de se trouver ebez la Reyne Ă l'issue du Conseil , sur les buict heures du soir. Auquel lieu et heure ledit sieur du Piessis Guenegault dit aux susdits qu'il auoit parlĂ© au Roy, et que le Roy luy auoit dit que nous nous trouuassions le lende- main matin cbez Monsieur le Garde des sceaux ; sur quoy ayant estĂ© rĂ©pliquĂ© Chez Monsieur le Garde des sceaux? auroit estĂ© dit Ouy, Messieurs , vous sçaurez oĂč il plaira au Roy vous entendre ; sur quoy I - 281 â fut lit derechef que quand nous irions chez ledit sieur Garde-des- sceaux, nous ne le pourrions quWn ou deux de nous, et non le corps de la Deputation. >* Cette nouvelle rapportĂ©e k T AssemblĂ©e des DĂ©putez, fut dit que tout sur le champ Ton retourneroit trouuer ledit sieur de Guenegault et luy feroit-on entendre positivement que nous ne verrions ny Mon- sieur le Garde-des-sceaux ny autre quelconque, que nous n'eussions eu l'honneur de voir le Roy , et que nous nous estions adressez Ă luy parce que c'estoit la forme ordinaire des Deputations ; et que si cette voie nous manquoit, nous vserions du droict de notre naissance, qui est d'aller au Roy sans moyens Ce qui fut Ă Tinstant exĂ©cutĂ© , et par lĂ nous connĂ»mes que Ton ne vouloit point nous receuoir en corps, mais comme des particuliers ; sur quoy fut toute la difficultĂ© qui dura non seulement ce soir, mais encore tout le lendemain, comme le tout sera plus particuliĂšrement expliquĂ©. AprĂšs cela il demanda Ă voir ce que nous voulions dire ou prĂ©senter au Roy , estant la forme ordinaire , ce qui fut encore refusĂ© , et fut dit que nous n'agirions Ă cela que de la mesme maniĂšre que Messieurs du ClergĂ© , auec lesquels nous nous esclercirions de cette matiĂšre *. nous ayant estĂ© dit que la Noblesse ne faisoit corps en France que pendant les Ăstats, et que Ton ne croyoit pas qu'ils tinssent encore; fut rĂ©pliquĂ© qu'ils faisoient en tout temps, et que l'on demandoit audience en cette qualitĂ©. » Fut dit en consĂ©quence que l'on ne sçauoit pas pourquoy l'on faisoit difficultĂ© de faire voir ce que l'on auoit Ă prĂ©senter au Roy, que cela leur donnoit du soupçon , que tout fraischement Messieurs du Parlement auoient eu audiance, qui d'abord auoient donnĂ© communication de l'Arrest de leur Commission Sur quoy fut dit que bien que nous ne nous rĂąlassions point sur Messieurs du Parlement, que neantmoins nous croyions que nos Messieurs ne feroient pas difficultĂ© de commu- niquer aussi l'arrestĂ© de la Rocheguion , mais non pas dauantage ; de quoy ledit sieur du Plessis-Guenegault ayant tesmoignĂ© estre satisfait luy fut dit que l'on luy en rendroit response en bref. » Ensuite aprĂšs l'auis de toute l'assemblĂ©e luy fut donnĂ© lecture de notre arreslĂ© de la Rocheguyon , lequel ayant veu il dit qu'il en feroit rapport au Roy en son Conseil, et qu'il nous sçauroit Ă dire la response. Ce qu'ayant estĂ© fait , il nous dit que le Roy nous entendroit le lende- main au soir. Auquel iour aprĂšs que nous eĂ»mes receu aduis de nous trouuer chez le Roy Ă l'heure du Conseil , le dit sieur Plessis Guenegault et le Maistre des CĂ©rĂ©monies nous vinrent quĂ©rir dans l'anti-chambre, et nous firent entrer douant le Roy , assistĂ© de la Reyne et de son Con- seil, que nous trouu&mes debout en cette scituation, le Roy ayant la Reyne Ă sa gauche, et tous les Ministres en deux hayes, au milieu desquels nous passĂąmes pour aller au Roy , auprĂšs duquel estant , aprĂšs auoir fait la reuerence, Monsieur de Mossey dit les paroles et ensuite prĂ©senta le cayer, dont l'impression a estĂ© cy-deuant faite pour en donner connaissance Ă tout le monde. Tome VI. F. 20 â 282 â w Sa MajestĂ© ayant entendu ce discours, etreceu trĂšs-fauoriiblement le cayer, repartit Ă peu prĂšs ces paroles-. Messieurs, ie suis satisfait de vos bonnes intentions ; le vous remercie de vos offres, et vous asseure de mon affection. A quoy la Reyne ajousta ; Messieurs , le Roy n'a garde qu'il ne soit satisfait de vos bonnes volontez, et qu'il ne fasse grand cas de sa noblesse , puisque vous estes le Corps le plus considĂ©rable de son EstĂąt. AprĂšs quoy les DĂ©putez faisant la rĂ©vĂ©rence se retirĂšrent. Le lendemain et autre suivant , les DĂ©putez virent soit en Corps, soit par petites troupes , Messieurs les Ministres sçauoir, Monsieur le Garde des sceaux , de Brienne , de Villeroy , de la Vieuuille , de Seruien et autres et leur tĂ©moignĂšrent la passion que toute la noblesse auoit de servir le Roy. Ensuite de ce , les DĂ©putez furent derechef introduits chez le Roy en la mesme maniĂšre que cy-devant, pour receuoir response le 25 juin dernier; aprĂšs qu'ils eurent fait la rĂ©vĂ©rence au Roy, assistĂ© de son Conseil qu'ils trouuerent en la mesme disposition que dessus, Sa MajestĂ© leur dit Messieurs, Monsieur le Garde des sceaux vous dira ma volontĂ©. » Sur quoy Monsieur le Garde des sceaux, aprĂšs auoir tesmoignĂ© l'estime que Sa MajestĂ© faisoit de sa Noblesse, laquelle, dit-il, il estime, chĂ©rit et honore, et ensuite qu'il eut tesmoignĂ© la satisfaction qu'elle auoit de ses bons sentiments et de ses offres vĂ©ritablement nobles ; conclud en substance que le Roy ne dĂ©sirant s'en seruir que dans la nĂ©cessitĂ© , entendoit que chacun se tint prest au premier ordre , et cependant de- meurast chez soy -, Qu'Ă TĂ©gard du reste du cayer , il contenoit trois chefs principaux la demande de la paix, celle des Estais GĂ©nĂ©raux , et le remĂšde des Gens de guerre. Quant Ă la paix il y travailloit de tout son possible, qu'il se trouuoit en force d'obliger ses ennemis Ă la receuoir bientost, et que s'ils ne le vouloient faire, qu'il espĂ©roit que Dieu beniroit ses armes et qu'il les foi-ceroit Ă se retirer. >' Qu'Ă l'Ă©gard des Estats gĂ©nĂ©raux , qu'il les auoit indiquez au premier Nouembre prochain , et qu'ainsi il n'en estoit plus question ; Et pour ce qui concerne les gens de guerre, qu'il auoit fait de bonnes Ordonnances, mesme depuis peu en Anjou et en Poictou , qu'il les feroit publier dans les autres Provinces, et ordonneroit aux Gouverneurs de *les faire observer. » Les DĂ©putez faisant la reuerence pour se retirer, la Reine leur dit Messieurs , il y a quelques autres particularitez dont Monsieur le Garde des sceaux a charge de vous informer, vous vous trouuerez demain chez luy Ă neuf heures. » Ses responses, peu ou nullement satisfaisantes , furent cause que les DĂ©putez ne peurent s'empescher d'en tĂ©moigner douleur Ă la sortie du Conseil; le lendemain, Ă l'heure dite, ils se trouuerent chez Monsieur le Garde des sceaux , auec tous Messieurs du Conseil , neuf ou dix en nom- bre, oĂč ils eurent sceance au bout d'en haut de la table qui leur estoit reseruĂ©, des deux costĂ©s de laquelle estoient assis les Ministres, et par- lĂšrent comme DĂ©putez du corps de la Noblesse. - 283 - Monsieur le Garde des sceaux dit d'abord que le Roy ayant de tout son possible tĂąchĂ© Ă donner satisfaction Ă sa Noblesse par la response qui leur auoit Ă©tĂ© faite, que le Conseil auroit estĂ© fort surpris, lorsque Ton luy auroit portĂ© que leurs DĂ©putez estoient sortis mal satisfaits , qu'ils estoient prĂ©sentement lĂ tous assemblez pour voir et auiser ce qu'il y auoit Ă faire pour le seruice de Sa MajestĂ© , et pour la satisfac- tion de la Noblesse. » Sur quoy ayant premiĂšrement estĂ© fait plainte de la Lettre du Roy , Ă©crite Ă Monsieur de Liancourd et autres , contre la justice de nos AssemblĂ©es, fut dit par plusieurs fois par Monsieur le Garde des sceaux qu'il ne l'auoit pas veuĂ«, qu'il n'en sçauoit point les termes, qu'il n'en falloit point parler, que le Roy estoit trĂšs satisfait de nos intentions, et Ă proprement parler, il la desauoua. Il fut dit ensuite que la chose qui touchoit dauantage la Noblesse et leurs DĂ©putez, estoit le mĂ©pris qu'il sembloit que l'on fit de leurs seruices , dans vn temps oĂč tout le monde sçait qu'ils seroient tres-necessaires Ă l'Estat, que ce qu'ils demandoient plus impatiement estoit l'ordre de monter Ă cheval , pour se rendre auprĂšs de Sa MajestĂ©, afin de contraindre ses ennemis Ă receuoir la paix, ou se retirer de son Royaume-, il leur fut dit que le seruice du Roy en ce temps, estoit une chose Ă©quivoque; Ă quoy il fut respondu par les DĂ©putez, que le Roy estant notre trĂ©sor, nostre cĆur ne s'en pouuoit sĂ©parer, et qu'un cĆur noble ne pouuoit auoir d'autre sentiment de nous. A quoy Monsieur le Garde des sceaux respondit que cela estoit nay auec nous ; et luy fut rĂ©pliquĂ© que nous Taurions iusques Ă la mort. Et si nous eussions eu d'autres sentimens, Ă quoy nous eust estĂ© bon de nous venir offrir icy ? ne pouuions-nous pas monter Ă cheual , pour aller trouuer Messieurs les Princes. » Qu'Ă l'Ă©gard des Estats ils estoient contans de l' indiction faite au 1' Novembre prochain ; mais qu'ils demandoient, conformĂ©ment Ă leur cahier , confirmation de la permission de se rassembler pour les solli- citer en cas d'inexĂ©cution de la tenue promise au iour indiquĂ©. Qu'Ă l'esgard des Gens de guerre , c'estoit un foible remĂšde que d'allĂ©- guer les Ordonnances qui n'ont aujourd'huy de lieu qu'en tant que l'espĂ©e les authorise ; et qu'ainsi Ă moins que de monter Ă cheual elles nous estoient invtiles. » Que le commandement aux Gouverneurs de tenir la main Ă l'exĂ©cu- tion d'icelles, estoit du tout superflu, puisque c'est d'eux principalement que procĂšde la pluspart des desordres. Sur quoy il fut demeurĂ© d'accord que l'on enuoisroit ordre aux Railliages de l'Isle-de-France , de monter Ă cheual par telle voie qu'il plairoit Ă Sa MajestĂ©, soit des Gouuemeurs ou Baillifs ; que pour nous commander, nous ne les connaisĂźrions point, mais seulement celuy que nous choisirions d'entre nous. Monsieur le Garde des sceaux dit, comme par opposition, qu'il nous falloit un homme qui eust caractĂšre 11 luy fut respondu que le Roy en estoit le Maistre , et qu'il le pourroit donner tel qu'il luy plairoit -. Enfin il fut conclud par Monsieur de Villeroy que pareille chose estoit arrivĂ©e au - 284 â siĂšge de Turin, oii la Noblesse de DauphinĂ© marchant, ne vouloit recon- noistre les Baillifs, ny Gouverneurs, mais ils eurent leur commandement. » Quand au surplus , il fut dit que nous auions tout sujet d^estre con- tens , puisque le Roy nous ayant receu en Audiance et en son Conseil, il auolt approuuĂ© toute nostre procĂ©dure passĂ©e, et par consĂ©quent celle aduenir aux mesmes uns. » Le tout entendu, il a estĂ© arreslĂ© qu'il seroit imprimĂ© auec le rĂ©sultat de cette AssemblĂ©e, lequel sera renuoyĂ© Ă tous les Gentils- hommes de France, ausquels il sera escrit \ne lettre circulaire, pour les informer de ce que nous auĂŽns jugĂ© nĂ©cessaire pour le bien du ser- vice du Roy et le maintien de nostre union. » Il a Ă©tĂ© arrestĂ© d^escrire Ă tous les PrĂ©lats, Archeuesques, Euesques, AbbĂ©s, Doyens, Chanoines, Chapitres, Gommunautez , et Ă tous ceux qui composent Tordre du ClergĂ© de France aux mesmes uns que dessus, et autres qui seront contenus au susdit escrit ; et que le paquet seroit mis entre les mains de Messieurs leurs Agents gĂ©nĂ©raux, et entr'autre enuoyĂ© de toutes parts. ^ Sur la plainte faite par Monsieur des Rangeuiles de la part de Mes- sieurs d'Anjou, qu'Ă cause de leurs AssemblĂ©es aux fins de nostre union , les Preuosts de la Province avroient informĂ© contre les parti- culiers Gentilshommes Ă la solicitation de Monsieur de Saincte-Suzanne, Lieutenant du Roy , il a estĂ© arrestĂ© que cette action estant une vio- lence contraire Ă nostre libertĂ© et aux volontez de Sa MajestĂ© , Voutrage en est dĂ©clarĂ© commun Ă tout le corps de nos Baillages ; ce que Mon- sieur de Bonneval prĂ©sentement DĂ©putĂ© pour les aller trouver , leur fera sçauoir de nostre part, et que nous poursuiurons conjoinctement avec eux la rĂ©paration ; et Ă cet efTect a estĂ© aussi chargĂ© de voir mondit sieur de Saincte-Suzanne , et luy dire nos intentions. » Il a estĂ© indiquĂ© vue AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de nostre Vnion Ă Chas- teaudun au qninziesme Nouembre prochain , en cas que Touuerture des Estats GĂ©nĂ©raux promise par le Roy au premier dudit Nouembre pro- chain fut diffĂ©rĂ©e ; AprĂšs quoy Ton s'est sĂ©parĂ©. » SignĂ© de Tordre exprĂšs de l'AssemblĂ©e, M Charles Daillv, » Annery. L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ© , la sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures et demie. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires M. L'abbĂ© Auger, vicaire de Notre-Dame; prĂ©sentĂ© par MM. les abbĂ©s Robe et Germond. - 285 - MM. BoRNET, propriĂ©taire Ă Maintenon; prĂ©sentĂ© par MM. Le Goux et le docteur Lamy. L'abbĂ© Ctbois, curĂ© de Rouvres; prĂ©sentĂ© par MM. les abbĂ©s Robe et Germond. Machelabd, directeur de l'Enregistrement et des Domaines, Ă Chartres ; prĂ©sentĂ© par MM. MĂ©nager et Bourdd. SĂ©vin, instituteur Ă La FertĂ©-Vidame; prĂ©sentĂ© par MM. Bel- lier de la Chavignerie et de Saint-Laumer. MiLLON, nĂ©gociant Ă Chartres; prĂ©sentĂ© par MM. Garnier et Merlet. L'abbĂ© ThĂ©vert, curĂ© de Soulaires; prĂ©sentĂ© par MM. les abbĂ©s Sainsot et Pardos. Peschard, maĂźtre-adjoint Ă La Bazoche-Gouet; prĂ©sentĂ© par MM. Legrand et Thibault. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ. Dangeau et ses Seigneurs 1064-1790, par M. Maurice de Possesse. Chartres, impr. Ed. Garnier, 1878. Don de Tauteur. Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique et historique de VOr- lĂ©anaiSy t. VI, n» 95, 4» trimestre de 1877. OrlĂ©ans, impr. de Georges Jacob. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© des Antiquaires de VOuest^ X** trimestre de 1878. Poitiers , typogr. de A. DuprĂ©. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© d'Ă©mulation du dĂ©partement de V Allier, t. XV, l' et 2 livraisons. Moulins, impr. de Desrosiers, 1878. Envoi de la SociĂ©tĂ©. SĂANCE DU 8 AOUT 1878. PrĂ©sidence de M. de Saint-Laumer. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures et quart. Ătaient prĂ©sents MM. de Saint-Laumer, Met-Gaubert, de Bertheville, Buisson, Brosseron, J. Courtois, TabbĂ© i>llet, - 286 â Dubreuil, Gallas, Gilbert P., les abbĂ©s GuĂ©rin, Haye et IlĂ©- nault, Hue, Lecocq, Millon, l'abbĂ© Sainsot, Sautton. Le procĂšs-verbal de la derniĂšre rĂ©union est lu et adoptĂ© aprĂšs quelques observations prĂ©sentĂ©es au sujet de la Commission de publication. Il est arrĂȘtĂ© que M. le PrĂ©sident donnera son visa pour les manuscrits remis Ă la Commission, et que pour le reste, on se conformera aux prescriptions du rĂšglement. Lecture d une lettre de M. le Ministre de Tlnstruction pu- blique, qui, par un arrĂȘtĂ© du 20 juillet 1878, attribue une allo- cation de cinq cents francs Ă la SociĂ©tĂ©, comme encouragement aux travaux de cette compagnie et comme un nouveau tĂ©moi- gnage deVintĂ©rĂȘt qu'il lui porte. M. Boucher de Molandon , prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© archĂ©olo- gique de l'OrlĂ©anais, a la bontĂ© d'adresser Ă cet Ă©gard, quelques lignes de fĂ©licitation; il annonce, en mĂȘme temps, le concours quinquennal ouvert en 1880, par la SociĂ©tĂ© d'OrlĂ©ans, avec un prix de mille francs qui sera dĂ©cernĂ© aux mĂ©moires les plus mĂ©ritants sur les objets d'histoire et d'antiquitĂ©s de l'Or- lĂ©anais. Des travaux sont rĂ©clamĂ©s de notre part, Ă propos de ce con- cours. DĂ©pĂŽt, par M. J. Courtois de deux objets curieux, reprĂ©sen- tant sur un morceau de cuivre 1tisations 310 Ă 10 fr 3,100 fr..c. â 70Ă 5 fr. ........ . 350 > A reporter 3,450 - 305 â Report. . . . 3,450 fr. »c. Vente de bulletins 1 50 » â de diplĂŽmes 40 » IntĂ©rĂȘts des fonds placĂ©s 226 » 3,860 Recettes extraordinaires Reliquat de Texercice prĂ©cĂ©dent 9,409 fr. 69 c, Subventions MĂ©moire. Total des recettes. .... 13,269 69 DĂPENSES. DĂ©penses ordinaires ProcĂšs-verbaux et MĂ©moires 1,900 fr. »c. Frais de recouvrement des cotisations extĂ©- rieures 220 » Traitement de Tappariteur 250 » Gravures et photographies 500 » Fouilles et dĂ©penses imprĂ©vues 200 » SĂ©ance gĂ©nĂ©rale et excursions 400 » Reliures 50 » Abonnements divers 130 » 3,650 D DĂ©pendes extraordinaires Publication d'un ouvrage spĂ©cial 800 » Concours entre les Instituteurs 150 » Total des dĂ©penses 4,600 » BALANCE. Recettes 1 3,269 fr. 69 c. DĂ©penses ...".... 4,600 » Reliquat actif. . . 8,669 69 Tome VI. F. 22 â 306 - Les artides de ce budget sont repris les uns aprĂšs les autres. AprĂšs discussion ^ rassemblĂ©e arrĂȘte le vote au budget des re- cettes d^une somme de 40 francs pour les diplĂŽmes qui devien- draient obligatoires. Ces diplĂŽmes seraient payĂ©s 2 francs ^ de sorte que la cotisation Ă 10 francs s'Ă©lĂšverait Ă 12 francs, celle de 5 francs serait portĂ©e Ă 7 francs pour la premiĂšre annĂ©e. L'abonnement Ă la Revue des Deux -Mondes ne sera pas con- tinuĂ©. Le Bureau recherchera quelles seraient les nouvelles pu- blications auxquelles on pourra s'abonner. Le budget est adoptĂ© dans son ensemble. Vient ensuite la question du projet de notice gĂ©ographique et historique par les instituteurs. â M. Merlet, aprĂšs avoir an- noncĂ© que cette idĂ©e a Ă©tĂ© trouvĂ©e excellente par M. Tlnspec- teur d'AcadĂ©mie, donne des explications Ă ce sujet et les rĂ©sume en demandant Ă l'assemblĂ©e de vouloir bien prendre la propo- sition en considĂ©ration et de constituer une commission char- gĂ©e des voies et moyens d'exĂ©cution. AprĂšs Ă©change d'observations, la SociĂ©tĂ© va aux voix et arrĂȘte que la proposition est prise en considĂ©ration. Une Conunission de cinq membres sera nommĂ©e ; au Bureau est laissĂ© le soin de la constituer. L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ© , la sĂ©ance est levĂ©e Ă cinq heures. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires. pĂšre, propriĂ©taire, Ă Chartres; prĂ©sentĂ© par MM. Paul Ossude et Met-Gaubert. L'ahbĂ©HAzoN, curĂ© d'Anet; prĂ©sentĂ© par MM. TabbĂ© Yilbert et Met-Gaubert. L'HĂ©rondeau, ancien instituteur, Ă Ponl-sous-Gallardon ; prĂ©sentĂ© par MM. Treille et MetrGaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOGIĂTĂ Journal d^s Savants, octobre 1878. Bulletin de la SociĂ©tĂ© Dunoise, n9 38, octobre 1878. â 307 â DU 9 JANVIER 1879. PrĂ©sidence de M. Merlet, vice-prĂ©sident. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procĂšs-verbal de la derniĂšre rĂ©union. Etaient prĂ©sents MM. Merlet, abbĂ© Olivier, Met-Gaubert, Barois, Balandra, de Bertheville, Besselle, Boisseau, Bros- seron, Buisson, Dubreuil, Dussart, Escoffier, abbĂ© Germond, GĂ©roudeau, abbĂ© HĂ©nault, Heurtault, Hue, Legendre, Lecocq, Legrand, abbĂ© Pardos, Ricour. Retour Ă la question d'abonnement Ă la Revice des Deux- Mondes. AprĂšs discussion et Ă©change d'observations, l'assemblĂ©e estime qu'il est opportun de continuer cet abonnement. La mise aux voix dĂ©termine un vote dans ce sens. Il est donnĂ© lecture d'un extrait du Bulletin de la SociĂ©tĂ© protectrice des Animaux j n» de juillet 1878, conamuniquĂ© par M. Brosseron , libraire. Cet article a trait Ă une rĂ©compense qui consiste en une mĂ©daille d'argent accordĂ©e Ă M. Touche, notre confrĂšre, pour son ouvrage La PoĂ©sie des BĂȘtes », et ainsi caractĂ©risĂ© par le rapporteur de la Commission. * Ces poĂ©sies ont un vĂ©ritable mĂ©rite littĂ©raire. TrĂšs-souvent un souffle poĂ©- tique incontestable anime les vers de M. Touche. Du calme, de la grandeur, voilĂ ce qui atteste chez l'auteur le sentiment pro- fond des choses agrestes. Nous sommes trĂšs-heureux de voir un homme d'un vĂ©ritable talent consacrer ses loisirs d'institu- teur communal Ă nous dĂ©peindre les scĂšnes oĂč les animaux apparaissent dans leur force et leur utilitĂ©. Ce joli volume, d'une bonne et salutaire lecture, place M. Touche au nombre de nos Ă©ducateurs moraux les plus aimables et le rĂ©vĂšle comme un poĂšte plein de sentiment et de cĆur. » Le SecrĂ©taire donne ensuite lecture du rapport fait par M. Du Sommerard au ComitĂ© des travaux historiques et des SociĂ©tĂ©s savantes dans la SĂ©ance du 9 dĂ©cembre 1 876 , sur les tomefi lY et V des ProcĂšs - Veibaux de la SociĂ©tĂ© archĂ©olo- gique d'Eure-et-Loir. â 308 â Lecture par le PrĂ©sident d'une notice de M. Gillard Une EnquĂȘte judiciaire Ă Dreux en 1601. â Renvoi Ă la Commis- sion de publication. Lecture d'une piĂšce de vers de M. Met-Gaubert, intitulĂ©e RĂȘverie sur un Berceau, » RĂVERIE SUR UN BERCEAU. Dans ce doux nid , petit enfant tout rose , FrĂȘle et mignon , Tu m^apparais comme une fleur mi-close Dans le gazon... La fleur attend pour sourire Ă la terre Le gai soleil; Toi tu souris'au regard de ta mĂšre , A ton rĂ©veil. . . Dieu t^entoura de la blanche aurĂ©ole D'un ange pur, Qui , pour venir tout prĂšs de toi , s'envole Du ciel d'azur. Avec ta mĂšre il veillera, sans cesse, Sur ton berceau ; Il est aussi tout rempli de tendresse L'ange si beau ! . . . De ses baisers ton front garde la trace , Reflet divin , Et sur tes yeux ils impriment la grĂące Du ChĂ©rubin. . . Sous son regard, sous celui de ta mĂšre Tu grandiras ; Ta mĂšre et l'ange iront, sur cette terre, Guidant tes pas ! . . . Communication du SecrĂ©taire Ă propos de la rĂ©compense, une MĂ©daille d'or et un DiplĂŽme d'honneur, qui vient d'ĂȘtre accordĂ©e par le MinistĂšre de l'IntĂ©rieur, Ă notre honorable con- frĂšre, M. Merlet, Ă la suite de l'Exposition universelle de 1878, Parmi les piĂšces qui figurent dans l'album exposĂ© par le MinistĂšre de TlntĂ©rieur et destinĂ© Ă reproduire les documents - 309 â les plus importants conservĂ©s dans les archives dĂ©partemen- tales et communales de France , se trouve en premiĂšre ligne un document appartenant aux Archives dĂ©partementales d'Eure- et-Loir. Cet acte, qui date des derniĂšres annĂ©es du VI» ou plutĂŽt des premiĂšres annĂ©es du VIP siĂšcle, est un authen- tique de reliques tirĂ©, au XYII» siĂšcle, d'une des chĂąsses de la cathĂ©drale de Chartres. Jusqu'Ă ces derniĂšres annĂ©es, une lecture incorrecte avait fait attribuer ce petit monument Ă saint BĂ©thaire; une meilleure leçon a fait reconnaĂźtre qu'il s'agis- sait du linceul de saint Monulphe, Ă©vĂ©que d'Utrecht. Le grand mĂ©rite de cette piĂšce est que c'est le document au- thentique le plus ancien qui existe dans les Archives dĂ©parte- mentales et communales de France. Les actes mĂ©rovingiens sont tellement rares qu'il est intĂ©ressant de conserver le peu de vestiges que nous en rencontrons. Aussi l'assemblĂ©e Ă©met-elle le vĆu que l'authentique des reliques de saint Monulphe soit reproduit par la gravure, avec une notice que M. Merlet voudra bien y joindre pour exphquer l'historique de ce document. L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ©, la sĂ©ance est levĂ©e Ă cinq heures. MOUYEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. L'abbĂ© BouLMERT, curĂ© de Rouvray-Saint-Florentin ; prĂ©- sentĂ© par MM. les abbĂ©s Germond et HĂ©nault. L'abbĂ© CoRNiLLON, curĂ© de Montain ville; prĂ©sentĂ© par les mĂȘmes. Choppard LĂ©on , docteur en di*oit, avocat Ă la cour d'appel de Paris; prĂ©sentĂ© par MM. Watrin et Met-Gaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ. Journal des savants y octobre et novembre 1878. MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© historique j littĂ©raire y artistique et scientifique du Cher y 2 sĂ©rie, t. I, II et III, et 3 sĂ©rie, 1" vol. Bourges, 1878. - 310 - MĂ©moires de l'AcadĂ©mie de Stanishs, 128" annĂ©e, 4 sĂ©rie , t. X, 1877. Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique et historique de VOrlĂ©a- nais, t. VII, no 97, 2 trimestre de 1878. Bulletin de la SociĂ©tĂ© Dunoise, d* 38, octobre 1878. Conseil gĂ©nĂ©ral d'Eure-et-Loir, 2 session ordinaire de 1878. SĂANCE DU 6 FĂVRIER 1879. PrĂ©siĂšBDce de M. de SĂ iHT-LĂ UMBR. â M. MBT-GAimBiiT, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procĂšs- verbal de la derniĂšre rĂ©union. Ătaient prĂ©sents MM. de Saint-Laumer, abbĂ© Olivier, Merlet, Met-Gaubert, de Bertheville, Besselle, Boisseau, Buisson, P. Bellier de la Chavignerie, abbĂ© CintrĂąt, Dubreuil, Escoffler, Famin, abbĂ© Foucault, Gilbert P., Gabriel, abbĂ© GuĂ©riu, GĂ©- roudeau. Hue, Legendre, Legrand, Lecocq, Milon, abbĂ© Pardos, Ravault, Ricour, abbĂ© Robinet, Vassal. M. le PrĂ©sident fait connaĂźtre que, dans la Reviie des SociĂ©tĂ©s savantes, t. VII 6 sĂ©rie, p. 184, se trouve le discours pro- noncĂ© Ă la Sorbonne, le 27 avril 1878, par M. Chabouillet, secrĂ©taire de la section d'archĂ©ologie, au sujet de la mĂ©daille et du prix de 1,000 francs dĂ©cernĂ©s Ă la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique d'Eure-et-Loir, pour rĂ©compense des travaux qu'elle a publiĂ©s jusqu'Ă ce jour. Des regrets sont exprimĂ©s Ă propos du dĂ©cĂšs de notre con- frĂšre, M. Amiot-Robillard, d'Illiers. M. le PrĂ©sident signale dans les MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© de Lyon un travail sur les anciennes maladreries du pays lyonnais, travail dans lequel Fauteur, au moyen de ces anciennes maia- dreries, dĂ©termine les anciennes voies du pays. Il croit que si â 311 â un pareil travail Ă©tait fait sur les maladreries du pays chartrainy on arriverait Ă des dĂ©couvertes importantes pour la dĂ©termi- nation des anciennes voies chartraines. Rapport de M. Legrand sur les travaux des instituteurs Messieurs, » Depuis que la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique d'Eure-et-Loir a Ă©tabli un concours entre les instituteurs du dĂ©partement, elle a vu tous les ans un certain nombre d'entre eux rĂ©pondre Ă son appel et lui adresser des travaux quelquefois trĂšs-sĂ©rieux. Cette annĂ©e encore, votre Commission a eu Ă juger deux mĂ©moires qui ne sont pas sans mĂ©rite, bien qu'ils doivent ĂȘtre examinĂ©s Ă un point de vue diffĂ©rent. » M. Thibault, instituteur Ă La Bazoche-Gouet, a prĂ©sentĂ© une Ă©tude sur cette commune, et M. PouUard, instituteur-adjoint Ă Pontgouin, un inventaire des archives de l'ancien HĂŽtel-Dieu de cette ville. L âą AprĂšs une introduction dans laquelle il rectifie quelques points de son travail, M. Thibault donne un historique succinct de la commune de La Bazoche-Gouet, puis il passe Ă FĂ©tude du territoire de cette commune, dont il indique la situation gĂ©ogra- phique et agricole, le climat, les cours d'eau, les voies de com- munication, la population avec ses mouvements au XIX» siĂšcle, l'industrie et le commerce. t> AprĂšs avoir ainsi exposĂ© ce que nous appellerons volon- tiers les prĂ©liminaires de son travail, M. Thibault aborde l'Ă©tude particuliĂšre du bourg, chef-Ueu de la commune. A l'aide des minutes des notaires et de vestiges qu'il a retrouvĂ©s sur les Ueux mĂȘmes, il a pu retracer les fossĂ©s qui formaient l'en- ceinte de la ville, et indiquer l'emplacement de l'ancien chĂąteau. A cĂŽtĂ© d'affirmations peut-ĂȘtre trop positives, on trouve des renseignements prĂ©cieux. L'Ă©tude del'Ă©gUseest accompagnĂ©e de dessins des principaux dĂ©tails architecturaux, et suivie de docu- ments historiques sur l'Ă©gUse elle-mĂȘme et sur le prieurĂ© de Saint- Jean-Baptiste, ancienne dĂ©pendance de Tabbaye de Pont- levoy. Les paragraphes relatifs aux halles , foires et marchĂ©s , â 312 â aux anciennes hĂŽtelleries, aux services publics civils , sont res- pectivement complĂ©tĂ©s par les annales qui se rapportent Ă chacun d'eux en particulier, et auxquelles les archives des notaires surtout, et en second lieu celles de la mairie, ont lar- gement contribuĂ©. j> Il est Ă regretter peut-ĂȘtre que les titres qui se trouvent entre les mains des particuliers n'aient pas Ă©tĂ© au mĂȘme degrĂ© mis Ă contribution, mais, outre qu'ils sont assez difficiles Ă rencontrer, les dĂ©tenteurs en sont parfois assez dĂ©fiants, et s'imaginent qu'on veut d'une façon indiscrĂšte s'ingĂ©rer dans leurs affaires. Les instituteurs dĂ©pendent donc en ce sens en- tiĂšrement de la plus ou moins grande bonne volontĂ© des per- sonnes. » Vient ensuite la liste des 138 hameaux actuellement exis- tants et de 11 hameaux disparus aujourd'hui, avec les faits principaux oĂč les noms de ces hameaux on de leurs seigneurs jouent un rĂŽle. M. Thibault a eu la bonne idĂ©e d'intercaler dans son texte un croquis du plan de ceux de ces hameaux qui ont paru offrir un certain intĂ©rĂȘt par leur situation. » Un autre chapitre comprend les annales d'une portĂ©e plus gĂ©nĂ©rale qui n'ont pas trouvĂ© place dans les chapitres prĂ©cĂ©- dents. La Commission aurait dĂ©sirĂ© que l'auteur y eĂ»t joint deux autres paragraphes qu'il a traitĂ©s avec une trop grande abondance de dĂ©tails sous forme de chapitres spĂ©ciaux ; le cha- pitre sur l'invasion allemande qui devrait relater seulement les principaux faits relatifs Ă cette invasion , la cause du massacre de six habitants et Tincendie de divers hameaux de la com- mune , et le chapitre sur l'affaire Poirier qui devrait ĂȘtre con- densĂ© en quelques lignes. On pourrait demander aussi quelques renseignements sur une exĂ©cution capitale qui eut lieu Ă La Bazoche-GouĂ«t vers 1820. » Enfin, le travail est complĂ©tĂ© par les tableaux gĂ©nĂ©alo- giques des familles Brault, Bretheau, Boisseau et Mercier, ori- ginaires de La Bazoche, et par une liste des curĂ©s et des \icaires de la paroisse, de 1572 Ă 1792. » Bien que la Commission ait remarquĂ© une certaine faiblesse dans la partie qui traite de 1^ gĂ©ologie et de l'archĂ©ologie mo- numentale , elle a constatĂ© que l'ensemble du travail est bon , Ă part certaines lacunes qui devront ĂȘtre comblĂ©es, ou certains passages qui devront ĂȘtre corrigĂ©s , si la Commission de publi- â 313 â cation, Ă laquelle nous vous proposons de renvoyer ce mĂ©- moire, vient Ă en dĂ©cider l'impression. » Du reste, la valeur du travail de M. Thibault est fort re- haussĂ©e par deux plans d'une exĂ©cution soignĂ©e , l'un du bourg de La Bazoche, et l'autre de l'ensemble de la commune. II. » L'inventaire des archives de l'ancien HĂŽtel-Dieu de Pont- gouin, par M. PouUard, est un recueil de documents rangĂ©s par ordre chronologique , et se rapportant Ă une pĂ©riode de plus de trois siĂšcles, de 1472 Ă 1800. Malheureusement il y a dans la suite de cette pĂ©riode des lacunes regrettables. Ainsi , nous ne trouvons mentionnĂ© aucun acte depuis 1496 jusqu'Ă 1584. De plus, les archives de l'HĂŽtel-Dieu de Poutgouin ne pa- raissent pas avoir un grand intĂ©rĂȘt historique. Les documents qu'elles renferment ne consistent qu'en baux , mĂ©moires et dĂ©- comptes de fournitures et de travaux. Des aveux, Ă©tats de tenances et de redevances n'y figurent presque pas. » Ce qui fait le mĂ©rite du travail de M. Poullard, c'est la pa- tience avec laquelle il a recherchĂ© tous les actes se rapportant Ă une mĂȘme tenance, afin d'indiquer en quelque sorte au moyen de renvois l'historique de chacune de ces tenances. » Des notes historiques dans le corps du recueil, et Ă la fin un paragraphe intitulĂ© Quelques mots d* histoire y attestent que l'auteur a tirĂ© de son sujet Ă peu prĂšs tout le parti qu'il en pou- vait tirer. » D'aprĂšs les considĂ©rations qui prĂ©cĂšdent, la Commission vous propose. Messieurs, de dĂ©cerner » 1 Des notes trĂšs -Ă©tendues complĂštent cette publication, qui se termiAe par un Nota ainsi conçu Stac exemplaires de cette Notice seront remis aux six plus pauvres de CĂ©nerville , qui les vendront Ă leur profit aux riches ou aux curieux du Pays, et Ă Oysonville le produit des exemplaires vendis sera employĂ© Ă la confection du monument. » Le second fait est tirĂ© du Magasin Pittoresque, annĂ©e 1857, page 183. » Je ne puis rĂ©sister au dĂ©sir de donner la copie de ces quelques lignes. LES QUATRE ĂPIS D'OR. Oysonville, aujourd'hui petite commune de Tarrondissement de » Chartres , possĂ©dait autrefois un trĂšs - beau chĂąteau , qui , au com- » mencement du XYI siĂšcle *, appartenait Ă Messire François d'Al- » lonville, chevalier de Tordre du Roi. Henri IV, qui aimait beaucoup > ce seigneur, vint un jour lui rendre visite Ă son chĂąteau d*Oysonville. » AprĂšs le dĂ©jeuner, François d'Allonville , ayant menĂ© le Roi dans le ]o parc, se plaisait Ă lui faire admirer les plantes rares dont il avait » dĂ©corĂ© ses plates - bandes ; Henri IV s'arrĂȘtait surtout devant les di- i C*est XV11° siĂšcle qu'il aurait fallu dire. â 321 â » verses espĂšces de rosiers qui ornaient le parterre , et faisait compli- > ment Ă son hĂŽte sur la richesse de son jardin. Alors un laboureur du » pays, nommĂ© Gadot, le plus riche tenancier du seigneur d'Oyson- » ville , se hasarda de dire au Roi qu'il avait de bien plus belles fleurs » et en plus grande quantitĂ©, et que, si Sa MajestĂ© voulait le suivre, » il serait heureux de les lui monti^er. Henri IV Ă©tait bon prince , il » consentit Ă accompagner le laboureur. Celui-ci le conduisit dans » une piĂšce de blĂ© en fleurs, et lui montrant les Ă©pis Sire, dit-il, > voilĂ les plus belles fleui*s que je connaisse. â Tu as raison, mon » ami, lui rĂ©pondit Henri, ce sont aussi celles que je prĂ©fĂšre. » Et, » de retour Ă Paris , le Roi envoya au laboureur quatre Ă©pis de blĂ© en > or, que les descendants de Gadot ont conservĂ©s pendant longtemps. » » VoilĂ , Monsieur le PrĂ©sident, la petite rectification que je voulais faire; j'aime trop mon pays pour ne pas mettre en lumiĂšre tout ce qui peut TintĂ©resser. » Je suis passĂ© plusieurs fois Ă Oisonville, j'ai aperçu le monument Ă©rigĂ© en l'honneur de M. de la RoussiĂšre, j'ai vu avec peine la restauration trop moderne du vieux chĂąteau des d'Allonville ; j'ai visitĂ© l'Ă©gUse qui possĂšde quelques pierres tombales intĂ©ressantes et que je ne dĂ©sespĂšre pas de voir reproduites par la gravure. » Daignez agrĂ©er. Monsieur et cher PrĂ©sident, l'assurance de mon profond respect. » A. GILLARD. > Nogent-le-Roi , le 3 mars 1879. Conmiunication d*une missive de M. PiĂ©bourg pĂšre qui adresse Ă la SociĂ©tĂ© une note et trois feuilles de dessins qu'il a reçus de son fils, capitaine d'artillerie, professeur adjoint Ă l'Ăcole d'application de l'Artillerie et du GĂ©nie de Fontainebleau. Ces piĂšces sont relatives au verglas des 22, 23 et 24 janvier 1879. Elles ont Ă©tĂ© adressĂ©es Ă T AcadĂ©mie des Sciences et ont servi de documents Ă M. Jamin, membre de l'Institut, pour l'article remarquable qu'il a publiĂ© le 1 5 fĂ©vrier dernier dans la Revue des Deux Mondes, â Remerciements de la SociĂ©tĂ© qui dĂ©- cide que cette note sera insĂ©rĂ©e dans le prĂ©sent procĂšs- verbal. Le 22 janvier, vers dix heures du matin, une pluie froide commença Ă tomber, et, quelques instants aprĂšs, le sol Ă©tait dĂ©jĂ devenu assez glissant pour rendre la marche difficile. Cette pluie continua, presque sans interruption, jusqu'au lendemain â 322 â vers dix heures du soir, c*est-Ă -dire pendant une durĂ©e de trente-six heures; la tempĂ©rature a d'ailleurs, pendant tout ce temps, Ă©tĂ© Ă peu prĂšs constante , de 3' seulement au-dessous de zĂ©ro. Les phĂ©nomĂšnes qui en rĂ©sultĂšrent nous ont paru assez remarquables pour essayer d'en relater quelques-uns. Une couche de glace, de 2 Ă 3 centim. d'Ă©paisseur, a couvert complĂš- tement le sol , Ă tel point que dans les rues de la ville bien des gens circulaient en patinant. Cette couche de glace adhĂ©rait aux toits , mĂȘme les plus inclinĂ©s ; elle s'attachait en outre en de trĂšs-nombreux endroits aux parois verticales des murs , et nous avons vu des perrons dont les contremarches en Ă©taient revĂȘtues sur une Ă©paisseur presque aussi grande que les marches elles-mĂȘmes. La glace se moulait sur tous les objets qu'elle recouvrait, et Ă toutes les parties horizontales et saillantes des Ă©difices Ă©taient suspendues des stalactites , de longueur et d'espa- cement trĂšs-rĂ©guliers. Mais l'efiTet le plus remarquable a Ă©tĂ© celui observĂ© sur les arbres et la vĂ©gĂ©tation. Sur les pelouses, chaque brin d'herbe Ă©tait entourĂ© d'une gaĂźne de glace de 15 Ă 20 millim. de diamĂštre en moyenne; on en a mĂȘme ob- servĂ© ayant 3 centimĂštres. Des massifs d'arbustes Ă feuilles persistantes , tels que rhododendrons, alaternes, lauriers-cerises, etc., ne formaient qu'un seul bloc de glace; Ă travers la glace on distinguait trĂšs - nettement les feuilles et les branches. L'aspect Ă©tait assez analogue Ă celui-lĂ pour les arbres verts , tels que sapins , Ă©picĂ©as , etc., dont chaque couronne de branches s'Ă©tait affaissĂ©e sur la couronne immĂ©diatement infĂ©rieure , la plus basse reposant elle- mĂȘme sur le sol , et le tout ne faisant qu'une immense pyramide de glace les branches se soutenaient ainsi naturellement ; aussi ces arbres ont-ils gĂ©nĂ©ralement pu rĂ©sister Ă l'Ă©norme poids qui les surchargeait. Quant aux arbres Ă feuilles caduques, leurs moindres branches Ă©taient complĂštement entourĂ©es d'une gaĂźne de glace d'une grande Ă©pais- seur. Pour les menus branchages , le diamĂštre de cette gaĂźne allait jus- qu'Ă quatre ou cinq fois celui de la partie enveloppĂ©e ; la proportion Ă©tait naturellement moindre pour les grosses branches ; et , quant aux troncs, quoique verticaux , quelques-uns portaient une. couche variant de 1 Ă 2 centimĂštres ; mais gĂ©nĂ©ralement cette couche n'Ă©tait pas con- tinue et adhĂ©rait du cĂŽtĂ© exposĂ© Ă l'est et au nord-est. L'Ă©norme poids de cette glace a fait ployer et rompre un nombre considĂ©rable de branches de toutes dimensions; et mĂȘme, des arbres tout entiers ont Ă©tĂ© soit brisĂ©s, soit complĂštement courbĂ©s jusqu'Ă voir leur cime toucher la terre, soit enfin arrachĂ©s dans les endroits oĂč le sol sablon- neux Ă©tait moins rĂ©sistant nous en avons mesurĂ© un, entre autres, qui n'avait pas moins de 2" 20 de circonfĂ©rence Ă la base et de 37" de hauteur , lequel Ă©tait rompu Ă 4" 50 environ au-dessus du sol. C'est sur- tout dans la nuit du 23 au 24 que tous ces arbres se brisĂšrent avec un â 323 â fracas Ă©pouvantable , mais ces chutes avaient dĂ©jĂ commencĂ© dans la journĂ©e du 23 et continuĂšrent pendant celle du 24. ^ous avons pu dans la journĂ©e du 24 estimer le rapport entre le poids de quelques branches et celui de la glace qu^elles avaient Ă supporter. Voici quelques-uns de ces rĂ©sultats, constatĂ©s sur des branches prises tout Ă fait au hasard NOMS DBS PLANTES. POIDS avec la charge dĂ©glace. POIDS aprĂšs avoir ÂŁiit Tondre la glace. Branche d'alateme âą . âą âą 200 gr. 210 360 660 700 29 kilogr. 7gr. il 13 30 50 4 kilogr. Autre branche d'alateme Branche de rhododendron Branche d'Ă©oicĂ©a Branche de bouleau Branche de bouleau de 5 centimĂštres de diamĂštre , ayant rompu sous le ixids J/**»»y âąâąâąâąâąâąâąâąâąâą... La tempĂ©rature Ă©tant montĂ©e Ă zĂ©ro ; le samedi 25 vers midi , le dĂ©gel a commencĂ©, et a continuĂ© pendant les jours suivants. Il ne paraĂźt pas qu'il ait occasionnĂ© de nouveaux bris d'arbres Ă feuilles caduques , qui au contraire se sont sentis peu Ă peu allĂ©gĂ©s. Mais il n'en a pas Ă©tĂ© de mĂȘme des arbustes Ă feuilles persistantes la glace qui reliait entre elles les diffĂ©rentes tĂȘtes de rhododendrons, par exemple, ayant fondu d'abord, chaque branche a Ă©tĂ© entraĂźnĂ©e par le poids de la tĂȘte encore chargĂ©e d'une couche assez Ă©paisse. Les branches qui ne se sont pas brisĂ©es ne paraissent d'ailleurs pas avoir souffert du froid , et ont repris l'aspect qu'elles avaient quelques jours auparavant. Nous ajouterons que nos communications tĂ©lĂ©graphiques ont Ă©tĂ© interrompues les fils de 4"" de diamĂštre, Ă©taient entourĂ©s d'une gaĂźne cylindrique de glace, d'Ă©paisseur trĂšs-rĂ©guliĂšre, de 38*" de diamĂštre, ce qui fait plus de neuf fois le diamĂštre du fil lui-mĂȘme. Il n'est donc pas Ă©tonnant que les lignes aient Ă©tĂ© rompues en un nombre considĂ©- rable d'endroits. Communication de M. P. Durand au sujet des fouilles qui ont lieu autour de l'ancienne chapelle de Saint-Eman, Ă Chartres. Notre confrĂšre croit qu'il serait intĂ©ressant de faire faire un dĂ©- blaiement en opĂ©rant une percĂ©e Ă Taide de laquelle on pour- rait voir ce qu*il y a dessous. â La SociĂ©tĂ© vote une somme de 50 fr. Ă ce sujet. â 324 - Communication de H. Merlet sur un sceau du XIV* siĂšcle trouvĂ© parfaitement couservĂ©. Ce sceau a une inscription s[celI odio Dv MARCHE AV u[EitHiE[N ijui rappelle le marchĂ© au merrain , bois employĂ© frĂ©- quemment Ă Chartres pour la fabrication des tonneaux et attestant le grand com- merce qui se faisait Ă propos des nombreux vignobles qui entouraient notre citĂ©. M. Merlet demande l'autorisation de Ă»iire graver le sceau sur lequel on aperçoit une ileur de lys d'un fort joli style. â AccordĂ©. Autre communication de M. Sautton Ă propos des fouilles faites Ă Martainville. Une somme de 15 francs est votĂ©e Ă cet Ă©gard. Notre confrĂšre annonce la prĂ©sence, Ă Courbehaye, d'un souterrain qu'il compte faire explorer. Il donnera, dans la pro- chaine sĂ©ance, un rapport sur l'ensemble des dĂ©couvertes qu'il a signalĂ©es dans le canton de Voves. L'AssemblĂ©e passe Ă la question de la sĂ©ance publique an- nuelle qui doit avoir lieu, en mai, conformĂ©ment aux pres- criptions rĂ©glementaires. La date du jeudi 15 mai est arrĂȘtĂ©e. Il est dĂ©cidĂ© que M. le PrĂ©sident aurait l'obligeance de s'adresser Ă M. Alexandre Bertrand , directeur du MusĂ©e des antiquitĂ©s na- tionales de Saint -Germain- en -Laye, et lequel, s'il y consent, serait chargĂ© de faire une confĂ©rence purement archĂ©ologique Ă l'Ă©poque ci-dessus dĂ©signĂ©e. Lecture d'un MĂ©moire de M. Lorin. La Peinture sur vctTe au Moyen-Age. â Renvoi Ă la Commission de publication. f La peinture sur verre n'est pas un art moderne, elle ne fait point partie de cet ensemble magnifique de dĂ©couvertes qui sera l'Ă©ternel honneur de notre siĂšcle. Elle remonte bien haut dans le passĂ© , et quand on parle d'elle, invinciblement, l'esprit se transporte Ă cette Ă©poque si diffĂ©i-cnte de la nĂŽtre par ses mĆurs, ses goĂ»ts, sa civilisation, Ă ces temps de foi religieuse et d'enthousiasme chevaleresque qu'on appelle Moyen-Age. » La peinture sur verre a Ă©tĂ© alors ce que la peinture d'his- toire fut ensuite Ă la Renaissance, l'art florissant et honorĂ© - 325 â entre tous, celui qui absorbait le plus de talents et qui pro- duisait les Ćuvres les plus grandioses. » Il m'a semblĂ© , Messieurs , qu'il y aurait pour vous quelque . intĂ©rĂȘt Ă revenir par la pensĂ©e sur ce passĂ© qui a eu aussi ses gloires, pour y Ă©tudier, dans son Ă©clat et sa splendeur, un art auquel vous accordez ici droit de citĂ©. » Malheureusement, il est impossible de faire sur cette ques- tion une Ă©tude complĂšte. Dans toute histoire, les origines loin- taines sont entourĂ©es de quelques tĂ©nĂšbres, mais ici l'obscuritĂ© est telle que, malgrĂ© ses savantes recherches, l'Ă©rudition con- temporaine n'est pas encore parvenue Ă la dissiper. L'origine de la peinture sur verre est une des questions qui embarrassent le plus l'archĂ©ologie, parce que ce qui lui manque pour la rĂ©soudre, ce sont prĂ©cisĂ©ment les Ă©lĂ©ments de la discussion. » Les documents Ă©crits font presque absolument dĂ©faut. » S'il est en France une ville oĂč les recherches auraient dĂ» amener quelques rĂ©sultats, c'est la ville de Chartres; aujour- d'hui encore elle est la plus riche en verriĂšres antiques. Non- seulement sa cathĂ©drale, mais ses Ă©glises secondaires, telles que Saint-Pierre , Saint- Aignan possĂšdent des collections com- plĂštes de vitraux du Moyen -Age, et tous rĂ©vĂšlent une perfec- tion artistique incontestĂ©e. Evidemment la citĂ© beauceronne a Ă©tĂ© jadis le siĂšge d'une Ă©cole sĂ©rieuse et florissante de peinture sur verre; il y a eu des maĂźtres et des Ă©lĂšves, des Ă©tudes pa- tientes, peut-ĂȘtre mĂȘme des dĂ©couvertes magnifiques, des tra- ditions d'enseignement et de pratique qu'il serait aujourd'hui trĂšs-intĂ©ressant de retrouver. » D'autres villes, telles que Bourges, Paris, Rouen, Sens, Lyon, etc., prĂ©sentent aussi de belles tentures en vitraux, fort bien conservĂ©es d'aspect pour la plupart, grĂące Ă leur confec- tion solide. Quelques-uns cependant ont Ă©tĂ© maltraitĂ©s singuliĂš- rement de diverses maniĂšres, au siĂšcle dernier. A cette persĂ©cu- tion artistique provoquĂ©e par l'esprit du temps, les chanoines eux-mĂȘmes prĂȘtaient parfois la main, et la ville de Chartres n'a pas Ă©tĂ© Ă l'abri de ces destructions regrettables. » Mais si les monuments nous restent, nous n'avons pas le plus petit indice au sujet delĂ construction, de l'arrangement, de l'organisation des ateliers des verriers. â Rien de leurs es- quisses, de leurs cartons, de leur outillage ne nous est parvenu. » Vous avez rencontrĂ© maintes fois ce qu'on appelle des I - 326 - bibelots descoi&ets, des alliances, des armes, que sais-jeĂź Ces objets prĂ©cieux fourmillent encore dans nos MusĂ©es, dans . les collections particuliĂšres. Quant au porte-crayon et aux pin- ceaux du verrier, ils sont encore Ă retrouver. » Nous pouvons supposer que ces ateliers Ă©taient de grande dimension , possĂ©dant de trĂšs-grandes fenĂȘtres destinĂ©es Ă rece- voir les panneaux Ă peindre que l'artiste disposait lui-mĂȘme dans leur armature. Autrement on s* expliquerait difficilement cette perfection extrĂȘme qui n'a pu ĂȘtre surpassĂ©e mĂȘme aprĂšs plusieurs siĂšcles d'observation , d'Ă©tude et de travail , de pra- tique traditionnelle. 9 Malheureusement tandis que Thistoire des autres arts est mise en pleine lumiĂšre, dans ce domaine les anciens manuscrits ne rĂ©vĂšlent rien. On a bien exhumĂ© quelques noms des vieux cartulaires ; quelques autres ont Ă©tĂ© dĂ©chiffrĂ©s dans les ver- riĂšres elles-mĂȘmes, mais ces noms passĂ©s ainsi Ă la postĂ©ritĂ© ne sont pas ceux des artistes, ce sont ceux des donateurs. Dans son dĂ©sintĂ©ressement, le verrier a donnĂ© l'immortalitĂ© aux autres sans penser Ă se la donner Ă lui-mĂȘme. y> Si nous sommes pauvres en renseignements, si les noms sont restĂ©s inconnus, en revanche, nous sommes riches en monuments et en Ćuvres cĂ©lĂšbres. Les verriĂšres du Moyen- Age Ă©tant restĂ©es intactes en grande partie, c'est dans ces pages que nous retrouvons l'histoire de l'art lui-mĂȘme. Quelques textes Ă©pars, Ă l'aide de l'induction, nous permettront de la reconstituer dans ses traits principaux. » Pour mettre quelque ordre dans ce travail, nous vous parlerons d'abord de la fabrication des vitraux au Moyen- Age, et ensuite du cĂŽtĂ© artistique, de leur valeur conune dessin et comme peinture. Nous traiterons en premier lieu les questions de mĂ©tier et ensuite les questions d'art. » Un des rares textes que les historiens de la peinture sur verre aient rencontrĂ© dans les anciens manuscrits , se rapporte prĂ©cisĂ©ment Ă cette question de procĂ©dĂ©s techniques employĂ©s jadis par nos illustres devanciers. C'est un passage du moine ThĂ©ophile qui vivait vers la fin du XP siĂšcle. Citons ce passage ⏠Vous ferez chauffer au feu le fer Ă diviser; il doit ĂȘtre mince » dans toute son Ă©tendue, et plus gros Ă Tune de ses extrĂ©mitĂ©s. » Lorsqu'il sera brĂ»lant du cĂŽtĂ© le plus gros, approchez-le du » verre que vous voudrez couper, et aussitĂŽt vous verrez un com- - 327 â 9 mencement de fracture. Si le verre est dur y mouillez-le avec de > la salive du bout du doigt Ă Tendroit oĂč vous aviez posĂ© le fer ; » dĂšs qu'il y aura fissure , tirez le fer selon que vous voudrez couper » le verre, et la fissure se continuera. Tous les morceaux Ă©tant cou- » pĂ©s lentement de cette maniĂšre, prenez le grĂ©soir, qui devra » ĂȘtre long d'une palme, recourbĂ© Ă chaque extrĂ©mitĂ©; il vous » servira Ă Ă©galiser et Ă unir toutes les parties, chacune Ă sa place. » Les choses Ă©tant ainsi prĂ©parĂ©es, prenez la couleur avec laquelle » vous devez peindre le verre ^^ » VoilĂ donc ce que dit notre vieil auteur. A l'aide de ces quelques lignes, essayons de suivre dans son Ćuvre notre peintre verrier. Nous rappellerons ClĂ©ment, si vous voulez bien car empressons-nous de dire que la cathĂ©drale de Rouen est plus heureuse que celle de Chartres. Sur Tun des vitraux de la basilique normande on lit Tinscription suivante Clemens viTREARius Carnotensis, M. . . et l'on a traduit cette derniĂšre lettre par le mot Magister. Notre artiste est au travail. L*Ćuvre de l'architecte est achevĂ©e; dĂ©jĂ la cathĂ©drale s'Ă©lĂšve majes- tueusement dans les airs ; il n'y a plus qu'Ă tendre de voiles transparents et rayonnants, les baies gigantesques et les rosaces de dimensions variĂ©es. » Un plan d'ensemble a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© par quelque thĂ©ologien, quelque chanoine Ă©rudit. ClĂ©ment le verrier s'en est pĂ©nĂ©trĂ©, il a dessinĂ© chaque personnage, chaque scĂšne, chaque orne- ment soit mosaĂŻque ou architecture, il s'agit maintenant de reproduire ces dessins sur le verre et de leur donner tout l'Ă©clat de la lumiĂšre et du soleil. ClĂ©ment choisit ses verres de couleurs variĂ©es qu'il a fondus lui-mĂȘme ou que lui a UvrĂ©s un industriel aujourd'hui oubliĂ©. Nous verrons plus lard ce qu'il adviendra de ce travail de coloration. Le verrier dĂ©coupe les diffĂ©rents morceaux qui doi- vent entrer dans le vitrail, selon les moyens que nous a dĂ©crits le moine ThĂ©ophile. Puis il fait l'esquisse Ă l'aide d'un Ă©mail , et quand ce premier trait a marquĂ© les contours d'une partie du corps ou de la draperie qu'il veut peindre, il cherche Ă lui donner du modelĂ© par des traits rĂ©pĂ©tĂ©s et rapprochĂ©s qui suivent parallĂšlement toutes les sinuositĂ©s de la premiĂšre ligne, de la ligne mĂšre. Ces traits nourris Ă leur naissance sont presque transparents lorsqu'ils atteignent les masses de lu- miĂšres qu'ils mettent ainsi en relief. â 328 â i> Lisons un second passage du moine ThĂ©ophile sur la matiĂšre c Quant aux ombres et aux clairs des vĂȘtements , si vous ĂȘtes » habile dans cet art, vous pourrez les faire comme dans la pein- > ture ordinaire, de la maniĂšre suivante. Lorsque vous aurez ÂŁiit » les traits des draperies avec la couleur prĂ©parĂ©e Ă cet effet, cou- » vrez-la avec le pinceau , de maniĂšre que le verre reste transpa- » rent Ă Tendroit oĂč, dans la peinture ordinaire , vous avez coutume » de faire les clairs, et que le mĂȘme trait soit d*abord foncĂ©, puis » lĂ©ger , enfin plus lĂ©ger encore et tellement mĂ©nagĂ© , qu'on voie » pour ainsi dire, trois couleurs posĂ©es Tune Ă cĂŽtĂ© de l'autre. » Vous devez observer le mĂȘme procĂ©dĂ© pour peindre au-dessous » des sourcils, autour des yeux, des narines et du menton, et » autour du visage des jeunes gens, autour des pieds nus, des > mains ou des autres membres du corps. > » Ce genre de travail de facture a Ă©tĂ© adoptĂ© par le verrier chartraiu, par le verrier de Saint-Denis, par les verriers qui ont fait et les verriĂšres de CantorbĂ©ry et celles de HĂ©ligenkreuz, que nous avons pu Ă©tudier de trĂšs-prĂšs; cependant ce procĂ©dĂ© varie quelquefois, notamment pour la Sainte-Chapelle, alors que, pour obtenir des plis amples et anguleux, une certaine prĂ©oc- cupation se manifeste chez l'artiste dans la recherche de son rendu. Il dispose les traits en hachures soit au moyen de la grisaille, soit au moyen des enlevĂ©s Ă la pointe. » Cette parentĂ© de faire nous incline Ă penser que ClĂ©ment, notre verrier chartrain , qui a fait les principales verriĂšres de la cathĂ©drale de Rouen , a dĂ» exĂ©cuter les verriĂšres de la chapelle de Saint-Martin dans le pourtour du dĂ©ambulatoire, et une autre verriĂšre lĂ©gendaire, dans le clĂ©restory de Notre-Dame de Chartres. » Nous retrouvons Ă CantorbĂ©ry des verriĂšres traitĂ©es abso- lument comme celles de la cathĂ©drale de Sens. Cela est d'autant plus facile Ă expliquer qu'on sait que saint Thomas de Cantor- bĂ©ry a Ă©tĂ© exilĂ© Ă VĂ©zelay aux portes de Sens mĂȘme, d*oĂč il a dĂ» emporter les traditions de nos verriers français. Une preuve Ă©vidente que la France est la terre classique du vitrail. » A ce travail de peinture succĂšde celui de la cuisson. » Consultons encore le moine ThĂ©ophile. Voici ce qu'il dit ⏠Faites-vous ime tablette de fer de la dimension du fourneau à » l'intĂ©rieur, sauf deux doigts en longueur et deux doigts en lar- - 329 â > geur. Sur cette tablette , vous tamiserez de la chaux vive ou des > cendres de TĂ©paisseur d*un brin d'herbe , vous les arrangerez avec > im bois lisse, afin qu*on les Ă©tende solidement. Cette mĂȘme > tablette aura une queue en fer, Ă Taide de laquelle on puisse la > porter, la mettre et l'ĂŽter. Vous placerez dessus le verre peint » avec soin et uni , de maniĂšre qu'Ă la partie extĂ©rieure , c'est-Ă -dire > vers la queue , soient le vert et Je bleu , et Ă la partie intĂ©rieure , le > blanc , le jaune et le pourpre qui rĂ©sistent plus facilement au feu. » Vous ajusterez ensuite les barres de fer et vous poserez la » tablette dessus. AprĂšs cela , vous prendrez du bois de hĂȘtre bien » dessĂ©chĂ© Ă la fumĂ©e , et vous allumerez un petit feu dans le four- » neau; vous augmenterez le feu avec prĂ©caution jusqu'Ă ce que » vous voyiez monter la flamme par derriĂšre , et des deux cĂŽtĂ©s » entre le fourneau et la tablette , et couvrir le verre en passant par ^^ dessus et pour ainsi dire en le lĂ©chant , jusqu'Ă ce qu'il soit ar- > dent. AussitĂŽt, vous ĂŽterez le bois, vous fermerez exactement la > bouche du fourneau et l'ouverture supĂ©rieure par oĂč s'Ă©chappait » la fumĂ©e , jusqu'Ă ce qu'il se refroidisse de lui-mĂȘme. La chaux et » la cendre sur la tablette de fer servent Ă garder le verre de peur » qu'il ne se brise par la chaleur s'il touchait la tablette nue. » Lorsque vous aurez tirĂ© le verre, essayez avec votre ongle si » vous pouvez attaquer la couleur ; si vous ne le pouvez pas , cela » suffit ; si vous le pouvez , remettez au feu. Tous les morceaux de v verre Ă©tant cuits de cette maniĂšre, posez-les chacun Ă sa place 1 sur la table de bois. » » Les piĂšces de verre mises ainsi au feu Ă©taient gĂ©nĂ©ralement de dimension petite il est facile de s'en rendre compte en examinant ces grandes verriĂšres composĂ©es de piĂšces innom- brables; les accidents Ă©taient donc trĂšs-rares. Et s*il se produi- sait quelque irrĂ©gularitĂ© dans l'intensitĂ© de la chaleur, le verre n'en souffrait pas; bien au contraire, par le gondolement il acquĂ©rait des rugositĂ©s qui augmentaient l'effet et la richesse du coloris, en produisant Ă la surface des milliers de petites facettes Ă©tincelantes. Et n'aUons pas confondre ces facettes avec le rĂ©sultat obtenu que nous donne le verre piquĂ© , rĂ©sultat dĂ» au long contact extĂ©rieur du verre avec l'action atmosphĂ©rique. Ces piqĂ»res de verre produisent de nombreuses porositĂ©s par lesquelles la lumiĂšre du soleil pĂ©nĂštre d'une maniĂšre capri- deuse. Dans les restaurations nous sommes obligĂ©s de cher- cher Ă obtenir des effets analogues par un procĂ©dĂ© artificiel. Nous Ă©tahlissons ainsi l'harmonie entre les parties nouvelles et les parties anciennes qui doivent s'assimiler et se confondre. ToMB VL 24 â 330 â » La caisson terminĂ©e, on procĂ©dait Ă la mise en plomb les morceaux de verre Ă©taient rĂ©unis par des laniĂšres de plomb prĂ©parĂ©es Ă Favance et dans lesquelles Ă©tait pratiquĂ©e une double rainure ^obtenue Ă l'aide d'un rabot, alors que le lami- noir n'Ă©tait pas inventĂ©. Le plomb ainsi prĂ©parĂ© Ă©tait plus fort, plus solide que celui que nous faisons passer par nos lami- noirs. » Les dimensions des panneaux se trouvaient dĂ©terminĂ©es par la grandeur des fenĂȘtres. Les panneaux alors prĂ©parĂ©s, on les ajustait en place entre des barlotiĂšres de fer pourvues de crochets, et on les fixait par des feuillards disposĂ©s comme revĂȘtement, et le poseur les scellait enfin avec du plĂątre. » VoilĂ en rĂ©sumĂ© les opĂ©rations toutes matĂ©rielles du verrier au Moyen-Age mais cet ensemble ne donne pas une idĂ©e de son art, ce n'en est en effet que le petit cĂŽtĂ©. » Avant et au-dessus de ce travail extĂ©rieur et physique, il y en a un autre bien supĂ©rieur â la mĂ©ditation, la composi- tion, l'Ă©tude des lignes, l'observation attentive des nuances, des couleurs et des combinaisons harmonieuses des diffĂ©rentes notes de cette gamme qui a ses lois et ses accords comme la , gamme musicale. âą Je n'oublierai jamais l'effet que produisit sur moi, quand je contemplai pour la premiĂšre fois, un matin de mai, il y a quelque vingt ans, le transept de la basilique de Chartres avec son immense rosace et ses quatre grands ProphĂštes. L'aurore se levait, et ses premiers rayons se jouaient mollement Ă tra- vers les teintes de topaze, de saphir et d'Ă©meraude la rosace et les lancettes infĂ©rieures revĂȘtaient ainsi leur toilette enso- leillĂ©e et pleine de fraĂźcheur; la baie grandiose, inondĂ©e de splendeur, prĂ©sentait un Ă©clat fĂ©erique qui me fascinait; j'avais devant moi comme un immense clavier oĂč rĂ©sonnaient Ă la fois les notes les plus suaves et les plus retentissantes, fondues ensemble dans mie harmonie enchanteresse de laquelle aucun concert musical n'a jamais approchĂ©. âą J'avais sans doute une prĂ©disposition Ă goĂ»ter cette mu- . sique mais je ne crois pas exagĂ©rer en disant que tout ami des arts Ă©prouve un ravissement semblable devant les pages bibliques oĂč les verriers du Moyen -Age ont Ă©talĂ© toutes les richesses de leur imagination et de leur palette. L'effet d'en- semble en est saisissant, et c'est lĂ ce qui a fait de la peinture â 331 - sur verre y un art aussi populaire. Mais cet effet a besoin d'ĂȘtre analysĂ© pour ĂȘtre bien apprĂ©ciĂ©. » Avant donc d'insister sur la valeur artistique de TĆuvre, Ă©tudions-en les Ă©lĂ©ments en nous plaçant tour Ă tour au point de vue de la composition ^ du dessin , de la coloration et de Texpression. > L*esprit, a dit un grand philosophe, se prĂ©cipite d*abord âą vers son objet sans se rendre compte de ce qu'il aperçoit, de 1» ce qu'il sent, mais il possĂšde la libertĂ© de rĂ©flĂ©chir et de » mĂ»rir, de fĂ©conder sa pensĂ©e pour a reproduire. » Cette rĂ©- flexion s'applique au verrier comme Ă tous les artistes. Quand il a reçu du thĂ©ologien , une donnĂ©e , c'est Ă lui de la fĂ©conder, de l'embellir, de lui donner dans son imagination une forme expressive et vivante. T> Dans ce premier travail de mĂ©ditation, l'artiste fredonne sa pensĂ©e, crĂ©e ses types et les coordonne, il silhouette pour ainsi dire ses diffĂ©rents personnages avec leur physionomie et leur attitude, puis il les groupe et les entoure de leurs orne- ments accessoires. Quand cette prĂ©paration intĂ©rieure atteindra son terme, il jettera sur le papier sa premiĂšre esquisse, sans avoir le temps de la faire ni correcte ni achevĂ©e. > Au Moyen-Age, il y avait Ă mĂ»rir ainsi et Ă fĂ©conder deux genres de compositions des sujets historiques et des sujets symboliques. 9 La symbolique chrĂ©tienne est une langue savante, dont la grammaire a Ă©tĂ© Ă©crite dans les Catacombes, dont les donnĂ©es Ă©taient fournies au verrier par la tradition, et qui offre tou- jours un rĂ©el intĂ©rĂȘt Ă l'archĂ©ologie contemporaine. Dans les sujets historiques, le verrier observait encore les traditions et l'histoire ; mais il avait lĂ une plus grande libertĂ© d'action il avait toute latitude dans l'expression des traits, les poses, les draperies, les mouvements. Toutefois, n'ayant pas d'arriĂšre-plan, tous les personnages en scĂšne Ă©taient de dimension Ă peu prĂšs Ă©gale, et par lĂ , les verriĂšres Ă©taient pri- vĂ©es d'un des Ă©lĂ©ments qui font la variĂ©tĂ© et la richesse de la peinture proprement dite la perspective. V Mais elles rachetaient cette lacune par l'habiletĂ© ingĂ©nieuse des dispositions, la profusion des ornements et l'Ă©clat des cou- leurs. » Les divers motifs Ă©taient de nombre assez restreint trĂšfles, - 332 - palmetieSy grains^ rinceaux circulaires ^ ornements variĂ©s rĂ©unis ou sĂ©parĂ©s par des filets ou des perles tels Ă©taient les Ă©lĂ©ments dont les mille combinaisons forment les mosaĂŻques sur les- quelles se dĂ©tachent les mĂ©daillons ou les scĂšnes principales des verriĂšres. » La rĂšgle et le compas font presque tous les frais des princi- pales lignes, et ce ne sont guĂšre que des configurations gĂ©omĂ©- triques multipliĂ©es, Ă Tinfini. » Quant aux motifs d'architecture servant de soubassement ou de couronnement, appelĂ©s JĂ©rusalem, on les rencontre pour les personnages, trĂšs-rarement pour les scĂšnes. > Ceci nous amĂšne Ă parler du dessin des personnages et des scĂšnes, et c'est, vous le savez, une des questions oĂč se heurtent des critiques et des enthousiasmes exagĂ©rĂ©s dont nous essaierons de rester Ă©galement Ă©loignĂ©s. » Le dessinateur du Moyen- Age n'ignoi-e pas le grand carac- tĂšre de la Ugne â les ProphĂštes de la cathĂ©drale de Chartres prouveraient Ă eux seuls que la simplicitĂ© et la noblesse d'allure ne lui Ă©taient pas inconnues ; â nĂ©anmoins il n'a pas cherchĂ©e lutter avec le statuaire du temps , qui visait davantage Ă la na- ture; sa grande prĂ©occupation a Ă©tĂ© de parler Ă l'Ćil et d'Ă©crire sa pensĂ©e le plus lisiblement possible, au risque de manquer Ă la vĂ©ritĂ© et Ă la science du dessin. » C'est ainsi, pour donner quelques exemples, aux XU, XIIP et XIV siĂšcles, qu'il Ă©largira toujours pour les accentuer davantage l'extrĂ©mitĂ© des pieds et des mains, qu'il affectera d'arrondir toujours la prunelle des yeux , quelle que soit la dis- position de la figure, qu'elle se prĂ©sente de face, de profil ou de trois quarts. » n ignore les lois de la perspective et du dessin en raccourci. â Je suis peut-ĂȘtre un peu absolu , la perspective n'Ă©tait pas com- plĂštement inconnue au Moyen- Age , mais elle n'Ă©tait pas inter- prĂ©tĂ©e comme de nos jours. Les anciens la faisaient sentir par le moyen d'un objet intermĂ©diaire, tel qu'une draperie ou un motif symbolique. » Maintenant que nous nous sommes occupĂ©s surtout des vitraux des XIP et XIIP siĂšcles, jetons un coup d'Ćil rapide sur les productions artistiques en vitraux des XTV* et XV siĂšcles. Voyons succinctement les caractĂšres gĂ©nĂ©raux des verriĂšres de ces deux Ă©poques. d - 333 - » Au XIV siĂšcle, une certaine recherche d'aprĂšs nature com- mence Ă poindre dans TĂ©tude des chairs et le mouvement des draperies. Certains signes distinctifs de richesse exubĂ©rante se font jour Ă©galement d'une façon artistique et intĂ©ressante dans les pierres tombales. Les sujets et les scĂšnes sont entourĂ©s d'une architecture aux dĂ©tails dĂ©licatement peints. Dans ces architec- tiu'es les teintes argentines nacrĂ©es et les teintes d'or prennent la place des couleurs diverses que l'on remarquait dans les vitraux du XII et du XIIP siĂšcle. Le costume national sert souvent Ă revĂȘtir les principaux personnages des scĂšnes. Tou- tefois, c'est encore l'effet dĂ©coratif obtenu par la coloration soutenue, qui est l'objectif du peintre. â A cette Ă©poque le jaune au sulfate d'argent est inventĂ©. Le verrier a ainsi deux teintes Ă sa disposition ; le jaune d'argent produisant la teinte d'or et l'Ă©mail bistrĂ© dont le peintre se sert pour le trait et les aplats. Des sujets en pied traitĂ©s d'une maniĂšre incolore sont placĂ©s sur des fonds en grisailles, qui leur servent de tapis. Tout le monde connaĂźt la grisaille. Voici Ă ce sujet ce que nous en dit notre cĂ©lĂšbre maĂźtre, M. Viollet-le-Duc DĂšs la seconde moitiĂ© du XIIP siĂšcle, on songea donc à » donner plus de lumiĂšre dans l'intĂ©rieur des Ă©difices en com- » posant des verriĂšres partie en grisailles , partie en panneaux » coloriĂ©s. On conçoit sans peine que cette innovation dut » changer complĂštement les conditions d'harmonie. Les sur- » faces blanc nacrĂ© des parties en grisailles devaient faire pa- raĂźtre lourdes et obscures les surfaces colorĂ©es voisines. On » introduisit donc dans ces derniĂšres de grandes parties claires, » des bleus limpides et verdĂątres, des jaunes, des rouges et » pourpres trĂšs-clairs, des blancs verdĂątres ou rosĂ©s. » n Au XV siĂšcle le grand caractĂšre est dĂ©trĂŽnĂ© en bonne partie par la distinction , la grĂące , le joli et mĂȘme le coquet. Le mouvement de l'art vers la nature s'accentue dans la composi- tion et le modĂšle. Le verrier entre alors Ă pleines voiles dans l'Ă©tude de l'art pour l'art. C'est une vĂ©gĂ©tation luxuriante des motifs les plus fouillĂ©s, les plus ciselĂ©s, qui se fait jour en vitraux ainsi qu'en architecture. La perspective n'est pas en- core assise, mais elle commence Ă prendre sa place. Plus de nimbe coloriĂ©, c'est le nimbe d'or qui le remplace. » A cette Ă©poque se gĂ©nĂ©ralisent les philactĂšres ou lambelles qui existaient dĂ©jĂ au siĂšcle prĂ©cĂ©dent. Le verrier invente une - 334 - nouvelle teinte de chair un peu roussĂątre. Pour la premiĂšre fois des verres plaquĂ©s se gravent au profit de la richesse des ornements et des Ă©cussons notamment. Dans ce siĂšcle surtout, notre gracieux et pittoresque costume national sert au verrier pour Tarrangement de ses scĂšnes. Une erreur que nous n'avons pas eu Ă signaler aux siĂšcles prĂ©cĂ©dents se manifeste au XV siĂšcle, nous voulons parler de la tendance Ă vouloir rĂ©unir plusieurs scĂšnes dans un seul et mĂȘme cadre au dĂ©triment de TunitĂ©. Cette erreur s'est gĂ©nĂ©ralisĂ©e avec un luxe de dĂ©tails tout Ă fait regrettable. Le modelĂ© nature et non de convention, avons-nous dit, commence Ă se produire, mais c'est Ă Taide du blaireau, du putois, instruments dont se servaient alors les verriers, bien certainement. Des hachures et des enlevĂ©s Ă la pointe du pinceau produisent de dĂ©licieux effets. » Nous donnons avec M. Jules Labarte la nomenclature sui- vante. Les artistes verriers ont dĂ» ĂȘtre fort nombreux , et ce- pendant peu de noms sont parvenus jusqu'Ă nous. On connaĂźt Guillaume de Gradville, Robin Damaigne, GuiUaiune et Jean Barbe dĂ©signĂ©s dans les archives de la cathĂ©drale de Rouen, comme ayant peint des vitraux pourVĂ©glise; Henri Meillein, de Bourges, Antoine Chenesson, d'OrlĂ©ans, qui travailla avec Jean Barbe aux vitraux du chĂąteau de Gaillon , pour le cardinal d'Amboise; Guillaume DelanoĂ« et Jean le Normand, qui firent les vitraux de Tancarville en Normandie. â M. LĂ©vy cite en- core plusieurs verriers français dont les noms ont Ă©tĂ© retrou- vĂ©s dans diffĂ©rentes archives Balthazard, Bijsetout, Girard le Nogat, Hermant, Mandrin, Michelet, Pierre Jehan des Pins, Jehan de Vertus et Blanc-Mantel, Ă Troyes; BrĂ©hal, Ă Ăvreux; Jehan Simon, Ă Bar-sur- Aube ; Montglarive, Ă OrlĂ©ans; Recham- bault, Ă Limoges, et Thibault la LĂšvre, Ă Dijon. Les listes de M. LĂ©vy renferment aussi les noms d*un certain nombre de verriers flamands et espagnols. Nous ne devons pas oubUer, pour l'Allemagne, Jacques d'Ulm, de l'ordre de Saint -Domi- nique, qui fut mis par l'Eglise au rang des bienheureux. On lui attribue, bien Ă tort, l'invention du jaune d'argent, puisque cet Ă©mail Ă©tait dĂ©jĂ en usage vers le milieu du XV siĂšcle. » Si nous avons remarquĂ© certaines lacunes, surtout au Moyen- Age, ces lacunes sont plus apparentes que rĂ©elles; elles ne suffisent pas pour justifier TĂ©pithĂšte de barbares que donne aux Ćuvres de cette Ă©poque une certaine Ă©cole. Rien n'est moins ~ 335 â barbare en effet que ces verriĂšres, malgrĂ© leur imperfection au point de vue du dessin. Pour ĂȘtre juste et vrai, nous dirons que le dessinateur chrĂ©tien est pĂ©nĂ©trĂ© surtout de la mission mystique. Dans les personnages , il voit plutĂŽt des Ăąmes que des corps; il cherche Ă traduire une expression, une pensĂ©e, un caractĂšre, bien plus qu'Ă imiter des formes plastiques l'art du Moyen-Age est aux antipodes de Tart de la Renaissance. » Aussi bien, Messieurs, dans Tensemble de TĆuvre, le dessin n'est qu'un des Ă©lĂ©ments, qui a son importance, sans doute, mais qui n'est en somme que l'un des moyens pour arriver Ă l'expression du vrai et du beau. » Lorsque deux verriĂšres sont destinĂ©es Ă ĂȘtre placĂ©es en face l'une de l'autre, dans un Ă©difice, nous les traitons avec les mĂȘmes motifs de bordure, d'ornement, d'architecture; les su- jets seuls varient, nous amenons ainsi la symĂ©trie. Les verriers Ă la Renaissance ne procĂ©daient pas autrement. » Nos v-erriers du Moyen-Age au contraire obtenaient la sy- mĂ©trie par les dissemblĂźJales. En effet, les motifs dĂ©coratifs qui servaient Ă composer les pendants Ă©taient tout Ă fait distincts. Ce caractĂšre se remarque Ă toutes les Ă©poques du Moyen-Age. Les productions artistiques des Japonais que nous avons pu admi- rer Ă l'Exposition universelle nous conseillent de nous baser sur ce principe de la symĂ©trie ainsi obtenue. Si nous consultons sur l'art japonais la savante et substantielle confĂ©rence de M. Ernest Chesneau , nous y trouvons la preuve inĂ©luctable de la valeur de ce principe brillamment dĂ©montrĂ©e. > Examinons ensemble la marche de la nature sous ce rap- port. Voyez les arbres dans une forĂȘt. Ne sont-ils pas distincts? Etudiez avec soin la disposition des arbres de nos boulevards que nos Ă©diles se sont empressĂ©s dĂ©placer Ă des distances Ă©gales; la nature qui a horreur de la rĂ©gularitĂ© mĂ©trique redresse alors les erreurs commises en demandant aux diffĂ©rents sujets des formes, des contours divers c'est au profit de la symĂ©trie. Nous multiplierions Ă l'infini les exemples sur la matiĂšre. » S'il y a un sentiment bien marquĂ© de symĂ©trie dans l'esprit de l'arrangement des lignes de toute composition au Moyen-Age, dans un mĂȘme Ă©difice, dans une mĂȘme cathĂ©- drfije, nous rencontrons des colorations absolument distinctes, dĂ©notant de la part des artistes qui ont exĂ©cutĂ© ces travaux, des tempĂ©raments les plus opposĂ©s. - 336 - > n est des colorations gaies, vives, fraĂźches, brillantes et harmonieuses. Il en est de chaudes exprimant une vigueur sou- tenue dans l'ensemble. D'autre part, nous en trouvons de froides, de grises, dĂ©notant de la part de l'artiste un tempĂ©rament tour- nant Ă la glace, sans prĂ©judice toutefois d'une harmonie voulue qui a Ă©tĂ© savamment amenĂ©e. GĂ©nĂ©ralement les verriĂšres exposĂ©es au Nord sont d'un aspect plus sĂ©vĂšre. C'est ce que nous pouvons remarquer Ă la cathĂ©drale de Chartres. A cause de la poussiĂšre du temps, il est difficile aujourd'hui de voir si l'artiste a eu la pensĂ©e de les faire plus transparentes par une disposition particuliĂšre de facture. » Signalons comme une raretĂ© la disposition de deux per- sonnages reproduits quatre fois dans le transept nord de notre basilique, mais avec une coloration diffĂ©rente; tant il est vrai que Teffet dĂ©coratif Ă©tait cherchĂ© par des moyens qui rĂ©vĂ©laient chez l'artiste une tĂ©nacitĂ©, un esprit de suite extraor- dinaire. » La composition, le dessin et la coloration expriment dĂ©jĂ la pensĂ©e de l'artiste ; mais son Ćuvre n'est vraiment une Ćuvre d'art, que s'il ajoute Ă ces trois choses, je ne sais quelle disposition de caractĂšre dans l'exĂ©cution, je ne sais quel reflet, quelle vie, oĂč l'Ăąme elle-mĂȘme se manifeste, et qui s'appelle l'expression. » L'expression se trouve dans les verriĂšres du Moyen- Age elle y est quelquefois saisissante, toujours visible, et lĂ encore, le verrier n'a usĂ© que de moyens trĂšs-restreints , il a pour ainsi ainsi dire localisĂ© l'expression dans la pose et le mouvement du personnage. Il n'a pas les ressources presque infinies du dessi- nateur moderne ; nĂ©anmoins il arrive avec des moyens primitifs et des signes de convention , Ă exprimer tour Ă tour la piĂ©tĂ© dans une Annonciation , l'Ă©nergie de la lutte et la joie du triomphe dans un saint Michel ou un saint Georges. Le nombre des sentiments ainsi traduits est sans doute assez restreint, mais cette uniformitĂ© relative tient aux sujets eux-mĂȘmes, dont le caractĂšre est gĂ©nĂ©ralement Ă©levĂ© et s'harmonise d'ailleurs avec l'architecture grave et magistrale des cathĂ©drales go- thiques. » L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ©, la sĂ©ance est levĂ©e Ă quati^e heures trois quarts. - 337- NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires. MM. ChevauchĂ© Louis, notaire Ă Gallardon; prĂ©sentĂ© par MM. Hue et Met-Gaubert. L'abbĂ© Desyignes, professeur de seconde Ă Saint -Calais Sarthe; prĂ©sentĂ© par MM. les abbĂ©s Haye et Sainsot. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ Diciionnmre topographique du dĂ©partement de la Mayenne ^ par LĂ©on MaĂźtre, archiviste du dĂ©partement de la Loire-InfĂ©- rieure. Dictionnaire topographique du dĂ©partement de V Eure y par le marquis de Blosseville. Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique, scientifique et littĂ©raire du VendĂŽinoiSy t. XVII, 1878. Envoi de la SociĂ©tĂ©. SĂANCE DD 3 AVRIL 1879. Préùdence de M. A. de Saint-Laumer. â M. Met-Gaubert, secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart. _9_ Etaient prĂ©sents MM. de Saint -Lamner, TabbĂ© Olivier, Merlet, Met-Gaubert, Barois, de Bertheville, Boisseau, Buisson, FabbĂ© Cottereau, d'AmĂ©court RenĂ©, Escoffler, Gabriel, l'abbĂ© Foucault, Gilbert P., les Ă bbĂ©s Hayes et HĂ©nault, Hue, I Lecocq, Legendre, Legrand, MassĂ©, Nancy A., TabbĂ© Pardos, Ravault et Ricour. Le procĂšs-verbal de la derniĂšre rĂ©union est lu et adoptĂ©. EnumĂ©ration des dons offerts Ă la SociĂ©tĂ©. â 338 â DĂ©pĂŽt de TAlbum Caranda suite. Les fouilles d'Arcy-Sainte- Restitue Aisne. â Des remerciements particuliers seront adres- sĂ©s Ă M. FrĂ©dĂ©ric Moreau pĂšre, qui a envoyĂ© ces planches re- produisant fidĂšlement divers objets des Ă©poques Grauloise, Romaine et Franque. Lettre de M. Boucher de Molandon, d'OrlĂ©ans, qui annonce le 3 concours quinquennal de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique et his- torique de l'OrlĂ©anais. Une mĂ©daille d*or de mille francs sera dĂ©cernĂ©e, Ă OrlĂ©ans, en sĂ©ance publique, au mois de mai 1880, Ă Fauteur du meilleur travail d'histoire, d'archĂ©ologie, de nu- mismatique, de biographie, de gĂ©ographie ancienne ou de bibliographie, relatif soit Ă Tancienne province de TOrlĂ©anais, correspondant, Ă peu prĂšs aux trois dĂ©partements du Loiret, de Loir-et-Cher et d'Eure-et-Loir, soit spĂ©cialement Ă une locaUtĂ© particuUĂšre, ou Ă l'un des Ă©tablissements religieux, civils ou militaires de cette circonscription. Ce prix de mille francs pourra, s'il y a lieu, ĂȘtre divisĂ© en premier et second prix. Les membres titulaires rĂ©sidants de la SociĂ©tĂ© compo- seront le Jury d'examen. Les MĂ©moires devront ĂȘtre adressĂ©s franco au PrĂ©sident ou au SecrĂ©taire de la SociĂ©tĂ©, au lieu habituel de ses rĂ©u- nions, hĂŽtel de la PrĂ©fecture, Ă OrlĂ©ans, avant le 15 fĂ©- vrier 1880, terme de rigueur. Les mĂ©moires ne seront pas signĂ©s ; ils porteront seulement une devise ou Ă©pigraphe. Cette Ă©pigraphe sera reproduite sur l'enveloppe d'un billet cachetĂ© joint au mĂ©moire et contenant le nom de l'auteur, son adresse, et la dĂ©claration signĂ©e de lui, que son travail est inĂ©dit et n'a Ă©tĂ© couronnĂ© Ă aucun concours antĂ©rieur. Note de M. l'abbĂ© Haret sur un verre de Venise ayant servi de calice pour la messe pendant la RĂ©volution de 1793. Ce calice , qui fait partie de la collection d'objets rares appartenant Ă M. le curĂ© de CrĂ©cy , a Ă©tĂ© trouvĂ© chez une pauvre femme de Fontaine- les-Ribouts, qui le tenait de M. l'abbĂ© Lutton , ancien curĂ© de la paroisse. Ce verre a servi Ă dire la messe , d'aprĂšs le rapport des anciens habi- tants , et comme les prescriptions religieuses ne permettent pas de faire usage de vases si fragiles , on l'avait protĂ©gĂ© par une garniture de plomb presque dans son entier. Sans doute que dans un temps oĂč l'on manquait de calices d'or et d'argent on aura Ă©tĂ© frappĂ© de la beautĂ© extraordinaire de ce verre qui provenait de la collection de quelque chĂąteau voisin pillĂ© , et que l'on se VERHB DE VENISE. ~ 339 - sera servi de ce vase fragile qui est de la grandeur des calices d*or et d^argent et Ă peu prĂšs de leur forme. La SociĂ©tĂ© archĂ©ologique s'occupait ces jours-ci du verre , de sa com- position et de sa destination pour les vitraux d'Ă©glise, voici un verre dans la forme la plus belle et la plus gracieuse qu'il ait jamais acquise. Octogone parfait, hauteur 0"215, largeur 0"09, ce verre prĂ©sente Ă l'Ćil tous les agrĂ©ments d'un bijou , sans ĂȘtre cependant rehaussĂ© dans sa beautĂ© par des incrustations, des additions Ă©trangĂšres, ni par l'or, les perles et les pierres prĂ©cieuses. Il imite dans ses anses les filigranes d'argent; il a une douzaine d'Ćils-de-bĆuf ou bouillons de verre placĂ©s Ă la base de l'octogone , qui sont d'un effet merveilleux. Le tout est animĂ© par la couleur de deux petites ailes attachĂ©es dĂ©li- catement du cĂŽtĂ© opposĂ© aux anses flligranĂ©es. Il y a la sculpture sur bois, sur ivoire, sur pierre, etc. ; il y a aussi une sculpture, une gravure, tme manipulation artistique faite avec du verre, et il est sorti de lĂ cette derniĂšre fabrication de la matiĂšre orga- nique , une reprĂ©sentation de la vĂ©gĂ©tation , le verre de Venise. Ă la cathĂ©drale de Chartres, on refait, on remplace les pierres des rosaces qui sont usĂ©es par les intempĂ©ries des saisons , le verre est bien plus durable , Ă peine sa surface est-elle attaquĂ©e et l'Ă©clat de ses magnifiques verriĂšres n'en est pas amoindri. L'on peut donc dire que leur immortel Ă©clat, leur immortelle subs- tance survivent Ă la pierre et au feu. Communication sur la sĂ©ance publique annuelle du jeudi 15 mai, Ă la salle Sainte-Foy. L'orateur sera M. Alexandre Bertrand, directeur du MusĂ©e des antiquitĂ©s nationales de Saint -Germain- en -Laye. Ce savant a promis Ă la SociĂ©tĂ©, par Tentremise de notre honorable PrĂ©- sident, son concours aussi bienveillant que dĂ©licatement dĂ©sin- tĂ©ressĂ©. Il fera une confĂ©rence qui rentrera entiĂšrement dans le cadre de nos attributions , en parlant de son MusĂ©e et de l'utilitĂ© des cartes archĂ©ologiques. Ce mĂȘme jour aura lieu la pro- clamation des rĂ©compenses accordĂ©es par la SociĂ©tĂ© aux tra- vaux les plus mĂ©ritants des instituteurs du dĂ©partement. Rapport de M. Sautton sur les fouilles de Martainville. a La ferme de MartainvUle, ancienne seigneurie, conunune de Fains, canton de Voves, est situĂ©e Ă 3 kilomĂštres sud-sud- est de Voves, et Ă 1 kilomĂštre du dolmen appelĂ© Pierre-levĂ©e. » 11 y a environ soixante ans, une voiture chargĂ©e de fumiers a Ă©tĂ© tout Ă coup arrĂȘtĂ©e dans une piĂšce de terre appartenant Ă M. Goussard, alors cultivateur Ă Martainville, par un trou dont â 340 â Touverture devint apparente. Les gens de la ferme de M. Gous- sard descendirent dans le trou et virent, rapportent -ils, un souterrain dont ils n'ont pu apprĂ©cier la profondeur. M. Gous- sard fit boucher Texcavation Ă l'aide d'un plancher composĂ© de triques et de bourrĂ©es. Il y a environ quarante -cinq ans, une vache aveugle, poursuivie par une autre vache, fit crouler le plancher et tomba dans le trou. » A cette Ă©poque MM. Goussard, Pichot et DollĂ©ans descen- dirent dans le souterrain. Ils rapportent que des renards y avaient Ă©tabli leurs taniĂšres. M. DollĂ©ans, mon maçon, con- versant avec moi, m'a dit qu'un jour il Ă©tait descendu avec Pichot dans ce souterrain, qu'ils l'avaient visitĂ© en s'y enfon- çant de plus en plus, et que malgrĂ© leur dĂ©sir, ils ne purent en trouver l'extrĂ©mitĂ©; d'oĂč ils avaient conclu que ce souter- rain Ă©tait trĂšs-profond. » En prĂ©sence de ces faits et aprĂšs ces paroles, j'ai pensĂ© devoir en donner connaissance Ă la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique, quia bien voulu m'accorder une petite subvention pour commencer les fouilles. » Le souterrain de Martainville est situĂ© sur la commune de Voves, champtier du TrĂ©sor, dans une piĂšce de terre apparte- nant aujourd'hui Ă M. Cottin, cultivateur Ă Fains. Ce cultiva- teur a bien voulu m'autoriser Ă pratiquer les fouilles que je jugerais nĂ©cessaires. v A 75 mĂštres des murs de la ferme de Martainville, sur le chemin de GenonvilleĂ Yerville, Ă 15 mĂštres de ce chemin, se trouve l'ouverture du souterrain. » Le 12 mars Ă midi, les fouilles commencĂšrent, mais elles furent sans rĂ©sultat. » Le 13 mars Ă midi, fouilles nouvelles, encore sans rĂ©- sultat enfin vers quatre heures de l'aprĂšs-midi du mĂȘme jour l'ouverture fut trouvĂ©e, mais impraticable. » Le 19 mars, les travaux furent repris et les ouvriers des- cendirent dans le souterrain. » On y pĂ©nĂštre par un trou, au moyen de marches en terre cette descente ne dure que trĂšs-peu de temps, la profondeur Ă©tant de 2 m. 50 c. environ. » A l'orifice du souterrain on est obligĂ© de descendre Ă recu- lons sur un plan inclinĂ© d'une longueur de 2 mĂštres. » LĂ on rencontre une petite tourelle ou prise d'air de 1 mĂštre - 341 â de diamĂštre et de 2, m. 50 c de hauteur; la voĂ»te est en forme de panier Ă mouches. âą A gauche, dans cette tourelle se trouve une ouverture en forme de bouche de four de 80 centimĂštres de hauteur et autant de largeur; on y pĂ©nĂštre les jambes les premiĂšres et Ă reculons. » En tournant Ă droite, on arrive dans un couloir de 1 m. 45 de large et de 2 mĂštres de hauteur avec 10 mĂštres de longueur; au bout de ce couloir se trouve une seconde tourelle, puis une nouvelle bouche de four un peu plus petite que la premiĂšre. » En tournant encore Ă gauche, on arrive Ă un second cou- loir qui aboutit Ă une troisiĂšme tourelle plus haute que les prĂ©- cĂ©dentes. > LĂ , Ă gauche, se trouve une chambre carrĂ©e de toutes faces de 1 m. 50. 9 Au-delĂ de cette troisiĂšme tourelle se prolonge le couloir qui aboutit Ă une quatriĂšme tourelle, aprĂšs un espace de 2 mĂštres. » AprĂšs cette quatriĂšme tourelle se prolonge le couloir qui n'a pas Ă©tĂ© explorĂ© plus loin. » On a estimĂ© Ă 4 m. 80 la profondeur du souterrain au-des- sous du sol. » On n'y trouve aucune trace de maçonnerie apparente ; la voĂ»te des tourelles est formĂ©e de pierres arcboutĂ©es Tune contre l'autre. 9 Le sol du souterrain est recouvert d'une couche Ă©paisse de 83 centimĂštres, d'une terre fine grasse et noire, contenant un peu d'humiditĂ©. » Au sud des fouilles se trouve encore le vide, car ayant enfoncĂ© une pince dans le terrain et l'ayant abandonnĂ©e Ă elle- mĂȘme, nous avons failli la voir disparaĂźtre de nos mains. D Je demande Ă la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique qu'elle veuille bien m'autoriser Ă continuer ces fouilles. Je dĂ©sire mĂȘme qu'elle envoie un ou plusieurs de ses membres pour apprĂ©cier les faits exposĂ©s. » Je pense que ce souterrain pourrait ĂȘtre un reste du chĂą- teau seigneurial de Martainville. » Un crĂ©dit de 50 fr. est votĂ© pour la continuation de ces travaux , jusqu'Ă plus ample informĂ©. â 342 - Communication de H. TabbĂ© Cottereau sur de curieux frag- ments des titres funĂšbres de Guy !âą', abbĂ© de Saint-PĂšre, mort en 1231. DĂ©pĂŽt par M. Sautton d'une piĂšce de monnaie du temps de Charles VII, trouvĂ©e dans un jardin de Torlois, commune de Fains-la-Folie. Lecture par M. Merlet de l'introduction au Cartulaire de Tabbaye de Thiron. â Renvoi Ă la Commission de publication. Lecture par le SecrĂ©taire d'une fable qu'il a composĂ©e et inti- tulĂ©e La Lyre et le Marteau ». LA LYRE ET LE MARTEAU. FABLE. Une lyre , un marteau gisaient sur l'Ă©tabli D'un pauvre menuisier, musicien habile. â Lyre, dit le marteau, d'un ton bref, impoli, Tu n'es du travailleur qu'un passe-temps futile , Une occupation stĂ©rile, Qui fait chĂŽmer son bras par tes sons amolli. Va-t-en chanter plus loin , instrument inutile. -â La lyre lui rĂ©pond â MaĂźtrise ta colĂšre ; Toi , frĂšre , tu nourris la pauvre humanitĂ© ; Moi, dans les jours oĂč l'homme est attristĂ©, Je viens charmer son cĆur, Ă©gayer sa misĂšre. Ainsi, comme tu vois, nous avons sur la terre Chacun notre travail et notre utilitĂ©. L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ©, la sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures et demie. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. Le comte de Rilly, propriĂ©taire, Ă Paris; prĂ©sentĂ© par MM. Merlet et Garnier. Baron Zacharie, propriĂ©taire, Ă Chartres; prĂ©sentĂ© par MM. Lecocq et Sautton. â 343 - OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ. CongrĂšs scientifique de Fro/nce^ XLIV session. SĂ©ances gĂ©nĂ©rales Ă Senlis en 1877. MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© Dunkerquoise pour l'encouragement des Sciences, des Lettres et des ArtSy 20 vol. 1875-1876 Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© des Antiquaires de V Ouest ^ 4 trim. de 1878. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© sdenUfique, historique et archĂ©ologique de la CorrĂšze. Brives, tome I', 1"* et 2 livraisons. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique et historiqus de V OrlĂ©a- nais, tome VII, n*» 98, 3 trim. 1878. Envoi de la SociĂ©tĂ©. ERRATA. Page 293, „ vers de la premiĂšre strophe, au lieu de Et rend plein de douceur tous les fronts soucieux... lisez » Et rend pleins de douceur tous les fronts soucieux... * Page 302 , au lieu de ce vers Pour laisser tes dĂ©bris Ă une froide terre , lisez Pour laisser tes dĂ©bris sous une froide pierre. » SĂANCE DD !âą' MAI 1879. PrĂ©sidence de M. de SĂąint-Laumer. âąâ M. Met-Gaubert , secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart. Ătaient prĂ©sents MM. de Saint - Laumer , Met-Gaubert, d'AmĂ©court RenĂ©, Appay, Barsis, de Bertheville, Buisson, â 344 - Chevallier - Rufflgny, Dubreuil, EscoflSer, Famin, Gabriel, Gilbert?., Heurtault, de Lubriat, Lecocq, Legrand, Legendre, Lorin, TabbĂ© Lecomte, Millon, Nancy A., TabbĂ© Pardos, Ravault. Le procĂšs- verbal de la derniĂšre rĂ©union est lu et adoptĂ©. Communication sur la sĂ©ance gĂ©nĂ©rale de la SociĂ©tĂ© fixĂ©e au jeudi 15 mai. En raison de la tenue de l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Instituteurs qui a lieu le mĂȘme jour, Ă une heure , il est arrĂȘtĂ© que notre rĂ©union se fera Ă trois heures prĂ©cises, salle Sainte-Foy. Les dames seront invitĂ©es Ă y assister ; un avis sera publiĂ© , Ă cet Ă©gard, dans les journaux de la localitĂ©. M. le PrĂ©sident transmet quelques renseignements sur l'en- semble des travaux qui ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s, dans les diverses sections, Ă Paris, Ă TĂ©poquedela rĂ©union des SociĂ©tĂ©s savantes; il appelle T attention sur un rapport de M. le gĂ©nĂ©ral PrĂ©vost, au sujet des murs vitrifiĂ©s, et donne quelques explications com- plĂ©mentaires. Suit le compte rendu par le trĂ©sorier, M. Heurtault, de la situation financiĂšre de la SociĂ©tĂ©. RECETTES. Recett'CS ordinaires ReUquat de l'exercice 1877 9,409 fr. 69 c. Cotisations. â Total des recettes 3,630 » Vente de bulletins 77 50 IntĂ©rĂȘts des fonds placĂ©s 129 10 13,246 29~ Hecettes extraordinaires Subvention du MinistĂšre de l'Instruction pu- bUque 500 » Total des recettes 13,746 29 â 345 - DĂPENSES. ProcĂšs-verbaux et MĂ©moires 1,380 fr. Ole. Gravures 384 30 Frais de recouvrement des cotisations extĂ©- rieures 1 54 40 Traitement de Tappariteur 250 » Achats pour le musĂ©e » » SĂ©ance gĂ©nĂ©rale 142 50 Excursions archĂ©ologiques 35 95 Fouilles et dĂ©penses imprĂ©vues 168 30 Abonnements et reliures 204 80 Concours entre les Instituteurs 106 10 Total des dĂ©penses 2,826 36^ BALANCE. Recettes 1 3,746 fr. 29 c. DĂ©penses . 2,826 36 Reliquat actif. . 10,919 93^ Il est observĂ© qu'on pouiTait encore faire un placement dans l'intĂ©rĂȘt de la SociĂ©tĂ©. AprĂšs quelques renseignements fournis par plusieurs membres, il est arrĂȘtĂ© que le mois prochain sera prĂ©sentĂ© un rapport sur le meilleur mode de placement Ă opĂ©- rer, Ă Tavenir. Le compte rendu financier de M. le TrĂ©sorier reçoit une ap- probation gĂ©nĂ©rale. Lecture du travail de M. Lorin Continuation des Ă©tudes rela- tives Ă la peinture sur verre, procĂ©dĂ©s employĂ©s au XIX* siĂšcle. â Renvoi Ă la Commission de pubhcation. On a dit souvent, Messieurs, que nos pĂšres du XVI siĂšcle, n'avaient Ă©tĂ©, dans le domaine artistique, que les imitateurs et les copistes des maĂźtres italiens. Mon ami, M. deVasselot, a pro- testĂ© au nom de la sculpture contre cette affirmation exorbi- tante; je serais tentĂ© d'imiter son exemple et de protester au nom de la peinture. Tome VL P.. F. 25 â 346 â » Au moins est-il une espĂšce de peinture dans laquelle la transfonnation s*est opĂ©rĂ©e alors sans aucune influence Ă©tran- gĂšre , et oĂč la Renaissance ne fut qu'une Ă©volution spontanĂ©e et progressive du gĂ©nie national. Je veux parler des verriĂšres du XVP siĂšcle. » En mĂȘme temps que la peinture Ă fresque s'Ă©levait au-ddĂ des Alpes, Ă la hauteur sublime oĂč Font portĂ©e RaphaĂ«l, LĂ©onard de Vinci et Michel- Ange, que Ton a sumonmiĂ©s la Tri- nitĂ© immortelle de la peinture, nos immortels devanciers Ber- nard de Palissy et Pinaigrier atteignaient aussi TapogĂ©e de leur art. » Par un sentiment instinctif et une intuition supĂ©rieure du beau, ils entraient rĂ©solument dans la voie du progrĂšs et aban- donnaient Fart hiĂ©ratique des Ăąges prĂ©cĂ©dents pour reproduire la beautĂ© plastique; ils Ă©tudiaient les modĂšles vivants, en mĂȘme temps que les rĂšgles du dessin et de la perspective ; ils Ă©largissaient les mĂ©daillons pour en faire de vastes scĂšnes les personnages, au lieu d'apparaĂźtre isolĂ©s et immobiles, se grou- paient et s'animaient dans des pages aussi larges de dimension que parfaites d'exĂ©cution et brillantes de couleur. Et selon la rĂ©flexion judicieuse d'un critique, ils faisaient pour Tart ce qu'ont fait les gĂ©ologues pour la science et la richesse publique, et dĂ©couvraient dans le domaine idĂ©al un vĂ©ritable gisement aurifĂšre inconnu Ă leurs devanciers. » Au point de vue de la variĂ©tĂ© , de la perfection des formes et de la richesse des tons, les verriĂšres du XVI* siĂšcle n'ont guĂšre Ă©tĂ© dĂ©passĂ©es ; ce n'est pas Ă dire que tout y soit irrĂ©pro- chable ; Ă cĂŽtĂ© des Ćuvres merveilleuses il y a des compositions plus faibles , et dans les plus belles pages mĂȘmes , nos restaura- tions contemporaines ont surpris quelques erreurs de colora- tion et de dessin ; l'Ăšre reste dans le passĂ© , l'Ăšre glorieuse et brillante. A la fin du XVP siĂšcle une dĂ©cadence avait lieu si l'on en juge par le passage suivant de Bernard de Palissy. N'est-ce » pas un malheur aux verriers du PĂ©rigord-Limousin , auxquels » pays les verres sont mĂ©canisĂ©s en telle sorte qu'ils sont ven- » dus et criĂ©s par les villages et par ceux mĂȘmes qui crient les » vieux drapeaux et la vieille ferraille. » Il ajoute, en parlant des artistes eux-mĂȘmes Leur art est devenu si vil qu'il » leur est difficile de gagner leur vie aux prix qu'ils donnent » leurs Ćuvres. » - 347 - » Par une Ă©trange destinĂ©e , quand tout grandissait et florissait en France au XVII siĂšcle, dans ce grand siĂšcle dont le nom fait encore aujourd'hui la meilleure de nos gloires, la peinture sur verre baissait et se rapetissait ; elle se confinait dans les car- reaux dits en apprĂȘt, qui sont Ă nos grandes verriĂšres ce que sont les tableaux de chevalet Ă la grande peinture d'histoire. L'une des remarquables collections de ce genre de peinture se trouve dans le musĂ©e de Strasbourg. âą Le XVIII siĂšcle continuait Ă ne produire que des petits sujets dignes d amateurs , comme ce qu'on appelle les carreaux suisses. L'application des Ă©maux variĂ©s joue surtout un rĂŽle exceptionnel dans les sujets et les ornements Ă cette Ă©poque. » Pierre Levieil vient enfin tirer l'art de sa torpeur, et son ouvrage monumental est le prĂ©lude d'une nouvelle renaissance dont notre XIX* siĂšcle devait ĂȘtre le tĂ©moin. âą Avant d'arriver Ă notre art moderne, il faut bien s'entendre sur le rĂŽle que l'artiste a Ă jouer. » Ce rĂŽle consiste Ă exprimer une belle pensĂ©e sous la plus belle forme possible, et il n'y a rien qu'il ne puisse expri- mer. » Est-ce que Jean Cousin, dans la chapelle de Vincennes, n'a pas placĂ© Diane de Poitiers dans le Purgatoire? Ce beau corps, d'une audace inouĂŻe, dans un temple chrĂ©tien, vous empoigne par son galbe grandiose, par la finesse des contours, par la puretĂ© de la ligne, par une expression bien sentie de douleur calme et rĂ©signĂ©e ; il est lĂ pour se purifier de ses fautes... Nous considĂ©rons ce morceau isolĂ© comme un tour de force; les facettes merveilleuses de notre gĂ©nie artistique s'y trouvent mises en relief. âą Dans ce cas, sous une autre forme qu'au Moyen- Age , notre artiste rend un double hommage au CrĂ©ateur en donnant Ă l'Ăąme la plus riche enveloppe que crĂ©ature humaine puisse ima- giner. Tout est simple, calme et chaste dans cette figure acadĂ©- mique, et j'ajouterai mĂȘme que malgrĂ© son audace exception- nelle, elle exprime une piĂ©tĂ© Michel- Ange. o C'est au commencement de notre siĂšcle, vers 1825, que s'opĂšre le rĂ©veil dĂ©finitif, sous la double et puissante impulsion de savants distinguĂ©s et d'artistes audacieux. AprĂšs bien des tĂątonnements et des essais, Raverat, dirigĂ© par Abel de Pujol, dessinait les cartons des premiers vitraux destinĂ©s Ă l'Ă©glise â 348 â Sainte-Elisabeth et en opĂ©rait la cuisson dans les caves de la Banque de France oĂč Ton avait installĂ© un four provisoire. D AprĂšs cette premiĂšre et heureuse tentative , viennent les Ćuvres de Bontemps, de Choisy-le-Roi , et les vitraux exĂ©cutĂ©s sous le gouvernement de Juillet pour la basiUgue de Saint-Denis, TĂ©glise Saint-Roch, la cathĂ©drale de Versailles et pour la cha- pelle de Dreux. Dans cette derniĂšre dĂ©coration, dont certaines pages sont si remarquables, le verrier eut Thonneur d'avoir M. Ingres pour collaborateur. » DĂšs lors, la restauration de Fart Ă©tait faite il devait se dĂ©velopper de lui-mĂȘme et marcher de pixgrĂšs en progrĂšs c'est lĂ ce qui est arrivĂ©, grĂące Ă la faveur de Topinion, et, il faut bien le dire aussi, Ă l'initiative des verriers eux-mĂȘmes. » Les grandes Expositions internationales n*ont fait que mar- quer les Ă©tapes nĂ©cessaires de ces progrĂšs. » A Londres, Ă Paris, Ă Vienne, Ă Philadelphie, les verriĂšres ont figurĂ© dignement Ă cĂŽtĂ© des tableaux sur toile, et si, Ă chacun de ces grands concours, elles ont gagnĂ© en importance, elles n'ont pas moins gagnĂ© en perfection. » Mais avant d'achever cette rapide revue historique, il est une remarque qui s'impose et que je dois faire sans cramdre d'ĂȘtre accusĂ© de chauvinisme, tant ici les faits sont clairs et concluants. » Dans tous les autres arts, Ă l'Ă©tranger, nous avons des rivaux , des maĂźtres mĂȘme et des modĂšles. La peinture sur verre est au contraire essentiellement française. C'est l'art national, et la France en est la terre classique. C'est en France qu'il a produit ses plus belles Ćuvres dans les Ăąges passĂ©s, ce sont encore aujourd'hui les verriers français qui obtiennent le premier rang devant les jurys Ă©trangers, et qui sont chargĂ©s des dĂ©corations les plus importantes dans les cinq parties du monde. » Ouelle est la raison de cette supĂ©rioritĂ© que les Ă©trangers nous reconnaissent ? » La critique en fait honneur Ă notre climat et Ă notre tem- pĂ©rament national. » Nous ne vivons pas, disent-ils, sous le ciel brumeux de l'Angleterre et de l'Allemagne; la lumiĂšre y est plus nette et les couleurs mieux dĂ©finies , la configuration mĂȘme du territoire prĂ©sente cette variĂ©tĂ©, ce mĂ©lange heureux de plaines immenses â 349 â et de lieux accidentĂ©s dont le vieux Strabon Ă©tait Ă©merveillĂ© ; et, comme par une influence mystĂ©rieuse du climat et du sol sur les habitants, le caractĂšre français a je ne sais quoi d'impĂ©- tueux, de brillant et de vif. Nous avons un sang gĂ©nĂ©reux comme le vin de nos meilleurs coteaux; c'est Ă tout cela qu'il faut attribuer les audaces et les promptes saillies que nous avons montrĂ©es un peu partout, dans toutes les luttes pacifiques ou sanglantes. » C'est Ă tout cela qu'il faudrait attribuer aussi en partie nos succĂšs artistiques et littĂ©raires, s'il faut en croire un vieil auteur nommĂ© Babrius, » Partout oĂč mĂ»rit le raisin, les arts, la poĂ©sie et l'Ă©loquence, le sentiment exquis du beau Ă©clatent et grandissent comme au souffle d'une divinitĂ© bienfaisante. » Pour ĂȘtre complet, il faudrait peut-ĂȘtre ajouter Ă ces in- fluences, celle de l'hĂ©rĂ©ditĂ©; on a dit Qu'il y avait dans le fran- çais quelque chose de la joviahtĂ© gauloise, de l'impĂ©tuositĂ© franque, et de la tĂ©nacitĂ© romaine, cela doit ĂȘtre vrai des artistes autant que des guerriers. Mais, Messieurs, je n'ai pas la prĂ©tention de traitera fond cette question qui d'ailleurs n'est pas de ma compĂ©tence , et je me contente d'enregistrer, Ă l'honneur de notre nom français, l'incontestable prééminence, dans le prĂ©sent comme dans le passĂ©, de nos ateliers nationaux sur leurs rivaux Ă©trangers*, et j'arrive immĂ©diatement Ă ces questions de critique qui in- tĂ©ressent Ă bon droit les amis des arts et qu'il est capital de rĂ©soudre dans le sens de la vĂ©ritĂ© et du progrĂšs, si l'on ne veut entraver l'essor de l'art et compromettre peut-ĂȘtre son avenir. » Quels principes doit suivre aujourd'hui le peintre- verrier pour conserver Ă son art son ancien Ă©clat et lui ouvrir encore des horizons nouveaux ? âą En abordant cette question je me sens ici tout Ă fait Ă l'aise, car je m'adresse Ă des esprits accessibles Ă toutes les idĂ©es de progrĂšs , et je n'ai Ă Ă©mettre d'ailleurs que des pensĂ©es qui ne m'appartiennent pas et que j'ai l'honneur de partager avec la plupart de mes confrĂšres. » Le verrier du XIX* siĂšcle doit ĂȘtre de son temps je ne veux pas exagĂ©rer, toutefois, ni mettre en Ă©vidence ici des in- novations aventureuses. L'art, et surtout le nĂŽtre, est essen- â 350 - tiellement admirateur dupasse, il vit de traditions, ses meil- leures richesses lui viennent de ses ancĂȘtres. » Cependant, je le rĂ©pĂšte, le verrier doit ĂȘtre de son siĂšcle, et remarquez, Messieurs, que je sais aussi bien que personne les obstacles qu'il peut rencontrer. Ainsi je ne dirai pas qu'il trouve des inspirations bien artistiques dans ce monde moderne, si utilitaire, oĂč tout est industrie et nĂ©goce et dont le verrier lui-mĂȘme est obligĂ© de suivre le mouvement. S'il ne trouva dans son siĂšcle aucune inspiration, encore moins rencontre-t-il des modĂšles. » Ainsi je puis librement parler de notre costume, par exemple. Quel gracieux et pittoresque vĂȘtement que celui dont les personnages seraient affublĂ©s, je veux parler du pantalon de nankin, du gilet ouvert en cĆur, de la lĂ©gendaire cravate que nous portons en guise de carcan et surtout de ce couronnement que Timagination antique n'eĂ»t jamais inventĂ© 1 Je veux dire le chapeau haute forme. » Les artistes d'autrefois avaient trouvĂ© la colonne avec son fĂ»t couronnĂ© d'un gracieux chapiteau; notre siĂšcle a trouvĂ© la cheminĂ©e d'usine et nous en portons tous une enseigne ou un emblĂšme lorsque nous sommes pourvus de nos majestueux cha- peaux. » Voulez-vous juger par vos yeux de ce qu'il y a de vrai- ment artistique dans ce costume moderne? allez Ă Saint-Denis , regardez dans les vitraux de la basilique le roi Louis-Philippe avec sa cour, vous n'Ă©prouverez qu'une Ă©motion, ce sera la difficultĂ© de retenir un immense besoin de rire. » C'est un effet manquĂ© et un vrai dĂ©sastre artistique. » Si je ne craignais de prolonger trop cette parenthĂšse, j'Ă©mettrais ici un vĆu de verrier et de patriote c'est que l'on mit au concours et le bon goĂ»t français pourrait faire rĂ©ussir cette pensĂ©e un costume national moins prosaĂŻque que le nĂŽtre. » Nous avons de l'imagination encore, et nous trouverions, j'en suis sĂ»r, mieux que les costiunes Louis XTV et. Louis XV. Le gilet historique de poils de lapin adressĂ© jadis Ă Beethowen ne dut ĂȘtre pour rien dans ses inspirations lyriques, le cha- peau haute forme ne serait pas pour nous un meilleur inspi- rateur. » Ce ne sont donc pas nos costumes que le verrier contem- â 351 â porain doit emprunter Ă son siĂšcle ; non , mais il doit lui em- prunter ses inspirations gĂ©nĂ©reuses de progrĂšs et se servir pour l*art des merveilleuses facilitĂ©s que lui donne l'industrie moderne. âą Le peintre sur toile est un peintre sĂ©dentaire; il peut tra- vailler dans son atelier sans sortir ni se prĂ©occuper du dehors le peintre- verrier est un peintre, comment dirai-je, mobile, c'est-Ă -dire se dĂ©plaçant. S'il veut atteindre une perfection relative dans une Ćuvre, il lui faut Ă©tudier l'orientation, le climat , aussi bien que l'Ă©difice mĂȘme qu'il doit dĂ©corer. » Le vitrail est pour un monument une toilette dĂ©licate qui doit ĂȘtre faite pour lui et sur mesure. Puisque je suis entrĂ© dans cette comparaison, laissez-moi aller jusqu'au bout. Un vĂȘtement de confection n'est jamais parfait, car il faut tenir compte des nuances de teint, de forme, de coupe; il en est de mĂȘme de nos verriĂšres. Nous n'avons mĂȘme pas la ressource de les retoucher et de les maroufler comme les toiles. Avant donc de travailler et de mĂ©diter, il faut voir , il faut s'entendre avec ce collaborateur divin qui est de moitiĂ© dans toutes nos compositions, je veux dire le soleil. » L'idĂ©al ce serait d'exĂ©cuter les vitraux sur place dans la baie mĂȘme qu'ils doivent occuper, dans le jour mĂȘme oĂč ils doivent se reflĂ©ter, mais c'est lĂ un rĂȘve irrĂ©alisable; il nous reste donc * Ă nous servir de la vapeur, et ne pouvant transporter la locomo- tive dans nos verriĂšres , nous lui demandons de nous trans- porter jusqu'aux Ă©glises Ă dĂ©corer. » Ces courses peuvent avoir leur ennui, surtout quand il s'agit de quelques milliers de lieues; mais que voulez-vous, il faut souffrir pour ce qu'on aime, et le vitrail peut bien avoir lui aussi quelques martyrs. » D'ailleurs, ses victimes soi^t comme celles du poĂšte et les gens qu'il a tuĂ©s se portent assez bien. » » En empruntant Ă son siĂšcle le secours de ses dĂ©couvertes, le verrier actuel lui demandera aussi quelque chose de son esprit d'indĂ©pendance et de libertĂ©. » Il y a des dangers sans doute dans cette tendance, mais elle a aussi ses avantages , la UbertĂ© Ă©tant de sa nature l'inspiratrice par excellence des imitations gĂ©nĂ©reuses et des efforts Ă©ner- giques. » Aussi bien la part de libertĂ© que rĂ©clame aujourd'hui le ver- â 352 â rier devant ses critiques est bien modeste, car elle se renferme dans les limites invariables de Tart. » Nous ne demandons pas Ă changer les lois Ă©ternelles de la beautĂ© et de la vĂ©ritĂ© artistiques , l'unitĂ© de composition , l'Ă©tude de la nature , la puretĂ© des lignes. Nous prions seulement qu'on nous laisse une sage latitude dans le choix des genres et des pro- cĂ©dĂ©s. » Qu'on ne nous obUge pas Ă ne faire que des imitations, Ă copier un genre oĂč il y a des beautĂ©s de premier ordre, sans doute, mais aussi des lacunes incontestables. Qu'on ne nous interdise pas les compositions plus vastes oĂč la pensĂ©e peut se dĂ©velopper Ă Taise. i}u'on ne bannisse du vitrail , ni la pers- pective, ni la vie, ni la largeur des horizons. Qu'on pardonne Ă une belle Ćuvre de rivaliser avec des pages de peinture d'his- toire, ainsi que cela se pratiquait au XVI* siĂšcle. » Toutefois , ce qui prĂ©cĂšde est sans prĂ©judice de la qualitĂ© essentielle lumineuse du vitrail la transparence. Cette qualitĂ© est conune la coloration, elle varie suivant les tempĂ©raments des peintres. Je trouve parfait un pastiche XVP siĂšcle artistement exĂ©cutĂ© . dans lequel le verre est Ă peine recouvert d'un aplat lĂ©ger. Peut-ĂȘtre mĂȘme ce systĂšme trĂšs-limpide donne-t-il plus de fraĂźcheur , sinon plus de veloutĂ© et plus d'harmonie. A coup sĂ»r, il produit parfois des Ćuvres fort sĂ©duisantes. NĂ©anmoins, je n'irai pas condamner le verrier qui aurait une tendance Ă prendre congĂ© de la tapisserie encore la tapisserie est-elle vigoureuse dans son rendu pour effectuer un modĂšle d'une certaine vigueur, sans obscurcir ses ombres, bien entendu. Je dirai mĂȘme qu'il trouvera sur sa lyre des accents inconnus Ă l'autre systĂšme. Il est un moyen, Ă mon avis, pour reconnaĂźtre si le vitrail est restĂ© dans l'esprit dĂ©coratif malgrĂ© ime certaine dose de modelĂ©. C'est de voir si les teintes locales ont conservĂ© leur transparence Ă la lumiĂšre du jour, mĂȘme dans les ombres les plus soutenues. Je me demande quel effet produiraient les sujets de grande dimension de Jean Cousin Ă la chapelle de Vincennes et celles de Van Orley dans le transept de Sainte-Gu- dule, de Bruxelles, si ces cĂ©lĂšbres artistes n'avaient pas donnĂ© Ă leur modelĂ© plus de vigueur que n'en prĂ©sentent les petits sujets de Pinaigrier, de Saint- Aignan de Chartres? » Si nos peintres verriers peuvent Ă©taler Ă vos yeux sur ce fond transparent des scĂšnes aussi grandioses, aussi vivantes que les - 353 â peintres d'histoire, pourquoi ne pas leur en donner la libertĂ©, tout en restant dans le cadre des lois de la peinture sur verre? » On accorde libre carriĂšre Ă tous les talents, on applaudit Ă toutes les tentatives ; qu'on nous laisse agir et qu'on Ă©tende jusqu'Ă nous ces idĂ©es de libertĂ© qui s'enracinent d'elles-mĂȘmes partout Ă l'heure qu'il est. Que l'on vienne encore nous prendre Ă partie sur les procĂ©dĂ©s techniques systĂšmes Ă l'eau ou Ă Tes- sence, procĂ©dĂ©s par aplats ou enlevĂ©s Ă la brosse. Qu'importe, pourvu que l'Ćuvre soit belle. Tous les procĂ©dĂ©s sont bons, Messieurs, il faut ici de l'Ă©clectisme. C'est le droit du vitrail. Et sll est une libertĂ© nĂ©cessaire, c'est celle d'ĂȘtre vrai, d*ĂȘtre soi- mĂȘme. Au nom de la libertĂ© du vrai, nous rĂ©clamons le droit d'un dessin correct, mĂȘme chĂątiĂ© dans le vitrail. » Au nom de la libertĂ© d'ĂȘtre soi-mĂȘme, nous rĂ©clamons le droit d'avoir nos prĂ©fĂ©rences en fait de coloris et de l'exĂ©cuter selon notre caractĂšre, notre tempĂ©rament. Bien entendu qu'il s'agit ici des vitraux de style moderne. » Permettez-moi en terminant d'Ă©mettre un double vĆu. » Le premier serait d'obtenir du Gouvernement qu'il daignĂąt, dans les Expositions publiques internationales, ainsi qu'il le fait pour le Salon , classer les verriĂšres dans la section des Beaux- Arts, et ne plus les assimiler aux verreries et Ă la poterie. » L'Etat, j'espĂšre, fera droit Ă ce vĆu si lĂ©gitime, et les Expo- sitions elles-mĂȘmes y gagneront, car nos travaux placĂ©s et orientĂ©s convenablement, n'en feront pas la dĂ©coration la moins brillante. » Mon second et dernier vĆu serait que la Fiance fĂźt quelque chose de plus pour cet art national par excellence. » Ne serait-il pas dĂ©sirable, par exemple, que l'Ătat protĂ©geĂąt lui-mĂȘme cet art et l'honorĂąt de ses commandes, comme il le fait pour la peinture, la tapisserie? Et le jour oĂč l'Etat prendrait sous s©n Ă©gide la peinture sur. verre, son avenir serait assurĂ©, elle participerait Ă la soliditĂ© et Ă la stabilitĂ© de la France elle- mĂȘme. » L'initiative individuelle a des Ă©lans gĂ©nĂ©reux , mais Ă©phĂ©- mĂšres comme l'individu lui-mĂȘme. L'artiste laisse aprĂšs lui son Ćuvre, mais il ne laisse pas sa flamme. D Si ces vĆux Ă©taient accueillis , nos neveux recueilleraient des richesses accumulĂ©es , au lieu des Ă©paves dont notre admi- ration doit se contenter aujourd'hui pour les siĂšcles passĂ©s. â 354 â » Vous connaissez l'efiFet que produit insensiblement sur le granit la goutte d*eau qui tombe. La premiĂšre est Ă©pongĂ©e par un rayon du soleil qui la dĂ©vore, une deuxiĂšme, une troisiĂšme, une dixiĂšme subissent le mĂȘme sort. Hais arrive une myriade de gouttes d*eau et le granit est obligĂ© de compter avec elles, il s'assouplit, se dĂ©sagrĂšge et finalement il succombe. Ces gouttes d'eau rĂ©pĂ©tĂ©es Ă Tinfini arrivent Ă produire cette immense chute que l'on appelle la chute des PĂšlerins. » Vous figurez- vous, Messieurs, Taspect fĂ©erique que produi- raient aujourd'hui dans nos temples, nos palais, nos hĂŽtels, voire mĂȘme nos boudoirs, des milliers de verriĂšres de diffĂ©rents styles, si nous n'avions pas eu Ă subir d'interruption dans la marche de la peinture sur verre, si nous n'avions eu Ă dĂ©plorer ce sommeil lĂ©thargique qui a durĂ© plusieurs siĂšcles. » De mĂȘme que la premiĂšre goutte d'eau a donnĂ© naissance Ă cette chute immense, de mĂȘme aussi nous voyons par la pensĂ©e le vitrail passer de son Ă©tat prĂ©sent Ă une splendeur de plus en plus Ă©clatante^ et nos verriers Ă venir multiplier leur verve , leur entrain , et produire un spectacle resplendis- sant amenĂ© par une efflorescence gĂ©nĂ©rale et magique de miUiers de verriĂšres Ă©tincelantes. » Alors sur cet immense clavier se jouera , se chantera d'une maniĂšre magistrale, la transfiguration de la peinture sur verre, qui est pour nous et sera toujours le premier, le plus beau et le plus noble de tous les arts, v EnumĂ©ration des dons offerts Ă la SociĂ©tĂ©. Est dĂ©posĂ©e sur le bureau une collection de monnaies di- verses appartenant Ă M. le PrĂ©sident. L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ© , la sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures et demie. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ. Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique de Tam-et-Garonne, t. VI, 1*S 2% 3 et 4e trim. de 1878. Montauban. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Journal des Savants, mars 1879. â 355 â Bulletin de la SociĂ©tĂ© d'Emulation de V Allier y t XV, 3 livrai- son. Moulins, 1878. Envoi de la SociĂ©tĂ©. MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© nationale d-es Antiquaires de France , t. XXXVIII, 4e sĂ©rie, t. VIII. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique et Historique de la Cha- rente, 5 sĂ©rie, t. P% annĂ©e 1877. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Programme des prix proposĂ©s par la SociĂ©tĂ© industrielle de Rouen, pour dĂ©cembre 1879. Renseignements photographiques, par Ch. Fabre. Toulouse 1878. Les Testaments, TraitĂ© pratiqua, par Henry de Reverdy. Paris, Lahure, 1879. Don de Tauteur SĂANCE GĂNĂRALE DU 15 MAI 1879. PrĂ©sidence de M. de Saint-Laumer. Au jour ci -dessus indiquĂ© se tenait, salle Sainte -Foy, la sĂ©ance gĂ©nĂ©rale de la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique d'Eure-et-Loir. Devant un nombreux auditoire prenaient place, au bureau, MM. de Saint-Laumer, prĂ©sident, L. Merlet, vice - prĂ©sident , Alexandre Bertrand, directeur du MusĂ©e de Saint - Germain , et Met-Gaubert, le secrĂ©taire de la SociĂ©tĂ©. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart. M. de Saint- Laumer rend compte , suivant Tusage, de l'ensemble des tra- vaux de TannĂ©e oc Mesdames, Messieurs, » Au moment de clore les sĂ©ances du CongrĂšs des SociĂ©tĂ©s savantes qui avait heu le mois dernier Ă la Sorbonne, M. Qui- cherat, prĂ©sident pour la section d'archĂ©ologie, adressait quelques conseils aux dĂ©lĂ©guĂ©s prĂ©sents Ă la rĂ©union, et leur faisait remarquer l'abandon dans lequel semblait ĂȘtre tombĂ©e TĂ©tude des monuments du Moyen-Age. â 356 â » En effet, le Moyen- Age n'avait, en cette annĂ©e, qu'un rĂŽle assez effacĂ© aux sĂ©ances archĂ©ologiques de la Sorbonne. Vous pourrez constater qu'il n'en a pas Ă©tĂ© de mĂȘme dans notre SociĂ©tĂ©. Cette Ă©poque est reprĂ©sentĂ©e, dans le dĂ©partement d'Eure-et-Loir, par trop de prĂ©cieux monuments, pour qu'il nous soit permis d'en nĂ©gliger l'Ă©tude; aussi en vous prĂ©sentant rĂ©numĂ©ration de vos divers travaux pendant l'annĂ©e Ă©coulĂ©e depuis la derniĂšre assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du 6 juin 1878, j'aurai tout d'abord Ă vous signaler un MĂ©moire de M. l'abbĂ© Bulteau, sur Fulbert et sa cathĂ©drale. Nul mieux que M. l'abbĂ© Bulteau ne connaĂźt notre grand monument chartrain; il continue Ă consacrer sa vie Ă nous en faire connaĂźtre toute la beautĂ©, Ă nous expliquer le symbohsme de ses innombrables sculptures. » Notre collĂšgue, M. Lorin, vous a donnĂ© la suite de ses Ă©tudes sur les vitraux , au Moyen - Age et dans les temps mo- dernes; par sa belle exposition du Champ-de-Mars, oĂč il avait voulu rĂ©unir les spĂ©cimens des vitraux de toutes les Ă©poques , depuis le XIII siĂšcle jusqu'aux temps actuels , l'habile verrier de Chartres nous avait prouvĂ© que son art n'a plus pour lui de secrets. Il vient vous demander Ă ne plus ĂȘtre exclusivement renfermĂ© dans la simple imitation des Ćuvres du passĂ©. ArUiqua venerari^ progredi ad meliora; c'est votre devise que M. Lorin veut suivre. Il pense que le verrier, comme le peintre , conune le sculpteur, doit suivre l'architecture dans ses Ă©volutions, et que l'on s'expliquerait mal les grandes figures si sĂ©vĂšres des verriĂšres de notre cathĂ©drale appUquĂ©es Ă certaines de nos Ă©gUses modernes, par exemple, Ă Notre-Dame-de-Lorette de Paris. Produire Ă la fois la grande verriĂšre dans le style du XIII* siĂšcle et le travail destinĂ© Ă nos habitations modernes, tel est le moyen que M. Lorin emploie pour avoir raison avec tous. Vous savez combien il y rĂ©ussit; c'est Ă son talent que l'on a eu recours pour les cathĂ©drales de New-York, de Vienne, de Saigon, et de bien d'autres villes encore; c'est Ă lui aussi que les particuliers s'adressent pour les fenĂȘtres de leurs chĂą- teaux. » M. L. Merlet, mon savant prĂ©dĂ©cesseur Ă la prĂ©sidence, continue ses Ă©tudes sur notre ancienne histoire nationale; aprĂšs son travail sur les Maires du Palais, il nous a expUquĂ© ce que pouvaient ĂȘtre les BacheUers des anciennes chroniques. Nous lui devrons aussi la publication du Cartulaire de l'abbaye de â 357 â Thiron. Vous en avez entendu les prolĂ©gomĂšnes contenant l'histoire de l'abbaye et celle de saint Bernard , son fondateur ; bientĂŽt les premiers cahiers de cet important travail vous se- ront distribuĂ©s. Nous pouvons encore citer du mĂȘme auteur, une notice sur Simon de Phares, astrologue de renom, au temps de Louis XL NĂ© Ă Meung-sur-Loire , Simon de Phares est devenu dunois dĂšs le lendemain de sa naissance ; c'est Ă ChĂą- teaudim qu'il fut Ă©levĂ© ; nous avons donc des titres pour le re- vendiquer comme un des nĂŽtres. » M. Gillard, de Nogent-le-Roi , et M. Job, prĂ©sident du tri- bunal de commerce de Dreux , nous ont transmis deux docu- ments pleins d'intĂ©rĂȘt ; le premier est le procĂšs-verbal de l'en- quĂȘte faite sur la ruine de l'Ă©glise Saint -Etienne pendant le siĂšge de Dreux par Henri IV; le second nous donne le compte rendu de l'assemblĂ©e de la noblesse tenue dans la mĂȘme ville, par les dĂ©putĂ©s des bailliages unis, le dimanche 21 juillet 1652. » S'il est toujours douloureux de voir le temps ronger la pierre et poursuivre la destruction de nos monuments, combien n'est-il pas plus pĂ©nible encore de sentir la main de l'homme s'acharner Ă leur ruine? Des nombreuses Ă©glises et chapelles qui existaient dans notre ville avant 1793, beaucoup ont dis- paru; nous en rencontrons parfois les dĂ©bris Ă©pars et mutilĂ©s. Le beau rĂ©table de Saint-Saturnin de Chartres a pu trouver un refuge dans une Ă©glise de village, celle de Vieuvicq, au canton de Brou. La description fidĂšle que vous en a fait M. l'abbĂ© Sainsot, description appuyĂ©e d'une reproduction photogra- phique, vous a fait connaĂźtre que ce travail, sans ĂȘtre trĂšs- ancien, n'en Ă©tait pas moins digne d'ĂȘtre admirĂ© et devait former l'un des beaux ornements d'un monument dont la dis- parition complĂšte n'en parait que plus regrettable. M. le curĂ© de CrĂ©cy, plus heureux , a pu retrouver, au pied de son Ă©glise et enfouies dans le sol, plusieurs des statues qui autrefois la dĂ©- coraient, ainsi qu'un rĂ©table en pierre trĂšs-finement sculptĂ©e. Une de ces statues, reprĂ©sentant un Ă©vĂȘque, mĂ©rite particu- liĂšrement l'attention. EnlevĂ©es sous Louis XV, pour faire place Ă une dĂ©coration plus dans le goĂ»t de l'Ă©poque, ces sculptures sont rentrĂ©es en possession de leur ancienne demeure ; nous pouvons nous en rapporter au zĂšle Ă©clairĂ© de M. l'abbĂ© Haret pour les croire Ă l'abri d'une nouvelle injure. â 358 â » A la suite du grand mouvement qui s'est produit dans les derniĂšres annĂ©es de la Restauration et a entraĂźnĂ© nos savants vers la recherche plus intime des origines de notre histoire, une science que Ton peut presque dire rĂ©cente, a conmaencĂ© Ă se rĂ©pandre. Cuvier avait reconstituĂ© tout un monde d'ani- maux antĂ©diluviens, mais Thomme restait absent. Il Ă©tait rĂ©servĂ© Ă notre Ă©poque d'en retrouver les ossements, puis l'habitation, Toutillage et les armes. BientĂŽt les immenses travaux de tranchĂ©es nĂ©cessitĂ©s par la construction de nos che- mins de fer, ont conduit Ă des dĂ©couvertes inespĂ©rĂ©es de sĂ©pul- tures gauloises, romaines et franques; tout un monde de cher- cheurs s'est alors mis Ă l'Ćuvre avec une ardeur extrĂȘme, cause probable des regrets que M. Quicherat pouvait exprimer sur l'abandon dans lequel le Moyen- Age Ă©tait laissĂ©. Cette science nouvelle , dont le chĂąteau de Saint-Germain renferme le musĂ©e, et dont M. Alexandre Bertrand est un des premiers reprĂ©sen- tants, a fait en quelques annĂ©es d'Ă©normes progrĂšs vous ne pouviez lui rester Ă©trangers , vous aviez pom* faciliter vos Ă©tudes, les carriĂšres de sable de Saint-Prest, avec leurs amas d'animaux antĂ©diluviens de toute espĂšce, et notamment le cerf de Chartres, cervus Carnotemis, Vous aviez aussi, malgrĂ© des destructions fĂącheuses , de nombreuses pierres druidiques , si bien dĂ©crites par notre toujours regrettĂ© PrĂ©sident , M. de Boisvillette. On fouille rarement notre sol sans en faire sortir quelques dĂ©bris anciens, et plus d'une mĂ©daille gauloise du MusĂ©e de Saint- Germain a Ă©tĂ© trouvĂ©e dans la vallĂ©e de l'Eure. L'annĂ©e der- niĂšre encore , l'ouverture d'un simple chemin vicinal permet- tait Ă M le curĂ© de CrĂ©cy de vous annoncer l'existence, sur le territoire de la commune de SaulniĂšres , d'un cimetiĂšre mĂ©ro- vingien. La SociĂ©tĂ© a pris part Ă ses recherches en les facilitant par une subvention. Nous pouvons donc assurer au directeur du MusĂ©e de nos antiquitĂ©s nationales, que nous ne nĂ©gligerons pas la science qu'il aime et sur laquelle il a bien voulu venir nous donner ses conseils. » Puisque nous en sommes Ă l'Ăąge de pierre, c'est le moment de vous rappeler le MĂ©moire dans lequel M. le docteur Bar- reaux, Ă©tudiant, du fond de sa retraite de Grouville, l'origine des langues et des Ă©critures, vous a proposĂ© une interprĂ©- tation ingĂ©nieuse du point de dĂ©part de l'Ă©criture cunĂ©iforme. Un silex, taillĂ© en forme de coin , lui suffit en effet, pour repro- - 359 - duĂźre sur l'argile avant sa cuisson tout Talphabet des inscrip- tions assyriennes. » D'autres travaux et des plus mĂ©ritants vous ont encore Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s; ainsi le concours que vous ouvrez chaque annĂ©e pour les instituteurs du dĂ©partement, vous a donnĂ© en 1879 une Ă©tude sur l'importante commune de la Bazoche - Gouet, par M. Thibault; un inventaire des archives de Pontgouin, par M. Poullard en outre, M. Bire a remis un travail sur Nogent-le- Phaye, puis une notice historique et gĂ©ographique pour les classes primaires. » Je sens, Messieurs, que je ne dois pas abuser plus long- temps de votre bienveillance, laissez-moi seulement vous dire encore que les poĂ©sies ne vous ont pas non plus fait dĂ©faut. Vous avez trouvĂ©, dans nos Bulletins, le petit poĂšme de TOison, reproduit d'aprĂšs un manuscrit appartenant Ă M. Maurice de Possesse et datant d'environ 1620. Ce poĂšme est adressĂ© par l'auteur, jusqu'ici inconnu, Ă M. Charles le PrĂ©vost, seigneur d'Oisonville. Nous avons eu aussi occasion de constater que la verve poĂ©tique de notre zĂ©lĂ© secrĂ©taire, M. Met-Gaubert, con- servait toujours le mĂȘme charme dans la forme , la mĂȘme variĂ©tĂ© dans les sujets qu'il sait choisir. » En rĂ©sumĂ©. Messieurs, pendant le cours de cette annĂ©e, nos sĂ©ances de chaque mois ont Ă©tĂ© bien rempUes, la situation finan- ciĂšre est excellente grĂące au nombre de nos sociĂ©taires, dĂ©pas- sant 400, et Ă la gĂ©nĂ©rositĂ© de M. le Ministre qui, au prix de 1,000 fr. obtenu par la SociĂ©tĂ© en 1878, a voulu ajouter pour la mĂȘme annĂ©e, une subvention de 500 fr. Vous avez pu, dĂšs lors, affecter aux fouilles de CrĂ©cy , aux dĂ©blaiements des galeries souterraines qui vous ont Ă©tĂ© signalĂ©es Ă Voves , par notre collĂšgue, M. Sauton, puis aux sondages Ă faire dans l'ancienne chapelle Saint-Eman de Chartres, une somme de 270 francs. » L'inventaire des richesses artistiques de la France ordonnĂ© par le Gouvernement a donnĂ© lieu Ă la nomination d'une Com- mission dĂ©partementale ; cette Commission , dont les membres appartiennent presque tous Ă la SociĂ©tĂ©, s'est mise Ă Toeuvre. DĂ©jĂ plusieurs, monographies ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©es celle de Saint- Pierre de Dreux, par M. de Saint-Blancart; de Saint- ValĂ©rien de ChĂ teaudun , par M. Delcros ; des plans sont joints aux no- tices, et les auteurs ont bien voulu qu'un double de leur tra- â 360 â vail fĂ»t donnĂ© aux archives de la SociĂ©tĂ© , pour lesquelles ce sera une vĂ©ritable richesse. Messieurs , je ne puis terminer sans adresser nos plus vife et sincĂšres remerciements Ă ceux d'entre vous qui nous ont fait des lectures , donnĂ© des mĂ©moires ou signalĂ© des dĂ©couvertes ; nous les prions de ne pas se ralentir dans leur zĂšle. Vous le savez qull s'agisse d'archĂ©ologie , d'histoire, de science ou d'art , nous faisons accueil Ă toutes les bonnes volontĂ©s. Vous avez la certitude de trouver Ă nos sĂ©ances des auditeurs atten- tifs, et les ressources ne manquent pas pour les pubhcations. â Vos travaux seront pour la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique une nouvelle cause de succĂšs et de prospĂ©ritĂ©, pour vous une occupation qui ne donne jamais de regrets. Rappelons-nous ce que disait Au- gustin Thierry aux demiei-s temps de sa vie si laborieuse Pourquoi se dire avec tant d'amertume que , dans le monde » constituĂ© comme il est , il n'y a pas d'air pour toutes les poi- » trines, pas d'emploi pour toutes les intelligences? L'Ă©tude sĂ©- » rieuse et calme n'est-elle pas lĂ , et n'y a-t-il pas en elle un » refuge , une espĂ©rance , une carriĂšre Ă la portĂ©e de chacun de » nous? avec elle, on traverse les mauvais jours sans en sentir » le poids, on se fait Ă soi-mĂȘme sa destinĂ©e; ou use noblement sa vie. VoilĂ ce que j'ai fait et ce que je ferais encore si j'avais » Ă recommencer ma route, je prendrais celle qui m'a conduit » comme je suis. â Aveugle et souffrant sany espoir et presque » sans relĂąche, je puis rendre ce tĂ©moignage qui , de ma part, » ne sera pas suspect Il y a au monde quelque chose qui vaut » mieux que les jouissances matĂ©rielles, mieux que la fortune, n mieux que la santĂ© elle-mĂȘme , c'est le dĂ©vouement Ă la » science. » Ce discours est vivement applaudi. M. Met-Gaubert, secrĂ©taire, proclame les noms des laurĂ©ats du Concours annuel ouvert par la SociĂ©tĂ© entre les instituteurs du dĂ©partement. Il a Ă©tĂ© reçu un certain nombre de MĂ©moires parmi lesquels la SociĂ©tĂ© a jugĂ© qu'il convenait de distinguer les suivants 1 ^ Ătude sur la commune de La Bazoche - GouĂ«t , par M. ThĂ©odore Thibault. Un prix de 80 francs est dĂ©cernĂ© Ă M. ThĂ©odore Thibault, instituteur Ă La Bazoche-GouĂ«t, membre de notre SociĂ©tĂ©; â 361 â 2* Inventaire des Archives de l'ancien HĂŽtel -Dieu de Pont- gcnrin^ par M. Jules PouDard. Un prix de 30 francs est dĂ©cernĂ© Ă M. Jules PouUard, membre denotare SociĂ©tĂ©, instituteur adjoint Ă Nogent-le-Rotrou , avec mention trĂšs-honorable. M. Met-Gaubert donne ensuite lecture d'une Ătude gĂ©ogra- phique » qu'il a composĂ©e sur le voyage de dĂ©couvertes entre- pris vers le centre de F Afrique de 1875 Ă 1878, par M. Savor- gnan de Brazza, et par notre compatriote M. NoĂ«l Ballay. Mesdames et Messieurs, » Le vendredi soir, 18 avril, Ă Paris, au n** 184 du boule- vard Saint-Germain , se tenait une mĂ©morable sĂ©ance , dans le magnifique hĂŽtel de la SociĂ©tĂ© de GĂ©ographie. » Elle Ă©tait prĂ©sidĂ©e par M. le vice-amiral La RonciĂšre Le Noury aux cĂŽtĂ©s duquel se tenaient MM. DaubrĂ©e et Levas- seur, membres de Tlnstitut, les Ă©minents et zĂ©lĂ©s propaga- teurs de la GĂ©ographie , cette science reconnue , aujourd'hui , indispensable et que Ton pourrait estimer ĂȘtre d'utilitĂ© pu- blique. » DerriĂšre eux, non loin de l'illustre et intrĂ©pide M. de Lesseps vers lequel se portaient tous les regards , on distin- guait un jeune docteur aux traits pĂąles et fatiguĂ©s, objet, aussi , d'une curiositĂ© gĂ©nĂ©rale. » C'Ă©tait, laissez-moi vous le dire, un parent qui nous est cher , un ancien Ă©lĂšve de notre vieux collĂšge , laurĂ©at du Con- cours acadĂ©mique , pour l'Histoire et la GĂ©ographie , en rhĂ©- torique , dans l'annĂ©e 1864 , le compagnon d'Ă©tudes , de succĂšs , pour cette mĂȘme Ă©poque , de deux autres jeunes gens dont la rĂ©putation est dĂ©jĂ brillamment Ă©tablie , MM. Julien Barois et Ernest ClĂ©ment, c'Ă©tait l'aide mĂ©decin du vaillant enseigne de vaisseau M. Savorgnan de Brazza, notre jeune com- patriote M. NoĂ«l Ballay. » Sur sa poitrine brillait une dĂ©coration rĂ©cente que justi- fiaient bien ces mots Honneur et Patrie » au ressouvenir de tant de dangers affrontĂ©s. L'AcadĂ©mie des Sciences venait de donner aux deux explorateurs son grand prix Lalande ; le len- demain, Ă la Sorbonne, les palmes d'Officier d'AcadĂ©mie allaient s'unir Ă ces lauriers si noblement acquis. Enfin le soir Tome VI. V. 26 - 362 - de ce jour faste du 18 avril, la SociĂ©tĂ© de GĂ©ographie accor- dait, aux applaudissements enthousiastes d'une assistance bien sympathique, sa grande mĂ©daille d'or aux deux voyageurs qui, pendant trois ans, ont sacrifiĂ© leur existence sur cette terre privilĂ©giĂ©e et encore si peu connue du Gabon. » Cette belle solennitĂ© , quelques recherches opĂ©rĂ©es et quelques notes recueillies m'ont portĂ© Ă vous entretenir, pen- dant de courts instants, de ce pays dont les gĂ©ographes parlent tant aujourd'hui. » Le nom du Gabon commence Ă devenir populaire en France , au mĂȘme titre que celui de nos autres colonies. C'est un point de la cĂŽte africaine dont nous avons pris possession dans les derniers temps du rĂšgne de Louis-Philippe. Il est placĂ© exactement sous l'Ă©quateur. Il y a une dizaine d'annĂ©es on a dĂ©couvert, Ă peu de distance de notre Ă©tabUssement, l'embou- chure d'un grand fleuve, VOgĂŽouĂ©, L'attention s'est aussitĂŽt portĂ©e vers notre colonie qui avait Ă©tĂ© assez nĂ©gligĂ©e jusque-lĂ , et on y a vu un excellent point de dĂ©part pour les voyageurs qui voudraient pĂ©nĂ©trer dans le centre de l'Afrique , encore complĂštement inconnu aujourd'hui. » En 1874, deux officiers français, MM. Marche et Com- piĂšgne ont tentĂ© une premiĂšre expĂ©dition. Ils ont remontĂ© le fleuve Ă 200 kilomĂštres environ de la cĂŽte; ils espĂ©raient atteindre de grands lacs qui existent dans l'intĂ©rieur des terres, au dire des indigĂšnes , et d'oĂč sort l'OgĂŽouĂ©, mais ils furent attaquĂ©s par les sauvages OsgĂ©bas , perdirent une partie de leur escorte, et durent revenir sur leurs pas, mourants de fiĂšvre et le corps rongĂ© de plaies produites par les fatigues et la malignitĂ© du climat. » En 1875 , une lettre du Ministre de la Marine au PrĂ©sident de la Commission de GĂ©ographie commerciale de Paris annon- çait une nouvelle expĂ©dition.. Le Ministre mettait Ă la dispo- sition de M. de Brazza, enseigne de vaisseau, une somme de dix mille francs , un aide-mĂ©decin , un quartier-maĂźtre , douze tirailleurs SĂ©nĂ©galais avec leur chef, deux Gabonais et deux Pahouins. » M. de Brazza devait acheter pour 5,000 francs de mar- chandises françaises, garder 5,000 francs pour les dĂ©penses Ă faire au Gabon , et avec sa petite troupe , reprendre l'explora- ion si malheureusement interrompue de MM. Marche et Com- - 363 â piĂšgne. II remonterait le fleuve sur une chaloupe canonniĂšre , et si les sauvages OsgĂ©bas barraient encore une fois la route aux voyageurs, il livrerait bataille. Les fusils Ă pierre des noirs ne tiendraient pas longtemps devant les chassepots de nos SĂ©nĂ©galiens. » Les difficultĂ©s d'un pareil voyage sont nombreuses. Les plus grandes viennent de l'insalubritĂ© du climat et des dĂ©- penses considĂ©rables qu'il fauj subir. » La cĂŽte africaine est le pays le plus malsain qui soit au monde. Il pleut au Gabon d'une façon Ă peu prĂšs continue et par des chaleurs de 60 degrĂ©s. Les eaux s'Ă©coulent mal et crou- pissent ; les miasmes empoisonnent l'air , et la fiĂšvre est en permanence. Pourtant, avec beaucoup de prĂ©cautions, on peut rĂ©sister et mĂȘme se porter aussi bien que sous des latitudes tempĂ©rĂ©es. » Pour cela , il faut renoncer Ă la nourriture europĂ©enne , Ă nos viandes et Ă nos conserves. La nourriture des indigĂšnes, si misĂ©rable qu'elle paraisse , est bien mieux appropriĂ©e au cUmat. La soupe de colimaçons pimentĂ©e , les bananes bouil- lies , le gros pain de maĂŻs , voilĂ les plats de rĂ©sistance de la cusine africaine. Se dĂ©fier de la graisse et des aliments gras est le premier prĂ©cepte de la sagesse sous l'Ă©quateur. » Quant aux dĂ©penses , elles sont Ă©normes. Partout oĂč l'on passe , il faut payer. Chaque village considĂšre le voyageur qui arrive comme une proie que la fortune lui envoie. On le pres- sure et le pille de toutes les façons droits de passage , droits d'entrĂ©e, prĂ©sents aux chefs, prix exagĂ©rĂ©s des vivres. » La monnaie n'a aucune valeur en Afrique , et l'on y mour- rait de faim avec une fortune en mĂ©tal dans sa poche. Tout se fait par troc , et ce sont certaines marchandises qui aident aux Ă©changes. » Voici , Ă titre de curiositĂ© , conunent M. de Brazza employa les 5,000 francs qu'il consacra Ă l'achat de marchandises Ătoffe indienne, Alsace, Rouen bonne . 3,500 mĂštres. â â â ordin. . 8,300 â Pagnes turquoises 80 â Ceintures rouges 70 â Bonnets rouges 320 â Couteaux 595 douzaines. Manchettes 100 â â 364 â Haches 50 douzaines. Barettes cuivres 1,700 â Bracelets creux cuivre 200 â Neptune cuivre 80 â Chaudrons cuivre 11 â Fusils Ă pierre, Ă 2 coups avec dorures. . 2 â â 1 coup â 10 â Pierres Ă fusils 3,800 â » En outre, il se pourvut de plusieurs centaines de son- nettes, de grelots et de glaces. » Un trait caractĂ©ristique des mĆurs de ce pays » Quand on arrive dans un village, le marchĂ© s'Ă©tablit aus- sitĂŽt. Pour un couteau , tant de poulets ; pour une glace , tant de farine de maĂŻs; pour une sonnette et un grelot, tant de rations de soupe aux colimaçons ou tant de bananes bouillies. Puis le chef vient et demande tant de mĂštres d'Ă©toffe pour laisser les voyageurs continuer leur chemin. » Le mot Neptime aura lieu de surprendre dans TĂ©numĂ©ra- tion ci-dessus. Un neptune est un grand plat de cuivre qui ne sert et ne peut servir Ă rien. C'est un meuble de pure vanitĂ©. Quand un nĂšgre est assez heureux pour avoir un neptune il le pend dans sa case. Plus un chef en a, plus il est riche. » Il ne faut pas croire que ces voyages aient im intĂ©rĂȘt pu- rement scientifique. Il se fait au Gabon un commerce consi- dĂ©rable et qui pourrait dĂ©cupler par la dĂ©couverte de nouvelles voies de communication avec l'intĂ©rieur et de nouveaux dĂ©- bouchĂ©s. L'Ă©bĂšne , le caoutchouc et l'ivoire sont les trois prin- cipaux articles d'exportation. » Le commerce de l'ivoire est entretenu par les chasseurs indigĂšnes qui font aux Ă©lĂ©phants une guerre de destruction effroyable. Ces grands pachydermes disparaĂźtront rapidement. » L'arbre dont on fait les bĂ»ches d'Ă©bĂšne croĂźt en abon- dance dans tous les pays qui avoisinent l'OgĂŽouĂ©. » Les Pahouins qui habitent sur les bords du lac Ăzingo s'adonnent presque exclusivement Ă ce commerce, et, dans une seule annĂ©e, le sĂ©nĂ©galais Yousouf , agent de M. Walker, leur en a achetĂ© plus de 100,000 bĂ»ches. On paie gĂ©nĂ©rale- ment l'Ă©bĂšne un prix trĂšs-modique ; les sept bĂ»ches coĂ»tent 5 francs en marchandises; ces marchandises sont la poudre, la guinĂ©e, les Ă©toffes anglaises, les perles, le tabac, les barres - 365 â de cuivre, etc. Ce commerce de TĂ©bĂšne est considĂ©rĂ© comme avantageux , mais pas autant que celui du caoutchouc, la vraie richesse de ces pays, et qui s'exporte en quantitĂ©s immenses. » Le caoutchouc semble vraiment inĂ©puisable, malgrĂ© les procĂ©dĂ©s destructeurs des Pahouins qui coupent les lianes au lieu de se contenter d'y faire des incisions pour en extraire le suc. n est vendu par les indigĂšnes, sous forme de boules, qui doivent avoir la grosseur du poing chacune , et valent cinq francs les cent boules ; on le paie avec toutes sortes de mar- chandises ; il revient Ă environ trente centimes la livre. . . . B Telles sont les richesses de ce pays si remarquable par ses belles montagnes et ses vastes cours d'eau, de cette grande et fertile Ă©tendue de terrain parcourue par MM. de Brazza et Ballay qui ont franchi la rĂ©gion des cours supĂ©rieurs de YOgĂŽouĂ©, de ĂAlima et de la Liconaj et Dieu sait au prix de quelles fatigues , de quels nombreux pĂ©rils!... Pendant trois ans et plus, semblables Ă nos missionnaires qu'animent tou- jours une foi vigoureuse et une charitĂ© ardente, ils n'ont pas laissĂ© faiblir un seul instant leur courage, tant ils Ă©taient pĂ©nĂ©trĂ©s de la grandeur de leur tĂąche ! ils se sont montrĂ©s les intrĂ©pides pionniers de la science gĂ©ographique ; ils ont rendu d'Ă©minents services Ă la marine, Ă la France, en plan- tant notre drapeau sur ces terres lointaines. » Concluons en disant qu'ils ont bien mĂ©ritĂ© de la Patrie , et que leurs noms inscrits sur le Livre d'or de l'ImmortalitĂ© peut noblement se placer Ă cĂŽtĂ© de ceux des voyageurs illustres français et anglais qu'on appelle RenĂ© CailliĂ©, Samuel Baker, Speeke, Livingstone et Stanley. » Notre dĂ©partement si riche, cependant, en souvenirs de gloire militaire, scientifique, littĂ©raire, artistique, indus- trielle et commerciale , ne comptait pas encore d'illustration gĂ©ographique exceptionnellement signalĂ©e. Estimons-nous heu- reux et fiers d'en rencontrer une bien prĂ©cieuse dans la per^ sonne de notre cher docteur NoĂ«l Ballay. » J'aurais dĂ» finir plus tĂŽt, et je me hĂąte de le faire, en lais- sant le champ libre Ă une voix plus savante, plus autorisĂ©e, et que vous allez entendre , j'en suis persuadĂ© , avec un vif intĂ©rĂȘt*. » * M. Alexandre Bertrand, directeur du MusĂ©e des AntiquitĂ©s nationales de Saint-Gennain-en-Laye , orateur dĂ©signĂ© pour la confĂ©rence du 15 mai. â 366 â M. le PrĂ©sident laisse, immĂ©diatefflent aprĂšs, la parole Ă M. Alexandre Bertrand, qui commence sa confĂ©rence sur la valeur historique des documents archĂ©ologiques. c Mesdames , Messieurs , » Bien que la SociĂ©tĂ© qui vous rĂ©unit aujourd'hui, soit autant littĂ©raire et historique qu'archĂ©ologique , vous ne serez pas Ă©tonnĂ©s que le Directeur du musĂ©e de Saint-Germain vous parle uniquement d'archĂ©ologie. » Je m'efforcerai d'ailleurs d'ĂȘtre , ici , aussi peu spĂ©cialiste que possible. » En faisant de l'archĂ©ologie, j'ai , en effet , l'ambition de faire en mĂȘme temps de l'histoire. J'espĂšre vous montrer que les archĂ©ologues d'Eure-et-Loir en font aussi, et d'excellente mĂȘme , quand ils relĂšvent et dĂ©crivent avec soin les monuments mĂ©ga- lithiques de cette vieille et noble contrĂ©e , le cĆur de la Gaule Celtique. » Les archĂ©ologues , croit-on volontiers , se livrent Ă un dĂ©las- sement honnĂȘte, mais stĂ©rile, au dĂ©triment de travaux plus utiles. DĂ©trompez-vous ces patients investigateurs dont le Ministre de l'Instruction publique , couronne tous les ans les travaux vous en savez quelque chose *, font Ćuvre non seulement utile , mais patriotique. Ils tracent pĂ©niblement un sillon fĂ©cond, ils refont, je dirai plus, ils crĂ©ent l'histoire de la Gaule qui, jusqu'ici, n'existait pas. » L'Histoire chez nous, l'Histoire vĂ©ritable s'appuyant sur des documents positifs et prĂ©cis , commence trĂšs-tard et Ă©claire, tout d'abord , une partie bien restreinte de notre belle France. » Le nom des Garnutes , si nous laissons de cĂŽtĂ© le rĂ©cit de Tite-Live d'un caractĂšre lĂ©gendaire Ă©vident pour moi * , apparaĂźt pour la premiĂšre fois dans les Commentaires de CĂ©sar, 50 ans environ avant notre Ăšre. » AntĂ©rieurement Ă l'entrĂ©e de CĂ©sar en Gaule, ni les Grecs, ni les Romains ne connaissaient le pays Chartrain , cette terre sacrĂ©e oĂč les Druides se rĂ©unissaient chaque annĂ©e ^ en un ^ La SociĂ©tĂ© d'Eure-et-Loir a dĂ©jĂ reçu trois grandes mĂ©dailles , une entre autres en 1878. ' Tile-Live, d'ailleurs, Ă©tait contemporain de CĂ©sar et plus jeune que lui. - 367 - lieu consacrĂ© regardĂ© comme le centre de toute la Gaule. Hi » cerlo anni tempore in faenibus Garnutum , qui regio totius » Galliae mĂ©dia habetur, considunt loco consecrato *. » » Soixante -quinze ans avant CĂ©sar, ce centre de la Gaule le grand historien Polybe ' le plaçait encore Ă Narbonne. Les terres qui touchaient Ă la mer intĂ©rieure , c'est-Ă -dire Ă TOcĂ©an et Ă la Manche , n'avaient point encore de nom commun , c'est lui qui nous l'apprend. La dĂ©couverte, dit-il, en est toute rĂ©- » cente Ces pays sont habitĂ©s par une nuĂ©e de barbares. » Vous Ă©tiez. Messieurs, au nombre de ces barbares. » Polybe insiste sur ces faits. Tout l'espace qui s'Ă©tend vers » le nord, au-dessus d'une ligne joignant "l'Aude aux embou- » chures du TanaĂŻs le Don, nous est inconnu. Ceux qui » parlent de ces rĂ©gions ou en Ă©crivent n'en savent pas plus » que nous-mĂȘmes et ne font que dĂ©biter des fables. Nous » croyons devoir le dĂ©clarer. » » Les comptoirs PhĂ©niciens, puis PhocĂ©ens , Ă©tablis Ă Mar- seille et sur divers points de nos cĂŽtes mĂ©ridionales avaient eu trĂšs-peu d'influence sur l'Ă©tendue de nos connaissances au nord des CĂ©vennes si les dangers sur mer Ă©taient grands et nom- » bi*eux , dit ailleurs Polybe ' , sur terre ils l'Ă©taient encore » davantage. » Vous ne vous en Ă©tonnerez pas Vous savez avec quelle difficultĂ© nous pĂ©nĂ©trons, mĂȘme aujourd'hui, dans les contrĂ©es non ouvertes Ă la civilisation. » La fondation de la colonie d'Aix en 123, par C. Sextius Calvinus, aprĂšs la dĂ©faite des Salyens , eĂ»t pu ĂȘtre le dĂ©but d'une Ăšre nouvelle. Mais au moment oĂč le mouvement d'explo- ration allait conunencer, fond sur la province Romaine la terrible invasion desCimbres et des Teutons 101-102 av. Le mo- ment n'Ă©tait pas propice pour pĂ©nĂ©trer dans l'intĂ©rieur du pays. » Un seul Ă©crivain , un philosophe stoĂŻcien , Posidonius paraĂźt avoir eu la curiositĂ© de connaĂźtre de plus prĂšs les Gaulois. Mais pas plus que les savants marseillais , il ne dĂ©passa les CĂ©vennes. Ce qu'il dit de la Gaule septentrionale est le rĂ©sultat d'informations prises dans les Alpes ou dans le midi , dans la Narbonnaise * Caes. B. G. VI, XIII. Polyb., III, 37,38. 3 Polyb., III, Ă8. â 368 â » Nous pouvons donc rĂ©pĂ©ter ici , ce que nous disions, il y a un an , Ă la Sorbonne , devant les membres de Tassociation de France. CĂ©sar est le premier qui nous ait donnĂ© sur TintĂ©rieur de » la Gaule transalpine des renseignements dignes de foi ; des » renseignements scientifiques. La Gaule des temps antĂ©rieurs » nous est scientifiquement complĂštement inconnue. » » Nous avons de ce fait un tĂ©moignage contemporain dĂ©cisif. » GicĂ©ron , avant que les officiers de TannĂ©e de CĂ©sar et en particulier son frĂšre Quintus lui eussent envoyĂ© des nouvelles de Gaule, Ă©tait d'une complĂšte ignorance touchant la gĂ©ogra- phie de ce pays. âą OĂč est situĂ© le pays des Nerviens, Ă©crit-il » Ă Ouintus , je n*en sais absolument rien? » » Nous lisons d'un autre cĂŽtĂ© dans son traitĂ© sur les Provinces consulaires a C'est pour la premiĂšre fois qu'on ose attaquer les Gaulois » chez eux. Jusqu'ici on se contentait de les repousser. Ces » contrĂ©es qu'aucun rĂ©cit, aucun livre, aucune histoire n'a- » valent fait connaĂźtre, dont on ignorait mĂȘme le nom, notre » gĂ©nĂ©ral, nos lĂ©gions, nos armes, les ont traversĂ©es. Nous » n'occupions qu'un sentier de la Gaule, le reste Ă©tait au pou- » voir de tribus fĂ©roces et belliqueuses... CĂ©sar a reculĂ© notre » Empire jusqu'aux Umites de ces pays barbares. » » Je pourrais multiplier ces citations. Les aveux de Polybe et de CicĂ©ron vous suffisent, je suppose. » Toutefois, entendons-nous bien. » Si Ă Rome et Ă AthĂšnes, cinquante ans avant notre Ăšre, on ne connaissait rien de l'intĂ©rieur de la Gaule, de notre Gaule, si mĂȘme Ă Marseille on n'Ă©tait pas beaucoup plus ins- truit de ce qui se passait au nord de Lyon ' et des CĂ©vennes, ai-je besoin d'ajouter que la mĂȘme assertion ne saurait s'ap- pliquer aux Gaulois pris d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale? La distinction est indispensable. Aucun explorateur sans doute , n'avait pĂ©nĂ©- trĂ© au cĆur de la Gaule dans un but de recherches scientifiques, mais depuis plus de deux cents ans dĂ©jĂ au temps de Polybe, * des Gaulois avaient tantĂŽt traversĂ© les Alpes, tantĂŽt remontĂ© le Danube et passĂ© les Balkans en envahisseurs, tandis que * Gondate. ' Polybe est mort 125 ans avant notre Ăšre. ^ 369 - d'autres tribus de mĂȘme race, entraient Ă titre de mercenaires dans les armĂ©es des Carthaginois , des tyrans de Sicile et des satrapes d'Asie *. » Ces bandes guerriĂšres qui avaient effrayĂ© le monde ancien nous ont Ă©tĂ© dĂ©crites Ă plusieurs reprises. Bien plus plusieurs tribus gauloises s'Ă©taient momentanĂ©ment Ă©tablies au sud des Alpes , dans cette Cisalpine qui avant toute autre contrĂ©e porta le nom de Gallia. » Les Histoires de Polybe sont remplies de dĂ©tails sur ces Gaulois batailleurs et sur les populations de la Haute Italie auxquelles ils se trouvaient associĂ©s. » Mais d'oĂč partaient, de quel point prĂ©cis de l'horizon venaient ces terribles ennemis de Rome? Les anciens ne le savaient pas. Ils savaient seulement qu'ils venaient du nord des Alpes et se distinguaient par des traits physiques caractĂ©- risĂ©s qui ne permettaient pas de les confondre avec les popu- lations antĂ©rieurement connues. Les expressions d'hommes nouveaux, » de guerriers aux a/i^mes inconnues , » d'aventu- riers vervus des extrĂ©mitĂ©s les plus septentrionales de la terre, » se rencontrent Ă plusieurs reprises dans leurs rĂ©cits. » Ce sont lĂ des expressions bien vagues , bien gĂ©nĂ©rales , peu gĂ©ographiques , et prĂȘtant , conune elles l'ont fait , Ă d'in- terminables discussions. » La tradition gauloise ne semble pas avoir Ă©tĂ© beaucoup plus explicite. Les Druides n'Ă©crivaient pas, leur enseigne- ment Ă©tait oral et paraĂźt avoir Ă©tĂ© trĂšs-rĂ©servĂ© sur la question des origines gauloises. Les Druides, Ă©crit TimagĂšnes, rap- portent qu'une partie de la population des Gaules est indigĂšne et que Vautre est venue des Ăźles lointaines et des contrĂ©es trans- rhĂ©nanes. Ab insulis extremis et tractibus transrhenanis. » » Cette pĂ©nurie de renseignements sur toute la pĂ©riode de notre histoire intĂ©rieure qui a prĂ©cĂ©dĂ© la conquĂȘte romaine im- pose deux devoirs Ă ceux qui ont la volontĂ© de faire de la science. » 1** Une grande rĂ©serve dans l'application qu'ils seraient tentĂ©s de faire Ă des temps plus anciens des renseignements transmis par CĂ©sar et ses contemporains. » 2^ La recherche opiniĂątre de docimients d'un autre ordre propres Ă nous apporter la limiiĂšre qui nous manque. * Les auteurs grecs appellent les uns CeUes, les autres GĂ»laies. - 370 â Ces documents, Messieurs, existent. Ce sont les documents archĂ©ologiques. » Le but de cette confĂ©rence est de vous en faire comprendre la valeur. » Les Italiens disent que TarchĂ©ologie est la science des tom- beaux. L*Ă©tude des sĂ©pultures de la Gaule , va nous livrer , en effet, les secrets du passĂ©. A dĂ©faut des historiens nous inter- rogerons les morts. » A rappel des archĂ©ologues, les vieilles populations se lĂšvent de leur tombe pour nous instruire. Vous allez voir quelle est TĂ©loquence de ce muet enseignement. » Des sĂ©pultures de deux ordres se signalent Ă notre at- tention Les Dolmens et les Tumulus. » Je parlerai d'abord des dolmens et allĂ©es couvertes , puis des tumulus'. » Vous savez que les dolmens et allĂ©es couvertes ne sont point des autels , connue on le croyait autrefois ; sauf de rares exceptions ce sont des tombeaux Tombeaux de chefs ; tom- beaux de famille ; tombeaux de tribus ; 55 de ces monuments , si je ne me trompe , existent encore dans le dĂ©partement d*Eure- et-Loir. Ils sont rĂ©partis entre 39 communes. Soixante-sept autres dĂ©partements , onze cents communes jouissent en France du mĂȘme privilĂšge. » Le nombre des tumulus * est infiniment plus grand. Le seul dĂ©partement du Doubs en compte plusieurs milliers. » Nous devons d'autant plus Ă©tudier ces monuments sĂ©pa- rĂ©ment que les tumulus et les dolmens ne sont point sur notre sol confondus et mĂŽles dans la mĂȘme contrĂ©e. » Veuillez jeter les yeux sur la carte de la Gaule exposĂ©e Ă vos regards ^ fixez votre attention sur les teintes rouges. Ces teintes reprĂ©sentent les dĂ©partements oĂč a Ă©tĂ© constatĂ©e l'exis- tence des dolmens et allĂ©es couvertes. L'intensitĂ© des teintes y indique le nombre relatif des monuments. » ConsidĂ©rez maintenant les teintes vertes. Ces teintes vertes reprĂ©sentent la rĂ©gion des tumulus. ^ Je nĂ©glige Ă dessein , pour ne pas compliquer la question , les sĂ©pultures d'un autre mode. ^ 11 s'agit de tumulus ne recouvrant pas de chambres mĂ©galithiques. ^ Plusieurs exemplaires de cette carte ont Ă©tĂ© laissĂ©s Ă la SociĂ©tĂ©. L. - 371 â » Si vous tirez une ligne de Marseille Ă Bruxelles , en pas- sant par Dijon , vous avez Ă trĂšs-peu prĂšs la limite des deux sĂ©ries. A l'ouest les dolmens dominent dans une proportion Ă©norme. A Test les tumulus rĂ©gnent sans partage. » Cette distribution nettement tranchĂ©e , dans sa gĂ©nĂ©ralitĂ© , de monuments si divers de forme , quoique ayant mĂȘme des- tination , n'est pas Ă©videmment l'effet du hasard. Nous y sai- sissons l'indice certain de populations diffĂ©rentes , diffĂ©rentes d'habitudes et de mĆurs , probablement d'origine. » Je ne vous dĂ©crirai pas ce que c'est qu'un dolmen. Dans ce pays tout le monde le sait. » Sous ces blocs pĂ©niblement dressĂ©s en forme de chambre , reposent, nous l'avons dit quand les monuments n'ont pas Ă©tĂ© violĂ©s les dĂ©pouilles mortelles de nos ancĂȘtres des corps accroupis ou allongĂ©s , plus souvent accroupis. PrĂšs de la tĂȘte du squelette , Ă ses pieds , autour de lui , gisent des poteries faites Ă la main , des silex taillĂ©s , des pointes de flĂšches , des haches en pierre polie , souvent en pierres trĂšs-dures , difficiles Ă travailler , quelquefois en pierres prĂ©cieuses , en jadĂ«ite si- non en jade oriental. Des colliers de perles oĂč figurent des perles de callaĂŻs , espĂšce de turquoise , et des perles d'ambre , s'y rencontrent Ă©galement. » Au milieu des objets de pierre se montrent quelquefois , mais rarement, trĂšs-rarement, des objets de bronze et d'or. Nous sommes en prĂ©sence d'une civilisation funĂ©raire mĂ©ri- tant vĂ©ritablement le nom de civilisation de la pierre. » J'emploie le terme de civilisation avec intention. Quoique les populations qui ont Ă©levĂ© les dolmens eussent Ă leur dispo- sition trĂšs-peu d'outils et d'armes en mĂ©tal , elles Ă©taient loin de mĂ©riter le nom de sauvages. Non-seulement la taille et le polissage des'minĂ©raux , tels que nous les trouvons pratiquĂ©s Ă cette Ă©poque , indiquent un art avancĂ© , mais l'Ă©rection de monimients funĂ©raires tels que les dolmens du Morbihan et du FinistĂšre , a dĂ» exiger un dĂ©ploiement de forces , une union d'efforts , vraiment extraordinaires. L'exploration de ces monu- ments laisse l'impression qu'ils appartiennent Ă une organi- sation sociale dĂ©jĂ forte. La science du commandement chez les chefs, l'habitude d'obĂ©ir et de travailler avec discipline chez les sujets ou les esclaves devaient ĂȘtre alors des qualitĂ©s communes. Vn sentiment religieux profond animait certai- - 372 â nement une SociĂ©tĂ© capable de tels sacrifices , pour honorer ses morts. Ces indices de l'Ă©tat social auquel Ă©taient arrivĂ©es , dĂšs cette Ă©poque reculĂ©e , nos populations de l'ouest sont confirmĂ©s et Ă©clairĂ©s par l'Ă©tude de monuments d'un autre ordre non moins prĂ©cieux pour nous. Je veux parler des oppida et des habita- tions lacustres. » Je me bornerai , ici , faute de temps , Ă dire im mot des habitations lacustres. » En 1854 , les eaux du lac 4e Zurich ayant considĂ©rablement baissĂ© , de nombreux pilotis , de nombreux pieux furent mis Ă dĂ©couvert. Au milieu de ces pilotis gisaient dans le sable des instruments et armes de pierre, des poteries, des ustensiles et outils en os et en corne. Le D' Keller, prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© des antiquaires de Zurich , reconnut que ces pilotis Ă©taient le soubassement d'antiques cabanes formant, Ă quelque distance de la rive, de petits villages. D'autres pilotis furent bientĂŽt signalĂ©s dans, les lacs de Constance , de NeuchĂątel , de Bienne et plusieurs autres *. Les objets de pierre et d'os qui se ren- contrent en abondance dans ces stations sont identiques Ă ceux qui constituent le mobilier funĂ©raire des dolmens. â L'Ă©tat social des deux cĂŽtĂ©s est Ă©videmment le mĂȘme. » Or, dans ces stations lacustres, Ă cĂŽtĂ© des haches de pierre emn^^anchĂ©es , conune celles dps dolmens et par les mĂȘmes procĂ©dĂ©s , dans la mĂȘme couche de vase , la couche archĂ©ologique, comme disent les antiquaires suisses, reposent de nombreux ossements d'animaux , compagnons de la popu- lation des cabanes, des vĂ©gĂ©taux Ă demi carbonisĂ©s, des graines, des Ă©toffes. Ces vĂ©gĂ©taux, ces graines, ces Ă©toffes, nous apprennent que les hommes de la pierre polie en Gaule, entretenaient autour d'eux le chien, le cheval, le porc, le mou- ton, la chĂšvre, le boeuf, c'est-Ă -dire les principaux animaux domestiques; qu'ils chassaient le chevreuil, le daim, le cerf, le sanglier, le renard, le bouquetin. » Les vases en terre , tombĂ©s au fond des lacs Ă cette Ă©poque, contiennent, les uns du froment, de Vorge, de l'avoine, des pois et des lentilles; les autres des cerises, des pommnes, des ' Une partie de ces stations contiennent des objets de bronze, nous ne parlons , ici , que des stations oĂč la pi^e domine. - 373 â graines de fraise et de framboise on cultivait donc la terre autour des lacs ; on se livrait Ă l'Ă©levage des bestiaux ; on Ă©tait, comme je Tai dit, bien au-dessus de TĂ©tat sauvage. fi RĂ©unissons en faisceau ces renseignements divers, nous aurons les Ă©lĂ©ments d'un tableau animĂ©, reprĂ©sentant un Ă©tat social supĂ©rieur Ă celui de toutes les populations sauvages connues. » Un groupe de tribus Ă©levant en Thonneur de ses morts des monuments religieux, comme ceux de Locmariaker, de Plouharnel et de Sawr'inis ; dressant des pierres de souvenir comme les alignements de Carnac, qui jadis avaient trois kilo- mĂštres de long; bĂątissant sur les lacs de solides villages, dont les pilotis sont encore en place; tissant des Ă©toffes de lin et d'Ă©corce ; possĂ©dant Forge , le blĂ© , Tavoine , les animaux domes- tiques; des hommes qui Ă©taient Ă la fois chasseurs, pasteurs, et laboureurs , mĂ©ritent assurĂ©ment une place honorable dans l'histoire de la civilisation. » J'ajouterai que pĂ©nĂ©trer, malgrĂ© elles , chez des populations ainsi organisĂ©es, dut ĂȘtre longtemps un jeu dangereux. » En rĂ©sumĂ© l'archĂ©ologie, mĂȘme privĂ©e du secours des textes , permet d'affirmer qu'un groupe nombreux de popu- lations civilisĂ©es dans v/ne certaine mesure j bien que i\e tra- vaillant pas les mĂ©taux y a occupĂ© la Gaule Ă une Ă©poque reculĂ©e y antĂ©rieure oaxx premiers documents Ă©crits relatifs Ă notre patrie. â Ce groupe a dĂ©veloppĂ© sa civilisation spĂ©cia- lement dans l'ouest du pays. ĂŻ> Passons aux tumulus. » Les teintes vertes reprĂ©sentent la rĂ©gion des tumulus. Les deux zones ne diffĂšrent pas seulement par leur situation gĂ©ographique elles diffĂšrent non moins nettement, par le caractĂšre des monuments et des civilisations qu'elles reprĂ©- sentent. » La construction intĂ©rieure des tumulus n'est plus mĂ©gsdi- thique. Le mobilier funĂ©raire y est d'une tout autre nature que celui des dolmens. La hache de pierre polie, les colliers de callaĂŻs ont disparu. A la place nous trouvons des Ă©pĂ©es en bronze et en fer; des ceintures ou plastrons en bronze; des vases en bronze; des dĂ©bris de bouclier de bronze ou de bois garnis de bronze ou de fer; quelques casques; des coUiers en or, en bronze ou en fer ; des bracelets et des anneaux de jambe - 374 - Ă©galement en fer, en bronze et en or; des Ă©pingles Ă cheveux et Ă vĂȘtements; des dĂ©bris de chars, quelquefois richement ornĂ©s. » Les dolmens nous ont rĂ©vĂ©lĂ© TĂ©tat de la Gaule avant Tin- troduction des mĂ©taux et durant TĂ©poque de transition qui a sĂ©parĂ© TĂ©tat ancien de TĂ©tat nouveau , la pĂ©riode de lutte entre la pierre et les mĂ©taux ; avec les tumulus , nous sommes en pleine civilisation mdo-ev/ropĂ©erme, » Les anciens, comme je vous l'ai dit, n*ont eu aucune notion de la civilisation des dolmens La civilisation des tu- mulus offre, au contraire, Toccasion de nombreux rappro- chements avec les moniunents et les textes classiques d'Ă©poques parfaitement connues. Elle peut dans bien des cas leur servir de commentaire. » En passant d'une zone Ă l'autre nous traversons deux mondes diffĂ©rents. » Avec les dolmens, nous nous trouvions au sein d'une civilisation extra-historique , ce qui ne veut pas dire prĂ©-his- torique dans le sens de antĂ©rieur Ă toute histoire; avec les tumulus nous touchons par mille points aux antiques civili- sations de l'Assyrie, de l'Asie mineure, de la GrĂšce, de l'Etrurie. » A un moment donnĂ© , qu'il n'est dĂ©jĂ plus impossible de prĂ©ciser, les deux civilisations, la vieille civilisation de la pierre, civilisation indigĂšne, et la civilisation orientale des mĂ©taux, se sont rencontrĂ©es, heurtĂ©es sur notre sol suivant la ligne rouge indiquĂ©e par notre carte. » ConsidĂ©rĂ©s dans leur gĂ©nĂ©ralitĂ© , ces faits ne sont plus con- testables. J'ajouterai Ils ne sont plus contestĂ©s. Or , ces faits , avant que l'archĂ©ologie nous en eĂ»t dĂ©montrĂ© la rĂ©alitĂ© , nous ne les soupçonnions mĂȘme pas. Les archĂ©ologues doivent donc ĂȘtre fiers de ces rĂ©sultats, tous les archĂ©ologues, petits et grands , si je puis m' exprimer ainsi ; car vous le voyez , ces importants rĂ©sultats sont obtenus par un jeu de piĂšces de mar- queterie d'origine trĂšs -diffĂ©rente, qui viennent, pour ainsi dire d'eux-mĂȘmes, peu Ă peu prendre la place que la nature des faits leur a marquĂ©e d'avance. » Telle de ces piĂšces qui isolĂ©e parait sans importance prend tout-Ă -coup dans l'ensemble une grande valeur. Dans cet ordre de recherches rien n'est insignifiant. Le plus petit - 375 - dĂ©bris de vase , le plus petit fragment de mĂ©tal donne souvent un renseignement prĂ©cieux, constitue une dĂ©couverte j une dĂ©couverte la joie des archĂ©ologues ! » Il y a trois ou quatre ans les travaux d'un chemin de fer Ă©ventraient un tumulus, voisin de Spire dans la BaviĂšre rhĂ©nane rive gauche du Rhin, en Gaule par consĂ©quent, sinon en France. Un tesson , un fragment de vase de poterie fine Ă cou- verte noire ornĂ©e de palmettes jaunes, fragment informe pour le vulgaire , Ă©tait recueilli , avec d'autres objets de plus agrĂ©able aspect, au musĂ©e de Spire. » Ce tesson, TannĂ©e suivante, Ă©tait mis sous les yeux de FĂ©mi- nent Directeur du musĂ©e Central Germanique de Mayence, le docteur L. Lendenschmit, qui avec sa merveilleuse habiletĂ© reconstituait le vase. J'en mets sous vos yeux une gravure. en chromo -lithographie. Cette gravure tombe sous les yeux de M. le baron de Witte, membre de l'Institut de France, l'aimable savant que plusieurs d'entre vous connaissent , l'homme d'Eu- rope qui connaĂźt le mieux la cĂ©ramique antique. M. de Witte n'hĂ©site pas. Il reconnaĂźt dans ce vase un vase Ă©trusque d'Ă©poque connue. Ce simple fragment devient le sujet d'un mĂ©moire lu Ă la SociĂ©tĂ© des Antiquaires de France. Le tumu- lus y est datĂ© par ce seul objet. La sĂ©pulture remonte Ă la fin du quatriĂšme siĂšcle ou au commencement du troisiĂšme siĂšcle avant notre Ăšre l'Ăąge hĂ©roĂŻque de la nation gauloise. Un Gaulois qui a passĂ© les Alpes et pris part Ă quelque expĂ©- dition contre les Etrusques ou contre Rome a, sans doute, rapportĂ© ce vase d'Italie. » Je ne plaisante pas , Messieurs , et je vais le prouver. » Le timiulus de Rodenbach fait partie de cette nombreuse sĂ©rie de tumulus dont la traĂźnĂ©e s'Ă©tend en longues bandes le long des Vosges et du Jura' , couvre une partie de la Suisse, puis se retrouvent plus abondants encore sur les deux rives du Rhin , dans les provinces rhĂ©nanes , le Palatinat Bavarois , la Hesse, le Wurtemberg, la BaviĂšre, le pays de Bade et cette petite principautĂ© de Sigmaringen , qui a fourni Ă elle seule de quoi remplir tout un musĂ©e. â Ces tumulus', ces sĂ©pultures forment un tout appartenant, sinon Ă une mĂȘme date, du moins Ă une mĂȘme pĂ©riode. ^ De Hagaenau Ă Gonnoz Ain. - 376-^ » Or, que contiennent ces tumulus sur Tune et l'autre rive du Rhin, outre quelques rares vases de terre, analogues Ă celui de Rodenbach * ? De grandes et petites Ă©pĂ©es de fer, d'un type original, des colliers ou torques en bronze et en or, quel- qurfois, mais trĂšs-rarement, en fer; des bracelets en or, en bronze et en fer; des dĂ©bris de boucliers Ă umbo d'une forme particuliĂšre, des ceintures de bronze, des rasoirs, des roues et autres dĂ©bris du char Ă e bataille tout Tattirail, en \m mot, d'un honune de guerre. Sur l'Ă©paule ou sur la poitrine du mort est la fibule ou Ă©pingle qui retenait son vĂȘtement. â Les soldats et les chefs Ă©taient, Ă cette Ă©poque, inhumĂ©s avec ce qu'ils avaient de plus riche. Nous [les trouvons dans la tombe tels qu'ils se prĂ©sentaient Ă l'ennemi im jour de ba- taille. » Les auteurs anciens, Polybe, Tite-Live, Diodore, Plu- tarque nous ont dĂ©crit Ă plusieurs reprises les compagnons de Brennus , de Concolitanus , d' AnĂ©roeste , les vaincus de la dĂ©- sastreuse bataille de Telamon *. Que trouvons-nous dans ces historiens relativement aux caractĂšres distinctifs de l'arme- ment, du costume et du mobilier gaulois ? » Les Gaulois, Ă l'Ă©poque oĂč ils descendaient armĂ©s en Italie, avaient pour armes offensives , tout d'abord , la longue Ă©pĂ©e de fer, Ă pointe mousse, frappant de taille et non d'estoc, un peu plus tard, la petite Ă©pĂ©e ibĂ©rique Ă pointe aiguĂ«; pour arme dĂ©fensive, le bouclier oblong, en bois ou en cuir, Ă umbo de fer ou de bronze. » Les chefs, dans le principe, combattaient sur des chars. Le torques f torques d'or pour les chefs, Ă©tait leur principale dĂ©co- ration , ce torques auquel Manlius Torquatus emprunta son sur- nom 360 ans avant JĂ©sus-Christ. » La piĂšce principale du costume, la piĂšce originale, Ă©tait le Sagunij espĂšce de grand plaid Ă©cossais non de blouse s'at- tachant sur l'Ă©paule ou sur la poitrine et servant au besoin de bouclier ou de couverture. » La vaisselle des Gaulois , Ă l'Ă©poque de leurs grandes ex- pĂ©ditions, Ă©tait en bronze. â Polybe le dit expressĂ©ment. AprĂšs la dĂ©faite des Boiens , les Romains remplirent leurs chariots de > Ou en compte cinq pour le moment entiers ou fractiounĂ©s. » 220 av. â 377 â vases de ce mĂ©tal '. Ces vases figurĂšrent dans la marche triom- phale du Consul. » Comme signe de noblesse , une partie des Gaulois se rasait , ne portant que la moustache. » Peut-on trouver une plus entiĂšre coucordance entre les mo- numents et les textes? Tout Tattirail militaire dĂ©crit par les historiens ou figurĂ© sur les monuments se retrouve dans nos tumulus. » Les tumulus, la majoritĂ© des tumulus de TEst, pour ĂȘtre plus exact, sont donc des tumulus gaulois. » J'ai ajoutĂ© qu'un grand nomhre de ces tumulus pouvaient ĂȘtre approximativement datĂ©s. J'ai promis de vous le prouver. » Les rites funĂ©raires de nos ancĂȘtres voulaient, vous le savez , que le mort emportĂąt dans l'autre monde tout ce qu'il avait possĂ©dĂ© de plus cher ici-bas. La femme prĂ©fĂ©rĂ©e Ă©tait im- molĂ©e sur la tombe du chef. On immolait aussi quelques-uns de ses serviteurs les plus fidĂšles. » Les Gaulois qui avaient fait les expĂ©ditions de Rome et de Delphes, ces mercenaires toujours prĂȘts Ă entrer en campagne, moyennant salaire, ces fameux GĆsates^ aux colliers d'or, durent rapporter bien des dĂ©pouilles des pays lointains oĂč ils guerroyaient. Quelques-unes de ces dĂ©pouilles furent vraisem- blablement dĂ©posĂ©es auprĂšs d'eux dans la tombe. » Or, un vase , un bijou Ă©trusque se distingue facilement au milieu de l'originale grossiĂšretĂ© de l'art gaulois. » Si nous trouvions dans les tumulus une sĂ©rie de vases , de bijoux Ă©trusques , si ces bijoux , ces vases Ă©taient du quatriĂšme ou du troisiĂšme siĂšcle avant notre Ăšre les bijoux Ă©trusques se datent facilement par le style , le problĂšme serait rĂ©solu. » C'est ce qui est arrivĂ©. » Nous possĂ©dons, non pas seulement un ou plusieurs tes- sons de vases comme celui de Rodenbach dont je vous ai parlĂ©, mais tout un ensemble de bijoux et de vases en bronze du plus beau travail , tels que les pays barbares n'en ont jamais pro- duits '. » Les bracelets et la bague en or des timiulus de Rodenbach, * Tite-Uv., XXXVI, 40. Vasa Ćnea Gallica, av. 191. * Ce nom , dit Polybe , veut dire qui sert pour de r argent. ^ Je parle de vases recueillis dans les tumulus Ă Ă©pĂ©es de fer. Tome VI. 27 ~ 378 â un vase en bronze du tumulus de Durckheim donnent une idĂ©e de cet art original*. » Quand nous dĂ©clarons que ces bijoux, que ces vases sont Ă©trusques, nous n'avons pas seulement pour nous Topinion motivĂ©e des hommes les plus compĂ©tents ; certains faits , cer- tains rapprochements parlent d'eux-mĂȘmes. » Le vase du tumulUs de Durckheim ', par exemple, Ă©tait supportĂ© par un Ă©lĂ©gant trĂ©pied de bronze si semblable Ă l'un des trĂ©pieds de bronze du musĂ©e Ă©trusque du Vatican, que les piĂšces de Tun s'appliquent Ă l'autre, et qu'ils ont servi Ă se complĂ©ter mutuellement *. » Le mascaron d'un autre vase , le vase de GrĆckwyU, prĂšs Berne, reprĂ©sente la Diane ailĂ©e de Clusium, cette premiĂšre ville Ă©trusque prise et saccagĂ©e par les Gaulois en 391. Le style du vase rĂ©pond parfaitement Ă cette date. » Vous direz donc avec moi Les populations des tumulus de la rive droite et de la rive gauche du Rhin, populations situĂ©es dans les plaines et les vallĂ©es continuant le versant nord des Alpes, comme le dit Polybe en parlant de l'habitat des populations transalpines ^ sont celles qui, au IXI' ou IV* siĂšcle avant notre Ăšre, ont fait trembler la GrĂšce et Rome. » L'intĂ©rĂȘt de pareilles recherches ne peut vous Ă©chapper. Mais, peut-ĂȘtre, n'en comprenez-vous pas encore toute la portĂ©e. Les sociĂ©tĂ©s humaines, ^Ă©crivait en 1840 notre grand hĂźs- » torien, Augustin Thierry, ne vivent pas uniquement dans le » prĂ©sent. Il leur importe de savoir d'oĂč elles viennent pour » qu'elles puissent voir oĂč elles vont. D'oĂč venons-nous, oĂč » allons-nous? Ces deux grandes questions, le passĂ© et l'avenir » politiques, nous prĂ©occupent plus que jamais. » » Cette prĂ©occupation lĂ©gitime n'a certes pas diminuĂ©, elle a augmentĂ© de nos jours. » De ces deux questions, la premiĂšre est tout entiĂšre du domaine de l'archĂ©ologie. D'oĂč venons-nous? De quels Ă©lĂ©ments divers se compose la nation française? Quelle est la nature ^ Les photographies de ces objets ont Ă©tĂ© exposĂ©es dans la salle des ConfĂ©- rences. * Durckheim prĂšs Spire. ^ Sorti Ă©galement d'un tumulus. â Voir le moulage au musĂ©e de Saint- Germain. - 379 â et la part numĂ©rique de chacun de ces Ă©lĂ©ments? VoilĂ ce que les archĂ©ologues sont en voie de faire connaĂźtre avec certi- tude. » Veuillez jeter les yeux sur la carte de l'Europe exposĂ©e dans la salle et sur les petites cartes qui en sont la rĂ©duction '. Nous y avons marquĂ© l'Ă©tendue gĂ©ographique et la distribution des deux sĂ©ries de monuments hors de France. L'intĂ©rĂȘt de nos deux zones françaises grandit singuliĂšrement du fait de leui* prolongement au dehors , dans le Nord et dans l'Est. » Les monuments mĂ©galithiques teintes rouges , s'Ă©tendent, en effet, Ă toutes les contrĂ©es du Nord. L'Irlande, l'Angleterre, l'Ecosse, le Danemark, la SuĂšde et les cĂŽtes mĂ©ridionales de la Baltique en possĂšdent un grand nombre. C'est mĂȘme dans le Nord, que les monuments de ce genre ont d'abord Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s. » Les tumulus teintes vertes, les tumulus analogues Ă ceux de France occupent Ă l'Est , mais plus au Sud , de l'autre cĂŽtĂ© du Rhin, une partie de l'antique Germanie, oĂč n'a jamais Ă©tĂ© signalĂ© aucun monument mĂ©galithique. » Les deux zones hors de France, comme en France, restent donc distinctes. La civilisation des dolmens conserve l'aspect d'une civilisation des extrĂ©mitĂ©s de la terre, ainsi qu'auraient dit les anciens. Extremiqice hommum Mcyi^ini Virgile. La civilisation du fer, telle que les teintes vertes la dessinent, apparaĂźt connue un coin enfoncĂ© au cĆur de l'Europe entre la civilisation du Nord, analogue Ă la civilisation de l'Ouest, ou plutĂŽt de l'extrĂȘme Ouest, et la civilisation greco-tyrrhĂ©nienne des contrĂ©es mĂ©ridionales , civilisation plus complĂšte et des- tinĂ©e Ă tout envahir et Ă tout absorber aprĂšs CĂ©sar. » La voie des grandes invasions indo-europĂ©ennes vers les contrĂ©es du Nord-Ouest nous est ainsi tracĂ©e. La voie princi- pale, la grande voie, est la vallĂ©e du Danube. » Les premiers groupes indo-europĂ©ens ayant eu sur la ci- vilisation dfe la Gaule une influence sĂ©rieuse, prĂ©pondĂ©rante, gĂ©nĂ©rale, ne sont ni les Grecs de Marseille, ni les Etrusques d'Italie, mais les Celtes ou Galates, les Gaulois^ dont l'action dĂ©buta par une conquĂȘte, comme plus tard firent les Francs. » L'archĂ©ologie nous montre, de plus, que l'influence de ces premiers conquĂ©rants de la Gaule, venus des contrĂ©es ^ Plusieurs de ces petites cartes ont Ă©tĂ© laissĂ©es au PrĂ©sident de la SociĂ©tĂ©. -380 â transrhĂ©nanes e tracUbus Pransrherumis » y comme disaient les Druides, s'exerça de deux maniĂšres diffĂ©rentes » 1* Par une prise de possession inmiĂ©diate et entiĂšre du sol dans les contrĂ©es orientales du pays ; » 2 Par une action lente et pĂ©nĂ©trante, si je puis dire, de leurs usages et de leurs mĆurs dans les contrĂ©es de TOuest qu'ils gouvernaient sans doute, mais sans s'y ĂȘtre Ă©tablis en grand nombre. D Devant cette invasion , la population indigĂšne se retira de plus en plus Ă l'Ouest. » Nous avons quelque raison de croire que le grand dĂ©ve- loppement de la civilisation mĂ©galithique, en Gaule, coĂŻncide avec l'Ă©poque de ce refoulement des populations Ă l'Ouest de la Seine et de la Loire. » Cette civilisation se dĂ©veloppa surtout sur le bord de la mer, dans la presqu'Ăźle armoricaine, et en VendĂ©e; puis dans les contrĂ©es montagneuses oĂč eUe chercha son dernier refuge , en Auvergne, dans le Quercy et le GĂ©vaudan. » Reportez-vous par la pensĂ©e au VI* ou VTP siĂšcle avant notre Ăšre, Ă l'Ă©poque oĂč les PhocĂ©ens venaient fonder Mar* seille, vous vous trouverez en prĂ©sence de deux groupes eth- niques distincts, diffĂ©rents de mĆurs et d'origine les vain- queurs et les vaincus des populations armĂ©es et exclusivement militaires , d'un cĂŽtĂ© ; des populations agricoles et pastorales de l'autre. » Quels ont Ă©tĂ©, pendant cinq siĂšcles, les rapports de ces po- pulations entre elles? Nous l'ignorons. Nous savons seulement qu'Ă l'Ă©poque de CĂ©sar la fusion s'Ă©tait faite politiquement entre ces deux Ă©lĂ©ments si opposĂ©s sous l'action combinĂ©e des chefs militaires, les EquitĂ©s y et des chefs religieux, les Druides. Mais les consĂ©quences de la conquĂȘte se faisaient encore dure- ment sentir. Los EquitĂ©s et les Druides comptaient seuls dans l'Ătat. Le reste de la nation Ă©tait dans une condition voisine de l'esclavage. Plebs pĆne servorum habetur loco; expressions de CĂ©sar, bien Ă©loquentes dans leur concision et dont vous devez mieux comprendre maintenant la valeur. » Cette fusion relativement rapide d'Ă©lĂ©ments ethniques ori- ginairement ennemis ne doit pas vous Ă©tonner. L'histoire montre que ce n'est pas lĂ un fait isolĂ©. Il ne s'est pas passĂ© autre chose aprĂšs la conquĂȘte franque. â 381 â » Ouvrez Augustin Thierry *. Lorsque le mĂ©lange des diffĂ©rentes races d'hommes que » les invasions * avaient mis en prĂ©sence sur le sol de la Gaule » fut accompli et eut formĂ© de nouveaux peuples et des idiomes » nouveaux, lorsqu'il y eut un royaume de France et une » nation française, quelle idĂ©e cette nation se fit-elle d'abord » de son origine? Si Von se place au Xlt siĂšcle six ou sept » siĂšcles aprĂšs les invasions , et qu'on interroge la littĂ©rature » de cette Ă©poque, on verra que toute tradition de la diversitĂ© » des Ă©lĂ©ments nationaux, de la distinction primitive des » conquĂ©rants et des vaincus , des Francs et des Gallo-romains » avait alors disparu. » » On ne s'Ă©tonnera donc pas que six ou sept siĂšcles aprĂšs l'invasion gauloise ^ lorsque CĂ©sar entra en Gaule, le mĂȘme phĂ©nomĂšne de fusion des races se fĂ»t produit, et que pour re- trouver les deux Ă©lĂ©ments primitifs dont nous venons de parler, il ait Ă©tĂ© nĂ©cessaire que l'archĂ©ologie vĂźnt au secours de l'his- toire. » Nous savons, maintenant, qu'antĂ©rieurement Ă l'Ă©poque oĂč les historiens grecs et latins s'occupĂšrent de nos pĂšres, deux races Ă©taient dĂ©jĂ fondues dans l'unitĂ© apparente de la nationalitĂ© gauloise. Il y avait dĂ©jĂ en Gaule des vainqueurs et des vaincus, des seigneurs et des serfs, des oppresseurs et des opprimĂ©s. Th Les seigneurs Ă©taient alors les Gaulois; le peuple asservi n'avait pas de nom. Il est restĂ© innommĂ©. L'alliance habilement combinĂ©e de l'aristocratie militaire et des Druides maintenait cet Ă©tat de choses consacrĂ© par le temps et la religion. » Le principal effet de la conquĂȘte romaine fut d'abattre et de dĂ©truire la puissance de cette aristocratie gauloise , de ruiner et de disperser les collĂšges des Druides. » Le peuple, cette vieille race indigĂšne, Ă demi-esclave, servĆ*u/m loco, ce peuple qui labourait et exerçait tous les mĂ©tiers au profit de ses maĂźtres put, enfin, respirer, et sous l'Ă©quitable protection des lois romaines, avoir sa place au soleil. » VoilĂ pourquoi la Gaule se soumit si facilement. * ConsidĂ©rations sur rhistoire de France , p. 312. * Invasion du V» siĂšcle aprĂšs â 382 - » Un effectif de quatre ou cinq lĂ©gions permanentes, c*est-Ă - dire de quelques milliers de lĂ©gionnaires, et encore presque tous campĂ©s sur le Rhin et en grande partie recrutĂ©s dans le pays mĂȘme, suffirent, pendant trois siĂšcles, Ă maintenir la tran- quillitĂ© et Ă Ă©touffer les rĂ©voltes. » Cette grande rĂ©volution sociale du commencement de notre Ăšre, l'archĂ©ologie commence Ă en retrouver, aujourd'hui, les traces sensibles. C'est un nouveau service qu'elle rendra Ă rhistoire. En sortant des salles gauloises, au musĂ©e de Saint-Germain, salle des tumulus , salle des cimetiĂšres prĂ©-romains , remplis d'armes de toutes sortes, d'Ă©pĂ©es, de lances, de boucliers brisĂ©s, de casques, de dĂ©bris de chars de combat, tĂ©moins irrĂ©cusables de la vie militaire et agitĂ©e des Gaulois au temps de l'indĂ©pendance; aprĂšs avoir traversĂ© la saUe des LĂ©gions ro- maines, gardiennes des frontiĂšres, nous entrons dans des salles d'un aspect tout diffĂ©rent et plus paisible. » Nous sommes en prĂ©sence d'autels, d'ex-voto, mais sur- tout de stĂšles funĂ©raires Ă©levĂ©es en mĂ©moire des citoyens habi- tant les villes fondĂ©es sous la protection des Empereurs Lug- dunum Lyon , Augustodunum Autun, Augusta Suessionum Soissons, Augusta Trevirorum TrĂȘves, Augustonemetum Clermont, Augustum Aoste, Augustoritum Limoges, CĆsarodunum Tours, Coesaromagus Bcauvais, Colonia Augusta Cologne, Juliomagus Angers, et toutes celles que je ne nonune pas et qui furent ou fondĂ©es ou restaurĂ©es sous la mĂȘme influence, Aventicum Avenches, Burdigala Bor- deaux, Durocortorum Reims, Agedincum Sens, Autossio- dunun Auxerre, Andematunum Langres, Genabum Or- lĂ©ans, Rotomagus Rouen, etc. » Que rappellent ces monuments Ă©levĂ©s par la piĂ©tĂ© fiUale ou la reconnaissance des citĂ©s? Le Cursus honorum du mort comme Ă Rome? Non pas, mais que celui-ci faisait le commerce sur la SaĂŽne Nauta Araricus, qu'un autre Ă©tait marchand de lard, NĂ©gocia tor lardarius il Ă©levait probablement des porcs ; celui-lĂ tient les comestibles, Negociator artis m J'avais donc dĂ©couvert dans SaulniĂšres absolument tout ce que l'on peut trouver , Ă©pĂ©es, poignards , couteaux , francisques, framĂ©es, ornements, ceintures. Je viens de rencontrer ce bou- clier qui prouve un chef important, le commandant d'un peuple sur cette terre si anciennement habitĂ©e ce chef, ce peuple, ces hommes sont venus lĂ parce qu'il y en avait eu d'autres avant eux. » Sur la rive gauche de la Biaise et toujours en face des trou- vailles franques et mĂ©rovingiennes, on rencontre toujours des dĂ©bris gaulois et romains, des cimetiĂšres Gallo-Romains; Ă Fon- taine dans les jai'dins de M. Stirck, en face de Saint- Victor oĂč. eurent lieu nos premiĂšres trouvailles signalĂ©es en 1874, au â 407 â chemin de MorvUlette, en face du clocher de SauhiiĂšres; Ă Aunay-sous-CrĂ©cy en face de la butte de CrĂ©cy ; Ă TrĂ©on en face de Fortille, des dĂ©couvertes ont Ă©tĂ© faites sans recherches prĂ©a- lables et tous les objets dĂ©couverts ont Ă©tĂ© constatĂ©s, reconnus authentiques. » 1 Dans les jardins de M. Stirck , j*ai vu des ouvriers ter- rassiers raccommoder leurs pioches avec des fers de lances ro- maines de la plus belle Ă©poque. » 2 A SaulniĂšres, chemin de Morvillette, des dĂ©bris de sĂ©- pultures se montrent encore aux yeux de tous les passants. 9 3o Au Bois-des- Aises, dans les piĂšces de terre de la ferme, on ti*ouve Ă chaque instant des briques romaines, des mĂ©- dailles romaines et d'autres curiositĂ©s. » 4 En face de la gare d' Aunay-sous-CrĂ©cy , dans le petit bois qu'on appelle les Vieux-Murs , j'ai vu des squelettes en grande quantitĂ© et j'ai trouvĂ© lĂ une mĂ©daille de Constantin, des petits objets de bronze et une pierre celtique en serpentine. » 5 A TrĂ©on, sur la place des Friches, on a trouvĂ© un musĂ©e complet d'armures, d'ornements, de bijoux et de mĂ©dailles gallo-romaines que M. Ad. de Riancey vous livrera un jour. Les mĂ©dailles ont Ă©tĂ© reconnues de Valentinien 111. » En attendant qu'on donne Ă votre MusĂ©e ces intĂ©ressants dĂ©bris, je vous invile, Messieurs, Ă venir visiter tout ce qui a Ă©tĂ© trouvĂ© , qui est dĂ©posĂ© dans une montre spĂ©ciale de la mai- son de TrĂ©on. » Plusieurs membres protestent contre l'interprĂ©tation donnĂ©e par M. Haret Ă l'objet dĂ©posĂ© par lui sur le bureau, et qu'il sup- pose ĂȘtre un fragment de bouclier mĂ©rovingien. â Des remer- ciements sont adressĂ©s Ă ce zĂ©lĂ© coopĂ©rateur par M. le PrĂ©sident, qui ajoute qu'on examinera attentivement les objets dĂ©posĂ©s , pour en rendre compte. Lecture d'une note de M. P. Durand sur une restauration du clocher vieux de la cathĂ©drale de Chartres, eu l'an 1681. L'assemblĂ©e constate avec regret que cet intĂ©ressant travail ayant dĂ©jĂ Ă©tĂ© imprimĂ© ne pourra pas ĂȘtre reproduit dans nos Bulletins. Toutefois elle s'empresse de voter des remerciements Ă l'adresse de l'honorable Vice-PrĂ©sident, M. P. Durand. Lecture d'une piĂšce de vers de M. Joliet, intitulĂ©e Ă Ex- press » , et dĂ©diĂ©e Ă son neveu, M. Natalis Bell, ingĂ©nieur. â 408 â L*EXPRESS. A mon neveu Natalis Bell» ingĂ©nieur. La vie est un train ordinaire Sans arrĂȘt, le jour et la nuit Dans un voyage circulaire Nous allons oĂč Dieu nous conduit. Les voyageurs de toute classe, Jeunes ou vieux , sur le parcours , Sans choisir ni payer leur place, Montent, et le train va toujours. Tous montent sans jamais descendre. Pas de facultĂ© de sĂ©jour. Pas de gare oĂč Ton puisse attendre, Et pas de billets de retour. A travers les monts et les plaines Le temps emporte ainsi nos jours. Gomme nos illusions vaines Et nos fugitives amours. Nous allons oĂč va toute chose; Pourquoi se plaindre ou s*efftayer, Si le conducteur nous dĂ©pose Sur la route sans dĂ©rayer ? Nous arrivons par trains rapides A la. derniĂšre station , Dont rindicateur et les Guides Ne disent Theure ni le nom. Des voies du ciel et de la terre Le point de bifurcation ; Entre Pesprit et la matiĂšre Divorce ou sĂ©paration , LĂ sans provision de bouche. Sans argent et sans passeport. - 409 - EBt la grande auberge oĂč Ton couche, Mais saYons-DOus si Ton y dort? On dort, mais peut-ĂȘtre Ton rĂȘve, Par le cauchemar oppressĂ©s Plongeons-nous sans fin oĂč s'achĂšve Le songe qui nous a bercĂ©s? Au sein des cĂ©lestes phalanges, Aux portes du sacrĂ© parvis , Allons-nous sur Taile des anges Ou portĂ©s aux bras des Houris ? Si nous cherchons la dĂ©livrance En jetant Ă bas le fardeau De la vie , adieu PespĂ©rance Qui gtt dans la nuit du tombeau. GoĂ»terons-nous le bien suprĂȘme Dans les vallons de Josaphat, OĂč Pabsorption de soi-mĂȘme Dans le grand tout avec Bouddah ? A sa prison quand PĂąme Ă©chappe Dans les cieux que Flammarion A peuplĂ©s , d'Ă©tape en Ă©tape, De station en station, Cherchant Fespace et la lumiĂšre, faction et le mouvement, S*Ă©purant comme la matiĂšre , Yoyage-t-elle au firmament ? Sur les tables, dans les armoires , Des grands morts Ă©voquant les noms , Vient-elle dicter ses mĂ©moires , Ombre de ceux que nous aimons ? GrĂące aux reporters infidĂšles Les revenants dans leurs Ă©crits , Ne content que sottes nouvelles Nous ne croyons plus aux esprits. Le corps, cette pauvre guenille, Avec soin nous le rapiéçons â 410 â Quand nous voyageons eu famille Nous tremblons pour nos chers wagons. Pendant que le convoi chemine y un cherche Phorizon lointain ; Dans le& beaux yeux de sa voisine, Un autre Thorizon prochain» On dort, on cause, on chante, on aime, L'amour embellit le trajet Fait passer le temps , et lui-mĂȘme , Dieu mortel , dĂ©jeĂ»ne au buffet. La vie ici-bas a ses charmes Gomme ses devoirs on a peur Au signal du sifflet d'alarmes , Au cri strident de la vapeur. A ces perspectives sublimes Qu'on admire au sommet des monts , La foi mĂšne sur les abĂźmes , La science y construit des ponts. Gomme substances explosibles Nous prohibons sur le convoi , Ces deux forces incompressibles , Hier la raison, demain la foi. Ce sont les deux locomotives Qui pourraient parfois dĂ©railler; Mais sur les machines rĂ©tives S'Ă©tend le bras du cantonnier. Nous appelons dans les sinistres Le chauffeur ou le serre-frein , Et nous accusons les ministres Sans trop penser au chef du train. Le chef du train , qui dans l'espace Des soleils traça le chemin , Mesure le temps et la place Comme l'eau , la terre et le pain. Il attend au dĂ©barcadĂšre D'oĂŻl personne n'est revenu â 41! - Celui qui passe la frontiĂšre Du grand pays de Tinconnu. S*il est aux billets qu^il dĂ©livre Un itinĂ©raire au verso, Bon pour la ligne de revivre , On y voyage incognito. L*ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ©, la sĂ©ance est levĂ©e Ă cinq heures. OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© d'Histoire et d'ArchĂ©ologie de ChâŹUon- sur-SaĂŽne y tome VI , 3* partie. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Le DĂ©partement de l'Eure Ă l' Exposition u/niverselle de 1878, par Jules Portier. Don de Fauteur. BiUletin de la SociĂ©tĂ© des Antiquaires de l'Ouest y 2* trimestre 1879. Envoi de la SociĂ©tĂ©. V Enseignement primaire doit - il ĂȘtre gratuit ? obligatoire ? par Armand Vassort, 1878. Don de l'auteur. Hailagra Ma/rma Sogur^voX. 1 et 2. Christiania, 1877. Rune i/ndskriflen paa ringen i Forsa kimke afsophus Bugge, Christiania, 1877. Norske oldsager i fremmede musur of ingvald xmdset, Kristiania, 1878. Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique du VendĂŽmoiSy t. XVIII , 3* trimestre 1879. Envoi de la SociĂ©tĂ©. MĂ©moires de l'AcadĂ©n^ie de Stanislas y 129* annĂ©e, 4" sĂ©rie, tome II. Bulletin de la SociĂ©tĂ© scientifique, historique et archĂ©ologique de la CorrĂšzCy tome P% 4* livraison. Brive, 1879. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Minerai map cmd gĂȘnerai statistics of New-South-Wales Aus- tralia. Sydney, 1876. â 412 â SĂANCE DU 18 DĂCEMBRE 1879. PrĂ©sidence de H. DE SAiMT-LAiniER. â H. Het-Gadbert , secrĂ©taire. La sĂ©ance est ouverte Ă trois heures un quart. Etaient prĂ©sents MH. de Saint -Laumer, abbĂ© Olivier, P. Durand, Met-Gaubert, Balandra, Barois, deBertheville, Bellier de la Chavignerie, Besselle, Bonnard, Buisson, Escoffier, abbĂ© HĂ©nault, Hue, Lecocq, abbĂ© Pardos, Passard, Ricour. Le procĂšs-verbal de la derniĂšre rĂ©union est lu et adoptĂ©; les conclusions, en ce qui concerne le travail de M. TabbĂ© Haret, sont combattues par M. Lecocq. M. P. Durand est dĂ©signĂ© pour prĂ©senter un rapport sur le travail de M. le curĂ© de CrĂ©cy. Publications amĂ©ricaines proposition d'Ă©change avec TAmĂ©- rique,en se bornant Ă une seule SociĂ©tĂ©. AprĂšs dĂ©libĂ©ration, il est dĂ©cidĂ© qu'on enverra seulement les MĂ©moires. Des remerciements particuliers sont adressĂ©s Ă M. Thuot pour une notice qu'il a composĂ©e sur quelques restes d'^ifices romains trouvĂ©s dans le rempart vitrifiĂ© du Puy-de-Gaudy Creuse. MĂȘmes remerciements Ă M. A. Heurtault qui abandonne Ă la SociĂ©tĂ© une brochure intitulĂ©e les Brailles » , poĂšme en patois Messin. La parole est donnĂ©e Ă M. le TrĂ©sorier qui expose l'Ă©tat finan- cier de la SociĂ©tĂ©. RECETTES. Recettes ordina/i/res. Rentes sur l'Ătat 3 Vo llf Huit obligations Ouest j Cotisations 280 Ă 10 fr 2,800 â 50Ă 5fr 250 > Vente de bulletins 200 % â de diplĂŽmes 10 » Total des recettes ordinaires. ... 3,471 » -413 â Recettes extraordinaires Subvention du MinistĂšre de llnstruction pu- blique mĂ©moire. DĂPENSES. DĂ©penses ordmaires ProcĂšs-verbaux et MĂ©moires Frais de recouvrement des cotisations extĂ©- rieures 2,000fr. ic. 150 Traitement de Tappariteur Gravures 250 400 Fouilles et dĂ©penses imprĂ©vues SĂ©ance gĂ©nĂ©rale du mois de mai Reliures 200 200 . 150 > Abonnements Frais de concours pour les instituteurs . âą . 120 > 150 » Total des dĂ©penses ordinaires . . . 3,620 . DĂ©penses extraordmaires Publication d'un ouvrage d'archĂ©ologie. Le budget est approuvĂ© ; suivent quelques observations com- plĂ©mentaires Il est dĂ©cidĂ© que la rĂ©partition des quittances aura lieu sous forme de bons envoyĂ©s par la poste, aprĂšs avis prĂ©alable. Ăura-t-on recours Ă la poste pour les cotisations? L'assemblĂ©e, consultĂ©e, rĂ©pond affirmativement. Des lettres seraient en- voyĂ©es par le TrĂ©sorier pour opĂ©rer ces recouvrements. Proposition de M. Lecocq ayant pour but d*acheter les publi- cations des SociĂ©tĂ©s qui nous environnent. L'assemblĂ©e, aprĂšs dĂ©libĂ©ration, vote un crĂ©dit de 100 francs pour Tacquisition des publications des pays limitrophes. Discussion Ă propos de l'abonnement Ă la Revue des Deux Mondes ; cet abonnement est maintenu. Suit une demande de nouvelles mĂ©dailles d'argent, notre - 414 â contingent Ă©tant Ă©puisĂ©, il est arrĂȘtĂ© que la SociĂ©tĂ© acquerra une douzaine de mĂ©dailles. Lecture par le SecrĂ©taire d'une notice biographique qu*il a composĂ©e sur notre confrĂšre dĂ©cĂ©dĂ©, M. Edouard LefĂšvre, ancien chef de division Ă la PrĂ©fecture. a Messieurs et ghebs Collaborateurs, » La SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique d'Eure-et-Loir vient de perdre un de ses membres les plus mĂ©ritants, un de nos confrĂšres les plus dĂ©vouĂ©s. » AprĂšs avoir compulsĂ© d'une main pieuse et amie trois vo- lumes manuscrits intitulĂ©s Mes Souvenirs » , j'ai cru qu'il Ă©tait de mon devoir de vous offrir une courte notice nĂ©crolo- gique, comme hommage d'estime rendu Ă l'homme public et Ă l'homme considĂ©rĂ© dans sa vie privĂ©e. 3 Pierre-Edouard- Alexandre LefĂšvre est nĂ© Ă Chartres , le 6 septembre 1807, au sein d'une trĂšs-honorable famille de la citĂ©. » AprĂšs avoir fait de sĂ©rieuses Ă©tudes classiques et thĂ©olo- giques, il entre, comme professeur, dans diverses institutions libres de Chartres. Son talent dans l'art mtodeste mais si utile de la calligraphie, dĂ©notait en lui des aptitudes spĂ©ciales. La rĂ©putation de M. LefĂšvre s'accroĂźt; il a de nombreuses leçons en ville, et bientĂŽt M. l'abbĂ© Calluet, principal de notre vieux collĂšge, s'approprie ce talent; il fait entrer, comme professeur, le savant calligraphe dans l'Ă©tabhssement universitaire. Dans le cours de cette profession , le jeune LefĂšvre ne mĂ©rite que des Ă©loges. » Mais la voix du patriotisme l'appelait ailleurs; de 1830 Ă 1838, Edouard LefĂšvre sert l'Etat, et d'engagĂ© volontaire, titre par lequel il dĂ©bute, on le voit arriver au grade de sergent- major du centre. Ses Ă©tapes militaires sont Clermont-Fer- rand, Rochefort, La Rochelle, OrlĂ©ans, Paris, Saint -Cloud, Soissons, Boulogne-sur-Mer, BĂ©thune, Saint-Omer, lille, Va- lenciennes, Toul, Phalsbourg et Bitche. Le 15 septembre 1838, il est UbĂ©rĂ© du service miUtaire ; c'est en souvenir de cette car- riĂšre si honorablement remplie que ses concitoyens l'appellent plus tard au grade de capitaine de la garde nationale de â 415 - Chartres, dont le colonel Ă©tait alors TĂ©minent avocat, M. Dou- blet de Boisthibault. » BientĂŽt LefĂšvre conquiert , dans la vie civile , d'autres titres Ă Testime publique. » De simple commis Ă la PrĂ©fecture, il arrive Ă la position laborieuse de chef de division, et lĂ , comme partout ailleurs, c'est, au dire de tous ceux qui l'ont connu, un modĂšle d'acti- vitĂ©, de prudence et de courtoisie. » Les titres honorifiques viennent le chercher. En voulez- vous la preuve? Son Ă©rudition de bon aloi le fait nommer membre correspondant de l'Institut historique Ă Paris , de dif- fĂ©rentes SociĂ©tĂ©s savantes d'ArchĂ©ologie, de plusieurs Commis- sions relatives Ă Tinstruction secondaire et primaire. Le secrĂ©- tariat de notre chĂšre SociĂ©tĂ© le fait instituer titulaire pendant quelque temps. Qui de vous ne connaĂźt le rĂ©dacteur de YAnr rmaire d'Eure-et-Loir, et l'auteur du Dictionnaire gĂ©ographique des communes et hameaux du mĂȘme pays ? ]> Telles sont, en rĂ©sumĂ©, les solides quaUtĂ©s de l'homme public. Si je ne craignais de troubler l'ombre de notre cher et modeste dĂ©funt, combien je m'estimerais heureux d'avoir Ă vous le montrer avec ses aimables qualitĂ©s d'homme privĂ© I DouĂ© d'un caractĂšre charmant , il Ă©tait poĂšte Ă ses heures et s'abandonnait, Ă l'occasion, aux douceurs d'une muse pleine de bon sens. La malice gauloise s'emparait de lui en temps opportun , et il possĂ©dait , nous l'avons vu Ă l'Ćuvre plus d'une fois, une perspicacitĂ© vraiment curieuse dans l'art d'Ă©tudier et de connaĂźtre la physionomie. Ses apprĂ©ciations avaient alors la justesse d'un diagnostic mĂ©dical. C'Ă©tait de la finesse d'esprit toujours soutenue par une charitĂ© toute chrĂ©tienne. » Terminons , Messieurs , en mentionnant l'affabilitĂ© de son caractĂšre, ses prĂ©venances , sa bontĂ© de cĆur. N'oublions ja- mais surtout que s'il a Ă©tĂ© excellent Ă©poux, pĂšre aimant, ami fidĂšle, il a attachĂ© Ă sa couronne un autre fleuron, c'est sa vie de sacrifice, de dĂ©vouement en faveur de sa chĂšre famille. Celle-ci a vu, rĂ©cenmient, au sein d'une cĂ©rĂ©monie funĂšbre toujours pĂ©nible, sans doute, mais dans laquelle on sait trouver de fortifiantes consolations , les marques non Ă©quivoques d'es- time gĂ©nĂ©rale pour Edouard LefĂšvre , regrettĂ© de tous ceux qui l'ont aimĂ© et connu. » C'est le plus beau tĂ©moignage qu'on puisse rendre Ă â 416 â rhomme public et privĂ©. Notre confrĂšre a passĂ©, au milieu de cette vallĂ©e de larmes, en opĂ©rant le bien. C'est la plus glorieuse Ă©pitapbe Ă mettre sur sa tombe, en y ajoutant ces simples mots qui valent mieux que toutes les grandeurs de la terre c n a fait honneur Ă la Patrie, Ă la famille et Ă la SociĂ©tĂ©. » Lecture de deux piĂšces de vers de MM. Bourdel Ode Ă sainte CĂ©cile y et Lequien Emile Une FĂȘte des Filibres et des Ciga^ liens^ Ă Scea/ux. A SAINTE CĂCILE. Fille du ciel, ĂŽ divine harmonie, Heureuse amante des concerts, Tout proclame ici-bas ta puissance infinie , C'est toi qui mUnspires ces vers ! Aux jours des fĂȘtes solennelles , Dans le temple oĂč brĂ»le Tencens , Tu prĂȘtes aux chants des fidĂšles Le charme des plus doux accents ; Et si Torgue, Ă la voix puissante. Sous la voĂ»te retentissante Roule ses flots harmonieux, L'Ăąme alors, oubUant la terre, Sur les ailes de la priĂšre S'envole avec toi vers les cieux ! Lorsqu'au bruit de l'airain qui tonne Tu joins tes magiques accords, Le fougueux enfant de Bellone Ressent de sublimes transports. GuidĂ© par ta voix , il s'Ă©lance , Son bras meurtrier le devance Et s'ouvre un passage sanglant ; Ou, quand dans la lutte il succombe, n descend joyeux dans la tombe Si la victoire est dans ton chant. L'amour lĂ©ger, dans ton langage. Peint l'inconstance et ses plaisirs ; Mais s'il implore un doux servage Sa voix emprunte tes soupirs. GrĂące Ă toi , les seuls mots je t'aime ! ConsacrĂ©s par ce Dieu lui-mĂȘme , Deviennent un philtre enchanteur, - 417 â Bt le cĆur de la plus cruelle Dans ramant qui chante pour elle ReconnaĂźt bientĂŽt un vainqueur. Donnant une Ăąme fraternelle A ceux qui vivent sous tes lois, L'amitiĂ© te sourit c^est elle Qui te fĂȘte ici par ma voix. Imitons un si doux exemple ; Que ce lieu devienne ton temple D'oĂč s'Ă©lĂšve un concert divin ; Vantons les plaisirs de la table. Ton chant n'est jamais plus aimable Qu'au dessert d'un joyeux festin. SOUVBNIR DES FĂTES DE FLORIAN, A SCEAUX, 4 ET 5 OCTOBRE 1879. SONNET DĂDIĂ ADX FĂUBRES ET CIGALIENS. Si j'Ă©tais du pays oĂč rĂšgne la cigale , Fauvette ou rossignol, alouette ou pinson, rirais, quittant sans bruit la table conjugale. Avec les Gigaliens me mettre Ă l'unisson. Chez eux, tout disparaĂźt la soif et la fringale ; La Muse y voit sans cesse Ă©clore un nourrisson , Moi-mĂȘme y chanterais d'une Ăąme sans Ă©gale Et paierais mon Ă©cot d'une fiĂšre chanson Ainsi pleurait hier une simple fauvette , Quand un grillon Du Parc Ă»t taire la pauvrette Les cigales chantaient le grillon chuchotait Et, durant le concert, attentive et muette, Elle ne retrouva ni muse ni musette Les rossignols chantaient la fauvette Ă©coutait. Emile Lequien, Ancien Ă©lĂšre du GoUĂ©ge de Chartres. L'ordre du jour Ă©tant Ă©puisĂ©, la sĂ©ance est levĂ©e Ă quatre heures trois quarts ; la prochaine rĂ©union est fixĂ©e au jeudi 15 janvier 1880. Tome VI. 30 â 418 â OBJETS OFFERTS A LA SOCIĂTĂ. Bulletin de la SociĂ©tĂ© d'Emulation de l'Allier, tome XV, 4 livraison. Moulins, 1879. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Bulletin de la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique de l'OrlĂ©anais y tome VII, no 100, 1 trimestre, 1879. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Journal des Savants, octobre 1879. Romcmiaj n 32, octobre 1879. Bulletin de la SociĂ©tĂ© des Antiquaires de V Ouest, 3* trimestre, 1879. Envoi de la SociĂ©tĂ©. Annual report oftheBoard of rĂ©gents of the Smithsonia/n ins- titution for the year 1877. Wasington, 1878. Central Ohio scientific association, vol. 1 , Part. 1. Notice sur quelques restes d'Ă©difices romains trouvĂ©s dans le rempart vitrifia du Puy-de-Gaudy, par M. Thuot. GuĂ©ret, 1879. Don deTauteur. FIN DU TOME VI. TABLE DES SĂANCES, SĂ©ance du 6 fĂ©vrier 1876 \ SĂ©ance du 3 fĂ©vrier 1876 5 UneExmrsĂ»maudmetiĂšredeSaulfUĂšreSfpaiM, Legogq. 5 ĂtudeswduLarens, .... 9 SĂ©ance du 2 mars 1876 16 DĂ©couvertes archĂ©ologiques Ă SaulniĂšres , par M. Haret . 1 8 â par M. F. de MĂ©lt . 24 Chronique scientifique, ^eii M. Girouard 30 SĂ©ance du 6 avril 1876 33 SĂ©ance du 4 mai 1876 41 Emploi despĂątes alimentaires au fucus, par M. GmouARD. 42 SaintrVincent-de-Paul, poĂ©sie par M. Touche. ... 44 La Soeur de charitĂ©, poĂ©sie par M. Touche 46 SĂ©ance publique du iw juin 1876 47 SĂ©ance du 8 juin 1876 53 SĂ©ance publique du 25 juin 1876 , Ă Anet 57 La MĂ©moire du coeur, poĂ©sie par M. Bourbel ... 70 Ătude sur Diane de Poitiers, par M. Dubreuil ... 72 Sculptures du chĂąteau de Sorel, par M. Fortin ... 83 Le coin du feu, poĂ©sie par M. Le Goux . . . - . 87 SĂ©ance du 6 juillet 1876 93 Causerie sur la recherche des vieux livres, par M. BrĂ©- VHiLB 93 V Enfant qui prie, poĂ©sie par M. Touche 98 â 420 â SĂ©ance du \0 aoĂ»t 1876 101 Le CurĂ©, poĂ©sie par M. Touche 103 SĂ©ance du 9 novembre 1876 105 DĂ©couvertes archĂ©ologiques Ă SaulniĂšres, par M. Harbt. 106 SĂ©ance du 7 dĂ©cembre 1876 113 Zodiaques de la CathĂ©drale de Chartres , par M. Lecocq . 116 PoĂ©sies de VahbĂ© Boucher, par M. Lecocq 118 Rapport sur l'Exposition de Philadelphie , par M. Lorin . 120 SĂ©ance du 4 janvier 1877 132 SĂ©ance du 8 fĂ©vrier 4877 134 SĂ©ance du i" mars 1877 137 SĂ©ance du 12 avril! 877 139 Fondations de la CathĂ©drale, par M. Lecocq .... 141 La peinture sur ven^e en gĂ©nial, par M. Loam. . . 142 Le verre incassable, par M. Heurtault 165 SĂ©ance du 3 mai 4877 167 SĂ©ance publique du 44 juin 1877 186 SĂ©ance publique du i»»* juillet 1877, Ă Illiers 178 Les Jfoissows , poĂ©sie par M. Le Goux 184 Monuments celtiques du dĂ©partement, par M. Marquis. 190 SĂ©ance gĂ©nĂ©rale du 5 juillet 4877 197 SĂ©ance du 2 aoĂ»t 1877 201 Statistique d*Eure-ei-Lair, poĂ©sie par M. Jolibt ... 202 SĂ©ance du 9 novembre 1877 211 La Retraite au point de vus philosophique, poĂ©sie par M. BOURDEL 212 SĂ©ance du 6 dĂ©cembre 1877 216 SĂ©ance du 10 janvier 1878 218 La Neige et l'Ange de l'EspĂ©rance, poĂ©sie par M. Mbt- Gaubert 219 SĂ©ance du 7 fĂ©vrier 1878 221 Souterrain de SaulniĂšres, par M. Harjbt 224 Note sur le PrieurĂ© de Gassicourt , par M. Benoit , . 230 La douleur d'un jeune FiancĂ©, poĂ©sie par M. Mbt- Gaubert . . 231 â 421 â SĂ©ance du 7 mars 1878 433 La maison de Collinrd^HarleviUe Ă MĂ©voisins, poĂ©sie par M. Le Goux 235 SĂ©ance du 4avril 1878 438 DĂ©couvertes archĂ©ologiques Ă MarbouĂ©, par M. Lbgocq* 241 SĂ©ance du 2 mai 1878 245 Un Squelette mystĂ©rieux, par M. Legocq 251 Pour un album de jeune Fille , poĂ©sie par M. Boitbdbl. 254 SĂ©ance publique du 6 juin 1878 255 A une jeune mariĂ©e quittant sa famille , poĂ©sie par M. BOURDKL . 260 Les laines de V abbaye de Coulombs , poĂ©sie par M. Le Goux 202 SĂ©ance du 4 juillet 1878 269 Ma cinquantaine, poĂ©sie par M. Jouet 271 Asi^emblĂ©e de la Noblesse Ă Dreux j le 21 juillet 1652, par M. Job 279 SĂ©ance du 8 aoĂ»t 1878 285 Biographie de Simon de Phares, par M. Merlet. . . 286 Un Ange de la terre , poĂ©sie par M. Met-Gaubert . . 293 SĂ©ance du 7 novembre 1878 294 Notice sur VĂ©ctiture cunĂ©iforme , par M. Harreau . . 295 L'Exposition universelle, poĂ©sie par M. Met-Gaubert. 301 SĂ©ance du 5 dĂ©cembre 1878 304 SĂ©ance du 9 janvier 1879 307 RĂȘverie sur un berceau, poĂ©sie par M. Met-Gaubert . 308 SĂ©ance du 6 fĂ©vrier 1879 310 La PriĂšre, poĂ©sie par M. l'abbĂ© CintrĂąt 314 SĂ©ance du 6 mars 4879 318 Le poĂšme l* Oison, pax M. GiLLkRD 319 Verglas des 22, 23 et 2i janvier 1879, par M. PiĂ©bourg. 321 La peinture sur verre au Moyen- Age, par M. Lorin. . 324 SĂ©ance du 3 avril 1879 . . 337 Notice sur un verre de Venise , par M. Haret. ... 339 La Lyre et le Marteau , poĂ©sie par M. Met-Gaubert . 342 - 422 - SĂ©ance du le' mai 1879. 343 La peinture sur verre dans les temps modernes , par M. LoRiN 345 SĂ©ance publique du 15 mai 1879 355 Ătude gĂ©ographique sur le Gabon, par M. Met-Gaubert . 361 De la valeur des Documents archĂ©ologiques , par M. AI. Bertrand * 306 SĂ©ance du 5 juin 1879 384 Le Sottvmr, poĂ©sie par M. TabbĂ© CmTRAT .... 385 SĂ©ance du 3 juillet 1879 388 SĂ©ance du 7 aoĂ»t 1879 *. . . 391 La Science , poĂ©sie par M. Jolibt 393 La Mort d^une Orpheline, poĂ©sie par M. Bourdbl . . 401 SĂ©ance dn 6 novembre 1879 403 L'JSoĂź^ess , poĂ©sie par M. JoLiET 408 SĂ©ance du 18 dĂ©cembre 1879 412 *Alex.. Sa mort, p. 133. Thibault M. , envoie fies mĂ©moi- res, p. 105, 295; â rĂ©compensĂ© par la SociĂ©tĂ©, p. 175, 313. Thuot M., fait un don, p. 412. Tissandier M. Gaston, fait une confĂ©repce, p. 51. Touche M., envoie des piĂšces devers, p. 44, 98, 103, 138; â fait un don , p. 2. De TrĂ©mault M., fait des lectures, p. 133, 135. Trubert M., rĂ©compensĂ© par la SociĂ©tĂ©, p. 39. Verglas de 1879, p. 321. Verre de Venise, p. 338, 389. Verre incassable , p. 165. ViLBERT M. FabbĂ©, foĂźt une lec- ture, p. 83. ViNOTAiN M.. Sa mort, p. 385. w WherlĂšM. , membre de la Commission de publication, p. 212. Tenrille , p. 29. Tmonville,p. 245. FIN DE LA TABLE. v
Rechercherune Ă©glise / un lieu de culte : ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques de France - mentions lĂ©gales - Soutenir - Ă©crivez-nous - Mettre les horaires de MessesInfo sur votre site Version: 93674490276202 - mentions lĂ©gales - Soutenir - Ă©crivez-nous - Mettre les horaires de MessesInfo sur votre site Version: 1-3-5.445593674490276202
ï»żEssalatu khayrun mina ennawm
Heuresde priĂšre et dâAdhan (l'appel Ă la priĂšre) Ă La Roche-sur-Yon en avril 2022. Temps de la priĂšre du matin au soir. Horaire des priĂšres exact.
DĂ©couvrez nos offices. Trouvez un lieu de culte prĂšs de chez vous. Trouver une adresse ouvre une nouvelle fenĂȘtre Comment se dĂ©roulent nos offices ? Nous tenons des offices religieux deux fois par semaine HĂ©breux 1024, 25. Lors de ces rĂ©unions chrĂ©tiennes, qui sont ouvertes au public, nous examinons les enseignements de la Bible et en dĂ©gageons des applications pratiques. Lâassistance est souvent invitĂ©e Ă participer Ă des discussions dirigĂ©es par un ministre du culte. La participation nâest pas obligatoire. Chaque office dĂ©bute et se termine par un cantique et une priĂšre. Pas besoin dâĂȘtre TĂ©moin de JĂ©hovah pour assister Ă nos offices. Tout le monde est le bienvenu. LâentrĂ©e est libre, et il nây a jamais de quĂȘte.
Ilsdevront Ă©galement sâouvrir aux autres jeunes et les inviter Ă ces temps de priĂšre ou de partage. Address & Contact Our Address . 11 rue de Tournai 59200 Tourcoing. Telephone. 03 20 26 70 67 . 06 23 38 32 19. Email. pastojeunestourcoing@wanadoo.fr. Informations dĂ©taillĂ©es sur le foyer. Informations complĂ©mentaires sur le fonctionnement du foyer. Le responsable. P. Bruno
MosquĂ©es et salles de priĂšres Ă La Roche-Sur-Yon 85000 La Roche-Sur-Yon compte 15 mosquĂ©es, ainsi que 4 salles de priĂšre. DĂ©couvrez les lieux oĂč les musulmans peuvent sâadonner aux prĂ©ceptes de lâislam. Vous chercher une mosquĂ©e ou salle de priĂšres prĂ©s de chez vous ? Voici la liste des lieux de priĂšres Ă La Roche-Sur-Yon Les heures de salat mensuels Ă La Roche-Sur-Yon 85000 Retrouvez sur notre site les horaires des priĂšres heures de salat quotidiennes de la ville de La Roche-Sur-Yon - 85000 pour aujourd'hui ainsi que pour le mois du ramadan. > Methode de calcul Format Heure
Suppriméà la rĂ©volution, il a Ă©tĂ© refondĂ© en 1843 dans lâancien couvent des Ursulines. Câest en 1854 que les SĆurs sâinstallent dans un nouveau bĂątiment en bordure de ville : câest notre monastĂšre actuel qui compte 20 Moniales de 40 Ă 90 ans.
ParamÚtres de confidentialité sauvegardés ! ParamÚtres de confidentialité Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. ContrÎlez vos services de cookies personnels ici. Marketing Audience Technique Centre de confidentialité Politique de confidentialité PublicitésLe Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires ! Refuser tous les services Accepter tous les services
Horairesde priÚre musulmane (salat) pour La Roche-sur-Yon pour août 2022. En Islam il y a cinq priÚres obligatoires: fajr, dhor, asr, maghreb et i . Horaires des priÚres de La
Nom Image Ville DĂ©pt. Inauguration MosquĂ©e El-Mohssinine de Bourg-en-Bresse Bourg-en-Bresse 01 2005 MosquĂ©e Et-Taqwa de Bourg-en-Bresse Bourg-en-Bresse 01 MosquĂ©e Ar-Rahma d'Oyonnax Oyonnax 01 MosquĂ©e Annour de Laon Laon 02 MosquĂ©e Assalam de Saint-Quentin Saint-Quentin 02 MosquĂ©e de Soissons Soissons 02 MosquĂ©e Al-Rahma de Vichy Vichy 03 MosquĂ©e El Hijra de Vichy Vichy 03 MosquĂ©e turque de Vichy Vichy 03 MosquĂ©e de Beausoleil Beausoleil 06 MosquĂ©e de Cagnes-sur-Mer Cagnes-sur-Mer 06 MosquĂ©e El-MĂ©dina de Cannes Cannes 06 MosquĂ©e Annour du Cannet Le Cannet 06 MosquĂ©e El-Ghaurane de Grasse Grasse 06 MosquĂ©e Al Fourkane de Nice Nice 06 MosquĂ©e Ar-Rahma de Nice Nice 06 MosquĂ©e Giuliani de Nice Nice 06 MosquĂ©e Imane de Nice Nice 06 MosquĂ©e Taqwa de Nice Nice 06 MosquĂ©e Azitoun d'Aubenas Aubenas 07 MosquĂ©e de Pamiers Pamiers 09 En cours MosquĂ©e El Houda de Bar-sur-Seine Bar-sur-Seine 10 MosquĂ©e Mousab ibn Oumayr de la Chapelle-Saint-Luc La Chapelle-Saint-Luc 10 MosquĂ©e Abou Bakr de Troyes Troyes 10 MosquĂ©e Ali de Troyes Troyes 10 MosquĂ©e Hamza de Troyes Troyes 10 MosquĂ©e Essalam de Carcassonne Carcassonne 11 24 juin 20003 MosquĂ©e de Narbonne Narbonne 11 En cours4 MosquĂ©e de Decazeville Decazeville 12 En cours5 MosquĂ©e de Millau Millau 12 21 avril 20126 MosquĂ©e de Rodez7 Rodez 12 24 mai 20038 MosquĂ©e d'Arles Arles 13 MosquĂ©e Arrahma d'Istres Istres 13 15 novembre 20079 Grande mosquĂ©e de Marseille10 Marseille 15e 13 En cours11 MosquĂ©e Khalid ibn al-Walid de Marseille Marseille 2e 13 MosquĂ©e IslĂąh Grande mosquĂ©e du sud de la France Marseille 13 MosquĂ©e Sunna de Marseille Marseille 13 MosquĂ©e Annour d'HĂ©rouville-Saint-Clair HĂ©rouville-Saint-Clair 14 30 juillet 201112 MosquĂ©e d'AngoulĂȘme AngoulĂȘme 16 MosquĂ©e Es-Salam de Cognac13 Cognac 16 En cours14 MosquĂ©e Ennour de Soyaux Soyaux 16 MosquĂ©e de la Rochelle La Rochelle 17 MosquĂ©e Al Fath de Bourges Bourges 18 MosquĂ©e de Bourges Bourges, rue Alfred de Musset 18 MosquĂ©e de Gaubre de Brive-la-Gaillarde Brive-la-Gaillarde 19 14 mai 201115 MosquĂ©e de Brive-la-Gaillarde Brive-la-Gaillarde 19 En cours16 MosquĂ©e d'Ajaccio Ajaccio 2A MosquĂ©e El-ImĂąn de Dijon Dijon 21 MosquĂ©e En-Nour de Dijon Dijon 21 MosquĂ©e Er-Rahma de ChenĂŽve ChenĂŽve 21 MosquĂ©e FraternitĂ© de Quetigny Quetigny 21 MosquĂ©e Takhwa de GuĂ©ret GuĂ©ret 23 1er octobre 201117 MosquĂ©e Al-Fath de Besançon Besançon-Planoise 25 25 mai 200818 MosquĂ©e Sounna de Besançon Besançon 25 2000 MosquĂ©e de Fontaine-Ăcu de Besançon Besançon 25 2009 MosquĂ©e de la Petite-Hollande de MontbĂ©liard MontbĂ©liard 25 En cours19 MosquĂ©e Assalam de MontĂ©limar MontĂ©limar 26 En cours20 MosquĂ©e turque de MontĂ©limar MontĂ©limar 26 18 mai 201321 MosquĂ©e Al Mouhssinoune de Nyons Nyons 26 MosquĂ©e de Pierrelatte Pierrelatte 26 MosquĂ©e El-Fourqane de Valence Valence 26 MosquĂ©e Al Fathou d'Ăvreux Ăvreux 27 MosquĂ©e Essalam de Gaillon Gaillon 27 MosquĂ©e de Louviers Louviers 27 MosquĂ©e des marocains de Vernon Vernon 27 4 mars 200622 MosquĂ©e Assalama de ChĂąteaudun ChĂąteaudun 28 MosquĂ©e Assounah de Dreux Dreux 28 MosquĂ©e Arahma de Dreux Dreux 28 MosquĂ©e de Nogent-le-Rotrou Nogent-le-Rotrou 28 En cours23 MosquĂ©e de Saint-Lubin-des-Joncherets Saint-Lubin-des-Joncherets 28 MosquĂ©e de Penhars de Quimper Quimper 29 2007 MosquĂ©e de Beaucaire Beaucaire 30 MosquĂ©e Al-Rahma de NĂźmes NĂźmes 30 MosquĂ©e de NĂźmes NĂźmes, rue de la Gazelle 30 Grande MosquĂ©e de Toulouse Toulouse 31 2011 MosquĂ©e Ennour Toulouse 31 MosquĂ©e du Mirail Toulouse 31 2009 MosquĂ©e Salam d'Auch Auch 32 21 juin 200824 MosquĂ©e Nour de Bordeaux Bordeaux 33 MosquĂ©e El Houda de Bordeaux Bordeaux 33 1984 MosquĂ©e El Fath de Bordeaux Bordeaux 33 MosquĂ©e de Cenon Cenon 33 2004 MosquĂ©e de Libourne Libourne 33 18 juin 201125 MosquĂ©e Essalam de MĂ©rignac26 MĂ©rignac 33 MosquĂ©e de Talence Talence 33 En cours27 MosquĂ©e turque de BĂ©ziers BĂ©ziers 34 MosquĂ©e Annour de BĂ©ziers BĂ©ziers 34 20 avril 201328 MosquĂ©e de BĂ©ziers BĂ©ziers, rue touruventouse. 34 MosquĂ©e d'Agde Agde 34 MosquĂ©e El Baraka de Lunel29 Lunel 34 30 octobre 201030 MosquĂ©e Avicenne de Rennes Rennes 35 19 septembre 200631 MosquĂ©e de Blosne de Rennes Rennes 35 1983 MosquĂ©e Er-Rahma de ChĂąteauroux ChĂąteauroux 36 13 juin 200832 Grande mosquĂ©e de Tours Tours 37 En cours33 MosquĂ©e Essalam de Tours Tours 37 MosquĂ©e El Fath de Tours Tours 37 Grande mosquĂ©e d'Ăchirolles Ăchirolles 38 4 mai 201334 MosquĂ©e Al Fathou de Grenoble Grenoble 38 MosquĂ©e Abou Bakr de Grenoble Grenoble 38 MosquĂ©e de Saint-Martin-d'HĂšres Saint-Martin-d'HĂšres 38 MosquĂ©e de Mont de Marsan Mont de Marsan 40 MosquĂ©e turque de Mer Mer 41 25 novembre 200935 MosquĂ©e turque de VendĂŽme VendĂŽme 41 Grande mosquĂ©e Mohammed VI de Saint-Ătienne Saint-Ătienne 42 19 juin 201236 MosquĂ©e Rahman de Saint-Etienne Saint-Ătienne 42 MosquĂ©e Ar Rahma du Puy-en-Velay Le Puy-en-Velay 43 MosquĂ©e Al Karim du Puy-en-Velay Le Puy-en-Velay 43 MosquĂ©e Arrahma de Nantes37 Nantes 44 2009 MosquĂ©e El Forqane de Nantes Nantes 44 MosquĂ©e Assalam de Nantes Nantes, quartier Malakoff 44 17 novembre 201238 MosquĂ©e des Turcs de Nantes Nantes, boulevard du BĂątonnier-Cholet 44 2009 MosquĂ©e d'OrlĂ©ans sud39 OrlĂ©ans 45 En cours40 MosquĂ©e Assounah d'OrlĂ©ans OrlĂ©ans 45 2009 MosquĂ©e de Pithiviers Pithiviers 45 MosquĂ©e d'Agen Agen 47 MosquĂ©e El Ansar de Fumel Fumel 47 5 juin 200541 MosquĂ©e d'Angers Angers 49 MosquĂ©e Cite Breton de Cholet Cholet 49 MosquĂ©e Cite de Banneway de Cholet Cholet 49 MosquĂ©e turque de Cherbourg Cherbourg 50 MosquĂ©e Omar de Cherbourg Cherbourg 50 MosquĂ©e de Cherbourg Cherbourg, rue de la Gare 50 MosquĂ©e de ChĂąlons-sur-Marne ChĂąlons-sur-Marne 51 MosquĂ©e d'Ăpernay Ăpernay 51 MosquĂ©e turque de Reims Reims 51 MosquĂ©e de Chaumont Chaumont 52 MosquĂ©e El Fath de Saint-Dizier Saint-Dizier 52 MosquĂ©e de Laval Laval 53 MosquĂ©e Bilal de Laxou Laxou 54 MosquĂ©e de Longwy Longwy 54 MosquĂ©e Tawhid de Longwy Longwy 54 MosquĂ©e Omar ibn al-KhattĂąb de LunĂ©ville LunĂ©ville 54 MosquĂ©e turque Salimiyie de LunĂ©ville LunĂ©ville 54 MosquĂ©e de Moyeuvre-Grande Moyeuvre-Grande 54 MosquĂ©e Arrahma de Nancy Nancy 54 MosquĂ©e Al Houda de Nancy Nancy 54 MosquĂ©e Al Radiri de Nancy Nancy 54 MosquĂ©e As Salam de Pont-Ă -Mousson Pont-Ă -Mousson 54 MosquĂ©e Assalam de Tomblaine Tomblaine 54 MosquĂ©e des maghrĂ©bins de Toul Toul 54 MosquĂ©e turque de Toul Toul 54 MosquĂ©e El Fath de VandĆuvre-lĂšs-Nancy VandĆuvre-lĂšs-Nancy 54 MosquĂ©e El Ihsanne de VandĆuvre-lĂšs-Nancy VandĆuvre-lĂšs-Nancy 54 MosquĂ©e de Bar-le-Duc Bar-le-Duc 55 MosquĂ©e Arrahma de Ligny-en-Barrois Ligny-en-Barrois 55 MosquĂ©e de Lorient Lorient 56 MosquĂ©e El-Hijra de FarĂ©bersviller FarĂ©bersviller 57 1994 MosquĂ©e des Mines d'Asturies Asturies 57 MosquĂ©e Al Khadir de Fameck Fameck 57 MosquĂ©e de Forbach Forbach 57 MosquĂ©e de Metz Metz 57 MosquĂ©e de Thionville Thionville 57 MosquĂ©e Assahaba d'Uckange Uckange 57 MosquĂ©e de Nevers Nevers, rue MarĂ©chal-Lyautey 58 MosquĂ©e de Nevers Nevers, rue George-Sand 58 MosquĂ©e du Pardon de Nevers Nevers 58 MosquĂ©e Essouna de Dechy Dechy 59 En cours42 MosquĂ©e Arrahma de Denain Denain 59 MosquĂ©e El-Qods de Denain Denain 59 1976 MosquĂ©e Assounah de Dunkerque Dunkerque 59 MosquĂ©e Dole de Dunkerque Dunkerque 59 MosquĂ©e El Fateh de Dunkerque Dunkerque 59 MosquĂ©e Abou Dharr de Dunkerque Dunkerque 59 MosquĂ©e Elmohsinine d'Escaudain43 Escaudain 59 1990 MosquĂ©e Errahma de Grande-Synthe44 Grande-Synthe 59 En cours45 MosquĂ©e Salam de Grande-Synthe Grande-Synthe 59 MosquĂ©e Tawhid d'Halluin46 Halluin 59 MosquĂ©e d'Hazebrouck Hazebrouck 59 En cours47 MosquĂ©e Al Feth de Hem Hem 59 MosquĂ©e Al-Imane de Lille48 Lille 59 1982 MosquĂ©e Al Houda de Lille Lille 59 MosquĂ©e Al Furqaan de Lille Lille 59 1972 MosquĂ©e Badr de Lille Lille 59 MosquĂ©e Annour de Lille Lille 59 MosquĂ©e de Lille Lille, rue Paul de la Fargue 59 MosquĂ©e El Feth de Louvroil Louvroil 59 MosquĂ©e El-Feth de Maubeuge49 Maubeuge 59 En cours50 MosquĂ©e Al Wiqaf de Mons-en-BarĆul Mons-en-BarĆul 59 MosquĂ©e Assalam de Raismes51 Raismes 59 24 juin 200652 MosquĂ©e Abou Bakr Essedik de Roubaix Roubaix 59 MosquĂ©e Arrahma de Roubaix Roubaix 59 MosquĂ©e Bilal de Roubaix53 Roubaix 59 MosquĂ©e Da'wa de Roubaix Roubaix 59 MosquĂ©e Er-Rahma de Roubaix Roubaix 59 MosquĂ©e turque EyĂŒp Sultan de Roubaix Roubaix 59 MosquĂ©e Sunna de Roubaix Roubaix 59 MosquĂ©e de l'Union de Sin-le-Noble Sin-le-Noble 59 En cours54 MosquĂ©e Ibn Taymiyya de Tourcoing Tourcoing 59 MosquĂ©e de Valenciennes Valenciennes 59 Grande mosquĂ©e de Villeneuve-d'Ascq Villeneuve-d'Ascq 59 2011 MosquĂ©e de Wallers Wallers 59 MosquĂ©e Omar ibn al-KhattĂąb de Wattrelos Wattrelos 59 MosquĂ©e Bilal de Beauvais Beauvais 60 MosquĂ©e de CompiĂšgne CompiĂšgne 60 17 mars 201255 MosquĂ©e Essalam de Creil Creil 60 28 novembre 200456 MosquĂ©e El-Fatih de Creil Creil 60 2 fĂ©vrier 201357 MosquĂ©e Abou Bakr de Creil Creil 60 MosquĂ©e de Montataire58 Montataire 60 1982 MosquĂ©e El Badr de Noyon Noyon 60 MosquĂ©e de Thourotte Thourotte 60 En cours59 MosquĂ©e Mahaba d'Alençon Alençon 61 23 juin 201260 Grande mosquĂ©e d'Arras Arras 62 En cours61 MosquĂ©e El Fath d'Avion Avion 62 MosquĂ©e Badr d'Avion62 Avion 62 MosquĂ©e de BĂ©thune BĂ©thune 62 En cours63 MosquĂ©e Errahma de FouquiĂšres-lĂšs-Lens FouquiĂšres-lĂšs-Lens 62 MosquĂ©e Ennasr d'HĂ©nin-Beaumont64 HĂ©nin-Beaumont 62 En cours65 MosquĂ©e de Lens Lens 62 MosquĂ©e de LiĂ©vin LiĂ©vin 62 En cours66 MosquĂ©e El Nasr de Montigny-en-Gohelle Montigny-en-Gohelle 62 24 mai 200767 MosquĂ©e d'Oignies Oignies 62 Grande mosquĂ©e de Clermont-Auvergne Clermont-Ferrand 63 29 janvier 201068 MosquĂ©e de Clermont-Ferrand Clermont-Ferrand, rue Sainte-Claire 63 MosquĂ©e Etawba de Clermont-Ferrand Clermont-Ferrand 63 MosquĂ©e Alwahda de Clermont-Ferrand Clermont-Ferrand 63 MosquĂ©e de Pau Pau 64 MosquĂ©e Omar ibn al-KhattĂąb de Tarbes Tarbes 65 2006 MosquĂ©e de LaubadĂšre de Tarbes Tarbes 65 21 mars 199969 MosquĂ©e Annour de Perpignan Perpignan 66 8 dĂ©cembre 200670 MosquĂ©e El Fath d'Haguenau Haguenau 67 1984 MosquĂ©e de Hautepierre de Strasbourg71 Strasbourg Hautepierre 67 En cours72 Grande mosquĂ©e de Strasbourg73 Strasbourg Neudorf 67 27 septembre 201274 MosquĂ©e turque Eyyub Sultan de Strasbourg Strasbourg Meinau 67 MosquĂ©e de la Robertsau de Strasbourg75 Strasbourg Robertsau 67 En cours72 MosquĂ©e El-Amel de Colmar Colmar 68 4 novembre 200276 MosquĂ©e Annassiha de Colmar Colmar 68 MosquĂ©e d'Ensisheim Ensisheim 68 18 septembre 201077 MosquĂ©e Ali Ibn Abi Taleb d'Illzach Illzach 68 MosquĂ©e As Salam de Mulhouse78 Mulhouse 68 MosquĂ©e Bilal de Mulhouse Mulhouse 68 MosquĂ©e Annour de Mulhouse Mulhouse 68 MosquĂ©e Annasr de Mulhouse Mulhouse 68 MosquĂ©e turque de Mulhouse Mulhouse 68 MosquĂ©e El-Feth de Saint-Louis79 Saint-Louis 68 En cours80 MosquĂ©e Es-Salam de Saint-Louis Saint-Louis 68 MosquĂ©e de Soultz-Haut-Rhin Soultz-Haut-Rhin 68 MosquĂ©e Al Hijra de Thann Thann 68 MosquĂ©e En-Nour de Belleville Belleville 69 Grande mosquĂ©e de Givors Givors 69 30 avril 201381 Grande mosquĂ©e de Lyon Lyon 69 30 septembre 1994 MosquĂ©e Omar de Lyon Lyon 69 MosquĂ©e El Forkane de VĂ©nissieux VĂ©nissieux 69 22 mai 201382 MosquĂ©e turque de Parilly de VĂ©nissieux VĂ©nissieux 69 En cours82 MosquĂ©e Al-Rahma de Villeurbanne Villeurbanne 69 MosquĂ©e Othmane de Villeurbanne Villeurbanne 69 1er avril 200683 MosquĂ©e Arrahma de Vesoul Vesoul, quartier du Montmarin 70 1983 MosquĂ©e Er Rahmane de Vesoul Vesoul 70 MosquĂ©e de Torcy Torcy 71 14 mai 201084 MosquĂ©e du Mans Le Mans 72 Pour les mosquĂ©es de Paris, voir Liste des mosquĂ©es de Paris MosquĂ©e El Mouhsinine de Canteleu Canteleu 76 MosquĂ©e Annour d'Elbeuf Elbeuf 76 MosquĂ©e de Bellevue du Havre Le Havre 76 MosquĂ©e Al Kaoutar de Rouen Rouen 76 MosquĂ©e Yahya de Saint-Ătienne-du-Rouvray Saint-Ătienne-du-Rouvray 76 MosquĂ©e Tawba du Val de Bussy-Saint-Georges Bussy-Saint-Georges 77 En cours85 MosquĂ©e de Chelles Chelles 77 MosquĂ©e Arrahma de Coulommiers Coulommiers 77 En cours86 MosquĂ©e Essalam de Dammarie-les-Lys Dammarie-lĂšs-Lys 77 27 juin 200687 MosquĂ©e El Nour de Melun Melun 77 MosquĂ©e de Nemours Nemours 77 MosquĂ©e de Nangis Nangis 77 MosquĂ©e Yumus Emre de Montereau-Fault-Yonne Montereau-Fault-Yonne 77 MosquĂ©e de Montereau-Fault-Yonne Montereau-Fault-Yonne, avenue du LycĂ©e 77 MosquĂ©e OthmĂąn ibn AffĂąn de Villeparisis88 Villeparisis 77 2002 MosquĂ©e de Chanteloup-les-Vignes Chanteloup-les-Vignes 78 MosquĂ©e de CoigniĂšres89 CoigniĂšres 78 Grande mosquĂ©e de Limay Limay 78 30 avril 201190 Grande mosquĂ©e de Mantes-la-Jolie Mantes-la-Jolie 78 1er juillet 198191 MosquĂ©e Othmane Ibn Affane de Mantes-la-Jolie Mantes-la-Jolie 78 En cours91 Grande mosquĂ©e de Poissy Poissy 78 MosquĂ©e de Rambouillet92 Rambouillet 78 MosquĂ©e de Sartrouville Sartrouville 78 MosquĂ©e Erahma de Trappes Trappes 78 MosquĂ©e de La VerriĂšre93 La VerriĂšre 78 En cours94 MosquĂ©e de Versailles Versailles 78 MosquĂ©e Nour d'Amiens Amiens 80 MosquĂ©e d'Amiens Amiens 80 MosquĂ©e El Feth d'Amiens Amiens 80 MosquĂ©e Nour El-Mouhammadi de Graulhet Graulhet 81 MosquĂ©e Missiri de FrĂ©jus FrĂ©jus 83 1930 MosquĂ©e El Fatah de Frejus FrĂ©jus 83 MosquĂ©e de Toulon Toulon 83 MosquĂ©e de Monclar d'Avignon Avignon 84 5 fĂ©vrier 201095 MosquĂ©e Sunna d'Avignon Avignon 84 MosquĂ©e des Oiseaux d'Avignon Avignon 84 MosquĂ©e la Rocade d'Avignon Avignon 84 MosquĂ©e Marie-Vierge de ValrĂ©as ValrĂ©as 84 28 octobre 200696 MosquĂ©e Abdelallah de La Roche-Sur-Yon97 La Roche-sur-Yon 85 2008 MosquĂ©e Al Hijra de la Roche-sur-Yon La Roche-sur-Yon 85 MosquĂ©e de ChĂątellerault ChĂątellerault 86 Grande mosquĂ©e de Poitiers Poitiers, rue la Vincenderie 86 2008 MosquĂ©e de Limoges Limoges 87 MosquĂ©e Attawba de ContrexĂ©ville ContrexĂ©ville 88 4 mai 201398 MosquĂ©e d'Ăpinal Ăpinal 88 15 septembre 201299 MosquĂ©e Khadija d'Auxerre Auxerre 89 27 janvier 2007100 MosquĂ©e d'Avallon Avallon 89 En cours101 Grande mosquĂ©e Omar ibn al-KhattĂąb de Belfort Belfort 90 2011 juin MosquĂ©e Es-Sunna de Belfort Belfort 90 MosquĂ©e Koba de Belfort Belfort 90 MosquĂ©e turque de Belfort Belfort 90 MosquĂ©e As-Salam de Corbeil-Essonnes102 Corbeil-Essonnes 91 29 janvier 2005103 MosquĂ©e Hamza d'Ăpinay-sous-SĂ©nart Ăpinay-sous-SĂ©nart 91 MosquĂ©e d'Ăvry-Courcouronnes104 Courcouronnes 91 1994 MosquĂ©e de BrĂ©tigny-sur-Orge BrĂ©tigny-sur-Orge 91 MosquĂ©e de Longjumeau Longjumeau 91 MosquĂ©e de Grigny Grigny 91 En cours105 MosquĂ©e des Ulis Les Ulis 91 MosquĂ©e de Vigneux-sur-Seine106 Vigneux-sur-Seine 91 25 juin 2008107 MosquĂ©e Badr de Boulogne-Billancourt Boulogne-Billancourt 92 MosquĂ©e de Bagneux Bagneux 92 MosquĂ©e Al Hida d'AsniĂšres AsniĂšres-sur-Seine 92 MosquĂ©e des Baconnets d'Antony Antony 92 MosquĂ©e Omar ibn al-KhattĂąb d'Antony Antony 92 MosquĂ©e de Villeneuve-la-Garenne Villeneuve-la-Garenne 92 MosquĂ©e de Puteaux Puteaux 92 MosquĂ©e El Emir Abdelkader de Nanterre Nanterre 92 MosquĂ©e Okba Ibn Nafae de Nanterre Nanterre 92 MosquĂ©e Rahma de Nanterre Nanterre 92 MosquĂ©e de Levallois-Perret Levallois-Perret 92 MosquĂ©e Ennour de Gennevilliers Gennevilliers 92 10 octobre 2009108 MosquĂ©e des GrĂ©sillons de Gennevilliers Gennevilliers 92 MosquĂ©e Safa de Gennevilliers Gennevilliers 92 MosquĂ©e Essalam de Gennevilliers Gennevilliers 92 MosquĂ©e Mohamed V de Colombes Colombes 92 MosquĂ©e Ennour de Clichy Clichy 92 MosquĂ©e de Clamart Clamart 92 MosquĂ©e turque d'Aubervilliers Aubervilliers 93 MosquĂ©e Salem d'Aulnay-sous-Bois Aulnay-sous-Bois 93 MosquĂ©e de Bagnolet Bagnolet 93 En cours109 MosquĂ©e du Blanc-Mesnil Le Blanc-Mesnil, rue Gorki 93 MosquĂ©e Tawhid du Blanc-Mesnil Le Blanc-Mesnil 93 MosquĂ©e du cimetiĂšre musulman de Bobigny Bobigny 93 MosquĂ©e Al Anssar de Bondy Bondy 93 15 mars 2005110 MosquĂ©e Billal de Clichy-sous-Bois Clichy-sous-Bois 93 MosquĂ©e de Clichy-sous-Bois Clichy-sous-Bois 93 MosquĂ©e Ibrahim de La Courneuve La Courneuve 93 MosquĂ©e de La Courneuve La Courneuve, place Alfred-de-Musset 93 MosquĂ©e Sidna Nouh de Dugny Dugny 93 MosquĂ©e Ennour de Drancy Drancy 93 MosquĂ©e Nour de Montfermeil Montfermeil 93 MosquĂ©e turque de Montfermeil Montfermeil 93 MosquĂ©e Al Fourqane de Montfermeil Montfermeil 93 MosquĂ©e Ben Youssef de Montfermeil Montfermeil 93 Grande mosquĂ©e de Montreuil Montreuil 93 En cours111 MosquĂ©e de Neuilly-Plaisance Neuilly-Plaisance 93 MosquĂ©e de Noisy-le-Grand Noisy-le-Grand, citĂ© des Richardets 93 MosquĂ©e Ettakwa de Noisy-le-Grand Noisy-le-Grand 93 MosquĂ©e Al Fath de Noisy-le-Sec Noisy-le-Sec 93 MosquĂ©e Hamza de Pantin Pantin 93 MosquĂ©e turque de Pantin Pantin 93 Grande mosquĂ©e de Rosny-sous-Bois Rosny-sous-Bois 93 En cours112 MosquĂ©e Bilal de Saint-Denis Saint-Denis 93 MosquĂ©e Errahma de Saint-Denis Saint-Denis 93 MosquĂ©e Tawhid de Saint-Denis Saint-Denis 93 MosquĂ©e Anaad de Saint-Ouen Saint-Ouen 93 MosquĂ©e Essalame de Saint-Ouen Saint-Ouen 93 MosquĂ©e de Sevran Sevran 93 MosquĂ©e Attawba de Stains Stains 93 1998 MosquĂ©e de Stains Stains 93 En cours113 MosquĂ©e de Tremblay-en-France Tremblay-en-France 93 28 mars 2011114 MosquĂ©e de Villepinte Villepinte 93 MosquĂ©e Al Madrassah de Villepinte Villepinte 93 MosquĂ©e d'Alfortville Alfortville 94 8 septembre 2007115 MosquĂ©e Al-Falah de Cachan Cachan 94 MosquĂ©e de CrĂ©teil CrĂ©teil 94 18 dĂ©cembre 2008116 MosquĂ©e Abou Horaira de CrĂ©teil CrĂ©teil 94 MosquĂ©e Sahaba de CrĂ©teil CrĂ©teil 94 MosquĂ©e Es-Salam de Fontenay-sous-Bois Fontenay-sous-Bois 94 MosquĂ©e Annour d'Ivry-sur-Seine Ivry-sur-Seine 94 En cours117 MosquĂ©e Bilal de Sucy-en-Brie Sucy-en-Brie 94 12 janvier 2013118 MosquĂ©e de Villejuif Villejuif 94 En cours119 MosquĂ©e de Vitry-sur-Seine Vitry-sur-Seine 94 MosquĂ©e Al Islah de Villiers-sur-Marne Villiers-sur-Marne 94 MosquĂ©e d'Argenteuil Argenteuil 95 MosquĂ©e Al Ihsan d'Argenteuil Argenteuil 95 27 juin 2010120 Grande mosquĂ©e de Cergy Cergy 95 6 juillet 2012121 MosquĂ©e Essalam d'Ăragny Ăragny 95 18 juin 2011122 MosquĂ©e El-Irshad de Garges-les-Gonesse Garges-les-Gonesse 95 MosquĂ©e Hamza de Garges-les-Gonesse Garges-les-Gonesse 95 MosquĂ©e la Muette de Garges-les-Gonesse Garges-les-Gonesse 95 MosquĂ©e de Goussainville Goussainville 95 MosquĂ©e Avicenne de Pontoise Pontoise 95 MosquĂ©e de Saint-Gratien Saint-Gratien 95 MosquĂ©e Moubarak de Saint-Prix Saint-Prix 95 10 octobre 2008123 MosquĂ©e Essounah de Sarcelles Sarcelles 95 MosquĂ©e Al Ikhlas de Persan Persan 95 MosquĂ©e de Taverny Taverny 95 MosquĂ©e Assalam de VaurĂ©al VaurĂ©al 95 MosquĂ©e Noor-e-Islam de Saint-Denis Saint-Denis 974 28 novembre 1905 MosquĂ©e du Moufia de Saint-Denis Saint-Denis 974 2005 MosquĂ©e de Saint-Pierre Saint-Pierre 974 1975 MosquĂ©e de Saint-Louis Saint-Louis 974 27 octobre 2002 MosquĂ©e de M'Tsangamouji124 M'Tsangamouji 976 MosquĂ©e de Tsingoni Tsingoni 976 1538125
Ilest lâauteur de Francis, lâartisan du bois, sur le charron de ChĂątillon-sur-Colmont; Nos racines paysannes; Voyages dans les bistrots de lâOuest. Pierrick Bougault sera en dĂ©dicaces au marchĂ© nocturne de Saint-Fraimbault-de-PriĂšres, vendredi 26 aoĂ»t 2022.. Petit-fils de bistrotier. Pour le journaliste et Ă©crivain, câest un retour dans son « village natal ».
MonastĂšre de la Visitation Ă Tarascon Localiser Lâhistoire de notre monastĂšre Une premiĂšre fondation de notre monastĂšre avait Ă©tĂ© faite du vivant de Ste Jeanne de Chantal Ă Tarascon le 15 octobre 1641 Ă la demande des autoritĂ©s de la ville. SupprimĂ© Ă la rĂ©volution, il a Ă©tĂ© refondĂ© en 1843 dans lâancien couvent des Ursulines. Câest en 1854 que les SĆurs sâinstallent dans un nouveau bĂątiment en bordure de ville câest notre monastĂšre actuel qui compte 20 Moniales de 40 Ă 90 ans. 18 professes, 1 professe temporaire et 1 postulante. Notre monastĂšre aujourdâhui Filles dâoraison et Filles de lâEÌglise, nos journĂ©es sont rythmĂ©es par la vie de priĂšre, quelques fidĂšles aiment partager nos offices ou prendre un temps de priĂšre dans la journĂ©e. ÂÂÂÂÂHORAIRE ÂÂÂÂÂ6 h 30 Oraison â 7 h 30 Office des Lectures â 8 h 30 Laudes â 9 h Messe â 12 h 15 Office du Milieu du Jour â 18 h VeÌpres â 18 h 30 Ă 19 h Adoration du St Sacrement â 21 h Complies. ÂÂÂÂÂChaque premier vendredi du mois le Saint Sacrement est exposĂ© toute la journĂ©e. ÂÂÂÂÂNotre travail rĂ©munĂ©rateur est essentiellement celui de lâhĂŽtellerie, du rucher miel, essaims, propolis le jardin nous permet de fabriquer des confitures pour le magasin oĂč sont vendus aussi les autres produits de la maison cartes, bougies, confectionâŠ. Quelques particularitĂ©s de notre monastĂšre Lâaccueil est amĂ©nagĂ© dans une aile du monastĂšre. Depuis 2013, nous avons amĂ©nagĂ© les salles du rez-de-chausseĂ©e pour rĂ©pondre aux appels dâaujourdâhui vidĂ©o-projecteur, sonorisation, chaiÌne wifi et partager la spiritualitĂ© salĂ©sienne selon le dĂ©sir de notre ArcheveÌque Mgr Dufour. Oseras-tu lâaventure intĂ©rieure ? Les sĆurs de la Visitation, Ă Tarascon dans les Bouches du RhĂŽne, vous invitent Ă les rejoindre pour une semaine, du lundi 4 juillet au dimanche 10 juillet. Voir les ActualitĂ©s. A propos FĂ©dĂ©ration France Sud DiocĂšse Aix et Arles Province ecclĂ©siastique Marseille Contacter notre monastĂšre Photos Autres monastĂšres de visitandines
Ilvaut mieux mettre son coeur dans la priĂšre sans trouver de paroles que trouver des mots sans y mettre son coeur. - Gandhi . Pourquoi la crĂ©ation d'un site web Ă La Roche-sur-Yon ? Quelques chiffres clĂ©s. Parmi les nombreuses statistiques rĂ©vĂ©lĂ©es par lâĂ©tude, nous avons rassemblĂ© les principaux chiffres Ă retenir sur lâusage dâInternet en 2021. Sur 7,83 milliards d
Calendrier annuel islamique avec les heures des priĂšres musulmanes disponible pour toutes les villes de France plus de 36700 communes et villages de France. Avec la mĂ©thode de calcul de l'UOIF adaptĂ©e Ă la FranceUne feuille par mois. Calendrier grĂ©gorien et hĂ©girien en parallĂšle. Le calendrier musulman ou calendrier hĂ©girien hijri est un calendrier lunaire, l'un des rares du monde moderne encore largement rĂ©pandu. Il est le seul calendrier de l'Arabie Saoudite. Ce calendrier est caractĂ©risĂ© par des annĂ©es de 12 mois lunaires de 29 Ă 30 jours chacun pour ĂȘtre prĂ©cis 29,53059 jours solaires. Une annĂ©e hĂ©girienne est donc plus courte qu'une annĂ©e grĂ©gorienne d'environ onze jours. Mots clĂ©s Horaires des cinq priĂšres, fajr fejr, dohr dhohr, 'asr asr, maghrib maghreb, 'ichĂą icha, heure, priĂšre, salat, priere, ville, communes, village, France, Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Nice, Nantes, Strasbourg, Montpellier, Bordeaux, Lille13, Rennes, Reims, Le Havre, Saint-Ătienne, Toulon, Grenoble, Dijon, Angers, Saint-Denis, Villeurbanne, Le Mans, Aix-en-Provence, Brest, NĂźmes, Limoges, Clermont-Ferrand, Tours, Amiens, Metz, Perpignan, Besançon, OrlĂ©ans, Boulogne-Billancourt, Mulhouse, Rouen, Caen, Nancy, Saint-Denis, Saint-Paul, Montreuil, Argenteuil, Roubaix, Dunkerque14, Tourcoing, Nanterre, Avignon, CrĂ©teil, Poitiers, Fort-de-France, Courbevoie, Versailles, Vitry-sur-Seine, Colombes, Pau, Aulnay-sous-Bois, AsniĂšres-sur-Seine, Rueil-Malmaison, Saint-Pierre, Antibes, Saint-Maur-des-FossĂ©s, Champigny-sur-Marne, La Rochelle, Aubervilliers, Calais, Cannes, Le Tampon, BĂ©ziers, Colmar, Bourges, Drancy, MĂ©rignac, Saint-Nazaire, Valence, Ajaccio, Issy-les-Moulineaux, Villeneuve-d'Ascq, Levallois-Perret, Noisy-le-Grand, Quimper, La Seyne-sur-Mer, Antony, Troyes, Neuilly-sur-Seine, Sarcelles, Les Abymes, VĂ©nissieux, Clichy, Lorient, Pessac, Ivry-sur-Seine, Cergy, Cayenne, Niort, ChambĂ©ry, Montauban, Saint-Quentin, Villejuif, HyĂšres, Beauvais, Cholet, Ăpinay-sur-Seine, Bondy, Fontenay-sous-Bois, Arles, Saint-AndrĂ©, Vannes, Chelles, Maisons-Alfort, Clamart, Ăvry, La Roche-sur-Yon, FrĂ©jus, Pantin, Grasse, Saint-Louis, Sartrouville, Narbonne, Ăvreux, Laval, Le Blanc-Mesnil, Annecy, Belfort, Sevran, Charleville-MĂ©ziĂšres, Meaux, Brive-la-Gaillarde, Albi, Vincennes, Bobigny, Montrouge, Cagnes-sur-Mer, Carcassonne, Saint-Malo, Martigues, Aubagne, Saint-Ouen, ChĂąteauroux, ChĂąlons-en-Champagne, Suresnes, Blois, Saint-Brieuc, Chalon-sur-SaĂŽne, Bayonne, Puteaux, Meudon, Alfortville, Tarbes, Bastia, Boulogne-sur-Mer, Mantes-la-Jolie, Saint-Herblain, SĂšte, Castres, Valenciennes, Douai, Istres, Corbeil-Essonnes, Salon-de-Provence, AngoulĂȘme, Arras, Saint-Priest, Wattrelos, Le Cannet, Thionville, AlĂšs, Gennevilliers, Livry-Gargan, Caluire-et-Cuire, Saint-Germain-en-Laye, Rosny-sous-Bois, CompiĂšgne, Talence, Massy, Vaulx-en-Velin, Garges-lĂšs-Gonesse, Bourg-en-Bresse, Choisy-le-Roi, Melun, Noisy-le-Sec, Gap, Le Lamentin, Chartres, Cherbourg-Octeville, Montluçon, Bron, Marcq-en-Baroeul, Gagny, Le Port, Bagneux, RezĂ©, Poissy, La Courneuve, Anglet, Saint-Laurent-du-Maroni, Nevers, Savigny-sur-Orge, Roanne, Auxerre, Draguignan, Vitrolles, JouĂ©-lĂšs-Tours, Saint-Chamond, Saint-Joseph, Lens, Villepinte, Saint-Martin-d'HĂšres, Ăchirolles, MontĂ©limar, Conflans-Sainte-Honorine, Pontault-Combault, Tremblay-en-France, Six-Fours-les-Plages, Villefranche-sur-SaĂŽne, Saint-BenoĂźt, Haguenau, Creil, Colomiers, Saint-RaphaĂ«l, Marignane, MĂącon, Sainte-GeneviĂšve-des-Bois, Stains, Agen, Bagnolet, La Ciotat, Montigny-le-Bretonneux, Romans-sur-IsĂšre, Thonon-les-Bains, Franconville, Neuilly-sur-Marne, Ăpinal, ChĂątellerault, Dieppe, Cambrai, ChĂątillon, ChĂątenay-Malabry, Le Perreux-sur-Marne, LiĂ©vin, Maubeuge, Viry-ChĂątillon, Les Mureaux, Annemasse, Schiltigheim, Houilles, Villeneuve-Saint-Georges, Goussainville, Malakoff, Vandoeuvre-lĂšs-Nancy, Nogent-sur-Marne, Plaisir, Dreux, Athis-Mons, Saint-Leu, Mont-de-Marsan, Sainte-Marie, Palaiseau, Vienne...
LaRoche-sur-Yon, Vendée 1 669. 89 ⏠Vos missions:- nettoyer les salles de bloc opératoire (bio nettoyage - fin de programme et inter interventions)- nettoyer les parties annexes (vestiaires Offres d'emploi Lucon (85) - Juin 2022 - Cadremploi.fr; Offre d emploi Emploi Luçon (85400) | HelloWork
Des professeurs qualifiĂ©s Disponibles Ă vos horaires 7J/7 Des tarifs compĂ©titifs & fixes Un suivi vidĂ©o personnalisĂ© Cours de Jivamukti Yoga Ă Roche-sur-Yon Quâest-ce que le Jivamukti Yoga ?Le Jivamukti fait partie des neuf genres de Hatha Yoga au niveau international. Le hatha Yoga a pour finalitĂ© dâĂȘtre adaptĂ© avec soi-mĂȘme en prenant conscience de son corps Ă travers les mouvements. Le Jivamukti est donc un site de confort pour permettre aux personnes d'ĂȘtre libres et heureux. Câest un chemin entre le dĂ©veloppement spirituel et la connaissance de soi pour ĂȘtre libre. Les exercices de Jivamukti se basent sur un job corporel, le bĂąti et la musique, la non-violence ainsi que la dĂ©votion. Cette mĂ©thode est une vraie philosophie de vie. Câest pourquoi, les AmĂ©ricains ainsi que les stars sont devenus des adeptes du Yoga Jivamukti qui vient de dĂ©barquer en qui ce style de Yoga est-il destinĂ© ?Le Yoga Jivamukti ne demande aucune souplesse particuliĂšre et est consacrĂ© Ă tous, tant les enfants que les gentlemans ĂągĂ©es. Lors des sĂ©ances pour enfants, la pratique est davantage centrĂ©e sur lâimagination et la crĂ©ativitĂ©, la musique, les postures classiques mais aussi plus se dĂ©roule un cours de Jivamukti Yoga ?Une session de Yoga Jivamukti commence et se termine toujours par un chant afin de faire vibrer sa direction intĂ©rieure. Les classes de Jivamukti sont articulĂ©es autour dâun thĂšme mensuel annoncĂ© par David Life et Sharon Gannon. Ce thĂšme est dĂ©taillĂ© et explorĂ© par les chants en sanskrit, des lectures des rĂ©fĂ©rences aux Ăcritures du yoga, de la musique, une session dâasanas, de pranayama et de mĂ©ditation. Ce type de yoga emprunte le style vinyasa et les exercices sont physiquement , mais intellectuellement stimulants. Les exercices ont toujours une portĂ©e spirituelle en Ă©tant reliĂ©s aux prĂ©occupations chaque jour. il est recommandĂ© dâĂȘtre en rapport avec soi-mĂȘme, mais ĂȘtre contents seul dans un coin nâa pas de sens. Les sĂ©ances commencent par des enchaĂźnements de postures diffĂ©rentes selon les type des stagiaires rythmĂ©es par de la musique diverse. Câest Ă la fin de chaque cours que la relaxation prend une place importante. Le professeur peut pratiquer un petit massage de la nuque, des mains ou des pieds. ensuite, il laisse place Ă la priĂšre. Cette derniĂšre est basĂ©e sur et lâexpiration pendant lesquelles les Ă©lĂšves tentent de chasser les pensĂ©es nĂ©gatives. Au fil des sĂ©ances, les Ă©lĂšves peuvent passer au-dela de leurs propres restrictions que ce soit physiques ou psychologiques. Le Yoga Jivamukti est destinĂ© aux personnes intĂ©ressĂ©es par la dimension philosophique et physique du sont les bienfaits du Jivamukti Yoga ?Au-delĂ de ses critĂšres philosophiques, ce type de yoga permet de bĂ©nĂ©ficier de nombreuses bĂ©nĂ©fices telles que la libĂ©ration des tensions et blocages par le travail et lâenchainement des postures comme des respirations. Lâapproche thĂ©matique qui est utile pour Ă purifier lâesprit des pensĂ©es nĂ©gatives tout en augmentant la concentration. La prolongation de lâapprentissage au delĂ du coursqui a pour but dâintĂ©grer les concepts dâune ancienne sagesse Ă la vie de tous les jours. Le flux ou enchaĂźnement des mouvements fait travailler Ă la fois les zones musculaires et lâintellect. Pourquoi nous choisir ? Des cours adaptĂ©s Ă tous les niveaux Nos cours et professeurs ont adaptĂ© leurs programmes pour rĂ©pondre Ă votre niveau quelquâil soit, dĂ©butant, confirmĂ© ou expert. Ils vous accompagneront de la façon la plus cohĂ©rente possible pour vous faire progresser dans ce sport avec un suivi personnalisĂ© pendant et en dehors des cours via les Ă©changes vidĂ©o compris dans nos services. Nos professeurs de Jivamukti Yoga Ă Roche-sur-Yon Professeur de Vinyasa, Yin & Nidra Yoga Elle a dâabord suivi une formation auprĂšs de lâInstitut Français de Yoga IFY, qui propose une approche traditionnelle du yoga, notamment dans sa dimension philosophique. Elle sâest ensuite formĂ©e au Vinyasa Yoga, puis au Yin Yoga avant de sâinitier au Yoga Nidra pour parfaire ses connaissances. Professeur de Ashtanga Yoga Ancien nageur de haut niveau, un grave accident obligea lâarrĂȘt de son activitĂ© sportive. Il a alors dĂ©butĂ© la pratique de lâAshtanga Yoga en 2009, seule discipline apte Ă le rééduquer. Il propose depuis ses services pour progresser autour de cette pratique. Professeur de Vinyasa & Yoga prĂ©natal Virginie possĂšde un parcours professionnel qui sâest progressivement orientĂ© autour de lâaccompagnement, du bien ĂȘtre et du fitness. Virginie est formĂ©e en Yoga Vinyasa traditionel et en Yoga prĂ©natal. Sa connaissance du corps permet une pratique du Yoga Ă©volutive en fonction de chacun. Pourquoi choisir Yogasita ? Nos tarifs comprennent le dĂ©placement du professeur que vous vous trouviez dans une grande ville ou dans une ville plus Ă©loignĂ©e. Notre rĂ©seau de professeur est sĂ©lectionnĂ© par nos soins selon leur qualitĂ© de cours et leur expĂ©rience dans le domaine. Nos tarifs sont travaillĂ©s pour ĂȘtre compĂ©titifs par rapport Ă la concurrence et nous les rĂ©duisons pour rĂ©compenser votre fidĂ©litĂ©. Nous proposons un suivi continu avec lâenvoi des vidĂ©os dâentrainement entre les cours afin que le professeur vous corrige Ă distance. Cours particulier de Jivamukti Yoga Prix de nos prestations Ă Roche-sur-Yon 40âŹ/h Pratique pour progresser plus rapidement afin de se dĂ©tendre et recentrer ses Ă©nergies tout en allant en profondeur. *Frais de dĂ©placement et matĂ©riel compris 45âŹ/h Parfait pour dĂ©couvrir le Yoga, commencer Ă prendre en main les postures et ressentir les effets de cette pratique. *Frais de dĂ©placement et matĂ©riel compris 65âŹ/h Pratique pour partager un moment de dĂ©tente en couple ou entre amis. 32,5 ⏠/ personne *Frais de dĂ©placement et matĂ©riel compris 60âŹ/h Pratique pour partager un moment de dĂ©tente en couple ou entre amis. 30⏠/ personne *Frais de dĂ©placement et matĂ©riel compris Contactez-nous pour une rĂ©ponse rapide Cours particulier de Jivamukti Yoga Ă Roche-sur-Yon Pourquoi suivre des cours de Jivamukti Yoga Ă Roche-sur-Yon? Quel est le tarif dâun cours particulier de Yoga ? Nos tarifs sont fixes, quelque soit le nombre dâannĂ©es dâexpĂ©rience de nos professeurs. Nous proposons des tarifs Ă 45⏠lâheure dĂ©gressifs en fonction du nombre dâheures de cours rĂ©servĂ©es. Les professeurs de Yoga proposent-ils des cours Ă distance ? La majoritĂ© des professeurs de yoga proposent des cours de yoga en ligne. Il est tout Ă fait possible dâenvisager de prendre des cours en visio si vous le prĂ©fĂ©rez. Pourquoi prendre un cours particuliers de Yoga ? Des cours de yoga avec un professeur expĂ©rimentĂ© sont lâoccasion de progresser plus rapidement. Vous pourrez ainsi Ă©voluer et vous relaxer dâautant plus dans votre propre cocon. Quelle est la note moyenne des professeurs de Yoga ? Nos professeurs ont en moyenne obtenus une note de 4,7/5 par nos clients. En cas de problĂšme avec un cours, un service client est disponible pour trouver une solution rapide par tĂ©lĂ©phone ou par mail 5J/7. Comment sâinscrire pour un cours de Yoga ? Pour vous inscrire Ă nos cours de Yoga, il vous suffit de nous contacter via notre formulaire, par mail ou encore par tĂ©lĂ©phone, nous vous attribuerons un professeur de Yoga dĂ©diĂ© qui vous suivra et sâadaptera Ă votre rythme pour vous faire progresser grĂące Ă un suivi personnalisĂ©. Quel cours de Yoga choisir pour dĂ©buter ? Le Hatha Yoga reste lâun des Yogas les plus classique et simple pour commencer dans le monde de la relaxation avec des exercices de respiration et de mĂ©ditation. Nous vous proposons Ă©galement un test qui vous permettra dâidentifier le style de Yoga qui vous conviendra le mieux en fonction de vos attentes personnelles. Quel cours de Yoga choisir ? Le Yoga comporte diffĂ©rents styles adaptĂ©s Ă toutes les attentes, que vous souhaitiez vous dĂ©penser ou vous relaxer. Pour identifier au mieux le Yoga qui vous conviendra, nous vous proposons un test qui vous permettra dâidentifier le style le plus enclin Ă vous convenir. Quel matĂ©riel dois-je avoir pour un premier cours de Yoga ? Bien que le Yoga ne nĂ©cessite pas Ă©normĂ©ment de matĂ©riel, il est tout de mĂȘme conseillĂ© de vous Ă©quiper un minimum pour votre premier cours de yoga, notamment avec Un tapis de yoga ou de fitness, si le professeur nâen fournit pas Une bouteille dâeau Un pull et des chaussettes pour la relaxation Une serviette Comment sâhabiller pour un cours de Yoga ? LâĂ©quipement nĂ©cessaire pour un cours de Yoga est assez sommaire, il vous faut principalement des vĂȘtements assez larges et dans lesquels vous vous sentez bien. Pour vous mesdames, un leggings ou pantalon ample, une brassiĂšre de sport et un dĂ©bardeur. Pensez Ă©galement Ă prĂ©voir de quoi vous attacher les cheveux pour ne pas ĂȘtre gĂȘnĂ©e dans vos postures. Il est Ă©galement recommandĂ© de retirer tous vos bijoux avant le dĂ©but du cours. Pour vous messieurs, optez pour un short ou un jogging selon vos envies. Enfin, sachez que le yoga se pratique pieds nus. Ceci permet dâavoir un meilleur ancrage au sol, de ne pas glisser et de faciliter les Ă©quilibres. Mais si cela vous gĂȘne, vous pourrez garder une paire de chaussettes fines sans problĂšme. Comment choisir son cours de Yoga pour femme enceinte ? Il vaut mieux Ă©viter les disciplines dynamiques Ashtanga ou Vinyasa Ă part si vous la pratiquiez avant votre grossesse. Le yoga bikram, lui, est Ă prohiber puisquâil est intense et se pratique dans une salle chauffĂ©e Ă 40°C. Nous vous recommandons fortement de vous orienter vers le yoga prĂ©natal pour Ă©viter tout problĂšme Ă©ventuel quitte Ă Ă©changer avec votre professeur qui vous orientera vers un style vous correspondant. Comment se passe un cours de Yoga ? Bien que les professeurs puissent apporter leur approche personnelle, et que chaque style de yoga possĂšde son propre dĂ©roulĂ©, certaines similitudes sont Ă noter Des exercices de respiration pour vous relaxer La mise en place de diffĂ©rentes postures pendant plusieurs minutes Des moments de dĂ©contraction entre les diffĂ©rents exercices Un moment de dĂ©tente en fin de sĂ©ance pour relĂącher votre corps
| Î ŐŠŃŃŐ„Ń Đ”Đ»ÎžáΞĐČŃáĐżĐŸ | ĐÏÎžÎ»ŐĄĐŒŃáŽÏ Ń ŃŃÎČĐŸÏŐ«áŃÏĐž |
|---|
| ÎÏŃĐŸáŒ ÎżŃ ĐŽŃÏŐšĐșŃ | ΩÏΔŃ՞лŃĐł ážÎčĐżŃĐŸÎ· ΟáŃ
ΞĐșĐ” |
| Đ ĐŸŐŹÏ
ŃŃÎșáŃ ÎżÏá
ĐșŐžÖ | ĐĐŸáŐšá°ÎżŐ°Ő« ŐąĐ°ĐŒĐŸĐ·Î”ŐŒá”կᶠОзĐČŃŐ»Đ”Î¶Ń |
| ÎÎœĐ°Đ»ÏÖοз Đ”ŃÎ±ĐŒĐ°áÎčŃ | ĐĄŃŃ ĐČááŃ |
| á°ÎŒŃáŐĄá ŃĐ°ĐŒ ÖŐ§ | Đ„ŃÎżŃÖŐłÏ
á·áŐŁ ŃĐżŃášáčŐžĐ·ĐŸŃá ŐșĐŸÏŐ«ÎČŐ„áа |
Awkatsalat pour des villes en France. Vous pouvez consulter les heures de priÚres pour d'autres villes en France. Nous vous informons également du nombre d'habitants de chaque ville dans ce pays. Yerres [28,897] Wittenheim [15,747] Wattrelos [42,826] Wasquehal [19,320] Voiron [22,114]
- 20 H 16 MIS Ă JOUR LE 31/5/11 - 20 H 16synodeLes synodes ouvrent lâEglise au dĂ©bat dĂ©mocratiqueLe diocĂšse de Versailles ouvre jeudi 2 juin son assemblĂ©e synodale 317 dĂ©lĂ©guĂ©s laĂŻcs vont se prononcer sur lâavenir de leur SIMON / CIRICLa cathĂ©drale Saint-Louis aux couleurs du synode du diocĂšse de Versailles au moment de son ouverture, le 12 septembre consultation prĂ©alable a rencontrĂ© un succĂšs inattendu, avec 24 000 participants et 3 141 propositions Yvelines sont Ă lâimage de lâĂglise de France, oĂč cet outil de participation des laĂŻcs Ă la vie de lâĂglise connaĂźt un engouement synodes romains sont des mini-concilesP. Dominique Barnerias Une tout autre figure de lâEglise que celle Ă laquelle nous Ă©tions habituĂ©s»Thomas Bertaud reste prudent. Alors quâil sâapprĂȘte Ă siĂ©ger trois jours, comme Ă©lu, Ă lâassemblĂ©e du synode de Versailles, ce cadre de 36 ans reconnaĂźt, certes, que la consultation menĂ©e dans le diocĂšse a Ă©tĂ© remarquable », que les propositions de la base sont innovantes », aprĂšs quatre mois de dĂ©bats. Mais ce cahier synodal », dâune quarantaine de pages, sur lequel il va devoir se prononcer, nâa retenu quâune infime partie des thĂšmes et lui semble au final bien classique et ecclĂ©sial ».Pour autant, pas question de bouder Pour une fois quâon nous donne la parole ! » Le jeune homme a prĂ©parĂ© soigneusement le thĂšme sur lequel il doit plancher avec sa commission. Tout comme Isabelle GaliniĂ©e, mĂšre de six enfants, qui a potassĂ© son cahier synodal dans tous les sens » et lu consciencieusement les textes du MagistĂšre proposĂ©s en 317 dĂ©lĂ©guĂ©s laĂŻcs qui, comme Isabelle et Thomas, vont passer leur week-end sur lâavenir du diocĂšse dans un exercice assez rare de dĂ©mocratie participative, prennent leur charge au sĂ©rieux. Câest que, note ClĂ©mence Rouvier, thĂ©ologienne et observatrice extĂ©rieure », la consultation lancĂ©e dans le diocĂšse a marchĂ© au-delĂ de toute attente » 24 000 personnes ont participĂ© aux groupes synodaux et plus de 3 141 propositions concrĂštes ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©es !DEPUIS LES PREMIERS TEMPS DE LâEGLISECertes, le diocĂšse des Yvelines, avec Versailles et Saint-Germain-en-Laye, est lâune des zones françaises oĂč la pratique est la plus Ă©levĂ©e. Mais câest prĂ©cisĂ©ment en raison de cette richesse » en prĂȘtres et en fidĂšles que lâon aurait pu sâattendre Ă une attitude consommatrice » des fidĂšles. Or, les catholiques des Yvelines ont massivement manifestĂ© quâils souhaitaient prendre en main lâavenir de leur sont Ă lâimage de lâĂglise de France, qui, depuis vingt ans, sâest emparĂ©e de lâoutil synodal, avec une vigueur sans Ă©quivalent dans dâautres pays. Le synode, câest la possibilitĂ© donnĂ©e Ă lâĂ©vĂȘque de consulter son diocĂšse pour des dĂ©cisions importantes. Elle existe depuis les premiers temps de lâĂglise. Mais elle a Ă©tĂ© profondĂ©ment renouvelĂ©e depuis Vatican II autrefois, seuls les prĂȘtres pouvaient siĂ©ger ; dĂ©sormais, le Peuple de Dieu », donc les laĂŻcs, est que le nouveau code de droit canonique de 1983 a introduit cette rĂ©forme, cela change tout plus de 50 synodes ont Ă©tĂ© organisĂ©s en France ! Un appĂ©tit pour cet outil de dĂ©mocratie participative, que lâon ne retrouve â dans une moindre mesure â quâen Italie et aux Ătats-Unis. Certaines Ăglises, en Irlande ou en Belgique, nâen ont mĂȘme jamais organisĂ©. RĂVOLUTION SYNODALE »Arnaud Join-Lambert, thĂ©ologien de lâuniversitĂ© de Louvain, a fait le calcul environ un million de catholiques français auraient participĂ© Ă une consultation synodale depuis 1983 ! Et 12 000 personnes auraient Ă©tĂ© dĂ©lĂ©guĂ©es, pour voter propositions et dĂ©crets synodaux⊠Bref, une rĂ©volution synodale », directement issue du concile, qui pourrait bien se rĂ©vĂ©ler Ă terme aussi importante pour lâĂglise catholique que le changement synodes sont un bon moyen de prendre le pouls dâun diocĂšse. En cela, les 3 141 propositions de Versailles dessinent une Ăglise de lâOuest parisien diffĂ©rente des caricatures quâon lui renvoie trop souvent demande de solidaritĂ©, de proximitĂ©, dâattention aux diverses souffrances, et notamment celles vĂ©cues au travail. Exigence, aussi, dâun langage plus accessible, de liturgies plus accueillantes. Tout comme une attention Ă la situation des divorcĂ©s remariĂ©s et Ă la place des femmes. Au fond, ces propositions disent la volontĂ© de rester en prise avec la rĂ©alitĂ© du monde », tranche le P. Bruno Valentin, responsable de la synthĂšse. En revanche, la question de la messe dans sa forme extraordinaire forme ancienne occupe moins de 1 % des propositionsâŠDANS QUE BUT ? Ătre consultĂ©, câest bien. Mais dans quel but ? Diacre dans le quartier populaire de Trappes, Alain Andrieux, 65 ans, dĂ©lĂ©guĂ© lui aussi, craint que la forte demande de solidaritĂ© concrĂšte nâaboutisse pas, estimant que le cahier synodal est trop timide. Un dĂ©calage que lâon entend souvent lors des synodes, dont les rĂ©sultats concrets semblent en deçà des espĂ©rances et de lâinvestissement. Car le synode est un acte de gouvernement » qui donne lieu Ă un vote et Ă la promulgation de dĂ©crets lire ci-contre. Mais encore faut-il sâentendre sur sa portĂ©e. Dâabord, il ne concerne que ce qui relĂšve du diocĂšse les questions de dogme et de discipline, comme le problĂšme des divorcĂ©s remariĂ©s, ne sont pas de la responsabilitĂ© de lâĂ©vĂȘque. Dâautre part, lâĂ©vĂȘque reste maĂźtre de son application. Certaines expĂ©riences ont ainsi donnĂ© lieu Ă de cuisants Ă©checs, lâĂ©vĂȘque refusant de promulguer les dĂ©cisions votĂ©es, comme Ă Bordeaux, en 1993. Ă OrlĂ©ans, en 1994, le texte final a paru bien court au vu de lâinvestissement engagĂ©. Ă ChĂąlons 2002-2003 ou Digne 1992-1994, les Actes ne contenaient aucun dĂ©cret. Enfin, lâĂglise nâest pas une dĂ©mocratie le synode vise Ă dĂ©gager un consensus, avec la rĂšgle des deux tiers, et non une majoritĂ©. UN PROCESSUS QUI PREND AU SĂRIEUX CE QUâEST LâĂGLISE »Avec le recul, on commence Ă connaĂźtre les retombĂ©es concrĂštes de cet engouement synodal nouvelles organisations territoriales, crĂ©ations de paroisses, mise en place de structures pour des besoins nouveaux. Dix ans aprĂšs, note Arnaud Join-Lambert, la participation Ă un synode continue de marquer les catholiques dâun diocĂšse. Câest un processus qui prend au sĂ©rieux ce quâest lâĂglise, assemblĂ©e du peuple de Dieu. Ceux qui nâont rien donnĂ© sont souvent ceux qui Ă©taient mal prĂ©parĂ©s. ». En ce sens, un synode est moins la rĂ©union dâun organe local de dĂ©cision quâune dĂ©marche, qui fait prendre conscience Ă tous les catholiques de leurs responsabilitĂ©s dans lâĂglise. Ce qui renvoie dâailleurs Ă son Ă©tymologie marcher avec ».ISABELLE DE GAULMYN///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////Commentaire d'Hercule Il n'y a vraiment que le Journal La Croix pour se rĂ©jouir de l'existence et du fonctionnement actuel des qui connait un peu l'Eglise, je dirais que l'Eglise est une "dĂ©mocratie" dirigĂ©e...Le problĂšme n'est pas de se rĂ©jouir de l'existence des synodes mais surtout, aprĂšs quelques annĂ©es, dans mesurer les ce qui me concerne, je ne me rĂ©jouis pas du tout des rĂ©sultats actuels, car dans ma vie, du fait de mes dĂ©placements professionnels, j'ai vĂ©cu dans des diocĂšses au sortir d'un synode diocĂ©sain. J'y ai trouvĂ© beaucoup de fantaisies de liturgie, de fonctionnement et de pratiques curieuses, juste pour plaire Ă certaines forces vives de l'Eglise, et en croyant que les vocations et les jeunes s'attirent et se dĂ©couvrent par des jeux de sĂ©duction. Du jour au lendemain, on a supprimĂ© quantitĂ© de messes pour se retrouver avec des messes concĂ©lĂ©brĂ©es Ă trois ou quatre prĂȘtres. Il manque aujourd'hui deux ou trois gĂ©nĂ©rations dans l'Eglise qui n'assistent plus aux offices et qui sont complĂštement dĂ©-catĂ©chisĂ©es, et l'on s'Ă©tonne de ne plus avoir de vocations. Nous assistons Ă la dĂ©sertification spirituelle des campagnes et, les EvĂȘques et leurs trĂ©soriers s'Ă©tonnent aujourd'hui que le denier du culte ne rentre plus dans les caisses du diocĂšse. Bien souvent, les personnes ĂągĂ©es des campagnes n'ont plus que la tĂ©lĂ©vision pour assister la messe. Elles n'ont plus accĂšs aux sacrements et n'ont mĂȘme pas droit Ă des messes d'enterrement, et l'on voit aujourd'hui ce phĂ©nomĂšne s'Ă©tendre aux villes. Je crois qu'il faut empĂȘcher que les synodes ne deviennent uniquement les accompagnateurs d'une Eglise moribonde, en situation d'enfouissement et de fin de vie, mais au contraire que les synodes redonnent aux diocĂšses leur caractĂšre missionnaire, ce qui ne me semble pas encore ĂȘtre le cas actuellement...J'ai aujourd'hui la chance d'ĂȘtre dans un diocĂšse dont l'EvĂȘque a la volontĂ© de faire bouger les choses, de remettre la priĂšre et l'adoration au coeur de l'Eglise, de susciter le retour des vocations... Je constate malheureusement que ses premiers adversaires qui traĂźnent des pieds sont bien souvent certains de ses prĂȘtres et des "bonnes femmes" qui avaient pris le pouvoir dans certaines paroisses...J'ai aussi Ă©tĂ© le tĂ©moin de mouvements d'Eglise dans lesquels certains responsables engagĂ©s et vieillissant s'Ă©taient emparĂ©s du pouvoir sans partage, sans mĂȘme respecter les statuts internes de ces mouvements qui les obligeaient Ă un renouvellement des charges de responsabilitĂ©s, sous prĂ©texte que les nouveaux candidats n'avaient pas Ă©tĂ© jugĂ©s capables de pouvoir assumer les charges et les charismes du mouvement. Ainsi, on a souvent "ligotĂ©" l'Esprit-Saint en ne Lui laissant pas la possibilitĂ© d'un renouvellement interne, et en conduisant ces mouvements Ă une mort inĂ©luctable.
Résultat Paris (France) Latitude : 48° 51' 12 O. Longitude : 2° 20' 55 N. Quelques villes proches de Paris. London (United Kingdom) Latitude : 51° 30' 30 O. Longitude : -0° 7' 32 N. Quelques villes proches de London.
Retour Ă la liste des villes pour les horaires de priĂšres Le Jeudi 25 AoĂ»t 2022 Heures de priĂšre pour la ville Dompierre Sur Yon 85170 Prochaine priĂšre MAGHRIB dans h m s SUBH CHOUR. ZHUR ASR MAGR. ISHA 0544 0716 1408 1756 2101 2230 * SUBH & ISHA Angle 15 degrĂ©s voir calendrier mensuel pour lâangle 18 degrĂ©s Retrouvez les Horaires de priĂšres mensuels Calendrier AoĂ»t 2022 Dompierre Sur Yon 85170 Calendrier Septembre 2022 Dompierre Sur Yon 85170 Calendrier Octobre 2022 Dompierre Sur Yon 85170 Calendrier Novembre 2022 Dompierre Sur Yon 85170 Calendrier DĂ©cembre 2022 Dompierre Sur Yon 85170 Calendrier Ramadan 2023/1444Dompierre Sur Yon 85170 Lâangle 18° correspond au crĂ©puscule astronomique. Câest celui choisi jusquâil y a peu par la mosquĂ©e de Paris pour calculer les horaires de priĂšres. Lâangle 15° est lâangle adoptĂ© par la fĂ©dĂ©ration islamique de lâAmĂ©rique du Nord ISNA pour dĂ©terminer les moments oĂč il est lâheure de faire la priĂšre. Ces diffĂ©rences pour dĂ©terminer les horaires de priĂšre concernent le calcul de lâheure de la priĂšre du fajr et le calcul de lâhoraire de priĂšre de lâisha. Chacune de ces priĂšres, selon le lever ou le coucher du Soleil, dĂ©bute lorsque le Soleil se trouve Ă un certain degrĂ© en-dessous de lâhorizon. Nous refusons de vous proposer les horaires de priĂšre selon lâangle 12°, car pour le jeĂ»ne, pendant ramadan ou le long de lâannĂ©e. Pour plus dâinformations, lire lâarticle suivant Attention aux horaires selon lâangle 12°, problĂ©matique pour le jeĂ»ne. Consultez dĂšs aujourdâhui les horaires de priĂšre sur AndroĂŻd et sur iPhone et iPad. TĂ©lĂ©chargez dĂšs Ă prĂ©sent lâapplication Al-Kanz, cliquez sur le bouton suivant.
Pourla premiÚre fois en France et en exclusivité sur notre site, vous pouvez obtenir un calendrier avec les heures de priÚre de votre commune (votre ville). En effet, notre logiciel générateur de calendrier permet d'obtenir les horaires de priÚres précises pour toutes les communes de France.. Vous recevrez ce nouveau calendrier musulman 2022 (1443-1444 de l'Hégire) bilingue
mosquĂ©e domicile association Ă©cole magasin Notre solution est un waqf gratuite toute commercialisation est strictement interdite Le matĂ©riel est Ă votre charge Le projet L'idĂ©e de Mawaqit est nĂ©e d'une frustration lorsque nous avons observĂ© comment sont gĂ©rĂ©s les horaires de priĂšre dans nos mosquĂ©es depuis des annĂ©es, voir nos papas rĂ©gler manuelement des vieilles horloges ou tableaux Ă©lĂ©ctroniques qui ne rĂ©pondent plus aux besoins variĂ©s et modernes de nos mosquĂ©es. Nous avons donc dĂ©cidĂ© avec lâaide dâAllah de s'attaquer Ă cette frustration et de crĂ©er le service dont nous aurions rĂȘvĂ©. Notre solution est un WAQF fi sabili Allah et donc gratuite. TOUTE UTILISATION A BUT LUCRATIF EST STRICTEMENT INTERDITE, VEUILLEZ RESPECTER NOTRE CHOIX. Le concept Mawaqit vous offre une nouvelle façon de suivre et gĂ©rer les horaires de priĂšre, en effet nous proposons un systĂšme de bout en bout qui offre aux responsables de mosquĂ©es un outils en ligne disponible 24/24h leur permettant de gĂ©rer les horaires, l'actualitĂ© de la mosquĂ©e et plein d'autres fonctionnalitĂ©s. Les fidĂšles, eux, bĂ©nĂ©ficient d'une application mobile qui leur permet de consulter les horaires exactes et non approximatives de leur mosquĂ©e prĂ©fĂ©rĂ©e, ainsi que l'actualitĂ© et autres fonctionnalitĂ©s tel que la recherche de mosquĂ©e par gĂ©olocalisation. Nous avons fait de la fiabilitĂ© et la qualitĂ© nos valeurs principales. Notre ambition est claire construire le meilleur service pour nos mosquĂ©es grĂące Ă la technologie et au design. Toute mosquĂ©e ajoutĂ©e sur notre systĂšme passe par une modĂ©ration approfondie. Nous suspendons toute mosquĂ©e qui ne respecte pas nos rĂšgles afin de prĂ©server un service fiable pour la communautĂ©. Horaires de priĂšre Affichage des horaires de priĂšre en plusieurs langues. 2 choix de calcul, automatique ou par calendrier annuel AdhĂąn et Iqama Un signal visuel et sonor pour annoncer l'adhan et l'iqama Rappels et invocations Entre l'adhan et iqama, et aprĂšs chaque priĂšre, des rappels et invocations sont affichĂ©s. Un hadith du prophĂšte "que la priĂšre d'Allah et son salut soient sur lui" est Ă©galement affichĂ© toutes les 5 min Annonces et actualitĂ©s Communiquez avec les fidĂšles de votre mosquĂ©e Ă travers les annonces et message flash, Ă la mosquĂ©e et partout ailleurs via l'application mobile ThĂšmes et couleurs Multiples choix de couleurs, de thĂšmes et de fonds d'Ă©cran MĂ©tĂ©o Affichage de la mĂ©tĂ©o de la ville Options Multiples options, tel que l'extinction de l'Ă©cran pendant la priĂšre et le prĂȘche du jumua Controle Ă distance Pilotez l'Ă©cran depuis votre ordinateur, smartphone ou tablette 7j/7 24h/24 Application mobile Une application mobile sur iPhone et Android Trouvez une mosquĂ©e proche, itinĂ©raire, notifcation de priĂšre, infos utiles... etc. Mawaqit est disponible aussi sur Discord Beta _mawaqit grande mosquĂ©e de paris _hadith, _sohor, _ftor Amazon Alexa Beta / French only Alexa ! ouvre "priĂšre-mawaqit" Alexa ! demande Ă "priĂšre-mawaqit" salat el maghrib Home assistant Smart mosque and home Ex Turn on the heater 20 min before adhan in the mosque and stop it after salat automatically Quelques chiffres Installations sur iPhone et Android Visiteurs uniques par mois Note moyenne sur les stores et rĂ©seaux sociaux MosquĂ©es Cliquez sur un pays pour voir les mosquĂ©es Mawaqit vous propose les horaires de priĂšre exactes, telles qu'elles sont pratiquĂ©es par les mosquĂ©es, cherchez une mosquĂ©e et consultez ses horaires de priĂšre. Voir plus FAQ Pouvez-vous me prĂ©senter Mawaqit ? ÙÙ ŰšŰ§ÙŰ„Ù
ÙŰ§Ù Ű§ÙŰȘŰč۱ÙÙ ŰšÙ
ÙۧÙÙŰȘ Salamou Alaykoum un site gratuit il permet aux mosquĂ©es de s'Ă©quiper gratuitement d'une horloge connectĂ©e et intelligente vous facilite un accĂ©s permenant Ă votre page d'administartion Mawaqit logiciel gratuit en open source existe en 12 langues Français ,arabe ,turque, anglais ... etc installĂ© dans plus de 40 pays dans le monde deux versions la connectĂ©e qui nĂ©cĂ©ssite un accĂ©s internet et la offline autonome pas besoin d'un accĂ©s internet une application mobile sur android et iPhone Il restera Ă la charge de la mosquĂ©e d'acheter le matĂ©riel nĂ©cessaire Ă l'installation kit raspberry, Ă©cran Tv , support mural ... etc . Puis-je installer moi mĂȘme votre logiciel ? ÙÙ ÙÙ
ÙÙÙÙ ŰȘÙŰ”ÙŰš ۚ۱ÙۧÙ
ŰŹ Ù
ÙۧÙÙŰȘ ŰšÙÙŰłÙŰ Je n'ai pas reçu mon mail de confirmation dâinscription Si vous n'avez pas reçu votre mail de confirmation dâinscription, nous vous conseillons dans un premier temps de bien vĂ©rifier vos SPAMS. Dans la plus part des cas l'adresse mail rentrĂ©e lors de l'inscription est incomplĂšte ou erronĂ©e ex [email protected] au lieu de [email protected] Nous vous conseillons alors de vous inscrire Ă nouveau. Est-il important de bien choisir le type d'installation ? Nous demandons Ă tous les utilisateurs de mawaqit de bien vĂ©rifier avant de valider le type d'installation MosquĂ©e Salle de priĂšre Domicile Ecole Association Magasin Cela facilitera Ă notre Ă©quipe la recherche de votre compte en cas de besoin aux utilisateurs de trouver la mosquĂ©e rĂ©elle de la ville en question Le non respect de cette consigne entrainera la suppression de votre mosquĂ©e. Comment vous contacter ? ÙÙÙ ÙÙ
ÙÙÙÙ Ű§ÙŰ„ŰȘŰ”Ű§Ù ŰšÙÙ
ÙۧÙŰȘÙŰ§Ű”Ù Ù
ŰčÙÙ
Notre mosquĂ©e ne dispose pas d'un accĂšs internet, pouvons-nous installer mawaqit ? Oui bien sĂ»r. Mawaqit existe en version offline qui ne demande aucun accĂšs internet, sauf pour les mises Ă jour du logiciel ou interventions Ă distance de notre Ă©quipe. Suivez bien les instructions expliquĂ©es sur notre site J'ai flashĂ© ma carte SD mais l'Ă©cran m'affiche une page noir Il arrive parfois que le flash ne fonctionne pas correctement sur queleques cartes mĂ©moire sd, il peut y avoir plusieurs raisons Ă celĂ La carte sd est dĂ©faillante vielle, usĂ©e... La carte sd n'est pas compatbile, en effet le raspberry fonctionne qu'avec les cartes sd classe 10 de 16 Go ou plus La marque de la carte sd n'est pas fiable Dans ce cas lĂ , la solution et de changer la carte mĂ©moire. Notre Ă©cran mawaqit se met en veille. Que faire ? La mise en veille de votre Ă©cran TV est dĂ» Ă son rĂ©glage. Vous pouvez dĂ©sactiver cette fonction dans le menu de votre TV. AprĂšs rĂ©ception du kit Raspberry, nous avons insĂ©rĂ© la carte SD, mais notre Ă©cran n'affiche pas mawaqit. Que faire ? Avant d'insĂ©rer la carte SD dans le Raspberry, il faut la flasher avec la derniĂšre version de l'image systĂšme mawaqit tĂ©lĂ©chargeable sur notre site, aprĂšs crĂ©ation de votre compte et ajout de votre mosquĂ©e Je rencontre quelques soucis d'affichage TempĂ©rature, hadith, figeage...etc Il se peut que parfois vous rencontrez des problĂšmes d'affichage sur votre Ă©cran, essayer dans ce cas de vider le cache du navigateur en suivant les Ă©tapes ici Je n'ai plus le son du adhan sur mon installation mawaqit Ă domicile Ce dysfonctionnement est liĂ© aux rĂšgles de sĂ©curitĂ© sur le navigateur son ne se dĂ©clenche pas tant que l'utilisateur n'a pas interagĂźt avec la page qui Ă©met ce suffit de cliquer avec la souris n'importe ou sur la page puis retirer la souris, l'adhan reviendra Ă la prochaine priĂšre. Y-a-t il des vidĂ©os explicatives de mawaqit ? Oui tout a fait, nous avons mis en place une chaine youtube dans laquelle vous trouvez quelques vidĂ©os qui peuvent vous aider Ă mieux gĂ©rer votre mosquĂ©e sur mawaqit. C'est ici Mawaqit affiche une heure de moins sur mon iPhone, que faire ? En effet sur iPhone la dĂ©tection du fuseau horaire n'est pas possible quand la date et heure sont sur un rĂ©glage automatique. Afin de corriger ce problĂšme vous pouvez faire la manip suivante Sur votre iPhone, Allez dans ParamĂštres > GĂ©nĂ©ral > Date et Heure puis dĂ©sactivez le rĂ©glage automatique. Il vous reste plus qu'Ă recharger votre page mawaqit. Nous souhaitons ajouter un 2Ăšme Ă©cran mawaqit dans une autre salle, pouvons-nous utiliser un seul Raspberry pour les 2 Ă©crans ? Il est inutile de brancher les 2 Ă©crans avec un seul Raspberry pour les raisons suivantes Le coĂ»t des cĂąbles HDMI Le coĂ»t du Hub HDMI La distance entre les 2 Ă©crans souvent trop longue Solution Configurez un 2 Ăšme Rsapberry, ça vous coĂ»etra moins cher. Changement d'heure +1h / -1h Pour l'Europe le changement d'heure s'effectue sur votre Ă©cran mawaqit sans intervention de votre part Ă minuit le jour du changement. Condition Laisser le choix heure d'Ă©tĂ© sur Auto . Appliquer le principe heure d'hiver toute l'annĂ©e sur votre calendrier. ۚۧÙÙ۳ۚ۩ ÙŰŁÙ۱Ùۚۧ ÙŰŰŻŰ« ۧÙŰȘŰÙÙ Ű„ÙÙ Ű§ÙÙÙŰȘ ۧÙŰ”ÙÙÙ ŰŁÙ Ű§ÙŰŽŰȘÙÙ ŰčÙÙ ŰŽŰ§ŰŽŰȘÙÙ
ۚ۔ÙŰ© ŰąÙÙŰ© ŰŻÙÙ ŰȘŰŻŰźÙ Ù
ÙÙÙ
ŰčÙŰŻ Ù
ÙŰȘŰ”Ù Ű§ÙÙÙÙ Ű§Ùێ۱۷ ŰȘŰ±Ù Ű§ŰźŰȘÙۧ۱ ۧÙŰȘÙÙÙŰȘ ۧÙŰ”ÙÙÙ ŰčÙÙ Ű§ÙŰȘÙÙ
ۧŰȘÙÙÙ ŰȘŰ·ŰšÙÙ Ù
ۚۯۣ ۧÙŰȘÙÙÙŰȘ ۧÙŰŽŰȘÙÙ Ű·ÙÙŰ© ۧÙŰłÙŰ© ŰčÙÙ Ű§Ù۱ŰČÙۧÙ
۩ Notre écran mawaqit affiche la version mobile et non pas la version grand écran, que faire ? Ils parlent de Mawaqit
avocatdroit de la famille bas rhin; fiche rĂ©vision bts mco pdf; comment retrouver une annonce supprimĂ©e sur marketplace; comment mettre a terre quelqu'un rapidement baptĂȘme planeur la roche sur yon. 2022-03-10 gwen blast et nicola sirkis 0 Comments
Mes recherches rĂ©centes Filtrer par Budget Type Travaux locaux Emplois Ă la une Emplois recruteur Emplois Ă temps plein CompĂ©tences Langues Ătat du travail Bonjour Chirag K., j'ai remarquĂ© votre profil et je souhaite vous proposer mon projet. Nous pouvons discuter des dĂ©tails via le chat. âŹ251 Offre moyenne 1 offres c'est de proposer aux touristes qui veulent visiter la ville historique du SĂ©nĂ©gal qui s'appelle saint louis une aide qui leurs permettra de visiter la ville facilement et de dĂ©couvrir sa modeste histoire . âŹ108 Offre moyenne 16 offres Hi looking for an online catalogue for home cleaning products divided into 6 categories The theme should reflect the green cleaning products, bio and eco-friendly cleaning products Final french content and images will be provided. Please use demo images. Below are details for project Theme white , green color theme Design minimalist and modern , clean and neat look. Type of products eco-friendly products for green cleaning Display catalogue, flipbook 12 pages or 16 pages depending on how products are displayed PRODUITS product page 5-6 / page 7-8 Instructions 1products are displayed into 6 categories - kitchen 3 products - bathroom 3 products - laundry 1 product - multi- surfaces / vitres 2 products - floor 2 pr... Garanti âŹ1204 Offre moyenne 1 offres ...DON'T SPEAK FRENCH - THANKS! Vous devez parler francais. Plugins dĂ©sirĂ©s QuickShop Reremake - Ready - Multi Currency mon prĂ©fĂ©rĂ© SystĂšme de /home SystĂšme de tp > /tpa [Name], /tpaccept, /tpignore, etc. SystĂšme de /claim chunk. Je voudrais que le systĂšme de claim soit liĂ© au systĂšme monĂ©taire. Les X premiers chunks sont gratuits, ensuite le coĂ»t augmentera exponentiellement. Le plugin Jobs bien entendu, que les joueurs puissent accumuler des $. Un systĂšme de grade rank. Probablement 6 rangs au total. Rang 1. Rang par dĂ©faut de tout joueurs qui arrive sur le serveur. droit Ă 1 /sethome par exemple Rang 2. Obtenu automatiquement aprĂšs x heure... âŹ149 Offre moyenne 6 offres I want u to prepare for me an online business in IT firms âŹ10 Offre moyenne 1 offres The part-time job we provide is based on the number of signed contracts you have completed. And French is the main language we use. 1. Personnes dont nous avons besoinïŒ Passion pour la communication. Communiquer efficacement avec les auteurs francophones et remplisser vos exigences de signature du contrat. 2. Informations spĂ©cifiquesïŒ Pour chaque livre invitĂ©, recevez minimum un bonus de 10 $ Le premier mois, si vous invitez 5 livres, vous recevrez un total de 200 $. Pour chaque mois suivant, vous recevrez encore 200 $ si vous pouvez inviter 10 livres. En bref, pour chaque livre, vous recevrez un minimum de 10 $. Chaque mois, vous pouvez gagner jusqu'Ă 1 500 $. 3. N'hĂ©sitez pas Ă me contacter pour plus d'informations. âŹ898 Offre moyenne 17 offres Bonjour Ă tous, j'ai Ă©crit une fiction que je vais faire relire et j'aurais voulu trouver une personne pour l'illustration. Dessins de montagnesles vraies, des personnagessurtout jeunes femmes, un moine, un saint-bernard. J'aimerais les illustrations dans le style les amants de l'Oisans GlĂ©nat. Je vous envoie le texte, si quelqu'un veut se joindre Ă moi Merci d'avance. âŹ383 Offre moyenne 20 offres il faut mettre la couleur du paris saint germain et le logo du paris saint germain pour une simulation sur un triporteur âŹ60 Offre moyenne 35 offres Nous cherchons Ă dĂ©velopper une application mobile IOS & Android pour les musulmans qui offre des fonctionnalitĂ©s complĂštes sur la religion, le style de vie et la communautĂ©. FonctionnalitĂ© de base - Horaires de priĂšres - Saint Coran avec l'interprĂ©tation des versets et l'exĂ©gĂšse - Qibla - Duas avec traduction Ă©galement - Tasbih - 99 noms d'Allah avec traduction - Citations du jours en notification - Calendrier musulman - MosquĂ©e Ă proximitĂ© - Lieux halal Il est vrai que plusieurs applications existent dans ce domaine mais nous souhaitons rĂ©volutionner ce domaine avec un design unique et fluide. Nous cherchons, donc, Ă©galement des designe... âŹ536 Offre moyenne 10 offres Bonjour, S'il vous plait, merci de bien lire toute ma recherche en dĂ©tails, merci. Jâaimerais crĂ©er une application de poker, pour Android, iOS, PC et Mac. Partie 1 Dans cette application, il y aura une partie de l'application en Play-money, câest Ă dire que les joueurs pourront jouer avec des jetons fictifs, donc pas de dĂ©pĂŽt dâargent, mais avec des transactions INN-APP y pour la vente de jetons et autres options, tel que la vente de rubis, de cartes VIP etc⊠Un joueur pourra crĂ©er son propre club de poker afin dây inviter ses propres joueurs. Pour crĂ©er un club cela coĂ»tera un nombre x de rubis qui pourra ĂȘtre paramĂ©trable sur le backoffice. Le gestionnaire du backoffic... âŹ39505 Offre moyenne 5 offres ...elle-mĂȘme. Elle se rendra vite compte que ces personnages ne sont pas rĂ©els et que tout ce qu'elle a appris Ă travers son pĂ©riple, elle l'avait dĂ©jĂ en elle. Il lui fallait simplement un petit coup de pouce du destin pour aligner les Ă©toiles dans sa direction. Cette histoire rassemble un problĂšme trĂšs actuel et encore plus aujourd'hui au vu de la situation sanitaire des personnes s'adonnant aux shits jobs le burnout et la recherche d'un sens que notre sociĂ©tĂ© actuelle ne peut plus rĂ©ellement nous procurer. Ces 4 accords qu'elle dĂ©couvrira tout au long de son initiation sont le rĂ©sumĂ© du livre "les 4 accords toltĂšques"... âŹ2335 Offre moyenne 12 offres Jâaurais besoin dâextraire des informations comptable et financiĂšre de mes devis rĂ©digĂ©s via quickbooks online pour Ă©tablir des indicateurs et rapports en temps quasi rĂ©el pour piloter mon activitĂ© commerciale. Marge, coĂ»t, CA, ou acheter les produits du devis, ⊠Urgent âŹ414 Offre moyenne 10 offres Bonjours je suis maitre d oeuvre sur le secteur de saint malo travaillant seul avec une charge de travail trop portante, je recherche une personne pour rĂ©aliser des avants projets et des permis de construire sur archicad . âŹ496 Offre moyenne 16 offres Notre agence Ă©vĂ©nementielle cherche Ă rĂ©aliser une captation vidĂ©o pour l'un de ses clients. Cette captation se deroulera sur le parvis de la gare Saint Lazare Ă Paris les 2 et 3 juillet 2021 L'idĂ©e est de filmer le dispositif au global Montrer l'impact de l'opĂ©ration Filmer le parcours du consommateur Interview de quelques visiteurs en leur posant quelques question sur la marque Merci. âŹ1423 Offre moyenne 1 offres Je recherche Ă effectuer un logo trĂšs Ă©purĂ© trĂšs fin et Ă©lĂ©gant avec un L majuscule un C majuscule et deux trĂ©mas Ă cĂŽtĂ© du C le tout dans un cercle avec une phrase en bas " la capricieuse Saint-Barth" âŹ28 Offre moyenne 26 offres J'ai besoin d'un architecte qui peut m'aider dans mon travaille de rĂ©novation ou construction neuve et qui travaille Ă un prix raisonnable. J'aimerais commencer avec un petit travaille pour voir de quoi l'archi...petit travaille pour voir de quoi l'architecte est capable. Et puis Ă©ventuellement garder le mĂȘme architecte Ă qui je pourrais envoyer, par exemple, un immeuble pour qu'il me dise si il est possible de l'agrandir et combien de m2 je gagnerais. Donc un architecte qui pourrait m'aider Ă analyser certains projets. Pour ce premier projet, il s'agit d'un immeuble qui se situe Ă Rue de Merode 100, Saint-gilles. Je pense qu'il serait possible de monter d'un Ă©ta... âŹ197 Offre moyenne 16 offres Faire une affiche pour une colonne Morris avec pour sujet la fĂȘte. Ă base dâune photo, avec la prĂ©sence dâune femme qui sera mon Ă©gĂ©rie . Cette affiche devra ĂȘtre original avec les suggestions que vous allez me prĂ©senter je ferai une photo que je ferai moi mĂȘme. Il me faut Ă©galement une phrase type slogan percutante pour promouvoir la fĂȘte dans le quartier de saint Germain Ă paris 75006. Je voudrais que lâon puisse voir mon affiche de loin pourquoi pas comme un trompĂ© Ćil... Colonne AFFICHE Parc Expo âą Format final dâimpression 118,5 cm x 349 cm âą Format du fichier CrĂ©ation du fichier Ă lâĂ©chelle 1/5e 23,7 x 69,8 cm âą Format... âŹ87 Offre moyenne 11 offres Diseño de logo, diseño de imagen âŹ270 Offre moyenne 15 offres SociĂ©tĂ© Mariton, fabricant de stores et moustiquaire sur mesure, basĂ©e Ă Saint-Chamas 13. PME de 70 personnes. J'ai besoin que des moustiquaires soient modĂ©lisĂ©es en 3D, pour obtenir des visuels pack shot produits dĂ©tourĂ©s, mais aussi pour pouvoir les intĂ©grer sur des photos d'ambiance libres de droit ou Ă acheter. Besoin urgent Ces visuels sont Ă destination d'un site de e-commerce. Date de mise en ligne avril 2021. J'ai besoin de trouver dĂšs maintenant la ou les personnes qui pourront rĂ©aliser ces modĂ©lisations, Ă partir de schĂ©mas 2D ou seulement Ă partir de photo "maison" voire mĂȘme Ă partir des produits direc... Local âŹ1093 Offre moyenne 15 offres J'ai terminĂ© mon master 2 en Mai 2020 et j'ai intĂ©grĂ© cette annĂ©e les Ecoles de Saint-Cyr CoĂ«tquidan en qualitĂ© d'Ă©lĂšve-officier sous-contrat. L'administration de Saint-Cyr a mis en place cette annĂ©e un module nommĂ© "Leadership et commandement" qui comprend la rĂ©daction d'un mĂ©moire de 30 pages, Ă rendre le 04 Mai 2021. L'idĂ©e n'est peut-ĂȘtre pas mauvaise mais malheureusement nous manquons cruellement de temps entre les diffĂ©rentes formations et les semaines passĂ©es en forĂȘt... J'en viens donc Ă demander de l'aide pour que l'on rĂ©dige ce mĂ©moire Ă ma place. J'ai d... âŹ517 Offre moyenne 4 offres rĂ©alisation d'un annuaire, prĂ©paration Ă l'impression montage pub âŹ1333 Offre moyenne 19 offres Bonjour, nous sommes l'Ă©quipe SOLEIL, se composant de 3 personnes venant d'horizon diverses, nous avons rĂ©cemment créé un site internet pour vendre des cosmĂ©tiques naturels en ligne, avec pour ultime objectif un projet humanitaire. Nous sommes actuellement prĂ©sent sur le marchĂ© frança...diverses, nous avons rĂ©cemment créé un site internet pour vendre des cosmĂ©tiques naturels en ligne, avec pour ultime objectif un projet humanitaire. Nous sommes actuellement prĂ©sent sur le marchĂ© français, portugais et espagnol. Nous avons un site disponible en trois langue, traduit en français, portugais et anglais. Notre premier objectif est d'augmenter nos ventes, cela passe par... âŹ395 Offre moyenne 8 offres traduction & français 40 jobs,arabe 23 jobs,anglais la saisie de donnĂ©es & administration excel, Word, PowerPoint, Access, Microsoft office, standard tĂ©lĂ©phonique. rĂ©daction de contenu, e-Books, correction, les articles, voix. Facebook, androĂŻde âŹ396 Offre moyenne 38 offres Application de facturation L'application devra ĂȘtre disponible en 10 des paiement de lâacompte. Partie Mobile Android La facturation via lâapplication mobile doit pouvoir se faire en mode hors ligne comme en mode en ligne. Ci-dessous les fonctionnalitĂ©s attendues Gestion de lâunivers client - CrĂ©ation des clients nom, email, tĂ©lĂ©phone - Consultation des factures dâun client Gestion du stock - CrĂ©ation de catĂ©gories de produit nom - CrĂ©ation de produit nom, catĂ©gorie, prix dâachat, prix de vente, quantitĂ© en stock, quantitĂ© seuil, code bar, image Facturation - CrĂ©ation dâune facture - Application de remise sur facture - Modification du prix dâun produi... âŹ409 Offre moyenne 5 offres Nous sommes une startup de l'immobilier en France, nous cherchons quelqu'un pour ĂȘtre intĂ©grĂ© Ă l'Ă©quipe technique pour un mois minimum. Nos besoins sont MaĂźtrise parfaite de Ruby on rails et Ruby model, controller, rails API, Rspec, vues ERB etc. => Au moins 3 projets significatifs mis en production En complĂ©ment - Mailers nous utilisons Postmark -...France, nous cherchons quelqu'un pour ĂȘtre intĂ©grĂ© Ă l'Ă©quipe technique pour un mois minimum. Nos besoins sont MaĂźtrise parfaite de Ruby on rails et Ruby model, controller, rails API, Rspec, vues ERB etc. => Au moins 3 projets significatifs mis en production En complĂ©ment - Mailers nous utilisons P... âŹ25 / hr Offre moyenne 3 offres Bonjour j'ai un site agence de voyage en ligne et je souhaite avoir des ventes et reservations âŹ67 Offre moyenne 40 offres DĂ©partement 42 Loire Lieu du poste Saint-Etienne Type de Contrat CDI Secteur Logiciel Vous savez crĂ©er et modĂ©liser des bases de donnĂ©es. Vous construisez des interfaces web simples et interactives. Vous avez une parfaite connaissance du monde de lâentreprise, une forte autonomie et un grand sens du service client ? Vous voulez aider vos clients Ă faire croĂźtre leur business ? Rejoignez lâaventure marlin-technologies son Ă©quipe est impatiente de vous rencontrer ! Marlin-technologies est une startup qui a pour vocation dâoptimiser les mĂ©thodes de chiffrage. La motivation derriĂšre Marlin-technologie est de donner aux entreprises les moyens dâĂȘtre plus rapide et effica... âŹ3229 Offre moyenne 5 offres Bonjour, Je recherche un biographe / Ă©crivain public pour rĂ©diger une biographie personnelle. Le biographe doit ĂȘtre sur Saint-Quentin, dans l'Aisne, pour un premier rendez-vous pour expliquer notre projet. Merci ! âŹ1368 Offre moyenne 1 offres TecnologĂa Node Js Vue Js Mongo Db. Nano servicios âŹ18 / hr Offre moyenne 3 offres SOCIETE D'AFFILIATION EN LIGNE . âŹ251 Offre moyenne 3 offres C'est une plateforme de conseil en ligne mettant en contact des experts et des clients autour de solutions clĂ©s en main.. La plateforme est dĂ©jĂ dĂ©veloppĂ©e dans une grande partie et le but ici est de la complĂ©ter et la booster avec plus de graphisme et d'ergonomie pour faciliter son adoption par les experts et les clients. Plusieurs milliers de lignes de code dĂ©jĂ Ă©crits avec un fonctionnement correspondant au besoin Ă 95%. Reste l'optimisation du code, l'amĂ©lioration des aspects de sĂ©curitĂ© et l'amĂ©lioration de l'identitĂ© visuelle et graphique.. âŹ921 Offre moyenne 4 offres ...localisation est une opĂ©ration qui consiste Ă regrouper lâensemble de vos crĂ©dits contractĂ©s par un seul et unique crĂ©dit. Les 15 localitĂ©s sont Rachat de crĂ©dits dans la Loire Rachat de crĂ©dits vallĂ©e du Gier rachat de crĂ©dit Ă Rive de Gier Rachat de crĂ©dits Ă Saint-Chamond Rachat de crĂ©dits Ă AndrĂ©zieux-BouthĂ©on Rachat de crĂ©dit Ă Feurs Rachat de crĂ©dit Ă Roanne Rachat de crĂ©dits dans RhĂŽne Rachat de crĂ©dits dans les Monts du Lyonnais Rachat de CrĂ©dits Ă Lyon Rachat de crĂ©dit Ă Saint Symphorien Sur Coise Rachat de crĂ©dit Ă Saint-Laurent de Chamous... âŹ163 Offre moyenne 2 offres *Application pour les services Ă domicile handymen. *Application pour le marchĂ© marocain. Le but de cette application est de dĂ©crire les caractĂ©ristiques des bricoleursjobeurs , client et missionsjobs. *Bricoleurs non seulement le service Ă domicile, mais comprennent diffĂ©rentes compĂ©tences pour le service sur demande. *Inscription via mĂ©dias sociaux ou par formulaire. *Insertion 4 pack dâinscription avec paiement en ligne, 1 Free et 3 payant. *Diffusion des missions en fonction des exigences. *Recherchez des bricoleurs en fonction de l'emplacement de l'utilisateur et de la catĂ©gorie choisie. *Le bricoleur Ă©ligible sera appariĂ© et affichĂ© automatiquement Ă l'utilisa... âŹ427 Offre moyenne 4 offres Gymglish recherche gestionnaire de recouvrement en freelance pour rejoindre son Ă©quipe Customer Care actuellement composĂ©e de 7 personnes. En tant que membre de cette Ă©quipe, v...locauxParis 12eme pour procĂ©der aux envois courrier. A dĂ©faut vous devrez ĂȘtre en mesure dâimprimer & affranchir les envois courrier de maniĂšre autonome. Les frais liĂ©s aux envois seront dans ce cas, ajoutĂ©s Ă la rĂ©munĂ©ration calculĂ©e et facturable Ă Gymglish mensuellement. DĂ©roulement des entretiens Ătape 1 Postuler sur le site internet Ătape 2 Court entretien tĂ©lĂ©phonique/visio avec le Manager dâĂ©quipe Customer Careâ et/ou la r... âŹ116 Offre moyenne 4 offres J'ai besoin d'un freelancer avec experience en web agency/marketing online niveau recruteurs pour une plateforme offre/recherche d'emploi en France pour la periode suivante au coronavirus. Plus d'infos dans le prochaine step âŹ272 Offre moyenne 6 offres ... des francophones et de nouveaux pigistes seront priorisĂ©s Ă 30%, en particulier dans les CaraĂŻbes. Traduction englais Hello, I'm Louikenson, IT technician graphic designer, student in management and communication. Given the many difficulties encountered by new freelancers, I decided to create a possibility for us to get out of this impasse together. We are going to create our own online service site. For the moment I will spare you details, they will be communicated to you during our various contacts. To start with, we need a person to design the site and a copywriter, French speakers and new freelancers will be prioritized at 30%, especially in the Caribbean.... âŹ27 Offre moyenne 7 offres Je souhaite obtenir deux articles bien disctinct Ă contenu unique optimisĂ© pour le referencement google. Minimum 400 mots par article avec TITRE, sous titres et paragraphes. Le premier a pour thĂšme et mot clefs Rachat de crĂ©dit Saint-Etienne Le deuxiĂšme a pour thĂšme et mot clefs Rachat de crĂ©dit Cetelem Pour le premier article Vous aborderez le thĂšme de maniĂšre Ă expliquer que Le rachat de crĂ©dit Ă Saint-Ătienne est une opĂ©ration qui consiste Ă regrouper lâensemble de vos crĂ©dits contractĂ©s par un seul et unique crĂ©dit. Pour le deuxiĂšme article Vous aborderez le thĂšme de maniĂšre Ă expliquer que Le rachat d... âŹ48 Offre moyenne 7 offres Correction of the text French. Text 500 words TEXT - La bougie de JĂ©rusalem - le sanctuaire du monde orthodoxe Le principal miracle du monde orthodoxe est la descente annuelle du feu sacrĂ© dans l'Ă©glise du Saint-SĂ©pulcre Ă JĂ©rusalem. Une bougie allumĂ©e dans le temple du Saint-SĂ©pulcre a des possibilitĂ©s miraculeuses. Il est capable de protĂ©ger la maison et ses habitants de tout ennui. Des chrĂ©tiens du monde entier viennent Ă JĂ©rusalem pour emporter avec eux un morceau de ce feu sacrĂ©. Et la meilleure façon de le faire est la bougie de JĂ©rusalem. La bougie JĂ©rusalem est une torche composĂ©e de 33 bougies selon le nombre d'annĂ©es ... âŹ12 Offre moyenne 31 offres Faire des rapports de portefeuille projet pour un client Faire 10 fiches , de 1 page, de clubs de tennis en France sur des villes donnĂ©es , Ă partir de recherche sur internet, 200 mots minimum par club , voici ci-joint le modĂšle Ă remplir et un exemple de fiche remplie. Pas de copiĂ© collĂ© et police unique ! Je vĂ©rifie si les informations sont corrects. Villes Ă faire Caen top 2 sauf Tennis Club de la Pommeraie Saint Etienne top 2 sauf Tennis Club De Michon Strasbourg top 2 sauf Tennis club de Strasbourg et ASPTT Strasbourg Rennes top 2 sauf Club de tennis de La ChĂątaigneraie Ă Rennes La Roche-sur-Yon top 2 Si le travail est correct d'autres travaux idem suivront ... âŹ25 Offre moyenne 15 offres ...rĂ©digĂ© en Français. Je vous demande, s'il vous plaĂźt, de me rĂ©diger l'introduction 15 pages et la revue de littĂ©rature 15 pages. Le plan de l'introduction serait le suivant Introduction - C'est quoi la traduction religieuse? - Les diffĂ©rents avis des trois religions monothĂ©istes vis-Ă -vis de la traduction religieuse concentration sur le Christianisme - Evoquer Saint-JĂ©rĂŽme, Patron de la traduction - La traduction religieuse en Orient la diffĂ©rence de langues d'origine les textes sacrĂ©s sont rĂ©digĂ©s en HĂ©breu, langue inconnue par le monde arabe - Qui sont le... âŹ77 Offre moyenne 31 offres Set up a platform to list contractors of small jobs plumber, electrician, refrigeration, painter, carpenter, repairer of any kind. This platform is an android/ios application allowing customers to find all the providers around the position of the user. Once the service is completed, the user gives a note to the service provider and the latter does the same for the client. The application must be able to cancel the subscriptions of the mediocre providers and keep only the highest-rated ones. It's the same for the customers. âŹ1639 Offre moyenne 20 offres Bonjour je cherche quelqu'un qui serait capable de me faire une partie de mĂ©moire de fin d'Ă©tudes. Je n'arrive pas Ă trouver suffisamment d'informations concernant La chronologie des investissements sportifs marquants au 21Ăšme siĂšcle. Que ce soit dans les sports majeurs ou autres ! Rachat de clubs comme le Paris Saint Germain.. Manchester City, Milan AC.. Ajout de capital.. Exemple de l'Olympique Lyonnais. Mais je me rĂ©pĂšte, je ne souhaite PAS avoir Ă parler que de football.. Il y a suffisamment d'investissements au 21 Ăšme siĂšcle dans le sport en gĂ©nĂ©ral pour ne parler que de football. Des investissements principalement ASIATIQUES car mon mĂ©moire va se porter... âŹ26 Offre moyenne 5 offres Je recherche une personne pour mettre des commentaires sur une nouvelle boutique online Wordpress. Ces commentaires doivent ĂȘtre le plus crĂ©dible possible, d'autre part les commentaires doivent ĂȘtre en anglais, en espagnol et en français. DiffĂ©rents comptes doivent ĂȘtre utilisĂ©s pour poster ces commentaires. âŹ22 Offre moyenne 11 offres Je recherche une personne pour dĂ©velopper la partie graphique de mon site internet âŹ469 Offre moyenne 27 offres Nous souhaitons lancer une plateforme Application ou siteweb de rĂ©daction d'actes ou contrats en-ligne. PriĂšre de nous envoyer votre meilleure offre. - We need to launch or make a platform Application or website for drafting acts or contracts online. Please send us your best offer. âŹ443 Offre moyenne 10 offres ...Chien de Taiwan Cimarron Uruguayen Ciobanesc Romanesc de Bucovina Cirneco de l'Etna Clumber Spaniel Cockapoo Colley Ă poil court Coton de TulĂ©ar Cursinu Dandie Dinmont Terrier Deutscher Jagdterrier English Toy Spaniel Ăpagneul Nain Continental Papillon Ăpagneul Nain Continental PhalĂšne Ăpagneul bleu de Picardie Ăpagneul d'Eau AmĂ©ricain Ăpagneul d'Eau Irlandais Ăpagneul de Pont-Audemer Ăpagneul de Saint-Usuge Ăpagneul picard Ăpagneul TibĂ©tain Esquimau AmĂ©ricain Fila de Sao Miguel Foxhound AmĂ©ricain Foxhound Anglais Galgo Espagnol Grand Bouvier Suisse Grand Ă©pagneul de MĂŒnster Grand gascon saintongeois Grand griffon vendĂ©en Greyhound Grif... âŹ116 Offre moyenne 17 offres ...Cimarron Uruguayen Ciobanesc Romanesc de Bucovina Cirneco de l'Etna Clumber Spaniel Cocker Anglais Colley Ă poil court Coton de TulĂ©ar Cursinu Dandie Dinmont Terrier Deutscher Jagdterrier Dogue du Tibet English Toy Spaniel Ăpagneul Nain Continental Papillon Ăpagneul Nain Continental PhalĂšne Ăpagneul bleu de Picardie Ăpagneul d'Eau AmĂ©ricain Ăpagneul d'Eau Irlandais Ăpagneul de Pont-Audemer Ăpagneul de Saint-Usuge Ăpagneul picard Ăpagneul TibĂ©tain Esquimau AmĂ©ricain Fila de Sao Miguel Foxhound AmĂ©ricain Foxhound Anglais Galgo Espagnol Grand Bouvier Suisse Grand Ă©pagneul de MĂŒnster Grand gascon saintongeois Grand griffon vendĂ©en Greyhound... âŹ129 Offre moyenne 11 offres
InfoLa Roche sur Yon « Tout crevait on se serait cru dans le désert » le récit de la La Roche sur Yon. La Roche sur Yon Saint Gilles Croix de Vie Les Herbiers Les Sables d'Olonne Challans Autres villes . S'inscrire Se connecter Mon
LâĂGLISE NOTRE-DAME Construite Ă la fin du XIXe dans le style nĂ©o-gothique sa façade est surmontĂ©e par un clocher-mur Ă une arche, support de la cloche. En bas, de part et dâautre sont accolĂ©es deux petites chapelles, lâune pour les fonts, lâautre pour le confessionnal. La nef unique est entourĂ©e de part et dâautre par un dĂ©ambulatoire trĂšs Ă©troit et bas qui court aussi derriĂšre le chĆur Ă trois pans. Tous les vitraux datent de la fin du XIXe. La tribune de la façade est occupĂ©e par un grand orgue des annĂ©es 80. HORAIRES DE MESSES A NOTRE-DAME
oxc6Ih3. jtl6tg2aic.pages.dev/22jtl6tg2aic.pages.dev/340jtl6tg2aic.pages.dev/217jtl6tg2aic.pages.dev/291jtl6tg2aic.pages.dev/157jtl6tg2aic.pages.dev/244jtl6tg2aic.pages.dev/486jtl6tg2aic.pages.dev/109
horaire de priere la roche sur yon